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Juliaan
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Egalité des chances dans les zones rurales Empty Egalité des chances dans les zones rurales

par Juliaan Mar 23 Mar 2021 - 19:59
Bonjour,

J'étais déjà venu poser quelques questions sur ce forum il y a un certain temps, mais il s'agissait davantage d'interrogations personnelles. Étant donné que j'ai plutôt été bien accueilli, je me permets de faire à nouveau appel à vous, mais pour mon mémoire de fin d'études cette fois !

Je réalise un mémoire sur les difficultés d'accès aux filières sélectives / grandes écoles des lycéens issus de zones rurales et je souhaiterais donc entrer en contact avec des professeurs qui, enseignant dans ce type d'espaces géographiques, voudraient bien échanger avec moi sur le sujet.

Au delà de mon mémoire, c'est un sujet qui me tient très à cœur, donc toute aide sera appréciée.

Merci et bonne soirée à vous.

Ps : n'étant pas membre de ce forum depuis suffisamment longtemps, je ne peux malheureusement pas répondre aux messages privés.
Verdurette
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par Verdurette Mar 23 Mar 2021 - 20:57
Ayant migré récemment de la région parisienne dans une ville sinistrée de la "diagonale du vide" je suis également intéressée par ce sujet.
Sans doute connais-tu déjà ces références mais à tout hasard je te signale une association "Chemins d'avenirs" dont la vocation est précisément de lutter pour convaincre les élèves des régions rurales qu'ils peuvent accéder à des chemins qu'ils ignorent ou n'osent pas aborder.

https://www.cheminsdavenirs.fr/

Une intéressante émission y a été consacrée récemment sur France TV " La ligne bleue : Ici, tout est loin".
https://www.france.tv/documentaires/societe/2256935-ici-tout-est-loin.html
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Sallustius
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par Sallustius Mar 23 Mar 2021 - 21:44
j'ai presque toujours enseigné en zone rurale (certes en collège) isolée. J'y vis. Je suis moi-même issue d'un milieu rural très isolé (avec un passage par l'enseignement à distance au lycée pour cause d'éloignement, puis à un lycée urbain avec le choc que cela a été). Je ne sais pas si tu as des questions précises, je ne suis pas une spécialiste, mais je peux essayer de parler de mon expérience.
PabloPE
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par PabloPE Mar 23 Mar 2021 - 22:19
Sans aller jusqu'à des filières élitistes les enfants dans les zones rurales ont parfois des difficultés dans l'accès aussi aux aides. Arriver non francophone dans une école rurale c'est souvent n'avoir aucune asso, aucune aide autre que l'école (qui ne parle que très rarement ta langue donc ...), c'est difficile de trouver un orthophoniste, un pédopsy, de se rendre dans un centre du langage...
Pour les filières sélectives cela suppose donc souvent aussi que les parents puissent se permettre un appart en ville ou que l'internat lui fasse une petite place.

_________________
"Et moi qui
me croyais tranquille pour un bout de temps avec mon chat brun."
Verdurette
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par Verdurette Mer 24 Mar 2021 - 6:28
Je n'ai rien contre les (rares) non francophones qui atterrissent dans les classes rurales, mais leur sort n'est pas tellement plus compliqué, une fois surmontée la barrière de la langue, que celle des familles rurales de souche qui vivent là depuis des décennies. On n'a pas de bibliothèque, pas de théâtre, pas d'orthophoniste en effet, pas non plus  de psychologue, de spécialiste, de dentiste ... sans faire un nombre conséquent de kilomètres. Ce qui nécessite du temps et des moyens. on exemple ne fait pas une généralité, mais mes deux élèves syriens ont un maître UPE2A qui vient deux fois par semaine, j'ai aussi des élèves "locaux" qui ont un grand besoin d'orthophoniste, les rares du coin ont une liste d'attente longue comme le bras, du coup  ne prennent jamais avent le CP, donc souvent trop tard,  à moins que les parents n'aient la possibilité (temps, ressources, avoir une voiture et le permis ce qui n'a rien d'évident ) d'aller à Chalon sur Saône, ce qui fait déjà deux heures de trajet aller-retour pour une séance d'une demi-heure ...

