Un professeur suspendu pour avoir mis en cause l'institution sur Pronote

Merci pour cette info que j'ignorais. Bon courage à Jean-Christophe, j'espère qu'il est bien soutenu, localement et syndicalement !

Zybulka a écrit:Merci pour cette info que j'ignorais. Bon courage à Jean-Christophe, j'espère qu'il est bien soutenu, localement et syndicalement !

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Je découvre également cette salutaire protestation, et je suis effarée. L'école de la confiance, qu'i disait !

Mélusine2 a écrit:

Zybulka a écrit:Merci pour cette info que j'ignorais. Bon courage à Jean-Christophe, j'espère qu'il est bien soutenu, localement et syndicalement !

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Je découvre également cette salutaire protestation, et je suis effarée. L'école de la confiance, qu'i disait !

Je viens de sortir du cinéma dans lequel j'ai vu " Debout les femmes". Vient le cas des aesh qui rencontrent F Ruffin. L'une d'elles explique qu'avant cette rencontre, elles ont été convoquées au rectorat où il leur a été "demandé " de surveiller leurs paroles ( je ne rappelle pas les termes exact, helas). Juste une autre illustration.
Les enseignants vont-ils devoir laisser leur conjoint s'exprimer à leur place comme ont pu faire les conjoints de gendarmes, il n'y a pas si longtemps.
Auraient-ils peur au-dessus de nos têtes, non pas que les langues se délient, mais se délient massivement et de manière organisée? Donc, là- haut on joue les coupeurs de tête.

Un article sur le harcèlement subi par notre collègue :

https://www.lexpress.fr/actualite/societe/affaire-paty-un-prof-suspendu-pour-avoir-mis-en-cause-l-education-nationale-se-dit-estomaque_2163393.html

l'express a écrit:
"Tandis que l'Education nationale rend hommage d'une main à Samuel Paty "mort pour la liberté d'expression" selon les propres mots du ministre Jean-Michel Blanquer, de l'autre main elle muselle et sanctionne les enseignants qui osent justement exercer ladite liberté d'expression". Les mots sont forts, à l'image de la colère de l'enseignant qui a accepté de livrer son témoignage en exclusivité à L'Express. Fin octobre dernier, Jean-Christophe Peton, professeur de lettres au lycée du Bois de Mouchard (Jura) a été suspendu de cours à titre conservatoire pour avoir mis en cause le rôle de l'institution lors de l'affaire Samuel Paty.  

https://etudiant.lefigaro.fr/article/vague-de-soutien-apres-la-suspension-d-un-professeur-qui-met-en-cause-l-education-nationale-dans-l-assassinat-de-samuel-paty_6ee3023c-527f-11ec-815c-d3ab4af658a4/

C’est un mouvement qui prend de plus en plus d’ampleur ces derniers jours. Selon L’Express , un professeur a été provisoirement suspendu de cours après avoir publié un texte dans lequel il interroge le rôle qu’a eu l’Éducation nationale dans l’assassinat de Samuel Paty. Une suspension qui a déclenché une vague de soutien de la part des enseignants sur les réseaux sociaux.

Un article aussi dans Le Progrès (qui n'est pas particulièrement connu pour ses tendances islamogauchistes...) :
https://www.leprogres.fr/education/2021/12/01/affaire-samuel-paty-soutiens-sur-la-toile-apres-la-suspension-d-un-professeur-a-mouchard

Au passage, j'ai lu dans L'Express les propos qui lui sont reprochés : il n'y a pas de quoi casser trois pattes à Jean-Mimi, ce sont des paroles réprobatrices envers la hiérarchie certes, mais empreintes de recul et de lucidité, et qui, je pense, ne tomberaient pas sous le coup de la diffamation, étant donné que le rapport d'enquête lui-même révèle, si je me souviens bien (même si c'est à mots couverts) certains manquements. Cette affaire est vraiment hallucinante (et pourtant l'institution avait déjà repoussé bien loin les limites de l'hallucination...). La répression et le musèlement des voix dissonnantes va vraiment de plus en plus loin (avec le recours de plus en plus fréquent à la suspension ou à la mutation dans l'intérêt du service, qui, n'étant pas des sanctions disciplinaires, se font en dehors du cadre légal de la procédure disciplinaire, et donc ne garantissent pas le droit des personnels accusés), et la faiblesse de nos réactions collectives est effrayante...

