- zigmag17Guide spirituel
Boucher-charcutier je dirais
(Et cette fois c'est "Delicatessen" qui me vient à l'esprit)
(Et cette fois c'est "Delicatessen" qui me vient à l'esprit)
- MarxouHabitué du forum
Si tu as lu tous nos témoignages concrets sur l'enseignement et que tu oses sortir des poncifs aussi bisounours, hors-sol, désincarnés sur le boulot de profs: profession méprisée et déconsidérée par le tout-venant (mon beauf en premier et les politiques très près, d'ailleurs même initiateurs de cette déconsidération et fossoyeurs de notre profession), salaires parmi les plus bas de l'OCDE et en France, de la fonction publique (cadre A quand même!), élèves qui n'en ont plus rien à foutre, et qui trichent, voire qui sont extrêmement pénibles. Je relativise: cette année est un MIRACLE en ce qui me concerne; j'ai des élèves globalement très sympa et brillants (mais encore une fois, c'est exceptionnel), parents intrusifs, nous considérant de plus en plus comme une sorte de domesticité "éducationnelle" , les anciens "précepteurs" tu vois?, mais sans en avoir l'aura car devant désormais répondre à la minute ou presque aux injonctions des parents via l'ENT, et étant littéralement subordonné à leurs désideratas (pour résumer, améliorer les notes de leurs gamins alors qu'ils ne foutent strictement rien). Bref bref bref. Si tu rajoutes à cela cette dimension sacrificielle, sacerdotale (comme beaucoup d'autres l'ont souligné à juste titre), voire mystique, religieuse, ALLELUIA,) que les différents gouvernements invoquent et entretiennent pour essayer de maintenir la vocation de ses agents de la fonction publique, tout en maintenant des salaires de misère eu égard leur qualification (enseignants, infirmières, agents hospitaliers, etc)... Fonction publique qu'ils conspuent par ailleurs et qu'ils n'ont de cesse de torpiller, laminer! Pour ma part, c'est TERMINE!!!! Et c'est dramatique, car comme beaucoup d'entre nous, j'y croyais encore y a quelque temps à la mission du service public, même avec un salaire restreint. Mais se faire enfler de cette manière par les politiques successives, ce n'est plus possible. Quel gâchis, quelle tragédie....
Après, quant au mythe éculé du plus beau métier du monde.... :sourcils: J'hallucine que certains osent encore ressortir cette connerie eu égard à la réalité de plus en plus dure de notre boulot ( absolument déconsidéré)
Après, quant au mythe éculé du plus beau métier du monde.... :sourcils: J'hallucine que certains osent encore ressortir cette connerie eu égard à la réalité de plus en plus dure de notre boulot ( absolument déconsidéré)
- Philomène87Grand sage
Marxou a écrit:Si tu as lu tous nos témoignages concrets sur l'enseignement et que tu oses sortir des poncifs aussi bisounours, hors-sol, désincarnés sur le boulot de profs: profession méprisée et déconsidérée par le tout-venant (mon beauf en premier et les politiques très près, d'ailleurs même initiateurs de cette déconsidération et fossoyeurs de notre profession), salaires parmi les plus bas de l'OCDE et en France, de la fonction publique (cadre A quand même!), élèves qui n'en ont plus rien à foutre, et qui trichent, voire qui sont extrêmement pénibles. Je relativise: cette année est un MIRACLE en ce qui me concerne; j'ai des élèves globalement très sympa et brillants (mais encore une fois, c'est exceptionnel), parents intrusifs, nous considérant de plus en plus comme une sorte de domesticité "éducationnelle" , les anciens "précepteurs" tu vois?, mais sans en avoir l'aura car devant désormais répondre à la minute ou presque aux injonctions des parents via l'ENT, et étant littéralement subordonné à leurs désideratas (pour résumer, améliorer les notes de leurs gamins alors qu'ils ne foutent strictement rien). Bref bref bref. Si tu rajoutes à cela cette dimension sacrificielle, sacerdotale (comme beaucoup d'autres l'ont souligné à juste titre), voire mystique, religieuse, ALLELUIA,) que les différents gouvernements invoquent et entretiennent pour essayer de maintenir la vocation de ses agents de la fonction publique, tout en maintenant des salaires de misère eu égard leur qualification (enseignants, infirmières, agents hospitaliers, etc)... Fonction publique qu'ils conspuent par ailleurs et qu'ils n'ont de cesse de torpille, laminerr! Pour ma part, c'est TERMINE!!!! Et c'est dramatique, car comme beaucoup d'entre nous, j'y croyais encore y a quelque temps à la mission du service public, même avec un salaire restreint. Mais se faire enfler de cette manière par les politiques successives, ce n'est plus possible. Quel gâchis, quelle tragédie....
