- AspinzNiveau 1
Bonjour,
Je suis actuellement en fin de troisième année de thèse, en gestion, et je prends un poste de prof agrégé à la rentrée de septembre. Je vais a priori me mettre en césure pour aborder sereinement cette prise de poste, mais depuis quelques temps je me pose aussi de plus en plus sérieusement la question d'abandonner ma thèse.
Je serais donc intéressée pour échanger (en mp si le sujet est perso/sensible) avec des personnes qui ont abandonné leur thèse après deux, trois ans ou plus, pour prendre la décision la mieux informée possible (dans mon université, il y a des abandons de thèse mais le sujet est presque "taboo" et avec le télétravail je n'ai pas eu l'occasion de beaucoup socialiser avec des personnes qui pourraient être dans ce cas.)
Je suis actuellement en fin de troisième année de thèse, en gestion, et je prends un poste de prof agrégé à la rentrée de septembre. Je vais a priori me mettre en césure pour aborder sereinement cette prise de poste, mais depuis quelques temps je me pose aussi de plus en plus sérieusement la question d'abandonner ma thèse.
Je serais donc intéressée pour échanger (en mp si le sujet est perso/sensible) avec des personnes qui ont abandonné leur thèse après deux, trois ans ou plus, pour prendre la décision la mieux informée possible (dans mon université, il y a des abandons de thèse mais le sujet est presque "taboo" et avec le télétravail je n'ai pas eu l'occasion de beaucoup socialiser avec des personnes qui pourraient être dans ce cas.)
- AustrucheerranteHabitué du forum
Bonjour,
j'ai été à peu près dans le même cas que toi : après trois ans de contrat doctoral, j'ai pris un an de césure pour raisons familiales, année où j'ai pris mon poste d'agrégé (titulaire, donc, ce qui je suppose sera aussi ton cas, à moins que tu ne sois pas en CD). A la fin de cette année, j'ai écris à mes directrices pour dire que j'arrêtais ma thèse, ce qui de toute façon était plus ou moins effectif depuis un peu plus d'un an.
Etait-ce une bonne décision ? La question est complexe. Dans mon cas, je pense qu'arrêter la thèse que j'étais en train de faire était le plus sage : je patinais dans mes recherches, mon sujet s'avérait de plus en plus mal foutu, j'avais des soucis de communication, pour le dire diplomatique, avec mes directrices, et mon labo avait abandonné l'axe de recherche dans lequel s'inscrivaient mes travaux... si on ajoute à cela la très faible probabilité d'obtenir un poste de chercheur dans la matière qui était la mienne (et qui n'est pas exactement celle que j'enseigne aujourd'hui), et la quantité de travail monstrueuse qu'il m'aurait fallu pour finir, je suis encore convaincu que c'était la bonne décision.
Ceci étant dit, je regrette un peu, maintenant, de ne pas avoir fini une thèse - pas celle-là, donc c'est de toute façon un regret assez hypothétique mais compte-tenu des faibles possibilités d'évolution dans l'EN, j'aurais bien voulu être docteur, histoire d'avoir un peu plus de chances sur un poste de prépa ou de PRAG, un jour, peut-être... d'ailleurs, peut-être referai-je une thèse, un jour...
Donc, en conclusion, mon conseil : si ce n'est pas affreusement compliqué pour toi (genre, si tu n'as d'enfants ou de personnes à charge à t'occuper et que tu peux boucler ta thèse en un an ou deux), essaie quand même de finir, qui sait, ça pourrait te servir un jour (surtout qu'il me semble que dans ta matière, les postes divers dans le supérieur sont relativement nombreux).
Sinon, dans l'EN, le fait d'être docteur ou non n'aura aucune incidence sur quoi que ce soit.
j'ai été à peu près dans le même cas que toi : après trois ans de contrat doctoral, j'ai pris un an de césure pour raisons familiales, année où j'ai pris mon poste d'agrégé (titulaire, donc, ce qui je suppose sera aussi ton cas, à moins que tu ne sois pas en CD). A la fin de cette année, j'ai écris à mes directrices pour dire que j'arrêtais ma thèse, ce qui de toute façon était plus ou moins effectif depuis un peu plus d'un an.
