Pap Ndiaye : pourquoi a-t-il scolarisé ses enfants dans le privé ? Sa réponse...

Heureusement que ce monsieur ne représente ni les catholiques, ni même l'enseignement catholique.

Laotzi a écrit:Il était, notamment, question de Stanislas dans ce sujet (pages 13 et 14 en particulier). C'est le directeur actuel (pas ancien, pas il y a dix ans...) qui s'exprime ainsi :

«Dans l’enseignement catholique, nous n’avons pas “une certaine idée” de la personne, mais “une idée certaine” de ce qu’est un homme, une femme, une jeune fille, un jeune garçon. Une conception éclairée par l’Évangile, loin des délires du moment», précise-t-il. pic.twitter.com/5EOZQcfkha

— Le Figaro (@Le_Figaro) October 9, 2022

Les "délires du moment", on imagine bien ce que c'est pour ce monsieur...

Stan a toujours été à l'arrière garde de la pédagogie ( pour ne parler que de cela) mais souvent à l'avant garde des moyens pour sa pédagogie (le "nouveau Stan" des années 70 était mieux équipé que n'importe quel  établissement public d'aujourd'hui). Il s'agit de former une élite pas d'éduquer la masse. Le nouveau directeur s'exprime comme celui d'il y a 10 ans et comme celui d'il y a 40 ans. C'est l'avantage du conservatisme, la solution est derrière nous.

Il est même probable que Stan a su préserver d'anciennes “traditions”.

Stan est diamétralement opposé à l'Alsacienne. J'ai une collègue du public qui y enseigne là bas et ce n'est pas du tout ce que dit ce monsieur.

Il faut aussi tenir compte du faire que Le Figaro est un journal de merde qui raconte donc de la merde.

Si je faisais allusion à l'ancien directeur, c'est parce que certains disaient dans ce même sujet que l'enquête publiée par Médiapart ne valait rien car les faits (notamment d'homophobie, de sexisme etc.) remontaient à l'époque de "l'ancien directeur" et que ça avait changé depuis.
L'Alsacienne, c'est du privé laïc, "progressiste" si on veut sur le plan des mœurs. Stan, avec Gonzague, c'est emblème du privé catho d'élite, ultra conservateur (mais "sous contrat").

Stanislas est aussi représentatif de l'enseignement catholique que le lycée international de St Germain-en-Laye est représentatif de l'enseignement public.

(confidence: je suis déjà entré dans des salles de classe dévolues aux Terminales à Stanislas, il y avait de rares & discrets dessins sur quelques tables: Stanislas à aussi ses élèves rebelles.)

Czar a écrit:Stanislas est aussi représentatif de l'enseignement catholique que le lycée international de St Germain-en-Laye est représentatif de l'enseignement public.

(confidence: je suis déjà entré dans des salles de classe dévolues aux Terminales à Stanislas, il y avait de rares & discrets dessins sur quelques tables: Stanislas à aussi ses élèves rebelles.)

C'était il y a longtemps, Stan était alors un élevage de garçons, les bagarres étaient sauvages, les bizutages rares mais alors malheur au vaincu, la violence symbolique et réelle une pratique courante dont l'exemple venait des prêtres eux-mêmes, le climat était plutôt à la délation et à la peur, tous les ingredients étaient donc réunis pour de bien belles rebellions et des chahuts mémorables dès que l'étau se desserrait. Tous les motifs de conseil de discipline de ma carrière, je les avais déjà vu à Stan comme élève. Les enfants et petits enfants de mes aimables condisciples de l'époque sont à leur tour à Stan, j'ose espérer que l'ambiance a changé.

C'est dingue !

Dans la quatrième partie de l'entretien livré par le ministre à l'Obs, portant sur la laïcité et les inégalités scolaires, il est interrogé sur le choix de scolariser ses enfants dans le privé : https://www.nouvelobs.com/education/20221027.OBS65186/la-methode-pap-ndiaye-en-matiere-de-laicite-je-me-mefie-autant-des-discours-angeliques-que-catastrophistes.html. Sa réponse :

La France a la particularité en Europe de disposer d’un secteur privé très important, financé à 73 % par des fonds publics mais libre de recruter ses élèves. Conséquence : sur une large part du territoire, et notamment dans les métropoles, il aspire les enfants de classes moyennes supérieures et a un très fort effet ségrégatif. Que répondez-vous à des économistes comme Thomas Piketty et Julien Grenet qui s’étonnent que le service public d’éducation se tire ainsi une balle dans le pied ?

Je pense qu’on peut hausser le niveau d’exigence vis-à-vis du privé en lui fixant des objectifs en matière de mixité.

Des objectifs contraignants ?

Des objectifs qui seront largement partagés, j’en suis certain !

Habitant dans un quartier populaire de Paris, vous avez vous-même fait le choix de scolariser vos enfants dans le privé à partir du collège. Quels arguments le ministre Pap Ndiaye aurait-il utilisés pour convaincre le parent d’élève Pap Ndiaye de revenir sur sa décision ?

