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- SeismiMineNiveau 5
> vous pointez avec humour une dérive fondamentale de ces systèmes : la surveillance des élèves. Saviez-vous que certains lycées en Chine filment les élèves et transmettent à l'enseignant des "niveaux de concentration" ? La surveillance est dénoncée par Wayne Holmes, l'un des chercheurs les plus pointus dans le domaine de l'IA et l'Education. Il me semble qu'il est nécessaire de définir des limites précises à ces outils !
Attention avec les comparaisons avec la Chine. La surveillance des étudiants faite là-bas, même si officiellement "pour les aider à bien progresser, etc" est officieusement un flicage pur et simple.
Cela sort donc du cadre de l'intérêt pédagogique, qui est le thème de ce topic.
De même, l'omniprésence du smartphone/tablette là-bas donne plutôt du côté scolaire des méthodes de contrôle plus fines (où est l'élève et à quelle heure, qui a participé au sondage, qui a eu trop de mauvaises notes, etc) que des applications intéressantes du côté pédagogique (disons des façons de travailler qui justifieraient au moins un peu le coût engendré par ce volume d'appareils électroniques et par leur utilisation permanente).
Attention avec les comparaisons avec la Chine. La surveillance des étudiants faite là-bas, même si officiellement "pour les aider à bien progresser, etc" est officieusement un flicage pur et simple.
Cela sort donc du cadre de l'intérêt pédagogique, qui est le thème de ce topic.
De même, l'omniprésence du smartphone/tablette là-bas donne plutôt du côté scolaire des méthodes de contrôle plus fines (où est l'élève et à quelle heure, qui a participé au sondage, qui a eu trop de mauvaises notes, etc) que des applications intéressantes du côté pédagogique (disons des façons de travailler qui justifieraient au moins un peu le coût engendré par ce volume d'appareils électroniques et par leur utilisation permanente).
- beaverforeverNeoprof expérimenté
(Clause de non-responsabilité : je réponds sans avoir lu l'article, mes jugements sont donc superficiels.)guz a écrit:@Asteroiide l'article que tu cites (Effectiveness of Intelligent Tutoring Systems: A Meta-Analytic Review James A. Kulik, J. D. Fletcher, 2016) oscille entre l'enthousiasme et la réalité :
"Average ES on studies with local tests was 0.73; average ES on studies with standardized tests was 0.13"
Rappelons qu'une taille d'effet de 0,13 écart-type, c'est une mesure particulièrement médiocre pour un dispositif pédagogique coûteux. Si le dispositif était quasi gratuit (du type "dire 'Bonjour à tous' en début de cours") alors cela vaudrait la peine de le mettre en œuvre, mais pour quelque chose d'aussi lourd qu'intégrer l'IA à l'éducation, c'est un indice fort d'inefficience.
Pour avoir un ordre de grandeur : en-dessous de 0,2 écart type, c'est une taille d'effet très faible, de l'ordre de la progression que les élèves obtiendrait avec un minimum de soutien de l'enseignant; une taille d'effet de 0,4 est moyenne, c'est la progression moyenne mesurée des élèves en un an; on peut parler d'intervention efficace à partir de 0,7, voire plutôt de 1.
Par ailleurs, il existe des interventions bien moins coûteuses qui font aussi bien ou mieux : faire des évaluations formatives fait 0,48 ; donner des buts clairs fait 0,48; améliorer les relations enseignants-élèves fait 0,52; l'apprentissage espacé fait 0,6 ; ne pas étiqueter les élèves fait 0,61; assurer la clarté de l'enseignant fait 0,75 ou mettre en place des discussions de classe fait 0,82.
Je remets (encore) le même graphique.
- Spoiler:
Je te trouve un peu dur. Tu pointes que l'utilisation de l'IA ne garantit pas le transfert, ce qui est sans doute vrai. Mais le problème, c'est qu'il n'existe pas de méthode pédagogique qui garantissent un transfert court ou long. C'est un peu le Graal de la recherche pédagogique. Alors, peut-être qu'elles existent, mais elles sont encore à identifier/découvrir.Ce qui veut dire que l'IA marche bien pour des tests ad hoc mais échoue totalement avec des tests étalonnés (qui examinent réellement s'il y a eu progression cognitive générale). Dit d'une autre manière, la mesure qui vérifie qu'une certaine classe d'exos particuliers est maîtrisée est positive, mais il n'y a pas de progression générale. Ça pose quand même un gros problème, que je soupçonnais, d'inefficacité en terme d'autonomie cognitive.