Etait-ce une bonne décision ? La question est complexe. Dans mon cas, je pense qu'arrêter la thèse que j'étais en train de faire était le plus sage : je patinais dans mes recherches, mon sujet s'avérait de plus en plus mal foutu, j'avais des soucis de communication, pour le dire diplomatique, avec mes directrices, et mon labo avait abandonné l'axe de recherche dans lequel s'inscrivaient mes travaux... si on ajoute à cela la très faible probabilité d'obtenir un poste de chercheur dans la matière qui était la mienne (et qui n'est pas exactement celle que j'enseigne aujourd'hui), et la quantité de travail monstrueuse qu'il m'aurait fallu pour finir, je suis encore convaincu que c'était la bonne décision.
Ceci étant dit, je regrette un peu, maintenant, de ne pas avoir fini une thèse - pas celle-là, donc c'est de toute façon un regret assez hypothétique mais compte-tenu des faibles possibilités d'évolution dans l'EN, j'aurais bien voulu être docteur, histoire d'avoir un peu plus de chances sur un poste de prépa ou de PRAG, un jour, peut-être... d'ailleurs, peut-être referai-je une thèse, un jour...
Donc, en conclusion, mon conseil : si ce n'est pas affreusement compliqué pour toi (genre, si tu n'as d'enfants ou de personnes à charge à t'occuper et que tu peux boucler ta thèse en un an ou deux), essaie quand même de finir, qui sait, ça pourrait te servir un jour (surtout qu'il me semble que dans ta matière, les postes divers dans le supérieur sont relativement nombreux).
Sinon, dans l'EN, le fait d'être docteur ou non n'aura aucune incidence sur quoi que ce soit.
- AspinzNiveau 1
Merci Austrucheerrante pour ta réponse. Ma situation fait en effet écho à la tienne: il y a un truc mal foutu dans mon sujet dans lequel je m'enlise et butte, je serai effectivement titulaire au 1er septembre et que j'ai une circonstance personnelle supplémentaire à prendre en compte. Je ne vais pas précipiter ma décision pour le moment, mais ton retour m'éclaire déjà un peu!
- Constantin LevineNiveau 1
Bonjour,
Je me retrouve dans vos propos.
Je suis actuellement en deuxième année de thèse et j'enseigne en lycée. Malgré mon temps partiel (80 %), que j'ai demandé il y a deux ans précisément pour la thèse, je ne parviens pas à me consacrer de manière satisfaisante à mon travail de recherche. Au début, je pensais que le lycée m'occupait trop l'esprit — et la réforme n'arrange rien avec le programme de 1re qui se renouvelle en partie tous les ans — mais là, pendant les vacances, je me rends compte que le problème est plutôt du côté de la thèse. Mon sujet m'intéresse vraiment mais je ne trouve aucune motivation pour avancer : j'ai passé une partie du mois de juillet à programmer mentalement les séances de travail du mois d'août, et le mois d'août étant arrivé, rien ne se passe. J'essaie plusieurs choses, travailler en bibliothèque, chez moi, mais je n'y arrive pas. Par conséquent, je culpabilise à cause des sacrifices que je fais (en argent, en temps) et parce que j'impose à mes proches ces séances de travail qui ne mènent pas à grand-chose.
Depuis quelques mois je songe à abandonner la thèse ; j'en ai discuté avec mes directeurs qui m'ont soutenu et qui m'ont proposé de continuer jusque septembre, date de la réinscription. Celle-ci approche à grands pas et je ne parviens pas à prendre la décision de ne pas continuer. Comme tu le dis, @Austrucheerrante, cette question est complexe et les regrets que tu évoques me parlent, notamment au sujet des possibilités d'évolution dans l'EN. Je demande tous les ans un poste en CPGE, et l'IG qui m'a inspecté m'a dit qu'il n'y en avait pas et que je devais continuer à postuler pour qu'on sache que je suis intéressé. Cependant, sans thèse, les chances s'amenuisent, ce qui fait qu'une part de moi me dit de ne pas abandonner. Par ailleurs, en arrêtant j'aurais l'impression d'avoir fait tout ce travail pour rien, ce qui est vraiment déprimant.
