La multiplication des écrans entraîne une décérébration à grande échelle

https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/10/21/michel-desmurget-la-multiplication-des-ecrans-engendre-une-decerebration-a-grande-echelle_6016350_1650684.html#xtor=AL-32280270

“On peut vraiment parler d’épidémie chez les adolescents ; c’est un problème majeur de santé publique. La littérature dans son ensemble indique notamment des effets délétères des écrans sur la concentration. Quels que soient le contenu, le support, le cerveau n’est pas conçu pour de telles sollicitations exogènes. Un grand nombre de travaux montrent des risques accrus de dépression, d’anxiété, de suicide, liés au temps d’écran.”

“Le vrai problème est qu’on est en train de transférer au numérique une partie de la charge d’enseignement : faire apprendre les maths, le français, l’anglais, etc. Or, les études récentes montrent toutes que cela nuit à la qualité de l’apprentissage. Un enseignant qualifié, c’est toujours mieux qu’un écran. Les études PISA montrent même que, plus les gamins utilisent les logiciels d’apprentissage, plus leurs notes baissent, et ces effets ne sont pas marginaux.

Les études PISA et deux études académiques récentes soulignent que, si vous voulez faire exploser les inégalités sociales, le meilleur moyen est d’utiliser le numérique à l’école. On nous l’a toujours vendu comme un moyen de réduire les inégalités, mais, en réalité, cela les accroît massivement. Les enfants les plus aptes à utiliser de manière profitable ces outils sont ceux qui ont un support humain à la maison, c’est-à-dire les plus favorisés.“

C'est évident.
Trop certainement.

Une évidence pour moi : l'incapacité à maintenir son attention sur le même sujet plus de 10 minutes en étant large....On a pas fini de mesurer l'ampleur du désastre du zapping permanent et superficiel.

Et en parallèle à ces scientifiques qui semblent assez unanimes, on dépense 74 000 000 d'euros pour équiper tous les lycéens du Grand Est en ordinateur portable. Après tout, ils étaient sur les écrans au réveil, pendant les pauses, le soir, pourquoi leur laisser le temps des cours pour s'en éloigner ?

Je n'avais jamais compris l'ampleur du phénomène dans l'éducation jusqu'à ma visite d'inspection où l'IPR, quelqu'un de très humain, ne confortait pas mes activités trop longues car "nous faisons face aux enfants du XXIème siècle"...

stench a écrit:Et en parallèle à ces scientifiques qui semblent assez unanimes, on dépense 74 000 000 d'euros pour équiper tous les lycéens du Grand Est en ordinateur portable. Après tout, ils étaient sur les écrans au réveil, pendant les pauses, le soir, pourquoi leur laisser le temps des cours pour s'en éloigner ?

Ainsi qu'une grande partie de l'IdF depuis la rentrée, sans toujours demander (ou suivre) l'avis des équipes pédagogiques.

Quand on voit le gaspillage d’argent public dans toutes ces pédagogies “novatrices” et les baisses de moyens humains pour ce résultat, il y a de quoi être amer.

Not a Panda a écrit:

stench a écrit:Et en parallèle à ces scientifiques qui semblent assez unanimes, on dépense 74 000 000 d'euros pour équiper tous les lycéens du Grand Est en ordinateur portable. Après tout, ils étaient sur les écrans au réveil, pendant les pauses, le soir, pourquoi leur laisser le temps des cours pour s'en éloigner ?

Ainsi qu'une grande partie de l'IdF depuis la rentrée, sans toujours demander (ou suivre) l'avis des équipes pédagogiques.

Chez nous, ils ont demandé l'avis des équipes de direction et pédagogiques : l'immense majorité a répondu être contre. Où l'on voit l'intérêt de consulter les gens

stench a écrit:Et en parallèle à ces scientifiques qui semblent assez unanimes, on dépense 74 000 000 d'euros pour équiper tous les lycéens du Grand Est en ordinateur portable. Après tout, ils étaient sur les écrans au réveil, pendant les pauses, le soir, pourquoi leur laisser le temps des cours pour s'en éloigner ?

Mais pas les professeurs surtout ! cela n'aurait pourtant pas beaucoup augmenté ce "pognon de dingue".
Bon après, nous ne sommes pas obligés de leur faire utiliser ces ordinateurs… pas un seul écran dans ma salle !

Podqueen a écrit:Je n'avais jamais compris l'ampleur du phénomène dans l'éducation jusqu'à ma visite d'inspection où l'IPR, quelqu'un de très humain, ne confortait pas mes activités trop longues car "nous faisons face aux enfants du XXIème siècle"...

"Madame au XXIe siècle, qui se sert encore de dictionnaires?": question posée avec mépris et froideur par un CdE à mon interrogation concernant le stockage desdits dictionnaire pour lesquels nous n'avions pas d'armoire. Voilà.

zigmag17 a écrit:

Podqueen a écrit:Je n'avais jamais compris l'ampleur du phénomène dans l'éducation jusqu'à ma visite d'inspection où l'IPR, quelqu'un de très humain, ne confortait pas mes activités trop longues car "nous faisons face aux enfants du XXIème siècle"...

"Madame au XXIe siècle, qui se sert encore de dictionnaires?": question posée avec mépris et froideur par un CdE à mon interrogation concernant le stockage desdits dictionnaire pour lesquels nous n'avions pas d'armoire. Voilà.

