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- doctor whoDoyen
C'est ce que deux chercheurs ont montré ici : http://www.huffingtonpost.com/wray-herbert/ink-on-paper-some-notes-o_b_4681440.html
Those who took notes in longhand, and were able to study, did significantly better than any of the other students in the experiment -- better even than the fleet typists who had basically transcribed the lectures. That is, they took fewer notes overall with less verbatim recording, but they nevertheless did better on both factual learning and higher-order conceptual learning. Taken together, these results suggest that longhand notes not only lead to higher quality learning in the first place; they are also a superior strategy for storing new learning for later study. Or, quite possibly, these two effects interact for greater academic performance overall.
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Mon blog sur Tintin (entre autres) : http://popanalyse.over-blog.com/
Blog pédagogique : http://pedagoj.eklablog.com
- Presse-puréeGrand sage
Ce sont certainement des chercheurs réactionnaires.
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Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8
"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- JohnMédiateur
Prendre des notes manuscrites permettrait de mieux comprendre et retenir un cours que si on prend des notes par ordinateur selon une étude américaine :
http://etudiant.lefigaro.fr/les-news/actu/detail/article/le-stylo-serait-plus-efficace-que-l-ordinateur-pour-prendre-des-notes-en-cours-5164/
http://etudiant.lefigaro.fr/les-news/actu/detail/article/le-stylo-serait-plus-efficace-que-l-ordinateur-pour-prendre-des-notes-en-cours-5164/
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- RoninMonarque
Selon des études françaises également voir Eric Lambert, Denis Alamargot par exemple. Vive l'outil scripteur !
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- User5899Demi-dieu
Bon. Alors à quand l'interdiction des ordis en amphi, dans l'intérêt des étudiants ? C'est bien joli, les études, encore faut-il qu'il y ait des suites !
- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
Si je m'en tiens à cet article, l'étude me paraît limitée : certains cours sont difficiles, et il vaut peut-être mieux, à ce moment là, avoir pas mal de notes à méditer chez soi pour tenter de comprendre. D'autres cours sont passionnants, et on peut avoir envie de ne pas en manquer une miette. J'ai fait partie de ces étudiants qui ont transcrit mot pour mot certains de leurs cours, je fais aussi partie de ceux qui les relisent des années plus tard, et y apprennent de nouvelles choses. Sans compter la possibilité de se faire du fric le jour où le professeur sera mort et célèbre. Au collège, peut-être, mais l'orthopédie à l'université, non.
- PhilomèleNiveau 9
Cripure a écrit:Bon. Alors à quand l'interdiction des ordis en amphi, dans l'intérêt des étudiants ? C'est bien joli, les études, encore faut-il qu'il y ait des suites !
Réponse sérieuse (à une réaction mi-figue mi-raisin, me semble-t-il) :
Je dissuade courtoisement mes étudiants de Licence de prendre leurs notes sur ordinateur, 1° pour éviter qu'ils se dispersent sur les réseaux sociaux et autres passe-temps en ligne, 2° parce que leurs notes numériques sont en général illisibles et inutilisables (prises au kilomètre, sans structure - on trouve aussi ces défauts dans les notes manuscrites mais les défauts sont incontestablement amplifiés sous forme numérique).
Les étudiants obtempèrent sans difficulté, je dois seulement rappeler ce "conseil" au cours de l'année.
En revanche, je discutais il y a quelque temps avec un collègue d'hypokhâgne, qui reconnaissait aussi le pouvoir de déconcentration de la prise de notes sur un ordinateur connecté au wifi, mais convenait que les notes étaient dans l'ensemble bien prises, certains étudiants fabriquant des feuilles de style pour structurer le cours.
Tout le problème de l' "économie de l'attention". L'enseignant essaie d'attirer l'attention sur son cours comme le ferait un naufragé sur une île déserte. Je connais pas mal d'enseignants qui dissuadent aussi d'utiliser l'ordinateur en amphi mais je serais bien incapable d'estimer leur nombre - les autres estimant que les étudiants sont bien assez grands pour que l'on ne prenne pas les décisions à leur place. Je considère que les études ont aussi pour fin de développer les capacités d'attention, je prends donc les moyens que je juge bons pour cela.
