Accroches en début de cours de philosophie ?

Bonjour,

Je suis stagiaire à la rentrée et commence à préparer mes cours pour septembre et pour avoir une idée, même encore un peu vague, de la progression annuelle que je compte suivre.

Je viens de finir de lire le fil https://www.neoprofs.org/t49890-philosophie-preparer-ses-premiers-cours (en entier !   ) mais je m'interrogeais sur la manière de commencer ses cours : est-ce que vous faites des accroches, un peu comme au début d'une dissertation, en présentant une situation, une œuvre, un objet technique, un texte littéraire, une affaire judiciaire... ? Du "brainstorming" sur un ou plusieurs mots avec les élèves, avant même de leur donner l'intitulé du cours ? Autre chose ? Comment procédez-vous ?  

J'ai peur ou bien d'être tout de suite trop technique et de ne pas les intéresser sans accroche, en rentrant "dans le dur" du sujet que je leur donne, et même si les exemples viennent après, ou bien que cette accroche tombe à l'eau, ne les intéresse pas, que ça ne produise pas l'effet escompté mais seulement un certain flottement. Je sais que ça sonne faux dilemme, mais je ne dis pas que c'est rationnel, je cherche à me rassurer !

Comme j'ignore encore si j'aurai des terminales générales ou technologiques, je prépare "La technique nous libère-t-elle de la nature ?" et "L'art est-il un moyen d'accéder à la vérité ?", pour brasser des notions qui sont au programme des deux classes.

Bonjour,

1) Tu devrais commencer l'année avec le cours sur la technique (et pas celui sur l'art qui risque de faire un flop en début d'année).

2) Pour l'accroche, oui et non : à la différence de l'accroche dans une dissert. qui a une fonction rhétorique et qui est un "indicateur culturel", en début de cours, je prenais souvent un exemple simple, commun avec les élèves, pour leur montrer qu'il y avait un vrai problème (avec un exemple donc qui leur parle) (là typiquement, sur la technique, je passerai par les émissions de survie type "Retour à l'instinct primaire" ou "Koh Lanta" pour arriver à la question de l'importance du feu (puis lecture de ce petit doc : https://www.hominides.com/dossiers/feu-domestication/ ) et questions sur les intérêts du feu (chaleur / cuit / sociabilité) ; à partir de là, questionnement sur le feu et l'indépendance partielle à l'égard du milieu) Etc ...

Sinon, plus tard dans l'année, brainstorming ou même rédaction de l'intro. du sujet du cours par les élèves (sous forme d'intro. de dissert), parfois diffusion d'un film.

Ruthven a écrit:Bonjour,

1) Tu devrais commencer l'année avec le cours sur la technique (et pas celui sur l'art qui risque de faire un flop en début d'année).

2) Pour l'accroche, oui et non : à la différence de l'accroche dans une dissert. qui a une fonction rhétorique et qui est un "indicateur culturel", en début de cours, je prenais souvent un exemple simple, commun avec les élèves, pour leur montrer qu'il y avait un vrai problème (avec un exemple donc qui leur parle) (là typiquement, sur la technique, je passerai par les émissions de survie type "Retour à l'instinct primaire" ou "Koh Lanta" pour arriver à la question de l'importance du feu (puis lecture de ce petit doc : https://www.hominides.com/dossiers/feu-domestication/ ) et questions sur les intérêts du feu (chaleur / cuit / sociabilité) ; à partir de là, questionnement sur le feu et l'indépendance partielle à l'égard du milieu) Etc ...

Sinon, plus tard dans l'année, brainstorming ou même rédaction de l'intro. du sujet du cours par les élèves (sous forme d'intro. de dissert), parfois diffusion d'un film.

Merci beaucoup pour ta réponse Ruthven ! Et aussi pour tous tes posts très instructifs que j'ai déjà eu l'occasion de lire en me familiarisant avec le forum.

Je pensais effectivement commencer avec le cours sur la technique.
Super l'exemple de Koh Lanta ! J'avais pensé à faire quelque chose sur la médecine (de l'invention des lunettes à la prothèse, aux exosquelettes...), peut-être du Iron Man, des super-héros ou du transhumanisme, ou bien sur les drones, notamment militaires : on peut maintenant tuer à très longue distance sans soi-même se mettre en danger, sans "projeter de la vulnérabilité" comme l'analyse Grégoire Chamayou dans son bouquin à ce sujet. Mais je compte réserver ce dernier exemple pour aborder des questions liées à la morale, à la justice ou à la responsabilité. J'imagine qu'il faut se montrer très concret.

Combien de temps penses-tu qu'il faille pour faire "rentrer" les élèves dans le cours à proprement parler - j'entends par là, avant que le problème ne soit posé et le sujet formulé, et qu'on rentre dans la lecture des textes et l'argumentation en faveur d'une thèse ou d'une autre ?

Pour la durée, il faut le temps qu'il faut ! En début d'année, c'est la phase de séduction, il faut donc prendre son temps (mais ne pas trop traîner non plus pour ne pas les ennuyer): entre 15 minutes et 1h donc (on peut poser tous les éléments nécessaires au problème dans ce travail sur l'exemple, il ne reste ensuite plus qu'à mettre en forme (et cela va plus vite)). Attention, chose qui peut surprendre quand on commence : les élèves ne savent pas construire une définition (ils ne savent même pas que c'est possible ! C'est le dictionnaire ou rien ...)

Ruthven a écrit:Pour la durée, il faut le temps qu'il faut ! En début d'année, c'est la phase de séduction, il faut donc prendre son temps (mais ne pas trop traîner non plus pour ne pas les ennuyer): entre 15 minutes et 1h donc (on peut poser tous les éléments nécessaires au problème dans ce travail sur l'exemple, il ne reste ensuite plus qu'à mettre en forme (et cela va plus vite)). Attention, chose qui peut surprendre quand on commence : les élèves ne savent pas construire une définition (ils ne savent même pas que c'est possible ! C'est le dictionnaire ou rien ...)

Je note, merci beaucoup !