Certes, mais il suffit de ne pas le faire.
Sinon, bien sûr qu'ils continuent...
- piescoModérateur
Déjà le titre du fil... professeur, enseignant... c'est trop compliqué à écrire ?
_________________
Nos han quitado tanto, nos quitaron el miedo.
https://www.youtube.com/watch?v=oeU7rb-dBow&t=277s
- BalthazaardVénérable
pseudo-intello a écrit:"Sacerdoce", tout est dit.
Je en suis pas bonne sœur.
Dans quel autre métier te sentirais-tu voué à parler de "sacerdoce épanouissant" ?
Chez les curés et ils sont en proie à une crise des vocations aussi grave que dans l'EN...les mêmes discours produisent les mêmes effets
- zigmag17Guide spirituel
Et eux pourtant ils aiment vraiment les enfants :jesors:
- zigmag17Guide spirituel
piesco a écrit:Déjà le titre du fil... professeur, enseignant... c'est trop compliqué à écrire ?
Oui, trop compliqué certainement
- CzarNiveau 9
zigmag17 a écrit:Et eux pourtant ils aiment vraiment les enfants :jesors:
Ensemble, luttons contre les préjugés.
- zigmag17Guide spirituel
C'était ironique bien sûr, ai-je vraiment besoin de le préciser? Luttons contre le premier degré!
- piescoModérateur
_________________
Nos han quitado tanto, nos quitaron el miedo.
https://www.youtube.com/watch?v=oeU7rb-dBow&t=277s
- BalthazaardVénérable
zigmag17 a écrit:C'était ironique bien sûr, ai-je vraiment besoin de le préciser? Luttons contre le premier degré!
Dans les écoles confessionnelles des curés enseignent aux petits...
- MarxouHabitué du forum
zigmag17 a écrit:Boucher-charcutier je dirais
(Et cette fois c'est "Delicatessen" qui me vient à l'esprit)
Pour toi Zigmag Yeah: ça fait longtemps ce film!
- zigmag17Guide spirituel
Merci Marxou!!! Génial film!!!!!
Merci pour l'extrait!
Merci pour l'extrait!
- MarxouHabitué du forum
Balthazaard a écrit:pseudo-intello a écrit:"Sacerdoce", tout est dit.
Je en suis pas bonne sœur.
Dans quel autre métier te sentirais-tu voué à parler de "sacerdoce épanouissant" ?
Chez les curés et ils sont en proie à une crise des vocations aussi grave que dans l'EN...les mêmes discours produisent les mêmes effets
Voilà, tout est dit. On n'est pas des bonnes soeurs. Notre "mission" est d'enseigner. Point BARRE. pas de colmater tous les maux de la société. On n'a pas réussi un concours aussi difficile pour être payé que dalle, être aussi peu considéré, et être en plus en première ligne pour devoir affronter et résoudre toutes les urgences sociétales dont se contrefoutent les politiques. MERDE! RAS LE BOL.
- Dadoo33Grand sage
Pofekko a écrit:L'établissement où l'on exerce ainsi que les classes ont un fort impact sur notre qualité de vie. J'ai enseigné dans un lycée surnommé le caniveau et j'avoue avoir connu des périodes de découragement. Aujourd'hui, mon établissement est plus facile que le précédent et j'ai du plaisir à enseigner (bien plus qu'avant). Blue horizon est peut être dans un établissement calme?
