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- ElaïnaDevin
Iridiane a écrit:Non mais je suis d'accord Elaïna, tu as tout à fait raison de rappeler tout ça. Mais disons que c'est un choix. La situation est ce qu'elle est, on ne peut pas la changer (et c'est bien triste, mais c'est comme ça). Donc, soit on fait comme moi et d'autres, et oui, on sacrifie plein de choses pendant plusieurs années pour essayer le supérieur (la fac) sans garantie absolue que ça marche (mais si on s'y met à moitié, en revanche, on a la quasi garantie que ça ne marchera pas). Et c'est bien pour cette raison qu'il faut se fixer une limite, parce que je suis bien d'accord qu'on ne va pas y passer sa vie. (...) Donc, quand on s'acharne, ça PEUT payer. Après, oui, ça dépend des sections, ça dépend du dossier, ça dépend de plein de choses et... il y a une part de chance, c'est évident. Mais dire c'est impossible, non, c'est objectivement faux.
Je suis tout à fait d'accord avec toi. Personnellement je ne me voyais pas attendre pour faire des enfants, j'ai donc sacrifié l'équitation (mais depuis j'ai repris et je me rattrape !).
En fait ce que je trouve ignoble c'est la façon dont on berce d'illusions pas mal de candidats (une de mes anciennes collègues : "nan mais votre dossier est parfait, continuez à candidater, et surtout, n'allez pas gâcher votre talent dans le secondaire"... bah oui mais on mange comment ?).
Dans ma section et spécialité (histoire de la France moderne) : les postes se comptent, chaque année depuis un moment, sur les doigts d'une seule main. Les copains qui finissent par avoir un poste sont bien sûr tous excellentissimes. Mais beaucoup, pas moins excellentissimes, ont renoncé (alors moi, qui ai un dossier bon-mais-sans-plus, comment dire). Quand j'étais à l'école des chartes, on disait à ceux qui passaient l'agreg : "quand vous aurez un poste à la fac" (j'ai eu le concours d'entrée en 2004). Maintenant, il est quasi certain que les chartistes désireux de passer l'agrégation seront enseignants dans le secondaire. Et parmi ceux qui y sont, comme moi, il y a des gens dont on pensait tous qu'ils auraient un poste en claquant des doigts (sujet à la mode, thèse d'ENC ultra brillante, réseau fourni, doctorat soutenu juste après la sortie de l'école), eh bien même pour eux ça n'a pas marché. Alors dans ce contexte...
- IridianeFidèle du forum
Non mais ça je suis entièrement d'accord Elaïna, c'est dégueulasse de bercer les gens d'illusions dans un tel contexte ( et j'espère que ce n'est pas l'impression que j'ai donnée). Il faut toujours, toujours garder à l'esprit que peut-être ça ne marchera JAMAIS et ce n'est pas être pessimiste, c'est un état de fait. Ça PEUT marcher, ça marche PARFOIS, mais ça peut ne jamais marcher, d'où l'importance des limites. Quant à "vous allez gâcher votre talent dans le secondaire", c'est juste du mépris crasse. Qu'on n'ait pas envie de rester dans le secondaire, d'une parce qu'on aime pas ça, de deux parce qu'on estime effectivement que les diplômes qu'on a correspondent à autre chose, c'est respectable et c'est même normal. En revanche, qu'on dise quelque chose qui signifie en fait "n'allez pas donner de la confiture à des cochons", c'est déplorable. Déjà, il y a des gens à qui le secondaire plaît et profite - ça a été mon cas plusieurs années même si mon intérêt s'est rapidement tari - et d'autre part, non, le secondaire n'est pas la voie de garage pour les nuls, en l'occurrence on y trouve de tout et ça vaut pour les profs comme pour les élèves. Par contre, je maintiens ce que je disais: même si plein de choses ne marchent pas à la fac, ça reste globalement beaucoup plus confortable que le secondaire (quand on aime la fac).
PS: et je suis bien contente pour toi que tu aies pu te rattraper, pour l'équitation C'est mon cas aussi, et je savoure
PS: et je suis bien contente pour toi que tu aies pu te rattraper, pour l'équitation C'est mon cas aussi, et je savoure
- AscagneGrand sage
Bonjour !
Merci pour vos messages.
Je ne vais pas pouvoir revenir sur tout là. Je suis d'accord avec @Iridiane par rapport à la différence entre le secondaire et l'université. Bien entendu, je suis conscient que c'est la crise à l'université aussi et que beaucoup d'universitaires sont à bout ou complètement surchargés... mais les deux métiers ont des contours différents.
J'ai fait la réunion parents-PP de ma seconde... sans pouvoir projeter le powerpoint préparé (merci la haute technologie neuve de l'établissement qui dysfonctionne dans une douzaine de salles ), et avec trop de caféine dans mon organisme pour ne pas avoir des airs de Balthazar Claës (au mieux). J'ai eu un peu peur en entendant une parent d'élève déclarer que "ce n'était pas qu'aux élèves de faire des efforts, les professeurs devaient en faire aussi" (elle n'a pas élaboré et on est passé à autre chose, je ne me sentais pas trop d'attaque pour voir exactement à quoi elle pensait). J'ai eu surtout un moment de dissociation ironique car j'ai été forcé de commenter (en disant que je n'y pouvais rien) l'absence de professeur dans une matière depuis la rentrée... alors que je suis allé acheter mercredi à la Fnac trois-quatre bons gros livres à propos d'autres concours de la fonction publique.
Je précise que j'ai candidaté en neuvième section (j'ai aussi été qualifié en 8e et 10e, mais c'est pour la gloire - enfin j'ai aussi un parcours de LC bien sûr, mais de ce côté-là, il n'y a pas de poste de médiolatin, évidemment.).
Vous avez évoqué l'étranger : encore faut-il la dispo/le congé ou que sais-je encore.
