Ferez vous grève ?
- SisypheHabitué du forum
Quand à mon tour, je me pose cette question de la progression prévue rendue impossible par mon absence, j'essaie de me visualiser à 64 ans. Dans la première image, je rentre d'une marche au bord de la mer et je savoure un café brûlant en me demandant si je ne vais pas aller au cinéma. Dans la 2ème, je rédige un rapport d'incident en essayant de faire au plus vite car j'ai encore des copies. Cela m'aide à discerner ce qui est vraiment important. Dans la première image, je ne songe pas du tout aux heures perdues en 2023...
- Clecle78Bon génie
J'ai tout a fait oublié les heures perdues en 95, 2003 et 2010. Et bizarrement les élèves semblent avoir survécu et même réussi tout à fait conformément à leurs camarades de l'année précédente et ceux de l'année suivante...
- Cléopatra2Guide spirituel
Charles-Maurice a écrit:C'est surtout que l'on a fait peser sur les seuls professeurs le poids de la *réussite "des élèves, en en exonerant tous les autres. Les élèves eux-mêmes, l'institution, les parents. Et que certains collègues vulnérabilisés socialement, se donnent de l''importance en affichant une conscience professionnelle qui va jusqu'au sacrifice. Pourtant, la foire au bac du covid aurait dû les replacer dans le réel. Et leur permettre de relativiser.
Je pense que j'ai loupé un bon tiers de l'année en STMG, donc ça me pose un problème professionnel, oui. Je n'estime pas non plus être dans un état sacrificiel. Et les 2de ce n'est pas le bac, mais c'est également un problème
Et avec les 43 ans, je serai devant élève jusqu'à 66 voire 67 ans, donc de toute façon, ce n'est pas vraiment pour moi que je me bats.
Edit : je veux dire qu'à 64 ans je n'aurai pas le loisir d'aller me balader sur la plage, je serai forcément en train de corriger des copies .
Je pense aussi qu'après la mobilisation des retraites, on devra se mobiliser contre le pacte et pour la revalorisation, donc la fin de l'année sera aussi chargée en grèves.
- GaliNéoFidèle du forum
Cléopatra2 a écrit:Je pense aussi qu'après la mobilisation des retraites, on devra se mobiliser contre le pacte et pour la revalorisation, donc la fin de l'année sera aussi chargée en grèves.
Je pense le contraire : si la réforme des retraites passe, le corps enseignant va devoir baisser la tête, de gré ou de force, jusqu'aux prochaines élections présidentielles. Nous n'aurons QUE DALLE pendant le reste du quinquennat, même pas des miettes ! Je ne vous dirai pas pour qui voter, mais de grâce allez juste voter, car c'est l'abstention qui a permis la réélection du président.
_________________
¡ Hermano ! Dale gracias a Dios, que lo que tienes en la mano, no lo tienes por todo el año...
- IphigénieProphète
Un détail quoique: là nouvelle » victoire » des sénateurs qui consiste à modifier le taux d’imposition des femmes mariées ( « grande avancée pour les femmes ») en proposant le taux individuel : ils oublient de dire que si individuellement la femme peut y gagner quand elle gagne moins que son époux, par contre, le coupe y perdra à tous les coups de l’argent en payant finalement plus d’impôt …quand y a un loup….
- GaliNéoFidèle du forum
Le gouvernement vient de demander un vote bloqué au sénat par l'article 44.3. L'idée est d'accélérer le vote au sénat pour que la réforme revienne vite à l'assemblée...
_________________
¡ Hermano ! Dale gracias a Dios, que lo que tienes en la mano, no lo tienes por todo el año...
- IphigénieProphète
Jusqu’au bout cette réforme aura été le fruit d’une procédure scandaleuse même en dehors de son contenu…GaliNéo a écrit:Le gouvernement vient de demander un vote bloqué au sénat par l'article 44.3. L'idée est d'accélérer le vote au sénat pour que la réforme revienne vite à l'assemblée...
