Budget de l'EN: où va l'argent ?

Bonjour,

Selon un article du Monde (pas lu en entier à cause du paywall), le budget de l'EN est en hausse de 3% pour 2022. [https://www.lemonde.fr/education/article/2021/09/22/budget-2022-1-9-milliard-d-euros-supplementaires-pour-l-education-nationale-la-jeunesse-et-les-sports_6095669_1473685.html]
Compte-tenu des nombreuses baisses de DHG que l'on peut voir ici ou là je me demandais où pouvait bien aller tout le pognon à l'EN.

Je vous avoue que je penche pour une hiérarchie qui se gave et éventuellement des fonds qui sont indirectement redirigés dans le privé (par exemple avec l'achat de matériel numérique, des investissements peu pertinents sur des logiciels en interne etc...). Mais c'est peut-être mon esprit démago qui me fait dire ça.

J'ai essayé de trouver un diagramme avec une répartition des postes de dépense mais ma recherche n'a pas abouti.

Un précédent sujet sur neo ne m'a pas fortement convaincu, préférant se concentrer sur la bivalence des enseignants.
[https://www.neoprofs.org/t91429-budget-mammouth-mais-profs-mal-payes-ou-passe-concretement-le-budget-de-l-en]

J'invite donc quiconque qui aurait davantage de connaissances sur le sujet de bien vouloir éclairer ma lanterne.

Merci.

Trop d administratifs....trop de décharges ....

Les retraites ne sont pas intégrée au budget ? Y a pas un truc du genre ?

Il faut aussi payer des millions les fameux audits des cabinets américains... Pour le personnel administratif, pas dans les établissements en tout cas.

La moitié de la hausse du budget de l'enseignement scolaire environ va dans les dépenses prévues dites de "revalorisation Grenelle". A cela il faut ajouter aussi le coût en hausse du SNU par exemple.

jeromebr a écrit:Trop d administratifs....trop de décharges ....

Bingo: première réponse "tapons sur les administratifs"...
Mes hypothèses: les revalorisations des administratifs notamment dans les académies déficitaires (8M€ pour Créteil par exemple) déjà, ensuite le GVT "classique" pour tout le monde, le PPCR... Ensuite, mais je n'en suis pas sûre, l'impact de la réforme MEEF, les différentes "nouvelles" primes...

Patience et raison a écrit:

jeromebr a écrit:Trop d administratifs....trop de décharges ....

Bingo: première réponse "tapons sur les administratifs"...
Mes hypothèses: les revalorisations des administratifs notamment dans les académies déficitaires (8M€ pour Créteil par exemple) déjà, ensuite le GVT "classique" pour tout le monde, le PPCR... Ensuite, mais je n'en suis pas sûre, l'impact de la réforme MEEF, les différentes "nouvelles" primes...

Sérieusement???? 

le PPCR? les "nouvelles primes"?  Je ne vois pas en quoi le PPCR est un progrès. 
Le GVT? C'est quoi ce truc? 
Sachant que l'inflation augmente de plus de 2% , le budget de l'EN ne va pas réellement augmenter. Sans compter, le SNU qui est dans le budget de l'EN.

jeromebr a écrit:Trop d administratifs....trop de décharges ....

Tu as des chiffres pour étayer tes dires ?

limlight a écrit:Bonjour,

Selon un article du Monde (pas lu en entier à cause du paywall), le budget de l'EN est en hausse de 3% pour 2022. [https://www.lemonde.fr/education/article/2021/09/22/budget-2022-1-9-milliard-d-euros-supplementaires-pour-l-education-nationale-la-jeunesse-et-les-sports_6095669_1473685.html]
Compte-tenu des nombreuses baisses de DHG que l'on peut voir ici ou là je me demandais où pouvait bien aller tout le pognon à l'EN.

Bonne question.

Dans l'article il est dit qu'il y a une augmentation de 1,6 milliard pour l'enseignement scolaire.
Dont 726 millions pour :
-la pérennisation des primes pour les directeurs / les CE
-la PSC (les 15 euros...)
-l'élargissement de la "prime d'attractivité"
-des revalorisations pour les AESH

Question : à quoi correspondent les 874 000 000 restants ?

Si ce n'est pas indiqué dans la suite de l'article (réservé aux abonnés), peut-être faut-il poser la question à la journaliste ? Lui demander ses sources...
Quelqu'un a t'il pu le lire en entier ?

En tout cas quand on lit le début, on a l'impression que tout va très bien...

Cassandrine a écrit:

Patience et raison a écrit:

jeromebr a écrit:Trop d administratifs....trop de décharges ....