Bref, désolé @Aspinz, je ne peux pas t'aider. Ton fil tombe à point nommé pour moi ; je t'envoie donc ton mon soutien et vais suivre avec intérêt les réponses données.
Je me retrouve dans vos propos.
Je suis actuellement en deuxième année de thèse et j'enseigne en lycée. Malgré mon temps partiel (80 %), que j'ai demandé il y a deux ans précisément pour la thèse, je ne parviens pas à me consacrer de manière satisfaisante à mon travail de recherche. Au début, je pensais que le lycée m'occupait trop l'esprit — et la réforme n'arrange rien avec le programme de 1re qui se renouvelle en partie tous les ans — mais là, pendant les vacances, je me rends compte que le problème est plutôt du côté de la thèse. Mon sujet m'intéresse vraiment mais je ne trouve aucune motivation pour avancer : j'ai passé une partie du mois de juillet à programmer mentalement les séances de travail du mois d'août, et le mois d'août étant arrivé, rien ne se passe. J'essaie plusieurs choses, travailler en bibliothèque, chez moi, mais je n'y arrive pas. Par conséquent, je culpabilise à cause des sacrifices que je fais (en argent, en temps) et parce que j'impose à mes proches ces séances de travail qui ne mènent pas à grand-chose.
Depuis quelques mois je songe à abandonner la thèse ; j'en ai discuté avec mes directeurs qui m'ont soutenu et qui m'ont proposé de continuer jusque septembre, date de la réinscription. Celle-ci approche à grands pas et je ne parviens pas à prendre la décision de ne pas continuer. Comme tu le dis, @Austrucheerrante, cette question est complexe et les regrets que tu évoques me parlent, notamment au sujet des possibilités d'évolution dans l'EN. Je demande tous les ans un poste en CPGE, et l'IG qui m'a inspecté m'a dit qu'il n'y en avait pas et que je devais continuer à postuler pour qu'on sache que je suis intéressé. Cependant, sans thèse, les chances s'amenuisent, ce qui fait qu'une part de moi me dit de ne pas abandonner. Par ailleurs, en arrêtant j'aurais l'impression d'avoir fait tout ce travail pour rien, ce qui est vraiment déprimant.
Bref, désolé @Aspinz, je ne peux pas t'aider. Ton fil tombe à point nommé pour moi ; je t'envoie donc ton mon soutien et vais suivre avec intérêt les réponses données.
- LullabyNiveau 2
Bonsoir,
Je ne sais pas si mon témoignage sera d'une quelconque utilité, mais j'apporte tout de même ma petite pierre à l'édifice.
Agrégée de lettres classiques, j'ai entamé avec enthousiasme une thèse en 2013. J'ai dans le même temps obtenu un contrat doctoral, puis un poste d'ATER, ce qui m'a permis d'enseigner avec plaisir dans le supérieur. Mais, déjà, la charge de préparation de cours sur des sujets que je ne connaissais absolument pas a quelque peu ralenti l'avancée de mon travail.
Rentrée 2017 : me voilà parachutée dans un collège REP à plus d'une heure de chez moi, d'où une perte de temps considérable dans les transports et l'impossibilité d'aller en bibliothèque du fait de mon emploi du temps. La thèse s'est donc trouvée de fait à l'arrêt.
Et depuis, je suis toujours en collège, dans un quartier plus facile mais toujours à plus d'une heure de chez moi. Sans compter que deux enfants se sont ajoutées à l'addition.
J'ai donc décidé à la naissance de ma 2e fille il y a 3 mois de mettre un terme à ces recherches qui n'en sont plus. Cette décision a été très douloureuse à prendre... mais je n'en pouvais plus de voir mes dossiers de thèse végéter sur mon bureau, j'avais perdu le fil de certains chapitres, et l'envie n'était plus là. Le manque de soutien de mon directeur y est certainement aussi pour quelque chose, tout comme le manque de débouchés dans le supérieur en lettres. Moi qui rêvais d'enseigner en CPGE, j'ai dû revoir mes ambitions à la baisse, même si je ne désespère pas de recommencer une thèse un jour.