Je partage ton avis
- amourExpert
On en le répétera jamais assez mais les mutations ne sont pas un "inconvénient" du métier mais une condition d'exercice de l'enseignement national pour que territoire et République aient un sens. On le sait avant de passer le concours, de même qu'un coiffeur ne découvre pas lors de son premier stage qu'il va devoir toucher des cheveux. Par ailleurs je ne comprends pas pourquoi vous parsemez d'envolées lyriques une fiche de lecture ou un agrégat de passage présents sur d'autres fils. Ces remarques sur les fils concernés sont sans doute de vous mais le lyrisme et la répétition à l'identique me procurent un sentiment étrange, tout comme les répétitions au sein de votre texte, et votre critique à peine voilée de bienveillance bonhomme à l'égard de vos prétendus collègues d'établissements précédents ponctuée de naïveté et de.positionnement externe. Veuillez pardonner ma franchise mais depuis tout à l'heure, je me demande pour qui vous pourriez souhaiter écrire des discours, en tant que stagiaire, et je ne sais dire si je vous vois plutôt tenter votre chance avec E Macron ou avec G Attal.
- Blue HorizonNiveau 1
Ah je me doutais que je risquais de recevoir ce genre de messages... Désolée, j'aime mon métier... Et j'ai osé usé de la liberté d'expression pour livrer mon point de vue tout autant légitime que n'importe quel autre point de vue... Pour toi, j'offre un "condensé de lieux communs", pour moi, certains propos trop pessimistes m'interpellent également...
J'enseigne le français en collège en zone rurale et très défavorisée.
Des exemples, j'en ai à la pelle... Mes élèves de 3e qui dernièrement m'ont demandé s'ils pouvaient venir en dehors de mes heures de cours de 13h à 14h un jeudi car ils avaient remarqué que j'avais ce créneau de libre et ils voulaient peaufiner leur travail qui était déjà très bien et qui ne demandait pas de peaufinage : en gros, mes élèves qui sont pourtant réputés dans mon établissement pour être de "gros fainéants", "sans ambition", "sans volonté de travailler", etc. (propos que j'entends quotidiennement), sont venus me réclamer une heure supp ! Il s'agissait de créer un sonnet avec toutes les règles exigeantes du sonnet traditionnel que l'on avait étudiées en amont (une métrique identique tout le long du poème, le schéma des rimes, les deux quatrains + deux tercets, la chute ou pointe finale) en intégrant 10 figures de style (comparaison, métaphore, oxymore, chiasme, antithèse, allitération, assonance, gradation, personnification, périphrase), bref, un travail ambitieux mais largement faisable car on avait vu tout ce qu'il fallait en classe en amont pour réussir. Ils avaient 3,5 heures pour le faire, leur travail n'était pas en retard, ils étaient seulement enthousiasmés par leur production. Au point que des élèves considérés comme des décrocheurs sont venus me voir en fin d'heure pour savoir s'ils pouvaient prendre en photo leur travail achevé pour le montrer à leur maman le week-end... Pour moi, c'était une victoire, je l'ai savourée ! Des sonnets très réussis d'ailleurs, ils avaient de quoi être fiers d'eux.
Sinon, mes 4e ultra impatients et désireux de progresser dans l'étude de la nouvelle "Le portrait ovale" d'Edgar Poe (lexique et syntaxe difficiles pour le public de mon collège qui a des résultats très inférieurs à la moyenne nationale) : un grand nombre d'entre eux ont d'ailleurs pris l'initiative de recopier leur cours au propre chez eux, très fiers de me montrer qu'ils voulaient un cours parfait pour mieux réussir l'évaluation à venir alors que je ne leur ai pas demandé de recopier leur cours déjà très propre mais c'est une manière de me rendre mon "optimisme béat" sans doute. Quand j'arrive dans la salle (car désormais on change de salle : mesures sanitaires), les élèves ont déjà leur classeur ouvert à la bonne page et ils me demandent si on va savoir aujourd'hui ce qu'il va se passer dans l'histoire, c'est déjà bon signe et je m'appuie sur ces choses simples aussi car c'est quelque chose qui a été construit avec eux. (Beaucoup de choses sont à construire car ce n'est pas forcément acquis pour ces jeunes).
Mes élèves m'avouent transpirer parfois plus en français qu'en EPS mais ils me disent qu'ils aiment venir en cours de français... Ils "transpirent" car je les fais réfléchir par eux-mêmes, c'est à eux de s'approprier les notions, je fais de mon mieux pour les accompagner progressivement dans cette voie. Mes lectures et échanges avec des établissements expérimentaux m'ont aussi permis de donner une place plus importante à la métacognition également et personnellement, je trouve cela très porteur.
