- yranohHabitué du forum
C'est de la phonétique SMS, Caribouc.
- User17706Bon génie
Oualaaa, «j'ai grand appétit».
- InvitéPasNiveau 9
Mamz'elle a écrit:Sartre, pour imiter un autre auteur (Zut je ne me souviens plus qui...) qui se promenait avec une tortue en laisse, a décidé de se promener en ville avec un homard en laisse. Génie, folie, la frontière est mince ! Lol
Je crois qu'il y a quelques confusions.
On a trouvé Gérard de Nerval promenant (Place Royale, je crois) un homard en laisse. Quand Sartre a essayé la mescaline, il s'est vu poursuivi par des homards et autres bestioles à carapace, dont il avait horreur.
Gérard de Nerval a failli foutre le feu à sa piaule une nuit. Pour lire, il avait eu l'idée de s'attacher une bougie sur la tête.
Quand quelqu'un lui a reproché son manque de religion, Nerval lui a répondu "J'en ai même plus que vous !".
J'avais lu ça dans une vieux livre de la BU qui s'appelait Gérard de Nerval par ses amis.
Edit.
Sade croyait voir des messages codés dans les lettres qu'il recevait en prison. Ca le rendait fou. Il sommait ses correspondants de ne plus essayer de glisser des codes. Mais il était certainement parano.
Non content de recevoir un panier de figues de sa femme, il fallait encore qu'il lui fasse la leçon par écrit sur la meilleure manière de les entreposer.
Et les bocaux de madame Verlaine, contenant ses foetus spontanément avortés, dont il a été question plus haut, ils portaient une étiquette avec deux prénoms : un féminin, un masculin (dans le doute !) et elle les appelait les "bocals". Quand le petit Paul l'excédait, elle le menait devants ses "bocals", les lui montrait et lui disait "Eux, ils sont sages, au moins !".
- Libé-RationGuide spirituel
caribouc a écrit:Rhaaa, autant j'ai décode le message de Frédéric de Prusse sans difficulté, autant je trouve pas la réponse de Voltaire. Malheureuse, je suisYohanr a écrit:Sur la vivacité d'esprit de Voltaire, une charade :
Frédéric de Prusse, du palais de Sanssouci, envoya à Voltaire une invitation à dîner :
'...P... au si ' (avec des barres de fractions)
ce soir 100
Voltaire répondit du tac-au-tac : " G a " (petite aide : J'ai grand...)
Je comprends très bien Voltaire, mais pas du tout Frédéric de Prusse...
- Libé-RationGuide spirituel
Ah, ça y est ! Mais c'est parce que je n'avais pas compris où étaient les barres de fraction :
"ce soir" "sous" "P"
au
"100" "sous" "si"
=
Ce soir, souper au Sanssouci !
J'ai bon ?
"ce soir" "sous" "P"
au
"100" "sous" "si"
=
Ce soir, souper au Sanssouci !
J'ai bon ?
- User17706Bon génie
Libé-Ration a écrit: J'ai bon ?
- cariboucGuide spirituel
Ben, c'est discutable heinYohanr a écrit:C'est de la phonétique SMS, Caribouc.
"a petit" dans ma tête, ça ne faisait pas "appétit" (oui, je sais, je suis gourdasse parfois mais j'assume parfaitement )
_________________
"J'adore parler de rien : c'est le seul domaine où j'ai de vagues connaissances" (O. Wilde)
- InvitéeEvNiveau 5
il me semblait que c'était :
p 6
__ a __
venez 100
Mais je n'avais pas lu cela dans un bouquin très fiable… (un truc bien commercial)
Est-ce que vous avez des sources sûres ?
(enfin, en même temps la question n'est pas d'une importance capitale…)
p 6
__ a __
venez 100
Mais je n'avais pas lu cela dans un bouquin très fiable… (un truc bien commercial)
Est-ce que vous avez des sources sûres ?
(enfin, en même temps la question n'est pas d'une importance capitale…)
- edelweis62Niveau 5
En 1921, le faux "procès Barrès" des dadaïstes (/surréalistes) : Maurice Barrès est accusé de "crime contre la sûreté de l'esprit" puis condamné fictivement à 20 ans de travaux forcés. Le procès est présidé par André Breton ; Tzara, Péret, Drieu... servent de témoins (Péret, témoin à charge, incarne le Soldat inconnu déguisé en allemand) ; Soupault et Aragon doivent assurer la défense.