L'offre culturelle existe, mais elle est très limitée. On m'objectera que je suis parisienne d'origine, je reconnais que l'offre d'une capitale, d'une grande ville est forcément incomparable en diversité et en quantité.  (et d'ailleurs j'en profitais peu faute de moyens).  Mais on ressent bien que tout ce qu'on nous propose ici est de seconde zone, "bien assez bon pour des culs-terreux", sur le plan culturel comme sur le plan médical d'ailleurs. La crise des Gilets jaunes a mis en lumière ces fractures, et le malaise que peuvent ressentir les habitants de ces zones rurales face au mépris des gens des villes.

On parle souvent, en ce moment, de l'exode des citadins suite au confinement, mais outre qu'il est limité aux familles aisées qui peuvent pratiquer le télétravail, ces dernières choisissent des villes moyennes bien dotées et accessibles, pas des villages paumés de la campagne profonde ni de petites villes en déclin dans le genre de celle que j'habite, malgré la modicité de l'immobilier et la jolie campagne.

Pas d'information riche, non plus, déjà que je ne suis pas très convaincue de l'efficience des CIO, mais clairement, il faut en vouloir pour sortir un peu des sentiers battus.

J'entends déjà : Ah, mais aujourd'hui, avec internet, on a accès à tout.  Déjà, il faut avoir une connexion.  J'ai plusieurs amis qui n'y parviennent pas sans recourir à un satellite. Et même si on l'a, il faut avoir l'idée d'aller surfer sur le site d'une grande école, d'un lieu d'études élitiste.

Les parents comme les professeurs limitent les éventuelles ambitions des élèves (1. arrête de rêver, tu n'y arriveras pas   2. Non, mais c'est pas un métier, ça. ) quand ce ne sont pas les élèves eux-mêmes qui s'autocensurent. La très grande majorité choisit ses études en fonction de la proximité géographique puis de l'intérêt, il est difficile d'imaginer, quand on est en grande ville, la complexité et la longueur du moindre trajet quand on n'a pas de voiture. Peu de trains, des changements à n'en plus finir, on peut mettre plusieurs heures à faire une centaine de kilomètres, heures passées majoritairement dans une petite gare déserte en attendant le prochain train.

Je ne vous dis pas la stupéfaction quand on découvre que le loyer d'une chambre parisienne  de 9m2 au sixième sans ascenseur avec toilettes à la turque sur le palier est plus cher que celui de votre propre maison de 100 m2 avec jardin.

Une jeune fille  de l'émission citée plus haut explique le malaise lors de l'entretien pour l'accès à Sciences po , je crois, comment elle perd pied  quand on lui demande quels voyages elle a faits à l'étranger alors qu'elle n'est quasiment jamais sortie de son département.

Je rappelle que la barrière mentale de l'auto-censure  est peut-être encore plus forte que la barrière géographique, en attestent les nombreux jeunes qui ne sont jamais allés à Paris alors qu'ils habitent à quelques stations de RER. Alors, quand on a les deux, sans compter les parents  inquiets de cette "rupture" (ce qui peut se comprendre) c'est vraiment difficile.
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User20401
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par User20401 Mer 24 Mar 2021 - 6:33
Verdurette a écrit:Je n'ai rien contre les (rares) non francophones qui atterrissent dans les classes rurales, mais leur sort n'est pas tellement plus compliqué, une fois surmontée la barrière de la langue, que celle des familles rurales de souche qui vivent là depuis des décennies. On n'a pas de bibliothèque, pas de théâtre, pas d'orthophoniste en effet, pas non plus  de psychologue, de spécialiste, de dentiste ... sans faire un nombre conséquent de kilomètres. Ce qui nécessite du temps et des moyens. on exemple ne fait pas une généralité, mais mes deux élèves syriens ont un maître UPE2A qui vient deux fois par semaine, j'ai aussi des élèves "locaux" qui ont un grand besoin d'orthophoniste, les rares du coin ont une liste d'attente longue comme le bras, du coup  ne prennent jamais avent le CP, donc souvent trop tard,  à moins que les parents n'aient la possibilité (temps, ressources, avoir une voiture et le permis ce qui n'a rien d'évident ) d'aller à Chalon sur Saône, ce qui fait déjà deux heures de trajet aller-retour pour une séance d'une demi-heure ...