C'est vrai que je consacre beaucoup de temps à ces réflexions : je me demande toujours : comment transmettre, comment les intéresser, comment faire pour que tel élève retrouve la motivation, ... Transmettre c'est une chance et c'est vrai que la forme est aussi importante que le fond... Avant de transmettre, on peut s'interroger sur la manière de préparer la réception : comment rendre moins indigeste ce cours sur les subordonnées ? Il faut de la patience, et des démarches personnelles (s'informer par exemple) car je n'attends pas que l'on me propose des formations (souvent décevantes) pour avancer. C'est un choix personnel.
Les AVS me disent souvent qu'elles apprécient la manière dont j'enseigne, le programme est le même mais la forme est différente. Je fais beaucoup de "tâches complexes" (pour prendre un terme connu même si ce n'est pas forcément mon appellation favorite) et les élèves m'en redemandent : "Madame, on pourra refaire ce genre d'évaluation ?". Pourtant, je suis exigeante... Bienveillante aussi (je l'espère) mais pas du tout "maternante".
La semaine dernière mes élèves de 5e ont aussi beaucoup aimé un cours d'AP durant lequel ils ont dû mobilisé beaucoup de compétences : il y avait trois groupes et trois documents différents (des morceaux d'un conte : illustration ou texte). Le groupe 1 observait le doc 1 pendant que les autres (groupes 2 et 3) ne pouvaient pas regarder. Ensuite, le groupe 2 observait le doc 2, etc. A tour de rôle, chaque groupe observait pendant deux minutes leur document, de manière à mémoriser le plus d'informations possibles. Ensuite, chaque groupe devait dire aux autres ce qu'il avait vu et les camarades devaient prendre en note ce que le groupe leur dictait. Puis, j'ai projeté tous les docs au tableau, tout le monde avait le droit de regarder cette fois-ci et les élèves ont comparé leur prise de notes avec les documents. Enfin, ils ont établi d'eux-mêmes les liens entre les différents docs en constatant qu'il y avait des points communs aux trois docs. Je leur ai dit qu'en effet, ces docs étaient issus du même conte. Je leur ai demandé d'essayer d'imaginer l'histoire (un résumé cohérent) de ce conte à partir des notes prises et qu'il fallait intégrer au résumé. Ensuite, ils n'avaient qu'une envie : découvrir la véritable histoire de ce conte = mon but était de les faire observer des docs, mémoriser ce qu'ils avaient vu, prendre la parole, prendre des notes, imaginer un récit cohérent à partir des petits morceaux du conte qu'ils possédaient et surtout, le but était aussi de favoriser leur intérêt de lecteur afin qu'ils s'accrochent durant la lecture à venir. J'ai choisi de prendre une heure pour qu'ils aient envie de faire l'effort de lire et ce fut le cas.
J'ai d'autres exemples mais après avoir été accusée de faire de la propagande, je ne voudrais pas être taxée de prétentieuse car je veux juste partager mon point de vue et donner quelques exemples que l'on m'a réclamé.
Je n'ai aucun mérite, j'aime seulement ce métier que j'ai choisi. J'ai aussi lu de nombreux ouvrages sur la pédagogie active qui me parle énormément et qui m'inspire. J'avais d'ailleurs choisi ce sujet pour mon mémoire et je crois personnellement que cette méthode (encouragée par les programmes qui plus est) est celle qui me convient et les élèves me disent qu'ils aiment. Je précise, ils ne sont pas fayots, d'ailleurs, quand je suis arrivée dans cet établissement, au début, avant de me connaître, ils ne m'ont pas fait de cadeaux et j'ai dû tenir bon, ne pas perdre de vue mes objectifs pour qu'ils se détendent... Il m'a fallu être patiente avant que ça se passe aussi bien que je le souhaitais.
Désolée d'aimer mon métier, mais j'écoute de nombreuses plaintes au quotidien, je prends sur moi, j'essaye de comprendre, et ce soir, j'avais envie moi aussi, d'exprimer mon ressenti et heureusement, j'ai déjà rencontré de rares collègues qui partagent ce point de vue.
Je comprends que ce métier puisse être mal vécu car je trouve qu'enseigner consomme beaucoup d'énergie et souvent, les adolescents nous bousculent : entre les élèves perturbateurs (car perturbés), les élèves en très grande difficulté, les élèves à qui il faut aussi apprendre la politesse, les bons élèves qui ont besoin d'un rythme plus soutenu pour ne pas s'ennuyer, etc. , et le système qui n'est pas toujours idéal, mais malgré tout, je trouve personnellement (si l'on a rien contre l'idée que j'exprime mon point de vue, bien sûr...) on a aussi plus de choses à notre disposition que ce que l'on croit parfois. Et je persiste et signe, pour moi personnellement, ce métier a du sens, c'est un métier humain, chaque jour est une aventure, et heureusement car pour accepter d'être mutée à 650 km de chez moi (avec tout ce que cela implique durant des années), il fallait vraiment que je l'aime ce métier, sinon j'aurais choisi un autre travail...
J'enseigne le français en collège en zone rurale et très défavorisée.
Des exemples, j'en ai à la pelle... Mes élèves de 3e qui dernièrement m'ont demandé s'ils pouvaient venir en dehors de mes heures de cours de 13h à 14h un jeudi car ils avaient remarqué que j'avais ce créneau de libre et ils voulaient peaufiner leur travail qui était déjà très bien et qui ne demandait pas de peaufinage : en gros, mes élèves qui sont pourtant réputés dans mon établissement pour être de "gros fainéants", "sans ambition", "sans volonté de travailler", etc. (propos que j'entends quotidiennement), sont venus me réclamer une heure supp ! Il s'agissait de créer un sonnet avec toutes les règles exigeantes du sonnet traditionnel que l'on avait étudiées en amont (une métrique identique tout le long du poème, le schéma des rimes, les deux quatrains + deux tercets, la chute ou pointe finale) en intégrant 10 figures de style (comparaison, métaphore, oxymore, chiasme, antithèse, allitération, assonance, gradation, personnification, périphrase), bref, un travail ambitieux mais largement faisable car on avait vu tout ce qu'il fallait en classe en amont pour réussir. Ils avaient 3,5 heures pour le faire, leur travail n'était pas en retard, ils étaient seulement enthousiasmés par leur production. Au point que des élèves considérés comme des décrocheurs sont venus me voir en fin d'heure pour savoir s'ils pouvaient prendre en photo leur travail achevé pour le montrer à leur maman le week-end... Pour moi, c'était une victoire, je l'ai savourée ! Des sonnets très réussis d'ailleurs, ils avaient de quoi être fiers d'eux.
Sinon, mes 4e ultra impatients et désireux de progresser dans l'étude de la nouvelle "Le portrait ovale" d'Edgar Poe (lexique et syntaxe difficiles pour le public de mon collège qui a des résultats très inférieurs à la moyenne nationale) : un grand nombre d'entre eux ont d'ailleurs pris l'initiative de recopier leur cours au propre chez eux, très fiers de me montrer qu'ils voulaient un cours parfait pour mieux réussir l'évaluation à venir alors que je ne leur ai pas demandé de recopier leur cours déjà très propre mais c'est une manière de me rendre mon "optimisme béat" sans doute. Quand j'arrive dans la salle (car désormais on change de salle : mesures sanitaires), les élèves ont déjà leur classeur ouvert à la bonne page et ils me demandent si on va savoir aujourd'hui ce qu'il va se passer dans l'histoire, c'est déjà bon signe et je m'appuie sur ces choses simples aussi car c'est quelque chose qui a été construit avec eux. (Beaucoup de choses sont à construire car ce n'est pas forcément acquis pour ces jeunes).
Mes élèves m'avouent transpirer parfois plus en français qu'en EPS mais ils me disent qu'ils aiment venir en cours de français... Ils "transpirent" car je les fais réfléchir par eux-mêmes, c'est à eux de s'approprier les notions, je fais de mon mieux pour les accompagner progressivement dans cette voie. Mes lectures et échanges avec des établissements expérimentaux m'ont aussi permis de donner une place plus importante à la métacognition également et personnellement, je trouve cela très porteur.
C'est vrai que je consacre beaucoup de temps à ces réflexions : je me demande toujours : comment transmettre, comment les intéresser, comment faire pour que tel élève retrouve la motivation, ... Transmettre c'est une chance et c'est vrai que la forme est aussi importante que le fond... Avant de transmettre, on peut s'interroger sur la manière de préparer la réception : comment rendre moins indigeste ce cours sur les subordonnées ? Il faut de la patience, et des démarches personnelles (s'informer par exemple) car je n'attends pas que l'on me propose des formations (souvent décevantes) pour avancer. C'est un choix personnel.
Les AVS me disent souvent qu'elles apprécient la manière dont j'enseigne, le programme est le même mais la forme est différente. Je fais beaucoup de "tâches complexes" (pour prendre un terme connu même si ce n'est pas forcément mon appellation favorite) et les élèves m'en redemandent : "Madame, on pourra refaire ce genre d'évaluation ?". Pourtant, je suis exigeante... Bienveillante aussi (je l'espère) mais pas du tout "maternante".
La semaine dernière mes élèves de 5e ont aussi beaucoup aimé un cours d'AP durant lequel ils ont dû mobilisé beaucoup de compétences : il y avait trois groupes et trois documents différents (des morceaux d'un conte : illustration ou texte). Le groupe 1 observait le doc 1 pendant que les autres (groupes 2 et 3) ne pouvaient pas regarder. Ensuite, le groupe 2 observait le doc 2, etc. A tour de rôle, chaque groupe observait pendant deux minutes leur document, de manière à mémoriser le plus d'informations possibles. Ensuite, chaque groupe devait dire aux autres ce qu'il avait vu et les camarades devaient prendre en note ce que le groupe leur dictait. Puis, j'ai projeté tous les docs au tableau, tout le monde avait le droit de regarder cette fois-ci et les élèves ont comparé leur prise de notes avec les documents. Enfin, ils ont établi d'eux-mêmes les liens entre les différents docs en constatant qu'il y avait des points communs aux trois docs. Je leur ai dit qu'en effet, ces docs étaient issus du même conte. Je leur ai demandé d'essayer d'imaginer l'histoire (un résumé cohérent) de ce conte à partir des notes prises et qu'il fallait intégrer au résumé. Ensuite, ils n'avaient qu'une envie : découvrir la véritable histoire de ce conte = mon but était de les faire observer des docs, mémoriser ce qu'ils avaient vu, prendre la parole, prendre des notes, imaginer un récit cohérent à partir des petits morceaux du conte qu'ils possédaient et surtout, le but était aussi de favoriser leur intérêt de lecteur afin qu'ils s'accrochent durant la lecture à venir. J'ai choisi de prendre une heure pour qu'ils aient envie de faire l'effort de lire et ce fut le cas.
J'ai d'autres exemples mais après avoir été accusée de faire de la propagande, je ne voudrais pas être taxée de prétentieuse car je veux juste partager mon point de vue et donner quelques exemples que l'on m'a réclamé.
Je n'ai aucun mérite, j'aime seulement ce métier que j'ai choisi. J'ai aussi lu de nombreux ouvrages sur la pédagogie active qui me parle énormément et qui m'inspire. J'avais d'ailleurs choisi ce sujet pour mon mémoire et je crois personnellement que cette méthode (encouragée par les programmes qui plus est) est celle qui me convient et les élèves me disent qu'ils aiment. Je précise, ils ne sont pas fayots, d'ailleurs, quand je suis arrivée dans cet établissement, au début, avant de me connaître, ils ne m'ont pas fait de cadeaux et j'ai dû tenir bon, ne pas perdre de vue mes objectifs pour qu'ils se détendent... Il m'a fallu être patiente avant que ça se passe aussi bien que je le souhaitais.
Désolée d'aimer mon métier, mais j'écoute de nombreuses plaintes au quotidien, je prends sur moi, j'essaye de comprendre, et ce soir, j'avais envie moi aussi, d'exprimer mon ressenti et heureusement, j'ai déjà rencontré de rares collègues qui partagent ce point de vue.
Je comprends que ce métier puisse être mal vécu car je trouve qu'enseigner consomme beaucoup d'énergie et souvent, les adolescents nous bousculent : entre les élèves perturbateurs (car perturbés), les élèves en très grande difficulté, les élèves à qui il faut aussi apprendre la politesse, les bons élèves qui ont besoin d'un rythme plus soutenu pour ne pas s'ennuyer, etc. , et le système qui n'est pas toujours idéal, mais malgré tout, je trouve personnellement (si l'on a rien contre l'idée que j'exprime mon point de vue, bien sûr...) on a aussi plus de choses à notre disposition que ce que l'on croit parfois. Et je persiste et signe, pour moi personnellement, ce métier a du sens, c'est un métier humain, chaque jour est une aventure, et heureusement car pour accepter d'être mutée à 650 km de chez moi (avec tout ce que cela implique durant des années), il fallait vraiment que je l'aime ce métier, sinon j'aurais choisi un autre travail...
- Pourquoi 3,14159Expert
Il manque un paragraphe sur l'obole en fin de mois. Pour le reste, bah c'est beau d'être jeune.
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"Placez votre main sur un poêle une minute et ça vous semble durer une heure. Asseyez vous auprès d'une jolie fille une heure et ça vous semble durer une minute. C'est ça la relativité. " (Albert Einstein).
- jeromebrNiveau 6
@blue horizon
Je suis content pour toi. Et peu surpris de l'avalanche de critiques à ton post. Bon courage à toi, tu n'es pas le seul à penser ainsi.
Je suis content pour toi. Et peu surpris de l'avalanche de critiques à ton post. Bon courage à toi, tu n'es pas le seul à penser ainsi.
- Clecle78Bon génie
Ce que trouve formidable dans ce témoignage c'est son extrême modestie. Aimer son métier c'est bien mais un minimum d'humilité serait souhaitable, surtout quand on s'adresse à des collègues qui vont parfois mal. Tu as encore beaucoup à apprendre visiblement...
- ProtonExpert
Je vous propose une mutation au lycée en pleine destruction par M. Blanquer pour constater ce qu'est vraiment le "plus beau métier du monde".
Pour moi c'est devenu le stress et l'anxiété. Je réfléchis à arrêter l'enseignement de plus en plus ...
Pour moi c'est devenu le stress et l'anxiété. Je réfléchis à arrêter l'enseignement de plus en plus ...
- Une passanteEsprit éclairé
Et depuis combien d'années enseignes-tu ?
- DanskaProphète
jeromebr a écrit:@blue horizon
Je suis content pour toi. Et peu surpris de l'avalanche de critiques à ton post. Bon courage à toi, tu n'es pas le seul à penser ainsi.
Pour ma part la seule critique, que je réitère, a été "c'est lamentable de venir déverser ce tombereau d'âneries dans un sujet ouvert par une jeune collègue qui se déclare en détresse et vient demander de l'aide ici".
Pour le reste, ma foi, chacun a le droit de vivre son beau rêve bleu... Mais curieusement j'ai l'impression que seuls certains enseignants se sentent obligés de venir expliquer qu'ils font "le plus beau métier du monde", jamais entendu un boulanger, un ingénieur ou un facteur en faire autant.
- MarxouHabitué du forum
Proton a écrit:Je vous propose une mutation au lycée en pleine destruction par M. Blanquer pour constater ce qu'est vraiment le "plus beau métier du monde".
Pour moi c'est devenu le stress et l'anxiété. Je réfléchis à arrêter l'enseignement de plus en plus ...
On est en tous là! Ce boulot vous bouffe, à un point! .... Même si par miracle, ça se passe plutôt bien pour moi ces dernières années, je n'ai de cesse de vouloir me barrer de ce titanic.
- Blue HorizonNiveau 1
Je n'en attendais pas moins...
Je tiens à remercier Pofekko pour son message respectueux et bienveillant, un peu noyé dans un flot de mépris venant d'autres personnes mais ça fait d'autant plus plaisir, merci
Non, je ne suis pas débutante...
Définition du mot "Sacerdoce" issu du Larousse : "Fonction qui présente un caractère particulièrement respectable en raison du dévouement à l'égard d'autrui qu'elle exige", et oui, il y a plusieurs acceptions pour le même mot et c'est mal me connaître que de ne me prêter l'idée d'utiliser des mots à connotations religieuses.
J'aime mon métier, je l'assume et le dire m'a fait du bien, tant pis si mon avis n'est pas partagé, je savoure chaque journée de travail et j'en suis heureuse !
Avant d'être prof, j'ai travaillé plusieurs années dans le privé, dans un secteur qui n'a rien à voir : de très mauvaises conditions de travail et un mauvais salaire, j'ai connu, sans doute que ça m'aide à relativiser... Souvent, les profs qui ont travaillé dans le privé, qui ont quitté quelques instants l'école dans leur vie, apprécient grandement l'enseignement. Ce n'est pas obligatoire d'avoir fait autre chose pour apprécier ce que j'appellerai cette chance (certains enseignants aiment leur métier sans avoir travaillé dans d'autres secteurs), mais j'ai constaté au fil des années que ça pouvait aider.
Sans rancune, sans amertume, bonne continuation à tous en espérant que certains d'entre vous ne sont pas trop malheureux dans le métier sinon il y a toujours ce que l'on appelle la reconversion... C'est ce que j'ai fait mais dans l'autre sens : des semaines de 70 heures minimum pour conjuguer études et travail pendant 4 ans jusqu'à l'obtention du concours : Bref, la reconversion est toujours possible.
Je tiens à remercier Pofekko pour son message respectueux et bienveillant, un peu noyé dans un flot de mépris venant d'autres personnes mais ça fait d'autant plus plaisir, merci
Non, je ne suis pas débutante...
Définition du mot "Sacerdoce" issu du Larousse : "Fonction qui présente un caractère particulièrement respectable en raison du dévouement à l'égard d'autrui qu'elle exige", et oui, il y a plusieurs acceptions pour le même mot et c'est mal me connaître que de ne me prêter l'idée d'utiliser des mots à connotations religieuses.
J'aime mon métier, je l'assume et le dire m'a fait du bien, tant pis si mon avis n'est pas partagé, je savoure chaque journée de travail et j'en suis heureuse !
Avant d'être prof, j'ai travaillé plusieurs années dans le privé, dans un secteur qui n'a rien à voir : de très mauvaises conditions de travail et un mauvais salaire, j'ai connu, sans doute que ça m'aide à relativiser... Souvent, les profs qui ont travaillé dans le privé, qui ont quitté quelques instants l'école dans leur vie, apprécient grandement l'enseignement. Ce n'est pas obligatoire d'avoir fait autre chose pour apprécier ce que j'appellerai cette chance (certains enseignants aiment leur métier sans avoir travaillé dans d'autres secteurs), mais j'ai constaté au fil des années que ça pouvait aider.
Sans rancune, sans amertume, bonne continuation à tous en espérant que certains d'entre vous ne sont pas trop malheureux dans le métier sinon il y a toujours ce que l'on appelle la reconversion... C'est ce que j'ai fait mais dans l'autre sens : des semaines de 70 heures minimum pour conjuguer études et travail pendant 4 ans jusqu'à l'obtention du concours : Bref, la reconversion est toujours possible.
- DanskaProphète
Blue Horizon a écrit:
J'aime mon métier, je l'assume et le dire m'a fait du bien, tant pis si mon avis n'est pas partagé, je savoure chaque journée de travail et j'en suis heureuse !
Avant d'être prof, j'ai travaillé plusieurs années dans le privé, dans un secteur qui n'a rien à voir : de très mauvaises conditions de travail et un mauvais salaire, j'ai connu, sans doute que ça m'aide à relativiser... Souvent, les profs qui ont travaillé dans le privé, qui ont quitté quelques instants l'école dans leur vie, apprécient grandement l'enseignement. Ce n'est pas obligatoire d'avoir fait autre chose pour apprécier ce que j'appellerai cette chance (certains enseignants aiment leur métier sans avoir travaillé dans d'autres secteurs), mais j'ai constaté au fil des années que ça pouvait aider.
Sûr qu'en ce moment, avec le masque et toutes les contraintes liées au protocole sanitaire, on doit sacrément savourer les journées... C'est du trollage, non ? Ou un début de syndrome de Stockholm ? :lol:
Quant aux enseignants qui ont travaillé dans le privé, ils sont nombreux sur ce forum. Bizarrement, ils sont beaucoup plus rares à vivre sur un petit nuage tout rose après quelques années, voire quelques mois d'enseignement.
Edit : ah oui, le bon vieux cliché sur les profs qui n'ont jamais quitté l'école de leur vie - et n'ont ni amis, ni conjoint, ni parents ou enfants dans le privé et ne connaissent rien au monde du travail dans la vie réelle... Bon, trollage ou ravi de la crèche, rien de bien original là-dedans.
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