L'enterrement de Boris Vian, à l'image de son oeuvre : les pompes funèbres sont en grève ce jour-là, ce sont donc ses amis qui portent le cercueil et le mettent en terre.
B. Vian, encore : lors de sa tournée de chant "Le Déserteur", des groupes d'anciens combattants perturbaient régulièrement le spectacle, à coup de sifflets ou de tomates (le maire de Dinard somme "ce Russe", "cet anar" de l'anti-France de sortir de la salle).
Albert Camus était un grand amateur de football. Il est obligé de renoncer à son rêve d'être gardien de but (issu d'un famille pauvre : ce poste, c'est celui où l'on use le moins ses chaussures) à cause de la tuberculose. « Vraiment le peu de morale que je sais, je l’ai appris sur les terrains de football et les scènes de théâtre qui resteront mes vraies universités. »
Émile Zola a raté deux fois le baccalauréat.
O. Wilde est condamné à deux ans de prison pour son homosexualité.
F. Villon, grand fêtard et amateur de boisson, a fait de la prison pour de nombreuses rixes (et même l'assassinat d'un prêtre ?).
Selon la légende, le dernier mot de Balzac avant de mourir fut d'appeler à son secours Bianchon, médecin dans la Comédie humaine.
Après un séjour à Rome, Rabelais est de retour en France. En passant par Lyon, il aurait été forcé de s’arrêter dans une auberge, faute d’argent pour continuer sa route. Pendant un quart d’heure, il est fort embarrassé (d'où le proverbe "le quart d’heure de Rabelais" qui désigne un mauvais moment, un moment d'embarras...) et il imagine donc une ruse : il fait écrire des étiquettes avec les mots "poison pour faire mourir le roi", "poison pour faire mourir la reine" sur de petits sachets remplis de poudre. Les magistrats sont informés, on se saisit de l'empoisonneur, on l’enferme dans une litière et on le conduit à Paris, tous frais payés et en le nourrissant comme il se doit. Il arrive devant François Ier, raconte sa ruse et en donne la preuve en avalant le prétendu poison : le roi rit beaucoup.
Eluard et Gala rendent visite à Max Ernst, qui devient l'amant de Gala, et s'installe chez le couple. Eluard et Gala rendent visite à Dali, elle reste avec le peintre et devient sa femme.
Aragon reçoit bon gré mal gré la légion d'honneur en 1981 et s'écrie après la cérémonie : "Nous voilà tous avec un petit morceau de chiffon rouge!"
Aragon a forcé tous les tenants officiels du PC, politiques et autres officiels, à rester des heures sous la pluie lors de l'enterrement d'Elsa, en déposant une par une sur son tombeau des centaines de roses rouges et jaunes (il faisait des allers retours des montagnes de gerbes de roses à la tombe, rabrouant ceux qui proposaient de l'aider)
L'enterrement de Boris Vian, à l'image de son oeuvre : les pompes funèbres sont en grève ce jour-là, ce sont donc ses amis qui portent le cercueil et le mettent en terre.
B. Vian, encore : lors de sa tournée de chant "Le Déserteur", des groupes d'anciens combattants perturbaient régulièrement le spectacle, à coup de sifflets ou de tomates (le maire de Dinard somme "ce Russe", "cet anar" de l'anti-France de sortir de la salle).
Albert Camus était un grand amateur de football. Il est obligé de renoncer à son rêve d'être gardien de but (issu d'un famille pauvre : ce poste, c'est celui où l'on use le moins ses chaussures) à cause de la tuberculose. « Vraiment le peu de morale que je sais, je l’ai appris sur les terrains de football et les scènes de théâtre qui resteront mes vraies universités. »
Émile Zola a raté deux fois le baccalauréat.
O. Wilde est condamné à deux ans de prison pour son homosexualité.
F. Villon, grand fêtard et amateur de boisson, a fait de la prison pour de nombreuses rixes (et même l'assassinat d'un prêtre ?).
