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gryffondor123
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A la limite du burn-out Empty A la limite du burn-out

par gryffondor123 Jeu 5 Nov - 14:55
Bonjour à tous,

J'ouvre un nouveau sujet de discussions car j'ai besoin de conseils.

Jeune diplômée d'un Master n'ayant rien à voir avec l'enseignement, j'ai été recrutée pour devenir prof contractuelle à mi-temps en collège depuis mi-septembre. Les difficultés du début se sont posées : le contexte sanitaire, la formation sur le tas et des classes pas faciles à gérer (même pour des profs qui ont + de 20 ans d'expérience). Un tutorat a été mis en place pour m'accompagner.

Erreur que j'ai faite dès le premier jour, c'est que je n'ai pas posé le cadre directement. J'ai également très peu sanctionné avant le début des vacances : je n'ai commencé à sanctionner que la dernière semaine avant les vacances et pour ne mettre "que" des mots dans le carnet.
Conséquences de cette erreur : mes heures de cours sont des heures de récréation pour les élèves ! On bavarde, on se déplace à tout go, on balance des objets, bref, je fais la police constamment. Et étant trop gentille et ne punissant que très peu, je n'ai aucune autorité (soyons honnêtes) avec mes classes. Je n'ai que 10 ans de plus qu'eux, ils ont davantage tendance à me prendre pour leur amie que pour leur prof. Quelques profs sont déjà intervenus dans mes classes pour leur remonter les bretelles et leur intimer le silence - à défaut de l'avoir, eux l'ont facilement.

Retour des vacances, on reprend les habitudes...! Sauf que mardi, une prof est intervenue en début de cours, a remonté les bretelles à mes élèves et ça m'a fait pleurer... DEVANT eux. Erreur à ne surtout pas faire quand on est prof !
Conséquences de cela : deux autres profs sont intervenus, un prof est resté jusqu'à la fin de mon cours.
Autre erreur que j'ai fait : je n'en ai pas parlé à la prof principale et à mon tuteur, ils l'ont su par les profs qui sont intervenus.

Hier, je décide de rappeler à toutes mes classes les règles de vie de classe et de montrer l'échelle de sanctions que j'applique (durcie désormais). Cela s'est beaucoup mieux passé, mais c'était loin d'être parfait.

Ce matin, on reprend de nouveau les habitudes : on ne m'écoute plus, on bavarde... Et je flique de nouveau... Nouveautés depuis ce matin, on remet en cause mon autorité en me lançant des regards noirs ou en me menaçant de ne plus venir en cours.

Cette situation me pèse beaucoup. Je fuie la salle des profs comme la peste, pensant que l'on va me juger pour ce qu'il s'est passé mardi - mes larmes ont fait le tour du personnel enseignant et de la hiérarchie - et je m'isole volontairement dans mes salles. Certains profs sont prêts à m'aider en me proposant d'assister à leurs cours, mais je le vois plutôt comme un échec. Chaque intervention qu'un prof a pu faire dans mes classes, je ne l'ai pas pris comme une aide de leur part, mais comme un rappel de mon incapacité à gérer correctement mes classes. Je deviens irascible, je pleure régulièrement, je me noie dans la préparation de mes cours, bref, un burn-out, s'il n'est pas déjà présent, se profile.
La solution la plus simple serait d'accepter l'aide que l'on me tend mais j'ai beaucoup de mal à l'accepter. Je suis quelqu'un de très solitaire et je préfère régler les problèmes par moi-même jusqu'à ce que je n'en puisse plus. Accepter de l'aide serait reconnaître que j'ai échoué dans mon rôle de prof.
J'aime ce que je fais, j'aime transmettre ma passion pour ma matière aux élèves, je me suis même inscrite au CAPES pendant les vacances, ce que je n'aurais jamais cru faire un jour (devenir prof était inconcevable à mes yeux, il y a encore quelques mois). Mais je ne m'en sors plus. Je ne sais plus quoi faire pour sortir de cette situation, faire régner l'ordre dans mes classes et me faire respecter en tant que prof et non pas en tant qu'amie des élèves.
Je suis à la limite d'un burn-out et je cherche désespérément à m'en sortir.
Oxford
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Neoprof expérimenté

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par Oxford Jeu 5 Nov - 15:30
gryffondor, accepter de l'aide n'est pas reconnaître que tu as échoué car tu débutes et les débuts sont rarement faciles.
Ne t'inquiète pas tant, des erreurs on en fait tous et pleurer devant les élèves ça peut arriver, même avec de l'expérience.
Par contre il faut que tu te montres intraitable avec les élèves, ne plus rien tolérer : j'espère qu'il y a des retenues/colles et là tu les utilises dès le premier bavardage ou déplacement en classe car les règles ont déjà été rappelées. Tu prends les carnets et tu annonces la colle à l'intéressé, tu continues le cours et tu remplis les carnets en fin d'heure (sans répondre s'ils remettent en cause ta décision, voire tu doubles la colle si insolence). Peu à peu ils vont se calmer.
Quant aux regard noirs et menaces de ne plus venir en cours, alors là, WTF !
Tu parles de tutorat : qui est ton tuteur ? Quelle aide as-tu reçu de lui ? Est-il venu dans tes classes ?
Tu devrais accepter d'assister à certains cours de tes collègues, tu n'as rien à perdre, tu glaneras toujours qqs "trucs".
Courage ! A la limite du burn-out 1547453357 fleurs2

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Tutti i ghjorna si n'impara.
Lédissé
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Esprit sacré

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par Lédissé Jeu 5 Nov - 16:07
J'ajoute que, moi qui ai tendance, comme toi, à vouloir gérer seule (ne serait-ce que parce que j'ai l'impression que c'est mon rôle, que je dois me débrouiller), c'est impossible. Ce n'est pas que chacun ne puisse avoir ses règles, mais il faut que les élèves sentent une cohérence d'équipe. Tu dis toi-même que ç'a été une erreur de ne pas informer, par exemple, le professeur principal. Il serait vraiment judicieux de voir tes collègues de ces classes, ne serait-ce que le professeur principal de chacune, et de poser les choses avec lui : voilà ce que j'ai décidé de mettre en place (ou que me conseilles-tu), qu'en penses-tu, je me propose pendant quelque temps de t'envoyer un message pour te tenir au courant d'éventuels débordements (c'est un peu lourd mais ce ne serait pas toute l'année, juste le temps de cadrer)... Voir également, absolument, le CPE : soit lui proposer quelque chose et lui demander son avis, soit simplement lui dire "je suis démunie, est-ce que tu as des conseils" (et quand je dis conseils, je pense à des choses à mettre en place non seulement strictement par toi dans ton cours, mais bien sûr en coordination avec lui : lui envoyer un élève, le faire monter en cours pour qu'il pousse une gueulante et annonce que s'il doit revenir ce ne sera pas pour rien - j'avais une collègue qui préférait fonctionner ainsi plutôt que de récupérer un ou deux perturbateurs, et en général en effet ça les calmait -, convenir avec lui que pendant quinze jours tu as carte blanche pour des exclusions, le temps qu'ils comprennent que ça ne rigole pas plus avec toi qu'avec les autres...). Je n'ai pas de conseils précis à donner, mais je sais que quand ça part en vrille avec une classe (ou toutes, ça m'est arrivé), ce n'est pas en restant seul qu'on règle le problème.
Courage. S'adresser aux autres n'est pas un constat d'incompétence ou d'impuissance - et ce, qu'il s'agisse de ta première ou de ta vingtième année. fleurs

