- JennyMédiateur
En lycée, c'est pire. 75 euros en Tle et j'y passe bien plus d'une heure par semaine.
Je peux difficilement m'en passer financièrement...
Je peux difficilement m'en passer financièrement...
- EnaecoVénérable
En lycée, il vaut mieux viser le niveau 1ère si on veut rentabiliser.
- JennyMédiateur
Enaeco a écrit:En lycée, il vaut mieux viser le niveau 1ère si on veut rentabiliser.
Ca dépend de la 1re. L'an dernier, je n'ai pas eu l'impression de rentabiliser.
Ca reste dérisoire pour le temps passé. Ils pourraient revaloriser la prime PP, c'est un scandale.
- angelxxxÉrudit
Jenny a écrit:En lycée, c'est pire. 75 euros en Tle et j'y passe bien plus d'une heure par semaine.
Je peux difficilement m'en passer financièrement...
Je ne comprends pas. Nous avons un bac+5 et les compétences qui vont avec. Le monde de l'éducation et de la formation cherche du monde. Sans chercher, je suis obligé de refuser des heures de partout, et le plus petit tarif proposé est de 40€/h net. (90€/h pour le meilleur)
Après, tant qu'ils trouvent des bonnes âmes, je ne vois pas pourquoi ils augmenteraient le tarif !
_________________
"La lumière pense voyager plus vite que quoi que ce soit d'autre, mais c'est faux. Peu importe à quelle vitesse voyage la lumière, l'obscurité arrive toujours la première, et elle l'attend. Terry Pratchett."
- EnaecoVénérable
Jenny a écrit:Enaeco a écrit:En lycée, il vaut mieux viser le niveau 1ère si on veut rentabiliser.
Ca dépend de la 1re. L'an dernier, je n'ai pas eu l'impression de rentabiliser.
Ca reste dérisoire pour le temps passé. Ils pourraient revaloriser la prime PP, c'est un scandale.
Je ne sais pas ce qui vous prend autant de temps. Peut-être que je fais mal ma mission mais je suis loin de ce qui est avancé.
En première, en dehors de la paperasse et des synthèses, je ne suis guère plus sollicité qu'en tant que prof de spé.
En seconde et terminale, une orientation bien faite demande du temps et est mentalement usante.
On reste d'accord sur le fond : la prime est insuffisante.
- JennyMédiateur
La dizaine de commissions éducatives et de conseils de discipline de l'année, les 5 à 10 rapports par jour, les RDV parents, la saisie de la cellule harcèlement, de la cellule Laicité et valeurs de la République... ce genre de trucs.
Avec une classe difficile, 75 euros, c'est une misère.
Avec une classe difficile, 75 euros, c'est une misère.
- EnaecoVénérable
Jenny a écrit:La dizaine de commissions éducatives et de conseils de discipline de l'année, les 5 à 10 rapports par jour, les RDV parents, la saisie de la cellule harcèlement, de la cellule Laicité et valeurs de la République... ce genre de trucs.
Avec une classe difficile, 75 euros, c'est une misère.
Dans ce cas, je comprends mieux.
Je n'ai pas connu d'établissements où le PP prenait autant de place.
Même dans des lycées très très moyens de RP (dernier quart de l'académie) que j'ai pu faire, les rapports sont moins nombreux et ce n'est pas le PP qui en assure la gestion (il est mis au courant mais l'enseignant concerné gère avec le CPE de la classe) et il faut que ça aille loin pour en arriver à un conseil de discipline (on doit être à 5 dans l'année pour les 2 000 élèves).
- JennyMédiateur
Ca a été loin... C'est un lycée où il y a eu plusieurs commissions éducatives et conseils de discipline par semaine pendant plusieurs mois. Je gérais avec le CPE, l'APS et la PA. Certains élèves cumulant les incidents graves, je faisais la synthèse et la demande de sanction, pas mal de RDV. Heureusement qu'on était deux PP sur la classe, on a fini l'année sur les rotules.
- MarxouHabitué du forum
Balthazaard a écrit:Marxou a écrit:
Ensuite, je comprends vraiment ceux qui soulignent la perte de sens du métier: entre la tricherie généralisée en classe, les remontées indécentes des notes par l'administration, les niveaux lamentables falsifiés, la débilité du "grand oral"les mensonges récurrents et éhontés du ministère... Tout cela n'est plus possible, ça nous rend fous, on ne peut plus cautionner cela, cette grande farce, cette absurdie. A un moment, notre dignité est en jeu. On y est ; elle est carrément bafouée.
Personnellement, je ne peux plus participer à cela, il y va de ma santé mentale.
Parce qu'à un moment donné, figurez-vous, (il y a déjà longtemps de cela), je croyais un tant soit peu au service public : pour un salaire pas mirobolant, mais correct à l'époque (je parle d'il y a 20 ans)// pour moi 20 ans c'était déjà plié je dirais 30 ans et je persiste à penser qu'il y a l'avant et après Allègre//, j'espérais œuvrer et participer à la mixité sociale, à l'égalité des chances, à l'instruction des catégories les plus défavorisées, etc.
C'est le pire pour moi, ma situation matérielle est 10 fois meilleure qu'il y a 30 ans (malgré les pertes de salaire), mais je ne supporte plus le vide de mon métier.
Peu d'élèves cette année...entre 10 et 24, peu d'heures, un super emploi du temps sur 3 jours....et pourtant je n'en peux plus, au point que je pars dans quelques mois avec une décote stratosphérique, car comme souligné Personnellement, je ne peux plus participer à cela, il y va de ma santé mentale
Et ce qui accroit encore le désespoir c'est de voir qu'à une ou deux exception près tout est reparti comme en 40, hier discussions sur les élèves, les projets...etc, comme si tout cela était sérieux
C'est triste d'en arriver (je parle de moi) à un tel niveau de dégout après une carrière entière.
ps @epekeina.tes.ousias, j'ai écrit mon passage sur allègre avant d'avoir lu ton message, comme quoi ceux de nos générations se rejoignent...
Je crois que cette perte de sens dans le service public concerne à peu près tous ses agents. C'est un saccage sans nom et qui vient de loin. Là où il y avait fierté de "servir" , l'hôpital public, cheminots, éducation nationale, etc, les décisionnaires ont fait en sorte de discréditer ces missions de service public ( il n'y a qu' à voir la surenchère tarée des divers droites quant à la suppression du nombre de fonctionnaires, ces derniers étant censés constituer l'un des maux principaux à éradiquer).
Un seul exemple: un de mes cousins (concours B?) salarié à la poste a dégoupillé en voyant ce que cette ancienne et noble administration était devenue; produits marchands (services absolument foireux de la poste, il faut le savoir) à refourguer à de pauvres hères alors même que le conseil et l'aide (mission du service public) à ces derniers étaient strictement proscrits par la DRH, elle-même mue par des principes managériaux pauvres des années 80'S. L"horreur.
Le service public dans son ensemble s'est "télécomméisé": Nous profs, pensions être épargnés, mais ils l'ont voulu, c'est fait. C'est acté. C'est trop tard. C'est fini. C'est mort.
Je ne sais pas comment, dans leur tête d'énarque farcie, est venue l'idée de mettre à l'os l'EN.... des économies de bout de chandelle via des réformes délétères, toujours régressives, cyniques, menace des acquis pourtant faiblards sans cesse menacés et au final, éradiqués.
Je ne sais pas s'ils (ces têtes d'oeufs) avaient conscience que ce faisant, en diminuant sans cesse les moyens et en sabordant le statut des profs, on en arrive à des générations illettrées.... et à une démission exponentielle des enseignants, désemparés et en souffrance.
Un sociologue allemand, A. Hirschman il me semble, avait théorisé sur le fait que les salariés de toute entreprise étaient soumis à un triptyque de
réactions: loyauté, défection, et "voice" ( conflit, manif).
Nous profs, avons, semble t-il été loyaux vis-à-vis de l'institution tant qu'elle nous considérait à notre juste valeur et à hauteur de notre mission de service public . ( Je n'ai même pas l'impression d'avoir connu cette période alors que je ne suis pas un jeunot de l'EN!=
Puis est venu le temps du "voice": manifs fières, défense du boulot (cf 1995 ou 2003, etc), sans aucun succès.
Dès lors, survient la période de l'"exit", la fuite, du sauve qui peut, face à tant de dégradations , encore une fois sciemment perpétrées par les décisionnaires, de nos conditions de travail et de notre statut. EXIT la mission de service public, celle-ci n'étant plus possible en l'état.
C'est terrible ce qui nous arrive, c'est désastreux, horrible. Au-delà de nos propres situations personnelles, je n'arrive pas à comprendre la courte vue de ceux qui nous gouvernent. Recherche scientifique en lambeaux, économie de tourisme et de services merdiques ubérisés, manque de main d'oeuvre réellement qualifiée etc, etc. A terme, c'est le cauchemar.
Et pour finir de décrire ce désastre, un article très intéressant d'un blog de Médiapart.
https://blogs.mediapart.fr/fredgrimaud/blog/010922/ecole-l-effondrement-qui-vient-par-le-metier
Filons la métaphore. La partie de jenga se joue ici à 2 deux joueurs : « précarisation » et « déqualification » enlèvent une à une les pièces qui tiennent le métier en équilibre.
Player one : Précarisation. Son action vise à détériorer chaque année un peu plus les conditions de travail des professeurs des écoles et à remplacer les fonctionnaires par des contractuels. Les enseignants ont perdu entre 15 et 25 % de rémunération au cours de ces 20 dernières années et leur salaire est aujourd’hui largement en deçà de la moyenne des pays de l’OCDE[2]. Le déroulé de carrière et les droits à la formation ou à la mobilité sont rognés tandis que les conditions d’exercices dans des classes surchargées, où l’on n’est jamais remplacé, se dégradent d’année en année. Les droits syndicaux sont régulièrement attaqués, mettant en danger les CHS-CT après avoir supprimé les commissions paritaires, dans une ambiance de suspicion généralisée.
Player two : Déqualification. Ce mot emprunté à Friedmann[3], définit la logique qui vise à déposséder le travailleur de ses savoirs faire en l’éloignant au maximum des lieux où sont définis et conçus sa tâche et les outils pour la réaliser. A chaque tour de jeu, le processus de déqualification réduit un peu plus le professeur à un simple exécutant de sa tâche. Sur le terrain, cela se matérialise par toute une série de mesures inspirées des préceptes tayloriens[4], des réformes de la formation[5] aux guides de bonnes pratiques en passant par la loi Rilhac[6] ou le pilotage par les évaluations[7].
Déqualification et précarisation déséquilibrent ainsi un peu plus chaque fois la tour du métier en prolétarisant les professeurs des écoles, jusqu’à l’effondrement. Bien sûr ils ne jouent pas l’un contre l’autre, mais sont dans le même camp, celui du néolibéralisme[8].
La partie touche-t-elle à sa fin ?
En cette veille de rentrée, la presse révèle une situation que les cassandres syndicaux dénonçaient depuis des lustres : le manque d’effectifs[9], qui semble indiquer que la partie de jenga touche à sa fin. Les « Jobdatings », les 4000 enseignants manquant à l’appel ou l’embauche massive de contractuels montreraient que le navire fait cap sur l’iceberg. Mais il est des indicateurs silencieux qui inquiètent davantage et qui pourraient signer l’approche de la fin de la partie de jenga : les altérations de la santé des professeurs des écoles. Ceux-là même qui ont « un bon job », quasiment tout le temps en vacances, mais qui démissionnent à la pelle et saturent les permanences téléphoniques de leurs syndicats pour exprimer leur souffrance au travail. Et même si tous ne sont pas en burnout, le malaise est palpable dans toutes les salles des maîtres. Tels les animaux malades de la peste dans la fable, « Ils ne mourraient pas tous mais tous étaient touchés »
- SolovieïNiveau 10
@Marxou : merci pour cette dernière contribution.
- BalthazaardVénérable
Marxou a écrit:Balthazaard a écrit:Marxou a écrit:
Ensuite, je comprends vraiment ceux qui soulignent la perte de sens du métier: entre la tricherie généralisée en classe, les remontées indécentes des notes par l'administration, les niveaux lamentables falsifiés, la débilité du "grand oral"les mensonges récurrents et éhontés du ministère... Tout cela n'est plus possible, ça nous rend fous, on ne peut plus cautionner cela, cette grande farce, cette absurdie. A un moment, notre dignité est en jeu. On y est ; elle est carrément bafouée.
Personnellement, je ne peux plus participer à cela, il y va de ma santé mentale.
Parce qu'à un moment donné, figurez-vous, (il y a déjà longtemps de cela), je croyais un tant soit peu au service public : pour un salaire pas mirobolant, mais correct à l'époque (je parle d'il y a 20 ans)// pour moi 20 ans c'était déjà plié je dirais 30 ans et je persiste à penser qu'il y a l'avant et après Allègre//, j'espérais œuvrer et participer à la mixité sociale, à l'égalité des chances, à l'instruction des catégories les plus défavorisées, etc.
C'est le pire pour moi, ma situation matérielle est 10 fois meilleure qu'il y a 30 ans (malgré les pertes de salaire), mais je ne supporte plus le vide de mon métier.
Peu d'élèves cette année...entre 10 et 24, peu d'heures, un super emploi du temps sur 3 jours....et pourtant je n'en peux plus, au point que je pars dans quelques mois avec une décote stratosphérique, car comme souligné Personnellement, je ne peux plus participer à cela, il y va de ma santé mentale
Et ce qui accroit encore le désespoir c'est de voir qu'à une ou deux exception près tout est reparti comme en 40, hier discussions sur les élèves, les projets...etc, comme si tout cela était sérieux
C'est triste d'en arriver (je parle de moi) à un tel niveau de dégout après une carrière entière.
ps @epekeina.tes.ousias, j'ai écrit mon passage sur allègre avant d'avoir lu ton message, comme quoi ceux de nos générations se rejoignent...
