- lene75Prophète
Matteo a écrit:La responsabilité personnelle et pécuniaire a été supprimée en 2023(ce qui a terme mènera à une baisse des rémunérations probablement, les comptables étant les mieux payés des fonctionnaires)
Nan mais de toute façon quand je parlais de responsabilités, je parlais d'avoir un poste intéressant dans lequel on prend des initiatives. La responsabilité pécuniaire est plus un désavantage qu'un avantage.
- LefterisEsprit sacré
youpeka a écrit:Prime, pas de prime, quoi qu’il en soit je pense que les jeunes ont bien compris que en tant que fonctionnaire tu es pris par les coucougnettes et tu n’es désormais plus jamais augmenté.
C’est le résultat de 20 ans sans augmentations,… sauf si l’état faisait un plan sur 10 ou 30 ans avec des augmentations garanties, plus rien ne va rétablir la confiance des jeunes dans ce métier.
imho
Je pense que le système de gel du point compensé pour certains soit par des refontes de la carrière (accélérations, grilles supplémentaires hors échelles), soit par des indemnités, ou les deux à la fois, vise à exploser les statuts de la fonction publique, jugés archaïques par l'idéologie néolibérale. Quant on prend du recul pour voir l'ensemble, qu'on regarde les faits qui ont amené cette situation, c'est très cohérent à la fois avec les déclarations sur "la fin de l'emploi à vie", le système contractuel, la destruction souhaitée de la "société des statuts" (on ne doit être payé que par un rapport négocié avec l'employeur), et ne l'oublions pas le projet initial des retraites dites "à points", qui reviendra sur le tapis. Le système des catégories administratives, typique de la fonction publique de statut et de carrière, peut ainsi exploser.
Ainsi, des fonctionnaires dont on considère qu'on ne peut se passer seront moins touchés que d'autres (revenus en activité, retraites) tandis que l'on peut rétrograder sans trop de problèmes au niveau de la catégorie inférieure des corps comme les enseignants. Ce qui est en train de se produire clairement, puisque les rapports annuels sur la FP le constatent avec des chiffres. Certains pas de la fonction publique se maintiennent ainsi, il y a toujours des candidats dans les administrations dites régaliennes, moins maltraitées même si évidemment ce n'est pas le paradis non plus.
Pour les enseignants, c'est sans espoir : il faudrait comme tu le dis un plan sur une génération, très coûteux, et on ne verrait rien pendant un moment, puisque tout est à reconstruire de fond en comble, des statuts en passant par les préparations universitaires, la politique éducative globale pour faire disparaître les pétaudières, réinstaurer les travail des élèves, rétablir des filières ah hoc... Vaste programme . Or la politique se fait sur guère plus de cinq ans, et rien n'assure la continuité d'un travail de fond pendant les mandatures successives. La situation actuelle était prévisible, des gens ont averti clairement sur l'accélération vertigineuse de la situation depuis notamment 2011. Et ça continue, personne n'a levé le petit doigt. Rien ne sortira jusqu'à la destruction totale, et en attendant, ça sera la débrouille avec les moyens du bord. La seule chose à faire, hélas, c'est de ne pas s'embarquer là-dedans
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- CzarNiveau 9
Je ne vois pas le lien entre ce que tu nomme "l'idéologie néolibérale" et le salaire des enseignants, peux tu-expliciter?
(et par curiosité quelle différence fais-tu entre l'idéologie libérale et néoliberale? )
Pour part, je regarde la part de PIB capté par l'état: faible captation: pays libéral. Forte captation, pays peu libéral. En France, en 2022, les dépenses publiques représentent 58,1 % du produit intérieur brut (PIB). (Source :https://www.insee.fr/fr/statistiques/2381414) En 2017, lors de l'élection d'E. Macron, les dépenses publiques représentaient 56% du PIB.
Les salaires des enseignants de la Suisse, de Singapour et du Luxembourg sont parmi les plus élevés de l'OCDE. Or, ces pays sont véritablement "néolibéraux" par rapport à la France.
(et par curiosité quelle différence fais-tu entre l'idéologie libérale et néoliberale? )
Pour part, je regarde la part de PIB capté par l'état: faible captation: pays libéral. Forte captation, pays peu libéral. En France, en 2022, les dépenses publiques représentent 58,1 % du produit intérieur brut (PIB). (Source :https://www.insee.fr/fr/statistiques/2381414) En 2017, lors de l'élection d'E. Macron, les dépenses publiques représentaient 56% du PIB.