Quant à Macron qui a bien entendu le peuple mais qui décide pour son bien quand même … qu’on ne vienne plus parler de valeurs républicaines ou d’enseigner la citoyenneté : enseignons les moyens légaux de les détourner ce sera plus égalitaire .
- IlonaHabitué du forum
GaliNéo a écrit:Je pense le contraire : si la réforme des retraites passe, le corps enseignant va devoir baisser la tête, de gré ou de force, jusqu'aux prochaines élections présidentielles. Nous n'aurons QUE DALLE pendant le reste du quinquennat, même pas des miettes ! Je ne vous dirai pas pour qui voter, mais de grâce allez juste voter, car c'est l'abstention qui a permis la réélection du président.
C'est surtout l'action de la propagande de l'entre deux tours,menée par la presse et les chaînes de TV amies du pouvoir, qui a conduit les esprits faibles de la profession n'ayant pas compris qui était leur véritable ennemi, à reconduire le maltraitant en chef.
La prochaine, on leur fera à nouveau le même coup.
Pour cette raison, je n'ai aucune pitié pour les pleureuses et les pleurnichards venant se plaindre du recul de l'âge légal de la retraite.
Dieu se rit de ceux qui déplorent les effets des causes qu'ils chérissent comme le disait Bossuet (il me semble).
- Pontorson50Fidèle du forum
GaliNéo a écrit:Cléopatra2 a écrit:Je pense aussi qu'après la mobilisation des retraites, on devra se mobiliser contre le pacte et pour la revalorisation, donc la fin de l'année sera aussi chargée en grèves.
Je pense le contraire : si la réforme des retraites passe, le corps enseignant va devoir baisser la tête, de gré ou de force, jusqu'aux prochaines élections présidentielles. Nous n'aurons QUE DALLE pendant le reste du quinquennat, même pas des miettes ! Je ne vous dirai pas pour qui voter, mais de grâce allez juste voter, car c'est l'abstention qui a permis la réélection du président.
Je suis d'accord : un échec sur les retraites laisserait amers et parfois exsangues financièrement les collègues les plus militants et ouvrirait un boulevard au gouvernement sur n'importe quoi d'autre. C'est pourquoi ce mouvement est tragique s'il échoue. Il a dès le début une dimension de quitte ou double.
Il va falloir se faire à l'idée que l'inexplicable abandon de Juppé par Chirac ne se reproduira sans doute pas et qu'invoquer sans cesse 1995 ou 1984 relève de la roulette russe : rien dans la Constitution n'oblige un gouvernement tenace à renoncer à une réforme au motif que des manifestants se comptent par millions ou que l'opinion est massivement contre dans les sondages. Le régime représentatif se contente de désigner les chefs, en aucun cas ceux-ci n'ont l'obligation de suivre un avis majoritaire et fortement défendu dans la rue. C'est désagréable, ce n'est pas du jeu, mais c'est juridiquement tout à fait conforme à la démocratie parlementaire qui est notre système politique : tout mandat impératif est nul (art 27), et aucune section du peuple (fût-elle majoritaire) ne peut s'attribuer l'exercice du pouvoir (art 3). Ce n'est pas un coup de force de gouverner contre l'opinion, c'est parfaitement légal. Quoique féroce.
La solution en cas d'échec sera de préparer une alternance, d'autant qu'il va bien falloir se demander pourquoi aucune des précédentes réformes n'a été abolie y compris par des coalitions majoritairement socialistes, lesquelles ont au contraire, avec le Plan Touraine, bien plus compromis la retraite des enseignants qu'un report d'âge. Il est probable que c'est parce que la majorité des partis quand ils gouvernent veulent des économies sur les retraites que les syndicats ont joué leur avenir sur les manifestations sans construire un contre-projet d'abord et le soumettre aux potentiels successeurs de Macron. Il y a sur ce point une étrangeté, c'est un peu comme pour la peine de mort (population bien plus favorable que les partis de gouvernement) un abîme entre ce que veulent les partis politiques pour la retraite (une purge) et ce que demande la majorité de la population (une augmentation des retraites ou a minima un gel de l'existant). Il faut parvenir à comprendre pourquoi les politiques ne suivent pas l'opinion sur ce point quitte à rester fâchés avec de plus en plus d'électeurs. La désertion des urnes aux législatives ou les votes uniquement "contre" facilitent grandement les décisions de gouvernements, et plus encore des députés, contre la majorité de l'opinion, à laquelle ils pensent ne jamais avoir à régler la facture électorale. Et jusqu'à présent, c'est le cas. D'autant que Macron n'a plus aucun compte à rendre aux électeurs.