L'offre culturelle existe, mais elle est très limitée. On m'objectera que je suis parisienne d'origine, je reconnais que l'offre d'une capitale, d'une grande ville est forcément incomparable en diversité et en quantité.  (et d'ailleurs j'en profitais peu faute de moyens).  Mais on ressent bien que tout ce qu'on nous propose ici est de seconde zone, "bien assez bon pour des culs-terreux", sur le plan culturel comme sur le plan médical d'ailleurs. La crise des Gilets jaunes a mis en lumière ces fractures, et le malaise que peuvent ressentir les habitants de ces zones rurales face au mépris des gens des villes.

On parle souvent, en ce moment, de l'exode des citadins suite au confinement, mais outre qu'il est limité aux familles aisées qui peuvent pratiquer le télétravail, ces dernières choisissent des villes moyennes bien dotées et accessibles, pas des villages paumés de la campagne profonde ni de petites villes en déclin dans le genre de celle que j'habite, malgré la modicité de l'immobilier et la jolie campagne.

Pas d'information riche, non plus, déjà que je ne suis pas très convaincue de l'efficience des CIO, mais clairement, il faut en vouloir pour sortir un peu des sentiers battus.

J'entends déjà : Ah, mais aujourd'hui, avec internet, on a accès à tout.  Déjà, il faut avoir une connexion.  J'ai plusieurs amis qui n'y parviennent pas sans recourir à un satellite. Et même si on l'a, il faut avoir l'idée d'aller surfer sur le site d'une grande école, d'un lieu d'études élitiste.

Les parents comme les professeurs limitent les éventuelles ambitions des élèves (1. arrête de rêver, tu n'y arriveras pas   2. Non, mais c'est pas un métier, ça. ) quand ce ne sont pas les élèves eux-mêmes qui s'autocensurent. La très grande majorité choisit ses études en fonction de la proximité géographique puis de l'intérêt, il est difficile d'imaginer, quand on est en grande ville, la complexité et la longueur du moindre trajet quand on n'a pas de voiture. Peu de trains, des changements à n'en plus finir, on peut mettre plusieurs heures à faire une centaine de kilomètres, heures passées majoritairement dans une petite gare déserte en attendant le prochain train.

Je ne vous dis pas la stupéfaction quand on découvre que le loyer d'une chambre parisienne  de 9m2 au sixième sans ascenseur avec toilettes à la turque sur le palier est plus cher que celui de votre propre maison de 100 m2 avec jardin.

Une jeune fille  de l'émission citée plus haut explique le malaise lors de l'entretien pour l'accès à Sciences po , je crois, comment elle perd pied  quand on lui demande quels voyages elle a faits à l'étranger alors qu'elle n'est quasiment jamais sortie de son département.

Je rappelle que la barrière mentale de l'auto-censure  est peut-être encore plus forte que la barrière géographique, en attestent les nombreux jeunes qui ne sont jamais allés à Paris alors qu'ils habitent à quelques stations de RER. Alors, quand on a les deux, sans compter les parents  inquiets de cette "rupture" (ce qui peut se comprendre) c'est vraiment difficile.
Quelle chance ! Mon petit syrien apprend la langue comme il peut (et comme on peut).

Je plussoie sur la barrière mentale. Elle m'avait beaucoup étonnée quand j'étais stagiaire ici dans le second degré. Les élèves n'envisagent même pas d'aller faire des études dans la capitale de région (à 1h30 de route). Alors Paris…
menerve
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par menerve Mer 24 Mar 2021 - 9:35
Je suis d'accord avec tout ce qui a été dit. J'enseigne dans un collège de 189 élèves... Dans la campagne profondes. De plus la majorité sont issus de famille où les parents n'ont pas d'emploi car il n'y a presque rien à offrir... Une seule usine, quelques commerces. Pas d'emploi =pas de sous=pas de voiture et comme il n'y a qu'un seul bus le matin....
Bref c'est triste à dire mais les élèves préfèrent faire des enfants très tôt.... Les allocs et les aides sont bien souvent les seules ressources.
On choisit les études en fonction de ce qui est proposé au lycée de secteur. Et évidemment les parents ne les poussent pas à travailler.

Quel dommage car la plupart sont des élèves gentils, polis, serviables... Il leur manque motivation et ambition.

Et partir à la grande ville est réservé aux élites...
PabloPE
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par PabloPE Mer 24 Mar 2021 - 16:39
Cicyle a écrit:
Quelle chance ! Mon petit syrien apprend la langue comme il peut (et comme on peut).

Je plussoie sur la barrière mentale. Elle m'avait beaucoup étonnée quand j'étais stagiaire ici dans le second degré. Les élèves n'envisagent même pas d'aller faire des études dans la capitale de région (à 1h30 de route). Alors Paris…
On a de plus en plus d'allophones nous (l'immobilier autour de la ville est inaccessible). Alors quand ils sont turcophones ça va (on a plusieurs élèves bilingues) mais quand la langue est plus rare  on galère. Alors on demande une prise en charge et des fois on obtient une place mais comme c'est "à la ville" et que les mères primo arrivantes sont rarement véhiculées ...

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Simgajul
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par Simgajul Mer 24 Mar 2021 - 22:06
Je viens juste d'arriver dans une Zone très rurale après 6 ans d'enseignement en région parisienne et c'est un petit choc (en bien et en moins bien).
On a une soixantaine d'élèves de 3e et au total, il y en a bien 10 qui vont aller faire un apprentissage l'année prochaine (je n'avais jamais eu d'élèves se laçant dans l'apprentissage) et 20 autres qui iront au lycée pro. Sur ces 30 élèves, il y en a bien 7/8 qui pourrait réussir en 2nde GT mais ce n'est pas le projet familial. Ceux qui sont très bons élèves n'ambitionnent rien d'autre que le lycée de secteur, une seule élève m'a parlé de faire une section européenne. Dans mon ancien collège, les parents achetaient des boites aux lettres pour accéder aux lycées parisiens du 16e, on avait toujours 5/6 élèves qui postulaient pour Hiv et Louis le Grand. Et on avait des élèves à 4 de moyenne qui allaient en appel pour aller en 2nd GT... C'est vraiment un autre monde.

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par uneodyssée Jeu 25 Mar 2021 - 8:48
Il y a aussi le problème, en zone rurale, des choix qui sont offerts : avec la baisse des DGH ce sont, en lycée, des options ou des EDS qui disparaissent. Dans mon département, on ne peut faire ni LLCA, ni LLCE Allemand, ni Allemand LVC par exemple, et la musique est ouvertement menacée… J'ai l'exemple concret d'une élève qui aurait voulu faire LLCA Grec (une perle !) et qui y renonce parce qu'être interne dans un lycée du département voisin est logistiquement impossible pour elle.
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par Une passante Jeu 25 Mar 2021 - 9:02
En zone rurale, il y a le problème de l'accès à des études supérieures, lesquelles sont restreintes par la ruralité, et le problème d'ordre financier : partir étudier dans une grande ville coûte très cher (pas seulement en frais d'hébergement, de vie quotidienne, mais également en frais pour rentrer voir sa famille).
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danses
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par danses Jeu 25 Mar 2021 - 9:38
menerve a écrit:Je suis d'accord avec tout ce qui a été dit. J'enseigne dans un collège de 189 élèves... Dans la campagne profondes. De plus la majorité sont issus de famille où les parents n'ont pas d'emploi car il n'y a presque rien à offrir... Une seule usine, quelques commerces. Pas d'emploi =pas de sous=pas de voiture et comme il n'y a qu'un seul bus le matin....
Bref c'est triste à dire mais les élèves préfèrent faire des enfants très tôt.... Les allocs et les aides sont bien souvent les seules ressources.
On choisit les études en fonction de ce qui est proposé au lycée de secteur. Et évidemment les parents ne les poussent pas à travailler.

