Bon prof / Mauvais prof ?

Shakti a écrit:Un bon prof' mais pour qui ? Ses classes, le CDE, soi-même dans son miroir, soi-même avec sa conscience, son inspection, le ministre, les parents, les médias, RTL (non, pour eux, il n'y en a que de mauvais...tous des bons à rien   ) ?
Un bon collègue, en revanche, oui, je crois, ce n'est pas quelqu'un qui fait la leçon aux autres.

+1 !

Tangleding a écrit:Plus je vieillis et moins je supporte ce discours de vieux grincheux. Quand j'étais lycéen on était 4 ou 5 à lire les œuvres, les autres lisaient les profils Hatier.

J'étais dans le haut du panier en français du collège au lycée (toujours 1er ou 2e). Et je suis ébahi par ce que sont capables de réaliser mes meilleur•es élèves de 6e ou 5e. Je n'étais pas capable de faire cela à leur âge.

Il y a certes pour bien trop d'élèves des difficultés effrayantes en maîtrise de la langue ou de la lecture, c'est un énorme problème. Mais ça ne devrait pas conduire à idéaliser l'école d'hier. Ni à ne pas voir les élèves extrêmement performants que nous avons en classe.

Tu es obligé d'être toujours aussi désagréable envers les collègues qui ne fonctionnent pas comme toi ? Franchement c'est pénible

Peut-on être un bon prof auprès de tous ces braves gens en même temps ? Vous avez quatre heures !

On est entre collègues, on peut se dire franchement ce qu'on a à dire. On peut appeler ça faire la leçon ou plus simplement exprimer un désaccord. J'en ai un tout à fait net avec le discours apocalyptique sans la moindre nuance qui donne une image complètement faussée ou misérabiliste des élèves.

Et je n'ai pas la prétention d'être un spécialement bon prof, par contre je n'observe pas l'abrutissement généralisé dont il est ici question.

Tangleding a écrit:On est entre collègues, on peut se dire franchement ce qu'on a à dire. On peut appeler ça faire la leçon ou plus simplement exprimer un désaccord. J'en ai un tout à fait net avec le discours apocalyptique sans la moindre nuance qui donne une image complètement faussée ou misérabiliste des élèves.

Et je n'ai pas la prétention d'être un spécialement bon prof, par contre je n'observe pas l'abrutissement généralisé dont il est ici question.

Je plussoie Tang, il est tellement facile de devenir un vieux grincheux qu'il convient de se méfier. Le fait de continuer à manger des kiri à la cantine devrait nous vacciner mais ça ne marche pas à tous les coups.

Je vais quand même continuer à manger des Kiri à la  cantoche, on n'est jamais trop prudent.

Tangleding a écrit:Je vais quand même continuer à manger des Kiri à la  cantoche, on n'est jamais trop prudent.

Et puis des Babybel aussi

Je préfère largement être un vieux grincheux que manger des Kiri ou Babybel !

Vieux_Mongol a écrit:

Tangleding a écrit:On est entre collègues, on peut se dire franchement ce qu'on a à dire. On peut appeler ça faire la leçon ou plus simplement exprimer un désaccord. J'en ai un tout à fait net avec le discours apocalyptique sans la moindre nuance qui donne une image complètement faussée ou misérabiliste des élèves.

Et je n'ai pas la prétention d'être un spécialement bon prof, par contre je n'observe pas l'abrutissement généralisé dont il est ici question.

Je plussoie Tang, il est tellement facile de devenir un vieux grincheux qu'il convient de se méfier. Le fait de continuer à manger des kiri à la cantine devrait nous vacciner mais ça ne marche pas à tous les coups.

Je déteste le kiri mais je plussoie derechef.
@tangleding a beau être un presque vieux mâle blanc, il a souvent raison.
Et je suis en plein accord avec son désaccord.

L'instant fatal de la grande dissonance cognitive approche en effet à grands pas pour Saint-Woke, je redoute ce moment qui devra être celui de la réconciliation intérieure ou de l'auto anéantissement...

En prévision j'ai commencé à stocker des masses de Kiri et de Babybel et commandé un barbecue xxl. Si l'un de vous a un jardin ça m'intéresse d'ailleurs car j'ai déjà du mal à ne pas écraser de Kiri quand je vais de ma table à manger à mon bureau. A ce niveau je reconnais la supériorité du Babybel, nettement plus facile à nettoyer.

Baldred a écrit:

Vieux_Mongol a écrit:

Tangleding a écrit:On est entre collègues, on peut se dire franchement ce qu'on a à dire. On peut appeler ça faire la leçon ou plus simplement exprimer un désaccord. J'en ai un tout à fait net avec le discours apocalyptique sans la moindre nuance qui donne une image complètement faussée ou misérabiliste des élèves.

Et je n'ai pas la prétention d'être un spécialement bon prof, par contre je n'observe pas l'abrutissement généralisé dont il est ici question.

Je plussoie Tang, il est tellement facile de devenir un vieux grincheux qu'il convient de se méfier. Le fait de continuer à manger des kiri à la cantine devrait nous vacciner mais ça ne marche pas à tous les coups.

Je déteste le kiri mais je plussoie derechef.
@tangleding a beau être un presque vieux mâle blanc, il a souvent raison.
Et je suis en plein accord avec son désaccord.

Ah mais moi aussi je préfère le maroilles au Kiri mais le bon prof c'est celui qui mange sa madeleine mémorielle tous les midi à la cantine.

PS : Fesseur Grincheux, le Babybel ça a point de goût mais le plaisir de le dépiauter en tirant sur la languette c'est irremplaçable Et puis après tu peux faire une boulette avec la croûte et la tirer sur tes collègues

Il y a du maroilles à la cantine dans l'ch'Nord ? J'aimerais trop observer des collégiens face à cette sorte d'entité...

Les gars il y a le Flood si vous voulez délirer sur le fromage.

Tangleding a écrit:Plus je vieillis et moins je supporte ce discours de vieux grincheux. Quand j'étais lycéen on était 4 ou 5 à lire les œuvres, les autres lisaient les profils Hatier.

J'étais dans le haut du panier en français du collège au lycée (toujours 1er ou 2e). Et je suis ébahi par ce que sont capables de réaliser mes meilleur•es élèves de 6e ou 5e. Je n'étais pas capable de faire cela à leur âge.

Il y a certes pour bien trop d'élèves des difficultés effrayantes en maîtrise de la langue ou de la lecture, c'est un énorme problème. Mais ça ne devrait pas conduire à idéaliser l'école d'hier. Ni à ne pas voir les élèves extrêmement performants que nous avons en classe.

Aujourd’hui, ils ne liraient plus les profils Hatier (est-ce que ça existe encore ?). Ils chercheraient sur internet un résumé. Le niveau des paresseux a chuté.
Le problème, c’est que tu te focalises sur les futurs survivants du système. Ok, 3 ou quatre très bons par classe. Moi, je m’effraie de ce que rendent les autres. Ma seule consolation, c’est que je ne suis pas responsable à 100% de cet échec. Il y a à la fois un manque d’ambition et des distractions fort nuisibles. J’ai rencontré aussi des gamins pourris par les jeux vidéo et victimes de leur histoire familiale.

Tangleding a écrit:Il y a du maroilles à la cantine dans l'ch'Nord ? J'aimerais trop observer des collégiens face à cette sorte d'entité...

Oui, y en a et, oh surprise, les jeunes du Nord savent ce que c'est !
On ne traite pas le maroilles d'entité !

Les profils Hatier existent encore et les lycéens CSP+ les pratiquent assidûment, je voyais souvent des lycéens et lycéennes chercher leur bonheur à l'étage du Gibert de Versailles. A chaque fois j'ai envie de leur dire : "Ne prenez pas les profils, c'est très mauvais, prenez plutôt les balises Nathan !"... Mais je me retiens car je veille sur le stock de Balises d'occasion, non rééditées, pour mon propre usage de pédagogue... Ah ah...

Sur le fond... Je ne me focalise pas sur celles et ceux que tu nommes survivant•es et qui sont plutôt selon moi les gagnant•es ou du moins les bénéficiaires. La situation des autres me désespère, si cela peut te rassurer. Mais avoir le diagnostic juste est un premier pas pour essayer de trouver des solutions. Et casser ce qui fonctionne n'améliore pas ce qui ne fonctionne pas. A moins de suivre un plan établi pour que ce qui ne fonctionne pas fonctionne et que ce qui fonctionnait déjà fonctionne mieux.

Les autres en général sont bien cabossés, perclus de lacunes scolaires et notamment méthodologiques, mais en général tout ce qu'on fait et est censé faire en classe leur reste potentiellement accessible. Une très large part en tout cas, dans notre matière du moins.

La paresse, on est tous paresseux face à ce qui est insurmontable pour nous. Je ne pense pas que la paresse soit le cœur du sujet.

La question est plutôt de quoi avons nous besoin pour que les élèves en échec puissent surmonter avec notre aide les difficultés qui leur semblent insurmontables.

Le gros des difficultés a une source scolaire car cela concerne des méthodes scolaires que certains maîtrisent déjà parfaitement et d'autres absolument pas.

Je sais bien que je leur répète cent mille fois qu'il faut lire ce RTFM texte avant de répondre aux questions, mais peut-être que ce n'est pas la bonne façon de le leur faire comprendre...

La question c'est de nous donner les moyens et les temps de les faire acquérir à tous.

Penser que le problème vient des jeux vidéo ou d'internet n'a aucun intérêt, même si c'était vrai, car il n'est pas en notre pouvoir d'abolir les jeux vidéos ou Internet.

Si les élèves en échec avaient le sentiment de pouvoir réussir à l'école comme ils réussissent peut-être dans leurs jeux vidéo, ils s'arrangeraient pour réussir aussi à l'école, c'est plus valorisant que de collectionner les croix dans le carnet "à la base".

Médée a écrit:

Tangleding a écrit:Il y a du maroilles à la cantine dans l'ch'Nord ? J'aimerais trop observer des collégiens face à cette sorte d'entité...

Oui, y en a et, oh surprise, les jeunes du Nord savent ce que c'est  !
On ne traite pas le maroilles d'entité !

Alors le Nord sauvera l'humanité. Soyons patients.

J'ai un copain qui dit : "Ce sont les bons élèves qui font les bons professeurs." Et je crois que c'est assez vrai.
J'ai le souvenir d'un professeur de mathématiques, une femme absolument extraordinaire, que j'ai détesté avoir, de la 5e à la 3e. Mais je crois qu'elle m'a appris les bases des mathématiques. C'était "une bonne prof".
J'ai le souvenir de ne pas avoir beaucoup aimé mes institutrices et mon instituteur. Mais ils m'ont appris à lire, à écrire, à calculer. C'était d'assez bons profs. J'ai beaucoup aimé mon professeur de français en 6e, Mme Croizeau. C'était une bonne prof.
J'ai été assez réticent à l'égard de mes professeurs de lettres de 2de et de 1re. Ils ne m'ont pas interdit d'accéder à la culture. C'étaient d'assez bons profs.
J'ai participé à bordéliser stupidement quelques-uns de mes professeurs. C'étaient de bons profs.

Je suis de mon côté souvent moins mauvais que je n'ai été auparavant. Ce n'est déjà pas mal.

Deux récits contraires parus dans les médias ces derniers jours paraissent en effet confirmer ce point de vue. Il y a parfois d’excellents élèves qui reconnaissent publiquement devoir beaucoup à un professeur, ce qui pourrait nous permettre de dessiner le portrait robot du ‘bon prof’. En effet, pour Monsieur Aspect, prix Nobel de Physique, Monsieur Hirsch est un bon prof. Il lui a donné des méthodes qu’il a utilisées toute sa vie.
Je me risque à supposer que Monsieur Hirsch avait donc une approche rigoureuse de l’enseignement de sa discipline. Donc, bon prof= enseignement méthodique et rigoureux? Conclusion hâtive car ailleurs dans la presse je lis ‘In the field of organic chemistry, Maitland Jones Jr. has a storied reputation. He taught the subject for decades, first at Princeton and then at New York University, and wrote an influential textbook. He received awards for his teaching, as well as recognition as one of N.Y.U.’s coolest professors.’ Sauf qu’il s’est fait remercier par NYU suite à une pétition d’étudiants qui le trouvaient trop strict justement (source : https://www.nytimes.com/2022/10/03/us/nyu-organic-chemistry-petition.html). Il faisait en effet échouer de nombreux élèves qui devaient renoncer notamment à poursuivre des études médicales. Certains élèves appréciaient sa rigueur, mais ceux qui échouaient (et ils étaient nombreux, la chimie organique se prêtant peu à l’improvisation il semblerait) le trouvaient trop exigeant.
Est-ce que les profs ont une date de péremption comme les fromages? Est-ce que les étudiants en échec préfèrent les pâtes molles quand les bons étudiants savent apprécier les pâtes dures?