Je n’ai pas à répondre sur ma vie privée, sur ce que font mes enfants, sur les livres que je lis, ou que sais-je encore. Je veux être jugé en tant que ministre sur les politiques que je mène.

Reste qu’à moins de faire preuve d’autoritarisme il vous faudra convaincre les parents de faire le choix de la mixité. Dans les établissements les plus ségrégués, où les résultats ne sont pas bons, c’est une vraie gageure. Comment comptez-vous vous y prendre ?

En rendant la mixité scolaire attirante pour tous les parents. La maximisation de la diversité sociale et culturelle est un atout pour les élèves.

Pourtant les statistiques sont cruelles. L’entre-soi des CSP + a un effet positif sur les résultats de leurs enfants. Les parents qui évitent les collèges populaires poursuivent donc une forme de rationalité…

C’est une rationalité limitée. La diversité culturelle apporte une connaissance des autres, une connaissance de soi, une capacité à se mouvoir dans des mondes sociaux différents. Ce sont de formidables atouts pour l’avenir d’un enfant. A condition, je le concède, que cela se fasse sans déperdition trop importante au niveau scolaire.

Il est fort : je lis cela, et je vais tout de suite mettre mes enfants dans le privé ! Il n'est absolument pas convaincant.

sinan a écrit:Il est fort : je lis cela, et je vais tout de suite mettre mes enfants dans le privé ! Il n'est absolument pas convaincant.

en effet. Quant à l'obligation de mixité sociale dans le privé, je propose qu'il commence par la tester à l'école alsacienne.
QUel cynisme....

Iphigénie a écrit:

sinan a écrit:Il est fort : je lis cela, et je vais tout de suite mettre mes enfants dans le privé ! Il n'est absolument pas convaincant.

en effet. Quant à l'obligation de mixité sociale dans le privé, je propose qu'il commence par la tester à l'école alsacienne.
QUel cynisme....

Même avec des critères contraignants, le privé resterait favorisé. Les élèves qui y sont inscrits ont des parents qui se soucient de leur scolarité et cela change tout.

Faites ce que je dis mais pas ce que je fais...

Et au passage ", je le concède, que cela se fasse sans déperdition trop importante au niveau scolaire."
Ben voyons. Donc déperdition au niveau scolaire il y aura. Sûr que c'est vendeur.

Moi j'adore " la diversité culturelle apporte une connaissance des autres ". Pas de doute dans ce type de lycée ( public ou privé) la diversité culturelle existe entre fils ou fille de ... issus de milieux favorisés, donc un enrichissement du réseau.

C'est écoeurant de cynisme et de mauvaise foi. Faites ce que je dis et pas ce que je fais. Franchement répugnant.

"Ce sont des formidables atouts pour l'avenir d'un enfant", mais pas les siens apparemment...

Je partage votre point de vue concernant l'attitude cynique et hypocrite d'un ministre qui fait l'éloge de la diversité culturelle tout en veillant à ce que ses propres enfants soient scolarisés dans un établissement privé parisien dans lequel règne une forme d'entre-soi puisqu'on y trouve très majoritairement des enfants appartenant à des milieux favorisés et souvent même très favorisés. Cela dit, l'attitude de notre ministre se retrouve aussi chez de nombreux enseignants. Des collègues de l'enseignement public qui n'ont de cesse de chanter les mérites de la mixité sociale et qui scolarisent leurs enfants dans des écoles privées où règne aussi une forme d'entre-soi, j'en ai rencontré des tonnes. Et ce qui me fait toujours bien rire, c'est d'entendre les prétextes plus ou moins tarabiscotés donnés par lesdits collègues pour justifier ce choix un peu surprenant compte tenu de leurs discours sur la mixité sociale et tout ce qui l'accompagne.

Stered a écrit:"Ce sont des formidables atouts pour l'avenir d'un enfant", mais pas les siens apparemment...

A condition, je le concède, que cela se fasse sans déperdition trop importante au niveau scolaire.

on aimerait savoir quelle est sa marge de déperdition acceptable, pour ce formidable atout...

Cochonou a écrit:Je partage votre point de vue concernant l'attitude cynique et hypocrite d'un ministre qui fait l'éloge de la diversité culturelle tout en veillant à ce que ses propres enfants soient scolarisés dans un établissement privé parisien dans lequel règne une forme d'entre-soi puisqu'on y trouve très majoritairement des enfants appartenant à des milieux favorisés et souvent même très favorisés. Cela dit, l'attitude de notre ministre se retrouve aussi chez de nombreux enseignants. Des collègues de l'enseignement public qui n'ont de cesse de chanter les mérites de la mixité sociale et qui scolarisent leurs enfants dans des écoles privées où règne aussi une forme d'entre-soi, j'en ai rencontré des tonnes. Et ce qui me fait toujours bien rire, c'est d'entendre les prétextes plus ou moins tarabiscotés donnés par lesdits collègues pour justifier ce choix un peu surprenant compte tenu de leurs discours sur la mixité sociale et tout ce qui l'accompagne.