Selon la légende, le dernier mot de Balzac avant de mourir fut d'appeler à son secours Bianchon, médecin dans la Comédie humaine.
Après un séjour à Rome, Rabelais est de retour en France. En passant par Lyon, il aurait été forcé de s’arrêter dans une auberge, faute d’argent pour continuer sa route. Pendant un quart d’heure, il est fort embarrassé (d'où le proverbe "le quart d’heure de Rabelais" qui désigne un mauvais moment, un moment d'embarras...) et il imagine donc une ruse : il fait écrire des étiquettes avec les mots "poison pour faire mourir le roi", "poison pour faire mourir la reine" sur de petits sachets remplis de poudre. Les magistrats sont informés, on se saisit de l'empoisonneur, on l’enferme dans une litière et on le conduit à Paris, tous frais payés et en le nourrissant comme il se doit. Il arrive devant François Ier, raconte sa ruse et en donne la preuve en avalant le prétendu poison : le roi rit beaucoup.
Eluard et Gala rendent visite à Max Ernst, qui devient l'amant de Gala, et s'installe chez le couple. Eluard et Gala rendent visite à Dali, elle reste avec le peintre et devient sa femme.
Aragon reçoit bon gré mal gré la légion d'honneur en 1981 et s'écrie après la cérémonie : "Nous voilà tous avec un petit morceau de chiffon rouge!"
Aragon a forcé tous les tenants officiels du PC, politiques et autres officiels, à rester des heures sous la pluie lors de l'enterrement d'Elsa, en déposant une par une sur son tombeau des centaines de roses rouges et jaunes (il faisait des allers retours des montagnes de gerbes de roses à la tombe, rabrouant ceux qui proposaient de l'aider)
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"Il y a un autre monde, mais il est dans celui-ci." Paul Eluard
- Tem-toGrand sage
Dans La Débâcle, Zola rapporte que Napoléon III, réfugié à Sedan où il était assiégé par les Prussiens, serait sorti en ville pour se rendre compte de la situation intra muros fardé afin d'avoir meilleure mine. L'Empereur était, tout début septembre 1870, très pâle parce que très malade. Outre, la désillusion de la défaite à ce moment-là inéluctable, lâché par le gouvernement et l'impératrice à Paris, ayant remis son commandement à des généraux qui s'étaient succédé sur le champ de bataille, il souffrait énormément physiologiquement (maladie de la pierre, je crois).
A la sortie du roman en 1892, il y a eu une polémique sur la véracité de l'anecdote du fard, certains membres du cabinet de NIII présents à ce moment-là dans son entourage le confirmant, d'autres présents également, le réfutant avec indignation...
A la sortie du roman en 1892, il y a eu une polémique sur la véracité de l'anecdote du fard, certains membres du cabinet de NIII présents à ce moment-là dans son entourage le confirmant, d'autres présents également, le réfutant avec indignation...
- Shere KhanNiveau 10
Tu voulais qu'il la prît par derrière ?moon a écrit:Hugo, toujours...vouait une saint haine à sainte-beuve, qui fut l'amant de sa femme bien avant que lui-même ne connût juliette drouet ( c'est bien cela, le nom?)...quand on voit la liste de ses maîtresses, cela me fait beaucoup rire que sa femme ait pris les devants.
Ok, je sors.
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Les socialistes, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît..
Un éléphant (républicain…) ça Trump énormément (celle-là, j'en suis très fier)
- Shere KhanNiveau 10
Rimbaud fait voir son poème Le Bateau ivre à Théodore de Banville, qui se croit obligé de corriger son oeuvre en lui suggérant qu'il aurait dû commencer par ce truc bien tartignole : "Je suis un bateau qui…"
Rimbaud, qui ne supportait pas les niaiseries, sort de chez lui en claquant la porte, prenant bien soin de gueuler au passage : "Vieux c… !"
C'est tout !
Rimbaud, qui ne supportait pas les niaiseries, sort de chez lui en claquant la porte, prenant bien soin de gueuler au passage : "Vieux c… !"
C'est tout !
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Les socialistes, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît..