Il a raison, peu l'utilisent encore. L'an dernier, en première générale, j'en avais distribué : certains élèves ne savaient plus s'en servir parce qu'ils ne connaissaient plus l'alphabet et son ordre.

stench a écrit:

zigmag17 a écrit:

Podqueen a écrit:Je n'avais jamais compris l'ampleur du phénomène dans l'éducation jusqu'à ma visite d'inspection où l'IPR, quelqu'un de très humain, ne confortait pas mes activités trop longues car "nous faisons face aux enfants du XXIème siècle"...

"Madame au XXIe siècle, qui se sert encore de dictionnaires?": question posée avec mépris et froideur par un CdE à mon interrogation concernant le stockage desdits dictionnaire pour lesquels nous n'avions pas d'armoire. Voilà.

Il a raison, peu l'utilisent encore. L'an dernier, en première générale, j'en avais distribué : certains élèves ne savaient plus s'en servir parce qu'ils ne connaissaient plus l'alphabet et son ordre.

J'ai constaté ça l'autre jour, quand il a fallu repérer et nommer les rimes d'un poème à l'aide de lettres: au-delà de F ils étaient perdus (en 1ère techno). Et ils ne savent souvent pas lire l'heure affichée par l'horloge de la salle (ben oui, il y a des aiguilles...).

Exactement! Je fais le même constat.

A vous lire, je me retrouve avec le melon tant j'ai l'impression d'avoir formé des génies en fin de primaire.
C'était avant.

D'ailleurs dans les gares que je fréquente il y a systématiquement le double affichage de l'heure depuis quelques années.

lirox a écrit:
J'ai constaté ça l'autre jour, quand il a fallu repérer et nommer les rimes d'un poème à l'aide de lettres: au-delà de F ils étaient perdus. Et ils ne savent souvent pas lire l'heure affichée par l'horloge de la salle (ben oui, il y a des aiguilles...).

J'ai constaté cela aussi. Une élève me demande l'heure, je pointe l'horloge face à nous et elle me répond "M'dame, ch'ais pas lire, ya des aiguilles!" Je demande à la classe (Spé LLCE anglais) et personne ne savait. C'est catastrophique !

Lire l'heure, AVANT (quoi ?) faisait partie de l'apprentissage des unités en maths. J'ignore ce qu'il en est aujourd'hui, sans doute cela a-t-il disparu. Evidemment, avec l'affichage numérique s'pas... Encore heureux qu'ils sachent lire jusqu'à 12...

Je sais qu'il apprennent à lire l'heure à l'école primaire, normalement. Et ils la revoient en langues au collège, je crois, bien que de manière indirecte. Mais ça imprime pas...

Je suis en train de lire La fabrique du crétin digital de Michel Desmurget. Ce livre est à la fois extraordinaire (de par sa richesse et sa rigueur scientifique) et terrifiant. J'en conseille la lecture à tout le monde. On pourrait presque en recopier des extraits in extenso en vue de déposer des motions au CA contre le "virage numérique" à l'école.

tchanq' a écrit:

lirox a écrit:
J'ai constaté ça l'autre jour, quand il a fallu repérer et nommer les rimes d'un poème à l'aide de lettres: au-delà de F ils étaient perdus. Et ils ne savent souvent pas lire l'heure affichée par l'horloge de la salle (ben oui, il y a des aiguilles...).

J'ai constaté cela aussi. Une élève me demande l'heure, je pointe l'horloge face à nous et elle me répond "M'dame, ch'ais pas lire, ya des aiguilles!" Je demande à la classe (Spé LLCE anglais) et personne ne savait. C'est catastrophique !

En fait, j'ai du mal à le croire.

Fais le test et tu verras.
La première fois que ça m'est arrivé, c'était en 2nde il y a 4-5 ans. On est un lycée techno et pro, les élèves qui viennent chez nous ont souvent beaucoup de difficultés et l'élève en question en avait énormément. Depuis, le phénomène s'est amplifié: ce n'est plus une élève par classe mais plusieurs qui n'y arrivent pas. A l'époque, le reste de la classe s'était moqué de l'élève en question. Qu'en serait-il aujourd'hui?

Bouboule a écrit:

tchanq' a écrit:

lirox a écrit:
J'ai constaté ça l'autre jour, quand il a fallu repérer et nommer les rimes d'un poème à l'aide de lettres: au-delà de F ils étaient perdus. Et ils ne savent souvent pas lire l'heure affichée par l'horloge de la salle (ben oui, il y a des aiguilles...).

J'ai constaté cela aussi. Une élève me demande l'heure, je pointe l'horloge face à nous et elle me répond "M'dame, ch'ais pas lire, ya des aiguilles!" Je demande à la classe (Spé LLCE anglais) et personne ne savait. C'est catastrophique !

En fait, j'ai du mal à le croire.

Malheureusement, sur 18 présents ce jour-là (c'est un petit groupe), ils n'ont pas su lire l'heure. Certains ont pris leurs téléphones vu que je ne répondais pas. Ce sont mes plus jeunes élèves, ceux issus de toutes les réformes. Y voir un lien de cause à conséquence ?
C'est pour le moment la seule classe où le phénomène est massif. En BTS, j'en ai qui savent et d'autres pas. C'est très triste en fait.

Mais il n'y a que les aiguilles sur un disque et aucun chiffre ou quoi ?

Décidément, entre le dérèglement climatique et la course en avant vers le mur du capitalisme relooké par le numérique, le XXIe siècle est un puissant contraceptif.

Chez nous c'est ça: