- LouisXVIJe viens de m'inscrire !
Bonjour,
Je me demande si le réalisme et le naturalisme ne sont pas les mêmes courants littéraires au final.
Quelles sont les principales différences entre ces 2 courants ?
Merci
LXVI
Je me demande si le réalisme et le naturalisme ne sont pas les mêmes courants littéraires au final.
Quelles sont les principales différences entre ces 2 courants ?
Merci
LXVI
- IphigénieProphète
sans être spécialiste, je pense que le naturalisme est un approfondissement du réalisme littéraire, visant à introduire dans l'observation du réel les avancées de la science.
Tutrouveras beaucoup d'éclaicissements sans doute ici:
https://cache.media.eduscol.education.fr/file/Francais/44/8/RESS-FR-LGT-2nde_roman_version_integrale_242448.pdf
Tutrouveras beaucoup d'éclaicissements sans doute ici:
https://cache.media.eduscol.education.fr/file/Francais/44/8/RESS-FR-LGT-2nde_roman_version_integrale_242448.pdf
- Mélusine2Niveau 10
Je dirais l'illusion scientiste.
- NanouVNiveau 6
De mémoire (qui vaut ce qu'elle vaut): le naturalisme repose sur des théories concernant le fonctionnement de l'être humain, notamment que nos actions, nos pensées et notre caractère sont dictés par nos parents, grands-parents, notre milieu social et notre lieu de naissance. Il y a une sorte de fatalité chez l'être humain que l'on ne retrouve pas dans le réalisme qui vise à être aussi proche du réel que possible, sans prendre appui sur une quelconque croyance.
- IphigénieProphète
c'était déjà vrai pour Balzac et Lavater par ex.
En fait en tant que mouvement le naturalisme se définit et se distingue du réalisme par le manifeste de Zola, surtout
En fait en tant que mouvement le naturalisme se définit et se distingue du réalisme par le manifeste de Zola, surtout
- PonocratesExpert spécialisé
Le Naturalisme c'est Zola, sa lecture de Claude Bernard, et sa prétention à étudier les influences de l'hérédité et du milieu comme un scientifique étudie un rat de laboratoire en examinant...des personnages fictifs. Il y avait déjà du réalisme dans certaines descriptions de Balzac, le naturalisme, lui ose traiter de sujet jusque-là tabou, comme dans Charlot s'amuse de Bonnetain. C'est, à mon sens - en plus du scientisme - ce qui définit le naturalisme: une description de la réalité jusque dans ce qu'elle peut avoir du plus trivial, du plus "bas" disait-on à l'époque.
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"If you think education is too expensive, try ignorance ! "
"As-tu donc oublié que ton libérateur,
C'est le livre ? "
- IphigénieProphète
Oui voilà.
Il y a même déjà du réalisme chez Pétrone (ou Scarron) , cela dit.
Mais ça c'est quand on sort des débats internes au XIXe s
Il y a même déjà du réalisme chez Pétrone (ou Scarron) , cela dit.
Mais ça c'est quand on sort des débats internes au XIXe s
- PonocratesExpert spécialisé
Si on va par là, la narration des combats chez Homère ou Virgile est généralement très précise anatomiquement (mon politiquement correct pour "gore"), et je n'hésite pas à évoquer son caractère réaliste.Iphigénie a écrit:Oui voilà.
Il y a même déjà du réalisme chez Pétrone (ou Scarron) , cela dit.
Mais ça c'est quand on sort des débats internes au XIXe s
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- NLM76Grand Maître
Moui... on peut réduire le sens du mot "réalisme" à son sens intuitif. Mais il me semble quand même que l'essentiel réside dans le refus de l'idéalisation, et donc dans le choix d'être prêt à représenter la bassesse et la médiocrité humaines. Autrement dit, Les Misérables n'ont rien de réaliste, sauf peut-être dans le personnage de Thénardier — et encore, je pense qu'il ne l'est pas du tout ; il serait très intéressant d'expliquer pourquoi.
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- NLM76Grand Maître
Sinon, je pense que pour être clair, il faut avoir l'esprit : réalisme = Flaubert, et, éventuellement, Maupassant ; naturalisme = Zola. Les autres, on les adjoint artificiellement; mais en réalité ils n'ont pas grand-chose à voir, et heureusement.