- EnaecoVénérable
GaliNéo a écrit:Cléopatra2 a écrit:Je pense aussi qu'après la mobilisation des retraites, on devra se mobiliser contre le pacte et pour la revalorisation, donc la fin de l'année sera aussi chargée en grèves.
Je pense le contraire : si la réforme des retraites passe, le corps enseignant va devoir baisser la tête, de gré ou de force, jusqu'aux prochaines élections présidentielles. Nous n'aurons QUE DALLE pendant le reste du quinquennat, même pas des miettes ! Je ne vous dirai pas pour qui voter, mais de grâce allez juste voter, car c'est l'abstention qui a permis la réélection du président.
Je suis partagé et pense plutôt comme Cléopatra2.
Je pense que cette mobilisation contre la réforme des retraites ne sert plus que de démonstration de force.
Le gouvernement joue trop gros pour laisser tomber sur ce point et ira au bout.
D'autant plus que, si comme tu le dis, une victoire contre la réforme des retraites est synonyme d'espoir pour les autres revendications, alors le gouvernement a toutes les raisons de ne pas céder au risque de se retrouver dans la même situation pour d'autres sujets
- Astolphe33Niveau 5
Tout à fait d'accord avec l'analyse de Pontorson (j'allais dire : hélas).
Et pour revenir sur un détail :
Tout le monde cite cette formule de Bossuet ("Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes") depuis que Zemmour l'a mise à la mode, elle n'a qu'un défaut, Bossuet paraît ne l'avoir jamais écrite :
https://www.lejdd.fr/Politique/quand-le-rn-jordan-bardella-deforme-une-citation-de-bossuet-3926582
Reste que la formule apocryphe se vérifie en pas mal d'occasions, elle sonne bien, mais je me demande d'où elle est venue.
Et pour revenir sur un détail :
Tout le monde cite cette formule de Bossuet ("Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes") depuis que Zemmour l'a mise à la mode, elle n'a qu'un défaut, Bossuet paraît ne l'avoir jamais écrite :
https://www.lejdd.fr/Politique/quand-le-rn-jordan-bardella-deforme-une-citation-de-bossuet-3926582
Reste que la formule apocryphe se vérifie en pas mal d'occasions, elle sonne bien, mais je me demande d'où elle est venue.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
N.B. La citation est peut-être apocryphe. Mais on trouve, dans l'Histoire des variations des églises protestantes de Bossuet, quelque chose de proche :
(p.288 de l'édition de 1689 : https://archive.org/details/bub_gb_K08yE3wGR3wC/page/n353/mode/2up )
On trouve des utilisations de cette “citation” depuis le XIXè siècle; ce n'est pas récent.
Mais Dieu se rit des prières qu'on lui fait pour détourner les malheurs publics quand on ne s'oppose pas à ce qui se fait pour les attirer.
(p.288 de l'édition de 1689 : https://archive.org/details/bub_gb_K08yE3wGR3wC/page/n353/mode/2up )
On trouve des utilisations de cette “citation” depuis le XIXè siècle; ce n'est pas récent.
_________________
Si tu vales valeo.
- IannaNiveau 7
Quand aura lieu la prochaine grève ?GaliNéo a écrit:Le gouvernement vient de demander un vote bloqué au sénat par l'article 44.3. L'idée est d'accélérer le vote au sénat pour que la réforme revienne vite à l'assemblée...