Enseignement secondaire et thèse ne font pas bon ménage, et quand la vie de famille s'en mêle, l'équation devient par trop compliquée. Certains y arrivent et ont toute mon admiration ! Personnellement, je me suis sentie très seule durant toutes ces années de recherche et sans objectif motivant et assuré. La décision d'abandonner ma thèse était inévitable, même si j'ai parfois le sentiment de ne pas avoir fait les choses comme il fallait.
Bon courage à ceux qui continuent leur thèse et à ceux qui hésitent pour trouver leur voie !
Je ne sais pas si mon témoignage sera d'une quelconque utilité, mais j'apporte tout de même ma petite pierre à l'édifice.
Agrégée de lettres classiques, j'ai entamé avec enthousiasme une thèse en 2013. J'ai dans le même temps obtenu un contrat doctoral, puis un poste d'ATER, ce qui m'a permis d'enseigner avec plaisir dans le supérieur. Mais, déjà, la charge de préparation de cours sur des sujets que je ne connaissais absolument pas a quelque peu ralenti l'avancée de mon travail.
Rentrée 2017 : me voilà parachutée dans un collège REP à plus d'une heure de chez moi, d'où une perte de temps considérable dans les transports et l'impossibilité d'aller en bibliothèque du fait de mon emploi du temps. La thèse s'est donc trouvée de fait à l'arrêt.
Et depuis, je suis toujours en collège, dans un quartier plus facile mais toujours à plus d'une heure de chez moi. Sans compter que deux enfants se sont ajoutées à l'addition.
J'ai donc décidé à la naissance de ma 2e fille il y a 3 mois de mettre un terme à ces recherches qui n'en sont plus. Cette décision a été très douloureuse à prendre... mais je n'en pouvais plus de voir mes dossiers de thèse végéter sur mon bureau, j'avais perdu le fil de certains chapitres, et l'envie n'était plus là. Le manque de soutien de mon directeur y est certainement aussi pour quelque chose, tout comme le manque de débouchés dans le supérieur en lettres. Moi qui rêvais d'enseigner en CPGE, j'ai dû revoir mes ambitions à la baisse, même si je ne désespère pas de recommencer une thèse un jour.
Enseignement secondaire et thèse ne font pas bon ménage, et quand la vie de famille s'en mêle, l'équation devient par trop compliquée. Certains y arrivent et ont toute mon admiration ! Personnellement, je me suis sentie très seule durant toutes ces années de recherche et sans objectif motivant et assuré. La décision d'abandonner ma thèse était inévitable, même si j'ai parfois le sentiment de ne pas avoir fait les choses comme il fallait.
Bon courage à ceux qui continuent leur thèse et à ceux qui hésitent pour trouver leur voie !
- pseudo-intelloSage
Certains y arrivent, mais pas seuls.
Mon mari fait sa thèse (il aura un congé de formation pour la fini l'an prochain), mais mon 80% parental me permet d'avoir plus de temps, et de ce faire de le soulager de pas mal de choses niveau maison et enfants (trop, d'ailleurs, parce que la balance est clairement inéquitable en ma défaveur).
Enfin, même en rééquilibrant mieux les choses, concilier thèse et vie professionnelle normale est extrêmement difficile.
Mon mari fait sa thèse (il aura un congé de formation pour la fini l'an prochain), mais mon 80% parental me permet d'avoir plus de temps, et de ce faire de le soulager de pas mal de choses niveau maison et enfants (trop, d'ailleurs, parce que la balance est clairement inéquitable en ma défaveur).
Enfin, même en rééquilibrant mieux les choses, concilier thèse et vie professionnelle normale est extrêmement difficile.