Un éléphant (républicain…) ça Trump énormément (celle-là, j'en suis très fier)
- Tem-toGrand sage
Le poème Voyelles de Rimbaud ("A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu...") lui aurait été inspiré par son "apprentissage" du piano selon une méthode par couleurs que lui enseignait, la nuit, un garçon de café, établissement où est allé dormir, pendant un certain temps (au cours de la Commune et du siège de Paris par les Prussiens ?) notre asocial homme aux semelles de vent qui, ayant excédé tous ses protecteurs des milieux littéraires, était, comme bien souvent, à la rue.
- HocamSage
Je n'ai plus la source sous la main mais j'ai en tête une anecdote bien connue sur Pierre Corneille et son frère Thomas. Ils vivaient dans deux logements contigus qui communiquaient par une trappe. Lorsque Pierre avait du mal à achever un vers, à trouver une rime, il ouvrait semble-t-il la trappe et demandait conseil à son frère, qui lui répondait très rapidement. L'authenticité de cette histoire est contestée, mais la proximité des deux frères est touchante. À Rouen comme à Paris, ils habitaient l'un à côté de l'autre. Leurs femmes étaient elles-mêmes sœurs, par ailleurs.
Pas de quoi déclencher l'hilarité chez les élèves, certes.
Pas de quoi déclencher l'hilarité chez les élèves, certes.
- Invité ElExpert spécialisé
L'article du journal Le National du 10 juillet 1845, relatant le flagrant délit d'adultère de Hugo avec la femme de son ami (?) Biard, est savoureux.
La scandaleuse aventure dont plusieurs journaux ont entretenu le public ces jours derniers, soulève une grave question de droit constitutionnel.
Un illustre personnage, qui cumule les lauriers du Parnasse et le manteau d'hermine de la pairie, a été surpris en conversation criminelle avec la femme d'un peintre. Le mari, qui était à la piste de l'intrigue, se présente tout à coup dans l'asile qu'ils avaient choisi aux environs de Saint-Roch, accompagné d'un commissaire de police. Ce fonctionnaire se mit en mesure d'arrêter les coupables pris en flagrant délit. La justice ne se pique point de galanterie: elle s'empara de la femme sans façon et sans explication. Mais le pair se mit à parlementer et invoqua l'inviolabilité dont il est couvert par la Constitution. Le commissaire hésita et finit par laisser sortir le galant vicomte. Les mêmes journaux qui ont révélé cette aventure et annoncé un procès en adultère devant la Cour des pairs, nous apprennent aujourd'hui que les choses se sont arrangées.
- CausetteNiveau 4
Né le 28 juin 1712, l’écrivain et philosophe Jean-Jacques Rousseau restera dans l’histoire, entre autres, comme le philosophe des Lumières qui a abandonné ses cinq enfants aux Enfants-Trouvés, l’équivalent de l’assistance publique. Cet acte, impensable aujourd’hui, de cet esprit libre et voyageur, théoricien du contrat social et penseur de l’éducation, est encore plus surprenant à la lecture d’une lettre à Madame de Francueil, où il justifie cet abandon.
le 20 avril 1751
Oui, madame, j'ai mis mes enfants aux Enfants-Trouvés ; j'ai chargé de leur entretien l'établissement fait pour cela. Si ma misère et mes maux m'ôtent le pouvoir de remplir un soin si cher, c'est un malheur dont il faut me plaindre, et non un crime à me reprocher. Je leur dois la subsistance, je la leur ai procurée meilleure ou plus sûre au moins que je n'aurais pu la leur donner moi-même ; cet article est avant tout. Ensuite, vient la déclaration de leur mère qu'il ne faut pas déshonorer.
Vous connaissez ma situation, je gagne au jour la journée mon pain avec assez de peine ; comment nourrirais-je encore une famille ? Et si j'étais contraint de recourir au métier d'auteur, comment les soucis domestiques et les tracas des enfants me laisseraient-ils, dans mon grenier, la tranquillité d'esprit nécessaire pour faire un travail lucratif ? Les écrits que dicte la faim ne rapportent guère et cette ressource est bientôt épuisée. Il faudrait donc recourir aux protections, à l'intrigue, au manège, briguer quelque vil emploi ; le faire valoir par les moyens ordinaires, autrement il ne me nourrira pas, et me sera bientôt ôté ; enfin, me livrer moi-même à toutes les infamies pour lesquelles je suis pénétré d'une si juste horreur. Nourrir, moi, mes enfants et leur mère, du sang des misérables ! Non, madame, il vaut mieux qu'ils soient orphelins que d'avoir pour père un fripon.