- MalavitaÉrudit
Ianna a écrit:Quand aura lieu la prochaine grève ?GaliNéo a écrit:Le gouvernement vient de demander un vote bloqué au sénat par l'article 44.3. L'idée est d'accélérer le vote au sénat pour que la réforme revienne vite à l'assemblée...
Mercredi.
- IannaNiveau 7
O.K. pour la part, je pense la faire, c'est maintenant ou jamais.Malavita a écrit:Ianna a écrit:Quand aura lieu la prochaine grève ?GaliNéo a écrit:Le gouvernement vient de demander un vote bloqué au sénat par l'article 44.3. L'idée est d'accélérer le vote au sénat pour que la réforme revienne vite à l'assemblée...
Mercredi.
- ElaïnaDevin
pseudo-intello a écrit:
Je pense aussi que, dans le métier, nous retrouvons les anciens étudiants qui, parmi les plus cultivés, ont choisi la voie sans risques, celle qui permettait (quand on a choisi cette voie) de vivre sans fortune mais correctement, de ne pas s'embêter avec un patron, de pouvoir s'occuper de ses futurs enfants et d'avoir une bonne retraite, sans le risque de se faire virer pour avoir déplu au patron, de monter une boîte qui coule, bref, pas les élément qui aiment le plus le risque. Je caricature, bien sûr, il y a des exceptions, mais si j'ai choisi le étier pour ma volonté d'enseigner, de transmettre, de rendre à l'école de la République ce qu'elle m'a donné et par goût pour les langues anciennes (et pour offrir à n'importe quel élève du territoire une discipline que dans la famille, ma génération a été la première à avoir la chance d'étudier), les vacances, les week-ends et un salaire décent (si j'avais su, hein), ont bien pesé dans la balance. Je parle en termes de tendance, et il y a bien sûr des profils atypiques partout, mais je pense qu'on paie, en effet, notre profession ou les anciens premiers de la classe chouchous du prof. Que parmi nous, certains ont finalement moins travaillé par goût pour les connaissances, mais pour celui de la reconnaissance de la maîtresse, sont surreprésentés (je ne parle pas pour moi, je n'ai jamais été première de la classe, et quelques année de harcèlement scolaire m'ont aidé à pendre beaucoup de recul par rapport au regard d'autrui).
Zoé shepard a écrit quelques phrases intéressantes au début de son pamphlet sur l'administration. Elle explique avoir choisi les concours de la fonction publique par peur panique du chômage, parce que c'était valorisé dans sa famille, parce qu'elle pensait y mener une carrière tranquille (et ça n'est pas pendable).
Personnellement je n'ai aucun problème à le reconnaître : j'ai travaillé à l'école par peur des gifles parentales et pour faire plaisir à mes parents. Même dans les pires années du harcèlement que j'ai subi, mes parents ne m'ont jamais souhaité une bonne journée, je n'ai jamais quitté la maison avec autre viatique que "travaille bien" (oui oui je sais, c'était mieux avant quand on disait ça aux enfants, maintenant on dit aux gosses "amuse-toi bien" et c'est bien la preuve que les gens de nos jours tout ça).
J'ai choisi de passer les chartes par goût pour l'histoire, et avec la peur au ventre de rater le concours, car je voulais à tout prix être indépendante financièrement rapidement et quitter le milieu familial (ndlr : je ne hais pas mes parents, hein, absolument pas, j'ai juste besoin de ne pas être étouffée par eux), et le statut d'élève fonctionnaire stagiaire m'a permis d'être indépendante. J'ai signé un engagement décennal qui m'a amenée à avoir le choix entre INP, ENSSIB et agrégation. J'ai passé l'agrégation pour faire de l'enseignement ET de la recherche (convaincue par les écrits de Jacques Le Goff qui disait que l'enseignement sans recherche c'est frustrant, et la recherche sans enseignement, lugubre).
Bref, je me suis retrouvée devant des élèves de lycée sans l'enthousiasme qui fut le tien, mais en suivant une mécanique que je ne regrette pas, et je ne pense pas pour autant démériter. Je les ai réussis, ces fichus concours, et que je sache, j'ai passé un concours disciplinaire, pas un examen de catéchisme républicain.