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- Marcus SeptimusNiveau 5
Bonsoir, voici mon expérience :
J'ai obtenu un contrat doctoral pour faire la thèse pendant 3 ans. Au bout des trois ans, j'ai dû faire mon stage d'enseignant. En accord avec mon directeur de thèse, j'ai mis de côté la thèse pendant toute l'année de stage, y compris pendant les vacances scolaires : psychologiquement, cette coupure m'a fait le plus grand bien, car la thèse commençait à m'épuiser mentalement et j'avais l'impression de tourner en rond. Une fois l'année de stage validée, j'ai repris la thèse mais uniquement pendant les vacances scolaires (et encore, la moitié des vacances étant consacrée à des corrections de copies et des préparations de cours). Il me restait alors uniquement la rédaction à faire. La thèse m'a donc pris plus de temps, mais je l'ai terminée.
Pour revenir au thème du fil, une pause plus ou moins longue est peut-être nécessaire, mais pour mieux revenir sur la thèse ensuite.
J'ai obtenu un contrat doctoral pour faire la thèse pendant 3 ans. Au bout des trois ans, j'ai dû faire mon stage d'enseignant. En accord avec mon directeur de thèse, j'ai mis de côté la thèse pendant toute l'année de stage, y compris pendant les vacances scolaires : psychologiquement, cette coupure m'a fait le plus grand bien, car la thèse commençait à m'épuiser mentalement et j'avais l'impression de tourner en rond. Une fois l'année de stage validée, j'ai repris la thèse mais uniquement pendant les vacances scolaires (et encore, la moitié des vacances étant consacrée à des corrections de copies et des préparations de cours). Il me restait alors uniquement la rédaction à faire. La thèse m'a donc pris plus de temps, mais je l'ai terminée.
Pour revenir au thème du fil, une pause plus ou moins longue est peut-être nécessaire, mais pour mieux revenir sur la thèse ensuite.
- AustrucheerranteHabitué du forum
pseudo-intello a écrit:Certains y arrivent, mais pas seuls.
Mon mari fait sa thèse (il aura un congé de formation pour la fini l'an prochain), mais mon 80% parental me permet d'avoir plus de temps, et de ce faire de le soulager de pas mal de choses niveau maison et enfants (trop, d'ailleurs, parce que la balance est clairement inéquitable en ma défaveur).
Enfin, même en rééquilibrant mieux les choses, concilier thèse et vie professionnelle normale est extrêmement difficile.
Même chose de mon côté, mais c'est moi qui occupai ton rôle (c'est moderne ^^) ; cela permit à Austruchette de finir sa thèse malgré enfantement, et même d'obtenir un vrai poste dans le supérieur - comme quoi, tout est toujours possible : mais les conditions changent beaucoup de choses, effectivement.
- AspinzNiveau 1
Merci à tous pour vos retours!
C'est intéressant comme retour, car à l'université, tout le monde m'a dit que si je m'arrêtais même un trimestre c'était sûr que je ne reprendrai pas, et qu'il ne fallait donc surtout pas que je fasse de pause.
Marcus Septimus a écrit:Bonsoir, voici mon expérience :
Pour revenir au thème du fil, une pause plus ou moins longue est peut-être nécessaire, mais pour mieux revenir sur la thèse ensuite.
C'est intéressant comme retour, car à l'université, tout le monde m'a dit que si je m'arrêtais même un trimestre c'était sûr que je ne reprendrai pas, et qu'il ne fallait donc surtout pas que je fasse de pause.
- AustrucheerranteHabitué du forum
Cela dépend de chacun, mais je peux te dire que je connais au moins deux personnes qui ont mis leur thèse très loin d'eux pendant près d'un an, et qui sont docteurs aujourd'hui. Donc, à voir en fonction de toi, sans faire de généralité.
- ShajarVénérable
Je me suis quasi-arrêtée aussi pendant un an pour travailler sur un projet, et je suis docteure
La pause est parfois salutaire. Sans, je pense que j'aurais arrêté avant la fin. Cela permet de prendre du recul à la fois sur le sujet, mais aussi sur le mode de travail.
La pause est parfois salutaire. Sans, je pense que j'aurais arrêté avant la fin. Cela permet de prendre du recul à la fois sur le sujet, mais aussi sur le mode de travail.
