- JohnMédiateur
http://www.lepoint.fr/societe/education-et-si-les-enfants-apprenaient-a-pacifier-leurs-conflits-16-10-2013-1744549_23.php"Fais gaffe, t'approche pas de la gouine !" Elle en a entendu, Alice, des insultes, quand s'est propagée la rumeur sur sa sexualité à son arrivée en sixième. Elle en a bavé, Coline, 12 ans, "l'intello" aux trop bonnes notes à qui personne n'adressait la parole. Et Zaki "qui vit dans les égouts", parce que son patronyme rime avec "gout", il en a connu des bagarres. Mais, s'ils n'ont pas oublié le harcèlement dont ils ont été victimes, ils sont tout sourire en ce jour de la fin du mois de mai. Tous trois élèves au collège Jacques-Monod de Beaumont-sur-Oise, ils participent à la Rencontre des jeunes médiateurs d'Ile-de-France, à Bobigny, qui rassemble plus de 200 jeunes formés à la gestion des conflits. Leur mission ? Intervenir dans la cour de récréation quand une bagarre éclate et proposer aux élèves de venir s'expliquer devant eux en médiation. Âge du plus jeune médiateur présent : 8 ans !
"La gestion des conflits peut s'enseigner comme les maths ou le français", affirme Brigitte Liatard, cofondatrice avec Babeth Diaz de MédiActeurs Nouvelle Génération, qui forme ces jeunes. Première étape de l'apprentissage : la restauration de l'estime de soi. "S'il y a violence, c'est qu'il y a malaise ; s'il y a malaise, c'est qu'il y a mauvaise estime de soi, poursuit Babeth Diaz. Les jeunes souffrent qu'à l'école on ne leur parle que de leurs défauts, jamais de leurs qualités." [...]
Les résultats sont impressionnants : "La violence physique dans la cour a été éradiquée", rapporte Valérie Gérolami, de l'école des Pommeraies, à Laval (53), où la médiation est pratiquée depuis huit ans. Au collège Henri-Baumont de Beauvais (60), le climat est devenu plus serein et le nombre de sanctions a été divisé par deux. À Saint-François-d'Assise, à Aubenas (07), le climat s'est apaisé, comme à l'école André-Malraux, à Courbevoie (92), où se côtoient une quarantaine de nationalités différentes. À Mauguio, dans la banlieue sud de Montpellier, les conflits dus aux moqueries sont en nette diminution. Au collège La Bussie, à Vauréal (95), les élèves qui sont allés en médiation n'ont plus eu besoin d'y retourner par la suite. [...]
Pour les enseignants, le dispositif ne va pas de soi. Ils peuvent se sentir remis en question si des enfants sont capables de résoudre des problèmes qu'eux n'arrivent pas à dénouer. Souvent, quand le conflit commence en classe, les professeurs préfèrent punir plutôt qu'envoyer les enfants en médiation, comme si celle-ci mettait en danger leur autorité. "Donner du pouvoir aux enfants, ça gêne", confie une éducatrice. [...]
En Seine-Saint-Denis, le conseil général a pris en charge le dispositif. En 2012, 7 collèges étaient concernés, 14 en 2013. Tout doucement, les mentalités évoluent. Certains au ministère vont jusqu'à évoquer qu'un jour les futurs professeurs soient systématiquement formés à ces techniques de médiation. Un rêve...
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- keroGrand sage
J'adore les préjugés et les généralisations sur les profs. Pour changer ...Certains au ministère vont jusqu'à évoquer qu'un jour les futurs professeurs soient systématiquement formés à ces techniques de médiation. Un rêve...
Moi j'aurais rien contre l'idée d'avoir quelques outils pour apprendre à mes élèves à mieux gérer/éviter les conflits. Si seulement ça pouvait calmer l'ambiance délétère de mon collège ...
- CathEnchanteur
Je propose que les jeunes médiateurs (8 ans pour le plus jeune, c'est ça ?) deviennent formateurs en ESPE.
Ben quoi ?
Ben quoi ?
- PseudoDemi-dieu
J'ai vécu de l'intérieur une expérience de médiation par les élèves. C'était efficace, et très intéressant.