Mais on peut aussi comprendre différemment une telle phrase en écartant la question du mépris. Par exemple : je rame dans le secondaire, je n'en avais pas la vocation directe et je ne suis guère "talentueux" dans ce cadre (mon inspecteur a été gentil, je crois, ma direction a aimé mon travail de PP entre autres, mais bon, à part ça :rolll:).
Il n'est pas impossible que je puisse être plus à ma place dans un tout autre type de poste sans trop de rapport avec tout ça, mais où je ne me sentirais pas écartelé et forcé de faire de la pédagogie et des trucs pour lesquels je ne suis pas bon et qui ne peuvent pas/plus me motiver.
Ce qui m'ennuie, au fond, c'est que mon tempérament est un obstacle général. Je suis trop introverti (et trop paresseux sur un autre plan - bon, paresseux pour quelqu'un qui a fait une grosse thèse hein). La dépression d'il y a quelques années et les effets de la crise Covid ne m'ont pas aidé non plus. Je n'arrive pas à me dépatouiller de la solitude, de la "peur" des autres, alors évidemment, tout le reste en pâtit, à plus forte raison quand mon travail actuel ne peut que me mettre en état-limite vu sa nature. Pas étonnant que je sois bloqué. J'ai du travail à faire, donc. Il y a en effet des choix de vie à faire...
Merci pour vos messages.
Je ne vais pas pouvoir revenir sur tout là. Je suis d'accord avec @Iridiane par rapport à la différence entre le secondaire et l'université. Bien entendu, je suis conscient que c'est la crise à l'université aussi et que beaucoup d'universitaires sont à bout ou complètement surchargés... mais les deux métiers ont des contours différents.
J'ai fait la réunion parents-PP de ma seconde... sans pouvoir projeter le powerpoint préparé (merci la haute technologie neuve de l'établissement qui dysfonctionne dans une douzaine de salles ), et avec trop de caféine dans mon organisme pour ne pas avoir des airs de Balthazar Claës (au mieux). J'ai eu un peu peur en entendant une parent d'élève déclarer que "ce n'était pas qu'aux élèves de faire des efforts, les professeurs devaient en faire aussi" (elle n'a pas élaboré et on est passé à autre chose, je ne me sentais pas trop d'attaque pour voir exactement à quoi elle pensait). J'ai eu surtout un moment de dissociation ironique car j'ai été forcé de commenter (en disant que je n'y pouvais rien) l'absence de professeur dans une matière depuis la rentrée... alors que je suis allé acheter mercredi à la Fnac trois-quatre bons gros livres à propos d'autres concours de la fonction publique.
Je précise que j'ai candidaté en neuvième section (j'ai aussi été qualifié en 8e et 10e, mais c'est pour la gloire - enfin j'ai aussi un parcours de LC bien sûr, mais de ce côté-là, il n'y a pas de poste de médiolatin, évidemment.).
Vous avez évoqué l'étranger : encore faut-il la dispo/le congé ou que sais-je encore.
Il y a sans doute de cela.Iridiane a écrit:Quant à "vous allez gâcher votre talent dans le secondaire", c'est juste du mépris crasse.
Mais on peut aussi comprendre différemment une telle phrase en écartant la question du mépris. Par exemple : je rame dans le secondaire, je n'en avais pas la vocation directe et je ne suis guère "talentueux" dans ce cadre (mon inspecteur a été gentil, je crois, ma direction a aimé mon travail de PP entre autres, mais bon, à part ça :rolll:).
Il n'est pas impossible que je puisse être plus à ma place dans un tout autre type de poste sans trop de rapport avec tout ça, mais où je ne me sentirais pas écartelé et forcé de faire de la pédagogie et des trucs pour lesquels je ne suis pas bon et qui ne peuvent pas/plus me motiver.
Ce qui m'ennuie, au fond, c'est que mon tempérament est un obstacle général. Je suis trop introverti (et trop paresseux sur un autre plan - bon, paresseux pour quelqu'un qui a fait une grosse thèse hein). La dépression d'il y a quelques années et les effets de la crise Covid ne m'ont pas aidé non plus. Je n'arrive pas à me dépatouiller de la solitude, de la "peur" des autres, alors évidemment, tout le reste en pâtit, à plus forte raison quand mon travail actuel ne peut que me mettre en état-limite vu sa nature. Pas étonnant que je sois bloqué. J'ai du travail à faire, donc. Il y a en effet des choix de vie à faire...
- NihtFidèle du forum
Tu as un suivi psychologique @Ascagne ?
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Burnt me at the stake, you thought I was a witch
Centuries ago, now you just call me a bitch
Man's world, Marina
- DesolationRowEmpereur
En neuvième section c'est peut-être un peu moins bloqué qu'en huitième, comme le dit Iridiane.
- IridianeFidèle du forum
Ascagne, je suis d'accord avec ta réinterprétation de la phrase "vous allez gâcher votre talent", hélas je pense que, quand ça vient d'universitaires, cette phrase, même prononcée sans intention malveillante, transpire souvent un certain mépris.
Une anecdote à ce sujet. J'ai un jour fait une audition blanche avec une collègue MCF, au demeurant très sympathique à mon égard - la preuve en est qu'elle prenait sur son temps perso pour m'aider à me préparer à mes auditions. Je lui présente mon texte d'audition, et je commence par quelques mots du genre "j'ai commencé par enseigner dans le secondaire plusieurs années par choix blablabla" (je ne me souviens plus de la formule exacte). Ce qui était parfaitement exact, dans mon cas. Et là, lors du debrief, elle me dit "mais enfin, il ne faut surtout pas dire ça, personne ne va te croire et tout le monde sait bien que tu n'y es pas allée par choix!" Elle avait raison sur un point: personne dans le COS ne m'aurait sans doute crue. Donc j'ai changé la formule. Mais ce que j'ai trouvé fou, c'est qu'elle même ne m'a pas crue un seul instant! Comme si, pour certains universitaires, le secondaire était vraiment un travail indigne et dénué du moindre intérêt! J'avais trouvé cela vraiment assez choquant, même si j'apprécie par ailleurs cette collègue. Je peux comprendre qu'on ne veuille pas aller / rester dans le secondaire. Je suis d'accord qu'on a des qualifications qui correspondent à autre chose, c'est certain. Et je suis la première à avoir très vite au d'autres aspirations. Mais c'est souvent dit sur le même ton que "mais enfin, tu ne vas quand même pas faire caissière chez MacDo!" Aucun mépris de ma part pour les caissières au reste, mais c'est une question d'imaginaire de ces métiers: on a quand même passé un concours dont on savait qu'il nous menait possiblement vers le secondaire, qui reste un métier d'enseignement ni plus ni moins "noble" que l'enseignement supérieur (ou qu'autre chose, d'ailleurs!) Dire "tu gâches ton talent", c'est oublier que certaines personnes trouvent un intérêt à être dans le secondaire (même temporairement), apprécient le contact avec les élèves ou que sais-je encore, voire, peut-être, n'ont aucune envie d'enseigner dans le supérieur - ce n'est pas mon cas mais ça arrive, j'ai l'exemple d'une amie qui a passé l'agreg avec moi, qui a fait une thèse parce que ça l'intéressait mais qui compte rester dans son lycée où elle se trouve bien. Et alors? C'est tout à fait respectable et je ne crois pas qu'elle gâche ni son talent ni sa vie.
Pour ce qui est du reste, je pense (là encore sans te connaître bien sûr) que l'un de tes problèmes est que tu te dévalues beaucoup. Regarde, dans ton dernier message, tu écris "mon inspecteur a été gentil, je crois, ma direction a aimé mon travail de PP entre autres, mais bon, à part ça"... Eh bien, un bon retour de ton inspecteur et de ton chef d'établissement, moi je trouve que c'est quand très bien non? Et pareil tu dis "je suis trop paresseux - pour quelqu'un qui a fait une grosse thèse"... donc tu n'es pas du tout paresseux en fait! Tu as l'air de faire un très bon boulot dans le secondaire, d'avoir fait une super thèse, donc certes tu n'auras peut-être pas de poste dans le sup, mais tu as de grandes capacités que tu peux parfaitement mettre au service d'un autre projet si tu le souhaites. A mon humble avis, le travail sur toi-même commence par là: retrouver confiance en toi et en ta valeur. Et c'est aussi ça qui te permettra de sortir de la déprime et de l'introversion.
Une anecdote à ce sujet. J'ai un jour fait une audition blanche avec une collègue MCF, au demeurant très sympathique à mon égard - la preuve en est qu'elle prenait sur son temps perso pour m'aider à me préparer à mes auditions. Je lui présente mon texte d'audition, et je commence par quelques mots du genre "j'ai commencé par enseigner dans le secondaire plusieurs années par choix blablabla" (je ne me souviens plus de la formule exacte). Ce qui était parfaitement exact, dans mon cas. Et là, lors du debrief, elle me dit "mais enfin, il ne faut surtout pas dire ça, personne ne va te croire et tout le monde sait bien que tu n'y es pas allée par choix!" Elle avait raison sur un point: personne dans le COS ne m'aurait sans doute crue. Donc j'ai changé la formule. Mais ce que j'ai trouvé fou, c'est qu'elle même ne m'a pas crue un seul instant! Comme si, pour certains universitaires, le secondaire était vraiment un travail indigne et dénué du moindre intérêt! J'avais trouvé cela vraiment assez choquant, même si j'apprécie par ailleurs cette collègue. Je peux comprendre qu'on ne veuille pas aller / rester dans le secondaire. Je suis d'accord qu'on a des qualifications qui correspondent à autre chose, c'est certain. Et je suis la première à avoir très vite au d'autres aspirations. Mais c'est souvent dit sur le même ton que "mais enfin, tu ne vas quand même pas faire caissière chez MacDo!" Aucun mépris de ma part pour les caissières au reste, mais c'est une question d'imaginaire de ces métiers: on a quand même passé un concours dont on savait qu'il nous menait possiblement vers le secondaire, qui reste un métier d'enseignement ni plus ni moins "noble" que l'enseignement supérieur (ou qu'autre chose, d'ailleurs!) Dire "tu gâches ton talent", c'est oublier que certaines personnes trouvent un intérêt à être dans le secondaire (même temporairement), apprécient le contact avec les élèves ou que sais-je encore, voire, peut-être, n'ont aucune envie d'enseigner dans le supérieur - ce n'est pas mon cas mais ça arrive, j'ai l'exemple d'une amie qui a passé l'agreg avec moi, qui a fait une thèse parce que ça l'intéressait mais qui compte rester dans son lycée où elle se trouve bien. Et alors? C'est tout à fait respectable et je ne crois pas qu'elle gâche ni son talent ni sa vie.
Pour ce qui est du reste, je pense (là encore sans te connaître bien sûr) que l'un de tes problèmes est que tu te dévalues beaucoup. Regarde, dans ton dernier message, tu écris "mon inspecteur a été gentil, je crois, ma direction a aimé mon travail de PP entre autres, mais bon, à part ça"... Eh bien, un bon retour de ton inspecteur et de ton chef d'établissement, moi je trouve que c'est quand très bien non? Et pareil tu dis "je suis trop paresseux - pour quelqu'un qui a fait une grosse thèse"... donc tu n'es pas du tout paresseux en fait! Tu as l'air de faire un très bon boulot dans le secondaire, d'avoir fait une super thèse, donc certes tu n'auras peut-être pas de poste dans le sup, mais tu as de grandes capacités que tu peux parfaitement mettre au service d'un autre projet si tu le souhaites. A mon humble avis, le travail sur toi-même commence par là: retrouver confiance en toi et en ta valeur. Et c'est aussi ça qui te permettra de sortir de la déprime et de l'introversion.