Quel dommage car la plupart sont des élèves gentils, polis, serviables... Il leur manque motivation et ambition.

Et partir à la grande ville est réservé aux élites...

@menerve : Zone hyper rurale des Hauts-de-France également (celle dont on menace les PE récalcitrants parfois... Rolling Eyes ).

Je fais le même constat que toi. Avec ce sketch rejoué tous les ans, au moment de l'orientation : "Je veux faire ça ! / Alors, la formation se trouve dans le lycée de la ville d'à côté (desservie par le bus, le train parfois), à 20 km // Ah non alors, c'est trop loin, ça fait peur (si, si...). Qu'est-ce je dois faire comme études pour rester ici, dans le quartier où je suis né ???". Outre le frein financier, demeure un frein psychologique abyssal parfois.

Une élève (fille de médecin) a tenté Henri IV cette année. La première et la seule depuis 20 ans. Et pourtant, on a des élèves parfois hyper-brillants, mais non. Et ce n'est pas faute d'essayer.

Voilà, voilà...
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par Clecle78 Jeu 25 Mar 2021 - 10:21
Quand j'étais élève dans une petite ville du midi mes camarades choisissaient en fonction de l'éloignement. Déjà Avignon c'était le grand nord. Quand une antenne de l'université a ouvert beaucoup ont choisi d'y étudier pour rester sur place. Le choix de filière était secondaire pour certains
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par Cisil Jeu 25 Mar 2021 - 10:54
Juliaan a écrit:Bonjour,

Je réalise un mémoire sur les difficultés d'accès aux filières sélectives / grandes écoles des lycéens issus de zones rurales et je souhaiterais donc entrer en contact avec des professeurs qui, enseignant dans ce type d'espaces géographiques, voudraient bien échanger avec moi sur le sujet.
Si vous ne l'avez pas lu, je vous conseille Les Invisibles de la République : la jeunesse oubliée de la France périphérique de Salomé Berlioux et Erkki Maillard.

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"Si haut que l’on soit placé, on n’est jamais assis que sur son cul."  Montaigne.

"When I went to school, they asked me what I wanted to be when I grew up. I wrote down ‘happy’. They told me I didn’t understand the assignment, and I told them they didn’t understand life.”  John Lennon
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par EdithW Jeu 25 Mar 2021 - 12:42
Il y a eu un article passionnant dans Le Monde il y a quelques semaines sur ce phénomène, mais je n’arrive pas à le retrouver! Je confirme ce que vous dites, ça devient presque comique parfois quand le gamin totalement maladroit et incapable de tenir un crayon ou des ciseaux sans faire de catastrophe s’inscrit en apprentissage en menuiserie « parce que c’est à côté ». Dans la bourgade à laquelle je pense, deux formations : bois et aide-soignant.
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par Cisil Jeu 25 Mar 2021 - 13:00
Ce ne serait pas celui-là ?
https://www.lemonde.fr/campus/article/2021/03/09/pour-les-jeunes-ruraux-la-crise-decourage-encore-plus-l-envie-d-aller-voir-ailleurs_6072404_4401467.html

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par Juliaan Jeu 25 Mar 2021 - 17:13
Merci à tous pour vos réponses, je ne m'attendais pas à susciter tant de réactions !