Je crois que cette perte de sens dans le service public concerne à peu près tous ses agents. C'est un saccage sans nom et qui vient de loin. Là où il y avait fierté de "servir" , l'hôpital public, cheminots, éducation nationale, etc, les décisionnaires ont fait en sorte de discréditer ces missions de service public ( il n'y a qu' à voir la surenchère tarée des divers droites quant à la suppression du nombre de fonctionnaires, ces derniers étant censés constituer l'un des maux principaux à éradiquer).
Un seul exemple: un de mes cousins (concours B?) salarié à la poste a dégoupillé en voyant ce que cette ancienne et noble administration était devenue; produits marchands (services absolument foireux de la poste, il faut le savoir) à refourguer à de pauvres hères alors même que le conseil et l'aide (mission du service public) à ces derniers étaient strictement proscrits par la DRH, elle-même mue par des principes managériaux pauvres des années 80'S. L"horreur.
Le service public dans son ensemble s'est "télécomméisé": Nous profs, pensions être épargnés, mais ils l'ont voulu, c'est fait. C'est acté. C'est trop tard. C'est fini. C'est mort.
Je ne sais pas comment, dans leur tête d'énarque farcie, est venue l'idée de mettre à l'os l'EN.... des économies de bout de chandelle via des réformes délétères, toujours régressives, cyniques, menace des acquis pourtant faiblards sans cesse menacés et au final, éradiqués.
Je ne sais pas s'ils (ces têtes d'oeufs) avaient conscience que ce faisant, en diminuant sans cesse les moyens et en sabordant le statut des profs, on en arrive à des générations illettrées.... et à une démission exponentielle des enseignants, désemparés et en souffrance.
Un sociologue allemand, A. Hirschman il me semble, avait théorisé sur le fait que les salariés de toute entreprise étaient soumis à un triptyque de
réactions: loyauté, défection, et "voice" ( conflit, manif).
Nous profs, avons, semble t-il été loyaux vis-à-vis de l'institution tant qu'elle nous considérait à notre juste valeur et à hauteur de notre mission de service public . ( Je n'ai même pas l'impression d'avoir connu cette période alors que je ne suis pas un jeunot de l'EN!=
Puis est venu le temps du "voice": manifs fières, défense du boulot (cf 1995 ou 2003, etc), sans aucun succès.
Dès lors, survient la période de l'"exit", la fuite, du sauve qui peut, face à tant de dégradations , encore une fois sciemment perpétrées par les décisionnaires, de nos conditions de travail et de notre statut. EXIT la mission de service public, celle-ci n'étant plus possible en l'état.
C'est terrible ce qui nous arrive, c'est désastreux, horrible. Au-delà de nos propres situations personnelles, je n'arrive pas à comprendre la courte vue de ceux qui nous gouvernent. Recherche scientifique en lambeaux, économie de tourisme et de services merdiques ubérisés, manque de main d'oeuvre réellement qualifiée etc, etc. A terme, c'est le cauchemar.
Et pour finir de décrire ce désastre, un article très intéressant d'un blog de Médiapart.
https://blogs.mediapart.fr/fredgrimaud/blog/010922/ecole-l-effondrement-qui-vient-par-le-metier
Filons la métaphore. La partie de jenga se joue ici à 2 deux joueurs : « précarisation » et « déqualification » enlèvent une à une les pièces qui tiennent le métier en équilibre.
Player one : Précarisation. Son action vise à détériorer chaque année un peu plus les conditions de travail des professeurs des écoles et à remplacer les fonctionnaires par des contractuels. Les enseignants ont perdu entre 15 et 25 % de rémunération au cours de ces 20 dernières années et leur salaire est aujourd’hui largement en deçà de la moyenne des pays de l’OCDE[2]. Le déroulé de carrière et les droits à la formation ou à la mobilité sont rognés tandis que les conditions d’exercices dans des classes surchargées, où l’on n’est jamais remplacé, se dégradent d’année en année. Les droits syndicaux sont régulièrement attaqués, mettant en danger les CHS-CT après avoir supprimé les commissions paritaires, dans une ambiance de suspicion généralisée.
Player two : Déqualification. Ce mot emprunté à Friedmann[3], définit la logique qui vise à déposséder le travailleur de ses savoirs faire en l’éloignant au maximum des lieux où sont définis et conçus sa tâche et les outils pour la réaliser. A chaque tour de jeu, le processus de déqualification réduit un peu plus le professeur à un simple exécutant de sa tâche. Sur le terrain, cela se matérialise par toute une série de mesures inspirées des préceptes tayloriens[4], des réformes de la formation[5] aux guides de bonnes pratiques en passant par la loi Rilhac[6] ou le pilotage par les évaluations[7].
Déqualification et précarisation déséquilibrent ainsi un peu plus chaque fois la tour du métier en prolétarisant les professeurs des écoles, jusqu’à l’effondrement. Bien sûr ils ne jouent pas l’un contre l’autre, mais sont dans le même camp, celui du néolibéralisme[8].
La partie touche-t-elle à sa fin ?
En cette veille de rentrée, la presse révèle une situation que les cassandres syndicaux dénonçaient depuis des lustres : le manque d’effectifs[9], qui semble indiquer que la partie de jenga touche à sa fin. Les « Jobdatings », les 4000 enseignants manquant à l’appel ou l’embauche massive de contractuels montreraient que le navire fait cap sur l’iceberg. Mais il est des indicateurs silencieux qui inquiètent davantage et qui pourraient signer l’approche de la fin de la partie de jenga : les altérations de la santé des professeurs des écoles. Ceux-là même qui ont « un bon job », quasiment tout le temps en vacances, mais qui démissionnent à la pelle et saturent les permanences téléphoniques de leurs syndicats pour exprimer leur souffrance au travail. Et même si tous ne sont pas en burnout, le malaise est palpable dans toutes les salles des maîtres. Tels les animaux malades de la peste dans la fable, « Ils ne mourraient pas tous mais tous étaient touchés »
Chacun son analyse, mais des vieux comme moi il n'y en a plus tant que cela. Pour moi le tournant a été Allègre, pas qu'avant c'était mieux ou après pire, mais je crois qu'avec le style "Allègre", vulgarité des propos, stigmatisation à outrance de l'institution et de ses acteurs, mise en cause systématique du "conservatisme des profs" les gouvernements ont compris quelque chose.
Pas une voix , au début (moins à la fin de son ère) pour dénoncer le feu roulant contre les profs, au contraire, des interviews télé, "c'est très bien ce que fait Allègre"....des éditoriaux "Continuez M Allègre"...les discussions de café du commerce "au moins LUI il fait quelque chose..." tout cela (et des dizaines d'autres) entendues, promis, juré. Je crois que le gouvernement a compris que l'opinion n'était pas avec nous, et bien pire qu'elle était (n'en déplaise aux beaux discours) contre nous et que l'on pouvait taper tant que l'on voulait. On ne s'en est pas privé et cela dure encore....
Oui les gens aiment les profs, en, fait non, ils aiment une vision idéalisée du prof qui n'existe pas.
J'ai des copains entrepreneurs, on discute des fois du genre..."je suis pour les profs....mais....etc...etc...." puis ma réponse "moi je n'ai rien contre les patrons...mais ...mais...." et suivant l'heure et le nombre de bouteilles cela finit parfois mal (après on reste copains quand même)
- Clecle78Bon génie
Oui, le tournant fut Allègre et la première pseudo grande consultation qui était complètement manipulée. Eh bien, on peut faire le bilan de 20 ans de dégraissage du mammouth. Formidable le bilan, vraiment. Moi ça fait un moment que je rentre dans le lard de tous ceux qui me balancent des petites phrases assassines sur les vacances mais beaucoup trop de gens ont laissé dire, beaucoup ont fini par culpabiliser et finalement donner raison à ceux qui nous méprisent.
- CeladonDemi-dieu
C'est ça. Et Allègre (climatosceptique, au passage...), ce n'était pas la droite (du moins officielle), c'était le début de l'enfant au centre.
On voit le résultat. Et sur le système, acteurs compris, et sur les élèves.
On voit le résultat. Et sur le système, acteurs compris, et sur les élèves.
- VanGogh59Expert spécialisé
Marxou a écrit:
Je ne sais pas comment, dans leur tête d'énarque farcie, est venue l'idée de mettre à l'os l'EN.... des économies de bout de chandelle via des réformes délétères, toujours régressives, cyniques, menace des acquis pourtant faiblards sans cesse menacés et au final, éradiqués.
Je ne sais pas s'ils (ces têtes d'oeufs) avaient conscience que ce faisant, en diminuant sans cesse les moyens et en sabordant le statut des profs, on en arrive à des générations illettrées.... et à une démission exponentielle des enseignants, désemparés et en souffrance.