Accablé d'une maladie douloureuse et mortelle, je ne puis espérer encore une longue vie ; quand je pourrais entretenir, de mon vivant, ces infortunés destinés à souffrir un jour, ils payeraient chèrement l'avantage d'avoir été tenus un peu plus délicatement qu'ils ne pourront l'être où ils sont. Leur mère, victime de mon zèle indiscret, chargée de sa propre honte et de ses propres besoins, presque aussi valétudinaire, et encore moins en état de les nourrir que moi, sera forcée de les abandonner à eux-mêmes, et je ne vois pour eux que l'alternative de se faire décrotteurs ou bandits, ce qui revient bientôt au même. Si du moins leur état était légitime, ils pourraient trouver plus aisément des ressources. Ayant à porter à la fois le déshonneur de leur naissance et celui de leur misère, que deviendront-ils ?
Que ne me suis-je marié, me direz-vous ? Demandez à vos injustes lois, madame. Il ne me convenait pas de contracter un engagement éternel, et jamais on ne me prouvera qu'aucun devoir m'y oblige. Ce qu'il y a de certain, c'est que je n'en ai rien fait, et que je n'en veux rien faire. « Il ne faut pas faire des enfants quand on ne peut pas les nourrir. » Pardonnez-moi, madame, la nature veut qu'on en fasse puisque la terre produit de quoi nourrir tout le monde ; mais c'est l'état des riches, c'est votre état qui vole au mien le pain de mes enfants. La nature veut aussi qu'on pourvoie à leur subsistance ; voilà ce que j'ai fait ; s'il n'existait pas pour eux un asile, je ferais mon devoir et me résoudrais à mourir de faim moi-même plutôt que de ne pas les nourrir. Ce mot d'Enfants-Trouvés vous en imposerait-il, comme si l'on trouvait ces enfants dans les rues, exposés à périr si le hasard ne les sauve ? Soyez sûre que vous n'auriez pas plus d'horreur que moi pour l'indigne père qui pourrait se résoudre à cette barbarie : elle est trop loin de mon cœur pour que je daigne m'en justifier. Il y a des règles établies ; informez-vous de ce qu'elles sont, et vous saurez que les enfants ne sortent des mains de la sage-femme que pour passer dans celles d'une nourrice. Je sais que ces enfants ne sont pas élevés délicatement : tant mieux pour eux, ils en deviennent plus robustes ; on ne leur donne rien de superflu, mais ils ont le nécessaire ; on n'en fait pas des messieurs, mais des paysans ou des ouvriers. Je ne vois rien, dans cette manière de les élever, dont je ne fisse choix pour les miens. Quand j'en serais le maître, je ne les préparerais point, par la mollesse, aux maladies que donnent la fatigue et les intempéries de l'air à ceux qui n'y sont pas faits. Ils ne sauraient ni danser, ni monter à cheval ; mais ils auraient de bonnes jambes infatigables. Je n'en ferais ni des auteurs ni des gens de bureau ; je ne les exercerais point à manier la plume, mais la charrue, la lime ou le rabot, instruments qui font mener une vie saine, laborieuse, innocente, dont on n'abuse jamais pour mal faire, et qui n'attire point d'ennemis en faisant bien. C'est à cela qu'ils sont destinés ; par la rustique éducation qu'on leur donne, ils seront plus heureux que leur père.
le 20 avril 1751
Oui, madame, j'ai mis mes enfants aux Enfants-Trouvés ; j'ai chargé de leur entretien l'établissement fait pour cela. Si ma misère et mes maux m'ôtent le pouvoir de remplir un soin si cher, c'est un malheur dont il faut me plaindre, et non un crime à me reprocher. Je leur dois la subsistance, je la leur ai procurée meilleure ou plus sûre au moins que je n'aurais pu la leur donner moi-même ; cet article est avant tout. Ensuite, vient la déclaration de leur mère qu'il ne faut pas déshonorer.