- DeliaEsprit éclairé
H.S. :Intelligence artificielle, magnifique oxymore !
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Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- guzNiveau 5
@beaverforeverje ne suis pas dur du tout, je constate seulement qu'une IA, qui n'est rien d'autre qu'un classificateur d'exos, n'est absolument pas capable - et ne le sera sans doute jamais - de faire autre chose qu'un médiocre bachotage évolutif ("l'adaptation au niveau", dont on connaît au passage déjà les résultats d'ensemble dans l'EN puisque cela a été la principale ligne directrice de toutes les réformes de ces 30 dernières années).
Quant au Graal, on le trouve en partie dans "Mets-toi ça dans la tête !" de Brown, Roediger et Mcdaniel qui ne font pas les surprenantes erreurs d’interprétation d'Hattie (qui reste un très bon et salutaire compilateur) et qui donne les clefs pour y accéder.
Quant au Graal, on le trouve en partie dans "Mets-toi ça dans la tête !" de Brown, Roediger et Mcdaniel qui ne font pas les surprenantes erreurs d’interprétation d'Hattie (qui reste un très bon et salutaire compilateur) et qui donne les clefs pour y accéder.
- beaverforeverNeoprof expérimenté
Disons qu'une IA en éducation devrait être capable de construire des profils des élèves et des profils d'exercices puis de les mettre en adéquation. Si les données sont de qualité, l'IA pourra être très efficace dans cette tâche, comme l'IA de YouTube marie des wiewers avec des vidéos. Si cela fonctionne vraiment cela pourrait soulager l'enseignant du poids cognitif de la différenciation.
Les principaux enjeux d'une telle IA me semble :
- la qualité des données ;
- concevoir un score à maximiser qui mesure le fait que l'élève clique sur un nouvel exercice ;
- concevoir un deuxième score à maximiser qui mesure la progression (idéalement à long terme) des élèves.
Le second score me semble difficile à concevoir, et surtout il y a une contradiction entre le score 1 et le score 2 : pour faire cliquer les élèves, l'exercice proposé doit être facile mais pour faire progresser, les exercices doivent être difficiles.
Les principaux enjeux d'une telle IA me semble :
- la qualité des données ;
- concevoir un score à maximiser qui mesure le fait que l'élève clique sur un nouvel exercice ;
- concevoir un deuxième score à maximiser qui mesure la progression (idéalement à long terme) des élèves.
Le second score me semble difficile à concevoir, et surtout il y a une contradiction entre le score 1 et le score 2 : pour faire cliquer les élèves, l'exercice proposé doit être facile mais pour faire progresser, les exercices doivent être difficiles.
- SphinxProphète
beaverforever a écrit:comme l'IA de YouTube marie des wiewers avec des vidéos
Vu ce que me propose Youtube (des vidéos dont je ne sais pas ce que ça fait là, des trucs que j'ai déjà vus, et peut-être en étant généreux 5% de propositions pertinentes), je ne sais pas si c'est un exemple très engageant
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An education was a bit like a communicable sexual disease. It made you unsuitable for a lot of jobs and then you had the urge to pass it on. - Terry Pratchett, Hogfather
"- Alors, Obélix, l'Helvétie c'est comment ? - Plat."
- Carrie7Niveau 9
J'ai répondu au sondage ; le thème est intéressant mais comme déjà dit, avec la meilleure volonté du monde, j'ai du mal à percevoir comment un système tel que celui qui est proposé pourrait m'aider efficacement dans ma pratique de prof : le plus gros boulot, c'est quand même de concevoir une banque d'exercices pertinente, et ça on devra toujours le faire ; quand à analyser la progression des élèves, il me semble qu'un logiciel ne fera pas mieux que nous en passant dans les rangs / en faisant de courtes évals formatives, et surtout il ne prendra pas en compte la "température" de la classe, l'état de fatigue et de concentration des élèves à telle ou telle période ou sur un créneau horaire, que nous avons l'habitude de prendre en compte.
- ZybulkaHabitué du forum
Et puis j'ajouterais que même si une IA était capable de prendre en compte, via des capteurs sophistiqués, tous les ajustements qu'on pratique au quotidien en tant que profs (par exemple proposer des exercices plus répétitifs en fin de journée ou s'il fait chaud, reformuler la consigne en cas de sourcils froncés, donner un encouragement si l'élève traîne sur l'exo...), se pose quand même la question de l'utilité de ce truc : est-ce bien nécessaire de faire travailler de nombreuses personnes pour mettre au point un logiciel qui permette d'embaucher moins de profs ? Est-ce qu'on ne pourrait pas tout simplement utiliser le temps et l'énergie mis à élaborer cette IA à accompagner les élèves ?
