Un EC de Paris 8 coupable de plagiat

La section disciplinaire du conseil académique de l’université Paris-VIII (Saint-Denis) a sanctionné un de ses professeurs pour avoir plagié la thèse d’une de ses doctorantes. Codirecteur de la thèse en question il y a quelques années, l’enseignant-chercheur s’est approprié de larges morceaux du texte. Il les a notamment publiés dans un ouvrage signé à son nom, ainsi que pour obtenir son habilitation à diriger des recherches (HDR).

https://etudiant.lefigaro.fr/article/un-enseignant-de-paris-viii-sanctionne-pour-avoir-plagie-la-these-de-sa-doctorante_cc9090fc-8a7d-11ed-8918-d6f0a9adf883/

Rappel des sanctions possibles en section disciplinaire compétente à l'égard des enseignants et enseignants-chercheurs:
1° Le blâme ;
2° Le retard à l'avancement d'échelon pour une durée de deux ans au maximum ;
3° L'abaissement d'échelon ;
4° L'interdiction d'accéder à une classe, grade ou corps supérieurs pendant une période de deux ans au maximum ;
5° L'interdiction d'exercer toutes fonctions d'enseignement ou de recherche ou certaines d'entre elles dans l'établissement ou dans tout établissement public d'enseignement supérieur pendant cinq ans au maximum, avec privation de la moitié ou de la totalité du traitement ;
6° La mise à la retraite d'office ;
7° La révocation.
Les personnes à l'encontre desquelles a été prononcée la sixième ou la septième sanction peuvent être frappées à titre accessoire de l'interdiction d'exercer toute fonction dans un établissement public ou privé, soit pour une durée déterminée, soit définitivement.

(sous réserve d'appel au CNESER.)

Ah ben maintenant on sait ce qu'il faut faire pour partir à la retraite à un âge décent!
Oui bon en vrai c'est pas drôle du tout pour la doctorante. Scandaleux.

Sanction de niveau 4, ce n'est pas très cher payé.

Je me suis fait la même réflexion.
Après relecture, je me dis que la 2 non plus n'est pas ébouriffante niveau sanction.

zigmag17 a écrit:Ah ben maintenant on sait ce qu'il faut faire pour partir à la retraite à un âge décent!
Oui bon en vrai c'est pas drôle du tout pour la doctorante. Scandaleux.

Lors d'une mise à la retraite d'office seule la radiation des cadres est immédiate. La perception de la pension, elle, n'est possible qu'une fois l'âge requis atteint.
Autrement dit, il n'y a pas de différence significative avec la révocation depuis que la révocation n'entraîne plus de perte des droits à la retraite.

C'est absolument scandaleux, cette histoire.

Oh quand même, on lui a tapé sur les doigts, hein.

Et puis il doit avoir honte, le méchant

Le livre en question :
https://www.istegroup.com/fr/produit/gestion-energetique-dans-les-reseaux-de-capteurs-sans-fil/

Attendez, on n'est pas à l'abri qu'un éventuel appel au CNESER dise "ouh c'est trop méchant", et baisse la sanction comme ils l'ont fait quasiment systématiquement pour des histoires de harcèlement etc. ou cf. l'intervention du Conseil d'État récemment (en spoiler).

Spoiler:

Après, ces sections disciplinaires, c'est quand même des gens non formés dans la plupart des universités (je me demande si certaines offrent des formations, pas la mienne en tout cas), sachant aussi l'historique des sanctions revues à la baisse en appel -- et des procédures fort longues pour des résultats souvent scandaleux.

Je relis la sanction, un détail m'avait échappé :

4° L'interdiction d'accéder à une classe, grade ou corps supérieurs pendant une période de deux ans au maximum ;

Donc, s'il venait d'avoir une passation, ce qu'on n'a pas tous les ans, ben ce sera la progression normale ?

Oui oui. Je crois que cet article est la nouvelle entrée de l'Académie française pour le mot " Bienveillance".

Ce n'est même pas la progression d'échelon qui est suspendue, mais le changement de classe (normal à hors classe), de grade ou de corps, et seulement pendant deux ans. Autrement dit, il ne peut pas prétendre rentrer dans le corps des professeurs des universités dans les deux ans à venir.
Ce qui m'étonne, c'est qu'ils sont deux à l'avoir dirigés et à avoir publié le livre plagié, et a priori, seul le MCF est condamné pour plagiat, pas le codirecteur et coauteur PR, si j'ai bien compris.

Laotzi a écrit:
Ce qui m'étonne, c'est qu'ils sont deux à l'avoir dirigés et à avoir publié le livre plagié, et a priori, seul le MCF est condamné pour plagiat, pas le codirecteur et coauteur PR, si j'ai bien compris.

Ah, c'est le MCF qui fait l'objet de la sanction ? Parce que c'est bien gentil de ne pas nommer le monsieur, mais si on donne le titre du livre, on trouve tout de suite le nom, et s'il y a deux auteurs, ça jette un peu le soupçon sur l'autre. J'ai cherché ce livre et au vu des mots employés dans l'article du Figaro étudiant cité plus haut, j'aurais plutôt pensé au PR (seul le mot «professeur» est utilisé pour le désigner alors qu'on parle de «maître de conférences» pour la personne qui a alerté la doctorante).

zigmag17 a écrit:Ah ben maintenant on sait ce qu'il faut faire pour partir à la retraite à un âge décent!
Oui bon en vrai c'est pas drôle du tout pour la doctorante. Scandaleux.