Les salaires des enseignants de la Suisse, de Singapour et du Luxembourg sont parmi les plus élevés de l'OCDE. Or, ces pays sont véritablement "néolibéraux" par rapport à la France.
- MoonchildSage
Jenny a écrit:Danska a écrit:
Et honnêtement je doute que les pénuries de candidats s'expliquent par les difficultés pour changer de profession au bout de 10 ans...
En tout cas, ça constitue davantage un motif d’insatisfaction pour les enseignants en poste que leur salaire si on prend les statistiques. Je l’ai dit, sans penser forcément à mon cas perso…
Mais encore faut-il interpréter correctement ce phénomène.
Selon le discours relayé par une partie de la sphère politique et médiatique qui fait l'éloge de la société du mouvement (et qui est souvent persuadée que notre métier consiste à répéter invariablement les mêmes cours année après année), cette insatisfaction résulterait d'une monotonie intrinsèque au métier d'enseignant rendant inenvisageable de souhaiter l'exercer durant toute une carrière professionnelle et provoquant inévitablement une aspiration naturelle à faire autre chose après quelques années ; mais ce que j'observe autour de moi me semble être d'une autre nature : je vois des gens qui ne sont pas forcément lassés du métier d'enseignant en lui-même mais qui, en revanche, vivent très mal son déclassement et la détérioration de leur quotidien professionnel.
Peut-être que les jeunes générations n'auront pas le même état d'esprit et seront plus sensibles à un principe d'hyper-mobilité, mais chez les enseignants qui ont plusieurs années d'ancienneté, l'envie de partir relève en général moins d'une aspiration spontanée à une seconde carrière que d'un réflexe de fuite face à des perspectives d'évolutions futures qui vont toutes dans le sens d'une dégradation, que ce soit en terme de rémunération ou de conditions de travail.
Aborder la pénurie de recrutement sous l'angle des possibilités de reconversion me paraît dans le fond assez absurde car cela revient à prendre le problème à l'envers (et va même à l'encontre d'une certaine forme de "permanence" qui sous-tend la notion même d'enseignement) ; en fait, cela n'a de sens que si ça s'inscrit dans le cadre d'une volonté idéologique d'extinction des statuts.
- LefterisEsprit sacré
Il s'attaquent aux dépenses publiques, et tombent particulièrement sur ceux qui sont nombreux, et faibles malgré tout. Sur le néolibéralisme, il y aurait beaucoup à dire -et d'ailleurs du déjà dit-, mais outre son caractère excessif, une caractéristique est souvent relevée : l'Etat est utilisé pour les pouvoirs coercitifs qu'il peut procurer. Chez nous, ce sont les pires aspects de la constitution de 1958, ceux qui permettent de laisser la main à l’exécutif, qui sont systématiquement utilisés. Quant à la captation, il faut non seulement voir les taux, mais aussi la redistribution, le pompage qui va dans quelques poches. Pour les pays que tu cites, ce sont des petits pays, je ne sais pas si c'est comparable. Je connais un peu Singapour pour y avoir un proche , enseignant en plus, et la vie y est aussi extrêmement chère.Czar a écrit:Je ne vois pas le lien entre ce que tu nomme "l'idéologie néolibérale" et le salaire des enseignants, peux tu-expliciter?
(et par curiosité quelle différence fais-tu entre l'idéologie libérale et néoliberale? )
Pour part, je regarde la part de PIB capté par l'état: faible captation: pays libéral. Forte captation, pays peu libéral. En France, en 2022, les dépenses publiques représentent 58,1 % du produit intérieur brut (PIB). (Source :https://www.insee.fr/fr/statistiques/2381414) En 2017, lors de l'élection d'E. Macron, les dépenses publiques représentaient 56% du PIB.
Les salaires des enseignants de la Suisse, de Singapour et du Luxembourg sont parmi les plus élevés de l'OCDE. Or, ces pays sont véritablement "néolibéraux" par rapport à la France.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
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- ChoubidouhNiveau 8
Jenny a écrit:Une idée des primes annuelles, certaines à 5 chiffres : https://www.emploi-collectivites.fr/ifse-cia-indemnites-fonctions-sujetions-expertise-attaches-blog-territorial
Mon IFSE comme attaché territorial était de 4800€ brut par an (+ 1800 de CIA). C’est largement supérieur à l’iSOE mais on n’arrive pas non plus à 5 chiffres.