Je crois donc qu'il faut se défaire urgemment des clichés "c'était mieux avant" sur les jeunes profs idiots...
La raison pour laquelle ils ne font pas grève est très simple :
- soit ils sont pour la réforme
- soit ils s'en cognent (et donc implicitement ils l'approuvent)
- soit ils sont à quelques dizaines d'euros près pour boucler la fin du mois, et comme c'est pas les collègues qui vont leur payer leurs repas la dernière semaine du mois, et qu'ils préfèrent bouffer que de ne pas bouffer, eh bien, ils ne font pas grève.
ah, et je fais grève, aussi ^^. Mais j'ai quasiment l'impression que c'est un privilège de nantie, de faire grève.
_________________
It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
Ma page Facebook https://www.facebook.com/Lire-le-Japon-106902051582639
- KolmogorovNiveau 5
- Fesseur ProGuide spirituel
Demain également.Malavita a écrit:Ianna a écrit:Quand aura lieu la prochaine grève ?GaliNéo a écrit:Le gouvernement vient de demander un vote bloqué au sénat par l'article 44.3. L'idée est d'accélérer le vote au sénat pour que la réforme revienne vite à l'assemblée...
Mercredi.
Je pense qu'il y a des collègues qui travaillent le samedi.
_________________
Pourvu que ça dure...
- LeclochardEmpereur
Elaïna a écrit:pseudo-intello a écrit:
Je pense aussi que, dans le métier, nous retrouvons les anciens étudiants qui, parmi les plus cultivés, ont choisi la voie sans risques, celle qui permettait (quand on a choisi cette voie) de vivre sans fortune mais correctement, de ne pas s'embêter avec un patron, de pouvoir s'occuper de ses futurs enfants et d'avoir une bonne retraite, sans le risque de se faire virer pour avoir déplu au patron, de monter une boîte qui coule, bref, pas les élément qui aiment le plus le risque. Je caricature, bien sûr, il y a des exceptions, mais si j'ai choisi le étier pour ma volonté d'enseigner, de transmettre, de rendre à l'école de la République ce qu'elle m'a donné et par goût pour les langues anciennes (et pour offrir à n'importe quel élève du territoire une discipline que dans la famille, ma génération a été la première à avoir la chance d'étudier), les vacances, les week-ends et un salaire décent (si j'avais su, hein), ont bien pesé dans la balance. Je parle en termes de tendance, et il y a bien sûr des profils atypiques partout, mais je pense qu'on paie, en effet, notre profession ou les anciens premiers de la classe chouchous du prof. Que parmi nous, certains ont finalement moins travaillé par goût pour les connaissances, mais pour celui de la reconnaissance de la maîtresse, sont surreprésentés (je ne parle pas pour moi, je n'ai jamais été première de la classe, et quelques année de harcèlement scolaire m'ont aidé à pendre beaucoup de recul par rapport au regard d'autrui).
Zoé shepard a écrit quelques phrases intéressantes au début de son pamphlet sur l'administration. Elle explique avoir choisi les concours de la fonction publique par peur panique du chômage, parce que c'était valorisé dans sa famille, parce qu'elle pensait y mener une carrière tranquille (et ça n'est pas pendable).
Personnellement je n'ai aucun problème à le reconnaître : j'ai travaillé à l'école par peur des gifles parentales et pour faire plaisir à mes parents. Même dans les pires années du harcèlement que j'ai subi, mes parents ne m'ont jamais souhaité une bonne journée, je n'ai jamais quitté la maison avec autre viatique que "travaille bien" (oui oui je sais, c'était mieux avant quand on disait ça aux enfants, maintenant on dit aux gosses "amuse-toi bien" et c'est bien la preuve que les gens de nos jours tout ça).