Je viens moi-même d'un environnement rural, où j'ai fait toute ma scolarité jusqu'au baccalauréat et comme vous j'ai constaté que certains des mes anciens camarades auraient eu le potentiel pour suivre des études ambitieuses mais que souvent, par manque d'information et par peur de l'éloignement, ces ambitions se sont trouvées limitées à l'offre de formation locale. Et bien sûr, comme vous êtes plusieurs à le mentionner, le manque de rapport à la culture, l'environnement familial etc, induisent déjà en amont des difficultés liées au capital culturel.

Pour clarifier un peu ma demande, je cherche en fait à réaliser des entretiens avec quelques professeurs pour leur poser des questions par rapport à mon sujet. J'avais peur que cette problématique ne soit pas quelque chose dont les professeurs aient réellement conscience, car à la différence des "banlieues" urbaines, les zones rurales ne bénéficient pas de la même couverture médiatique sur ces questions, mais apparemment c'est bien quelque chose que vous avez vous aussi remarqué. J'ai déjà constitué la partie revue de littérature de mon mémoire, en faisant état des travaux classiques de sociologie pouvant éclairer le sujet ainsi que des quelques autres menés spécifiquement sur les publics ruraux et j'aimerais maintenant compléter cela avec une partie plus orientée vers le "terrain" (j'ai déjà commencé à interroger des étudiants de territoires ruraux qui ont suivi un parcours en grandes écoles).

Si certains d'entre vous, idéalement professeurs de lycée (même s'il est vrai que les inégalités se construisent déjà au collège et qu'il pourrait donc aussi être pertinent d'échanger avec des personnes qui y enseignent), souhaitent prendre part à ces entretiens, j'en serais ravi. De même, si vous avez vous-même suivi votre scolarité en milieu rural avant de rejoindre une grande ville pour accomplir vos ambitions (prépa ou ENS, par exemple, car j'imagine que c'est le type de parcours en grande école le plus courant chez les professeurs), je serais heureux de vous entendre.


Verdurette a écrit:Ayant migré récemment de la région parisienne dans une ville sinistrée de la "diagonale du vide" je suis également intéressée par ce sujet.
Sans doute connais-tu déjà ces références mais à tout hasard je te signale une association "Chemins d'avenirs" dont la vocation est précisément de lutter pour convaincre les élèves des régions rurales  qu'ils peuvent accéder à des chemins qu'ils ignorent ou n'osent pas aborder.

https://www.cheminsdavenirs.fr/

Une intéressante émission y a été consacrée récemment sur France TV " La ligne bleue : Ici, tout est loin".
https://www.france.tv/documentaires/societe/2256935-ici-tout-est-loin.html

Merci pour le lien vers l'émission, je vais regarder ça.
Concernant Chemin d'avenirs, j'en avais entendu parler. De mon côté, je fais partie d'une association qui s'appelle Des territoires aux grandes écoles (https://www.desterritoiresauxgrandesecoles.org/). D'ailleurs, si certains ici souhaitent s'investir sur ces questions d'égalité des chances, je leur conseille de regarder s'il existe une initiative dans leur département. Wink

Sallustius a écrit:j'ai presque toujours enseigné en zone rurale (certes en collège) isolée. J'y vis. Je suis moi-même issue d'un milieu rural très isolé (avec un passage par l'enseignement à distance au lycée pour cause d'éloignement, puis à un lycée urbain avec le choc que cela a été). Je ne sais pas si tu as des questions précises, je ne suis pas une spécialiste, mais je peux essayer de parler de mon expérience.

A vrai dire, je ne cherche pas du tout de "spécialiste". Ce qui m'intéresse, justement, c'est de voir comment les professeurs se positionnent par rapport à ces questions, les difficultés peut-être qu'ils ont pour motiver leurs élèves à être ambitieux, et plus généralement ce qu'ils constatent au quotidien dans leurs établissements. Si vous avez un peu de temps à me consacrer, ce serait donc un plaisir.