Comme inspecteur du travail je dois être 10 000€ par an. Les primes des enseignants sont ridiculement basses, mais il existe un monde entre celles de Bercy et le commun des fonctionnaires…
On vient de demander à chaque ministère de comprimer son budget de 5%. J’en déduis qu’une revalorisation salariale n’est pas pour aujourd’hui…
- lene75Prophète
Moonchild a écrit:Jenny a écrit:Danska a écrit:
Et honnêtement je doute que les pénuries de candidats s'expliquent par les difficultés pour changer de profession au bout de 10 ans...
En tout cas, ça constitue davantage un motif d’insatisfaction pour les enseignants en poste que leur salaire si on prend les statistiques. Je l’ai dit, sans penser forcément à mon cas perso…
Mais encore faut-il interpréter correctement ce phénomène.
Selon le discours relayé par une partie de la sphère politique et médiatique qui fait l'éloge de la société du mouvement (et qui est souvent persuadée que notre métier consiste à répéter invariablement les mêmes cours année après année), cette insatisfaction résulterait d'une monotonie intrinsèque au métier d'enseignant rendant inenvisageable de souhaiter l'exercer durant toute une carrière professionnelle et provoquant inévitablement une aspiration naturelle à faire autre chose après quelques années ; mais ce que j'observe autour de moi me semble être d'une autre nature : je vois des gens qui ne sont pas forcément lassés du métier d'enseignant en lui-même mais qui, en revanche, vivent très mal son déclassement et la détérioration de leur quotidien professionnel.
Peut-être que les jeunes générations n'auront pas le même état d'esprit et seront plus sensibles à un principe d'hyper-mobilité, mais chez les enseignants qui ont plusieurs années d'ancienneté, l'envie de partir relève en général moins d'une aspiration spontanée à une seconde carrière que d'un réflexe de fuite face à des perspectives d'évolutions futures qui vont toutes dans le sens d'une dégradation, que ce soit en terme de rémunération ou de conditions de travail.
Aborder la pénurie de recrutement sous l'angle des possibilités de reconversion me paraît dans le fond assez absurde car cela revient à prendre le problème à l'envers (et va même à l'encontre d'une certaine forme de "permanence" qui sous-tend la notion même d'enseignement) ; en fait, cela n'a de sens que si ça s'inscrit dans le cadre d'une volonté idéologique d'extinction des statuts.
+1000
Effectivement. C'est pourquoi d'ailleurs j'évoquais la possibilité d'avoir un poste moins difficile, même si la vérité est que le métier se dégrade structurellement et que changer de poste ne résout que très partiellement le problème. Aucun de mes collègues qui part / souhaiterait partir / est dégoûté du métier n'exprime une lassitude du métier en lui-même, même si ce phénomène doit exister marginalement. Ce sont (presque) toujours les conditions de travail dégradées qui sont en cause.
Par ailleurs c'est bien mal connaître le métier d'enseignant que de vouloir que les enseignants ne le restent que 10 ans... c'est-à-dire partent au moment même où ils commencent à devenir à l'aise. C'est une chose bien connue qu'on tâtonne les premières années et que l'expérience dans ce métier (comme dans bien d'autres) est un atout majeur. Mais dans une société jeuniste, c'est un fait difficile à entendre.
- Cléopatra2Guide spirituel
Le problème, je trouve, dans l'évolution de carrière de l'EN, c'est que tous les métiers, à part peut-être gestionnaire, et encore, je n'en suis pas sûre, induisent des conditions de travail déplorables. CDE : l'arnaque totale, IPR, idem (avec en plus le doigt sur la couture)... que reste-t-il?
Ajoutez à ça, quand on passe ces concours, une mobilité forcée qui fait que des personnes ayant une famille peuvent difficilement se lancer.
Gestionnaire, on peut, si on le souhaite, faire des horaires plus raisonnables que CDE mais ce n'est quand même pas les horaires de bureau "classiques". Et il y a aussi la mobilité.
Même les secrétaires ne font pas d'horaires de bureau et sont surexploitées dans l'EN. Chez nous, les seuls qui ont des conditions de travail presque correctes sont les agents contractuels car ils remplacent les nombreux arrêts maladie et sont donc en position "de force" pour refuser d'aller au-delà de leurs heures ou de leur mission. Enfin, correctes dans le sens où ils font ce pourquoi ils ont été engagés, parce que sinon leur emploi est difficile. Les AED aussi ça peut aller, parce que chez nous ils sont nombreux et que personne ne leur met trop la pression, mais dans le bahut d'à côté c'est l'inverse.