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Life is what happens to you while you're making other plans. John Lennon
Life is not governed by will or intention. Life is a question of nerves, and fibres, and slowly built-up cells in which thought hides itself and passion has its dreams. Oscar Wilde


Bien que femme, je me suis permis_ / demandé_ / rendu_ compte / fait_ désirer...A la limite du burn-out Vieille etc._  Smile
gryffondor123
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A la limite du burn-out Empty Re: A la limite du burn-out

par gryffondor123 Jeu 5 Nov - 16:23
Oxford :

C'est ce que l'on me répète assez souvent : "les débuts sont toujours compliqués". Là encore plus qu'en temps normal, avec le contexte sanitaire et la formation sur le tas.
J'enchaîne les erreurs, c'est tout mais comme tu l'as dit, les débuts ne sont pas faciles.
C'est sur ce point-là que j'ai beaucoup de mal : j'ai du mal à être sévère avec les élèves (ce n'est pas dans ma nature d'être sévère) alors qu'ils ont besoin d'un cadre strict pour que tout rentre dans l'ordre.
Il va falloir que je prenne sur moi et que je m'y tienne surtout. C'est un mauvais moment à passer pour que tout s'améliore.
Oui, les regards noirs et menaces de ne plus venir en cours, j'en suis rendue là. Mais honnêtement, qu'ils le fassent et ils récolteront ce qu'ils auront semé (j'aurais dû coller pour les regards noirs !)

Mon tuteur est un autre prof de ma matière et l'un de mes anciens profs (car j'étais élève dans le collège où j'enseigne actuellement). Il est déjà venu dans l'un de mes cours (après on a toujours cours en même temps). Quelle aide ai-je reçu de lui ? C'est un excellent tuteur : il me propose constamment son aide, c'est moi qui ne vais pas vers lui quand j'ai des questions ou des problèmes (paradoxal quand même ?). De ce côté-là, comme avec les autres profs, ce n'est pas lui le problème, c'est moi.

Oui et puis cela ne peut que m'aider au final.

Merci !


Lédissé : Oui, je me rends compte que c'est impossible en effet de faire ça ! La cohérence d'équipe quand les autres profs en question ne te flinguent pas par derrière parce que ça ne va pas, notamment une prof principale...! C'est vrai que je n'ai pas tendance à penser au CPE mais cela peut être une solution, à défaut d'envoyer mes élèves perturbateurs chez d'autres collègues (ce qui m'a été proposé par ces derniers).
C'est ce que je comprends de jour en jour qu'on ne peut pas régler les problèmes seul. C'est plus facile à qu'à faire, mais pareil, il faut prendre sur soi !
Merci également !
EdithW
EdithW
Grand sage

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par EdithW Jeu 5 Nov - 16:29
Lédissé a écrit:J'ajoute que, moi qui ai tendance, comme toi, à vouloir gérer seule (ne serait-ce que parce que j'ai l'impression que c'est mon rôle, que je dois me débrouiller), c'est impossible. Ce n'est pas que chacun ne puisse avoir ses règles, mais il faut que les élèves sentent une cohérence d'équipe. Tu dis toi-même que ç'a été une erreur de ne pas informer, par exemple, le professeur principal. Il serait vraiment judicieux de voir tes collègues de ces classes, ne serait-ce que le professeur principal de chacune, et de poser les choses avec lui : voilà ce que j'ai décidé de mettre en place (ou que me conseilles-tu), qu'en penses-tu, je me propose pendant quelque temps de t'envoyer un message pour te tenir au courant d'éventuels débordements (c'est un peu lourd mais ce ne serait pas toute l'année, juste le temps de cadrer)... Voir également, absolument, le CPE : soit lui proposer quelque chose et lui demander son avis, soit simplement lui dire "je suis démunie, est-ce que tu as des conseils" (et quand je dis conseils, je pense à des choses à mettre en place non seulement strictement par toi dans ton cours, mais bien sûr en coordination avec lui : lui envoyer un élève, le faire monter en cours pour qu'il pousse une gueulante et annonce que s'il doit revenir ce ne sera pas pour rien - j'avais une collègue qui préférait fonctionner ainsi plutôt que de récupérer un ou deux perturbateurs, et en général en effet ça les calmait -, convenir avec lui que pendant quinze jours tu as carte blanche pour des exclusions, le temps qu'ils comprennent que ça ne rigole pas plus avec toi qu'avec les autres...). Je n'ai pas de conseils précis à donner, mais je sais que quand ça part en vrille avec une classe (ou toutes, ça m'est arrivé), ce n'est pas en restant seul qu'on règle le problème.
Courage. S'adresser aux autres n'est pas un constat d'incompétence ou d'impuissance - et ce, qu'il s'agisse de ta première ou de ta vingtième année. fleurs

+ 1000. J'ai fait une tentative (une journée) comme enseignante d'anglais (ma formation initiale, pour laquelle je suis validée en discipline de complément) il y a deux ans. On m'a demandé la veille de la rentrée de prendre deux classes, c'était gérable dans mon EDT (j'étais à mi-temps), je n'ai pas vraiment eu le temps de peser le pour et le contre. ça s'est très mal passé, je suis arrivée et je n'ai pas été accueillie du tout, il a fallu que je pleure quasiment pour avoir le manuel, les listes de classe, etc. Au premier cours, les élèves (on m'a dit après seulement que c'était une classe avec très mauvais esprit et personne n'a semblé étonné qu'ils aient été odieux) ont été atroces, à échanger les étiquettes de noms pour que je ne sache pas à qui je m'adressais, à parler constamment, à ne pas me donner les infos (restitution des téléphones... personne ne m'avait même dit qu'il y avait une procédure spéciale). Bref. En sortant du premier cours, je me précipite en SDP pour échanger et demander conseil et là, personne... Je ne vais pas m'étendre davantage, mais j'ai appris que personne ne restait jamais, SDP fantôme, qu'il n'y avait ni esprit de corps, ni prise en compte des difficultés. J'ai décidé d'arrêter les frais. Sans approfondir. Je pouvais me le permettre et j'ai même trouvé un remplaçant. Mon conjoint m'a dit texto "si on a même pas des collègues avec qui rigoler entre deux cours, c'est pas la peine".

Tout ça pour dire qu'on est toujours fragile, même après 20 ans de maison, et que le soutien et l'aide des collègues (au sens large), est essentiel voire indispensable. Donc appuie toi au maximum sur eux... ils sont passés par des difficultés (voire y passent en même temps que toi) avant toi.
Oxford
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par Oxford Jeu 5 Nov - 17:18
D'accord avec Lédissé : le CPE a un rôle à tenir.
J'ai oublié de préciser : si un élève s'est mal conduit, j'ai pris son carnet et à la fin de l'heure il me suit chez le CPE. Là il se prend un second engueulo.
J'envoie alors un mail au PP avec compte-rendu en PJ et je fais suivre le mail au Prov + Prov-adjoint.
A mes (lointains) débuts j'en ai bavé, crois-moi on s'améliore, maintenant j'ai une réputation de dragon. Wink

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par Lédissé Jeu 5 Nov - 17:21
gryffondor123 a écrit:Oui, les regards noirs et menaces de ne plus venir en cours, j'en suis rendue là. Mais honnêtement, qu'ils le fassent et ils récolteront ce qu'ils auront semé (j'aurais dû coller pour les regards noirs !)
Je réponds sur ce point : non, si tu colles pour des regards noirs, d'une part le motif va faire doucement rigoler (on punit pour une action ou une parole, pas pour un regard ; bien sûr qu'un regard pose problème, mais ça, cela relève de la discussion avec les parents sur une attitude insolente en général), d'autre part tu n'auras plus aucune marge de manoeuvre (au-delà de la colle, pour une insolence verbale ou pire, que te restera-t-il ?).