- MatteoNiveau 10
Tu as un CV très impressionnant Ascagne, il ne faut pas te dévaloriser. Dans l'enseignement en général il y a une tendance très néfaste qui veut que si on a pas les plus brillants diplômes et la plus brillante carrière dès le début on est retard puis très vite on est nul. Les normaliens sur concours considèrent les normaliens sur dossier comme des ratés et à partir de là on déroule la hiérarchie des honneurs. En réalité à part dans ce milieu tu as un parcours qui ferait rougir n'importe qui. Si le secondaire ne te plait pas tu as raison de chercher des concours et tu y pars avantagé plutôt que non avantagé. Il faut voir quel métier t'irais pour rebondir vraiment et sortir de ce "je suis là par défaut" pour aller vers quelque chose qui naisse de la réussite et qui te plaise.
- Clecle78Bon génie
Dans mon précédent établissement j'ai eu plusieurs fois en lettres des collègues en attente de poste dans le supérieur et aucun n'avait choisi de venir dans le secondaire. C'était la purge nécessaire avant le Graal même si certains étaient de bons enseignants de lycée. Et tous sont partis dès que possible.
- IridianeFidèle du forum
Clecle78 a écrit:Dans mon précédent établissement j'ai eu plusieurs fois en lettres des collègues en attente de poste dans le supérieur et aucun n'avait choisi de venir dans le secondaire. C'était la purge nécessaire avant le Graal même si certains étaient de bons enseignants de lycée. Et tous sont partis dès que possible.
C'est effectivement le cas le plus fréquent et c'est compréhensible. Mais ce n'est pas une raison pour trouver méprisables les quelques personnes (qui, je le redis EXISTENT, j'en ai d'ailleurs fait partie un temps) qui font un autre choix. Au reste, même pour les gens qui n'ont pas forcément choisi d'être dans le secondaire, ça n'est pas forcément agréable de s'entendre répéter en boucle "tu gâches ton talent" - comme en témoigne le message d'Elaïna. Parce que bon, ça leur fait une belle jambe, hein. Parce que, le Graal, ça arrive qu'il ne vienne jamais, comme l'ont rappelé aussi Elaïna et DR, à raison - même si je ne suis pas aussi catégorique qu'eux sur l'impossibilité d'avoir un poste, il faut quand même être réaliste.
- Clecle78Bon génie
Oh ! Mais je suis mille fois d'accord ! J'ai aussi eu des collègues qui n'ont jamais eu le Graal et qui étaient finalement parfaitement heureux. En tout cas les personnes dont je parle ont toutes obtenu un poste rapidement dans le supérieur et ne sont restées qu'une année ou deux chez nous.Iridiane a écrit:Clecle78 a écrit:Dans mon précédent établissement j'ai eu plusieurs fois en lettres des collègues en attente de poste dans le supérieur et aucun n'avait choisi de venir dans le secondaire. C'était la purge nécessaire avant le Graal même si certains étaient de bons enseignants de lycée. Et tous sont partis dès que possible.
C'est effectivement le cas le plus fréquent et c'est compréhensible. Mais ce n'est pas une raison pour trouver méprisables les quelques personnes (qui, je le redis EXISTENT, j'en ai d'ailleurs fait partie un temps) qui font un autre choix. Au reste, même pour les gens qui n'ont pas forcément choisi d'être dans le secondaire, ça n'est pas forcément agréable de s'entendre répéter en boucle "tu gâches ton talent" - comme en témoigne le message d'Elaïna. Parce que bon, ça leur fait une belle jambe, hein. Parce que, le Graal, ça arrive qu'il ne vienne jamais, comme l'ont rappelé aussi Elaïna et DR, à raison - même si je ne suis pas aussi catégorique qu'eux sur l'impossibilité d'avoir un poste, il faut quand même être réaliste.
Moi j'ai bien entendu ma cousine ancienne prof d'EPS et finalement partie dans le supérieur m'expliquer tranquillement (à moi !) qu'elle ne voulait pas finir petit prof de merde dans un petit collège de merde. J'avais beaucoup apprécié cette délicatesse à l'époque. Elle avait dû reprendre un poste dans le secondaire à un moment et avait tenu 6 semaines avant de démissionner définitivement.
- IridianeFidèle du forum
Charmante, la cousine
En fait c'est surtout ça le problème, c'est que certaines personnes n'ont aucun filtre et partent du principe que c'est une évidence partagée que "le secondaire c'est de la merde / c'est pour les nuls / c'est l'enfer". Personnellement, et avec mon expérience, je vois les choses ainsi: le secondaire a été une période très riche pour moi, professionnellement et humainement j'y ai appris plein de choses et cela a vraiment forgé ma personnalité d'enseignante. Seulement, au bout de quelques années, je m'y suis ennuyée intellectuellement, je me suis desséchée et, en parallèle, la dégradation objective et dramatique des conditions de travail (qui existent aussi à la fac mais à mon avis dans une très moindre mesure) m'ont convaincue de tout faire pour en partir et faire quelque chose qui était davantage dans mes aspirations à ce moment-là. Mais c'est mon expérience, elle n'est pas universalisable, et je ne me permettrais en aucun cas de juger qu'un enseignant dans le secondaire "gâche son talent". Et, même si ça paraît sans doute un peu hypocrite de la part de quelqu'un qui en est parti, je pense qu'il est très salutaire, dans l'absolu, que des gens avec une formation très solide soient dans le secondaire - à condition, en effet, que ce ne soit pas contre leur gré, sinon c'est délétère. Et ça l'est bien souvent (contre leur gré et délétère) surtout parce que les conditions de travail sont pourries et que ces personnes n'y trouvent malheureusement pas la reconnaissance qu'elles devraient y trouver - qui pourrait prendre la forme d'une décharge pour faire de la recherche pour les enseignants docteurs, par exemple, ou tout autre forme à laquelle je n'ai pas forcément réfléchi, mais qui permettrait que le fait de rester dans le secondaire ne soit pas vécu comme une punition et ne suscite ni mépris ni aigreur. Actuellement, on en est loin.