Enfin bref, se reconvertir au sein de l'EN, c'est être assuré d'aggraver ses conditions de travail.
Ajoutez à ça, quand on passe ces concours, une mobilité forcée qui fait que des personnes ayant une famille peuvent difficilement se lancer.
Gestionnaire, on peut, si on le souhaite, faire des horaires plus raisonnables que CDE mais ce n'est quand même pas les horaires de bureau "classiques". Et il y a aussi la mobilité.
Même les secrétaires ne font pas d'horaires de bureau et sont surexploitées dans l'EN. Chez nous, les seuls qui ont des conditions de travail presque correctes sont les agents contractuels car ils remplacent les nombreux arrêts maladie et sont donc en position "de force" pour refuser d'aller au-delà de leurs heures ou de leur mission. Enfin, correctes dans le sens où ils font ce pourquoi ils ont été engagés, parce que sinon leur emploi est difficile. Les AED aussi ça peut aller, parce que chez nous ils sont nombreux et que personne ne leur met trop la pression, mais dans le bahut d'à côté c'est l'inverse.
Enfin bref, se reconvertir au sein de l'EN, c'est être assuré d'aggraver ses conditions de travail.
- lene75Prophète
Oui et puis ce sont des évolutions pour faire autre chose, pas des évolutions DANS le métier lui-même. Pour quelqu'un qui aime enseigner, devenir CDE n'a pas de sens. IPR à la limite un peu plus, mais en effet les conditions de travail, la mobilité, etc. sont souvent rédhibitoires et puis bon, il n'y a pas de place pour tout le monde, c'est le moins qu'on puisse dire. Quand on a un inspecteur pour deux académies, outre la mobilité que ça implique y compris au quotidien, ça donne une idée du ratio...
Et la plupart des charges ne sont pas des évolutions de carrière mais des charges en plus du service complet et quasi pas rémunérées : tuteur, etc.
Et la plupart des charges ne sont pas des évolutions de carrière mais des charges en plus du service complet et quasi pas rémunérées : tuteur, etc.
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Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
- JennyMédiateur
lene75 a écrit:Et la plupart des charges ne sont pas des évolutions de carrière mais des charges en plus du service complet et quasi pas rémunérées : tuteur, etc.
Le vrai souci est sans doute là. Quand on veut changer de métier, il y a quand même des possibilités et généralement beaucoup mieux payées. Mais si on veut continuer à enseigner tout en occupant de nouvelles missions, les décharges sont rares et le traitement ne suit pas. Il aurait fallu avoir une réflexion sur ça au lieu de faire le pacte.
PRCE ou PRAG, on y perd aussi en salaire si on veut continuer à enseigner.
Sur les horaires, si on prend un poste avec plus de responsabilités, c’est sans doute logique…
- TailleventFidèle du forum
Je ne suis pas sûr qu'on puisse définir aussi simplement la notion de "pays libéral". Il y a passablement de pays dont la politique est très libérale mais qui ont tout de même une forme de dépense publique élevée, par exemple dans le domaine de la sécurité (l'exemple des États-Unis est assez parlant). Le libéralisme n'est pas juste une question de taxation, c'est aussi une question de faiblesse de la réglementation et/ou de qui elle favorise.Czar a écrit:Je ne vois pas le lien entre ce que tu nomme "l'idéologie néolibérale" et le salaire des enseignants, peux tu-expliciter?
(et par curiosité quelle différence fais-tu entre l'idéologie libérale et néoliberale? )
Pour part, je regarde la part de PIB capté par l'état: faible captation: pays libéral. Forte captation, pays peu libéral. En France, en 2022, les dépenses publiques représentent 58,1 % du produit intérieur brut (PIB). (Source :https://www.insee.fr/fr/statistiques/2381414) En 2017, lors de l'élection d'E. Macron, les dépenses publiques représentaient 56% du PIB.
Les salaires des enseignants de la Suisse, de Singapour et du Luxembourg sont parmi les plus élevés de l'OCDE. Or, ces pays sont véritablement "néolibéraux" par rapport à la France.