Je connais pas mal d'enseignants qui ont mis leurs enfants dans le privé, moins qui "chantent en même temps les mérites de la mixité sociale" (pour ceux que je connais ils se désolent plutôt de voir à quel niveau est tombé le public dans certains endroits).

Mais même si des collègues sont dans cet état d'esprit ça me choque beaucoup moins que venant d'un ministre, qui s'est donné pour mission de convaincre les autres parents de ne surtout pas suivre son exemple - le tout sans être capable d'avancer un argument concret pour expliquer en quoi son propre choix n'est pas un exemple à suivre.

Je trouve aussi que parler de "diversité sociale", en plus de relever d'une forme d'hypocrisie, cela revient à éviter de dire et de reconnaître qu'il existe des écoles et des établissements dans lesquels il y a, en réalité, une homogénéité forte, mais par phénomène de ghettoïsation...
Bel exemple d'euphémisme !

J'entends souvent des amis dire : "si mon fils/fille veut devenir charpentier j'accepte qu'il aille en LP pour faire ce qu'il désire".
Je ne pense pas qu'avec la réforme que M. Pap Ndiaye accepte il consentirait plus encore qu'avant d'envoyer ses petits n'enfants en LP lorsqu'on augure ce qu'il va rester d'enseignement dans ces filières "revalorisées". 
La diversité sociale c'est du pipeau, la ghettoïsation c'est la réalité et il ne va que contribuer à l'accentuer.
Pas grave cela ne touche pas ses enfants, cela ne touchera pas ses petits enfants.
Nous sommes au-delà de hypocrisie.
Alors que l'on promeut la bienveillance, nous sommes dans la malveillance totale pour les classes populaires.

Baldred a écrit:C'était il y a longtemps, Stan était alors un élevage de garçons, les bagarres étaient sauvages, les bizutages rares mais alors malheur au vaincu, la violence symbolique et réelle une pratique courante dont l'exemple venait des prêtres eux-mêmes, le climat était plutôt à la délation et à la peur, tous les ingredients étaient donc réunis pour de bien belles rebellions et des chahuts mémorables dès que l'étau se desserrait. Tous les motifs de conseil de discipline de ma carrière, je les avais déjà vu à Stan comme élève. Les enfants et petits enfants de mes aimables condisciples de l'époque sont à leur tour à Stan, j'ose espérer que l'ambiance a changé.

@Baldred fut élève à Stan', tout s'explique !

Spoiler:

Ha@_x a écrit:

Baldred a écrit:C'était il y a longtemps, Stan était alors un élevage de garçons, les bagarres étaient sauvages, les bizutages rares mais alors malheur au vaincu, la violence symbolique et réelle une pratique courante dont l'exemple venait des prêtres eux-mêmes, le climat était plutôt à la délation et à la peur, tous les ingredients étaient donc réunis pour de bien belles rebellions et des chahuts mémorables dès que l'étau se desserrait. Tous les motifs de conseil de discipline de ma carrière, je les avais déjà vu à Stan comme élève. Les enfants et petits enfants de mes aimables condisciples de l'époque sont à leur tour à Stan, j'ose espérer que l'ambiance a changé.

@Baldred fut élève à Stan', tout s'explique !

Spoiler:

Et oui, j'y ai appris plein de choses : que Dieu avait véritablement créé le monde en 7 jours à 10:00 avec l'abbé R.  et que c'était le Big Bang à 11:00 avec
La prof de Science Nat,  à mentir sans ciller comme on nous le montrait tous les jours, à soutenir une chose et son contraire avec une égale facilité, à détecter les faiblesses des autres avant qu'ils ne profitent des miennes, que mes copains pouvaient habiter un 11 pièces dans le 6e et dormir dans un couloir, que le plus con d'entre nous a eu la meilleure situation, qu'un prof pouvait être un geôlier ou avoir la clé pour l'évasion, que les lois non écrites sont plus importantes que les rédigées, qu'une phrase qui sonne bien dispense de croire à son contenu, à être athée et à souffler les paroles de la messe aux chrétiens fatigués, qu'il n'est pas facile de reconnaître une bonne éducation d'un bon dressage, que les filles étaient la seule promesse, que notre ministre n'y connait rien : la mixité sociale ne sert à rien à ceux du dessus, c'est à ceux du dessous de les copier.
Bon, après je me suis fait virer.
Concernant les boulettes de pain, je te jure que je l'ai cherché le petit B mais comme à l'époque il avait des cheveux, et ben je ne l'ai pas reconnu
En revanche je peux toujours faire un croche-patte dans l'escalier en béton à celui qui dirait que c'était mieux avant.