Bingo: première réponse "tapons sur les administratifs"...
Mes hypothèses: les revalorisations des administratifs notamment dans les académies déficitaires (8M€ pour Créteil par exemple) déjà, ensuite le GVT "classique" pour tout le monde, le PPCR... Ensuite, mais je n'en suis pas sûre, l'impact de la réforme MEEF, les différentes "nouvelles" primes...

Sérieusement???? 

le PPCR? les "nouvelles primes"?  Je ne vois pas en quoi le PPCR est un progrès. 
Le GVT? C'est quoi ce truc? 
Sachant que l'inflation augmente de plus de 2% , le budget de l'EN ne va pas réellement augmenter. Sans compter, le SNU qui est dans le budget de l'EN.

GVT = glissement vieillesse technicité. Autrement l'augmentation de la masse salariale liée aux différents passages d'échelon. En clair, plus les salariés ont de l'ancienneté ou des qualifications élevées, en moyenne, plus la masse salariale augmente, de façon mécanique.

Je ne sais pas si c'est le bon sujet pour poser cette question, mais je me suis demandé récemment quelle pourrait bien être la valeur du point d'indice en 2022 s'il n'avait pas été gelé depuis 2010. Est-ce qu'on peut en faire une estimation ou c'est trop complexe ?

Merci @Danska pour ta réponse.

marjo a écrit:Je ne sais pas si c'est le bon sujet pour poser cette question, mais je me suis demandé récemment quelle pourrait bien être la valeur du point d'indice en 2022 s'il n'avait pas été gelé depuis 2010. Est-ce qu'on peut en faire une estimation ou c'est trop complexe ?

Il n'y a pas de réponse à ta question. Ca dépend de combien le point d'indice aurait été augmenté entre 2010 et 2022, sachant qu'il n'est plus indexé sur l'inflation depuis 1983.

Mais :

- S'il avait suivi l'inflation depuis sa désindexation, ça donnerait ça :

@AdeMontchalin, ministre de la fonction publique, qui ne comprend rien à son fonctionnement.
Augmenter le point d'indice n'est ni une faveur, ni un cadeau, c'est le fondement des grilles : historiquement, l'indice augmentait comme l'inflation qu'il compense !

Les bases pic.twitter.com/j7SprGnQi0

— Du pognon pour les profs! (@Ithyphallique) July 7, 2021

- S'il avait suivi l'inflation depuis 2001 :

Faire le point
� Une inflation en forte hausse (prévision de 1,8% en 2021 par la Banque de France)
� Un #SMIC qui va augmenter de 2,2%
� Le point d'indice de la Fonction Publique en état de mort cérébrale avancée

Des enseignants paupérisés!#ProlosdelEN #BlanquerMent pic.twitter.com/seTcaGAdHT

— Du pognon pour les profs! (@Ithyphallique) September 15, 2021

- S'il avait suivi l'inflation depuis 2009 :

Après 10 ans de gel du point d'indice des fonctionnaires, l'inflation menace d'aggraver la paupérisation des enseignants.. !

Un graphique pour comprendre.

Il est l'heure du dégel ! Mardi #5octobre dans la rue !#ProlosDelEN @SnesFsu @FsuNationale #BlanquerDémission pic.twitter.com/7mt7pSMyE5

— Du pognon pour les profs! (@Ithyphallique) October 1, 2021

jeromebr a écrit:Trop d administratifs....trop de décharges ....

Je ne sais pas s’il y a trop d’administratifs.

J’ai mis la main sur le document de la rentrée 2021 de l’académie de Rennes  : 53168 agents.
42672 enseignants soit 80% des personnels.
6113 agents qui assurent la surveillance et l’éducation… 11%
2950 personnels administratifs, techniciens, agents de santé… 5,5%..
1331 personnels de direction et inspecteurs .. 2,5%
102 personnels Drajes…

Maintenant, il manque une donnée que je n’ai pas trouvée :  quel est la masse salariale des différentes catégories ? Il est très vraisemblable que les 2,5 % de chefs et d’inspecteurs représentent beaucoup que 2,5% de la masse salariale. Mystère aussi pour les Drajes.  Mais ce n’est pas dit que ce soit le cas pour les administratifs. La catégorie est hétéroclite. Les directeurs sont sûrement fort bien payés. En revanche les infirmières ne touchent pas des traitements élevés.
Je pense que pas mal de fric part aussi dans des projets divers.