Il y a tout de même un lien entre cette idéologie et la baisse du salaire de certaines fonctions. On trouve d'assez bonnes pistes dans certains livres de David Graeber, entre-autres Bullshit jobs, où il explique assez bien que les métiers du "soin" (au sens large, c'est difficile de traduire le "care" anglais) ne sont pas valorisés financièrement, d'abord parce qu'ils ne "rapportent" pas beaucoup dans l'immédiat mais aussi parce qu'ils ont déjà une utilité sociale si évidente qu'on se sert (plus ou moins implicitement) pour justifier qu'ils n'auraient pas en plus besoin d'une grande compensation financière. Je résume à très gros traits mais ça vaut la peine d'aller y jeter un œil.
Concernant les exemples que tu donnes, je ne connais qu'un des trois pour le pratiquer. En Suisse les raisons des salaires élevés sont multiples et en partie liées au libéralisme. Il y a d'abord le simple effet du coût de la vie et du faible taux de chômage (en partie issu de la migration assez faible, pas trop de libéralisme sur cette question). Mais il y a également un phénomène plus étonnant qui a joué historiquement : les milieux bourgeois étaient tellement terrifiés de la montée de la gauche (il y avait beaucoup de grèves jusqu'à la seconde guerre mondiale) qu'après-guerre, de nombreux progrès sociaux ont été accordés afin de couper l'herbe sous le pied aux propositions de gauche ; je n'ai jamais lu d'analyse qui lie directement ce phénomène à la question des salaires mais on peut raisonnablement penser que ça a aussi eu un effet.
- olive-in-oilSage
- Ajonc35Sage
Il faut constater que partout, dans les trois fonctions publiques et dans les délégations de service public, la pénurie existe. On est dans la logique du " moins de fonctionnaires qui coûtent trop cher" qui dure depuis des lustres. Et pour qu' il ait moins de fonctionnaires, il suffit de les décourager en proposant aux éventuels candidats des conditions de rémunération, de travail, de mobilité moins intéressantes. Et pour l'enseignement, de moins en moins de liberté, de plus en plus de contraintes et tout ce que vous connaissez.
Je fais un raccourci, mais vous aurez compris l'esprit.
Je fais un raccourci, mais vous aurez compris l'esprit.
- EnaecoVénérable
Bof...
Pas besoin de faire fuire les candidats pour réduire la voilure.
La mobilité, les conditions de travail et d'autres critères en notre défaveur sont davantage une conséquence d'une logique de réduction budgétaire avant tout.
Si on pouvait faire des choses bien avec moins d'argent, je doute qu'on s'en priverait
Pas besoin de faire fuire les candidats pour réduire la voilure.
La mobilité, les conditions de travail et d'autres critères en notre défaveur sont davantage une conséquence d'une logique de réduction budgétaire avant tout.
Si on pouvait faire des choses bien avec moins d'argent, je doute qu'on s'en priverait
- barègesÉrudit
Inutile de chercher loin des causes, il y a un gros souci de salaire, trop faible désormais pour que les entrants réfléchissent longtemps à une hypothétique qualité de travail ou à un sens de ce métier qui contrebalanceraient les navrantes projections de niveau de vie. Le décrochage a dû franchir un seuil inacceptable depuis quelques années, le pacte enfonce le clou.
- almuixeNeoprof expérimenté
Vouloir faire de l'enseignement un petit métier temporaire, c'est, à la lumière de mon expérience, considérablement dégrader la qualité de l'enseignement.
Si il n'y a pas besoin de convaincre quiconque ici que les premières années sont le plus souvent chaotiques et qu'un enseignant a besoin de plusieurs années pour devenir efficace, avec mes collègues, nous avons trouvé qu'en approchant les 20 ans d'ancienneté, nous sommes devenus beaucoup plus pertinentes et nous transmettons plus seulement un programme mais nous formons à notre matière. Grossièrement, maintenant dans mes copies de spécialité, j'ai l'impression qu'une partie de mes élèves commencent à raisonner comme des biologistes. Tandis qu'avant, beaucoup savaient leur cours mais ils n'avaient cette compréhension profonde des mécanismes.
J'étais très fière des presque 15 de moyenne en svt de ma première terminale, en 2009. Mais avec le recul, je leur avais juste appris à avoir une bonne note au bac.
Par contre, je ne forme pas des géologues, là on bachote. Il n'est pas possible de courir 2 lièvres à la fois.
