Dress code pour les oraux de l'agreg

Je pense que si le jean est brut (pas délavé, pas bleached, pas troué bien sûr), ça reste correct. Mais je peux me tromper aussi.
D'ailleurs sur la deuxième photo je ne sais pas si c'est vraiment un jean ou un pantalon en toile bleu marine.

beaverforever a écrit:J'ai l'impression qu'en math le snobisme va dans l'autre sens : "Nous, on est une vraie matière scientifique et on peut accéder à la vraie vérité valide donc (?) on a pas besoin de colifichets et de fanfreluches pour décorer notre discours. Le dress code se base sur le strict fonctionnalisme/minimalisme : T-shirt, Jean, chaussure sans chaussettes s'il fait chaud; s'il fait froid, on porte des chaussettes mais à l'envers comme ça les coutures sont vers l'extérieur, c'est plus confortable". Limite si tu viens trop habillé, c'est que tu signales ton incompétence.

Ce n'est pas faux. C'est aussi très visible dans l'habillement des patrons des poids lourds de la tech (Zuckerberg, Jones ou les fondateurs de Google). Rassurez-vous cela dit, je n'ai jamais vu un rapport de jury tancer un candidat venu aux oraux de l'agrégation de maths en costume-cravate.

Il n'y a pas longtemps, j'ai passé un entretien de recrutement pour un poste de contractuel à la fac. Un des membres du jury, mcf informatique, non seulement s'est pointé en short/sandales, mais à enlevé les sandales sous le bureau pour se mettre à l'aise.

O tempora, o mores ! Merci DR pour le partage de cette expérience abominable. Il est d'autant plus important de stopper ce processus de décivilisation. J'estime que celui-ci a commencé par l'abandon de la rigoureuse fraise au profit du vaporeux jabot. La rigueur de la cravate a remis un peu d'ordre et de rigueur mais on mesure bien sur ce fil toute l'aspiration à la décadence de notre société avide d'exposer la chair nue de nos gorges !

Hocam a écrit:

Matteo a écrit:En histoire c'est costume cravate pour les hommes, j'avoue être très surpris du relâchement ailleurs.

Je suis surtout surpris du maintien de la cravate, cet artifice imposé en des temps où les rapports entre les personnes n'étaient pas ceux d'aujourd'hui, pour des oraux ayant lieu bien souvent dans la chaleur de la fin d'année. S'infliger cette contrainte en juin parce que « ça fait bien », « ça se fait », « c'est comme ça », « il y a tout de même des traditions à respecter », « un peu de tenue, voyons », est pour moi d'un ridicule achevé. On peut être parfaitement classe et bien habillé sans cette corde autour du cou, dont l'usage n'est maintenu dans certains milieux professionnels que par la pression des pairs et le règne des apparences.

Pour le concours perdir c'est costume cravate pour les hommes (tailleur ou robe structurée pour les femmes). Tous les candidats que j'ai vu passer avant, avec ou après moi la portaient, ce qui ne veut pas dire qu'ils la portent ensuite au quotidien.

Pour le concours de perdir, encore, je peux comprendre (même si au fond, c'est là aussi basé sur un leurre, une impression d'autorité et d'ordre qui se dégagerait de cet accessoire si masculin, si puissant ) ; je ne blâme pas les candidats qui la portent, c'est une étape quasi-obligée. Mais qu'est-ce que c'est onkh, au fond.

DesolationRow a écrit:Honnêtement, je ne crois pas que le jean pose de problème à l’oral de l’agrégation s’il est propre (et sans trous ) ; au pire le jury trouve ça vaguement décontracté, mais ça ne va pas modifier la note, ou alors tres inconsciemment et à la marge.
Mais je me trompe peut-être !

Effectivement, on se fiche pas mal de la tenue du candidat : ils sont tous propres sur eux, c'est bien l'essentiel. J'ai vu passer deux-trois zigotos en tenue Deschiens ou tong-jean troué-T-shirt, mais c'est franchement rare.
edit.

Les anecdotes me font penser à l'oral de français. Mais il manque celle de l'élève au pantalon baggy vraiment trop large qui tombe littéralement quand il se lève (j'aurais bien fait une blague du genre: "Bien tenté, mais je ne remonterai pas la note", mais je n'ai pas osé).