Mais effectivement, les profs traînaient des pieds. Peu de prof s'investissaient dans le bidule (ce qui veut dire que c'était toujours les mêmes qui s'y collaient), certains étaient contre par principe et donc refusaient de relayer en classe (simple rappel que cela existait, hein). C'était beaucoup porté par l'adjoint. Après son départ le système s'est grippé puis a été abandonné.
Mais effectivement, les profs traînaient des pieds. Peu de prof s'investissaient dans le bidule (ce qui veut dire que c'était toujours les mêmes qui s'y collaient), certains étaient contre par principe et donc refusaient de relayer en classe (simple rappel que cela existait, hein). C'était beaucoup porté par l'adjoint. Après son départ le système s'est grippé puis a été abandonné.
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"Il faut encore avoir du chaos en soi pour pouvoir enfanter une étoile qui danse" Nietzsche
- ClarianzEmpereur
je suis assez tentée, je vais proposer la chose dans mon bahut, les gosses sont en général, assez sévère et nous, en tant que prof nous ne savons pas ce qui se passe dans la cour.
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Mama's Rock
- doubledeckerSage
vécu aussi dans un collège où j'ai travaillé. Efficacité réelle, apaisement du climat, responsabilisation des élèves. Les adultes en revanche étaient assez peu à porter l'idée ou à tenter de rester en équilibre sur la planche savonnée a priori par leurs collègues (qui d'ailleurs ne voulaient pas entendre parler de ça)Pseudo a écrit:J'ai vécu de l'intérieur une expérience de médiation par les élèves. C'était efficace, et très intéressant.
Mais effectivement, les profs traînaient des pieds. Peu de prof s'investissaient dans le bidule (ce qui veut dire que c'était toujours les mêmes qui s'y collaient), certains étaient contre par principe et donc refusaient de relayer en classe (simple rappel que cela existait, hein). C'était beaucoup porté par l'adjoint. Après son départ le système s'est grippé puis a été abandonné.
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If you're not failing every now and again it's a sign you're not doing anything very innovative (Woody Allen)
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- KalypsoExpert spécialisé
je viens d'être élue et je vais siéger au comité d'éducation à la santé et citoyenneté : ça peut rentrer dans le cadre de ce que peut proposer ce comité, non ?
Pensez vous que cela puisse fonctionner pareillement en lycée ?
Pensez vous que cela puisse fonctionner pareillement en lycée ?
- doubledeckerSage
oui, absolument. C'est dans le cadre du CESC que cela avait été mis en place dans l'exemple que j'évoque plus haut. Je serais tentée de dire qu'en lycée soit doit encore mieux marcher qu'au collège vu que les élèves sont plus âgés donc plus matures.
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- doctor whoDoyen
Intéressant. Si c'est si efficace, je ne vois pas pourquoi on ne le ferais pas.
Quelqu'un connaît des textes qui en parlent ?
Quelqu'un connaît des textes qui en parlent ?
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Mon blog sur Tintin (entre autres) : http://popanalyse.over-blog.com/
Blog pédagogique : http://pedagoj.eklablog.com
- User17706Bon génie
Apparemment l'expérience de plusieurs collègues semble montrer que tous les enseignants ne sont pas prêts à collaborer; il est difficile dans ces conditions de balayer totalement une phrase comme celle de l'article qui dit que, pour les enseignants, «ça ne va pas de soi».
Ce que j'aimerais savoir, c'est simplement quelle est l'étendue supposée de la médiation. En effet, l'article commence par évoquer des conflits entre élèves, puis évoquent des «conflits qui commencent en classe». L'idée même qu'on pourrait comparer l'indiscipline à une situation de «conflit» est un peu absurde (un prof n'est jamais en conflit avec ses élèves, et vice-versa non plus, quoi que les élèves puissent en penser: ça présupposerait une forme d'égalité entre les uns et les autres qui est tout simplement absente de la relation de maître à élève).
Du coup, quand un conflit entre élèves commence en classe, il y a deux aspects à considérer: le conflit lui-même (comme dit doctor who, si la médiation par les élèves eux-mêmes permet de le régler, il serait absurde de s'en priver), et le fait que les élèves se permettent de le laisser s'exprimer dans la classe, c'est-à-dire à un moment où il est expressément requis de leur part qu'ils travaillent et, dans ce but, mettent de côté les causes de dispersion ou d'inattention. Ce deuxième aspect ressortit à un tout autre ordre de considération (celui de la discipline) et les catégories de conflit ou de médiation n'ont, ce me semble, aucun rôle à y jouer.