Si il n'y a pas besoin de convaincre quiconque ici que les premières années sont le plus souvent chaotiques et qu'un enseignant a besoin de plusieurs années pour devenir efficace, avec mes collègues, nous avons trouvé qu'en approchant les 20 ans d'ancienneté, nous sommes devenus beaucoup plus pertinentes et nous transmettons plus seulement un programme mais nous formons à notre matière. Grossièrement, maintenant dans mes copies de spécialité, j'ai l'impression qu'une partie de mes élèves commencent à raisonner comme des biologistes. Tandis qu'avant, beaucoup savaient leur cours mais ils n'avaient cette compréhension profonde des mécanismes.
J'étais très fière des presque 15 de moyenne en svt de ma première terminale, en 2009. Mais avec le recul, je leur avais juste appris à avoir une bonne note au bac.
Par contre, je ne forme pas des géologues, là on bachote. Il n'est pas possible de courir 2 lièvres à la fois.
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Association R.E.A.C.T – Réagir face aux Enfants et Adolescents au Comportement Tyrannique
- Reine MargotDemi-dieu
Cléopatra2 a écrit:Le problème, je trouve, dans l'évolution de carrière de l'EN, c'est que tous les métiers, à part peut-être gestionnaire, et encore, je n'en suis pas sûre, induisent des conditions de travail déplorables. CDE : l'arnaque totale, IPR, idem (avec en plus le doigt sur la couture)... que reste-t-il?
Ajoutez à ça, quand on passe ces concours, une mobilité forcée qui fait que des personnes ayant une famille peuvent difficilement se lancer.
Gestionnaire, on peut, si on le souhaite, faire des horaires plus raisonnables que CDE mais ce n'est quand même pas les horaires de bureau "classiques". Et il y a aussi la mobilité.
Même les secrétaires ne font pas d'horaires de bureau et sont surexploitées dans l'EN. Chez nous, les seuls qui ont des conditions de travail presque correctes sont les agents contractuels car ils remplacent les nombreux arrêts maladie et sont donc en position "de force" pour refuser d'aller au-delà de leurs heures ou de leur mission. Enfin, correctes dans le sens où ils font ce pourquoi ils ont été engagés, parce que sinon leur emploi est difficile. Les AED aussi ça peut aller, parce que chez nous ils sont nombreux et que personne ne leur met trop la pression, mais dans le bahut d'à côté c'est l'inverse.
Enfin bref, se reconvertir au sein de l'EN, c'est être assuré d'aggraver ses conditions de travail.
Pour les adjoints-gestionnaires (eh oui un gestionnaire d'EPLE est aussi un adjoint du CDE), voir les témoignages du forum des gestionnaires, édifiant sur les conditions de travail et les horaires...
https://gestionnaires.actifforum.com/forum
_________________
Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- lene75Prophète
almuixe a écrit:Vouloir faire de l'enseignement un petit métier temporaire, c'est, à la lumière de mon expérience, considérablement dégrader la qualité de l'enseignement.
Si il n'y a pas besoin de convaincre quiconque ici que les premières années sont le plus souvent chaotiques et qu'un enseignant a besoin de plusieurs années pour devenir efficace, avec mes collègues, nous avons trouvé qu'en approchant les 20 ans d'ancienneté, nous sommes devenus beaucoup plus pertinentes et nous transmettons plus seulement un programme mais nous formons à notre matière. Grossièrement, maintenant dans mes copies de spécialité, j'ai l'impression qu'une partie de mes élèves commencent à raisonner comme des biologistes. Tandis qu'avant, beaucoup savaient leur cours mais ils n'avaient cette compréhension profonde des mécanismes.
J'étais très fière des presque 15 de moyenne en svt de ma première terminale, en 2009. Mais avec le recul, je leur avais juste appris à avoir une bonne note au bac.
Par contre, je ne forme pas des géologues, là on bachote. Il n'est pas possible de courir 2 lièvres à la fois.
Mais ça ça ne se voit nulle part. Ça n'est pas chiffrable, donc tout le monde s'en f*. C'est même en train de disparaître avec le pilotage par l'évaluation.
- almuixeNeoprof expérimenté
Je suis bien d'accord avec toi. Désolée des erreurs de syntaxe dans mon message précédent, j'étais sur mon téléphone.