Quand j'ai passé l'agreg de lettres classiques il y a une vingtaine d'années, on m'avait dit: "Pour les femmes, jupe ou robe o-bli-ga-toire" et ça m'avait beaucoup travaillé cette question de la tenue à tel point que je me souviens encore de la façon dont j'étais habillée. Finalement, ça a été pantalon élégant ou jupe mais plus parce qu'avec la chaleur c'était tout indiqué que pour des questions de bienséance.

gluche a écrit:Les anecdotes me font penser à l'oral de français. Mais il manque celle de l'élève au pantalon baggy vraiment trop large qui tombe littéralement quand il se lève (j'aurais bien fait une blague du genre: "Bien tenté, mais je ne remonterai pas la note", mais je n'ai pas osé).

Quand j'ai passé l'agreg de lettres classiques il y a une vingtaine d'années, on m'avait dit: "Pour les femmes, jupe ou robe o-bli-ga-toire" et ça m'avait beaucoup travaillé cette question de la tenue à tel point que je me souviens encore de la façon dont j'étais habillée. Finalement, ça a été pantalon élégant ou jupe mais plus parce qu'avec la chaleur c'était tout indiqué que pour des questions de bienséance.

Mine de rien, cette histoire de jupe obligatoire pour les dames est non seulement illégale, mais anticonstitutionnelle. (Je me doute bien qu'il le s'agit pas d'un règlement écrit, évidemment.)

Au final, je me demande s'il ne s'agissait pas plus d'un fantasme d'agrégatifs que d'une attente du jury.

gluche a écrit:Les anecdotes me font penser à l'oral de français. Mais il manque celle de l'élève au pantalon baggy vraiment trop large qui tombe littéralement quand il se lève (j'aurais bien fait une blague du genre: "Bien tenté, mais je ne remonterai pas la note", mais je n'ai pas osé).

J'ai du une fois remettre à sa place une élève qui comptait clairement jouer une carte similaire (décolleté plongeant et multiples prosternations vers la table)... En principe, je ne dis rien par principe mais là c'était insupportable.

gluche a écrit:Quand j'ai passé l'agreg de lettres classiques il y a une vingtaine d'années, on m'avait dit: "Pour les femmes, jupe ou robe o-bli-ga-toire" et ça m'avait beaucoup travaillé cette question de la tenue à tel point que je me souviens encore de la façon dont j'étais habillée. Finalement, ça a été pantalon élégant ou jupe mais plus parce qu'avec la chaleur c'était tout indiqué que pour des questions de bienséance.

Là où je travaille, les profs font passer directement les examens à leurs élèves. J'en ai connu un qui, il y a quelques années (mais pas tant que ça), exigeait la jupe de la part des filles.

Je trouve que pour le fait de boire de l'eau, ça dépend aussi du stress. Il m'est arrivé d'avoir la gorge plus que sèche et être dans l'impossibilité de parler si je ne prenais pas une petite gorgée d'eau dans la minute.
Moi qui viens d'une autre administration pourtant "guindée" (port de l'uniforme) et qui étais catégorie A+, je suis toujours étonnée de l'aspect empesé de l'agrégation (surtout que je suis en lettres), ainsi que dans le corps des inspecteurs (lors d'une inspection, j'avais été tancée parce que j'expliquais aux élèves le passage d'un texte de Supervielle "l'enfant de la haute mer" où la petite fille de 12 ans, fantôme, se rend compte que son corps ne change pas et ne devient pas femme. L'inspectrice m'avait dit qu'il ne fallait pas parler de ces choses triviales avec les élèves, c'était il y a 5 ans ... ).

J'ai l'impression parfois d'être au milieu de gens hors-sol ...

Souvenir de CAPES, le président du jury a renvoyé un candidat se changer juste avant l'oral...

Je ne tenterais pas le diable. Prendre le risque de perdre des points pour un concours aussi exigeant, c'est dommage si le jury y est sensible.

beaverforever a écrit:J'ai l'impression qu'en math le snobisme va dans l'autre sens : "Nous, on est une vraie matière scientifique et on peut accéder à la vraie vérité valide donc (?) on a pas besoin de colifichets et de fanfreluches pour décorer notre discours. Le dress code se base sur le strict fonctionnalisme/minimalisme : T-shirt, Jean, chaussure sans chaussettes s'il fait chaud; s'il fait froid, on porte des chaussettes mais à l'envers comme ça les coutures sont vers l'extérieur, c'est plus confortable". Limite si tu viens trop habillé, c'est que tu signales ton incompétence.

Cédric Villani avait raconté qu'il était arrivé à la rue d'Ulm avec un T-shirt Marsupilami, puis avait décidé de radicalement changer son image vestimentaire pour aller vers le over-dress et le fantaisiste. Je pense que cela relève d'une même stratégie de communication.