J'ai choisi de passer les chartes par goût pour l'histoire, et avec la peur au ventre de rater le concours, car je voulais à tout prix être indépendante financièrement rapidement et quitter le milieu familial (ndlr : je ne hais pas mes parents, hein, absolument pas, j'ai juste besoin de ne pas être étouffée par eux), et le statut d'élève fonctionnaire stagiaire m'a permis d'être indépendante. J'ai signé un engagement décennal qui m'a amenée à avoir le choix entre INP, ENSSIB et agrégation. J'ai passé l'agrégation pour faire de l'enseignement ET de la recherche (convaincue par les écrits de Jacques Le Goff qui disait que l'enseignement sans recherche c'est frustrant, et la recherche sans enseignement, lugubre).
Bref, je me suis retrouvée devant des élèves de lycée sans l'enthousiasme qui fut le tien, mais en suivant une mécanique que je ne regrette pas, et je ne pense pas pour autant démériter. Je les ai réussis, ces fichus concours, et que je sache, j'ai passé un concours disciplinaire, pas un examen de catéchisme républicain.
Je crois donc qu'il faut se défaire urgemment des clichés "c'était mieux avant" sur les jeunes profs idiots...
La raison pour laquelle ils ne font pas grève est très simple :
- soit ils sont pour la réforme
- soit ils s'en cognent (et donc implicitement ils l'approuvent)
- soit ils sont à quelques dizaines d'euros près pour boucler la fin du mois, et comme c'est pas les collègues qui vont leur payer leurs repas la dernière semaine du mois, et qu'ils préfèrent bouffer que de ne pas bouffer, eh bien, ils ne font pas grève.
ah, et je fais grève, aussi ^^. Mais j'ai quasiment l'impression que c'est un privilège de nantie, de faire grève.
Il y a une autre raison plus banale : ils ne croient pas en la grève comme moyen d’obtenir satisfaction. Je ne leur donne pas tort : les innombrables échecs depuis 20 ans ont installé un esprit défaitiste.
_________________
Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
- Fesseur ProGuide spirituel
Peut-être ouvrir un nouveau fil avec sondage pour la grève de mercredi et les manifs de demain ?
_________________
Pourvu que ça dure...
- Astolphe33Niveau 5
epekeina.tes.ousias a écrit:N.B. La citation est peut-être apocryphe. Mais on trouve, dans l'Histoire des variations des églises protestantes de Bossuet, quelque chose de proche :
Mais Dieu se rit des prières qu'on lui fait pour détourner les malheurs publics quand on ne s'oppose pas à ce qui se fait pour les attirer.
(p.288 de l'édition de 1689 : https://archive.org/details/bub_gb_K08yE3wGR3wC/page/n353/mode/2up )
On trouve des utilisations de cette “citation” depuis le XIXè siècle; ce n'est pas récent.
Merci, oui, l'article du JDD donne cette référence, mais enfin en contexte le sens est quand même assez différent. La formule à la mode gomme quand même la teneur religieuse du propos, elle est plus abstraite et vraiment plus percutante, et je me demandais comment on était passée de l'original à la formule que chacun connaît. Mais revenons à nos moutons.
- BaldredSage
Leclochard a écrit:Elaïna a écrit:pseudo-intello a écrit:
Je pense aussi que, dans le métier, nous retrouvons les anciens étudiants qui, parmi les plus cultivés, ont choisi la voie sans risques, celle qui permettait (quand on a choisi cette voie) de vivre sans fortune mais correctement, de ne pas s'embêter avec un patron, de pouvoir s'occuper de ses futurs enfants et d'avoir une bonne retraite, sans le risque de se faire virer pour avoir déplu au patron, de monter une boîte qui coule, bref, pas les élément qui aiment le plus le risque. Je caricature, bien sûr, il y a des exceptions, mais si j'ai choisi le étier pour ma volonté d'enseigner, de transmettre, de rendre à l'école de la République ce qu'elle m'a donné et par goût pour les langues anciennes (et pour offrir à n'importe quel élève du territoire une discipline que dans la famille, ma génération a été la première à avoir la chance d'étudier), les vacances, les week-ends et un salaire décent (si j'avais su, hein), ont bien pesé dans la balance. Je parle en termes de tendance, et il y a bien sûr des profils atypiques partout, mais je pense qu'on paie, en effet, notre profession ou les anciens premiers de la classe chouchous du prof. Que parmi nous, certains ont finalement moins travaillé par goût pour les connaissances, mais pour celui de la reconnaissance de la maîtresse, sont surreprésentés (je ne parle pas pour moi, je n'ai jamais été première de la classe, et quelques année de harcèlement scolaire m'ont aidé à pendre beaucoup de recul par rapport au regard d'autrui).