Serait-il d'ailleurs possible de faire un fil distinct dédié à cette affaire, pour permettre à plus de collègues d'être au courant ?

Zybulka a écrit:Au passage, j'ai lu dans L'Express les propos qui lui sont reprochés : il n'y a pas de quoi casser trois pattes à Jean-Mimi, ce sont des paroles réprobatrices envers la hiérarchie certes, mais empreintes de recul et de lucidité, et qui, je pense, ne tomberaient pas sous le coup de la diffamation, étant donné que le rapport d'enquête lui-même révèle, si je me souviens bien (même si c'est à mots couverts) certains manquements. Cette affaire est vraiment hallucinante (et pourtant l'institution avait déjà repoussé bien loin les limites de l'hallucination...). La répression et le musèlement des voix dissonnantes va vraiment de plus en plus loin (avec le recours de plus en plus fréquent à la suspension ou à la mutation dans l'intérêt du service, qui, n'étant pas des sanctions disciplinaires, se font en dehors du cadre légal de la procédure disciplinaire, et donc ne garantissent pas le droit des personnels accusés), et la faiblesse de nos réactions collectives est effrayante...

Le problème, juridique, et c'est ce qui permet au chef de faire un rapport, c'est l'usage de Pronote pour envoyer un message à tonalité politique.

Ne jamais oublier que tomber sur un chef de service zélé (très zélé) de la hiérarchie, est toujours possible dans l'exercice de nos fonctions

J'espère que le collègue va tenir le coup.

D'après l'article cité par Celadon :

De son côté, le rectorat de Besançon assure au Café pédagogique avoir sanctionné non pas les propos du professeur mais «le fait d’avoir utilisé un outil professionnel afin de diffuser un message personnel».

Avec une variante dans le progrès :

À nos confrères de L’Express, le rectorat de l’académie de Besançon a répondu : « Ce professeur a été sanctionné par suspension à titre conservatoire suite à l’utilisation d’un outil institutionnel et professionnel de communication, en l’occurrence l’environnement numérique de travail (ENT) à des fins de diffusion de propos personnels qui n’ont rien de pédagogiques. »

Outre le motif qui me parait totalement dérisoire au regard de notre utilisation de l'ENT (qui n'a jamais envoyé un message ou un courriel à des collègues pour demander où on mange, pour organiser une soirée, qui a un objet à prêter, etc.) je m'interroge aussi sur la définition que fait le rectorat de l'utilisation de cet outil professionnel. Ici le collègue questionnait les autres collègues sur les hommages rendus sous commande de l'institution, dans une improvisation totale. Le collègue précise bien qu'il a écrit ce message la veille de la minute de silence, jour même où il a reçu officiellement cette commande de minute de silence.
Le côté "propos personnels" est très contestable. Il n'a pas invité les collègues à la bar mitzvah de son fils (il aurait peut être dû, les conséquences auraient été certainement moins graves voire inexistantes). Il questionne un ordre de la hiérarchie en précisant qu'il allait le suivre. Il interroge les motivations réelles de la hiérarchie. Enfin, on ne parle pas de son CDE qui a forcément signalé le message, et fait une remontée à l'autorité rectorale.

Ha@_x a écrit:Le problème, juridique, et c'est ce qui permet au chef de faire un rapport, c'est l'usage de Pronote pour envoyer un message à tonalité politique.

Oui enfin, ce n'est pas le seul à parfois utiliser pronote pour un but autre que pédagogique... Et encore, pas sûre que cet argument puisse être retenu : dans la mesure où on nous demande de rendre hommage à notre collègue assassiné et de préparer collectivement les modalités de cette commémoration, ça me paraît normal de réfléchir aux évènements, ce qui implique de pouvoir donner son point de vue (surtout quand ce point de vue n'a rien d'offensant, diffamatoire, ou contraire aux lois). Bref, j'espère qu'il est bien entouré syndicalement, et que sa direction se fera dézinguer par sa défense en conseil de discipline, parce que franchement, la base légale paraît très très mince... (mais bon, depuis l'affaire de Melle on sait que malheureusement même quand le vote du conseil de discipline est favorable il peut toujours y avoir sanction, vive la "justice" façon EN...)

Mais oui, au-delà de cette triste affaire, cela doit nous rappeler qu'il faut être vigilant·e·s avec les outils mis à disposition par la hiérarchie, se souvenir qu'on y est épié·e et que notre parole n'y est pas libre...

Edit : je vois que je ne suis pas la seule à avoir cette analyse !

Balthamos a écrit:Outre le motif qui me parait totalement dérisoire au regard de notre utilisation de l'ENT (qui n'a jamais envoyé un message ou un courriel à des collègues pour demander où on mange, pour organiser une soirée, qui a un objet à prêter, etc.) je m'interroge aussi sur la définition que fait le rectorat de l'utilisation de cet outil professionnel.

Puisque @Balthamos en parle on va en profiter pour faire un rappel :

Ne jamais rien envoyer de tendancieux via messagerie ENT ou Pronote (évidemment si t'invites tes collègues à la bar mitzvah de ton fils comme tu dis, ta hiérarchie s'en cognera ),
pour une simple et bonne raison : l'administrateur de l'ENT ou du Pronote en question, peux tout lire.

Ha@_x a écrit:

Balthamos a écrit:Outre le motif qui me parait totalement dérisoire au regard de notre utilisation de l'ENT (qui n'a jamais envoyé un message ou un courriel à des collègues pour demander où on mange, pour organiser une soirée, qui a un objet à prêter, etc.) je m'interroge aussi sur la définition que fait le rectorat de l'utilisation de cet outil professionnel.

Puisque @Balthamos en parle on va en profiter pour faire un rappel :

Ne jamais rien envoyer de tendancieux via messagerie ENT ou Pronote (évidemment si t'invites tes collègues à la bar mitzvah de ton fils comme tu dis, ta hiérarchie s'en cognera ),
pour une simple et bonne raison : l'administrateur de l'ENT ou du Pronote en question, peux tout lire.

C’est faux. Je suis administrateur de pronote et je ne peux pas lire les discussions. Sauf si elles ont été signalées par un utilisateur.

Ha@_x a écrit:

Balthamos a écrit:Outre le motif qui me parait totalement dérisoire au regard de notre utilisation de l'ENT (qui n'a jamais envoyé un message ou un courriel à des collègues pour demander où on mange, pour organiser une soirée, qui a un objet à prêter, etc.) je m'interroge aussi sur la définition que fait le rectorat de l'utilisation de cet outil professionnel.

Puisque @Balthamos en parle on va en profiter pour faire un rappel :

Ne jamais rien envoyer de tendancieux via messagerie ENT ou Pronote (évidemment si t'invites tes collègues à la bar mitzvah de ton fils comme tu dis, ta hiérarchie s'en cognera ),
pour une simple et bonne raison : l'administrateur de l'ENT ou du Pronote en question, peux tout lire.

Bonjour

Ce n'est pas vrai. L'administrateur de PRONOTE (souvent le principal adjoint) ne voit pas tous les messages.  Il faut donc veiller à ses destinataires. Après, il y a toujours de bonnes âmes pour transmettre des messages trop enflammés à qui de droit.

De même, pour l'ENT, si les destinataires sont choisis, l'administrateur ne voit pas les messages envoyés.

Je peux le dire car je suis administrateur de l'ENT et j'ai accès à l'administration de pronote.

Il est vrai que j'aurais été mieux avisé d'écrire : peut potentiellement tout lire.

Il n'empêche que ça ne change pas fondamentalement le conseil qui reste tout à fait valable, sachant qu'il en va de même sur la messagerie professionnelle, et qu'une jurisprudence assez constante donne à l'employeur le droit de consulter nos messages. Dans le contexte de l'école de la "confiance" qu'on connaît aujourd'hui, la vigilance paraît donc de mise, même si c'est bien triste...

Zybulka a écrit:Il n'empêche que ça ne change pas fondamentalement le conseil qui reste tout à fait valable, sachant qu'il en va de même sur la messagerie professionnelle, et qu'une jurisprudence assez constante donne à l'employeur le droit de consulter nos messages. Dans le contexte de l'école de la "confiance" qu'on connaît aujourd'hui, la vigilance paraît donc de mise, même si c'est bien triste...

C'est vrai mais c'est une précaution que l'on prenait avant.  Le développement des réseaux sociaux a parfois libéré la parole,trop peut-être ,et transformer un outil en déversoir de mauvaise humeur.
Ce que l'on disait à l'oral sous le coup de l'énervement est maintenant écrit et cela change tout.

* Peut potentiellement tout lire et tout entendre.
Nombre de discours en salle des profs est reporté au chef.
J'ai même une fois vu un chef venir me trouver pour me demander des comptes sur des propos dits en heure syndicale, 10 min après la fin de cette heure.
Donc soyons prudents, autant qu'on peut l'être ici mais pas outre mesure. Il est important de faire vivre le débat et ne pas laisser l'intimidation s'installer.
Comme chaque année présidentielle, on va voir des chefs essayer de nous imposer un devoir de réserve, de silence, etc. Ca marche avec certains collègues.

Zybulka a écrit:Il n'empêche que ça ne change pas fondamentalement le conseil qui reste tout à fait valable, sachant qu'il en va de même sur la messagerie professionnelle, et qu'une jurisprudence assez constante donne à l'employeur le droit de consulter nos messages. Dans le contexte de l'école de la "confiance" qu'on connaît aujourd'hui, la vigilance paraît donc de mise, même si c'est bien triste...

Tout à fait, faudrait d'ailleurs que je déterre ce dossier de collègue, envoyé en procédure disciplinaire car ayant utilisé sa boîte académique pour envoyer un mail à des journalistes (c'est vieux, ça remonte, c'était avant l'école de la confianssse ).

Mais certains collègues sont d'une naïveté confondante, et n'importe qui un peu calé en informatique pourrait confirmer que tout logiciel se paramètre, et que les degrés d'administration peuvent être divers.

Donc je réitère, n'utilisez pas vos ENT ni Pronote (ou alors au strict minimum) et il est parfois moins dangereux d'être fliqué par Google, Apple ou la NSA que par son employeur.

Balthamos a écrit:* Peut potentiellement tout lire et tout entendre.
Nombre de discours en salle des profs est reporté au chef.
J'ai même une fois vu un chef venir me trouver pour me demander des comptes sur des propos dits en heure syndicale, 10 min après la fin de cette heure.
Donc soyons prudents, autant qu'on peut l'être ici mais pas outre mesure. Il est important de faire vivre le débat et ne pas laisser l'intimidation s'installer.
Comme chaque année présidentielle, on va voir des chefs essayer de nous imposer un devoir de réserve, de silence, etc. Ca marche avec certains collègues.

Tout à fait. Même chose dans mon lycée, il paraît (il y a des antécédents et je ne suis pas au courant de tout) qu'une taupe sévit en sdp
Il paraît aussi qu'elle a été identifiée, mais la suspicion pèse sur son proche entourage professionnel. C'est tout juste si aux réunions syndicales il n'est pas fait usage de codes ("les chaussettes sont vertes "ça veut dire "c'est bon pour la manif", "Jéronimo a enterré les calumets", que le CdE va refuser d'écouter nos doléances et ça va chauffer" etc)
Pour le reste, soyons-en sûrs, pronote ou pas, autorisation ou pas, tout ce qui émane d'un prof est jugé par essence dangereux car contrairement aux pontes qui le dirigent, le prof pense droit, et ça fait peur.

La taupe en SDP on est nombreux à avoir connu.

Moi j'ai même connu le modèle pas discret : celui que tu vois en permanence à l'étage de la direction et qui tutoies les chefs/va au resto avec eux/part en vacances avec eux/....j'en passe et des meilleures....

Le problème, c'est qu'avec des collègues pareils, avec des perdirs de l'acabit de celui qui s'en prend à notre collègue pour une malheureuse humeur pronote, ben on a quasiment plus besoin de ministre.

Rappelons également que la majorité des photocopieuses sur le marché scannent le fichier avant de l'imprimer et le conserve en mémoire sur le disque dur interne. Si un code est nécessaire pour faire fonctionner la machine, le fichier associé au compte ayant demandé la photocopie.

Tiens celle là je n'y avais pas pensé.
Un chef assez tordu serait capable d'aller consulter.

Je ne sais pas si vous avez remarqué que le lycée se situe à Mouchard (dans le Jura)!!

Première chose que j'ai remarquée...