Plus généralement, je trouve que le monde post-covid, où l'on pense que nos vies entières peuvent se dérouler par écrans interposés, du jeu en ligne au cours en distanciel, du télétravail à l'apéro-zoom, est quand même bien flippant... Les téléphones et les réseaux "sociaux" avaient déjà lancé le processus d'une vie qui ne se vit plus en direct mais via ce qu'on en prélève, expose et met en scène sur insta et consorts, mais là on atteint un niveau de "télévie" qui interroge je trouve.
Plus généralement, je trouve que le monde post-covid, où l'on pense que nos vies entières peuvent se dérouler par écrans interposés, du jeu en ligne au cours en distanciel, du télétravail à l'apéro-zoom, est quand même bien flippant... Les téléphones et les réseaux "sociaux" avaient déjà lancé le processus d'une vie qui ne se vit plus en direct mais via ce qu'on en prélève, expose et met en scène sur insta et consorts, mais là on atteint un niveau de "télévie" qui interroge je trouve.
- TrucOuBiduleHabitué du forum
Assez d'accord avec Zybulka. Mais on pourra se rassurer en notant pour l'instant le "flop" du metavers de FB...
- beaverforeverNeoprof expérimenté
L'IA de YouTube est pourtant considérée comme l'une des plus puissantes et des plus abouties par les spécialistes du domaine : elle propose des centaines de millions de recommandations par seconde et dirige ainsi la vie intellectuelle de milliards d'humains.Sphinx a écrit:beaverforever a écrit:comme l'IA de YouTube marie des wiewers avec des vidéos
Vu ce que me propose Youtube (des vidéos dont je ne sais pas ce que ça fait là, des trucs que j'ai déjà vus, et peut-être en étant généreux 5% de propositions pertinentes), je ne sais pas si c'est un exemple très engageant
Or, comme son score à maximiser est la durée de visionage, cela pose de terribles problèmes éthiques : faut-il favoriser des contenus médiocres, mais vus en masse, ou de qualité, mais qui réduiraient l'audience et les revenus publicitaires.
- guzNiveau 5
Quelques recherches pascales sur ce genre d'IA :
- chapitre I : la "cartographie des savoirs", issue de la recherche publique (Cyrille Desmoulins, Hamid Chaachoua de Grenoble), je n'ai pas trouvé trace du corpus d'études qui semble avoir été absorbé et privatisé par la société Educlever partenaire de l'étude http://metah.imag.fr/?page_id=79 et https://web.archive.org/web/20150315184413/http://www.cartodessavoirs.fr/index.php?lang=fr
- chapitre II : les études continuent (par exemple : "Évaluation de savoir-faire au sein d'un environnement éducatif fondé sur un référentiel " https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01176790) avec toujours des références au partenariat avec Educlever et sa version privatisée des travaux antérieurs),
- chapitre III : le lexique IA fait désormais parti des éléments de langage marketing et le business est devenu florissant : https://edtechactu.com/plate-formes-lms/enseigno-est-utilise-dans-plus-de-2-500-etablissements-emmanuel-pasquier-educlever/ "Nous poursuivons notre forte croissance tant dans le secteur de l’éducation que de la formation. Nous avons des objectifs très ambitieux pour faire entrer Educlever dans le Top 5 des sociétés EdTech en France et déployer nos ailes à l’international."
Le business n'est pas seulement dirigé vers l'EN, mais aussi vers les collectivités territoriales https://www.triel-sur-seine.fr/actualite/4432/1523-lancement-de-la-plateforme-de-cours-en-ligne.htm
Quant au résultat pédagogique, nul doute qu'il est tout aussi brillant comme les mesures réelles d'un article cité le montrent ...
