LP : orientation entre seconde pro et la première pro.

Je reprends ici une discussion entre Malavita et moi-même, non pas pour faire un doublon, mais parce que c'était sur un post concernant le faux Grenelle. Je ne voulais pas faire dériver le post par des considérations sur l'orientation entre la seconde et la première pro. J'ai aussi supprimé ce qui ne concernait pas l'orientation en fin de seconde.

Nous discutions de l'orientation entre la seconde et la première professionnelle, de ses aberrations parfois (me concernant) ou des difficultés qu'elle soulevait (concernant Malavita).

Malavita a écrit:

Jacq a écrit: [...]

Je pense aussi aux collègues qui ont des seconde bac pro et sont dans l'orientation de leurs élèves au sein de leur famille de métiers (pour les collègues du général, info, nos élèves entrent en seconde pro dans une filière de métiers mais leur orientation n'est pas terminée, il faut encore qu'ils s'orientent entre les différents métiers à la fin de la seconde, alors qu'avant c'était fait en troisième).
Constatation dans mon secteur.
Les AGORA (hein, l'administration pense réellement aux  élèves et aux patrons qui vont voir débouler des bacheliers avec un bac "AGORA"   ) sont dans la même filière de métiers que les Logistiques, donc devraient pouvoir (selon Blanquer) s'orienter entre les deux filières en fin de seconde. Mais ile ne peuvent en réalité pas car les deux filières ne sont pas dans le même établissement.
Les Commerce/Accueil/Vente devraient pouvoir postuler sur un autre établissement s'ils veulent avoir toutes les chances d'être en vente, mais en réalité ils n'ont aucune chance d'être pris car les élèves de l'autre établissement ont un tel bonus qu'il est impossible d'avoir autant de points qu'eux.
Au sein d'une même famille de métiers, pour cette orientation, il y a une bonification chef d'établissement (en gros, des points en plus pour les élèves méritants, accordée en accord avec le prof principal et l'équipe pédagogique) qui se traduit pour l'orientation par "avis favorable" et si non "sans avis" (sans bonification de point). Mais, et heureusement nous nous en sommes rendus compte hier au dernier moment, la plateforme numérique valide systématiquement "avis favorable". Donc au lieu de cocher simplement "avis favorable" pour les élèves à valoriser il faut aller décocher "avis favorable" pour tous les autres élèves et tous les vœux de façon à ce qu'apparaisse seulement "sans avis".
Mes élèves de la famille de métiers "vente/commerce/accueil" ont droit à cette bonification du chef d'établissement, par contre les élèves d'ASSP structure ou domicile n'y ont pas droit (alors qu'ils doivent aussi choisir entre les deux filières) sous prétexte qu'ils ne seraient pas une "famille de métiers".
A SE TAPER LA TÊTE CONTRE LES MURS !
Mieux encore, les bac pro ECP (esthétique, cosmétique et parfumerie) doivent faire des vœux d'orientation parce que la plateforme l'oblige alors qu'ils n'ont aucune orientation, le bac pro ECP n'offrant comme orientation que le bac pro ECP. Mais il faut tout de même qu'ils fassent des vœux (un seul donc), qu'ils (enfin, qu'il, puisque un seul !) soient validés et saisis par l'administration alors qu'il n'y a pas d'orientation ! C'est bien de faire faire du travail pour rien aux enseignants et aux administratifs de TERRAIN !
ON MARCHE SUR LA TETE !
[...]

[...]

Pour les familles des métiers, c'est horrible aussi chez nous car si nous avons les options derrière, les élèves n'en veulent qu'une seule et tous la même... J'ai des secondes vraiment sympas qui sont terrifiés à l'idée de ne pas avoir leur option. Ils ont mis d'autres lycées autour, mais je doute qu'ils soient pris car avec le jeu des bonifications... Toutefois, il paraîtrait que des élèves d'autres lycées voudraient venir chez nous pour l'option que ne veulent pas nos élèves. Mais je ne crois absolument pas aux vases communicants et cela signifie du temps de transport... Bref, nous risquons d'avoir beaucoup de frustrations à gérer l'année prochaine avec des classes très déséquilibrées. Les bons élèves auront obtenus ce qu'ils veulent et les plus faibles seront regroupés dans l'autre option, bref un avant goût du post-bac et de la sélection par la mérite... Mais de toute manière, nous ignorons comment tourne affelnet, intercale-t-il un bon élève et un boursier ? Je crois aussi que chez nous, il y a un effet "collègues de professionnel" qui ont "survendu" une option et dans une autre filière, c'est l'inverse, une collègue a un effet repoussoir...
Bref, il y aura vraiment des frustrations et des désillusions et cela va être à nous de gérer les pots cassés en septembre... Je suis contente de ne pas être PP.