En fait c'est surtout ça le problème, c'est que certaines personnes n'ont aucun filtre et partent du principe que c'est une évidence partagée que "le secondaire c'est de la merde / c'est pour les nuls / c'est l'enfer". Personnellement, et avec mon expérience, je vois les choses ainsi: le secondaire a été une période très riche pour moi, professionnellement et humainement j'y ai appris plein de choses et cela a vraiment forgé ma personnalité d'enseignante. Seulement, au bout de quelques années, je m'y suis ennuyée intellectuellement, je me suis desséchée et, en parallèle, la dégradation objective et dramatique des conditions de travail (qui existent aussi à la fac mais à mon avis dans une très moindre mesure) m'ont convaincue de tout faire pour en partir et faire quelque chose qui était davantage dans mes aspirations à ce moment-là. Mais c'est mon expérience, elle n'est pas universalisable, et je ne me permettrais en aucun cas de juger qu'un enseignant dans le secondaire "gâche son talent". Et, même si ça paraît sans doute un peu hypocrite de la part de quelqu'un qui en est parti, je pense qu'il est très salutaire, dans l'absolu, que des gens avec une formation très solide soient dans le secondaire - à condition, en effet, que ce ne soit pas contre leur gré, sinon c'est délétère. Et ça l'est bien souvent (contre leur gré et délétère) surtout parce que les conditions de travail sont pourries et que ces personnes n'y trouvent malheureusement pas la reconnaissance qu'elles devraient y trouver - qui pourrait prendre la forme d'une décharge pour faire de la recherche pour les enseignants docteurs, par exemple, ou tout autre forme à laquelle je n'ai pas forcément réfléchi, mais qui permettrait que le fait de rester dans le secondaire ne soit pas vécu comme une punition et ne suscite ni mépris ni aigreur. Actuellement, on en est loin.
- ElaïnaDevin
Voilà, le truc c'est qu'en effet ça me fait une belle jambe qu'on me dise que je gâche mon talent dans le secondaire. Non, ça ne m'amuse pas du tout de faire la police dans certaines classes, cette année ce sont mes premières qui sont infects, mais à côté une terminale sympa, une seconde très bien et un groupe de spé honorable, donc je m'en accommode. Je pense ne pas faire un moins mauvais job que les autres et j'ai pas mal de temps pour moi, les chevaux, mes enfants etc. Je fais quelques travaux de recherche quand j'ai le temps et l'envie, je postule en CPGE parce que voilà c'est pas compliqué, et je m'arrête là. Espérer un poste, me dire que le secondaire est une purge avant le Graal, ça n'a pas tellement de sens de toute façon, ça me ferait juste mal inutilement. Et puis, bon, oui, mon métier me convient, finalement. Soit dit en passant, ce qui me fait le plus mal dans tout ça, c'est mon mari qui ne comprend pas vraiment que je veuille rester professeur dans le secondaire (il ne dit pas "petite prof de merde dans un lycée de merde", mais bon, clairement, il le pense). Pour lui, je devrais "avoir des projets", "bâtir ma carrière" et autres trucs de start up nation. Il ne comprend pas, ne comprendra jamais, que je puisse avoir trouvé ma place là où je suis.
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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
Ma page Facebook https://www.facebook.com/Lire-le-Japon-106902051582639
- IridianeFidèle du forum
Voilà, on peut aussi parfaitement, sans être pour autant ravi, s'en accommoder et mettre d'autres choses au centre de sa vie. Moi personnellement - et encore une fois c'est mon expérience - je ne voulais plus à aucun prix rester plus longtemps dans le secondaire, le rejet a été dans mon cas total et violent au bout de quelques années. Donc j'ai fait le choix de tenter le supérieur et j'ai tout donné pour ça pendant plusieurs années, avec, tant mieux pour moi, un succès à la clef. Mais ce succès aurait pu ne pas advenir, et dans ce cas, pas question de m'en accommoder parce que je n'arrivais pas à m'y résoudre. J'avais donc pour projet de me reconvertir. Mais c'est à chacun.e de mesurer ce qui est acceptable pour elle ou lui dans son métier. Et je comprends très bien la position qui est la tienne Elaïna, si elle te permet de mener ta vie comme tu l'entends sans trop te coûter. Pour ce qui est des remarques de ton mari, par contre, ça ne doit pas être très facile à vivre, mais je pense vraiment qu'il y a un gouffre d'incompréhension entre les enseignants et - pour faire simple et caricaturer un peu - le "monde de l'entreprise". Pour le coup, j'aurais préféré rester dans le secondaire, malgré mon rejet, plutôt que de partir dans un délire de Start-up nation.
- ElaïnaDevin
Voilà, c'est ce que je lui explique quand il me dit qu'avec mes compétences/diplômes/connaissances je pourrais avoir un vrai super boulot. Je lui réponds souvent que je préfère être professeur en lycée que dépressive et suicidée dans une start up ou n'importe quelle boîte.