Mouais, il n'a pas jeté tout de suite son T-shirt, et si tu l'appelles Marsu encore aujourd'hui il comprendra que c'est lui

Je n'ai pas d'anecdotes aussi croustillantes que celles d'e-Wanderer, les anglicistes seraient-ils inhibés à l'agrég ?

e-Wander, c'est assez dingue, ces anecdotes !!!

En fait, avant je me disais que ces histoires de fringues, de codes à la noix, de marquer la hiérarchie par sa façon de s'habiller, tout ça, c'était un peu n'importe quoi. Mais ça c'était avant. À force de fréquenter mes élèves et de passer plus de temps à apprendre à certains à s'asseoir correctement, à ne pas me parler comme à un chien et que non, nous ne sommes pas à égalité, qu'à faire cours, tandis que pour d'autres tout ça est acquis, j'en viens à me dire qu'en réalité, c'est important, et pas seulement en milieu professionnel. Et que tout ça c'est un tout. Ne pas venir habillé n'importe comment, c'est moins une question de fringues qu'une marque de respect. J'en suis arrivée à la même idée que celle que m'avait exposée une copine qui faisait passer les oraux pour une école de commerce, qui m'avait expliqué qu'ils attendaient des candidats qu'ils aient essayé de bien se fringuer, mais pas qu'ils aient réussi, parce que ce qui leur importait, ce n'était pas que le candidat ait bon goût mais qu'il montre qu'il était prêt à faire des efforts, parce qu'un candidat qui ne veut pas faire un effort le jour d'un oral important, ce n'est pas bon signe.

lene75 a écrit:e-Wander, c'est assez dingue, ces anecdotes !!!

En fait, avant je me disais que ces histoires de fringues, de codes à la noix, de marquer la hiérarchie par sa façon de s'habiller, tout ça, c'était un peu n'importe quoi. Mais ça c'était avant. À force de fréquenter mes élèves et de passer plus de temps à apprendre à certains à s'asseoir correctement, à ne pas me parler comme à un chien et que non, nous ne sommes pas à égalité, qu'à faire cours, tandis que pour d'autres tout ça est acquis, j'en viens à me dire qu'en réalité, c'est important, et pas seulement en milieu professionnel. Et que tout ça c'est un tout. Ne pas venir habillé n'importe comment, c'est moins une question de fringues qu'une marque de respect. J'en suis arrivée à la même idée que celle que m'avait exposée une copine qui faisait passer les oraux pour une école de commerce, qui m'avait expliqué qu'ils attendaient des candidats qu'ils aient essayé de bien se fringuer, mais pas qu'ils aient réussi, parce que ce qui leur importait, ce n'était pas que le candidat ait bon goût mais qu'il montre qu'il était prêt à faire des efforts, parce qu'un candidat qui ne veut pas faire un effort le jour d'un oral important, ce n'est pas bon signe.

Je n'ai pas de souvenir de m'être seulement posé la question du vêtement pour les oraux, ni de l'ens ni du capes ni de l'agreg, ni d'avoir remarqué quoi que ce soit chez les autres candidats: je pense que personne ne se posait cette question: mais ça c'était "avant"...

Spoiler:

Eh bien moi je m'étais posé des questions pour passer l'agrég en 89, donc à la préhistoire, et je ne recommande pas l'achat de vêtements neufs sans haute surveillance par un ou une proche qui s'y connaisse un peu -- ma garde-robe c'était des jeans plus ou moins déchirés et des t-shirts noirs à différents stades d'usure... Dans mon enthousiasme juvénile, j'avais cru bon d'acheter une jupe longue en solde. Jupe d'hiver, donc, et qui m'a permis de transpirer sous les verrières du gymnase de Claude Monet où on mijotait préparait et de me teindre les jambes très efficacement en gris foncé. Le débardeur en maille que j'avais également eu la bonne idée d'acheter pour qu'il soit bien neuf devait contenir du synthétique, et j'ai ruisselé avec dignité en répondant à des questions fort indiscrètes sur Swift

Merci à tous et toutes pour vos conseils éclairés, je vois que le sujet vous a plu...
Je ne voulais surtout pas passer pour un pingouin ou bien être plus élégant que les IPR ou IG... ;-)
Désolé pour l'anglicisme dans le sujet, c'est un reste de mon ancienne vie dans l'industrie.
Bon week end et merci beaucoup.

julilibulle a écrit:Je trouve que pour le fait de boire de l'eau, ça dépend aussi du stress. Il m'est arrivé d'avoir la gorge plus que sèche et être dans l'impossibilité de parler si je ne prenais pas une petite gorgée d'eau dans la minute.