gryffondor123 a écrit:Lédissé : Oui, je me rends compte que c'est impossible en effet de faire ça ! La cohérence d'équipe quand les autres profs en question ne te flinguent pas par derrière parce que ça ne va pas, notamment une prof principale...! C'est vrai que je n'ai pas tendance à penser au CPE mais cela peut être une solution, à défaut d'envoyer mes élèves perturbateurs chez d'autres collègues (ce qui m'a été proposé par ces derniers).
Je ne suis pas sûre de comprendre le début de ta réponse : es-tu en train de dire qu'il est impossible de s'appuyer sur les collègues quand ceux-ci "te flinguent par derrière" ?
Je ne sais pas ce qu'il en est pour tes collègues, et je ne cherche certainement pas à leur donner raison, mais il faut se représenter l'image qu'on laisse. Moi, l'année où ça s'est très mal passé, je n'ai pas communiqué assez avec la vie scolaire. J'estimais le faire, mais à ma manière, par écrit essentiellement (jusqu'à présent ça se passait très bien comme ça) ; mais la collègue en avait jusque-là de mes rapports (apparemment un souci de lecture de fichiers s'y est ajouté, bêtement), ne jurait que par la communication orale directe, et n'a pas non plus communiqué avec moi pour me dire que ma manière de faire ne lui convenait pas. Je n'ai pas eu le réflexe de "demander de l'aide". Je me suis mis un peu la vie scolaire à dos à cause de mes exclusions, et je n'osais pas aller les voir non plus, pensant que ça n'apporterait rien (et n'ayant plus envie d'y penser après ma journée de cours en plein climat hostile). J'ai laissé à des collègues, en salle des profs et à la vie sco, l'image de quelqu'un qui, peut-être, méprisait les surveillants (puisque ne communiquant pas avec eux) et estimait que la discipline ne la concernait pas, ou refusant de voir ses problèmes en face. Rien de plus faux, mais j'ai compris a posteriori l'impression que j'avais pu faire.
Bref, tout ça pour dire qu'il est possible que tes collègues se soient faits un peu rapidement une mauvaise image de toi, mais que ton attitude - communiquer, essayer de "travailler en équipe", car sur ce plan c'est essentiel - peut changer complètement cette perception et vos rapports.

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par gryffondor123 Jeu 5 Nov - 17:41
EdithW a écrit:
+ 1000. J'ai fait une tentative (une journée) comme enseignante d'anglais (ma formation initiale, pour laquelle je suis validée en discipline de complément) il y a deux ans. On m'a demandé la veille de la rentrée de prendre deux classes, c'était gérable dans mon EDT (j'étais à mi-temps), je n'ai pas vraiment eu le temps de peser le pour et le contre. ça s'est très mal passé, je suis arrivée et je n'ai pas été accueillie du tout, il a fallu que je pleure quasiment pour avoir le manuel, les listes de classe, etc. Au premier cours, les élèves (on m'a dit après seulement que c'était une classe avec très mauvais esprit et personne n'a semblé étonné qu'ils aient été odieux) ont été atroces, à échanger les étiquettes de noms pour que je ne sache pas à qui je m'adressais, à parler constamment, à ne pas me donner les infos (restitution des téléphones... personne ne m'avait même dit qu'il y avait une procédure spéciale). Bref. En sortant du premier cours, je me précipite en SDP pour échanger et demander conseil et là, personne... Je ne vais pas m'étendre davantage, mais j'ai appris que personne ne restait jamais, SDP fantôme, qu'il n'y avait ni esprit de corps, ni prise en compte des difficultés. J'ai décidé d'arrêter les frais. Sans approfondir. Je pouvais me le permettre et j'ai même trouvé un remplaçant. Mon conjoint m'a dit texto "si on a même pas des collègues avec qui rigoler entre deux cours, c'est pas la peine".

Tout ça pour dire qu'on est toujours fragile, même après 20 ans de maison, et que le soutien et l'aide des collègues (au sens large), est essentiel voire indispensable. Donc appuie toi au maximum sur eux... ils sont passés par des difficultés (voire y passent en même temps que toi) avant toi.

Ah mince ! Je comprends que cela n'ait pas été simple pour toi... De mon côté, au contraire, je n'ai pas de problème avec une "SDP fantôme" comme tu le dis.
Au contraire, elle est constamment fréquentée ! Oui, les collègues me soutiennent, il y a quand même une bonne entraide dans l'établissement.
gryffondor123
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par gryffondor123 Jeu 5 Nov - 17:45
Oxford a écrit:D'accord avec Lédissé : le CPE a un rôle à tenir.
J'ai oublié de préciser : si un élève s'est mal conduit, j'ai pris son carnet et à la fin de l'heure il me suit chez le CPE. Là il se prend un second engueulo.
J'envoie alors un mail au PP avec compte-rendu en PJ et je fais suivre le mail au Prov + Prov-adjoint.
A mes (lointains) débuts j'en ai bavé, crois-moi on s'améliore, maintenant j'ai une réputation de dragon.  Wink

D'accord, comme quoi je l'ignorais... Formation sur le tas, tu me diras... Smile
D'accord, mais au moins l'élève ne recommence pas, mieux vaut deux fois qu'une !
J'espère bien m'améliorer, ça ne peut pas être pire que maintenant. Ah qu'est-ce que j'aimerais avoir cette réputation, plutôt que "la prof la plus gentille du collège" !
Phylia
Phylia
Niveau 9

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par Phylia Jeu 5 Nov - 17:46
Je compatis pour ces débuts difficiles dans un contexte anxiogène qui les rend encore plus difficiles ! A tout ce qu'on dit les collègues, j'ajouterais qu'on a souvent tendance à dégainer très vite les sanctions afin d'asseoir son autorité. Je voudrais te mettre en garde contre cela car :
- il faut pouvoir gérer les sanctions (les donner, prévoir le travail à faire, vérifier que cela a été fait) et cela est chronophage et énergivore ;
- on peut vite se faire déborder à vouloir punir au moindre écart et finir par ne plus savoir où donner de la tête

Du coup, me direz-vous, comment faire ?
Pour moi, l'autorité (j'imagine que cela a dû être débattu dans de nombreux posts) ne repose pas tant sur les sanctions : l'objectif étant de sanctionner le moins possible tout en faisant cours dans les conditions que l'on souhaite (si si ! c'est possible !). Selon moi, elle repose avant-tout sur notre positionnement professionnel et nos exigences de savoir-vivre sur lesquelles je suis chaque année plus intransigeante. Suis-je dure et sévère ? Un peu (c'est du moins la réputation que j'ai), mais je sais - et les élèves aussi -c'est juste un personnage que j'endosse afin de donner un cadre rassurant et constructif pour les élèves : en gros, c'est pour leur bien et ils savent le comprendre !

Concrètement, comment ça se passe ?
J'avertis de ce que je veux (politesse en toute circonstance, réfléchir avant de parler, dire merci à toute distribution ou réponse reçue, etc) et des risques qu'ils prennent en cas d'écart, j'anticipe beaucoup leurs éventuelles réactions (elle deviennent relativement prévisibles, à force !), j'avertis sur Pronote les parents si l'élève est assez bête pour ne pas tenir compte de mes avertissements. Et ça va rarement plus loin. Pour les gros récalcitrants, appel aux parents, et convocation si rien ne change (très rare).
D'une manière générale, j'essaie de comprendre ce qui ne va pas : Il y a un souci ? Pourquoi tu n'essaies pas de faire l'exercice ? etc En général, l'élève ne trouve rien à répondre et fait ce qui est attendu. Sinon, il m'explique son problème et je l'incite à trouver une solution par lui-même, quitte à le guider un peu.