Sinon, l'article du premier post est bien oiseux et enfonce des banalités, oserais-je dire.
- User17706Bon génie
L'étude, plus précisément, essaie de mesurer un fait précis : la plus grande vitesse de l'écriture sur clavier ne compenserait pas les avantages de la prise de notes manuscrite, indépendamment même des distractions afférentes à l'emploi d'un ordinateur où il se déroule d'autres choses qu'une prise de notes. C'est à mon sens le point important. Si c'est une banalité (ce qui est en un sens vrai), ce n'en est pas tout à fait une pour de nombreux étudiants.
En observant la prise de notes, j'ai souvent remarqué que les étudiants (d'aujourd'hui : autrement dit des publics qui réellement ont un problème avec ça) ont le réflexe de noter surtout ce qu'ils ne comprennent pas, cessant de noter lorsqu'ils comprennent. Le résultat à terme, c'est qu'ils ont des notes pleines de développements que, souvent, ils ne comprendront pas davantage à la relecture, et que ce qu'ils n'auront pas noté sous prétexte qu'ils le comprenaient au moment où c'était professé, bien évidemment au bout de quelques semaines ils l'auront oublié. Ils ne peuvent donc pas non plus s'appuyer sur le plus clair pour éclairer le moins clair, puisque le plus clair a disparu.
Il faut ajouter à cela le fait que la prise de notes kilométrique a du mal à restituer économiquement la structure d'un propos, là où l'écriture manuscrite dispose de quantité de moyens pour cela, qui ne « mangent » aucun temps supplémentaire (quand ce ne serait qu'un jeu sur les marges).
Le résultat est qu'il faut indiquer ces choses aux étudiants. Je décourage également, dans la mesure où je le peux, la prise de notes sur ordinateur. Je me demande si je ne devrais pas également décourager l'emploi des dictaphones : je doute que, cognitivement, on dispose de moyens de beaucoup améliorer le résultat obtenu par une écoute qui s'astreint à fabriquer « en temps réel » une version intelligible du propos tenu.
Mais bon, encore faut-il ne pas être pris par un cinglé par l'étudiant à qui vous expliquez ça. Et dans certains cas (ceux où il n'arriverait pas à prendre des notes manuscrites) l'étudiant n'aura même pas tort de considérer que le conseil n'a pas grande valeur.
En observant la prise de notes, j'ai souvent remarqué que les étudiants (d'aujourd'hui : autrement dit des publics qui réellement ont un problème avec ça) ont le réflexe de noter surtout ce qu'ils ne comprennent pas, cessant de noter lorsqu'ils comprennent. Le résultat à terme, c'est qu'ils ont des notes pleines de développements que, souvent, ils ne comprendront pas davantage à la relecture, et que ce qu'ils n'auront pas noté sous prétexte qu'ils le comprenaient au moment où c'était professé, bien évidemment au bout de quelques semaines ils l'auront oublié. Ils ne peuvent donc pas non plus s'appuyer sur le plus clair pour éclairer le moins clair, puisque le plus clair a disparu.
Il faut ajouter à cela le fait que la prise de notes kilométrique a du mal à restituer économiquement la structure d'un propos, là où l'écriture manuscrite dispose de quantité de moyens pour cela, qui ne « mangent » aucun temps supplémentaire (quand ce ne serait qu'un jeu sur les marges).
Le résultat est qu'il faut indiquer ces choses aux étudiants. Je décourage également, dans la mesure où je le peux, la prise de notes sur ordinateur. Je me demande si je ne devrais pas également décourager l'emploi des dictaphones : je doute que, cognitivement, on dispose de moyens de beaucoup améliorer le résultat obtenu par une écoute qui s'astreint à fabriquer « en temps réel » une version intelligible du propos tenu.
Mais bon, encore faut-il ne pas être pris par un cinglé par l'étudiant à qui vous expliquez ça. Et dans certains cas (ceux où il n'arriverait pas à prendre des notes manuscrites) l'étudiant n'aura même pas tort de considérer que le conseil n'a pas grande valeur.
- Nom d'utilisateurNiveau 10
Considérant d'une part qu'il s'agit juste d'un autre instrument d'écriture ; risquant, d'autre part, d'anticiper que cet instrument est voué à se développer ; observant enfin chez les gros utilisateurs un rapport avec cet outil-là qui est tout aussi intime qu'il peut l'être avec d'autres, eh bien... je ne décourage jamais mes étudiants d'utiliser leur ordinateur pour la prise de notes.
... On sous-estime la flexibilité de l'humain : la comparaison avec des moyens d'écriture antérieurs me paraît incongrue.
Il n'est pas radicalement mauvais qu'ils détournent occasionnellement leur attention le temps de chercher quelque contre-argument empirique à telle ou telle de mes affirmations : c'est une nouvelle donne dans la scénographie, que je trouve stimulante. Au reste, personne ne peut être totalement attentif à un exposé pendant toute la durée d'un cours. Idem dans l'auditoire d'une conférence.
Quant à ceux qui en profitent pour intervenir sur le forum néoprofs ou consulter leur courrier électronique - j'imagine qu'il y en a, activant la combinaison Alt-Tab pour se dissimiluer si besoin est -, ils bailleraient de toute façon aux corneilles, ou dessineraient sur un buvard comme nous le faisions. De plus, les cours magistraux peuvent être rendus minimalement interactifs, il m'est en tout cas indispensable pour mon propre compte de m'assurer qu'on suit et la nouvelle donne en question est une contrainte salutaire, de ce point de vue (je me demande si Serres nl'aurait pas déjà servie, celle-là).
Plus généralement, je souhaite adapter mon enseignement à ces nouvelles pratiques, plutôt que de les occulter.
... On sous-estime la flexibilité de l'humain : la comparaison avec des moyens d'écriture antérieurs me paraît incongrue.
Il n'est pas radicalement mauvais qu'ils détournent occasionnellement leur attention le temps de chercher quelque contre-argument empirique à telle ou telle de mes affirmations : c'est une nouvelle donne dans la scénographie, que je trouve stimulante. Au reste, personne ne peut être totalement attentif à un exposé pendant toute la durée d'un cours. Idem dans l'auditoire d'une conférence.
Quant à ceux qui en profitent pour intervenir sur le forum néoprofs ou consulter leur courrier électronique - j'imagine qu'il y en a, activant la combinaison Alt-Tab pour se dissimiluer si besoin est -, ils bailleraient de toute façon aux corneilles, ou dessineraient sur un buvard comme nous le faisions. De plus, les cours magistraux peuvent être rendus minimalement interactifs, il m'est en tout cas indispensable pour mon propre compte de m'assurer qu'on suit et la nouvelle donne en question est une contrainte salutaire, de ce point de vue (je me demande si Serres nl'aurait pas déjà servie, celle-là).
Plus généralement, je souhaite adapter mon enseignement à ces nouvelles pratiques, plutôt que de les occulter.
- User17706Bon génie
Ça, ça se décrit non pas comme une baisse mais comme un surcroît d'attention, non ?Nom d'utilisateur a écrit: Il n'est pas radicalement mauvais qu'ils détournent occasionnellement leur attention le temps de chercher quelque contre-argument empirique à telle ou telle de mes affirmations
Sinon, c'est vrai qu'il ne faut pas exclure d'avance qu'on parvienne à améliorer cet usage-là de l'ordinateur (cf. les feuilles de style mentionnées par Philomèle). D'ailleurs, je parie tout ce qu'on voudra qu'en ce moment même des équipes entières de la Silicon Valley y travaillent (p. ex. comment passer fluidement de la dactylographie au croquis dans la même page de notes ?).
- PhilomèleNiveau 9
PauvreYorick a écrit:L'étude, plus précisément, essaie de mesurer un fait précis : la plus grande vitesse de l'écriture sur clavier ne compenserait pas les avantages de la prise de notes manuscrite, indépendamment même des distractions afférentes à l'emploi d'un ordinateur où il se déroule d'autres choses qu'une prise de notes. C'est à mon sens le point important. Si c'est une banalité (ce qui est en un sens vrai), ce n'en est pas tout à fait une pour de nombreux étudiants.
Je confesse : j'ai franchement lu en diagonal.
PauvreYorick a écrit:En observant la prise de notes, j'ai souvent remarqué que les étudiants (d'aujourd'hui : autrement dit des publics qui réellement ont un problème avec ça) ont le réflexe de noter surtout ce qu'ils ne comprennent pas, cessant de noter lorsqu'ils comprennent. Le résultat à terme, c'est qu'ils ont des notes pleines de développements que, souvent, ils ne comprendront pas davantage à la relecture, et que ce qu'ils n'auront pas noté sous prétexte qu'ils le comprenaient au moment où c'était professé, bien évidemment au bout de quelques semaines ils l'auront oublié. Ils ne peuvent donc pas non plus s'appuyer sur le plus clair pour éclairer le moins clair, puisque le plus clair a disparu.
C'est intéressant. Je n'ai pas une observation aussi fine. Il faut effectivement envisager :
- 1° prise de note a) avec compréhension, b) sans compréhension ou hasardeuse
- 2° absence de prise de note, a) avec compréhension, b) en l'absence de compréhension
que ce soit sous forme manuscrite ou dactylographiée. Mais on quitte le problème spécifique de la prise de notes sur ordinateur.
Mêmes constats pour le reste.
J'essaie de souligner le plus souvent les articulations du développement au tableau (en indiquant juste I, 1, ou bien en inscrivant les tirets) mais je dois dire que ça me gonfle au-delà de la L1.
Les "power-point" ont aussi un effet intéressant : les étudiants se précipitent pour recopier les diapos. J'essaie d'en profiter et de calibrer pour rendre leur prise note intelligente.
J'adoucis mon refus de la prise de notes en direct d'une concession pour la copie différée : s'ils le souhaitent, ils peuvent recopier le cours au propre sur ordinateur. Pour des étudiants faibles comme les miens, cela a l'avantage de les inciter à relire et retravailler leurs notes manuscrites (étant entendu que pareil conseil peut sembler bien contre-productif pour de meilleurs étudiants, à qui je conseillerais de faire plutôt des lectures complémentaires).
- philannDoyen
Autant je suis d'un autoritarisme sans nom quand je fais cours à des mineurs dans le secondaire...autant il ne me viendrait pas à l'idée de dire à des étudiants de quels façon et avec quel instrument ils doivent prendre des notes. Du reste certains n'en prennent pas du tout et cela leur convient ainsi.
Au mieux puis-je leur expliquer le risque de déconcentration, la tentation plus grande de papillonner... Mais une fois sortis du secondaire, c'est à eux de faire leur choix.
Enfin, personnellement, quand j'assiste à un séminaire, je relis plus volontiers mes notes prises sur ordi ou ipad que mes notes manuscrites.
Au mieux puis-je leur expliquer le risque de déconcentration, la tentation plus grande de papillonner... Mais une fois sortis du secondaire, c'est à eux de faire leur choix.
Enfin, personnellement, quand j'assiste à un séminaire, je relis plus volontiers mes notes prises sur ordi ou ipad que mes notes manuscrites.
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2014-2015: poste fixe dans les Hauts de Seine
2013-2014: certifiée stagiaire dans les Hauts de Seine
2011-2013: prof. contractuelle dans l'Essonne
- User17706Bon génie
Sur la prise de notes avec/sans compréhension,
Pour provoquer les étudiants (d'une façon bourrue mais bienveillante qu'ils me pardonnent toujours, gentils qu'ils sont), je leur dis que quand ils ne prennent pas de notes, c'est qu'il faudrait en prendre, et que quand ils en prennent, c'est qu'il aurait fallu poser le stylo
Les profs de lycée connaissent très bien le phénomène, puisqu'ils savent que leurs élèves leur demandent régulièrement de répéter à l'identique la phrase d'avant. Ce dont ils sont généralement incapables (on n'a pas toujours un dictaphone intérieur capable de rejouer à la demande).
C'est vrai, mais il demeure un lien. L'étude dit cependant que lorsqu'on va vite (80-100 mots/minute à l'ordi), la compréhension est une moindre contrainte. Quand on écrit à la main, on va forcément moins vite, le verbatim est exclu, et il faut donc formuler ce qu'on note. C'est ça, si j'ai bien compris l'étude, qui fait la grosse différence. (Encore une fois, pas une découverte ! mais à voir les pratiques, c'est sans doute à rappeler).Philomèle a écrit: on quitte le problème spécifique de la prise de notes sur ordinateur.
Pour provoquer les étudiants (d'une façon bourrue mais bienveillante qu'ils me pardonnent toujours, gentils qu'ils sont), je leur dis que quand ils ne prennent pas de notes, c'est qu'il faudrait en prendre, et que quand ils en prennent, c'est qu'il aurait fallu poser le stylo
Les profs de lycée connaissent très bien le phénomène, puisqu'ils savent que leurs élèves leur demandent régulièrement de répéter à l'identique la phrase d'avant. Ce dont ils sont généralement incapables (on n'a pas toujours un dictaphone intérieur capable de rejouer à la demande).
- PhilomèleNiveau 9
Nom d'utilisateur a écrit:Considérant d'une part qu'il s'agit juste d'un autre instrument d'écriture ; risquant, d'autre part, d'anticiper que cet instrument est voué à se développer ; observant enfin chez les gros utilisateurs un rapport avec cet outil-là qui est tout aussi intime qu'il peut l'être avec d'autres, eh bien... je ne décourage jamais mes étudiants d'utiliser leur ordinateur pour la prise de notes.
... On sous-estime la flexibilité de l'humain : la comparaison avec des moyens d'écriture antérieurs me paraît incongrue.
Il n'est pas radicalement mauvais qu'ils détournent occasionnellement leur attention le temps de chercher quelque contre-argument empirique à telle ou telle de mes affirmations : c'est une nouvelle donne dans la scénographie, que je trouve stimulante. Au reste, personne ne peut être totalement attentif à un exposé pendant toute la durée d'un cours. Idem dans l'auditoire d'une conférence.
Quant à ceux qui en profitent pour intervenir sur le forum néoprofs ou consulter leur courrier électronique - j'imagine qu'il y en a, activant la combinaison Alt-Tab pour se dissimiluer si besoin est -, ils bailleraient de toute façon aux corneilles, ou dessineraient sur un buvard comme nous le faisions. De plus, les cours magistraux peuvent être rendus minimalement interactifs, il m'est en tout cas indispensable pour mon propre compte de m'assurer qu'on suit et la nouvelle donne en question est une contrainte salutaire, de ce point de vue (je me demande si Serres nl'aurait pas déjà servie, celle-là).
Plus généralement, je souhaite adapter mon enseignement à ces nouvelles pratiques, plutôt que de les occulter.
Je fais le même pari et j'anticipe le même développement de ces outils !
En fait, je me suis posée des questions de cet ordre avant de trancher contre la prise de note sur ordinateur (sans non plus forcer les consciences et exclure du cours une mauvaise tête) :
- je pense que les étudiants peuvent être attentifs quelques heures par semaine au monde relativement jalonné du cours : un sujet, quelques questions, des textes... Il reste suffisamment de temps pendant la semaine pour se reconnecter ou se former au traitement de texte
- il me semble que les échappatoires traditionnelles du type rêve, remémoration, circulation clandestine de messages, etc., n'ont pas le même effet d'absence à soi que celui des réseaux sociaux ou de la fascination pour les images sur écrans
- je le conçois comme une étape, un moyen de la formation, absolument pas comme un refus de la communication numérique ou de cette forme de circulation du savoir.
À la vérité, un amphi de L1, c'est un étudiant qui regarde une vidéo sur Facebook et ses deux voisins qui gloussent, tout cela multiplié par cinq ou dix, selon l'amphi. Soit un bruit de fond qui déconcentre autant les (relativement) bonnes élèves du premier rang que l'enseignante que je suis.