Vicomte de Valmont: l’inflation officiellement reconnue, rien que sur les douze derniers mois, c’est 3,6%…

https://www.lesechos.fr/economie-france/conjoncture/linflation-bondit-a-36-en-france-1389689

Autrement dit si vous gagnez 2000 euros nets, il vous faut une augmentation de 72 euros pour simplement conserver votre pouvoir d’achat d’il y a un an…
Quand on pense à la minable subvention de 15 euros bruts, on est très loin du compte. Les augmentations des débutants n’auront aucun effet; aussitôt données, elles seront absorbées par la hausse des prix.

jeromebr a écrit:Trop d administratifs....trop de décharges ....

Décharge pour quelles raisons ?

Je n'ai pas les chiffres, mais je pense que le personnel du rectorat et les décharges jouent à la marge vu les sommes engagées.
Si dessous quelques chiffres collectés à la va vite mais pour donner quelques sources, si vous avez une étude sérieuse, je suis preneur.


En 2017, L'Allemagne consacrait 134 milliards à l'éducation, la France 124 milliards. (je ne pense pas que les ordres de grandeurs aient bougés de manière significative depuis) https://www.francetvinfo.fr/societe/education/le-budget-alloue-a-l-education-par-l-etat-francais-est-il-vraiment-parmi-les-plus-faibles-d-europe_3602693.html

Donc en effet, comment expliquer ces différences?

Établissements scolaires : 37.933 en France contre 16.391 en Allemagne. pas de cantine dans beaucoup d'établissements. 2/3 des lycées allemands entre 16 et 19 ans sont en apprentissage avec un coût en partie reporté sur les entreprises https://www.ifrap.org/education-et-culture/le-systeme-scolaire-allemand
--> Moins de frais de structure en Allemagne

Nombre d'heure de cours dans le secondaire pour un élève par an : 720 en France, 640 en Allemagne. https://data.oecd.org/fr/teachers/heures-d-enseignement.htm
-->Moins d'heures de cours par élève, moins d'enseignants à payer

Enseignants qui assurent le rôle de surveillants et remplacent dans la journée https://www.liberation.fr/debats/2019/09/03/france-allemagne-le-grand-ecart-des-salaires-des-profs_1816321/
-->Moins de personnels "annexes" à rémunérer

Moins de charge sur les salaires en Allemagne (https://www.lefigaro.fr/economie/le-scan-eco/dessous-chiffres/2015/07/29/29006-20150729ARTFIG00006-en-france-pour-100-euros-nets-il-faut-235-euros-de-salaire-super-brut.php)
-->A salaire "super brut" équivalent entre France et Allemagne un salarié allemand, du public ou du privé gagne plus.

Plus le budget est gonflé plus l'argent rendu à Bercy le sera aux yeux de libéraux qui se réjouiront du fait que ces fainéants d'enseignants et/ou de la masse salariale qui n'est pas face aux élèves n'ont pas grillé le budget alloué comme ce fut le cas en 2021.
Il faudra peut-être systématisé des cumuls d'emplois pour pallier le manque à gagner. Imaginons l'opinion publique qui découvrira (et s'en moquera éperdument) pas loin d'un million de fonctionnaires contraints d'exercer plusieurs emplois pour s'en sortir.

Il y a le détail du projet de loi de finances pour l'EN ici :
https://www.senat.fr/rap/l21-163-314/l21-163-3141.pdf

Globalement, les deux budgets qui augmentent le plus en pourcentage sont :
- le financement du privé (conséquence logique de l'obligation scolaire dès 3 ans : désormais l'état doit payer les maternelles du privé)
- les aesh pour les élèves ayant un handicap - je ne suis pas spécialiste du sujet, mais je me dis qu'il y a peut-être transfert du budget de la santé (ime et itep qui subissent des restrictions massives) vers l'éducation (moins cher de payer une aesh une misère pour "suivre" 6 élèves que de financer 6 places spécialisées...)

Sachant que comme ça a été déjà souligné, les mots employés sont trompeurs : ce qui est appelé "augmentation" ou "revalorisation" correspond en fait aux effets de l'inflation, mais il n'y a pas plus de choses qu'avant qui sont financées, dans l'ensemble...

Leclochard a écrit:

jeromebr a écrit:Trop d administratifs....trop de décharges ....

Je ne sais pas s’il y a trop d’administratifs.