Je ne suis pas sûr que l'article ne fasse pas un peu la confusion, et je me demande du coup dans quelle mesure la distinction, qui me paraît vraiment cardinale, est préservée par tout le dispositif. J'aimerais bien, du coup, que ceux qui ont une expérience de cela nous informent sur ce point.
Ce que j'aimerais savoir, c'est simplement quelle est l'étendue supposée de la médiation. En effet, l'article commence par évoquer des conflits entre élèves, puis évoquent des «conflits qui commencent en classe». L'idée même qu'on pourrait comparer l'indiscipline à une situation de «conflit» est un peu absurde (un prof n'est jamais en conflit avec ses élèves, et vice-versa non plus, quoi que les élèves puissent en penser: ça présupposerait une forme d'égalité entre les uns et les autres qui est tout simplement absente de la relation de maître à élève).
Du coup, quand un conflit entre élèves commence en classe, il y a deux aspects à considérer: le conflit lui-même (comme dit doctor who, si la médiation par les élèves eux-mêmes permet de le régler, il serait absurde de s'en priver), et le fait que les élèves se permettent de le laisser s'exprimer dans la classe, c'est-à-dire à un moment où il est expressément requis de leur part qu'ils travaillent et, dans ce but, mettent de côté les causes de dispersion ou d'inattention. Ce deuxième aspect ressortit à un tout autre ordre de considération (celui de la discipline) et les catégories de conflit ou de médiation n'ont, ce me semble, aucun rôle à y jouer.
Je ne suis pas sûr que l'article ne fasse pas un peu la confusion, et je me demande du coup dans quelle mesure la distinction, qui me paraît vraiment cardinale, est préservée par tout le dispositif. J'aimerais bien, du coup, que ceux qui ont une expérience de cela nous informent sur ce point.
- MarieLNeoprof expérimenté
Tiens, je ne m'attendais pas à trouver tant d'avis positifs.
Lors des désormais fameuses réunions pour préparer les Assises de l'éduc. prioritaire, une instit. de maternelle a expliqué que les médiations étaient bien utiles parce qu'il n'y a pas de vie scolaire en primaire.
La responsable du réseau en a conclu - de sa seule initiative franchement ! - qu'il fallait envoyer les enseignants en formation pour les convaincre et les amener à utiliser la médiation par les élèves...
Sauf que dans ce fameux texte, qui prétend nous demander notre avis, on laisse entendre assez clairement qu'il serait bon que la vie scolaire ne s'occupe plus de discipline, que les professeurs devraient prendre en charge "cet aspect de l'éducation". Et donc, oui, les enseignants présents faisaient beaucoup plus que "traîner des pieds" !
Lors des désormais fameuses réunions pour préparer les Assises de l'éduc. prioritaire, une instit. de maternelle a expliqué que les médiations étaient bien utiles parce qu'il n'y a pas de vie scolaire en primaire.
La responsable du réseau en a conclu - de sa seule initiative franchement ! - qu'il fallait envoyer les enseignants en formation pour les convaincre et les amener à utiliser la médiation par les élèves...
Sauf que dans ce fameux texte, qui prétend nous demander notre avis, on laisse entendre assez clairement qu'il serait bon que la vie scolaire ne s'occupe plus de discipline, que les professeurs devraient prendre en charge "cet aspect de l'éducation". Et donc, oui, les enseignants présents faisaient beaucoup plus que "traîner des pieds" !
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Je suis ce que je suis et je suis l'être même, je suis ma volonté en moi-même exaucée - A. Kalda
- User17706Bon génie
Ça explique effectivement bien des choses!Axel a écrit: Sauf que dans ce fameux texte, qui prétend nous demander notre avis, on laisse entendre assez clairement qu'il serait bon que la vie scolaire ne s'occupe plus de discipline, que les professeurs devraient prendre en charge "cet aspect de l'éducation". Et donc, oui, les enseignants présents faisaient beaucoup plus que "traîner des pieds" !
- V.MarchaisEmpereur
Ben écoutez, je ne sais pas si ça va coller avec mon discours habituel, mais je crois que ces initiatives sont très positives et que nous gagnerions aussi à être formés à ce type de médiation.