Par contre, j'ai effectivement trouvé intéressante la nouvelle donne de la vérification immédiate sur Internet, de la part d'étudiants, en cours d'agreg. Cela modifie considérablement l'équilibre de ce qui est transmis : poids de l'information moindre, importance accrue du raisonnement.
****
Sinon, oui, très certainement que je refuse que la parole, dans mon cours, devienne une information qui entre sur le marché néo-libéral de l' "économie de l'attention". Mon cours n'est pas une marchandise qui leur est proposée parmi d'autres marchandises possibles. Probablement que j'essaie de cultiver, à mon détriment sans doute car je m'y épuise, une vieille idée de la culture littéraire comme formation de l'esprit. Si j'essaie de montrer aux étudiants que cela existe, que cela peut être pour eux-mêmes un projet désirable et le projet d'une vie (et que cela ne les rendra pas inaptes au marché du travail !), alors je préfère que cela ne soit pas parasité par le marketing assez général des images sur écran.
- dandelionVénérable
80 à 100 mots minutes, c'est vraiment rapide (sans fautes d'orthographe, hein)! Il n'y a pas beaucoup d'étudiants qui doivent avoir cette dextérité.PauvreYorick a écrit:Sur la prise de notes avec/sans compréhension,C'est vrai, mais il demeure un lien. L'étude dit cependant que lorsqu'on va vite (80-100 mots/minute à l'ordi), la compréhension est une moindre contrainte. Quand on écrit à la main, on va forcément moins vite, le verbatim est exclu, et il faut donc formuler ce qu'on note. C'est ça, si j'ai bien compris l'étude, qui fait la grosse différence. (Encore une fois, pas une découverte ! mais à voir les pratiques, c'est sans doute à rappeler).Philomèle a écrit: on quitte le problème spécifique de la prise de notes sur ordinateur.
Pour provoquer les étudiants (d'une façon bourrue mais bienveillante qu'ils me pardonnent toujours, gentils qu'ils sont), je leur dis que quand ils ne prennent pas de notes, c'est qu'il faudrait en prendre, et que quand ils en prennent, c'est qu'il aurait fallu poser le stylo
Les profs de lycée connaissent très bien le phénomène, puisqu'ils savent que leurs élèves leur demandent régulièrement de répéter à l'identique la phrase d'avant. Ce dont ils sont généralement incapables (on n'a pas toujours un dictaphone intérieur capable de rejouer à la demande).
- User17706Bon génie
Oui, il me faut préciser que je ne sors pas ce chiffre de l'étude, mais comme une définition d'une grande vitesse de frappe. Et aussi que lors de la prise de notes en cours la correction se fait généralement dans un second temps, si le cours cavale.
En revanche ce que l'étude dit bien c'est que la moindre vitesse du stylo force à réfléchir davantage à ce qu'on écrit.
En revanche ce que l'étude dit bien c'est que la moindre vitesse du stylo force à réfléchir davantage à ce qu'on écrit.
- Écusette de NoireuilEsprit éclairé
Une question (prof de lycée,je n'ai guère l'occasion de fréquenter la fac): y a-t-il des cours sur la prise de notes efficace (que ce soit sur clavier ou manuscrite) en L1 par exemple?
Une remarque: je trouve que tout ceci est à relier à la question de l'apprentissage de l'écriture dont il est question dans cet autre article:
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2009/08/28/01016-20090828ARTFIG00008-c-est-en-ecrivant-qu-un-enfant-enregistre-.php?pagination=5
Quand je pense qu'on nous présente comme un grand progrès l'emploi de la tablette dans le secondaire (il y a même des formations sur le sujet, c'est la nouvelle panacée semble-t-il)...eh bien ça fait frémir. Parce que déjà, des étudiants qui en principe sont plus mûrs ont l'air, d'après certaines remarques ici, d'avoir du mal à ne pas se laisser distraire...je n'ose imaginer ce que ce serait en lycée!