La réponse est à mon sens uniquement idéologique : c'est celle du néolibéralisme de notre cher gouvernement caressée dans le sens du poil par la commission européenne. Le constat est que les profs coûtent cher et que l'Education nationale ne rapporte pas assez. Il faut donc se débarrasser des profs mais de façon subtile car le statut nous protège (encore). Donc, un seul moyen : les dégoûter en masse pour qu'ils démissionnent, les remplacer par des contractuels exploitables et corvéables à merci. Le niveau baisse dans le public ? C'est super ! cela permettra de faire gagner beaucoup d'argent aux services privés type academia et renforcer les écoles privées hors contrat qui pourront encore augmenter leurs effectifs et leurs tarifs par la même occasion. Il faut comprendre que tout ce qui se passe dans le service public en France est, non seulement, voulu mais a été calculé depuis bien longtemps par ces têtes d'énarques farcies.
_________________
"Nous sommes tous dans le caniveau, mais certains d'entre nous regardent les étoiles" Oscar Wilde
- Clecle78Bon génie
J'en suis persuadée. Il n'y a qu'à lire certaines interventions sur le forum qui commencent à réclamer un concours académique, la fin des mutations, une rémunération selon la matière. Nous sommes aussi minés de l'intérieur.
- CleroliDoyen
C'est surtout ce qu'on comprend, en diagonale, des témoignages de profs démissionnaires publiés par la presse. Ce n'est pas innocent.Clecle78 a écrit:J'en suis persuadée. Il n'y a qu'à lire certaines interventions sur le forum qui commencent à réclamer un concours académique, la fin des mutations, une rémunération selon la matière. Nous sommes aussi minés de l'intérieur.
Le titre du fil me fait sourire à chaque fois que je lis : où est ce choc d'attractivité promis par notre ministre ?
- tAoKHabitué du forum
Cleroli a écrit:Le titre du fil me fait sourire à chaque fois que je lis : où est ce choc d'attractivité promis par notre ministre ?
Tu te souviens quand tu as perçu la revalorisation historique ? Eh bien ce choc sera du même acabit.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Balthazaard a écrit: ps @epekeina.tes.ousias, j'ai écrit mon passage sur allègre avant d'avoir lu ton message, comme quoi ceux de nos générations se rejoignent...
Ah… Allègre… Je n'étais plus dans le secondaire quand il est devenu ministre (en 97, je crois) — mais on en avait déjà entendu parler à la fin des années 80: il était, je crois, conseiller du ministre Jospin et prêchait la réforme des prépas et le plan “Université 2000”. Et quand il était devenu ministre de l'EN, outre certaines mesures “économiques”, il avait poursuivi son “travail”: mise en place du LMD… En somme, je le voyais comme un grand massificateur en chef et je ne vois pas de raison de changer d'opinion.
Je pense que tu as raison et qu'on doit se rejoindre sur pas mal de choses: à mon avis, l'état dans lequel se trouve actuellement le secondaire, est celui d'une destructuration des études et du remplacement de celles-ci par une logique d'absorption de “flux” d'élèves, quelque chose comme une liquéfaction (pour ne pas dire une liquidation) de l'acte d'enseigner (verbe que je persiste à comprendre transitif) dans le bain des parcours et des acquisitions de compétences… De ce fait, je ne peux que reconnaître que j'ai une chance incroyable d'avoir pu quitter le secondaire pour le supérieur — quand bien même je pense que les processus en cours (et largement) dans les Universités sont exactement les mêmes: avec les mêmes effets, et les mêmes dégâts. Si seulement on pouvait dire que les réformes des années 75-90, la création des bacs pro, par ex., avaient réellement eu pour effet de démocratiser les études: mais il me semble qu'on voit seulement défiler plus d'élèves dans le secondaire et d'étudiants en universités, avec des effets de sélections inhérents à une “gestion de masse” à bas coût. C'est effectivement très déprimant: et je ne suis pas étonné du tout par la crise du recrutement des profs (qui commence à se faire sentir aussi en Université!). Tout cela est tellement opposé au métier même d'un prof, qui est là pour enseigner, que je vois mal comment il pourrait en être autrement!
_________________
Si tu vales valeo.
- EnaecoVénérable
Qu'est-ce qui n'est pas innocent ?
Les demissionnaires abordent les raisons qui les poussent à quitter le navire et je pense que le fait d'être à 800km de sa famille en est belle et bien une raison majeure.
Combien d'enseignants démissionnent parce qu'ils sont mal payés (tout de même plus que la moitié des jobs) ?
Les demissionnaires abordent les raisons qui les poussent à quitter le navire et je pense que le fait d'être à 800km de sa famille en est belle et bien une raison majeure.