Vous connaissez ma situation, je gagne au jour la journée mon pain avec assez de peine ; comment nourrirais-je encore une famille ? Et si j'étais contraint de recourir au métier d'auteur, comment les soucis domestiques et les tracas des enfants me laisseraient-ils, dans mon grenier, la tranquillité d'esprit nécessaire pour faire un travail lucratif ? Les écrits que dicte la faim ne rapportent guère et cette ressource est bientôt épuisée. Il faudrait donc recourir aux protections, à l'intrigue, au manège, briguer quelque vil emploi ; le faire valoir par les moyens ordinaires, autrement il ne me nourrira pas, et me sera bientôt ôté ; enfin, me livrer moi-même à toutes les infamies pour lesquelles je suis pénétré d'une si juste horreur. Nourrir, moi, mes enfants et leur mère, du sang des misérables ! Non, madame, il vaut mieux qu'ils soient orphelins que d'avoir pour père un fripon.
Accablé d'une maladie douloureuse et mortelle, je ne puis espérer encore une longue vie ; quand je pourrais entretenir, de mon vivant, ces infortunés destinés à souffrir un jour, ils payeraient chèrement l'avantage d'avoir été tenus un peu plus délicatement qu'ils ne pourront l'être où ils sont. Leur mère, victime de mon zèle indiscret, chargée de sa propre honte et de ses propres besoins, presque aussi valétudinaire, et encore moins en état de les nourrir que moi, sera forcée de les abandonner à eux-mêmes, et je ne vois pour eux que l'alternative de se faire décrotteurs ou bandits, ce qui revient bientôt au même. Si du moins leur état était légitime, ils pourraient trouver plus aisément des ressources. Ayant à porter à la fois le déshonneur de leur naissance et celui de leur misère, que deviendront-ils ?
Que ne me suis-je marié, me direz-vous ? Demandez à vos injustes lois, madame. Il ne me convenait pas de contracter un engagement éternel, et jamais on ne me prouvera qu'aucun devoir m'y oblige. Ce qu'il y a de certain, c'est que je n'en ai rien fait, et que je n'en veux rien faire. « Il ne faut pas faire des enfants quand on ne peut pas les nourrir. » Pardonnez-moi, madame, la nature veut qu'on en fasse puisque la terre produit de quoi nourrir tout le monde ; mais c'est l'état des riches, c'est votre état qui vole au mien le pain de mes enfants. La nature veut aussi qu'on pourvoie à leur subsistance ; voilà ce que j'ai fait ; s'il n'existait pas pour eux un asile, je ferais mon devoir et me résoudrais à mourir de faim moi-même plutôt que de ne pas les nourrir. Ce mot d'Enfants-Trouvés vous en imposerait-il, comme si l'on trouvait ces enfants dans les rues, exposés à périr si le hasard ne les sauve ? Soyez sûre que vous n'auriez pas plus d'horreur que moi pour l'indigne père qui pourrait se résoudre à cette barbarie : elle est trop loin de mon cœur pour que je daigne m'en justifier. Il y a des règles établies ; informez-vous de ce qu'elles sont, et vous saurez que les enfants ne sortent des mains de la sage-femme que pour passer dans celles d'une nourrice. Je sais que ces enfants ne sont pas élevés délicatement : tant mieux pour eux, ils en deviennent plus robustes ; on ne leur donne rien de superflu, mais ils ont le nécessaire ; on n'en fait pas des messieurs, mais des paysans ou des ouvriers. Je ne vois rien, dans cette manière de les élever, dont je ne fisse choix pour les miens. Quand j'en serais le maître, je ne les préparerais point, par la mollesse, aux maladies que donnent la fatigue et les intempéries de l'air à ceux qui n'y sont pas faits. Ils ne sauraient ni danser, ni monter à cheval ; mais ils auraient de bonnes jambes infatigables. Je n'en ferais ni des auteurs ni des gens de bureau ; je ne les exercerais point à manier la plume, mais la charrue, la lime ou le rabot, instruments qui font mener une vie saine, laborieuse, innocente, dont on n'abuse jamais pour mal faire, et qui n'attire point d'ennemis en faisant bien. C'est à cela qu'ils sont destinés ; par la rustique éducation qu'on leur donne, ils seront plus heureux que leur père.