Une remarque: je trouve que tout ceci est à relier à la question de l'apprentissage de l'écriture dont il est question dans cet autre article:
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2009/08/28/01016-20090828ARTFIG00008-c-est-en-ecrivant-qu-un-enfant-enregistre-.php?pagination=5
Quand je pense qu'on nous présente comme un grand progrès l'emploi de la tablette dans le secondaire (il y a même des formations sur le sujet, c'est la nouvelle panacée semble-t-il)...eh bien ça fait frémir. Parce que déjà, des étudiants qui en principe sont plus mûrs ont l'air, d'après certaines remarques ici, d'avoir du mal à ne pas se laisser distraire...je n'ose imaginer ce que ce serait en lycée!
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" Celui qui ne lit pas ne vit qu'une seule vie " (Umberto Eco )
- dandelionVénérable
C'est très juste Ecusette de Noireuil: peut-être que le geste en lui-même, spécifique pour l'écriture à la main, identique pour l'écriture sur ordinateur, permet davantage la mémorisation et la réflexion. J'avais eu des cours de prise de notes au lycée, mais c'est certainement un art à parfaire tout au long de ses études.
@PauvreYorick: 80 à 100 mots en prise de notes réfléchie, sur clavier azerty, je demande à voir, parce que renseignements pris c'est proche de la vitesse moyenne des dactylos, et il suffit qu'il y ait des chiffres pour casser la moyenne (faites un des tests proposés sur google quand on tape 'vitesse de frappe', c'est édifiant). Bien sûr il y a les abréviations et autres raccourcis, mais c'est plus facile à faire à la main je trouve (ça doit aussi dépendre de la matière, et de l'ordinateur: sans pavé numérique par exemple, la saisie des chiffres est moyennement agréable). Après, il suffit d'avoir rencontré un Américain ayant étudié dans une bonne université pour réaliser que d'autres reçoivent une formation très poussée dans le domaine du traitement de texte (connaissance du clavier, conventions typographiques, etc).
Dernière remarque: écrire à la main donne je crois moins de pathologies qu'écrire sur ordinateur (lumière bleue, syndrome du canal carpien...).
@PauvreYorick: 80 à 100 mots en prise de notes réfléchie, sur clavier azerty, je demande à voir, parce que renseignements pris c'est proche de la vitesse moyenne des dactylos, et il suffit qu'il y ait des chiffres pour casser la moyenne (faites un des tests proposés sur google quand on tape 'vitesse de frappe', c'est édifiant). Bien sûr il y a les abréviations et autres raccourcis, mais c'est plus facile à faire à la main je trouve (ça doit aussi dépendre de la matière, et de l'ordinateur: sans pavé numérique par exemple, la saisie des chiffres est moyennement agréable). Après, il suffit d'avoir rencontré un Américain ayant étudié dans une bonne université pour réaliser que d'autres reçoivent une formation très poussée dans le domaine du traitement de texte (connaissance du clavier, conventions typographiques, etc).
Dernière remarque: écrire à la main donne je crois moins de pathologies qu'écrire sur ordinateur (lumière bleue, syndrome du canal carpien...).
- User17706Bon génie
Oui, c'est la vitesse dactylo, c'est ça; c'est pourquoi une prise de notes qui s'effectuerait à cette vitesse ne serait pas réfléchie, comme tu le soulignes et comme c'était le propos. Autrement dit, ou je me trompe fort, ou nous disons la même chose. Peut-être n'ai-je pas été clair.dandelion a écrit: @PauvreYorick: 80 à 100 mots en prise de notes réfléchie, sur clavier azerty, je demande à voir, parce que renseignements pris c'est proche de la vitesse moyenne des dactylos
Où j'étais, la question de la prise de notes s'est réglée en 5e-4e, pas au lycée.