J’ai mis la main sur le document de la rentrée 2021 de l’académie de Rennes  : 53168 agents.
42672 enseignants soit 80% des personnels.
6113 agents qui assurent la surveillance et l’éducation… 11%
2950 personnels administratifs, techniciens, agents de santé… 5,5%..
1331 personnels de direction et inspecteurs .. 2,5%
102 personnels Drajes…

Maintenant, il manque une donnée que je n’ai pas trouvée :  quel est la masse salariale des différentes catégories ? Il est très vraisemblable que les 2,5 % de chefs et d’inspecteurs représentent beaucoup que 2,5% de la masse salariale. Mystère aussi pour les Drajes.  Mais ce n’est pas dit que ce soit le cas pour les administratifs. La catégorie est hétéroclite. Les directeurs sont sûrement fort bien payés. En revanche les infirmières ne touchent pas des traitements élevés.
Je pense que pas mal de fric part aussi dans des projets divers.

Vicomte de Valmont: l’inflation officiellement reconnue, rien que sur les douze derniers mois, c’est 3,6%…

https://www.lesechos.fr/economie-france/conjoncture/linflation-bondit-a-36-en-france-1389689



Autrement dit si vous gagnez 2000 euros nets, il vous faut une augmentation de 72 euros pour simplement conserver votre pouvoir d’achat d’il y a un an…
Quand on pense à la minable subvention de 15 euros bruts, on est très loin du compte. Les augmentations des débutants n’auront aucun effet; aussitôt données, elles seront absorbées par la hausse des prix.

tiens, j'ai trouvé ça :https://www.education.gouv.fr/le-budget-et-les-finances-du-systeme-educatif-89252


Au niveau global, 75% du budget est dédié aux salaires, charges et pensions. 50.9% pour les salaires, charges et pensions des enseignants.

Ci-dessus un lien plus direct vers ce que je cherchais initialement.

Comme le mentionne  @Czar , 50,9% des dépenses sont attribués aux salaires, charges et pension des enseignants, sachant que les enseignants représentent environ 72% de la masse salariale à l'EN.
Les 28% de personnel restant (vie sco, administratif, direction, inspection et autres cadres) se partagent 24,1% des dépenses du budget.
Il serait pertinent de détailler la composition de la catégorie "enseignant" (part des retraités sur les actifs, distribution des âges...) mais aussi sur la catégorie "autre" (part des vie sco, adm, direction, inspection etc...).

Le reste de la dépense est affecté à des "dépenses de fonctionnement" et des "investissements" dont la nature exacte reste aussi à déterminer.

Sans cela, difficile de porter un avis critique autre que du doigt mouillé.

Si certains ont des données sur les éléments mentionnés plus haut, ne pas hésiter, je suis sûr que la depp doit encore avoir pas mal de données publiées mais je ne les ai pas encore trouvées.

Il y a aussi 500 000 mille euros pour Mc Kinsey
https://www.francetvinfo.fr/societe/education/a-quoi-correspond-la-somme-de-500-000-euros-facturee-par-le-cabinet-de-conseil-mckinsey-a-l-education-nationale_4923851.html

N'oublions pas
-les inspecteurs, ultra payé pour des travaux minimes et souvent dispensables ( la palme revenant aux IG qui pondent des rapports qui partent à la poubelle aussitôt remis)
- les formateurs INSPE à l'utilité douteuse pour beaucoup.
- Les nombreux fonctionnaires de la rue de Grenelle qui pondent réformes sur réformes sans queue ni tête

Il est là, le mammouth.

Je partage les réserves sur la pertinence et l'utilité du travail de tous ces braves gens, mais  mais la masse salariale cumulée des inspecteurs, formateurs, fonctionnaires des rectorats / ministère est très limité par rapport aux économies  structurelles possible avec un système à l'Allemande.

Croire à une hausse importante du budget de l'éducation nationale en % du PIB, c'est chimérique, quelque soit le prochain gouvernement. On est déjà dans la moyenne haute des pays de l'OCDE.  Les vraies marges de manœuvre c'est de voir comment font les autres pays avec des sommes d'argent comparables et de s'en inspirer. Et c'est très mal parti.


Ceux qui pilotent le système le savent bien, il suffit de passer la frontière pour regarder, mais beaucoup de réformes structurelles sont impossibles ou compliquées.  

Diminuer le nombre d'établissements? Je n'y crois pas. Les gros établissements sont mal vues en France où on préférè les établissements à taille "humaine" de quelque centaines de collégiens. (Il suffit de regarder dans les grandes villes françaises, combien d'établissements de seulement 300, 400 élèves dans un rayon de quelques kilomètres, voire quelques centaines de mètres? Quand à continuer de fermer toutes les petites structures en province (les "territoires" pardon) c'est impopulaire et c'est à chaque fois des articles négatifs, des élus et des citoyens mécontents et on commence à attendre la limite si on veut garder un minimum d'attractivité.