Tout à fait. J'ai le même genre de problème. Quant à remplir le verre avant de commencer l'oral, ok, mais avec moi, c'est courir le risque que, mue par l'enthousiasme ou le stress, je l'envoie valser à un moment donné, mais les autres candidats sont peut-être moins à risques que moi.  De toute façon, oral d'agreg il n'y eut point.

Lene75, je comprends toutà fait, mais disons qu'entre costard cravate/tailleur jupe obligatoire et T-shirt décontract-baggy/décolleté plongeant, il me semble qu'il y a tout à un tas de tenues acceptables.

Les baskets de surcroît blanches, ça fait quand même très relâché par exemple.

Jenny a écrit:Les baskets de surcroît blanches, ça fait quand même très relâché par exemple.

J'étais en T-shirt, jean, stan smith blanche et pourtant je ne crois pas avoir dépareillé avec le jury lui aussi habillé de façon tout à fait normale...

Ça doit dépendre des matières voire du jury.
Dans la mienne, même au CAPES, c’est en total décalage.

Ça peut donner l’impression de ne faire aucun effort pour un entretien de recrutement.

Je plussoie le spoiler d’e-wanderer et encore je suppose qu’il a fait soft, de par mon expérience personnelle.

Une tenue propre, dans laquelle on est à l’aise, c’est déjà pas mal.

Jenny a écrit:Ça doit dépendre des matières voire du jury.
Dans la mienne, même au CAPES, c’est en total décalage.

Ça peut donner l’impression de ne faire aucun effort pour un entretien de recrutement.

+1

C'est pour ça que je disais qu'il fallait regarder comment s'habille le jury. Quitte, si on ne le sait pas, à aller regarder sur internet comment ils s'habillent quand ils font des conférences, etc. Et si vraiment on ne trouve rien, mieux vaut jouer la sécurité.

Après, évidemment, le type brillant peut tout se permettre, mais pour certains qui sont limite, faire mauvaise impression peut jouer.

Je pense que ça a toujours été une question pour ceux qui ne sont pas du milieu. Ceux qui ont les codes et déjà les bonnes fringues dans leur garde-robe ont moins besoin de se poser de questions.

Pour les oraux j'avais un vieux gilet porte-bonheur, limite miteux pour dire vrai. Je pense comme @Jenny que les attentes concernant un éventuel "dress code" (s'il existe) doivent beaucoup varier selon les matières. Il est difficile de donner des conseils généralisables.

Quand j'ai préparé l'école des Chartes il y a plus de 40 ans il était impossible pour une fille de ne pas être en jupe, nous étions toutes au courant de ça. Pour l'oral de normal sup, passé en candidate libre, n'ayant reçu de conseils de personne j'avais une petite robe rétro, très fleurie, trouvée en friperie et je me souviens du regard étonné des autres candidates, dont l'une m'avait fait une remarque sur le caractère printanier de ma tenue (il faisait 35 degrés). Je ne me suis jamais vu proposer d'eau à aucun de mes oraux. Ça ne se faisait pas du tout. C'était beaucoup plus agréable de passer des concours en automne ou en hiver1

Je crois que plutôt qu' un défilé de mode, cette histoire de tenue montre qu'on se fond dans le décor, que justement on ne cherche pas d'effet vestimentaire, et que la différence se fait sur autre chose.  En même temps, certaines tenues  imposent un minimum de propreté, de soin.   On ne recrute pas des mannequins dans les concours, mais des fonctionnaires d'Etat. La tenue, c'est aussi une certaine neutralité, finalement. Un code aussi si l'on veut, mais mundis omnis exercet comoediam. Un candidat à un concours de cadre de la FP mettra une cravate le jour du concours et arrivera parfaitement rasé (sauf s'il porte vraiment la barbe), même si par la suite il ne travaille pas comme ça. Mais le jour du concours, il ne se distingue pas par l'aspect.
Dans l'activité syndicale, il m'est arrivé  fréquemment d'aller dans des ministères, dans des situations parfois tendues voire conflictuelles : eh bien dans un monde encravaté, j'étais en costard, on ne m'aurait pas distingué de n'importe quel bureaucrate, conseiller ou autre rat de moquette. Le combat se plaçait sur un autre terrain, et finalement on ne leur donne pas ce qu'ils attendent, un syndicaliste hirsute, en t-shirt douteux,  armé d'une merguez et d'une bière.
Ceci dit, au quotidien, je n'ai pas mis de cravate depuis fort longtemps, je travaille en jean (mais propre et sans trous) et chemise sans cravate. Ca suffit largement, l'essentiel étant de ne pas être déguisé  comme beaucoup d'élèves (marques ostensibles, survêtement fluo parfois, caleçon visible...) et un peu crasseux en prime.