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- NicétasNiveau 9
[HS partiel. Les derniers messages font écho aux discussions que j'ai pu avoir avant hier avec un ingénieur haut placé dans une entreprise ; son propos était bourré de condescendance et de préjugés sur notre métier, que ce soit le secondaire ou le supérieur (on est fermé) et faisait l'apologie de la superficialité (il faut s'ouvrir, changer de travail régulièrement pour montrer qu'on est ouvert) au mépris de l'intérêt général et du sens de la fonction publique. Mes propos sur l’importance de maîtriser patiemment une matière, construire un travail de qualité, sur le fait qu'on était aussi censé ouvrir les élèves et étudiants, que l'ouverture d'esprit c'est une qualité importante chez les enseignants, bof. J'étais un peu écœuré et déstabilisé devant ce mépris, asséné de haut avec je pense les meilleures intentions du monde, qui s'ignorait. Jamais je ne me permets de faire la leçon comme ça à quelqu'un que je ne connais pas.]
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« Quand un discours naturel peint une passion ou un effet, on trouve dans soi-même la vérité de ce qu'on entend, laquelle on ne savait pas qu'elle y fût, en sorte qu'on est porté à aimer celui qui nous le fait sentir ; car il ne nous a pas fait montre de son bien, mais du nôtre ; et ainsi ce bienfait nous le rend aimable, outre que cette communauté d'intelligence que nous avons avec lui incline nécessairement le cœur à l'aimer. »
Pascal, Pensées
- IridianeFidèle du forum
Deux choses dans ce que tu dis Nicétas:
1/ Ces propos sont typiques de l'idéologie que je qualifierais, pour faire simple, de "macroniste" (ce qu'on appelait plus haut la "Start up nation"). En plus d'être idiots et dénués de toute culture (ce qui est déjà un problème), ces gens sont nuisibles, et cette idée d'"ouverture d'esprit", sous un jour positif, cache en fait une instabilité permanente dont les plus précaires sont les victimes. Je ne vais pas trop détailler pour ne pas faire de politique générale sur ce fil, mais François Ruffin a fait une vidéo intéressante récemment sur l'idéal de "vie liquide" prôné par le gouvernement, là où la société a besoin de stabilité et de solidité (cf ce que tu dis sur le service public).
2/ Ta dernière phrase "Jamais je ne me permets de faire la leçon comme ça à quelqu'un que je ne connais pas" résonne beaucoup pour moi. En effet, JAMAIS je ne me permets de faire des remarques ou de donner des avis sur les métiers des gens que je ne connais pas, y compris d'ailleurs quand je n'en pense pas moins. Quand je rencontre quelqu'un à une soirée ou autre qui m'explique qu'il travaille dans la banque, ou dans une Start up, ou qu'il a fait une école de commerce, évidemment, je ne vais pas mentir, je le juge très fort intérieurement, mais en apparence je reste impassible et polie et je pose quelques questions en répondant "ah d'accord", éventuellement je remets un ou deux trucs en question mais toujours poliment. Ça me paraît être les bases de la POLITESSE en fait. Eh bien, ce qui me fascine, c'est qu'il est apparemment admis au sein de la société que cette politesse vaut pour tout le monde SAUF pour les profs (et sans doute quelques autres métiers). Là, c'est festival, on peut tranquillou porter des jugements, les insulter, remettre en cause leur travail... Au mépris de toute courtoisie élémentaire. Je me rappelle d'une engueulade avec mon compagnon, un jour où l'une de ses amies m'avait exposé fort doctement ce qu'elle pensait du grand oral en m'expliquant que c'était vraiment formidaaaable (je passe sur ses arguments, ça n'a absolument aucun intérêt), j'avais patiemment expliqué que non en lui rappelant qu'elle n'y connaissait rien, et elle s'était vexée et avait ensuite refusé de me parler durant le reste de la soirée. Et mon compagnon de me dire "t'exagères elle avait bien le droit de donner son avis". Eh bien non, moi je ne me pointe pas devant les gens en leur donnant mon AVIS sorti de nulle part sur leur profession, et même quand je n'en pense pas moins, je m'abstiens parce que j'ai été éduquée à vivre en société, merci bien.
1/ Ces propos sont typiques de l'idéologie que je qualifierais, pour faire simple, de "macroniste" (ce qu'on appelait plus haut la "Start up nation"). En plus d'être idiots et dénués de toute culture (ce qui est déjà un problème), ces gens sont nuisibles, et cette idée d'"ouverture d'esprit", sous un jour positif, cache en fait une instabilité permanente dont les plus précaires sont les victimes. Je ne vais pas trop détailler pour ne pas faire de politique générale sur ce fil, mais François Ruffin a fait une vidéo intéressante récemment sur l'idéal de "vie liquide" prôné par le gouvernement, là où la société a besoin de stabilité et de solidité (cf ce que tu dis sur le service public).
2/ Ta dernière phrase "Jamais je ne me permets de faire la leçon comme ça à quelqu'un que je ne connais pas" résonne beaucoup pour moi. En effet, JAMAIS je ne me permets de faire des remarques ou de donner des avis sur les métiers des gens que je ne connais pas, y compris d'ailleurs quand je n'en pense pas moins. Quand je rencontre quelqu'un à une soirée ou autre qui m'explique qu'il travaille dans la banque, ou dans une Start up, ou qu'il a fait une école de commerce, évidemment, je ne vais pas mentir, je le juge très fort intérieurement, mais en apparence je reste impassible et polie et je pose quelques questions en répondant "ah d'accord", éventuellement je remets un ou deux trucs en question mais toujours poliment. Ça me paraît être les bases de la POLITESSE en fait. Eh bien, ce qui me fascine, c'est qu'il est apparemment admis au sein de la société que cette politesse vaut pour tout le monde SAUF pour les profs (et sans doute quelques autres métiers). Là, c'est festival, on peut tranquillou porter des jugements, les insulter, remettre en cause leur travail... Au mépris de toute courtoisie élémentaire. Je me rappelle d'une engueulade avec mon compagnon, un jour où l'une de ses amies m'avait exposé fort doctement ce qu'elle pensait du grand oral en m'expliquant que c'était vraiment formidaaaable (je passe sur ses arguments, ça n'a absolument aucun intérêt), j'avais patiemment expliqué que non en lui rappelant qu'elle n'y connaissait rien, et elle s'était vexée et avait ensuite refusé de me parler durant le reste de la soirée. Et mon compagnon de me dire "t'exagères elle avait bien le droit de donner son avis". Eh bien non, moi je ne me pointe pas devant les gens en leur donnant mon AVIS sorti de nulle part sur leur profession, et même quand je n'en pense pas moins, je m'abstiens parce que j'ai été éduquée à vivre en société, merci bien.