Personnellement, j'ai participé à une formation organisée non par l'EN, mais à une psy de ma région qui anime des ateliers sur la psychologie de l'enfant et la communication avec les petits, généralement à destination des parents. J'avais lu les bouquins à l'origine de ces ateliers (ceux des américains Faber et Mazlish) que j'avais trouvés intéressants. Quand j'ai appris que cette dame faisait un atelier spécialement destiné aux enseignants, j'y suis allée. Eh bien j'ai appris, à défaut de grandes théories, plein de petits trucs qui m'ont été très utiles en classe, bien plus que les cours de "gestion de conflit" des IUFM et leurs jeux de rôle à la noix.
Alors certainement, si nous recevions tous de telles formations, cela ne pourrait être que positif.
Et cela n'entraîne pas nécessairement une modification du rôle de la Vie Scolaire. En ce qui concerne ce rôle, si nos dirigeants veulent le modifier, je suis bien certaine qu'ils le feront, avec ou sans formation pour nous. Après tout, quelle formation avons-nous reçu quand on a supprimé les COP et demandé aux PP de faire leur boulot ?
Bref, d'accord pour la formation, pas pour la suppression de la Vie Sco ni du suivi qu'elle assure (très efficace chez nous).
Personnellement, j'ai participé à une formation organisée non par l'EN, mais à une psy de ma région qui anime des ateliers sur la psychologie de l'enfant et la communication avec les petits, généralement à destination des parents. J'avais lu les bouquins à l'origine de ces ateliers (ceux des américains Faber et Mazlish) que j'avais trouvés intéressants. Quand j'ai appris que cette dame faisait un atelier spécialement destiné aux enseignants, j'y suis allée. Eh bien j'ai appris, à défaut de grandes théories, plein de petits trucs qui m'ont été très utiles en classe, bien plus que les cours de "gestion de conflit" des IUFM et leurs jeux de rôle à la noix.
Alors certainement, si nous recevions tous de telles formations, cela ne pourrait être que positif.
Et cela n'entraîne pas nécessairement une modification du rôle de la Vie Scolaire. En ce qui concerne ce rôle, si nos dirigeants veulent le modifier, je suis bien certaine qu'ils le feront, avec ou sans formation pour nous. Après tout, quelle formation avons-nous reçu quand on a supprimé les COP et demandé aux PP de faire leur boulot ?
Bref, d'accord pour la formation, pas pour la suppression de la Vie Sco ni du suivi qu'elle assure (très efficace chez nous).
- PseudoDemi-dieu
En fait, cette distinction, "cardinale", n'est visible que par les adultes. Un gamin qui a une montée de colère vis à vis d'un autre camarade ne se dit pas "1 - j'ai un problème avec mon camarade 2 - mon attitude est disconvenante en cours".PauvreYorick a écrit:
Du coup, quand un conflit entre élèves commence en classe, il y a deux aspects à considérer: le conflit lui-même (comme dit doctor who, si la médiation par les élèves eux-mêmes permet de le régler, il serait absurde de s'en priver), et le fait que les élèves se permettent de le laisser s'exprimer dans la classe, c'est-à-dire à un moment où il est expressément requis de leur part qu'ils travaillent et, dans ce but, mettent de côté les causes de dispersion ou d'inattention. Ce deuxième aspect ressortit à un tout autre ordre de considération (celui de la discipline) et les catégories de conflit ou de médiation n'ont, ce me semble, aucun rôle à y jouer.
Je ne suis pas sûr que l'article ne fasse pas un peu la confusion, et je me demande du coup dans quelle mesure la distinction, qui me paraît vraiment cardinale, est préservée par tout le dispositif. J'aimerais bien, du coup, que ceux qui ont une expérience de cela nous informent sur ce point.
En pratique, le professeur faisait arrêter le conflit (comme d'habitude) et proposait aux élèves soit de régler cela en médiation, soit que le problème soit réglé par les adultes (punitions, sanctions, etc...). La règle, pour les élèves, était de suspendre leur conflit jusqu'à la médiation, et d'aller prendre rdv pour celle-ci auprès de la vie sco. Si ce n'était pas fait, là, les adultes reprenaient la main.