Diminuer le nombre d'heures de cours par semaine pour les élèves? Je n'y crois pas. Les maths vont visiblement refaire leur grand retour dans toutes les filières au lycée. Et il ne se passe pas un seul mois sans un article et autres  "coups de gueule" pour dire qu'il faut rajouter de la cuisine, du développement durable, des cours de papiers administratifs et des formations en tout genre pour les élèves. Diminuer le nombre de cours c'est hautement explosif avec des accusations sur l'accroissement des inégalités. (Une pensée pour les collègues, en particulier en 3e qui ont une partie non négligeable de l'année prises en formations et certifications en tout genre)

Des enseignants qui ont également un rôle de surveillants? --> J'y crois moyennement mais une piste possible. Mais grosse résistance interne à prévoir. Humainement que faire des surveillants actuels?  Et cela va être considéré comme un "rabaissement" du métier de professeur.

Un salaire qui n'est pas seulement lié à l’ancienneté dans le métier pour faciliter la reconversion et rendre le début de carrière plus attractif--> ça semble être la piste actuelle. Mais les modalités vont poser soucis. Et comme dans le public la retraite est actuellement calculée sur les 6 meilleurs mois, tous les syndicats lors des dernières réformes ont surtout favorisé des augmentations substantielles en fin de carrière pour maximiser la retraite au détriment de l'entrée dans le métier. Actuellement, un retraité de l'éducation gagne en moyenne plus qu'un enseignant en activité. (c'est d'ailleurs une situation similaire sans le secteur privé ). Des primes "au mérite" ? Elles posent le problème de ce qu'est le mérite. Il y a toujours des profs plus investis que d'autres pour x raisons, mais qui pour les identifier et les attribuer? Un inspecteur que l'on voir 4 fois dans sa vie? Un chef d'établissement  avec un risque de dérive possible? Un prof sans enfants qui a été animateur ou chef scout dans sa jeunesse et qui monte des voyages et des projets a-t-il plus de mérite qu'un enseignant du même age avec plusieurs enfants en bas age et une maladie chronique et qui coute que coute, sacrifice après sacrifice continue "juste" d'enseigner sans se plaindre?

Pour moi le mammouth est surtout dans le nombre global de fonctionnaires. En prenant en compte la fonction territoriale, le nombre de fonctionnaires à augmenté de 17% depuis 1998 alors que la population totale à augmenté de 11% lien dans un contexte de dématérialisation de nombreux services et d'une baisse dans plusieurs secteurs de l'administration en particulier dans les zones rurales. J’étais bien jeune en 1998, je peux donc difficilement comparer mais peut-on dire que le niveau global de service public s'est amélioré depuis cette date?

Je confirme.
Je suis en dispo en Allemagne et suis devenue prof fonctionnaire ici, et bien je viens de poser ma démission. Beaucoup d'établissements sont en fait la fusion de deux établissements sur deux lieux (près l'un de l'autre mais trajet quand même pas faisable à pied), taux horaire très élevé (25 heures ici avec toutes les réunions et formations en dehors du temps de travail), surveillances et remplacements inclus plusieurs fois par semaine, système scolaire à deux vitesses, pas possible de muter quand on le souhaite (un CDE peut nous retenir jusqu'à 3 ans), pas de "mouvement" mais un système où on doit candidater soi-même sur des postes (le seul barème est la "note" d'inspection... priorité à celui le mieux noté..!), pas de vie scolaire et pas de gestionnaire, un secrétariat restreint donc énormément de tâches incombent aux profs, donc besoin de beaucoup de sortes de "sous-chefs" qui sont des sortes de responsables de cycle, pas d'inspecteur, on est visité par notre CDE + le responsable de cycle qui rédige l'évaluation même quand il n'enseigne pas notre matière !!
Exemple : j'enseigne la musique et le français, la responsable qui m'a évaluée était responsable CM2/6ème/5ème et prof de religion et anglais, elle m'a inspectée avec des CM2 en musique et des 3ème en français. Et cela est tout à fait normal, personne n'y voit quoi que ce soit d'anormal.
C'est vraiment un autre monde et personnellement, si je voulais rester prof et revenir en France, je retournerais volontiers à mon temps plein à 15h avec 1 matière sur 4 niveaux, pas de remplacement à faire au pied levé, pas de cour ou de cantine à surveiller pendant mes récrés, pas de formations de 16h à 19h après une journée de cours, possibilité d'appeler un surveillant pour exclure un élève de cours, existence d'un carnet de correspondance...
Bref je pourrais écrire un livre ce n'est pas la question mais oui si la France pouvait éviter d'imiter l'Allemagne ça serait bien, ou alors on obtiendra comme les allemands un taux de profs en arrêt maladie très élevé.