- chapitre I : la "cartographie des savoirs", issue de la recherche publique (Cyrille Desmoulins, Hamid Chaachoua de Grenoble), je n'ai pas trouvé trace du corpus d'études qui semble avoir été absorbé et privatisé par la société Educlever partenaire de l'étude http://metah.imag.fr/?page_id=79 et https://web.archive.org/web/20150315184413/http://www.cartodessavoirs.fr/index.php?lang=fr
- chapitre II : les études continuent (par exemple : "Évaluation de savoir-faire au sein d'un environnement éducatif fondé sur un référentiel " https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01176790) avec toujours des références au partenariat avec Educlever et sa version privatisée des travaux antérieurs),
- chapitre III : le lexique IA fait désormais parti des éléments de langage marketing et le business est devenu florissant : https://edtechactu.com/plate-formes-lms/enseigno-est-utilise-dans-plus-de-2-500-etablissements-emmanuel-pasquier-educlever/ "Nous poursuivons notre forte croissance tant dans le secteur de l’éducation que de la formation. Nous avons des objectifs très ambitieux pour faire entrer Educlever dans le Top 5 des sociétés EdTech en France et déployer nos ailes à l’international."
Le business n'est pas seulement dirigé vers l'EN, mais aussi vers les collectivités territoriales https://www.triel-sur-seine.fr/actualite/4432/1523-lancement-de-la-plateforme-de-cours-en-ligne.htm
Quant au résultat pédagogique, nul doute qu'il est tout aussi brillant comme les mesures réelles d'un article cité le montrent ...
- guzNiveau 5
On note également qu'un effacement soigneux a été opéré sur le web, ainsi les deux vidéos de présentation du projet indiquées sur le premier lien ont été supprimées.
D'autre part, évidemment, on devine bien de ce qu'il est advenu de l'intention affichée de faire partager l'"open data d’un référentiel de base des compétences scolaires portant sur l’ensemble des mathématiques et du français de cycle 3 en primaire"
D'autre part, évidemment, on devine bien de ce qu'il est advenu de l'intention affichée de faire partager l'"open data d’un référentiel de base des compétences scolaires portant sur l’ensemble des mathématiques et du français de cycle 3 en primaire"
- beaverforeverNeoprof expérimenté
Je trouve intéressante la vidéo (de 2013) de CGP Grey sur la création d'un Aristote digital pour chaque humain.
CGP Grey (qui est un ancien enseignant avant de devenir un vulgarisateur sur Youtube) espère la création d'un précepteur numérique qui utiliserait l'IA (les réseaux de neurones, le machine learning) pour proposer en permanence le bon contenu à chaque humain pour qu'il puisse progresser intellectuellement. Ainsi chaque humain pourrait progresser à son rythme et atteindre son potentiel maximum.
C'est l'une de ses vidéos qui me convainc le moins. CGP Grey est clairement quelqu'un qui préfère les interactions avec les objets/machines/ordinateurs/connaissances qu'avec les humains. Il me semble surestimer la motivation intrinsèque (et aussi extrinsèque) des humains à apprendre des connaissances scientifiques. La plupart des humains n'utilisent pas la pensée méthodique et les connaissances scientifiques dans leur vie courante, car leur vie est organisée, individuellement et collectivement, pour s'épargner cette difficulté. Les enseignants, chercheurs et vulgarisateurs ont un profil particulier sur ce sujet.
À l'inverse la plupart des humains préfèrent quand un autre humain leur explique les choses plutôt que d'être obligé de lire la réponse. Cela me semble être un fondement évolutionnaire de l'apprentissage.
CGP Grey (qui est un ancien enseignant avant de devenir un vulgarisateur sur Youtube) espère la création d'un précepteur numérique qui utiliserait l'IA (les réseaux de neurones, le machine learning) pour proposer en permanence le bon contenu à chaque humain pour qu'il puisse progresser intellectuellement. Ainsi chaque humain pourrait progresser à son rythme et atteindre son potentiel maximum.
C'est l'une de ses vidéos qui me convainc le moins. CGP Grey est clairement quelqu'un qui préfère les interactions avec les objets/machines/ordinateurs/connaissances qu'avec les humains. Il me semble surestimer la motivation intrinsèque (et aussi extrinsèque) des humains à apprendre des connaissances scientifiques. La plupart des humains n'utilisent pas la pensée méthodique et les connaissances scientifiques dans leur vie courante, car leur vie est organisée, individuellement et collectivement, pour s'épargner cette difficulté. Les enseignants, chercheurs et vulgarisateurs ont un profil particulier sur ce sujet.
À l'inverse la plupart des humains préfèrent quand un autre humain leur explique les choses plutôt que d'être obligé de lire la réponse. Cela me semble être un fondement évolutionnaire de l'apprentissage.
- AsteroiideNiveau 1
guz a écrit:
"Average ES on studies with local tests was 0.73; average ES on studies with standardized tests was 0.13"
Ce qui veut dire que l'IA marche bien pour des tests ad hoc mais échoue totalement avec des tests étalonnés (qui examinent réellement s'il y a eu progression cognitive générale). Dit d'une autre manière, la mesure qui vérifie qu'une certaine classe d'exos particuliers est maîtrisée est positive, mais il n'y a pas de progression générale. Ça pose quand même un gros problème, que je soupçonnais, d'inefficacité en terme d'autonomie cognitive.
Donc ton avis "certains chercheurs n'ont aucun doute sur l'efficacité de ces systèmes" me semble quand même sujet à la nuance.
Oui, mais il me semble que les auteurs (Effectiveness of Intelligent Tutoring Systems: A Meta-Analytic Review James A. Kulik, J. D. Fletcher, 2016) critiquent certaines études en les jugeant peu pertinentes. Voici le paragraphe qui me fait dire que ces chercheurs sont convaincus de l'efficacité de ces systèmes :
"Overall, the message from what we judge to be fair comparisons of ITS and conventional instruction seems clear. The evaluations show that ITSs typically raise student performance well beyond the level of conventional classes and even beyond the level achieved by students who receive instruction from other forms of computer tutoring or from human tutors. Although a small minority of ITS studies found no significant difference in performance of ITS and control students, most of these studies were weak in design or execution."
Cela dit, j'ai lu d'autres meta-analyses bien plus modérées au sujet de l'efficacité de ces systèmes. J'en déduis qu'il n'y a pas de consensus à ce sujet.
En tout cas, merci pour les encouragements, je vous présenterai les résultats.
- AsteroiideNiveau 1
Carrie7 a écrit:J'ai répondu au sondage ; le thème est intéressant mais comme déjà dit, avec la meilleure volonté du monde, j'ai du mal à percevoir comment un système tel que celui qui est proposé pourrait m'aider efficacement dans ma pratique de prof : le plus gros boulot, c'est quand même de concevoir une banque d'exercices pertinente, et ça on devra toujours le faire ; quand à analyser la progression des élèves, il me semble qu'un logiciel ne fera pas mieux que nous en passant dans les rangs / en faisant de courtes évals formatives, et surtout il ne prendra pas en compte la "température" de la classe, l'état de fatigue et de concentration des élèves à telle ou telle période ou sur un créneau horaire, que nous avons l'habitude de prendre en compte.
@Carrie7, je partage votre idée sur le fait que le logiciel ne fera pas mieux qu'un enseignant. Il ne s'agit pas de remplacer l'enseignant mais de l'aider à enseigner. Je n'ai plus la référence mais il a été prouvé qu'un radiologue assisté d'une IA détectait mieux les problèmes que sans IA (alors que l'IA seule fait moins bien qu'un radiologue seul). Alors, certes, le contexte est très différent mais ne pourrait-on tirer parti de ces outils ?
Je me souviens que, dans des classes de 30 élèves en 2nde, j'avais parfois un peu de mal à suivre la progression de chaque élève en phase formative, il m'arrivait quand même de découvrir lors de l'évaluation sommative que quelques uns étaient passés "au travers" (même après plus de 10 ans au lycée).
Par ailleurs, je partage également votre scepticisme concernant la difficulté à créer une base d'exercices. Il faudrait mutualiser et c'est compliqué... Toutefois, l'enjeu est de taille : lorsqu'on propose un exercice à une classe, à qui cela profite-t-il vraiment ? J'imagine que vous avez connu des élèves qui ne commencent même pas l'exercice (soit parce qu'ils sont trop habitués à ne pas y arriver, soit parce que l'exercice est trop facile, soit parce qu'ils ne sont pas motivés). D'autres se prêtent au jeu parce qu'ils sont obéissants mais est-ce-qu'ils en tirent toujours quelque chose ? Adapter un exercice aux besoins d'un élève pourrait le remettre dans une spirale de réussite, lui redonner de la motivation. L'enseignant a-t-il le temps de choisir des exercices adaptés à chaque élève ?
Je reposte ici le lien vers l'enquête en sollicitant ceux qui n'ont pas encore participé. N'hésitez pas à donner vos avis, même s'ils sont très critiques (au contraire, c'est très bien, ça m'aidera à proposer de bons garde-fous).
https://framaforms.org/un-systeme-tutoriel-intelligent-qui-personnalise-les-series-dexercices-1649186219
Merci à ceux qui ont pris le temps de répondre (et à ceux qui ont rajouté des réserves et des intérêts)
- valleExpert spécialisé
Mais je ne pense pas que l'IA ait un vrai impact sur ça...Asteroiide a écrit:Carrie7 a écrit:J'ai répondu au sondage ; le thème est intéressant mais comme déjà dit, avec la meilleure volonté du monde, j'ai du mal à percevoir comment un système tel que celui qui est proposé pourrait m'aider efficacement dans ma pratique de prof : le plus gros boulot, c'est quand même de concevoir une banque d'exercices pertinente, et ça on devra toujours le faire ; quand à analyser la progression des élèves, il me semble qu'un logiciel ne fera pas mieux que nous en passant dans les rangs / en faisant de courtes évals formatives, et surtout il ne prendra pas en compte la "température" de la classe, l'état de fatigue et de concentration des élèves à telle ou telle période ou sur un créneau horaire, que nous avons l'habitude de prendre en compte.
@Carrie7, je partage votre idée sur le fait que le logiciel ne fera pas mieux qu'un enseignant. Il ne s'agit pas de remplacer l'enseignant mais de l'aider à enseigner. Je n'ai plus la référence mais il a été prouvé qu'un radiologue assisté d'une IA détectait mieux les problèmes que sans IA (alors que l'IA seule fait moins bien qu'un radiologue seul). Alors, certes, le contexte est très différent mais ne pourrait-on tirer parti de ces outils ?
Je me souviens que, dans des classes de 30 élèves en 2nde, j'avais parfois un peu de mal à suivre la progression de chaque élève en phase formative, il m'arrivait quand même de découvrir lors de l'évaluation sommative que quelques uns étaient passés "au travers" (même après plus de 10 ans au lycée).
Par ailleurs, je partage également votre scepticisme concernant la difficulté à créer une base d'exercices. Il faudrait mutualiser et c'est compliqué... Toutefois, l'enjeu est de taille : lorsqu'on propose un exercice à une classe, à qui cela profite-t-il vraiment ? J'imagine que vous avez connu des élèves qui ne commencent même pas l'exercice (soit parce qu'ils sont trop habitués à ne pas y arriver, soit parce que l'exercice est trop facile, soit parce qu'ils ne sont pas motivés). D'autres se prêtent au jeu parce qu'ils sont obéissants mais est-ce-qu'ils en tirent toujours quelque chose ? Adapter un exercice aux besoins d'un élève pourrait le remettre dans une spirale de réussite, lui redonner de la motivation. L'enseignant a-t-il le temps de choisir des exercices adaptés à chaque élève ?
Je reposte ici le lien vers l'enquête en sollicitant ceux qui n'ont pas encore participé. N'hésitez pas à donner vos avis, même s'ils sont très critiques (au contraire, c'est très bien, ça m'aidera à proposer de bons garde-fous).
https://framaforms.org/un-systeme-tutoriel-intelligent-qui-personnalise-les-series-dexercices-1649186219
Merci à ceux qui ont pris le temps de répondre (et à ceux qui ont rajouté des réserves et des intérêts)
Tu pourrais très bien faire un QCM à moitié de chapitre pour voir où ils en étaient. Si tu ne le faisais pas, c'était parce que a) c'était mal vu, b) tu pensais que cela ne les aidait pas vraiment à progresser, c) tu préférais dédier ce temps à des apprentissages, d) tu ne voulais pas trop te charger avec des corrections. Seul le point d) peut montrer une différence entre un QCM "classique" et un QCM avec l'aide d'une IA qui sélectionnerait les exercices en fonction des précédents et corrigerait toute seule, si tout marche correctement et qu'il ne faut pas annuler au dernier moment et faire cours, mais c'est plutôt le côté "autocorrection" que le permet, sans intervention de l'IA.
- guzNiveau 5
@Asteroiide les considérations que tu rapportent sont les mêmes depuis au moins au moins 35 ans : à l'époque on s'extasiait sur les "systèmes experts" et autres trucs qui dans les études étaient tout aussi prometteurs, mais ça n'a jamais marché dans les vraies classes. De fait l'invasion du "numérique" en général signifie à coup sûr une régression dans les apprentissages.
Cependant la question n'est pas là, tu as eu l’honnêteté de nous annoncer que tes recherches sont vouées à être monétisées auprès de de sociétés prestataires de services pour l'EN. Dans ces conditions il convient plutôt de présenter un beau packaging marketing. L'efficacité réelle doit même être faible pour pouvoir en vendre plus. Un ES de 0.13, qui me semble réaliste, correspond à un impact négatif sur les apprentissages (de mémoire il faut un ES de 0.4 pour un truc neutre, et supérieur à 0,7 pour que ça vaille le coup : aucune étude n'a démontré cela de façon robuste pour une IA , les compilations d'Hattie montrent bien que ce n'est pas l'IA qui va être décisive, et nous savons tous ce qu'il adviendra de tels dispositifs après un passage par l'institution ...).