- bas-médiévisteNiveau 9
Bonjour aux néos,
Je relance le sujet car je réfléchis sérieusement à abandonner ma thèse... Je suis actuellement en 3e année de contrat doc (une vraie chance d'être financé, j'en ai conscience). Mais voilà... la motivation n'a jamais été au rendez-vous : contexte général difficile (LPPR, accès aux archives rendu compliqué avec le COVID...), perte de sens, impression que ce bout de papier qu'est le doctorat ne me servira à rien, isolement aussi au sein du groupe des doctorants (je suis complètement déconnecté des intrigues autour des postes d'ATER par exemple...). J'en viens à attendre avec impatience le retour de dispo dans le secondaire.
D'où ma question : certains parmi vous ont-ils été dans ce cas ? Ont-ils retrouvé de la motivation - aussi paradoxal que cela puisse paraître - pour finir leur thèse tout en travaillant à temps plein dans le secondaire ?
Je relance le sujet car je réfléchis sérieusement à abandonner ma thèse... Je suis actuellement en 3e année de contrat doc (une vraie chance d'être financé, j'en ai conscience). Mais voilà... la motivation n'a jamais été au rendez-vous : contexte général difficile (LPPR, accès aux archives rendu compliqué avec le COVID...), perte de sens, impression que ce bout de papier qu'est le doctorat ne me servira à rien, isolement aussi au sein du groupe des doctorants (je suis complètement déconnecté des intrigues autour des postes d'ATER par exemple...). J'en viens à attendre avec impatience le retour de dispo dans le secondaire.
D'où ma question : certains parmi vous ont-ils été dans ce cas ? Ont-ils retrouvé de la motivation - aussi paradoxal que cela puisse paraître - pour finir leur thèse tout en travaillant à temps plein dans le secondaire ?
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"Les instructions émanant des socio-pédagogues infestant les cabinets ministériels depuis plusieurs années sont un charabia dont le pathos infernal mériterait d'être traduit en français afin d'en saisir tout le sel lorsque l'on sait qu'il vise un enseignement destiné, je vous le rappelle, à des enfants." (Goubert, 1984)
- PunkyNiveau 9
Pour ma part, j'ai abandonné ma thèse très rapidement. 20 ans plus tard, je pense la reprendre. Arrêter est difficile. Mais si la motivation est véritablement nulle...
- bas-médiévisteNiveau 9
En effet, arrêter est difficile et je me dis que je risque d'avoir perdu trois ans de ma vie pour un projet qui n'a pas abouti.
J'ai l'impression de n'avoir jamais pu trouver mon rythme de croisière... Hormis les six premiers mois durant lesquels j'ai bien avancé, depuis deux ans je cale. J'ai arrêté de dépouiller mes sources depuis quelques mois car le traitement d'une telle quantité de données me semblait de plus en plus injouable. Maintenant qu'il me faudrait commencer à rédiger à partir de mon plan détaillé, je n'ai plus aucune motivation.
J'ai l'impression de n'avoir jamais pu trouver mon rythme de croisière... Hormis les six premiers mois durant lesquels j'ai bien avancé, depuis deux ans je cale. J'ai arrêté de dépouiller mes sources depuis quelques mois car le traitement d'une telle quantité de données me semblait de plus en plus injouable. Maintenant qu'il me faudrait commencer à rédiger à partir de mon plan détaillé, je n'ai plus aucune motivation.
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"Les instructions émanant des socio-pédagogues infestant les cabinets ministériels depuis plusieurs années sont un charabia dont le pathos infernal mériterait d'être traduit en français afin d'en saisir tout le sel lorsque l'on sait qu'il vise un enseignement destiné, je vous le rappelle, à des enfants." (Goubert, 1984)
- PunkyNiveau 9
Le passage à la rédaction est une étape importante pour ne pas dire essentielle. Est-ce véritablement la motivation qui manque ou simplement un peu plus de méthode et un regard plus distancié ? Une petite pause peut être utile pour renouveler le regard et l'intérêt mais bien sûr c'est risqué.
- ElaïnaDevin
Je n'ai jamais vraiment "appartenu" à un labo ou eu un sentiment d'appartenance à quoi que ce fût pour ma thèse. J'étais thésarde de Monsieur Untel, à qui je devais énormément, point final. Je me contrefichais aussi des diverses intrigues. Quant au doctorat, après avoir vaguement cru que ça pourrait peut-être un jour se terminer en poste à la fac, j'ai très vite compris que ça serait plus qu'improbable. Abandonner, j'y ai pensé, mais pas plus que ça non plus.