- DjougachviliNiveau 1
J'ai lu quelque part que l'incapacité de Sainte-Beuve à discerner le talent des jeunes artistes lui avait valu le surnom de "sainte-bévue" (notamment de la part de Musset, semble-t-il).
- venus13Niveau 9
[quote="InvitéPas"]
je ne connaissais pas cette anecdote merci ce topic est génial
Mamz'elle a écrit:
Et les bocaux de madame Verlaine, contenant ses foetus spontanément avortés, dont il a été question plus haut, ils portaient une étiquette avec deux prénoms : un féminin, un masculin (dans le doute !) et elle les appelait les "bocals". Quand le petit Paul l'excédait, elle le menait devants ses "bocals", les lui montrait et lui disait "Eux, ils sont sages, au moins !".
je ne connaissais pas cette anecdote merci ce topic est génial
- JaneMonarque
Mon fiston vient de m'apprendre l'existence du concile cadavérique. on l'aurait voulu, on aurait pu l'inventer
Ce n'est pas une anecdote, mais j'avoue que cela m'a laissée sans voix.
Ce n'est pas une anecdote, mais j'avoue que cela m'a laissée sans voix.
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"Il n'est pas une vérité qui ne porte avec elle son amertume." (A. Camus)
- DeliaEsprit éclairé
Zola après son second échec ne s'est pas représenté : le lycée coûtait cher, sa mère état pauvre, il est entré chez Hachette comme emballeur. Ne pas dire aux élève qu'il est possible d'être un écrivain de génie sans le bac !edelweis62 a écrit:
Émile Zola a raté deux fois le baccalauréat.
O. Wilde est condamné à deux ans de prison pour son homosexualité.
F. Villon, grand fêtard et amateur de boisson, a fait de la prison pour de nombreuses rixes (et même l'assassinat d'un prêtre ?).
Villon a bel et bien été condamné à mort, puis il fut amnistié... et on ne sait ce qu'il est devenu.
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Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- Tem-toGrand sage
Dans Le pouvoir des Fables, ce qui est pour moi comme son manifeste de "moraliste" particulier, La Fontaine s'adresse, en deux parties, à M. de Barillon (on trouve le nom parfois avec un 'r', parfois avec deux) ambassadeur de France en Angleterre. Son sujet vous convient ; je n'en dirai pas plus dit le fabuliste en fin de première partie avant d'embrayer sur la fable elle-même. Et en effet, à en croire les recherches, il y a plus d'un implicite dans cette histoire très politique. Géopolitique même, où la gaudriole, en atout maître, le dispute comme souvent au sérieux. On comprend que l'auteur de contes légers ne veuillent en dire davantage.
- La mission de M. Paul de Barillon:
- (a) La mission de Paul Barrillon (on trouve le nom parfois avec particule, parfois sans), envoyé comme ambassadeur en Angleterre, fut de rallier le souverain britannique à Louis XIV. Il avait pour cela emmené dans ses bagages une certaine Louise de Kérouaille, plus tard faite duchesse de Portsmouth, qu'on retrouve dans la deuxième partie de la fable sous la désignation d'Anguille ou d'Hirondelle... Cette femme, réussit parfaitement à aider M. de Barillon à remplir sa mission, le temps de sa présence à Londres. Une fable à plusieurs tiroirs, avec pour chacun un double voir même même un triple fond.
Pour l'anecdote, l'ex très médiatisée Diana Spencer, est de la descendance de Mme de Kérouaille.
- Tem-toGrand sage
Delia a écrit:Zola après son second échec ne s'est pas représenté : le lycée coûtait cher, sa mère état pauvre, il est entré chez Hachette comme emballeur. Ne pas dire aux élève qu'il est possible d'être un écrivain de génie sans le bac !edelweis62 a écrit:
Émile Zola a raté deux fois le baccalauréat.
Faut-il dire aux élèves que le jeune Zola, assez vite en arrivant à Paris, a vécu quelque temps avec une prostituée qu'il n'a cessé d'essayer de tirer des misères d'une activité dont elle n'arrivait pas, elle-même, à se départir ?