Tu as raison. Du négatif, de l'apparence mais aussi un peu de positif.

Effectivement, chez nous, la seule section réellement concernée, les Vente/Commerce/Accueil, l'année dernière a "trinqué". Le fait d'être sans "étiquetage" en sortie de troisième reporte la "sélection" en seconde. Avant ils arrivaient déjà "étiquetés" donc la "concurrence/sélection" se faisait en troisième alors qu'ils ne se connaissaient pas (ou pas tous) et lorsqu'ils arrivaient en seconde elle était achevée. Donc, la concurrence entre eux n'existait pas ou plus. Mais déjà la sélection était opérée. Les frustrations de ceux qui se retrouvaient en Accueil (section la moins demandée le plus souvent) était présente, mais sans que les élèves aient du ressenti contre leurs camarades de l'autre section. Pour nos actuelles premières Vente/Com/Acc l'orientation entre la seconde et la première a détruit le groupe classe constitué en seconde. Ils se détestent, du moins ceux pris en Acc malgré eux détestent les Com/Vente.  

Mais c'était déjà le cas avant. Lorsque je n'avais que Com/Acc les Accueils étaient souvent plus difficiles car candidats à l'origine en Com. Simplement ils ne se détestaient pas car n'avaient pas été en concurrence directe.

Cela engendre des difficultés de gestion de classe (qui existaient déjà entre les groupes, plus difficiles en Acc) mais qui sont exacerbées lorsqu'ils se retrouvent en classe entière (matières générales) car ils ne peuvent plus se sentir. Donc la gestion de classe en classe entière est plus mise en difficulté.

La surprise l'année dernière, puisque c'était la première année, a été que les résultats des affectations entre Com/Vente et de l'autre côté Acc ne correspondait pas au mérite et aux résultats des élèves. Des élèves très méritants et avec un assez bon niveau (pour la classe) ont été affectés en Acc alors que des fainéants se sont retrouvés en Com/Vente et on ne sait pas pourquoi. A cette époque le bonus "chef d'établissement" n'existait pas. J'espère qu'il pourra corriger cela et attribuer à ceux qui ont du mérite ce qu'ils souhaitent.

J'espère comme toi que le logiciel n'intercale pas d'autres facteurs obscurs (outre la moyenne, la bonif établissement et la bonif chef d'établissement) car cela pourrait tout fausser. Il y a des élèves qui ne sont pas boursiers et qui méritent tout autant que les autres.
Dans la promotion que j'ai suivie (toujours en PP des Com/Acc) pendant les trois dernières années j'avais la fille d'un PDG d'une grande boite de grande distribution laissée totalement à l'abandon par sa famille (père qui se fichait totalement d'elle, ne s'occupant que de son travail, mère en conséquence bipolaire et régulièrement en institution psy). Oui, la famille avait de l'argent mais pour la gamine c'était une catastrophe. Statistiquement c'est un cas rare mais pas tant que cela (idem pour une autre classe de Com dont j'étais PP, un bon petit fils de bourgeois de la haute, bien placés, avait une famille de totalement givrés).

Par contre si la bonif chef d'établissement (donc moi en réalité, PP de seconde Com/ACC/Vente cette année) pouvait nous éviter les surprises de l'année dernière pour la même section et les erreurs d'Affelnet comme avant, tant mieux. Dans la promo que je n'ai plus, j'avais il y a trois ans un gamin qui en troisième n'était jamais en cours, n'avait pas de note ou quasiment aucune (et celles qu'il avait étaient déplorables) et il avait été pris en Commerce, passant devant des Accueil bien plus méritants que lui.  La raison : 3 Prépa Pro, avec la moyenne qui va avec en comparaison d'une troisième classique, la bonif qui va avec, la catégorie sociale. Il n'a jamais eu son bac, a abandonné en terminale, mais entre temps il avait pris la place d'autres personnes qui avaient démissionné d'Accueil parce qu'elles souhaitaient être en Com. L'avantage de la bonif chef d'établissement (PP) fait que les élèves sont dans la même classe, le même établissement, évalués par les mêmes enseignants et donc à égalité. J'espère qu'avec les résultats elle sera prépondérante sur d'éventuels autres critères.

Là on espère que la bonif chef d'établissement évitera cela. Nous avons clairement mis le bonus aux méritants tout en laissant des "places" pour les non méritants qui devraient se débrouiller avec leurs notes, entre eux.  Les élèves étaient prévenus dès le début de l'année. Ceux qui n'ont pas joué le jeu n'ont pas joué le jeu, dont certains (un élève pour l'exemple que l'on va nommer Z) dont les parents sont clairement des CSP "plus".

Nous avons prévenus les élèves dès le début de l'année. Nous avons prévenu les parents. Nous les avons sensibilisés sur le fait que, qu'ils soient en Acc Vente ou Com ils auraient accès de la même façon aux mêmes BTS. Nous avons fait venir un ancien élève d'Acc qui travaille maintenant en tant que vendeur. Nous avons prévenu entre autre monsieur "Z" qu'il mettait sa scolarité en danger en ne fichant rien et en nous cassant les pieds tout le temps. Il a ce qu'il mérite en n'ayant pas la bonif. Il n'avait qu'à travailler et être correct. S'il est pris sur son vœu premier, alors je ne serai plus PP de cette classe, clairement.

Si les affectations à la rentrée ne correspondent pas au mérite des élèves et à nos préconisation il est possible (probable ? certain ?) que je refuse la fonction de PP que j'ai demandée pour l'année prochaine en protestation. Il n'est pas question que je cautionne un système qui dysfonctionnerait malgré le travail qui nous a été demandé. Il est clair que si les élèves bonifiés n'ont pas obtenu ce qu'ils souhaitaient, alors mon boulot n'aura servi à rien, leur travail non plus, donc ils le feront sans moi.

L'élève "Z"' qui commence à comprendre que cela sent le roussi pour lui m'a déjà indiqué que s'il était pris en Acc et pas en Com il démissionnait et partait en apprentissage. Je lui ai dit que cela s'entendait mais que ce n'était pas en juin qu'il fallait chercher mais maintenant, dans le doute. Je ne pouvais pas lui dire : "cherchez maintenant et bon débarras !" Si cet élève ou d'autres  qui ne sont pas méritants à ce point prennent la place d'élèves méritants je quitte ma fonction de PP. Pourtant j'aime cette fonction, je l'ai été quasiment tous les ans depuis ma première année (pour un prof de matière générale) mais il ne faut pas se moquer de notre travail et de celui des élèves.

Pour les élèves demandant d'autres établissement, tu évoquais cela. Chez nous aucun ne l'a fait. Ils savent, car nous le leur avons expliqué, qu'ils ne peuvent en obtenir que si des places sont libres. Cela protège les élèves qui souhaitent rester sur l'établissement. C'était aussi une réelle inquiétude des parents qui avaient peur que la "place" de leur enfant soit prise par un autre élève d'une autre ville et que leur enfant soit envoyé ailleurs. Dans la réalité les élèves du lycée Y qui n'ont pas obtenu leur place dans la section voulue de leur lycée ont encore moins de chance d'obtenir le lycée W sauf si, comme tu l'indiquais, à cause d'un enseignant une section est dévalorisée. Mais, si tu as le cas, cela doit être assez rare (enfin j'espère).

Pour finir : l'obscurité de l'algorithme est un scandale. Que nous ne soyons pas au courant nous pousse de façon involontaire à mentir aux élèves et aux parents.