Au fond, on s'en fiche de "réalisme" et "naturalisme". Ce qui nous intéresse, c'est de savoir ce que Flaubert et Zola ont à nous dire d'intéressant.
Au fond, on s'en fiche de "réalisme" et "naturalisme". Ce qui nous intéresse, c'est de savoir ce que Flaubert et Zola ont à nous dire d'intéressant.
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- PonocratesExpert spécialisé
Maupassant définit le réaliste ainsi
Et personnellement je ne m'en moque pas de la différence entre le réalisme de Flaubert et le naturalisme de Zola, parce que, dans le deuxième cas, il y a une idéologie qui modèle et explique les Rougon-Maquart - que l'on ne retrouve plus d'ailleurs dans les Trois villes et moins encore dans les évangiles. Cela permet précisément de montrer un des aspects - il y en a d'autres, en particulier du point de vue stylistique, l'écriture "sèche" de Flaubert dans Madame Bovary s'opposant au lyrisme un peu pompier de Zola- qui les distingue. Et je comprends la question de notre collègue.
Mais surtout il insiste sur le fait que l'artiste a une représentation du monde en raison de sa constitution et que c'est cela qu'il proposeLe réaliste, s’il est un artiste, cherchera, non pas à nous montrer la photographie banale de la vie, mais à nous en donner la vision plus complète, plus saisissante, plus probante que la réalité même.Raconter tout serait impossible, car il faudrait alors un volume au moins par journée, pour énumérer les multitudes d’incidents insignifiants qui emplissent notre existence.Un choix s’impose donc, — ce qui est une première atteinte à la théorie de toute la vérité.
La vie, en outre, est composée des choses les plus différentes, les plus imprévues, les plus contraires, les plus disparates ; elle est brutale, sans suite, sans chaîne, pleine de catastrophes inexplicables, illogiques et contradictoires qui doivent être classées au chapitre faits divers.
Voilà pourquoi l’artiste, ayant choisi son thème, ne prendra dans cette vie encombrée de hasards et de futilités que les détails caractéristiques utiles à son sujet, et il rejettera tout le reste, tout l’à-côté...
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Faire vrai consiste donc à donner l’illusion complète du vrai, suivant la logique ordinaire des faits, et non à les transcrire servilement dans le pêle-mêle de leur succession.
J’en conclus que les Réalistes de talent devraient s’appeler plutôt des illusionnistes.
Il annonce les "lunettes", le "rayon spécial" de Proust.Chacun de nous se fait donc simplement une illusion du monde, illusion poétique, sentimentale, joyeuse, mélancolique, sale ou lugubre suivant sa nature. Et l’écrivain n’a d’autre mission que de reproduire fidèlement cette illusion avec tous les procédés d’art qu’il a appris et dont il peut disposer.
Alors même si Maupassant est l'élève de Flaubert, il ne peut être étiqueté comme simple "réaliste", ne serait-ce que parce que si lui n'a pas lu Claude Bernard, il connaît Schopenhauer et que son oeuvre est souvent empreinte d'un certain tragique. Pour autant, il me semble tout à fait possible d'évoquer le caractère réaliste de telle ou telle description, comme celle qui ouvre Histoire d'une fille de ferme, même si "en même temps", elle évoque le piège de la nature cher à Schopenhauer.Proust dans le Temps retrouvé a écrit:Par l’art seulement, nous pouvons sortir de nous, savoir ce que voit un autre de cet univers qui n’est pas le même que le nôtre et dont les paysages nous seraient restés aussi inconnus que ceux qu’il peut y avoir dans la lune. Grâce à l’art, au lieu de voir un seul monde, le nôtre, nous le voyons se multiplier, et autant qu’il y a d’artistes originaux, autant nous avons de mondes à notre disposition, plus différents les uns des autres que ceux qui roulent dans l’infini, et qui bien des siècles après qu’est éteint le foyer dont ils émanaient, qu’il s’appelât Rembrandt ou Ver Meer, nous envoient leur rayon spécial.