Dans ce contexte, je n'ai vu ma thèse que comme un travail à faire en plus, qui apportait plaisir et stimulation intellectuelle, en plus d'une reconnaissance de quelques-uns. J'ai aimé papoter avec des amis en sortie de séminaire, participer à des journées d'études, mais je n'en ai pas fait le centre de ma vie.
Par contre je ne me suis pas non plus mis la pression sur les délais, partant du principe que justement ça ne devait pas être le centre de ma vie. J'ai été allocataire monitrice trois ans de 2008 à 2011 (dont une année où j'ai repassé l'agrégation donc où j'ai très peu bossé ma thèse), puis ATER (enfin, demi) deux ans de 2011 à 2013. Sur ces cinq années, j'ai eu mon premier enfant, puis été enceinte de mon 2e et j'ai demandé mon affectation dans le secondaire pour des raisons financières (on ne peut pas être demi-ATER avec deux enfants à nourrir). J'ai terminé la rédaction du corps de la thèse l'été 2013, décidant de ne pas aborder certains points parce qu'il fallait en finir. Mon 2e enfant est né fin 2013, juste après ma prise de poste en lycée. Ensuite, j'ai mis plus d'un an à faire l'intro et la conclusion, relire, reprendre quelques passages, mettre en forme, etc. J'ai soutenu l'été 2015, donc sept après après ma première inscription. Je n'ai pas travaillé tous les jours mais une demi journée par ci une demi journée par là (d'autant qu'en 2014 j'ai commencé à coller en CPGE), quand j'avais une vraie dispo horaire et mentale. Lentement, mais sûrement.
Je pense que quand on commence à en avoir marre, il vaut mieux faire un petit break et surtout, surtout, ne pas se mettre la pression : ça durera ce que ça durera. Au pire hein il n'y a pas mort d'homme. Je suis persuadée qu'il vaut mieux finir un travail, même en y mettant le temps, plutôt que d'abandonner et de regretter ensuite. Et puis c'est dommage d'avoir déjà tant travaillé pour ne pas finir. En retournant dans le secondaire, on fait autre chose, revenir à sa thèse de temps à autres devient davantage un plaisir que quand on a le nez perpétuellement dedans.
Dans ce contexte, je n'ai vu ma thèse que comme un travail à faire en plus, qui apportait plaisir et stimulation intellectuelle, en plus d'une reconnaissance de quelques-uns. J'ai aimé papoter avec des amis en sortie de séminaire, participer à des journées d'études, mais je n'en ai pas fait le centre de ma vie.
Par contre je ne me suis pas non plus mis la pression sur les délais, partant du principe que justement ça ne devait pas être le centre de ma vie. J'ai été allocataire monitrice trois ans de 2008 à 2011 (dont une année où j'ai repassé l'agrégation donc où j'ai très peu bossé ma thèse), puis ATER (enfin, demi) deux ans de 2011 à 2013. Sur ces cinq années, j'ai eu mon premier enfant, puis été enceinte de mon 2e et j'ai demandé mon affectation dans le secondaire pour des raisons financières (on ne peut pas être demi-ATER avec deux enfants à nourrir). J'ai terminé la rédaction du corps de la thèse l'été 2013, décidant de ne pas aborder certains points parce qu'il fallait en finir. Mon 2e enfant est né fin 2013, juste après ma prise de poste en lycée. Ensuite, j'ai mis plus d'un an à faire l'intro et la conclusion, relire, reprendre quelques passages, mettre en forme, etc. J'ai soutenu l'été 2015, donc sept après après ma première inscription. Je n'ai pas travaillé tous les jours mais une demi journée par ci une demi journée par là (d'autant qu'en 2014 j'ai commencé à coller en CPGE), quand j'avais une vraie dispo horaire et mentale. Lentement, mais sûrement.