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Association R.E.A.C.T – Réagir face aux Enfants et Adolescents au Comportement Tyrannique
- LefterisEsprit sacré
La courbe est implacable depuis 2011, ça se passe de commentaires.La chute libre. C'est la période du gel quasi total du point, sans compensations annexes ni restructuration de la carrière.barèges a écrit:Inutile de chercher loin des causes, il y a un gros souci de salaire, trop faible désormais pour que les entrants réfléchissent longtemps à une hypothétique qualité de travail ou à un sens de ce métier qui contrebalanceraient les navrantes projections de niveau de vie. Le décrochage a dû franchir un seuil inacceptable depuis quelques années, le pacte enfonce le clou.
Cela condamne aussi les disciplines -littéraires notamment- qui n'ont pas de voie de secours directes ailleurs. On ne fait pas 5 d'études - minimum, pour l'agreg il faut bien plus dans les faits- pour bosser 10 ans et devoir tout recommencer après.almuixe a écrit:Vouloir faire de l'enseignement un petit métier temporaire, c'est, à la lumière de mon expérience, considérablement dégrader la qualité de l'enseignement.
Ca peut effectivement être un cauchemar, selon la loterie des affectations, et la mise sous double tutelle risque de ne pas arranger les choses. Il y a pas mal de démissions aussi, et ce n'est pas un hasard si c'est la reconversion que l'on offre aux enseignants.Reine Margot a écrit:
Pour les adjoints-gestionnaires (eh oui un gestionnaire d'EPLE est aussi un adjoint du CDE), voir les témoignages du forum des gestionnaires, édifiant sur les conditions de travail et les horaires...
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- EnaecoVénérable
Lefteris a écrit:La courbe est implacable depuis 2011, ça se passe de commentaires.La chute libre. C'est la période du gel quasi total du point, sans compensations annexes ni restructuration de la carrière.barèges a écrit:Inutile de chercher loin des causes, il y a un gros souci de salaire, trop faible désormais pour que les entrants réfléchissent longtemps à une hypothétique qualité de travail ou à un sens de ce métier qui contrebalanceraient les navrantes projections de niveau de vie. Le décrochage a dû franchir un seuil inacceptable depuis quelques années, le pacte enfonce le clou.
Le lien n'est peut-être pas aussi évident que ça.
2011 c'est aussi la masterisation.
- LefterisEsprit sacré
la mastérisation n'a pas changé radicalement les choses, la durée totale était le même. Ce métier est tout simplement fui , et les politiques menées contre les enseignants se sont durcies avec des gens comme Châtel, puis NVB.Enaeco a écrit:Lefteris a écrit:La courbe est implacable depuis 2011, ça se passe de commentaires.La chute libre. C'est la période du gel quasi total du point, sans compensations annexes ni restructuration de la carrière.barèges a écrit:Inutile de chercher loin des causes, il y a un gros souci de salaire, trop faible désormais pour que les entrants réfléchissent longtemps à une hypothétique qualité de travail ou à un sens de ce métier qui contrebalanceraient les navrantes projections de niveau de vie. Le décrochage a dû franchir un seuil inacceptable depuis quelques années, le pacte enfonce le clou.
Le lien n'est peut-être pas aussi évident que ça.
2011 c'est aussi la masterisation.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
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- epekeina.tes.ousiasModérateur
Il y a eu une première chute lors de la réforme de la “mastérisation” — parce que les ministres laissaient planer un douter sur la position du concours, en fin de M1 ou en fin de M2. Après les élections (présidentielles), le ministre Peillon ayant décidé de placer le concours en fin de M1, cette première chute a été en (large) partie enrayée. Avant de reprendre, au moins pour les PE, mais lentement.
En revanche, la réforme des INSPE s'est soldée par déplacement des concours en fin de M2 — et là, la chute a repris et ne semble pas s'interrompre (elle accélèrerait plutôt). Un an d'études en plus, c'est une année de salaire en moins, mais donc aussi une année de carrière en moins : la réforme des retraites n'a, à mon avis, strictement rien arrangé (au contraire).
En revanche, la réforme des INSPE s'est soldée par déplacement des concours en fin de M2 — et là, la chute a repris et ne semble pas s'interrompre (elle accélèrerait plutôt). Un an d'études en plus, c'est une année de salaire en moins, mais donc aussi une année de carrière en moins : la réforme des retraites n'a, à mon avis, strictement rien arrangé (au contraire).
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Si tu vales valeo.