Et personnellement je ne m'en moque pas de la différence entre le réalisme de Flaubert et le naturalisme de Zola, parce que, dans le deuxième cas, il y a une idéologie qui modèle et explique les Rougon-Maquart - que l'on ne retrouve plus d'ailleurs dans les Trois villes et moins encore dans les évangiles. Cela permet précisément de montrer un des aspects - il y en a d'autres, en particulier du point de vue stylistique, l'écriture "sèche" de Flaubert dans Madame Bovary s'opposant au lyrisme un peu pompier de Zola- qui les distingue. Et je comprends la question de notre collègue.
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C'est le livre ? "
- scot69Modérateur
Vous classez Léon Frapié parmi les naturalistes?
- OudemiaBon génie
On lit encore Léon Frapié ? (vraie question)
- scot69Modérateur
Je n'ai lu que deux livres de lui, j'ai beaucoup apprécié.
- Clecle78Bon génie
J'ai lu La maternelle. Le livre était chez ma grand mère. Évidemment j'ai été un peu déçue à l'époque. J'avais 12 ans et le contexte m'échappent totalement. Je devrais le relire un de ces jours.Oudemia a écrit:On lit encore Léon Frapié ? (vraie question)
- HokinawaNiveau 1
NLM76 a écrit:Sinon, je pense que pour être clair, il faut avoir l'esprit : réalisme = Flaubert, et, éventuellement, Maupassant ; naturalisme = Zola. Les autres, on les adjoint artificiellement; mais en réalité ils n'ont pas grand-chose à voir, et heureusement.
Au fond, on s'en fiche de "réalisme" et "naturalisme". Ce qui nous intéresse, c'est de savoir ce que Flaubert et Zola ont à nous dire d'intéressant.
Flaubert, réaliste de manière aussi définitive ?
- NLM76Grand Maître
Oui, en effet, même ça c'est extrêmement discutable.Hokinawa a écrit:NLM76 a écrit:Sinon, je pense que pour être clair, il faut avoir l'esprit : réalisme = Flaubert, et, éventuellement, Maupassant ; naturalisme = Zola. Les autres, on les adjoint artificiellement; mais en réalité ils n'ont pas grand-chose à voir, et heureusement.
Au fond, on s'en fiche de "réalisme" et "naturalisme". Ce qui nous intéresse, c'est de savoir ce que Flaubert et Zola ont à nous dire d'intéressant.
Flaubert, réaliste de manière aussi définitive ?
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- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- IphigénieProphète
D’où Maupassant d’ailleurs!
- Mélusine2Niveau 10
NLM76 a écrit:Oui, en effet, même ça c'est extrêmement discutable.Hokinawa a écrit:NLM76 a écrit:Sinon, je pense que pour être clair, il faut avoir l'esprit : réalisme = Flaubert, et, éventuellement, Maupassant ; naturalisme = Zola. Les autres, on les adjoint artificiellement; mais en réalité ils n'ont pas grand-chose à voir, et heureusement.
Au fond, on s'en fiche de "réalisme" et "naturalisme". Ce qui nous intéresse, c'est de savoir ce que Flaubert et Zola ont à nous dire d'intéressant.
Flaubert, réaliste de manière aussi définitive ?
Bien d'accord. C'est vraiment pénible de voir les élèves coller des étiquettes, avec beaucoup de sérieux parfois : dernier paquet, j'ai eu droit à Ernaux surréaliste, ou nouveau roman, au choix, au pif : ben quoi, elle est du XXe siècle.
Naturalisme = Zola, ça marche, forcément. Flaubert, réaliste de temps en temps, pas à plein temps. Maupassant, zut, ça ne marche pas non plus tout le temps.
Il faudrait des programmes bien fichus, parallèles à ceux d'histoire (c'est arrivé), pour faire comprendre comment fluctuent les courants de pensée : comme ce n'est même plus la peine d'y penser, je penche pour la réduction drastique des étiquettes qui ne font qu'alimenter les confusions.
- LouisXVIJe viens de m'inscrire !
Merci pour vos réponses, c'est très instructif !
- trompettemarineMonarque
Il est intéressant aussi de lire comment certains auteurs du XIXe siècle justifient leur art en s''appuyant sur la science de leur époque.
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