- User5899Demi-dieu
Pour prendre des notes, il faut commencer par prendre des notes. Et ce n'est pas une boutade : l'expérience quotidienne me montre qu'il ne s'agit pas d'un problème de méthode, mais bien de passage à l'acte. Quand j'oblige nommément ces messieurs-dames à noter en les interpelant individuellement, ils s'y mettent et finissent par être surpris d'eux-mêmes
- dandelionVénérable
Ah mais j'ai eu M. Girard en terminale, et il nous avait donné 'ses' trucs pour la prise de notes
@PauvreYorick, j'avais compris que tu disais que pour les étudiants capables de taper à cette vitesse, la prise de notes sur ordinateur serait profitable. J'ai commencé à prendre des notes en troisième, en classe de français, et l'enseignante avait précisé qu'elle le faisait parce que nous étions une bonne classe. Auparavant les cours nous étaient dictés.
@PauvreYorick, j'avais compris que tu disais que pour les étudiants capables de taper à cette vitesse, la prise de notes sur ordinateur serait profitable. J'ai commencé à prendre des notes en troisième, en classe de français, et l'enseignante avait précisé qu'elle le faisait parce que nous étions une bonne classe. Auparavant les cours nous étaient dictés.
- User5899Demi-dieu
M. Girard ? A Thiers ?dandelion a écrit:Ah mais j'ai eu M. Girard en terminale, et il nous avait donné 'ses' trucs pour la prise de notes
Oui, ben avec 8 pages de notes serrées par séance de 2h, il valait mieux abréger un tout petit peu ! Quelles crampes !
- GrypheMédiateur
A titre strictement personnel, je constate la même chose que ce qui est dit dans l'article.
J'écris à présent bien plus vite sur un ordi qu'à la main (on se demande pourquoi :lol: ) ; cependant, pour une prise de notes, je préfère infiniment écrire à la main, avec mes codes couleurs, mes schémas, etc. C'est beaucoup plus pratique pour organiser ma pensée (comment je "recompose" les propos tenus dans la conférence/la réunion pour un usage personnel ultérieur).
Les très rares fois où je prends des notes sur ordi, je le prévois par avance, c'est par exemple lorsque je vais être amenée à faire un CR d'une réunion potentiellement complexe (type "Conseil de disc") pour laquelle il faut que je puisse prendre en notes rigoureusement les propos tenus.
Pour tout le reste, je préfère largement écrire à la main.
J'écris à présent bien plus vite sur un ordi qu'à la main (on se demande pourquoi :lol: ) ; cependant, pour une prise de notes, je préfère infiniment écrire à la main, avec mes codes couleurs, mes schémas, etc. C'est beaucoup plus pratique pour organiser ma pensée (comment je "recompose" les propos tenus dans la conférence/la réunion pour un usage personnel ultérieur).
Les très rares fois où je prends des notes sur ordi, je le prévois par avance, c'est par exemple lorsque je vais être amenée à faire un CR d'une réunion potentiellement complexe (type "Conseil de disc") pour laquelle il faut que je puisse prendre en notes rigoureusement les propos tenus.
Pour tout le reste, je préfère largement écrire à la main.
- dandelionVénérable
C'est bien ça. En effet, il fallait 'gratter' vite . Un excellent professeur, et gentil avec ça. Un type bien (même s'il ne notait pas large, son seize il fallait le gagner ).Cripure a écrit:M. Girard ? A Thiers ?dandelion a écrit:Ah mais j'ai eu M. Girard en terminale, et il nous avait donné 'ses' trucs pour la prise de notes
Oui, ben avec 8 pages de notes serrées par séance de 2h, il valait mieux abréger un tout petit peu ! Quelles crampes !
- User17706Bon génie
Ah, je me suis donc mal exprimé, comme je le craignais; non, après lecture d'un CR un peu plus précis de l'étude, je disais simplement ce qu'elle contient et qui semble en harmonie avec ce que la plupart, moi y compris, piffaient de la chose: à savoir que même une frappe très véloce ne compense pas les désavantages relatifs de l'ordi vis-à-vis de la prise de notes manuscrite. Qui est la seule que j'emploie d'ailleurs, perso.dandelion a écrit: @PauvreYorick, j'avais compris que tu disais que pour les étudiants capables de taper à cette vitesse, la prise de notes sur ordinateur serait profitable.
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