Les punitions ?
Seulement quand cela peut être utile : de préférence sur le moment même (par exemple : un élève trop pressé de sortir : il sortira en dernier et quand il aura verbalisé la raison qui l'a fait sortir en dernier, histoire de vérifier qu'il a compris pourquoi, qu'il trouve cela juste et qu'il ne recommence pas ! ) ; lors d'une évaluation, il m'arrive de ressortir les "vieux dossiers" (enfin, pas si vieux que ça, non plus !) et de donner une punition à faire avant de distribuer le sujet à l'élève (Du genre, conjuguer à toutes les personnes : Je dois lever la main avant de parler / ne pas me balancer sur ma chaise / etc etc. A conjuguer à un temps ou plus, selon la gravité). L'important, pour moi, c'est que l'élève comprenne qu'il se punit lui-même par son comportement. S'il trouve que ce n'est pas juste, je prends le temps de lui demander : Comment se fait-il que tu aies cette punition ? Que s'est-il passé : rappelle-toi.
Arf... je ne pensais pas écrire autant... Désolée ! J'espère juste que tu auras trouvé dans ma réponse quelques idées qui pourront t'aider Smile
En tout cas, si le métier d'enseignant est vraiment ce que tu veux faire, dis-toi que le professeur que tu es actuellement ne ressemble en rien à celui que tu seras dans deux ans et encore moins dans dix ans. Il m'a fallu des années (je suis pas une rapide !) avant d'apprendre à faire la part des choses et de me forger une identité professionnelle qui correspond à ce que je suis et à ce que je veux. Donc, sois patiente avec toi-même et donnes-toi le temps de construire le professeur que tu seras un jour A la limite du burn-out 1482308650
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par gryffondor123 Jeu 5 Nov - 17:59
Lédissé a écrit:
Je réponds sur ce point : non, si tu colles pour des regards noirs, d'une part le motif va faire doucement rigoler (on punit pour une action ou une parole, pas pour un regard ; bien sûr qu'un regard pose problème, mais ça, cela relève de la discussion avec les parents sur une attitude insolente en général), d'autre part tu n'auras plus aucune marge de manoeuvre (au-delà de la colle, pour une insolence verbale ou pire, que te restera-t-il ?).

C'est vrai, je n'avais pas forcément pensé à ça quand je t'ai répondu. Alors que fais-tu sur le moment du coup ? Tu soutiens le regard noir ? Tu mets un mot dans le carnet ?
Lédissé a écrit:
Je ne suis pas sûre de comprendre le début de ta réponse : es-tu en train de dire qu'il est impossible de s'appuyer sur les collègues quand ceux-ci "te flinguent par derrière" ?
Je ne sais pas ce qu'il en est pour tes collègues, et je ne cherche certainement pas à leur donner raison, mais il faut se représenter l'image qu'on laisse. Moi, l'année où ça s'est très mal passé, je n'ai pas communiqué assez avec la vie scolaire. J'estimais le faire, mais à ma manière, par écrit essentiellement (jusqu'à présent ça se passait très bien comme ça) ; mais la collègue en avait jusque-là de mes rapports (apparemment un souci de lecture de fichiers s'y est ajouté, bêtement), ne jurait que par la communication orale directe, et n'a pas non plus communiqué avec moi pour me dire que ma manière de faire ne lui convenait pas. Je n'ai pas eu le réflexe de "demander de l'aide". Je me suis mis un peu la vie scolaire à dos à cause de mes exclusions, et je n'osais pas aller les voir non plus, pensant que ça n'apporterait rien (et n'ayant plus envie d'y penser après ma journée de cours en plein climat hostile). J'ai laissé à des collègues, en salle des profs et à la vie sco, l'image de quelqu'un qui, peut-être, méprisait les surveillants (puisque ne communiquant pas avec eux) et estimait que la discipline ne la concernait pas, ou refusant de voir ses problèmes en face. Rien de plus faux, mais j'ai compris a posteriori l'impression que j'avais pu faire.
Bref, tout ça pour dire qu'il est possible que tes collègues se soient faits un peu rapidement une mauvaise image de toi, mais que ton attitude - communiquer, essayer de "travailler en équipe", car sur ce plan c'est essentiel - peut changer complètement cette perception et vos rapports.

Ce que j'entendais par là, c'est plutôt que je ne vais pas chercher à m'appuyer sur des collègues qui ne me disent pas les choses en face, même si leurs conseils peuvent m'être utiles. Mais l'autre partie de ta réponse est véridique aussi, le fait de fuir la salle des profs ou de ne pas signaler un problème quand il y en a un, a fait naître chez mes collègues une "mauvaise" perception de moi. Donc c'est plutôt normal qu'ils fassent comme si je n'existais pas dans l'équipe pédagogique, après tout, ce n'est que le résultat de mes actes.
Lédissé
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Esprit sacré

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par Lédissé Jeu 5 Nov - 18:03
gryffondor123 a écrit:
Lédissé a écrit:
Je réponds sur ce point : non, si tu colles pour des regards noirs, d'une part le motif va faire doucement rigoler (on punit pour une action ou une parole, pas pour un regard ; bien sûr qu'un regard pose problème, mais ça, cela relève de la discussion avec les parents sur une attitude insolente en général), d'autre part tu n'auras plus aucune marge de manoeuvre (au-delà de la colle, pour une insolence verbale ou pire, que te restera-t-il ?).

C'est vrai, je n'avais pas forcément pensé à ça quand je t'ai répondu. Alors que fais-tu sur le moment du coup ? Tu soutiens le regard noir ? Tu mets un mot dans le carnet ?
Je l'ignore Razz Ce sont des gamins, leur regard noir ne me fait ni chaud ni froid - et il faut qu'ils le sentent.

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Phylia
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par Phylia Jeu 5 Nov - 18:06
Pour le regard noir, je dirais : Je regarde l'élève avec mon regard le plus innocent A la limite du burn-out 1212985298 et avec mon ton le plus aimable : "Oui ? Il y a un souci ? Veux-tu qu'on en parle ?"
Ne pas se mettre au même niveau qu'eux, ne pas dramatiser la situation (les élèves ne demandent que ça !), mais ramener les choses sur un terrain que l'on maîtrise : la parole ! Very Happy
gryffondor123
gryffondor123
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par gryffondor123 Jeu 5 Nov - 18:12
Phylia a écrit:Je compatis pour ces débuts difficiles dans un contexte anxiogène qui les rend encore plus difficiles ! A tout ce qu'on dit les collègues, j'ajouterais qu'on a souvent tendance à dégainer très vite les sanctions afin d'asseoir son autorité. Je voudrais te mettre en garde contre cela car :
- il faut pouvoir gérer les sanctions (les donner, prévoir le travail à faire, vérifier que cela a été fait) et cela est chronophage et énergivore ;
- on peut vite se faire déborder à vouloir punir au moindre écart et finir par ne plus savoir où donner de la tête

Et bien, ton deuxième tiret est ce que je vis : je suis complètement débordée par mon "flicage" et je ne sais plus où je donne de la tête, ce qui bien entendu, n'aide pas à ce que je sois crédible auprès de mes élèves... Et oui, on est d'accord que ce contexte n'est pas le plus simple pour commencer, mais quand j'y repenserai plus tard, j'en rirai !

Phylia a écrit:Du coup, me direz-vous, comment faire ?
Pour moi, l'autorité (j'imagine que cela a dû être débattu dans de nombreux posts) ne repose pas tant sur les sanctions : l'objectif étant de sanctionner le moins possible tout en faisant cours dans les conditions que l'on souhaite (si si ! c'est possible !). Selon moi, elle repose avant-tout sur notre positionnement professionnel et nos exigences de savoir-vivre sur lesquelles je suis chaque année plus intransigeante. Suis-je dure et sévère ? Un peu (c'est du moins la réputation que j'ai), mais je sais - et les élèves aussi -c'est juste un personnage que j'endosse afin de donner un cadre rassurant et constructif pour les élèves : en gros, c'est pour leur bien et ils savent le comprendre !

Je n'ai toujours pas ce positionnement professionnel... En effet, être prof, c'est un rôle. Je ne devrais pas être la personne que je suis au quotidien avec mes élèves, mais endosser un rôle, ne plus vraiment être "moi-même."

Phylia a écrit: Concrètement, comment ça se passe ?
J'avertis de ce que je veux (politesse en toute circonstance, réfléchir avant de parler, dire merci à toute distribution ou réponse reçue, etc) et des risques qu'ils prennent en cas d'écart, j'anticipe beaucoup leurs éventuelles réactions (elle deviennent relativement prévisibles, à force !), j'avertis sur Pronote les parents si l'élève est assez bête pour ne pas tenir compte de mes avertissements. Et ça va rarement plus loin. Pour les gros récalcitrants, appel aux parents, et convocation si rien ne change (très rare).
D'une manière générale, j'essaie de comprendre ce qui ne va pas : Il y a un souci ? Pourquoi tu n'essaies pas de faire l'exercice ? etc En général, l'élève ne trouve rien à répondre et fait ce qui est attendu. Sinon, il m'explique son problème et je l'incite à trouver une solution par lui-même, quitte à le guider un peu.

Les punitions ?
Seulement quand cela peut être utile : de préférence sur le moment même (par exemple : un élève trop pressé de sortir : il sortira en dernier et quand il aura verbalisé la raison qui l'a fait sortir en dernier, histoire de vérifier qu'il a compris pourquoi, qu'il trouve cela juste et qu'il ne recommence pas ! ) ; lors d'une évaluation, il m'arrive de ressortir les "vieux dossiers" (enfin, pas si vieux que ça, non plus !) et de donner une punition à faire avant de distribuer le sujet à l'élève (Du genre, conjuguer à toutes les personnes : Je dois lever la main avant de parler / ne pas me balancer sur ma chaise / etc etc. A conjuguer à un temps ou plus, selon la gravité). L'important, pour moi, c'est que l'élève comprenne qu'il se punit lui-même par son comportement. S'il trouve que ce n'est pas juste, je prends le temps de lui demander : Comment se fait-il que tu aies cette punition ? Que s'est-il passé : rappelle-toi.
Arf... je ne pensais pas écrire autant... Désolée ! J'espère juste que tu auras trouvé dans ma réponse quelques idées qui pourront t'aider Smile
En tout cas, si le métier d'enseignant est vraiment ce que tu veux faire, dis-toi que le professeur que tu es actuellement ne ressemble en rien à celui que tu seras dans deux ans et encore moins dans dix ans. Il m'a fallu des années (je suis pas une rapide !) avant d'apprendre à faire la part des choses et de me forger une identité professionnelle qui correspond à ce que je suis et à ce que je veux. Donc, sois patiente avec toi-même et donnes-toi le temps de construire le professeur que tu seras un jour A la limite du burn-out 1482308650

Ta méthode paraît simple mais a l'air terriblement efficace. Plutôt que de trop fliquer et de perdre son temps à ne faire que ça, savoir tempérer les choses peut être mieux (mais pour ça, le cadre doit être posé et respecté). Et punir injustement n'est pas mieux : l'élève sera davantage "rancunier" et n'aura pas appris le but de la punition. C'est tout un équilibre entre sévérité et bienveillance, ce qui n'est pas facile à trouver... Smile
Toutes vos réponses m'aident à voir les choses différemment et je pioche des conseils Smile
J'espère bien que les choses évolueront dans le bon sens, surtout si je continue par la suite ! Mais oui, cela prend du temps, c'est certain Smile
gryffondor123
gryffondor123
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par gryffondor123 Jeu 5 Nov - 18:14
Lédissé a écrit:
Je l'ignore Razz  Ce sont des gamins, leur regard noir ne me fait ni chaud ni froid - et il faut qu'ils le sentent.

C'est ce que j'ai fini par faire, après l'avoir soutenu quand même. Mais l'élève en question a fini par comprendre que je ne cèderai pas.
Feju
Feju
Niveau 3

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par Feju Jeu 5 Nov - 18:15
gryffondor123 a écrit:
Lédissé a écrit:
Je réponds sur ce point : non, si tu colles pour des regards noirs, d'une part le motif va faire doucement rigoler (on punit pour une action ou une parole, pas pour un regard ; bien sûr qu'un regard pose problème, mais ça, cela relève de la discussion avec les parents sur une attitude insolente en général), d'autre part tu n'auras plus aucune marge de manoeuvre (au-delà de la colle, pour une insolence verbale ou pire, que te restera-t-il ?).

C'est vrai, je n'avais pas forcément pensé à ça quand je t'ai répondu. Alors que fais-tu sur le moment du coup ? Tu soutiens le regard noir ? Tu mets un mot dans le carnet ?
Lédissé a écrit:
Je ne suis pas sûre de comprendre le début de ta réponse : es-tu en train de dire qu'il est impossible de s'appuyer sur les collègues quand ceux-ci "te flinguent par derrière" ?
Je ne sais pas ce qu'il en est pour tes collègues, et je ne cherche certainement pas à leur donner raison, mais il faut se représenter l'image qu'on laisse. Moi, l'année où ça s'est très mal passé, je n'ai pas communiqué assez avec la vie scolaire. J'estimais le faire, mais à ma manière, par écrit essentiellement (jusqu'à présent ça se passait très bien comme ça) ; mais la collègue en avait jusque-là de mes rapports (apparemment un souci de lecture de fichiers s'y est ajouté, bêtement), ne jurait que par la communication orale directe, et n'a pas non plus communiqué avec moi pour me dire que ma manière de faire ne lui convenait pas. Je n'ai pas eu le réflexe de "demander de l'aide". Je me suis mis un peu la vie scolaire à dos à cause de mes exclusions, et je n'osais pas aller les voir non plus, pensant que ça n'apporterait rien (et n'ayant plus envie d'y penser après ma journée de cours en plein climat hostile). J'ai laissé à des collègues, en salle des profs et à la vie sco, l'image de quelqu'un qui, peut-être, méprisait les surveillants (puisque ne communiquant pas avec eux) et estimait que la discipline ne la concernait pas, ou refusant de voir ses problèmes en face. Rien de plus faux, mais j'ai compris a posteriori l'impression que j'avais pu faire.
Bref, tout ça pour dire qu'il est possible que tes collègues se soient faits un peu rapidement une mauvaise image de toi, mais que ton attitude - communiquer, essayer de "travailler en équipe", car sur ce plan c'est essentiel - peut changer complètement cette perception et vos rapports.

Ce que j'entendais par là, c'est plutôt que je ne vais pas chercher à m'appuyer sur des collègues qui ne me disent pas les choses en face, même si leurs conseils peuvent m'être utiles. Mais l'autre partie de ta réponse est véridique aussi, le fait de fuir la salle des profs ou de ne pas signaler un problème quand il y en a un, a fait naître chez mes collègues une "mauvaise" perception de moi. Donc c'est plutôt normal qu'ils fassent comme si je n'existais pas dans l'équipe pédagogique, après tout, ce n'est que le résultat de mes actes.

Je suis aussi débutant que toi (c'est ma première année, et je n'ai pas de tuteur, donc c'est de l'apprentissage sur le tas pur et dur Razz ), donc je ne te donnerai pas franchement de conseils vu que je me retrouve beaucoup dans ce que tu dis, et notamment la difficulté à sévir avec les élèves, ce qu'ils ressentent rapidement (je suis d'ailleurs captivé par leur capacité à ressentir la moindre faiblesse du prof et à en profiter), parce que ce n'est pas naturel du tout pour moi non plus. Du coup je bataille pour instaurer un cadre aux élèves, mais même pour moi il n'est pas totalement clair.

En revanche, pour les regards noirs, ne te formalise pas, tu en auras forcément en réprimandant un élève (à coup de "c'est pas moi j'ai rien fait" alors que tu l'as vu lancer la boulette de papier, ou de "j'ai rien dit c'est injuste" de l'élève retourné depuis 10 minutes et rouge à force de rire) et c'est aussi, pour moi, l'âge qui veut ça: la moindre sanction leur semble injuste, et ils te regarderont "mal". Mais je ne vois pas comment tu peux sanctionner ça, même si c'est avéré, ça me semble peu crédible ou avisé. Pour le coup du "je ne viendrai plus en cours", peu importe, ça ils le régleront avec la vie scolaire si ils ne viennent pas, ce n'est pas toi qui géreras ça.
gryffondor123
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par gryffondor123 Jeu 5 Nov - 18:16
Phylia a écrit:Pour le regard noir, je dirais : Je regarde l'élève avec mon regard le plus innocent A la limite du burn-out 1212985298 et avec mon ton le plus aimable : "Oui ? Il y a un souci ? Veux-tu qu'on en parle ?"
Ne pas se mettre au même niveau qu'eux, ne pas dramatiser la situation (les élèves ne demandent que ça !), mais ramener les choses sur un terrain que l'on maîtrise : la parole ! Very Happy

A tester quand tout sera rentré dans l'ordre ! Smile
Phylia
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par Phylia Jeu 5 Nov - 18:20
gryffondor123 a écrit:Je n'ai toujours pas ce positionnement professionnel... En effet, être prof, c'est un rôle. Je ne devrais pas être la personne que je suis au quotidien avec mes élèves, mais endosser un rôle, ne plus vraiment être "moi-même."

Je proteste Smile  : On reste soi-même. C'est juste que c'est un "soi " qui n'est pas celui de tous les jours, qui est celui du travail et que tu n'as pas encore découvert. Il est fait de ce que tu auras construit en faisant la synthèse de tes forces, de tes faiblesses, de tes exigences et de tes valeurs. Wink
(Arf... je suis NULLE pour citer... sorry !)

Faute avouée... J'ai réparé.
Thalia


Dernière édition par Phylia le Jeu 5 Nov - 18:23, édité 1 fois
gryffondor123
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par gryffondor123 Jeu 5 Nov - 18:22
Feju a écrit:

Je suis aussi débutant que toi (c'est ma première année, et je n'ai pas de tuteur, donc c'est de l'apprentissage sur le tas pur et dur Razz ), donc je ne te donnerai pas franchement de conseils vu que je me retrouve beaucoup dans ce que tu dis, et notamment la difficulté à sévir avec les élèves, ce qu'ils ressentent rapidement (je suis d'ailleurs captivé par leur capacité à ressentir la moindre faiblesse du prof et à en profiter), parce que ce n'est pas naturel du tout pour moi non plus. Du coup je bataille pour instaurer un cadre aux élèves, mais même pour moi il n'est pas totalement clair.

En revanche, pour les regards noirs, ne te formalise pas, tu en auras forcément en réprimandant un élève (à coup de "c'est pas moi j'ai rien fait" alors que tu l'as vu lancer la boulette de papier, ou de "j'ai rien dit c'est injuste" de l'élève retourné depuis 10 minutes et rouge à force de rire) et c'est aussi, pour moi, l'âge qui veut ça: la moindre sanction leur semble injuste, et ils te regarderont "mal". Mais je ne vois pas comment tu peux sanctionner ça, même si c'est avéré, ça me semble peu crédible ou avisé. Pour le coup du "je ne viendrai plus en cours", peu importe, ça ils le régleront avec la vie scolaire si ils ne viennent pas, ce n'est pas toi qui géreras ça.

Bon courage à toi alors ! :o J'espère que tu t'en sortiras bien à la fin Smile
C'est vrai que c'est impressionnant la vitesse à laquelle ils ressentent la moindre de nos faiblesses.
On est d'accord, on y travaille tous les deux.

L'éternelle injustice des pré-ados ! Peu importe qu'on ait tort ou raison, on aura toujours tort pour eux !
Oui, et puis comme on fait l'appel à chaque heure de cours, les parents recevront bien un courrier... Smile
gryffondor123
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par gryffondor123 Jeu 5 Nov - 18:24
Phylia a écrit:

Je proteste Smile  : On reste soi-même. C'est juste que c'est un "soi " qui n'est pas celui de tous les jours, qui est celui du travail et que tu n'as pas encore découvert. Il est fait de ce que tu auras construit en faisant la synthèse de tes forces, de tes faiblesses, de tes exigences et de tes valeurs. Wink

Ce sont des sages paroles que tu dis là :o Mais oui, cela reste à découvrir Smile Déjà prendre du recul par rapport à tout ce qui se passe ne fera qu'augmenter les chances de découvrir le prof que je veux être.
Pat B
Pat B
Érudit

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par Pat B Jeu 5 Nov - 19:01
J'ai galéré autant que toi mes premières années. Ce qui me démolissait le plus, c'était le cde qui faisait exprès de trainer près de ma salle et ne se privait pas d'intervenir quand il trouvait qu'il y avait trop de bruit. Il voulait aider, et j'avais ensuite quelques minutes de paix royale, mais je considère que cela sapait totalement mon autorité auprès des élèves... déjà que je n'en avais pas beaucoup.
J'en ai pleuré, moi aussi, et même une fois quasiment devant les élèves...
J'y suis restée 15 ans, mais il m'a fallu du temps (3 ans?) pour remonter la pente au niveau de l'image de mon manque d'autorité.

Ce qui m'a aidée :

- accepter d'aller voir les cours de ma tutrice et d'un autre collègue : j'ai pu voir de mes yeux à quel point ils réagissaient au moindre début de petit écart (certes, ils avaient déjà installé leur autorité en début d'année, ensuite ça roule mieux... mais c'était une attitude que je ne savais pas avoir) ; et que ça n'est pas forcément de la sévérité, ça peut être posé avec une grande douceur, ce qui compte c'est la fermeté : non négociable (ce qui n'empêche pas qu'ils peuvent venir s'expliquer en fin d'heure si vraiment ils jugent qu'il y a injustice - c'est rare).

- décider de me montrer plus rigoureuse dans les sanctions : établir un plan de sanctions très clair, très net, et m'y tenir... Pour les petites classes, je suis passée aux punitions bêtes et méchantes, je notais les noms au tableau des élèves concernés, le premier avait une fois la punition, le second 2 fois, le 3ème 3 fois... après ça se calme. Pour les plus grands, j'isolais au fond de la salle (assez grande), face au mur et dos aux autres, les bavards récidivistes, avec une fiche d'exercice pour les occuper puisque visiblement ils n'ont pas assez de travail (sans quoi ils ne bavarderaient pas)... mais derrière, il faut gérer, récupérer les punitions, c'est assez lourd. Je n'osais pas appeler les parents de crainte d'être jugée incompétente... Je sais que j'avais tort mais il m'a fallu des années pour l'admettre.

- dans certaines de mes classes, ramasser systématiquement "au hasard" le travail fait en cours, pendant quelques temps, jusqu'à amélioration nette de la situation. Car le meilleur moyen d'avoir un calme relatif, c'est de les mettre sérieusement au boulot

- mettre le cpe dans le coup, se mettre d'accord pour exclure très vite de cours les leaders (si on les a repérés), éventuellement plusieurs cours de suite, et pendant ce temps on reprend la main sur le reste de la classe.


Bon courage !
Sphinx
Sphinx
Prophète

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par Sphinx Jeu 5 Nov - 19:09
Oh misère, mais moi qui n'ai jamais eu de tuteur, j'aurais bien aimé qu'on vienne dans mes classes pour me dire ce que je faisais de travers ! J'ai osé une seule fois demander à une collègue plus âgée si je pouvais assister à son cours en même temps que sa stagiaire et j'aurais dû le faire plus souvent... Si tu as des collègues qui t'aident, franchement, accepte-le, c'est une chance pour toi, je t'assure. Idem pour envoyer les élèves exclus dans leur cours, ce sont des choses qui se font dans certains établissements même entre professeurs expérimentés, il ne faut pas y voir une stigmatisation.

Quant au fait de se considérer comme trop gentille pour punir, d'être donc facilement débordée, je me reconnais tout à fait là-dedans. Je dirais que je m'en suis sortie en prenant du recul tout simplement, et en apprenant à ne plus considérer la punition comme une "méchanceté". Quand on débute et qu'on n'est pas sûr de soi, premièrement on est sur la défensive et on n'est jamais certain de la punition que l'on va mettre, et deuxièmement on est toujours tellement sur le qui-vive qu'on a l'impression d'être en pleine guerre des tranchées et que chaque riposte de notre part aux transgressions des élèves est un acte d'agression. Mais en fait, quand on finit par être sûr de soi (et je ne veux pas dire par là "se considérer comme parfait dans son job" mais simplement se convaincre que c'est nous le prof, et donc que c'est nous qui conduisons cette galère), on finit par donner les punitions de façon dépassionnée sans pour autant changer sa personnalité. Parce que ce n'est pas une méchanceté à faire, c'est la réponse appropriée à un comportement inapproprié, tout simplement. Et je t'assure qu'une bonne partie de la classe t'en saura gré. Évidemment, je ne dis pas que c'est facile, moi il m'a fallu bien deux ans voire davantage - face à certains bons comédiens - pour apprendre à me blinder suffisamment (et me rendre compte que les hauts cris d'injustice que poussent certains ne sont que des larmes de crocodile parce que si la punition leur était si insupportable ils commenceraient par se calmer...) Quand j'ai quitté mon collège, j'y étais considérée comme une des profs les plus gentilles, et pourtant le premier qui me parlait mal prenait la porte. Tout simplement ça n'a rien d'incompatible.

Quant aux regards noirs, ma foi, ils regardent comme ils veulent, du moment qu'ils travaillent et la bouclent, grand bien leur fasse Razz C'est sûr que c'est moins plaisant qu'une classe avec qui on peut blaguer, mais enfin on fait avec, et si ça se trouve dans trois mois ils auront changé d'attitude si tu tiens bon. Ce qui est inacceptable, c'est de bavarder, de faire du chahut, de ne pas travailler, de se balader dans la classe, etc.

_________________
An education was a bit like a communicable sexual disease. It made you unsuitable for a lot of jobs and then you had the urge to pass it on. - Terry Pratchett, Hogfather
"- Alors, Obélix, l'Helvétie c'est comment ? - Plat."


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par gryffondor123 Jeu 5 Nov - 20:19
Pat B a écrit:J'ai galéré autant que toi mes premières années. Ce qui me démolissait le plus, c'était le cde qui faisait exprès de trainer près de ma salle et ne se privait pas d'intervenir quand il trouvait qu'il y avait trop de bruit. Il voulait aider, et j'avais ensuite quelques minutes de paix royale, mais je considère que cela sapait totalement mon autorité auprès des élèves... déjà que je n'en avais pas beaucoup.

C'est exactement ce que je ressentais à chaque fois qu'un autre prof intervenait. Mais ce n'est que très récemment que j'ai compris que c'était pour m'aider et que ce n'était pas contre moi.

Pat B a écrit:
Ce qui m'a aidée :

- accepter d'aller voir les cours de ma tutrice et d'un autre collègue : j'ai pu voir de mes yeux à quel point ils réagissaient au moindre début de petit écart (certes, ils avaient déjà installé leur autorité en début d'année, ensuite ça roule mieux... mais c'était une attitude que je ne savais pas avoir) ; et que ça n'est pas forcément de la sévérité, ça peut être posé avec une grande douceur, ce qui compte c'est la fermeté : non négociable (ce qui n'empêche pas qu'ils peuvent venir s'expliquer en fin d'heure si vraiment ils jugent qu'il y a injustice - c'est rare).

- décider de me montrer plus rigoureuse dans les sanctions : établir un plan de sanctions très clair, très net, et m'y tenir... Pour les petites classes, je suis passée aux punitions bêtes et méchantes, je notais les noms au tableau des élèves concernés, le premier avait une fois la punition, le second 2 fois, le 3ème 3 fois... après ça se calme. Pour les plus grands, j'isolais au fond de la salle (assez grande), face au mur et dos aux autres, les bavards récidivistes, avec une fiche d'exercice pour les occuper puisque visiblement ils n'ont pas assez de travail (sans quoi ils ne bavarderaient pas)... mais derrière, il faut gérer, récupérer les punitions, c'est assez lourd. Je n'osais pas appeler les parents de crainte d'être jugée incompétente... Je sais que j'avais tort mais il m'a fallu des années pour l'admettre.

- dans certaines de mes classes, ramasser systématiquement "au hasard" le travail fait en cours, pendant quelques temps, jusqu'à amélioration nette de la situation. Car le meilleur moyen d'avoir un calme relatif, c'est de les mettre sérieusement au boulot

- mettre le cpe dans le coup, se mettre d'accord pour exclure très vite de cours les leaders (si on les a repérés), éventuellement plusieurs cours de suite, et pendant ce temps on reprend la main sur le reste de la classe.


Bon courage !

Et bien, j'ai assisté à un cours de mon tuteur, mais je vais y retourner dès mardi. Je vois avec les autres profs qui se sont proposés (et pas que dans ma matière) pour assister à leurs cours. Donc je commence à accepter leur aide. En parler ici m'a permis de me rendre compte de la chance que j'ai et que je devrais plutôt en profiter plutôt que de croire que c'est contre moi... Smile
C'est exactement ça : la fermeté. Il faut être sûr de soi quand on dit quelque chose car les élèves retiennent absolument tout et attendent de nous que l'on se tienne à ce que l'on dit. Ils nous le reprochent quand on ne le fait pas, et c'est normal, car c'est l'instauration d'un cadre sûr pour eux. Je fais encore cette erreur. Mais là, il s'agit d'un manque de confiance en moi.
Je compte déjà vérifier que le travail est fait, quand j'en donne notamment (ce qui n'est pas souvent le cas). Par contre, quelque chose que je fais systématiquement et à chacun de mes cours, c'est que j'évalue au hasard un élève sur la leçon du précédent cours. J'ai mis ça en place depuis quelques semaines et ma foi, cela marche plutôt bien. Les élèves jouent le jeu et je suis sûre qu'ils apprennent leur cours au fur et à mesure.
Oui, pour le CPE, il faudrait que je lui en parle.
Merci ! Smile
gryffondor123
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par gryffondor123 Jeu 5 Nov - 20:41
Sphinx a écrit:Oh misère, mais moi qui n'ai jamais eu de tuteur, j'aurais bien aimé qu'on vienne dans mes classes pour me dire ce que je faisais de travers ! J'ai osé une seule fois demander à une collègue plus âgée si je pouvais assister à son cours en même temps que sa stagiaire et j'aurais dû le faire plus souvent... Si tu as des collègues qui t'aident, franchement, accepte-le, c'est une chance pour toi, je t'assure. Idem pour envoyer les élèves exclus dans leur cours, ce sont des choses qui se font dans certains établissements même entre professeurs expérimentés, il ne faut pas y voir une stigmatisation.

Je commence à me rendre compte que je passe à côté de beaucoup de choses. Je suis quand même chanceuse, comme tu le dis, d'avoir des collègues qui se soucient de moi et qui sont prêts à m'aider, que ce soit mon tuteur ou d'autres.
C'est ce que les profs beaucoup plus expérimentés ne cessent de me dire.

Sphinx a écrit: Quant au fait de se considérer comme trop gentille pour punir, d'être donc facilement débordée, je me reconnais tout à fait là-dedans. Je dirais que je m'en suis sortie en prenant du recul tout simplement, et en apprenant à ne plus considérer la punition comme une "méchanceté". Quand on débute et qu'on n'est pas sûr de soi, premièrement on est sur la défensive et on n'est jamais certain de la punition que l'on va mettre, et deuxièmement on est toujours tellement sur le qui-vive qu'on a l'impression d'être en pleine guerre des tranchées et que chaque riposte de notre part aux transgressions des élèves est un acte d'agression. Mais en fait, quand on finit par être sûr de soi (et je ne veux pas dire par là "se considérer comme parfait dans son job" mais simplement se convaincre que c'est nous le prof, et donc que c'est nous qui conduisons cette galère), on finit par donner les punitions de façon dépassionnée sans pour autant changer sa personnalité. Parce que ce n'est pas une méchanceté à faire, c'est la réponse appropriée à un comportement inapproprié, tout simplement. Et je t'assure qu'une bonne partie de la classe t'en saura gré. Évidemment, je ne dis pas que c'est facile, moi il m'a fallu bien deux ans voire davantage - face à certains bons comédiens - pour apprendre à me blinder suffisamment (et me rendre compte que les hauts cris d'injustice que poussent certains ne sont que des larmes de crocodile parce que si la punition leur était si insupportable ils commenceraient par se calmer...) Quand j'ai quitté mon collège, j'y étais considérée comme une des profs les plus gentilles, et pourtant le premier qui me parlait mal prenait la porte. Tout simplement ça n'a rien d'incompatible.

C'est exactement comme ça que je vois la punition depuis le début, comme une "méchanceté". C'est pour ça que j'ai mis longtemps à sanctionner les élèves (en ne mettant que des mots dans le carnet, rien de bien méchant, bien que j'ai déjà envoyé un élève perturbateur deux fois en vie scolaire pour pouvoir continuer le cours plus tranquillement). Ce que tu décris, c'est exactement mon ressenti depuis que j'ai commencé.
Oui, les élèves ont besoin d'un cadre. Je le vois bien rien qu'en deux jours (même si aujourd'hui, c'était un peu le bazar mais chaque jour est différent). Il y a du mieux et certains élèves très discrets, qui n'osaient pas me poser de questions quand ils ne comprenaient pas l'exercice, commencent à faire entendre leur voix, parce que je flique moins qu'avant, donc je suis plus attentive à ce qui se passe dans toute ma classe.
Oui, les comédiens, pas la peine d'avoir 20 ans d'expérience pour les reconnaître, on en reconnaît même avec moins de deux mois d'expérience !
Il faut simplement savoir se faire respecter, tout en instaurant un climat de bienveillance et de fermeté. C'est un équilibre compliqué à trouver, c'est tout.

Sphinx a écrit: Quant aux regards noirs, ma foi, ils regardent comme ils veulent, du moment qu'ils travaillent et la bouclent, grand bien leur fasse Razz C'est sûr que c'est moins plaisant qu'une classe avec qui on peut blaguer, mais enfin on fait avec, et si ça se trouve dans trois mois ils auront changé d'attitude si tu tiens bon. Ce qui est inacceptable, c'est de bavarder, de faire du chahut, de ne pas travailler, de se balader dans la classe, etc.

Mon but est de tenir. Je ne dis pas que je n'ai pas pensé à la démission, au contraire, mais ce n'est pas la solution. J'ai quand même de la chance d'avoir des collègues qui veulent m'aider - je dois simplement accepter leur aide mais en parler ici me permet de me rendre compte de la chance que j'ai et que d'autres n'ont pas ou n'ont pas eu -, d'avoir une hiérarchie derrière moi qui me soutient (et puis, parce que bon, recruter un prof en ce moment ne serait pas facile aussi). Mais j'aime ce que je fais, en soi, c'est surtout la gestion de classe qui est un gros problème et mon manque de confiance en moi en tant que prof. Mais cela s'apprend avec le temps. C'est sûr que tout ne changera pas en un clin d'oeil, ça promet d'être un long processus mais ça va le faire, du moins, je l'espère.
J'ai encore l'espoir que tout s'arrange et c'est ce qui me permet de tenir.
scot69
scot69
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par scot69 Jeu 5 Nov - 22:59
Beaucoup de très bons conseils ont déjà été donné. J'ajouterais juste:

- rien n'est jamais figé, on peut toujours rectifier le tir, j'en suis l'exemple. Je ne suis pas d'accord avec l'adage selon lequel on est fichu si on ne s'est pas imposé dans les 3 premières semaines.

- Tu as demandé conseil auprès des collègues. C'est un bon réflexe mais soit très vigilante: certains collègues sont malveillants et se réjouissent des débordements des autres. Ils sont bien du genre à aller répéter à la direction. Je pense qu'il faut un certain temps d'observation avant de se faire une idée de la fiabilité des collègues et voir si on peut se confier à eux. Attention aussi à ce qu'ils disent.

- Le cours doit être "verrouillé", et il ne faut pas hésiter à le "répéter" chez soi, devant le miroir afin de palier aux petits détails techniques qui peuvent devenir rapidement chahutogènes s'ils surviennent (une fiche que l'on ne trouve pas, un feutre qui ne fonctionne plus...). Si on maîtrise bien, on est plus sûr de nous et les élèves le ressentent.

- il est je pense primordial de bien se connaître soi-même. Essaie de voir laquelle de tes qualités tu peux exploiter pour obtenir la crédibilité donc l'autorité et le respect. Si on se force à aller contre sa nature, les élèves le sentent et ça sonne très faux, on perd tout crédibilité. Ils n'hésitent pas à s'engouffrer dans la moindre brèche. A mes débuts, en suivant de mauvais conseils, je me forçais à faire le dur, le méchant mais j'étais objectivement ridicule et pas crédible, je n'ai jamais été autant débordé.

Je te souhaite bon courage, n'hésite à revenir vers nous et nous tenir au courant!
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