Je pense que quand on commence à en avoir marre, il vaut mieux faire un petit break et surtout, surtout, ne pas se mettre la pression : ça durera ce que ça durera. Au pire hein il n'y a pas mort d'homme. Je suis persuadée qu'il vaut mieux finir un travail, même en y mettant le temps, plutôt que d'abandonner et de regretter ensuite. Et puis c'est dommage d'avoir déjà tant travaillé pour ne pas finir. En retournant dans le secondaire, on fait autre chose, revenir à sa thèse de temps à autres devient davantage un plaisir que quand on a le nez perpétuellement dedans.
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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
Ma page Facebook https://www.facebook.com/Lire-le-Japon-106902051582639
- bas-médiévisteNiveau 9
Je te remercie Elaïna pour ce partage d'expérience.
Ce que je retiens c'est qu'on avance aussi bien sur sa thèse sans mettre beaucoup les pieds à l'université, et en renonçant à y consacrer tout son temps. C'était aussi un point qui me faisait douter : il m'arrive de ne pratiquement plus avancer pendant des semaines. Le fait de n'avoir pas de date intermédiaire de rendu ni de retour (car je n'ai rédigé pour l'heure qu'un petit chapitre) est très déstabilisant.
Ce que je retiens c'est qu'on avance aussi bien sur sa thèse sans mettre beaucoup les pieds à l'université, et en renonçant à y consacrer tout son temps. C'était aussi un point qui me faisait douter : il m'arrive de ne pratiquement plus avancer pendant des semaines. Le fait de n'avoir pas de date intermédiaire de rendu ni de retour (car je n'ai rédigé pour l'heure qu'un petit chapitre) est très déstabilisant.
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"Les instructions émanant des socio-pédagogues infestant les cabinets ministériels depuis plusieurs années sont un charabia dont le pathos infernal mériterait d'être traduit en français afin d'en saisir tout le sel lorsque l'on sait qu'il vise un enseignement destiné, je vous le rappelle, à des enfants." (Goubert, 1984)
- CarmenLRNeoprof expérimenté
Et si tu te fixais toi-même tes échéances, indépendamment des disponibilités de ton directeur/ta directrice ?
Une phrase qu'on m'a dite un peu sans y penser m'a libérée au moment où j'allais tout lâcher, par lassitude, par patinage, par manque de foi aussi : "Finalement, cette thèse, tu ne la dois qu'à toi-même."
La prise de conscience de la contingence totale de cette affaire m'a énormément aidée à terminer.
Cela ne me sert à rien sur le plan professionnel, certes, et peu importe. On m'a déjà dit "pourquoi avez-vous fait une thèse ? Ça ne sert à rien, en fait ?". Si, ça a changé mon regard, mon rapport au monde et ça m'a changée et cela fait partie des choses que je chéris.
Bien sûr, il y a le chemin, mais, en ce qui me concerne, le fait d'aller au bout, d'accepter de produire quelque chose d'imparfait mais quelque chose quand même plutôt qu'un grand rien du tout a été très important.
Ca a été dévorant. Je ne le regrette pas : c'était ma façon de vivre les choses.
Toutes mes chaleureuses pensées, bas médiéviste.
Une phrase qu'on m'a dite un peu sans y penser m'a libérée au moment où j'allais tout lâcher, par lassitude, par patinage, par manque de foi aussi : "Finalement, cette thèse, tu ne la dois qu'à toi-même."
La prise de conscience de la contingence totale de cette affaire m'a énormément aidée à terminer.
Cela ne me sert à rien sur le plan professionnel, certes, et peu importe. On m'a déjà dit "pourquoi avez-vous fait une thèse ? Ça ne sert à rien, en fait ?". Si, ça a changé mon regard, mon rapport au monde et ça m'a changée et cela fait partie des choses que je chéris.
Bien sûr, il y a le chemin, mais, en ce qui me concerne, le fait d'aller au bout, d'accepter de produire quelque chose d'imparfait mais quelque chose quand même plutôt qu'un grand rien du tout a été très important.
Ca a été dévorant. Je ne le regrette pas : c'était ma façon de vivre les choses.
Toutes mes chaleureuses pensées, bas médiéviste.
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