En plus en maths, c'est assez simple d'avoir un bon niveau, sans tout ces fatras high tech qui n'aboutissent qu'à déconcentrer les élèves et à perturber les collègues du primaire et du secondaire. Il te suffira de lire les résultats et comparatifs de l’ère anté-numérique pour t'en convaincre. Bien sûr il y a aussi l'affaissement des programmes et leur cohérence moindre, les exigences à la baisse etc. mais ça ne fait que conforter la conviction que les classificateurs d'exos ne sont pas la solution de fond.
Cependant la question n'est pas là, tu as eu l’honnêteté de nous annoncer que tes recherches sont vouées à être monétisées auprès de de sociétés prestataires de services pour l'EN. Dans ces conditions il convient plutôt de présenter un beau packaging marketing. L'efficacité réelle doit même être faible pour pouvoir en vendre plus. Un ES de 0.13, qui me semble réaliste, correspond à un impact négatif sur les apprentissages (de mémoire il faut un ES de 0.4 pour un truc neutre, et supérieur à 0,7 pour que ça vaille le coup : aucune étude n'a démontré cela de façon robuste pour une IA , les compilations d'Hattie montrent bien que ce n'est pas l'IA qui va être décisive, et nous savons tous ce qu'il adviendra de tels dispositifs après un passage par l'institution ...).
En plus en maths, c'est assez simple d'avoir un bon niveau, sans tout ces fatras high tech qui n'aboutissent qu'à déconcentrer les élèves et à perturber les collègues du primaire et du secondaire. Il te suffira de lire les résultats et comparatifs de l’ère anté-numérique pour t'en convaincre. Bien sûr il y a aussi l'affaissement des programmes et leur cohérence moindre, les exigences à la baisse etc. mais ça ne fait que conforter la conviction que les classificateurs d'exos ne sont pas la solution de fond.
- elsassfreiNiveau 7
L'IA pour les enseignants, ça me rappelle le titre d'un livre qui s'appellait "Comment servir l'homme"
En fait, il s'agissait d'un livre de cuisine**
**(cf la 4ème dimension, au moment de l'embarquement d'un grand nombre d'humains qui partaient "visiter" la planète des extra-terrestres "amis").
- beaverforeverNeoprof expérimenté
Pour moi, une IA utile pour l'apprentissage serait basée sur l'apprentissage machine et les données de masse.guz a écrit:@Asteroiide les considérations que tu rapportent sont les mêmes depuis au moins au moins 35 ans : à l'époque on s'extasiait sur les "systèmes experts" et autres trucs qui dans les études étaient tout aussi prometteurs, mais ça n'a jamais marché dans les vraies classes. De fait l'invasion du "numérique" en général signifie à coup sûr une régression dans les apprentissages.
Elle proposerait des exercices ou des questions aux élèves (genre des millions d'élèves, ou même juste n'importe qui connecté à Internet), puis elle analyserait les réponses pour proposer de nouveaux exercices. Dans l'idéal, elle proposerait un exercice un peu dur, juste dans la zone proximale de développement de l'élève ou un exercice plus facile (suite à un échec) mais ciblant le point non compris. Elle devrait aussi proposer des contenus utiles. Ainsi, les élèves seraient toujours sur la progression la plus fine et étalée possible, ce qui devrait maximiser leur engagement. Cela devrait maximiser l'apprentissage.
L'IA n'aurait pas besoin de comprendre les exercices ou les réponses des élèves ou les contenus de soutien, il lui suffirait de savoir quel exercice est pertinent (statistiquement) après telle réponse, ce qu'elle pourrait obtenir en faisant réaliser les mêmes exercices par des millions d'élèves.
Mais, disons qu'il s'agit d'un projet ambitieux, genre très ambitieux. On peut lister quelques difficultés.
L'IA de Youtube ou de Facebook ont des scores très simple à maximiser : le temps passé à regarder des vidéos ou l'engagement (le nombre de clics) sur le site. Ces scores sont objectifs et créés automatiquement par les utilisateurs. Une IA éducative devrait maximiser le niveau des élèves, elle devrait donc savoir faire la différence entre une bonne et une mauvaise réponse, et surtout classer les bonnes réponses dans une échelle de niveaux pour faire suivre un chemin de progression à chaque élève. On peut imaginer que des experts éduquent l'IA, mais ce serait difficile.