Combien d'enseignants démissionnent parce qu'ils sont mal payés (tout de même plus que la moitié des jobs) ?
- TxiaNiveau 6
Je ne crois pas avoir bien compris ce qui est écrit entre parenthèse...Enaeco a écrit:Combien d'enseignants démissionnent parce qu'ils sont mal payés (tout de même plus que la moitié des jobs) ?
Si je peux me permettre de reformuler : tout de même plus que la moitié des jobs 'de cadre dans le privé ou de catégorie A dans le public'.
Ai-je gardé le même sens dans la phrase ?
Parce que si c'est ça, je ne suis pas d'accord.
- chmarmottineGuide spirituel
Enaeco a écrit:Qu'est-ce qui n'est pas innocent ?
Les demissionnaires abordent les raisons qui les poussent à quitter le navire et je pense que le fait d'être à 800km de sa famille en est belle et bien une raison majeure.
Combien d'enseignants démissionnent parce qu'ils sont mal payés (tout de même plus que la moitié des jobs) ?
Ce cas peut éventuellement se produire quand on est jeune. Passé un certain âge, c'est le contraire qui se produit : des enseignants qui souhaiteraient démissionner mais qui ne le font pas car ils ne peuvent pas se passer de leur salaire.
- valleExpert spécialisé
Enaeco a écrit:Qu'est-ce qui n'est pas innocent ?
Les demissionnaires abordent les raisons qui les poussent à quitter le navire et je pense que le fait d'être à 800km de sa famille en est belle et bien une raison majeure.
Combien d'enseignants démissionnent parce qu'ils sont mal payés (tout de même plus que la moitié des jobs) ?
Dans le témoignage de l'enseignant qui avait démissionné "avant la rentrée", ce n'est pas innocent que, alors que le démissionnaire passe l'article à se plaindre qu'il a eu des problèmes avec la place des connaissances disciplinaires dans l'institution (il se plaint, je vais trop vite et avec des inexactitudes, que "sa" matière soit donnée à d'autres enseignants, que sa titularisation ait été décidée par des gens qui n'avaient pas de connaissances disciplinaires particulières), la conclusion soit, avec un non sequitur anthologique, qu'il faut revoir la système des mutations. Soit c'est le journaliste qui a fait le choix de rédiger l'article ainsi, soit il aurait dû rebondir sur le sujet ou au moins avoir noté qu'il s'agissait de deux questions différentes pour aider le lecteur non expert.
En général, je trouve aussi qu'il y a une "fixation" avec les mutations et le recrutement régional. Non, les choix de la presse ne sont pas innocents (ni pour ce sujet ni pour un autre), ça me paraît évident, non ?
En tout cas, le lien entre le salaire et la démission n'est pas inconnu je pense. D'un côté, bien des enseignants qui démissionnent ou ne prennent pas leur poste "parce qu'il est trop loin" le feraient avec un salaire plus conséquent. Ensuite, je n'ai pas du tout de chiffre, mais ton post semble laisser comprendre que la part du salaire dans les décisions de démissionner est négligeable. Je ne le pense pas.
Le poids des conditions salariales devient encore plus important si on ne considère pas seulement les démissions, mais les inscriptions aux concours.
Finalement, je crois comprendre que tu fais référence au fait que pratiquement tous les enseignants se situent sur la médiane des rémunérations des Français. C'est vrai, mais il ne semble pas trop pertinent de mélanger toutes les rémunérations sans tenir compte d'autres éléments et, surtout, la distribution salariale est très inégale : on ne peut pas deviser la population en une moitié inférieure "pauvre" et une moitié supérieure "riche".
- EnaecoVénérable
Il est utile d'apporter ta précision et tu as raison. Les certifiés sont très mal payés pour des "cadres dans le privé". C'est un fait.
En revanche, dans le cadre d'un article de presse, il est beaucoup plus percutant de parler de profs qui ne sont pas formés ou qui exercent dans des conditions difficiles (classes surchargées ou bien déracinement familial et cruauté des mutations) plutôt que de parler de profs qui sont des pauvres cadres mal payés.
Alors effectivement, il n'est pas innocent de ne pas plus s'attarder sur le salaire (c'est quand même rappelé dans chaque paragraphe du témoignage en question) mais c'est, à mon avis, davantage par méconnaissance et préjugés des journalistes (voire incompétence) que dans un scenario de destruction massive où la presse participe sciemment.
Un prof avec 4 mois de vacances à 2 000e, c'est bien assez pour une bonne partie des lecteurs.