Zigmag, vu ton public, tu as tes chances ... côté perles, bêtises, absurdités.  Je t'ai déjà trouvé les titres de tes chapitres.

Je me suis référé à l'article de Challenges qui semble être à l'origine de celui du Figaro : https://www.challenges.fr/grandes-ecoles/paris-viii-un-enseignant-sanctionne-pour-avoir-plagie-la-these-de-sa-doctorante_839887
Notons en plus la grande discrétion sur cette affaire, jugée (après plusieurs années) en septembre, révélée par un article qui ne nomme pas en décembre, repris seulement par le Figaro étudiant ces jours-ci.

Oui, l'article de Challenges est plus précis. Dans tous les cas, je l'aurais un peu mauvaise à la place de l'autre co-auteur s'il n'a rien à voir avec cette histoire.

Ajonc35 a écrit:

zigmag17 a écrit:Ah ben maintenant on sait ce qu'il faut faire pour partir à la retraite à un âge décent!
Oui bon en vrai c'est pas drôle du tout pour la doctorante. Scandaleux.

Zigmag, vu ton public, tu as tes chances ... côté perles, bêtises, absurdités.  Je t'ai déjà trouvé les titres de tes chapitres.

Merci!!!

Une collègue (en LM) a vu sa thèse publiée par sa directrice de thèse (je ne sais pas si c'est le bon titre) quelques mois avant sa soutenance... Elle n'a jamais pu soutenir sa thèse et n'a donc pas fini son doctorat... Elle a commencée une nouvelle thèse l'année dernière en faisant attention a ne pas se faire avoir une seconde fois.

Je ne pense pas (ou du moins, elle ne m'en a pas parlé) que la dite directrice a eu une quelconque sanction à ce sujet.
Ma collègue ayant muté, je n'aurai pas de réponse sur ce dernier point.

Laotzi a écrit:Je me suis référé à l'article de Challenges qui semble être à l'origine de celui du Figaro : https://www.challenges.fr/grandes-ecoles/paris-viii-un-enseignant-sanctionne-pour-avoir-plagie-la-these-de-sa-doctorante_839887
Notons en plus la grande discrétion sur cette affaire, jugée (après plusieurs années) en septembre, révélée par un article qui ne nomme pas en décembre, repris seulement par le Figaro étudiant ces jours-ci.

De ce que j'avais vu passer dans ce fil Twitter, Paris 8 n'a pas eu de section disciplinaire pendant plus de deux ans, d'où le délai supplémentaire de traitement (mais je crois que ça peut fermer la porte à des suites judiciaires aussi du coup...).

Il a donc plagié une doctorante pour obtenir son habilitation à diriger les recherches (!!) et il la conserve ?
Un homme qui enseignera à coup sûr la déontologie avec engagement et pugnacité aux jeunes chercheurs.

Il est étonnant que l’université n’ait pas davantage cherché à protéger son image. Si les enseignants ne sont pas durement sanctionnés pour un plagiat aussi éhonté, comment demander aux étudiants de suivre les règles?
J’espère que la personne flouée portera plainte et qu’il y aura des sanctions judiciaires à l’encontre du plagiaire, d’autant plus qu’il a peut-être gagné de l’argent grâce au livre publié.

Pour avoir été confronté au fonctionnement d'une université de l'intérieur (élu étudiant au conseil d'Administration + membre du bureau ), je ne suis pas très surpris.  J'ai l'impression qu'à partir d'un certain niveau de responsabilité dans l'université (et probablement dans toute la haute fonction publique) le réseau joue à fond. Une personne éminente de mon université a ainsi été reconnue responsable et coupable, éjectée d'un poste prestigieux elle a vite été recasée dans un autre poste moins prestigieux mais tranquille et bien payé.

@Ergo

Ergo a écrit:
Après, ces sections disciplinaires, c'est quand même des gens non formés dans la plupart des universités (je me demande si certaines offrent des formations, pas la mienne en tout cas), sachant aussi l'historique des sanctions revues à la baisse en appel -- et des procédures fort longues pour des résultats souvent scandaleux.

Dans mon université, il y avait toujours un professeur / maitre de conf en droit dans la section disciplinaire.
De mon temps, on m'avait également informé que la commission d'appel du CNESER était assez indulgente et qu'un jugement de l'université cassé par le CNESER cela faisait peu sérieux.

Personnellement je suis assez choqué. Cette faute me semble grave, dans d'autres pays, l'enseignant serait renvoyé.

Dans l'article du figaro https://etudiant.lefigaro.fr/article/un-enseignant-de-paris-viii-sanctionne-pour-avoir-plagie-la-these-de-sa-doctorante_cc9090fc-8a7d-11ed-8918-d6f0a9adf883/ il y a aussi  cette partie :

Cette dernière précise également avoir reçu des appels de son directeur de thèse lui demandant de rédiger une lettre afin d’expliquer qu’elle les avait autorisés à utiliser ses travaux de recherche, ce qu’elle avait formellement refusé.

Il est incompréhensible qu’il n’ait pas été renvoyé en effet. C’est d’autant plus écœurant qu’il s’agit du travail d’une femme qui a été découragée de poursuivre dans la recherche par des hommes qui se sont attribué son travail.