Zoé shepard a écrit quelques phrases intéressantes au début de son pamphlet sur l'administration. Elle explique avoir choisi les concours de la fonction publique par peur panique du chômage, parce que c'était valorisé dans sa famille, parce qu'elle pensait y mener une carrière tranquille (et ça n'est pas pendable).
Personnellement je n'ai aucun problème à le reconnaître : j'ai travaillé à l'école par peur des gifles parentales et pour faire plaisir à mes parents. Même dans les pires années du harcèlement que j'ai subi, mes parents ne m'ont jamais souhaité une bonne journée, je n'ai jamais quitté la maison avec autre viatique que "travaille bien" (oui oui je sais, c'était mieux avant quand on disait ça aux enfants, maintenant on dit aux gosses "amuse-toi bien" et c'est bien la preuve que les gens de nos jours tout ça).
J'ai choisi de passer les chartes par goût pour l'histoire, et avec la peur au ventre de rater le concours, car je voulais à tout prix être indépendante financièrement rapidement et quitter le milieu familial (ndlr : je ne hais pas mes parents, hein, absolument pas, j'ai juste besoin de ne pas être étouffée par eux), et le statut d'élève fonctionnaire stagiaire m'a permis d'être indépendante. J'ai signé un engagement décennal qui m'a amenée à avoir le choix entre INP, ENSSIB et agrégation. J'ai passé l'agrégation pour faire de l'enseignement ET de la recherche (convaincue par les écrits de Jacques Le Goff qui disait que l'enseignement sans recherche c'est frustrant, et la recherche sans enseignement, lugubre).
Bref, je me suis retrouvée devant des élèves de lycée sans l'enthousiasme qui fut le tien, mais en suivant une mécanique que je ne regrette pas, et je ne pense pas pour autant démériter. Je les ai réussis, ces fichus concours, et que je sache, j'ai passé un concours disciplinaire, pas un examen de catéchisme républicain.
Je crois donc qu'il faut se défaire urgemment des clichés "c'était mieux avant" sur les jeunes profs idiots...
La raison pour laquelle ils ne font pas grève est très simple :
- soit ils sont pour la réforme
- soit ils s'en cognent (et donc implicitement ils l'approuvent)
- soit ils sont à quelques dizaines d'euros près pour boucler la fin du mois, et comme c'est pas les collègues qui vont leur payer leurs repas la dernière semaine du mois, et qu'ils préfèrent bouffer que de ne pas bouffer, eh bien, ils ne font pas grève.
ah, et je fais grève, aussi ^^. Mais j'ai quasiment l'impression que c'est un privilège de nantie, de faire grève.
Il y a une autre raison plus banale : ils ne croient pas en la grève comme moyen d’obtenir satisfaction. Je ne leur donne pas tort : les innombrables échecs depuis 20 ans ont installé un esprit défaitiste.
On peut ajouter une autre raison, nuance de la dernière : ils pensent (et pas que les jeunes profs) que cette réforme des retraites, portée par un président qui n'a rien à perdre puisqu'il ne se représentera pas, passera dans tous les cas et que ce combat est, sinon vain ( l'opposition est réelle et profonde), du moins perdu . Autre raison, leurs années d'études les conduit de toutes les façons à travailler au mois jusqu'à 64ans, et sans le taux plein.