Point du tout. La gestion de la médiation était prise en charge par des personnels volontaires (et rémunérés en HSE pour les profs. Les autres, CPE, Doc, etc... étant bien sûr comme d'habitude non rétribués en sus, ces faignants). La seule "contrainte" pour les profs non volontaires était de proposer la médiation aux élèves en conflit et de s'assurer que le rdv était bien pris par les élèves concernés.Axel a écrit:
Sauf que dans ce fameux texte, qui prétend nous demander notre avis, on laisse entendre assez clairement qu'il serait bon que la vie scolaire ne s'occupe plus de discipline, que les professeurs devraient prendre en charge "cet aspect de l'éducation". Et donc, oui, les enseignants présents faisaient beaucoup plus que "traîner des pieds" !
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- User17706Bon génie
Bien sûr: on peut supposer que si les élèves faisaient, justement, cette distinction, moins de conflits feraient irruption dans la classe, justement. Du coup il importe des les aider à la faire.Pseudo a écrit:En fait, cette distinction, "cardinale", n'est visible que par les adultes. Un gamin qui a une montée de colère vis à vis d'un autre camarade ne se dit pas "1 - j'ai un problème avec mon camarade 2 - mon attitude est disconvenante en cours".PauvreYorick a écrit:Quand un conflit entre élèves commence en classe, il y a deux aspects à considérer: le conflit lui-même (comme dit doctor who, si la médiation par les élèves eux-mêmes permet de le régler, il serait absurde de s'en priver), et le fait que les élèves se permettent de le laisser s'exprimer dans la classe, c'est-à-dire à un moment où il est expressément requis de leur part qu'ils travaillent et, dans ce but, mettent de côté les causes de dispersion ou d'inattention. Ce deuxième aspect ressortit à un tout autre ordre de considération (celui de la discipline) et les catégories de conflit ou de médiation n'ont, ce me semble, aucun rôle à y jouer.
Je ne suis pas sûr que l'article ne fasse pas un peu la confusion, et je me demande du coup dans quelle mesure la distinction, qui me paraît vraiment cardinale, est préservée par tout le dispositif. J'aimerais bien, du coup, que ceux qui ont une expérience de cela nous informent sur ce point.
En pratique, le professeur faisait arrêter le conflit (comme d'habitude) et proposait aux élèves soit de régler cela en médiation, soit que le problème soit réglé par les adultes (punitions, sanctions, etc...). La règle, pour les élèves, était de suspendre leur conflit jusqu'à la médiation, et d'aller prendre rdv pour celle-ci auprès de la vie sco. Si ce n'était pas fait, là, les adultes reprenaient la main.
J'ai l'impression que le dispositif que tu décris revient un peu à «vendre» la médiation au prix d'une promesse de ne pas sanctionner l'indiscipline (qui constitue potentiellement la seule faute). Mais bon, je peux comprendre que, si le dispositif est efficace, on pose très sérieusement la question de payer ce prix-là.
- PseudoDemi-dieu
En fait, il faut s'interroger sur le but des choses. Le but est-il de faire en sorte que le nombre de conflits baissent (et alors la médiation est fort utile, et même, cela limite les relations conflictuelles avec l'adulte, puisqu'il n'est plus forcément vu comme le père fouettard), et apprendre aux élèves comment résoudre des conflits, ou bien le but est-il de faire entrer dans la tête des gamins, coûte que coûte, que le cours et l'adulte sont des sorte de lieux/personnes saints, et que tout conflit est prié d'aller se découdre ailleurs, par des moyens dont le prof se moque comme de sa première chemise.PauvreYorick a écrit:Bien sûr: on peut supposer que si les élèves faisaient, justement, cette distinction, moins de conflits feraient irruption dans la classe, justement. Du coup il importe des les aider à la faire.Pseudo a écrit:En fait, cette distinction, "cardinale", n'est visible que par les adultes. Un gamin qui a une montée de colère vis à vis d'un autre camarade ne se dit pas "1 - j'ai un problème avec mon camarade 2 - mon attitude est disconvenante en cours".PauvreYorick a écrit:Quand un conflit entre élèves commence en classe, il y a deux aspects à considérer: le conflit lui-même (comme dit doctor who, si la médiation par les élèves eux-mêmes permet de le régler, il serait absurde de s'en priver), et le fait que les élèves se permettent de le laisser s'exprimer dans la classe, c'est-à-dire à un moment où il est expressément requis de leur part qu'ils travaillent et, dans ce but, mettent de côté les causes de dispersion ou d'inattention. Ce deuxième aspect ressortit à un tout autre ordre de considération (celui de la discipline) et les catégories de conflit ou de médiation n'ont, ce me semble, aucun rôle à y jouer.