- NicétasNiveau 9
Merci Iridiane d'avoir pris le temps d'écrire cela, la lecture de tels propos fait du bien !
En fait, je me rends compte que je suis déjà désillusionné, à 28 ans, sur à peu près tout ce qui concerne un métier que j'ai toujours voulu exercer, et que je veux toujours exercer que ce soit dans le secondaire ou dans le supérieur ^^
En fait, je me rends compte que je suis déjà désillusionné, à 28 ans, sur à peu près tout ce qui concerne un métier que j'ai toujours voulu exercer, et que je veux toujours exercer que ce soit dans le secondaire ou dans le supérieur ^^
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« Quand un discours naturel peint une passion ou un effet, on trouve dans soi-même la vérité de ce qu'on entend, laquelle on ne savait pas qu'elle y fût, en sorte qu'on est porté à aimer celui qui nous le fait sentir ; car il ne nous a pas fait montre de son bien, mais du nôtre ; et ainsi ce bienfait nous le rend aimable, outre que cette communauté d'intelligence que nous avons avec lui incline nécessairement le cœur à l'aimer. »
Pascal, Pensées
- MathadorEmpereur
Il y a ceux qui fonctionnent comme Saccard dans L'Argent de Zola, et ceux qui fonctionnent comme Gundermann…Nicétas a écrit:[HS partiel. Les derniers messages font écho aux discussions que j'ai pu avoir avant hier avec un ingénieur haut placé dans une entreprise ; son propos était bourré de condescendance et de préjugés sur notre métier, que ce soit le secondaire ou le supérieur (on est fermé) et faisait l'apologie de la superficialité (il faut s'ouvrir, changer de travail régulièrement pour montrer qu'on est ouvert) au mépris de l'intérêt général et du sens de la fonction publique. Mes propos sur l’importance de maîtriser patiemment une matière, construire un travail de qualité, sur le fait qu'on était aussi censé ouvrir les élèves et étudiants, que l'ouverture d'esprit c'est une qualité importante chez les enseignants, bof. J'étais un peu écœuré et déstabilisé devant ce mépris, asséné de haut avec je pense les meilleures intentions du monde, qui s'ignorait. Jamais je ne me permets de faire la leçon comme ça à quelqu'un que je ne connais pas.]
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"There are three kinds of lies: lies, damned lies, and statistics." (cité par Mark Twain)
« Vulnerasti cor meum, soror mea, sponsa; vulnerasti cor meum in uno oculorum tuorum, et in uno crine colli tui.
Quam pulchrae sunt mammae tuae, soror mea sponsa! pulchriora sunt ubera tua vino, et odor unguentorum tuorum super omnia aromata. » (Canticum Canticorum 4:9-10)
- NicétasNiveau 9
Mathador a écrit:Il y a ceux qui fonctionnent comme Saccard dans L'Argent de Zola, et ceux qui fonctionnent comme Gundermann…Nicétas a écrit:[HS partiel. Les derniers messages font écho aux discussions que j'ai pu avoir avant hier avec un ingénieur haut placé dans une entreprise ; son propos était bourré de condescendance et de préjugés sur notre métier, que ce soit le secondaire ou le supérieur (on est fermé) et faisait l'apologie de la superficialité (il faut s'ouvrir, changer de travail régulièrement pour montrer qu'on est ouvert) au mépris de l'intérêt général et du sens de la fonction publique. Mes propos sur l’importance de maîtriser patiemment une matière, construire un travail de qualité, sur le fait qu'on était aussi censé ouvrir les élèves et étudiants, que l'ouverture d'esprit c'est une qualité importante chez les enseignants, bof. J'étais un peu écœuré et déstabilisé devant ce mépris, asséné de haut avec je pense les meilleures intentions du monde, qui s'ignorait. Jamais je ne me permets de faire la leçon comme ça à quelqu'un que je ne connais pas.]
Merci pour la comparaison, et surtout de m'avoir fait découvrir Gundermann que je ne connaissais pas.
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« Quand un discours naturel peint une passion ou un effet, on trouve dans soi-même la vérité de ce qu'on entend, laquelle on ne savait pas qu'elle y fût, en sorte qu'on est porté à aimer celui qui nous le fait sentir ; car il ne nous a pas fait montre de son bien, mais du nôtre ; et ainsi ce bienfait nous le rend aimable, outre que cette communauté d'intelligence que nous avons avec lui incline nécessairement le cœur à l'aimer. »
Pascal, Pensées
- marjoDoyen
Elaïna a écrit:Voilà, c'est ce que je lui explique quand il me dit qu'avec mes compétences/diplômes/connaissances je pourrais avoir un vrai super boulot. Je lui réponds souvent que je préfère être professeur en lycée que dépressive et suicidée dans une start up ou n'importe quelle boîte.
HS : moi je suis agrégée et prof au collège, alors tu imagines ce que certains peuvent penser de moi...
(En début de carrière, je voulais à tout prix aller au lycée, ce qui est extrêmement difficile dans ma discipline. Maintenant que la réforme est passée par là et que j'ai vu ce à quoi ressemblait le lycée, je ne souhaite pas vraiment y retourner).