En revanche, dans le cadre d'un article de presse, il est beaucoup plus percutant de parler de profs qui ne sont pas formés ou qui exercent dans des conditions difficiles (classes surchargées ou bien déracinement familial et cruauté des mutations) plutôt que de parler de profs qui sont des pauvres cadres mal payés.
Alors effectivement, il n'est pas innocent de ne pas plus s'attarder sur le salaire (c'est quand même rappelé dans chaque paragraphe du témoignage en question) mais c'est, à mon avis, davantage par méconnaissance et préjugés des journalistes (voire incompétence) que dans un scenario de destruction massive où la presse participe sciemment.
Un prof avec 4 mois de vacances à 2 000e, c'est bien assez pour une bonne partie des lecteurs.
- EnaecoVénérable
valle a écrit:En général, je trouve aussi qu'il y a une "fixation" avec les mutations et le recrutement régional. Non, les choix de la presse ne sont pas innocents (ni pour ce sujet ni pour un autre), ça me paraît évident, non ?
Je pense que c'est simplement ce qui frappe vraiment les gens. Ce qui rendrait le métier insupportable pour eux (quand on y connait rien).
- Gérer 30 gamins, pfiou, ça me fatiguerait mais bon, ils l'ont choisi et ça a l'air d'être gérable
- Etre payé 2 000e, c'est vrai, c'est pas ouf, mais bon, avec 4 mois de vacances, ça compense.
- Etre envoyé à 800km de sa famille pour 10 ans, JAMAIS ! C'est vraiment mal fichu ! En plus dans le collège de mon enfant, ils n'ont pas eu de maths pendant 1 trimestre alors qu'on a envoyé ce monsieur à l'autre bout de la France et qu'il aurait préféré être là ! On marche sur la tête !
Ce n'est pas innocent, c'est juste du travail superficiel et vendeur.
Autour de moi, j'ai beau me plaindre de mon salaire et de mes conditions de travail. Ceux qui ne lèvent pas les yeux au ciel se disent que c'est un peu abusé mais bon, je me plains quand même beaucoup. Mais on ne comprend toujours pas pourquoi diable je ne reviens pas dans le coin depuis le temps que je suis là haut !
- pirouetteNiveau 5
Jenny a écrit:Enaeco a écrit:En lycée, il vaut mieux viser le niveau 1ère si on veut rentabiliser.
Ca dépend de la 1re. L'an dernier, je n'ai pas eu l'impression de rentabiliser.
Ca reste dérisoire pour le temps passé. Ils pourraient revaloriser la prime PP, c'est un scandale.
Et le taux horaire des HSA par la même occasion. Vos copains qui bossent dans le privé ne sont pas surpris quand vous leur annoncez que les heures sup sont, dès qu'on atteint une certaine ancienneté, moins (voire nettement moins) payées que les heures normales ?
- BalthazaardVénérable
Enaeco a écrit:valle a écrit:En général, je trouve aussi qu'il y a une "fixation" avec les mutations et le recrutement régional. Non, les choix de la presse ne sont pas innocents (ni pour ce sujet ni pour un autre), ça me paraît évident, non ?
Je pense que c'est simplement ce qui frappe vraiment les gens. Ce qui rendrait le métier insupportable pour eux (quand on y connait rien).
- Gérer 30 gamins, pfiou, ça me fatiguerait mais bon, ils l'ont choisi et ça a l'air d'être gérable
- Etre payé 2 000e, c'est vrai, c'est pas ouf, mais bon, avec 4 mois de vacances, ça compense.
- Etre envoyé à 800km de sa famille pour 10 ans, JAMAIS ! C'est vraiment mal fichu ! En plus dans le collège de mon enfant, ils n'ont pas eu de maths pendant 1 trimestre alors qu'on a envoyé ce monsieur à l'autre bout de la France et qu'il aurait préféré être là ! On marche sur la tête !
Ce n'est pas innocent, c'est juste du travail superficiel et vendeur.
Autour de moi, j'ai beau me plaindre de mon salaire et de mes conditions de travail. Ceux qui ne lèvent pas les yeux au ciel se disent que c'est un peu abusé mais bon, je me plains quand même beaucoup. Mais on ne comprend toujours pas pourquoi diable je ne reviens pas dans le coin depuis le temps que je suis là haut !
C'est sûr que le coup des mutations c'est un boulevard pour la casse des statuts et les exigences de recrutement, les libéraux en bavent d'avance.
Si on réfléchis bien un recrutement local n'est en rien une solution à quoi que ce soit, il n'y aura plus de mutations lointaines dans certaines académies car il n'y aura plus de postes à pourvoir localement....sauf si le métier reste ce qu'il est avec un taux de démissions et de turn-over important.
Tu parles d'une solution.
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