Je ne suis pas sûr que l'article ne fasse pas un peu la confusion, et je me demande du coup dans quelle mesure la distinction, qui me paraît vraiment cardinale, est préservée par tout le dispositif. J'aimerais bien, du coup, que ceux qui ont une expérience de cela nous informent sur ce point.
En pratique, le professeur faisait arrêter le conflit (comme d'habitude) et proposait aux élèves soit de régler cela en médiation, soit que le problème soit réglé par les adultes (punitions, sanctions, etc...). La règle, pour les élèves, était de suspendre leur conflit jusqu'à la médiation, et d'aller prendre rdv pour celle-ci auprès de la vie sco. Si ce n'était pas fait, là, les adultes reprenaient la main.
J'ai l'impression que le dispositif que tu décris revient un peu à «vendre» la médiation au prix d'une promesse de ne pas sanctionner l'indiscipline (qui constitue potentiellement la seule faute). Mais bon, je peux comprendre que, si le dispositif est efficace, on pose très sérieusement la question de payer ce prix-là.
Je ne vois pas ça comme "un prix à payer". Punir ne m'intéresse pas, je veux bien faire l'impasse sur cette prérogative si les choses trouvent une solution autrement, et surement meilleure.
Pour ce qui est de sanctionner l'indiscipline, le prof a déjà assez à faire, je pense, avec tout ce qui ne relève pas de conflits entre élèves (travail non fait, bavardages, insolence, etc...)
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- PseudoDemi-dieu
Je serais curieuse de connaître le nombre d'adulte à faire cette distinction pour eux-même. Quand on voit que tel enseignant refuse de travailler avec tel autre parce que sa tête ne lui revient pas, ou lui savonne la planche pour des raisons personnelles obscures, je ne suis pas certaine que la distinction conflit perso/travail soit bien faite par tous.PauvreYorick a écrit:Bien sûr: on peut supposer que si les élèves faisaient, justement, cette distinction, moins de conflits feraient irruption dans la classe, justement. Du coup il importe des les aider à la faire.
J'ai l'impression que le dispositif que tu décris revient un peu à «vendre» la médiation au prix d'une promesse de ne pas sanctionner l'indiscipline (qui constitue potentiellement la seule faute). Mais bon, je peux comprendre que, si le dispositif est efficace, on pose très sérieusement la question de payer ce prix-là.
Je crois que tu demande à des enfants de faire ce que les adultes ne font pas. Et pour cause, je pense que c'est très difficile et demande une sagesse certaine.
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- User17706Bon génie
On est d'accord sur les enjeux. Un des buts est évidemment que les conflits baissent. Je ne pense pas qu'il faille nécessairement caricaturer en exigence de «sainteté» l'exigence de conditions de travail normales (pour les élèves!); ni d'ailleurs affirmer que punir soit intéressant (qui pourrait croire une chose pareille?); mais tu rappelles à juste titre que l'exigence de discipline ne disparaît pas pour autant, mais se trouve simplement suspendue (dans ses conséquences en termes de sanction) dans un nombre limité de cas.
- PseudoDemi-dieu
Les cas concernés sont limités oui. Ce sont de petits conflits entre élèves. Les coups ou les insultes graves sortent du cadre, par exemple. Tout comme la rébellion qui conduirait à poursuivre le conflit quand l'enseignant intervient.PauvreYorick a écrit:On est d'accord sur les enjeux. Un des buts est évidemment que les conflits baissent. Je ne pense pas qu'il faille nécessairement caricaturer en exigence de «sainteté» l'exigence de conditions de travail normales (pour les élèves!); ni d'ailleurs affirmer que punir soit intéressant (qui pourrait croire une chose pareille?); mais tu rappelles à juste titre que l'exigence de discipline ne disparaît pas pour autant, mais se trouve simplement suspendue (dans ses conséquences en termes de sanction) dans un nombre limité de cas.