Cisil a écrit:
Si vous ne l'avez pas lu, je vous conseille Les Invisibles de la République : la jeunesse oubliée de la France périphérique de Salomé Berlioux et Erkki Maillard.
J'avais lu un travail de Salomé Berlioux mais pas celui-ci, je note donc la référence. Merci beaucoup.
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Sallustius
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par Sallustius Jeu 25 Mar 2021 - 21:11
je ne suis pas certaine que tout vienne de l'ambition des élèves ou des familles au départ, même si, comme vous tous, j'ai bien eu l'exemple du c'est-trop-loin c'est-trop-cher ça-fait-trop-peur...

Il faut aussi voir l'abandon des établissements en zone rurale : les fontes de DHG condamnent d'abord les petits établissements, en outre, il y a une idée bien ancrée dans les têtes des IA - IPR - IA et autres dans ces zones. J'ai entendu plusieurs fois des remarques qui m'ont mise hors de moi, du "vous n'allez pas demander la même chose à ces enfants qu'aux élèves des centres-villes !" au "quoi ? Vous avez votre propre enfant dans CET établissements ?!?" en passant par "oui, vous avez beaucoup d'élèves en latin mais soyons clairs, EUX ça ne leur servira à rien !"... Comment peut-on motiver les familles, les élèves, les collègues avec des discours pareils. A la teneur du discours, on imagine facilement la tête des commissions quand des dossiers de notre département "fond de campagne" doivent arriver sur les bureaux.

J'entends des collègues mutés en ville. Leurs enfants font le BEA, demandent des "sections euro" ou "internationales", font des "voeux" pour les lycées, choisissent des LV2 - LV3, des options cinéma, théâtre... Mais ici, rien de tout cela n'existe. Mon lycée de secteur est déjà à 50 min. de transport scolaire, avec un internat blindé qui ne peut pas accueillir tout le monde, alors demander un autre lycée, même pas en rêve! Une section euro, on a essayé, mais les moyens ont vite disparu. Des LV3, des options ??? Quand le latin persiste, c'est déjà bien. Si, je suis méchante, on nous a ouvert en LV2 la langue maternelle de certains de nos élèves pour réconcilier les plus fragiles avec l'école. Aucun financement, aucun partenaire. Pas de quoi faire naître de grandes ambitions. Je précise que mon département ne compte en outre aucune classe préparatoire, dans aucune filière.

Dès qu'on veut sortir nos élèves, il faut compter 200 euros de bus et les moyens sont misérables.

Pourquoi ne pas décréter que quelques places seraient réservées à des élèves de zones rurales, comme cela a parfois, mais trop rarement, fait pour certains REP ?

Il faudrait peut-être accepter aussi l'idée que pour l'égalité des chances, il faut aussi comprendre qu'un élève en zone éloignée, dans des petites structures, coûtera peut-être "plus cher" si on veut lui offrir une formation équivalente. Aujourd'hui, j'ai l'impression d'être dans la situation inverse.
Elaïna
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par Elaïna Jeu 25 Mar 2021 - 21:46
Le refus d'aller "loin" n'est pas spécifique aux petits campagnards. J'étais en lycée à Marseille, et nous étions fort rares à vouloir faire nos études hors Marseille-Aix (et les plus aventureux ne dépassaient pas Avignon). Sur toute ma promo de cinq classes de terminales je crois que nous avons été royalement trois à aller plus loin (un à Lyon, deux à Paris).

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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.

Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered

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Jenny
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Médiateur