On peut s'en rendre compte avec Tournesol, une IA qui cherche à attribuer une note de qualité aux vidéos YouTube. L'idée de cette IA est de recommander les vidéos de qualité (qui font du bien à l'humanité) plutôt que les vidéos qui maximisent le temps de visionnage (qui sont le plus souvent clivantes, énervantes, poussent à une radicalité excessive). Le projet est intéressant, mais demande le recrutement de milliers d'experts dévoués et est visiblement difficile.
(À noter, que le ministère de l'éducation de Nouvelle Zélande a déjà fait un travail de classement des exercices en fonction du niveau., mais sans mettre en place une IA pour automatiser le passage d'un exercice à l'autre.)
L'IA pourrait être victime d'attaques par empoisonnement de données, par exemple si on la nourrit d'exercices non pertinents ou si les élèves font exprès de répondre faux régulièrement pour éviter d'être confrontés à des des difficultés plus importantes.
L'IA pourrait se retrouver dans un équilibre sous-optimal : considérer que le niveau humain ne peut pas dépasser un certain niveau et faire tourner en rond les élèves.
- valleExpert spécialisé
Ce n'est pas ce que fait PIX ? Le logiciel propose des exercices selon le niveau montré par l'apprenant précédemment.beaverforever a écrit:Pour moi, une IA utile pour l'apprentissage serait basée sur l'apprentissage machine et les données de masse.guz a écrit:@Asteroiide les considérations que tu rapportent sont les mêmes depuis au moins au moins 35 ans : à l'époque on s'extasiait sur les "systèmes experts" et autres trucs qui dans les études étaient tout aussi prometteurs, mais ça n'a jamais marché dans les vraies classes. De fait l'invasion du "numérique" en général signifie à coup sûr une régression dans les apprentissages.
Elle proposerait des exercices ou des questions aux élèves (genre des millions d'élèves, ou même juste n'importe qui connecté à Internet), puis elle analyserait les réponses pour proposer de nouveaux exercices. Dans l'idéal, elle proposerait un exercice un peu dur, juste dans la zone proximale de développement de l'élève ou un exercice plus facile (suite à un échec) mais ciblant le point non compris. Elle devrait aussi proposer des contenus utiles. Ainsi, les élèves seraient toujours sur la progression la plus fine et étalée possible, ce qui devrait maximiser leur engagement. Cela devrait maximiser l'apprentissage.
- beaverforeverNeoprof expérimenté
Je crois que PIX est programmé par des humains. AIristote devrait être capable de trouver toute seule le chemin à montrer pour chaque élève.
- BalthazaardVénérable
elsassfrei a écrit:
L'IA pour les enseignants, ça me rappelle le titre d'un livre qui s'appellait "Comment servir l'homme"
En fait, il s'agissait d'un livre de cuisine**
**(cf la 4ème dimension, au moment de l'embarquement d'un grand nombre d'humains qui partaient "visiter" la planète des extra-terrestres "amis").
J'ai vu l'épisode, un des meilleurs...surtout la fin
- BalthazaardVénérable
Et tout ceci repose sur le postulat que les "élèves" sont parfaits, sincèrement passionnés par leur apprentissage et vouent toutes leurs forces à leur progression.
Je n'ai pas besoin de logiciel expert pour me dire les exercices que je devrais faire pour progresser au piano, à ski ou en équitation...je suis parfaitement lucide, compétent et informé. Une AI pour me donner du courage de les faire je suis 1000 fois preneur.
@Guz, je ne suis pas toujours d'accord ave toi mais dans ce fil je souscris à 100% à tes propos.
Je n'ai pas besoin de logiciel expert pour me dire les exercices que je devrais faire pour progresser au piano, à ski ou en équitation...je suis parfaitement lucide, compétent et informé. Une AI pour me donner du courage de les faire je suis 1000 fois preneur.
@Guz, je ne suis pas toujours d'accord ave toi mais dans ce fil je souscris à 100% à tes propos.
- guzNiveau 5
Je n'ai enseigné que très accessoirement les maths, ça me touche de la part de quelqu’un de manifestement très expérimenté, je ne suis pas complètement à côté de la plaque doncBalthazaard a écrit:
@Guz, je ne suis pas toujours d'accord ave toi mais dans ce fil je souscris à 100% à tes propos.
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