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- User17706Bon génie
Je suis persuadé comme toi qu'elle ne se traduit pas toujours dans les actes. Et je suis très loin d'imaginer, d'ailleurs, que je suis ou que je serai toujours capable d'éviter de laisser, dans ma propre pratique, se mélanger les deux. Mais on a d'autant plus de chances d'être vigilant à l'égard de soi-même que l'on est capable de faire, intellectuellement, la distinction: difficile de se garder contre un danger dont on ignore tout ou qu'on ne distingue pas bien.Pseudo a écrit:Je serais curieuse de connaître le nombre d'adultes à faire cette distinction pour eux-même. Quand on voit que tel enseignant refuse de travailler avec tel autre parce que sa tête ne lui revient pas, ou lui savonne la planche pour des raisons personnelles obscures, je ne suis pas certaine que la distinction conflit perso/travail soit bien faite par tous.
- MarieLNeoprof expérimenté
Il était question de médiation entre élèves, pas de médiateur adulte.Pseudo a écrit:Point du tout. La gestion de la médiation était prise en charge par des personnels volontaires (et rémunérés en HSE pour les profs. Les autres, CPE, Doc, etc... étant bien sûr comme d'habitude non rétribués en sus, ces faignants). La seule "contrainte" pour les profs non volontaires était de proposer la médiation aux élèves en conflit et de s'assurer que le rdv était bien pris par les élèves concernés.Axel a écrit:
Sauf que dans ce fameux texte, qui prétend nous demander notre avis, on laisse entendre assez clairement qu'il serait bon que la vie scolaire ne s'occupe plus de discipline, que les professeurs devraient prendre en charge "cet aspect de l'éducation". Et donc, oui, les enseignants présents faisaient beaucoup plus que "traîner des pieds" !
La médiation adulte, nous avons eu une expérience une année (avec un stage interne de trois jours il me semble) mais elle a capoté très, très vite. Je n'étais pas plus concernée que cela, ce qui fait que je ne sais plus pourquoi ça n'a pas fonctionné.
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- PseudoDemi-dieu
Je parle bien de médiations entre élèves. Les adultes volontaires géraient le dispositif (prise de rdv, convocation des médiateurs et des élèves en conflits, surveillance hors de la salle que les choses ne dégénéraient pas) mais ne procédaient pas à la médiation.Axel a écrit:Il était question de médiation entre élèves, pas de médiateur adulte.Pseudo a écrit:Point du tout. La gestion de la médiation était prise en charge par des personnels volontaires (et rémunérés en HSE pour les profs. Les autres, CPE, Doc, etc... étant bien sûr comme d'habitude non rétribués en sus, ces faignants). La seule "contrainte" pour les profs non volontaires était de proposer la médiation aux élèves en conflit et de s'assurer que le rdv était bien pris par les élèves concernés.Axel a écrit:
Sauf que dans ce fameux texte, qui prétend nous demander notre avis, on laisse entendre assez clairement qu'il serait bon que la vie scolaire ne s'occupe plus de discipline, que les professeurs devraient prendre en charge "cet aspect de l'éducation". Et donc, oui, les enseignants présents faisaient beaucoup plus que "traîner des pieds" !
La médiation adulte, nous avons eu une expérience une année (avec un stage interne de trois jours il me semble) mais elle a capoté très, très vite. Je n'étais pas plus concernée que cela, ce qui fait que je ne sais plus pourquoi ça n'a pas fonctionné.
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- EdithWGrand sage
Bonjour, je remonte ce fil pour savoir si vous avez fait appel à un organisme pour former vos élèves médiateurs, comment ça s’est passé, à quel coût ? On a souvent des problèmes de groupes antagonistes dans nos classes, avec cristallisation car une seule classe par niveau, peu d’élèves (15 par classe) et aucun moyen de séparer des gamins qui se font la guerre pour certains depuis la maternelle. Une médiation par les pairs serait probablement la solution car certains essaieront déjà de le faire de façon plus ou moins empirique mais sans CPE, ni surveillant professionnel (une dame vient à mi/temps pour les récréations de l’après-midi et les surveillances d’études ou DST), ni infirmière, ni AS, on est un peu démunis.
- Coaching scolaire pour élèves en difficulté.
- Combien d'élèves pour une sortie hors temps scolaire ?
- Y a-t-il des élèves médiateurs dans votre collège ?
- 23 élèves médiateurs au collège Madame de Sévigné de Gagny.
- [Concertation] La question de la semaine (17/09) : Selon vous, le redoublement constitue-t-il une solution efficace pour les élèves en difficulté scolaire ?
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