Et ceux qui sont un peu moisis, sont-ils de bons fromages profs ?

Il y avait une fois à la fac de *** un prof grand spécialiste de sa spécialité qui unissait le dur, le mou et le moisi et hissait la question du "bon prof" au niveau d'un Hannibal Lecter  Dans son domaine, il était un Maitre vénéré, dans sa préparation à l'agrég un tyran cruel et efficace au sens de Procuste : votre commentaire et vous, écrêtés de tout ce qui dépasse ou martelés pour faire sortir la moëlle, en sortiez en sang, mais équipés d'une méthode d'analyse affutée comme un rasoir à lames multiples. Il était également charmeur et méprisant, dandy et ordurier,  subtil manipulateur et voyou brutal. Il utilisait ses étudiants, en faisait des courtisans, parfois des jouets, qu'il jetait après les avoir cassés. il utilisait en virtuose toutes les techniques de l'emprise, se proclamait prof de gymnastique intellectuelle le et de philosophie corporelle, aimant l'intelligence mais seulement si elle s'incarnait dans un corps jeune, plutôt musclé, aux attaches fines, et plutôt brun que blond.
A sa mort, son éloge funèbre parut dans certains journaux comme la figure achevée du "bon prof".

Un jour j'ai croisé un ancien élève dans la rue, qui m'a expliqué qu'il avait eu un super prof de philo en terminale, qu'il m'a décrit à la 3e personne... j'ai mis un peu de temps à comprendre qu'il parlait de moi. Le problème de ce genre de retour, c'est que c'est plus une question d'élève que de prof.

Quand je lis des copies de bac blanc, je me dis souvent que les élèves ont dû avoir un prof vraiment nul pour ignorer à ce point les bases... jusqu'à ce que je me rende compte qu'il s'agit de mes élèves. Dans ces cas-là, je préfère me souvenir que c'est plus une question d'élève que de prof.

Alors j'adhère à la théorie du copain de NLM76 : "Ce sont les bons élèves qui font les bons professeurs."

Et le Babybel fondu écrasé, c'est encore pire à nettoyer que le Kiri écrasé, parce que ça suinte la graisse. Bon appétit.

lene75 a écrit:Un jour j'ai croisé un ancien élève dans la rue, qui m'a expliqué qu'il avait eu un super prof de philo en terminale, qu'il m'a décrit à la 3e personne... j'ai mis un peu de temps à comprendre qu'il parlait de moi. Le problème de ce genre de retour, c'est que c'est plus une question d'élève que de prof.

Quand je lis des copies de bac blanc, je me dis souvent que les élèves ont dû avoir un prof vraiment nul pour ignorer à ce point les bases... jusqu'à ce que je me rende compte qu'il s'agit de mes élèves. Dans ces cas-là, je préfère me souvenir que c'est plus une question d'élève que de prof.

Alors j'adhère à la théorie du copain de NLM76 : "Ce sont les bons élèves qui font les bons professeurs."

Et le Babybel fondu écrasé, c'est encore pire à nettoyer que le Kiri écrasé, parce que ça suinte la graisse. Bon appétit.

Oui, d'où la bêtise du mantra "les professeurs devraient être payés en fonction des résultats de leurs élèves".

Dans le pire collège où j'ai enseigné la principale répliquait doctement aux collègues en pleurs qu'ils avaient les élèves qu'ils méritaient. C'est bizarre l'année suivante j'étais devenue subitement très méritante dans mon nouveau super collège

On a toujours les élèves qu'on mérite, ça s'appelle le service public.

Elle avait les profs qu'elle méritait.