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par Jenny Jeu 25 Mar 2021 - 21:48
Je confirme. Même en banlieue parisienne, certains élèves n’ont jamais vu Paris et refusent de sortir de leur quartier.
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User20401
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par User20401 Jeu 25 Mar 2021 - 21:48
Oui mais disons que les opportunités ne sont pas les mêmes quand tu restes coincée à Marseille ou quand tu es coincée à Carmaux…
Edit : Je répondais à Elaïna.
Clecle78
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par Clecle78 Jeu 25 Mar 2021 - 22:00
Elaïna a écrit:Le refus d'aller "loin" n'est pas spécifique aux petits campagnards. J'étais en lycée à Marseille, et nous étions fort rares à vouloir faire nos études hors Marseille-Aix (et les plus aventureux ne dépassaient pas Avignon). Sur toute ma promo de cinq classes de terminales je crois que nous avons été royalement trois à aller plus loin (un à Lyon, deux à Paris).
Ah ! Nous n'étions pas très éloignées. Dans ma ville environ un ou une élève par génération partait au nord d'Avignon.J'ai été la seule de mon lycée à faire ses études à Paris.
clélia
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par clélia Jeu 25 Mar 2021 - 22:23
Sallustius a écrit:
Il faut aussi voir l'abandon des établissements en zone rurale : les fontes de DHG condamnent d'abord les petits établissements, en outre, il y a une idée bien ancrée dans les têtes des IA - IPR - IA et autres dans ces zones. J'ai entendu plusieurs fois des remarques qui m'ont mise hors de moi.

Je travaille dans un petit collège rural, dans un département très rural. En deux ans, on est passé de 10 divisions à 8, avec un nombre d'élèves stable. 6 de nos 8 divisions comptent 30 élèves ou plus. Nos élèves sont gentils mais beaucoup sont faibles et avec 30 élèves par classe, difficile de les faire progresser. Au niveau de l'académie, au moment de la répartition des heures, on trouve que notre département coûte trop cher par rapport au nombre d'élèves.
Et concernant les remarques, je confirme : nous sommes plusieurs à avoir entendu nos inspecteurs (à la suite de visites) laisser entendre que nous devrions avoir plus d'ambition au lieu de rester dans notre petit collège de campagne.

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Il voyagea.
Il connut la mélancolie des paquebots, les froids réveils sous la tente, l’étourdissement des paysages et des ruines, l’amertume des sympathies interrompues.
Il revint.
Il fréquenta le monde, et il eut d’autres amours, encore.
PabloPE
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Expert

Egalité des chances dans les zones rurales Empty Re: Egalité des chances dans les zones rurales

par PabloPE Jeu 25 Mar 2021 - 22:43
Jenny a écrit:Je confirme. Même en banlieue parisienne, certains élèves n’ont jamais vu Paris et refusent de sortir de leur quartier.
Il y a quand même une grande différence entre refuser de faire quelques kilomètres en métro et devoir sortir 500 € de loyer (et autant de frais) pour aller à la fac de la capitale régionale Wink
Cicyle a écrit:Oui mais disons que les opportunités ne sont pas les mêmes quand tu restes coincée à Marseille ou quand tu es coincée à Carmaux…
Edit : Je répondais à Elaïna.
Je n'ai jamais voulu quitter Bordeaux mais cela offrait quand même pas mal de possibilités. :sourit:

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"Et moi qui
me croyais tranquille pour un bout de temps avec mon chat brun."
Jenny
Jenny
Médiateur

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par Jenny Jeu 25 Mar 2021 - 23:09
PabloPE a écrit:
Jenny a écrit:Je confirme. Même en banlieue parisienne, certains élèves n’ont jamais vu Paris et refusent de sortir de leur quartier.
Il y a quand même une grande différence entre refuser de faire quelques kilomètres en métro et devoir sortir 500 € de loyer (et autant de frais) pour aller à la fac de la capitale régionale Wink  

Plutôt une heure et demie en bus, puis train et métro dans la banlieue où je travaillais.
J'ai l'impression qu'il n y a pas qu'une question d'argent derrière ce refus de partir. Il existe des bourses, l'APL... Il y a une peur de quitter ce qu'on connaît, j'ai l'impression. Je me souviens de mes durs de 3e terrifiés par les pigeons parisiens. Razz
Je suis partie de ma ville moyenne pour Paris sans beaucoup d'argent, j'ai travaillé à côté. On est peu à être partis, ceux qui sont partis n'étaient pas les plus aisés et c'était mal vu. (Ne jamais garer une voiture avec une plaque francilienne ou suisse dans le quartier de mon adolescence. C'est le meilleur moyen de retrouver une vitre cassée ou la voiture brûlée...)
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