Las de tenter de faire le bonheur des autres malgré eux, il a fini par la quitter.
- DeliaEsprit éclairé
... Il ne faut pas le leur dire, car les faits ne sont pas établis assez solidement : de ce que Zola a écrit la Confession de Claude à la première personne, il est imprudent d'inférer que ce roman est autobiographique. Mieux vaut leur dire que de 1864 à 1901 il vécut avec Alexandrine Meley, modèle (c'est elle qui patauge jambes nues à l'arrière-plan du Déjeuner sur l'herbe), mère célibataire d'une fillette confiée à l'Assistance publique, toutes choses que Madame Zola réprouvait. Un jeune homme devait obtenir l'autorisation de ses parents pour se marier avant l'âge de trente ans. Zola vécut un concubinage paisible avec Alexandrine (rebaptisée Gabrielle) jusqu'à ses trente ans, après quoi il l'épousa, « il fit d'elle une honnête femme » comme on disait à l'époque.
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Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- Tem-toGrand sage
..Oui mais bien sûr, non. Je ne vais pas leur dire
- OudemiaBon génie
Oui, sous l'ancien régime, et 25 ans pour les filles : c'est ce que les élèves ont beaucoup de mal à comprendre dans les amours contrariées du théâtre classique !Delia a écrit:... Il ne faut pas le leur dire, car les faits ne sont pas établis assez solidement : de ce que Zola a écrit la Confession de Claude à la première personne, il est imprudent d'inférer que ce roman est autobiographique. Mieux vaut leur dire que de 1864 à 1901 il vécut avec Alexandrine Meley, modèle (c'est elle qui patauge jambes nues à l'arrière-plan du Déjeuner sur l'herbe), mère célibataire d'une fillette confiée à l'Assistance publique, toutes choses que Madame Zola réprouvait. Un jeune homme devait obtenir l'autorisation de ses parents pour se marier avant l'âge de trente ans. Zola vécut un concubinage paisible avec Alexandrine (rebaptisée Gabrielle) jusqu'à ses trente ans, après quoi il l'épousa, « il fit d'elle une honnête femme » comme on disait à l'époque.
Avec le Code civil, la majorité matrimoniale avait été abaissée à 25 ans et 21 ans, mais il fallait quand même l'accord des parents ! Heureusement les "sommations respectueuses", par l'intermédiaire d'un notaire ou d'un commissaire, je ne sais plus, permettaient de passer outre (il y a une belle scène dans La vendetta de Balzac).
- DeliaEsprit éclairé
En fait, je plaçais la majorité matrimoniale à 25 ans, mais Evelyne Dano, dans sa biographie d'Alexandrine, la place à trente ans et explique ainsi la date tardive du mariage. Mais vérification faite, elle a fait erreur (et j'ai eu tort de la suivre) : la majorité matrimoniale était bien de 25 ans pour les garçons de 1804 à 1906. Concluons donc que Zola a attendu d'être installé dans la vie pour régulariser son union.
Pour venger les élèves que les tragédies de Racine indisposent, nous avons des lettres de Racine à La Fontaine où il lui rend compte de son voyage vers Uzès. A partir de Lyon, il se trouve en pays étranger, plus personne ne le comprend, et il ne comprend plus personne. Dans une auberge, il demande à ce que l'on place un vase de nuit sous son lit, il se relève, il pisse (le mot est de Racine. C'était le mot...propre à l'époque)... sur les braises d'un réchaud ! Il faut lire le texte, il figure dans l'édition intégrale du Seuil (mais cette édition existe-t-elle encore ?)
Pour venger les élèves que les tragédies de Racine indisposent, nous avons des lettres de Racine à La Fontaine où il lui rend compte de son voyage vers Uzès. A partir de Lyon, il se trouve en pays étranger, plus personne ne le comprend, et il ne comprend plus personne. Dans une auberge, il demande à ce que l'on place un vase de nuit sous son lit, il se relève, il pisse (le mot est de Racine. C'était le mot...propre à l'époque)... sur les braises d'un réchaud ! Il faut lire le texte, il figure dans l'édition intégrale du Seuil (mais cette édition existe-t-elle encore ?)
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Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
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