- ElaïnaDevin
Un jour j'ai vu rouge en apprenant qu'il me présentait comme "professeur, en lycée, mais aussi en classe préparatoire" (ce qui n'est pas vrai, je suis colleuse, ça se traduit par larbin), genre professeur en lycée seulement c'est vraiment trop la honte. ça part d'un bon sentiment à la base, mais au fond, c'est problématique.
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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
Ma page Facebook https://www.facebook.com/Lire-le-Japon-106902051582639
- IridianeFidèle du forum
C’est vraiment dingue que ce soit devenu honteux d’être prof de lycée (ou de collège)… ça me dépasse totalement…
- Clecle78Bon génie
Je suis totalement d'accord avec ça et je préviens maintenant quand les gens commencent à déblatérer sur les profs que je n'accepterai pas de jugement à l'emporte pièce, basé uniquement sur le prof de maths de chérizou ou la prof d'histoire de chérizette, ou les vacances. Bien sûr j'ai droit à des réflexions sur mon manque d'ouverture ou d'humour mais rien à fiche. Même si je suis à la retraite il n'est pas question que je laisse dénigrer le métier que j'ai exercé toute ma vie. Ces gens ne savent absolument pas de quoi ils parlent et leurs propos de café du commerce nous ont fait un mal fou tout au long des années. Honnêtement je ne vois pas autour de moi de personnes qui abordent immédiatement un plombier en lui demandant comment il arnaque ses clients ou un flic pour critiquer les contrôles au faciès.Iridiane a écrit:Deux choses dans ce que tu dis Nicétas:
1/ Ces propos sont typiques de l'idéologie que je qualifierais, pour faire simple, de "macroniste" (ce qu'on appelait plus haut la "Start up nation"). En plus d'être idiots et dénués de toute culture (ce qui est déjà un problème), ces gens sont nuisibles, et cette idée d'"ouverture d'esprit", sous un jour positif, cache en fait une instabilité permanente dont les plus précaires sont les victimes. Je ne vais pas trop détailler pour ne pas faire de politique générale sur ce fil, mais François Ruffin a fait une vidéo intéressante récemment sur l'idéal de "vie liquide" prôné par le gouvernement, là où la société a besoin de stabilité et de solidité (cf ce que tu dis sur le service public).
2/ Ta dernière phrase "Jamais je ne me permets de faire la leçon comme ça à quelqu'un que je ne connais pas" résonne beaucoup pour moi. En effet, JAMAIS je ne me permets de faire des remarques ou de donner des avis sur les métiers des gens que je ne connais pas, y compris d'ailleurs quand je n'en pense pas moins. Quand je rencontre quelqu'un à une soirée ou autre qui m'explique qu'il travaille dans la banque, ou dans une Start up, ou qu'il a fait une école de commerce, évidemment, je ne vais pas mentir, je le juge très fort intérieurement, mais en apparence je reste impassible et polie et je pose quelques questions en répondant "ah d'accord", éventuellement je remets un ou deux trucs en question mais toujours poliment. Ça me paraît être les bases de la POLITESSE en fait. Eh bien, ce qui me fascine, c'est qu'il est apparemment admis au sein de la société que cette politesse vaut pour tout le monde SAUF pour les profs (et sans doute quelques autres métiers). Là, c'est festival, on peut tranquillou porter des jugements, les insulter, remettre en cause leur travail... Au mépris de toute courtoisie élémentaire. Je me rappelle d'une engueulade avec mon compagnon, un jour où l'une de ses amies m'avait exposé fort doctement ce qu'elle pensait du grand oral en m'expliquant que c'était vraiment formidaaaable (je passe sur ses arguments, ça n'a absolument aucun intérêt), j'avais patiemment expliqué que non en lui rappelant qu'elle n'y connaissait rien, et elle s'était vexée et avait ensuite refusé de me parler durant le reste de la soirée. Et mon compagnon de me dire "t'exagères elle avait bien le droit de donner son avis". Eh bien non, moi je ne me pointe pas devant les gens en leur donnant mon AVIS sorti de nulle part sur leur profession, et même quand je n'en pense pas moins, je m'abstiens parce que j'ai été éduquée à vivre en société, merci bien.
- ElaïnaDevin
Dans le groupe facebook des "mamans" de ma ville, je me suis récemment écharpée avec une bonne femme qui a commencé à parler de "l'absentéisme" des profs du lycée public du coin, qui l'avait poussée à mettre ses gosses dans la boîte privée de la ville, ajoutant "j'ai fait ça et j'assume" (quand on emploie ce verbe, c'est 90 % du temps un moyen de détecter le gros c* prétentieux). J'ai répondu posément que parler d'absentéisme était au mieux maladroit, au pire diffamatoire. D'autres bonnes femmes me sont tombé dessus en mode ouin ouin vous êtes virulente Madame Elaïna. Evidemment, comme je suis un peu chafouine, je leur ai dit que les mots avaient un sens et que si elles ignoraient le sens d'absentéisme, c'était grave, et que si elles ne l'ignoraient pas, c'était encore plus grave. Bref, ces bonnes femmes ont ensuite chouiné que je n'étais pas bienveillante (le sommet de l'angoisse sur les groupes fb). J'avoue qu'elles m'ont pas mal agacée. Mais enfin si elles sont assez bêtes pour dépenser du fric pour avoir ce que fait le lycée public du coin gratuitement, ma foi...
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- roxanneOracle
Surtout en ce moment. D'ailleurs, j'ai lu sur un article consacré à notre malheureux collègue assassiné, qu'il était agrégé et que par choix, il enseignait au lycée.Iridiane a écrit:C’est vraiment dingue que ce soit devenu honteux d’être prof de lycée (ou de collège)… ça me dépasse totalement…
Bref.
- IridianeFidèle du forum
Oui tu as raison Roxanne, c’est d’autant plus fou en ce moment.
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