- LefterisEsprit sacré
Et surtout ça a coïncidé avec le décrochage total des enseignants par rapport au reste de la FP, je le vois par rapport à mon ancien corps. Je n'avais ma boule de cristal et ne pouvais prévoir que ça serait à ce point sans quoi je me serais abstenu quelques années avant, où j'avais quand même déjà perdu 30 %. Le gel du point a particulièrement touché les enseignants, et j'en suis venu à penser qu'il a été décidé essentiellement contre eux ( un fonctionnaire d'Etat sur deux). Les autres n'ont pas vécu sur un tapis de roses, mais il y a eu des compensations pour éviter la désertion totale : accélération de carrière par réduction d'échelons, indemnités, cylindrage des corps, débouchés sur d'autres corps .epekeina.tes.ousias a écrit:Il y a eu une première chute lors de la réforme de la “mastérisation” — parce que les ministres laissaient planer un douter sur la position du concours, en fin de M1 ou en fin de M2. Après les élections (présidentielles), le ministre Peillon ayant décidé de placer le concours en fin de M1, cette première chute a été en (large) partie enrayée. Avant de reprendre, au moins pour les PE, mais lentement.
En revanche, la réforme des INSPE s'est soldée par déplacement des concours en fin de M2 — et là, la chute a repris et ne semble pas s'interrompre (elle accélèrerait plutôt). Un an d'études en plus, c'est une année de salaire en moins, mais donc aussi une année de carrière en moins : la réforme des retraites n'a, à mon avis, strictement rien arrangé (au contraire).
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Oui, ça, c'est l'accélération, depuis 3/4 ans, de la chute des candidatures (donc des admissibilités, donc des admissions). En gros, jusqu'à avant le Covid, les académies déficitaires en PE avaient décalé les dates des épreuves pour permettre aux candidats de se présenter dans deux (ou trois académies) et cela avait eu tout de même un effet. Depuis 2021, le déficit en candidats est reparti à la hausse. Je pense que l'effet un an de plus + salaires en berne ne va pas s'arrêter de sitôt.
Le ministère de l'EN comptait (à mon avis vraiment: il ne faut pas sous-estimer la naïveté des politiques, pas plus que leur duplicité, car les deux ne sont pas incompatibles) sur le soi-disant “choc d'attractivité” pour ralentir cette chute. Visiblement, il semble bien que ce soit raté. K'un de mes collègues sociologue, que j'ai croisé aujourd'hui, a commencé à compléter les tableaux avec les données disponibles (il suit cela sur 4 académies depuis 2009) : pour l'instant non seulement, la chute continue, mais avec la même cadence qu'avant, comme si rien ne s'était passé. Or, le problème c'est que, même avec la réforme des retraites, il va y avoir un seuil de renouvellement (et même même pas tard que prévu, car il y a eu plus de départs depuis 2 ans que ce qui était anticipé).
Le cumul des précédents paramètre et de celui-ci ne va certainement pas améliorer les conditions de travail (mécaniquement, il faudra augmenter le nombre d'élèves par classe, en particulier dans les académies avec forte population, dont celles qui sont déficitaires) ni, par voie de conséquence, le travail, les comportements et la réussite des élèves…
Le ministère de l'EN comptait (à mon avis vraiment: il ne faut pas sous-estimer la naïveté des politiques, pas plus que leur duplicité, car les deux ne sont pas incompatibles) sur le soi-disant “choc d'attractivité” pour ralentir cette chute. Visiblement, il semble bien que ce soit raté. K'un de mes collègues sociologue, que j'ai croisé aujourd'hui, a commencé à compléter les tableaux avec les données disponibles (il suit cela sur 4 académies depuis 2009) : pour l'instant non seulement, la chute continue, mais avec la même cadence qu'avant, comme si rien ne s'était passé. Or, le problème c'est que, même avec la réforme des retraites, il va y avoir un seuil de renouvellement (et même même pas tard que prévu, car il y a eu plus de départs depuis 2 ans que ce qui était anticipé).
Le cumul des précédents paramètre et de celui-ci ne va certainement pas améliorer les conditions de travail (mécaniquement, il faudra augmenter le nombre d'élèves par classe, en particulier dans les académies avec forte population, dont celles qui sont déficitaires) ni, par voie de conséquence, le travail, les comportements et la réussite des élèves…
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Si tu vales valeo.
- trompettemarineMonarque
Vous croyez vraiment que le ministère actuel souhaite plus de enseignants titulaires ?
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