- angelxxxÉrudit
Clairement, je combat la réforme par l'information politique autour de chez moi. Convaincre des gens de changer de gouvernement aux prochaines élections et arrêter de se faire avoir sera bien plus efficace sur le long terme que d'éventuellement retarder la réforme. Vous pouvez vous mettre en grève autant que vous voulez, au mieux du mieux, ça retardera la réforme des quelques années.
Et encore, je n'y crois pas un instant. Ce qu'il se passe au sénat semble aller dans ce sens. Il n'y a aucune ouverture pour la négociation, et il pourra finir son mandat quoi qu'il arrive. (Tant que la population reste docile à marcher calmement dans la rue). Ce serait peut être même mieux sur le long terme pour la classe dirigeante : proposer une nouvelle entité disruptive, qui n'a rien à voir avec Macron, et qui dira que la finance est son ennemi, ou que la réforme des retraites serait totalement injuste (Macron, en campagne), ou... Bref !
Et encore, je n'y crois pas un instant. Ce qu'il se passe au sénat semble aller dans ce sens. Il n'y a aucune ouverture pour la négociation, et il pourra finir son mandat quoi qu'il arrive. (Tant que la population reste docile à marcher calmement dans la rue). Ce serait peut être même mieux sur le long terme pour la classe dirigeante : proposer une nouvelle entité disruptive, qui n'a rien à voir avec Macron, et qui dira que la finance est son ennemi, ou que la réforme des retraites serait totalement injuste (Macron, en campagne), ou... Bref !
_________________
"La lumière pense voyager plus vite que quoi que ce soit d'autre, mais c'est faux. Peu importe à quelle vitesse voyage la lumière, l'obscurité arrive toujours la première, et elle l'attend. Terry Pratchett."
- AndmaExpert spécialisé
Demain j'ai les portes ouvertes du collège. Est ce que je risque de prendre 1/30 si je pars à la manif 1h30 avant le fin de la JPO ? Je verrai. Je préviendrai la chef elle en fera ce qu'elle voudra.
_________________
Nelson Mandela : « en faisant scintiller notre lumière nous offrons la possibilité aux autres d'en faire autant »
- IlonaHabitué du forum
Andma a écrit:Demain j'ai les portes ouvertes du collège. Est ce que je risque de prendre 1/30 si je pars à la manif 1h30 avant le fin de la JPO ? Je verrai. Je préviendrai la chef elle en fera ce qu'elle voudra.
Bonjour,
Personnellement, il ne faut pas compter sur moi pour jouer la gentille animatrice lors de la journée portes ouvertes (la nôtre a eu lieu samedi dernier).
Je ne suis pas vraiment corporate comme on dit dans les entreprises privées.
Normalement, vous ne devriez pas perdre un 1/30, manquerait plus que ça !
- LaotziSage
Elaïna a écrit:
La raison pour laquelle ils ne font pas grève est très simple :
- soit ils sont pour la réforme
- soit ils s'en cognent (et donc implicitement ils l'approuvent)
- soit ils sont à quelques dizaines d'euros près pour boucler la fin du mois, et comme c'est pas les collègues qui vont leur payer leurs repas la dernière semaine du mois, et qu'ils préfèrent bouffer que de ne pas bouffer, eh bien, ils ne font pas grève.
ah, et je fais grève, aussi ^^. Mais j'ai quasiment l'impression que c'est un privilège de nantie, de faire grève.
Je ne crois pas vraiment au 3e point, surtout dans l'EN (hormis peut-être pour les statuts les plus précaires) : on n'est jamais prélevé immédiatement lorsque l'on fait grève. Cela aura une influence sur le salaire dans, au mieux, trois ou quatre mois. Donc même les collègues qui peuvent être à 100 ou 200 euros près (mais beaucoup de ceux qui disent cela ont tout de même une épargne qu'ils ne veulent pas toucher) peuvent anticiper et répartir sur plusieurs mois le coût d'une journée de grève (évidemment, c'est un peu différent lorsqu'on est rendu à 5 ou 6 journées comme je le suis).
_________________
"Trouvez donc bon qu'au lieu de vous dire aussi, adieu comme autrefois, je vous dise, adieu comme à présent."
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum