Assassinat de notre collègue Samuel Paty

mgb35 a écrit:

Czar a écrit:«Bonjour Madame la Principale, comme suite à notre échange, je vous confirme ma présence demain 13h45 à vos côtés pour revoir M. Paty, professeur d'histoire-géographie, en présence de  Mme X, CPE . Cet entretien portera notamment sur les règles de laïcité et de neutralité que ne semble pas maîtriser M. Paty. »
8 octobre 2020. Courriel d’un inspecteur référent laïcité de l’Académie de Versailles

-

« Professeur de la République, il enseignait la liberté d’expression et de pensée en confrontant et respectant la pluralité des idées. »
14 octobre 2022. Courriel de la rectrice à l’ensemble du personnel de l’Académie de Versailles

Tu as raison de le rappeler... Quelle tristesse.

C'est ce qui est indécent dans tout cela. La seule belle façon d'honorer un tant soit peu, c'est la retenue, la mesure, un mot du chef d'établissement et un moment de silence recueilli.
Que vient faire un laïus sur la laïcité là dedans ?
Que l'Etat fasse déjà sa part.sur ce plan, il y a assez de quoi faire. Si le pauvre homme avait été protégé et que la laïcité allait de soi comme elle le devrait, il n'y aurait pas à commémorer sa mémoire car il serait encore là.
Pensées à lui et sa famille.

zigmag17 a écrit:

La juxtaposition des deux citations me fait ressentir une colère sans limite. Je ne sais pas ce me révolte le plus, de l'accusation quasiment explicite dans la première, ou de l'hypocrisie doucereuse de la deuxième, les deux se contredisant l'une l'autre et traduisant à la fois la lâcheté de l'institution et sa cruauté intrinsèque, d'un côté la machine à broyer qui espère pouvoir le faire à bas bruit, de l'autre le discours officiel qui voudrait faire croire que Samuel Paty a été soutenu, ce qui n'est que mensonge.
Écœurée.

Merci, tu as mis des mots sur mes maux.

Czar a écrit:

zigmag17 a écrit:

La juxtaposition des deux citations me fait ressentir une colère sans limite. Je ne sais pas ce me révolte le plus, de l'accusation quasiment explicite dans la première, ou de l'hypocrisie doucereuse de la deuxième, les deux se contredisant l'une l'autre et traduisant à la fois la lâcheté de l'institution et sa cruauté intrinsèque, d'un côté la machine à broyer qui espère pouvoir le faire à bas bruit, de l'autre le discours officiel qui voudrait faire croire que Samuel Paty a été soutenu, ce qui n'est que mensonge.
Écœurée.

Merci, tu as mis des mots sur mes maux.

De rien! C'est moi.Je trouve ce raccourci confondant, ces deux citations l'une à côté de l'autre se suffisent à elles-mêmes pour démontrer en quelques lignes toute la perversité dont notre employeur est capable: accusation et abandon des profs, puis quand c'est trop tard, récupération éhontée pour faire bonne figure devant l'opinion publique.
Ce que tu fais est salutaire: même pas besoin de commentaire !

Petit tour des 30 sites académiques:

Hommage à Samuel Paty:

- Nice: https://www.ac-nice.fr/
- Limoges  : https://www.ac-limoges.fr/
- Rennes: https://www.ac-rennes.fr/

Le premier article du site de l'académie de Versailles? "l'Académie de Versailles recrute! Rejoignez un collectif de 100 000 personnels, dans l’ouest parisien !"
https://www.ac-versailles.fr/

Rien sur les autres sites académiques:
https://www.ac-paris.fr/
https://www.ac-creteil.fr/
https://www.ac-montpellier.fr/
https://www.ac-lyon.fr/
https://www1.ac-lille.fr/
https://www.ac-strasbourg.fr/
https://www.ac-reunion.fr/
https://www.ac-guadeloupe.fr/
https://www.ac-martinique.fr/
https://www.ac-guyane.fr/
https://www.ac-mayotte.fr/
https://www.ac-corse.fr/
https://www.ac-besancon.fr/
https://www.ac-reims.fr/
https://www.ac-amiens.fr/
https://www.ac-clermont.fr/
https://www.ac-poitiers.fr/
https://www.ac-dijon.fr/
https://www.ac-nancy-metz.fr/
https://www.ac-normandie.fr/
https://www.ac-orleans-tours.fr/
https://www.ac-nantes.fr/
https://www.ac-toulouse.fr/
https://www.ac-aix-marseille.fr/
https://www1.ac-grenoble.fr/

Si l'instirion avait une colonne vertébrale de morale, et si les fondements de la République étaient respectés, c'est un cours sur les caricatures et le documentaire sur l'affaire Charlie qui devrait tenir lieu d'hommage. Notre courageux collègue a été empêché de parler, nous devrions tous reprendre son discours.

Pardon pour mon lapsus, mais il est vrai que l'institution esr bien souvent un histrion.

Bonjour à tous
J’espère ne pas détourner le sujet du post avec ma demande. Si c’est le cas veuillez m’en excuser.
Mon lycée nous a demandé d’observer 1 min de silence demain, en mémoire de Samuel Paty. Il y aura une sonnerie spécifique pour nous le rappeler et les drapeaux seront en berne.
Fraîchement arrivée en lycee, je ne sais pas trop quoi faire avec les élèves, mis à part ce temps de recueillement en silence. Ces moments sont toujours très difficiles pour moi car je suis dans l’émotion. Et cette terrible tragédie m’a particulièrement touchée.
D’après vous, est ce que je dois rappeler les faits, dire quelques mots ? Je ne sais pas comment aborder ce moment.
Merci de vos conseils.

Charles-Maurice a écrit:Si l'instirion avait une colonne vertébrale de morale, et si les fondements de la République étaient respectés, c'est un cours sur les caricatures et le documentaire sur l'affaire Charlie qui devrait tenir lieu d'hommage. Notre courageux collègue a été empêché de parler, nous devrions tous reprendre son discours.

Je suis entièrement d'accord avec cette proposition. De même qu'avec le jugement sur l'EN qui en découle ( lapsus inclus!!)

Ktia a écrit:D’après vous, est ce que je dois rappeler les faits, dire quelques mots ? Je ne sais pas comment aborder ce moment.
Merci de vos conseils.

Je pense qu'il est bon de rappeler les faits et les enjeux avant ce temps de silence afin qu'il ait du sens pour les élèves.
Je trouve que c'est très difficile parce que notre émotion peut être vive, mais c'est peut être aussi en sentant cette émotion qui est la nôtre que nos élèves mesurent l'importance de ce qui se joue là.
Tu peux peut être échanger avec des collègues de ton lycée sur ce qu' ils ont prévu de dire ou faire avec leurs élèves à cette occasion.

Maju a écrit:

Ktia a écrit:D’après vous, est ce que je dois rappeler les faits, dire quelques mots ? Je ne sais pas comment aborder ce moment.
Merci de vos conseils.

Je pense qu'il est bon de rappeler les faits et les enjeux avant ce temps de silence afin qu'il ait du sens pour les élèves.
Je trouve que c'est très difficile parce que notre émotion peut être vive, mais c'est peut être aussi en sentant cette émotion qui est la nôtre que nos élèves mesurent l'importance de ce qui se joue là.
Tu peux peut être échanger avec des collègues de ton lycée sur ce qu' ils ont prévu de dire ou faire avec leurs élèves à cette occasion.

L'un d'entre vous connaît il une vidéo de qualité qui résume les faits accessible à des collégiens de 4eme ? Merci

Je retrouve l'état de sidération dans lequel j'avais été plongée pendant 15 jours...

Charles-Maurice a écrit:Si l'instirion avait une colonne vertébrale de morale, et si les fondements de la République étaient respectés, c'est un cours sur les caricatures et le documentaire sur l'affaire Charlie qui devrait tenir lieu d'hommage. Notre courageux collègue a été empêché de parler, nous devrions tous reprendre son discours.

Quel est ce documentaire que tu évoques ?

A Tuin a écrit:

Charles-Maurice a écrit:Si l'instirion avait une colonne vertébrale de morale, et si les fondements de la République étaient respectés, c'est un cours sur les caricatures et le documentaire sur l'affaire Charlie qui devrait tenir lieu d'hommage. Notre courageux collègue a été empêché de parler, nous devrions tous reprendre son discours.

Quel est ce documentaire que tu évoques ?

Si l'on parle du même, il s'agit du documentaire "L'humour à mort", diffusé je ne sais plus sur quelle (s) chaîne (s).
Il y en a d'autres.

zigmag17 a écrit:

A Tuin a écrit:

Charles-Maurice a écrit:Si l'instirion avait une colonne vertébrale de morale, et si les fondements de la République étaient respectés, c'est un cours sur les caricatures et le documentaire sur l'affaire Charlie qui devrait tenir lieu d'hommage. Notre courageux collègue a été empêché de parler, nous devrions tous reprendre son discours.

Quel est ce documentaire que tu évoques ?

Si l'on parle du même, il s'agit du documentaire "L'humour à mort", diffusé je ne sais plus sur quelle (s) chaîne (s).
Il y en a d'autres.

Ou alors celui "C'est dur d'être aimé par des cons" qui revient sur la publication des douze caricatures et qui revient aussi sur le procès qui a suivi.

Malavita a écrit:

zigmag17 a écrit:

A Tuin a écrit:

Charles-Maurice a écrit:Si l'instirion avait une colonne vertébrale de morale, et si les fondements de la République étaient respectés, c'est un cours sur les caricatures et le documentaire sur l'affaire Charlie qui devrait tenir lieu d'hommage. Notre courageux collègue a été empêché de parler, nous devrions tous reprendre son discours.

Quel est ce documentaire que tu évoques ?

Si l'on parle du même, il s'agit du documentaire "L'humour à mort", diffusé je ne sais plus sur quelle (s) chaîne (s).
Il y en a d'autres.

Ou alors celui "C'est dur d'être aimé par des cons" qui revient sur la publication des douze caricatures et qui revient aussi sur le procès qui a suivi.

Oui c'est vrai tu as raison, je l'avais oublié, il est super ce documentaire. Ca doit être celui-là plutôt.

Deux ans aujourd'hui, donc.

Le documentaire auquel je pensais était Charlie hebdo, le journal qui ne voulait pas mourir.

Ktia a écrit:Bonjour à tous
J’espère ne pas détourner le sujet du post avec ma demande. Si c’est le cas veuillez m’en excuser.  
Mon lycée nous a demandé d’observer 1 min de silence demain, en mémoire de Samuel Paty. Il y aura une sonnerie spécifique pour nous le rappeler et les drapeaux seront en berne.
Fraîchement arrivée en lycee, je ne sais pas trop quoi faire avec les élèves, mis à part ce temps de recueillement en silence. Ces moments sont toujours très difficiles pour moi car je suis dans l’émotion. Et cette terrible tragédie m’a particulièrement touchée.
D’après vous, est ce que je dois rappeler les faits, dire quelques mots ? Je ne sais pas comment aborder ce moment.
Merci de vos conseils.

Je ne sais pas si cela peut t'aider, je te raconte juste ce que j'ai fait l'an dernier et ferai demain (sans minute de silence, sans drapeaux en berne, sans... rien : on nous a juste écrit jeudi après-midi que l'hommage était laissé à l'initiative des équipes - qui ont donc eu laaaaaaaaaaargement 24 heures pour se concerter sans se voir, et donc curieusement ne l'ont pas fait -) et balancé le lien eduscol, un bonheur.
Projection de la photo du collègue, avec ses nom et dates : les élèves (déjà l'an dernier) se souvenaient très confusément, rapidement parlaient les uns de sa liberté d'expression, les autres du fait qu'il aurait insulté le prophète.
Rectification : il n'a pas exercé sa liberté d'expression, il a fait un cours conforme aux programmes d'EMC dont il avait la charge.
Pour les insultes : projection des caricatures reprises par Charlie et de la couverture "c'est dur d'être aimé par des cons", décryptage. Les premières : la majorité les a trouvées anodines (eu la chance que personne ne s'offusque du principe-même de la représentation) ; la couv de Cabu : elle choque beaucoup au premier regard, ils ne sont plus armés pour le second degré, alors décryptage (en suivant la construction du dessin, c'est facile).
Projection des photos des assassinés de Charlie : pour moi, question émotion palpable, ça ne s'arrange pas, mais je n'ai pas eu l'impression que ça nuisait au propos. J'ai la "chance" de pouvoir parler de chacun d'eux, je le fais, tant pis si ma voix tremble.
Retour à Samuel Paty, à son travail, à sa mort.

Je n'ai aucune envie de "débattre" ni de la "mission" du professeur, ni de la liberté d'expression : je ne souhaite pas donner l'impression que c'est négociable, soumis à débat. Quand ça m'est demandé (par un ou des élève(s) ) je refuse en expliquant cela, j'avais fait pareil après l'attentat contre Charlie, dans un établissement plus dur (et avec des larmes plein les yeux... tant pis).
Je ne sais pas du tout si ça peut te convenir, et parler à ton "public" : je voulais juste te proposer une piste parmi d'autres, et dire qu'il me semble qu'être "dans l'émotion", comme tu dis, n'est pas forcément un inconvénient. Je sais cependant que dans certaines classes, l'hostilité peut être telle que cette émotion n'est plus tenable, que ça met les collègues en grande difficulté. Et comme, comme d'habitude, on se coltine souvent ça tous seuls, ne prends pas ce petit pavé pour des conseils, ce n'est qu'un témoignage.
Disons que l'EN fait tout pour qu'on mesure bien l'absolue solitude de Samuel Paty... je comprends que certains collègues aient peur de ce moment.

Aucune information sur l'hommage à Samuel dans mon lycée.

gauvain31 a écrit:Aucune information sur l'hommage à Samuel dans mon lycée.

En tant que TZR (je crois que tu l'es toujours), je jouerais la carte de la fausse naïveté et j'enverrais un courriel en m'excusant platement d'avoir manqué l'information sur l'hommage à Samuel Paty, après en avoir parlé avec des collègues d'autres établissements qui ont tous fait une cérémonie digne de ce nom vendredi ou qui en préparent une pour lundi. Juste histoire de leur mettre le nez dedans sans être discourtois, parce que ce n'est pas l'envie qui m'en manquerait pourtant.

La soeur de Samuel Paty a pris la parole samedi.

«Enseigner, c’est expliquer et non se taire» : les mots résonnent dans l’amphithéâtre Richelieu de la Sorbonne rempli de collégiens, ce samedi. Sur l’estrade se tient Mickaëlle Paty, la sœur cadette du professeur d’histoire-géographie de 47 ans, décapité le 16 octobre 2020 par un terroriste d’origine tchétchène pour avoir montré des caricatures de Mahomet dans son cours d’éducation civique et morale à une classe de quatrièmes. Les mots sont choisis et l’allusion à l’autocensure qui gagne le corps enseignant depuis l’assassinat de leur collègue est limpide.(...)
Il y a de l’Antigone chez Mickaëlle Paty : elle veille farouchement sur la mémoire de son frère, et à ce que personne ne crache sur sa tombe. «Je dédie ce discours à toutes les personnes mortes, blessées, torturées et incarcérées dans le monde pour avoir osé s’exprimer, et je le fais pour faire comprendre qu’on ne met pas un “oui, mais” après le mot décapitation, on met un point», cingle la frangine. Allusion à ceux qui ont dit que Samuel Paty n’aurait pas dû montrer les caricatures car il avait offensé les élèves. (...)
Mais la sœur de la victime veut aussi parler du présent. Deux ans après l’assassinat de Samuel Paty, un enseignant a reçu des menaces en mort en Alsace après avoir évoqué les caricatures de Charlie Hebdo en classe. En Essonne, un autre professeur a été placé sous protection policière après un courrier lui promettant le même sort que Samuel Paty. Et puis il y a ce nouveau phénomène inquiétant, ces défis lancés sur TikTok par des «influenceuses» et autres agitateurs islamistes qui cumulent des dizaines de milliers de vues. «J’invite les adeptes du “oui mais” à lire la note du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation du 27 août sur l’offensive anti-laïcité sur les réseaux sociaux», lance Mickaëlle Paty. Qui ajoute : «Tant que rien ne change, c’est que rien n’est fait.» Cette fois, le message s’adresse clairement aux autorités, contre lesquelles la famille de Samuel Paty a porté plainte pour non-assistance à personne à danger, plainte qui a donné lieu à l’ouverture d’une enquête en avril.

https://www.liberation.fr/societe/education/par-chance-on-a-tous-eu-un-professeur-dhistoire-a-la-sorbonne-un-hommage-scolaire-et-politique-a-samuel-paty-20221015_JHT7UP4YHFDPFBF5KYMH4MXWQM/?utm_medium=Social&utm_source=Facebook&xtor=CS7-50-&fbclid=IwAR0Z9jImj9BxHj-LnW_x0vGmUoOU5fO1HtR5a-5uJWQAYSQjTb4L63FmS-Y#Echobox=1665907489

L'intégralité du discours

La chose la plus digne qui se dira aujourd'hui sur Samuel Paty est le discours qui a été prononcé hier par sa soeur Mickaelle Paty à la remise du prix en l'honneur de son frère. Le voici en intégralité pic.twitter.com/3R71vW7Do8

— Gaston Crémieux (@GastonCremieux) October 16, 2022

Czar a écrit:«Bonjour Madame la Principale, comme suite à notre échange, je vous confirme ma présence demain 13h45 à vos côtés pour revoir M. Paty, professeur d'histoire-géographie, en présence de  Mme X, CPE . Cet entretien portera notamment sur les règles de laïcité et de neutralité que ne semble pas maîtriser M. Paty. »
8 octobre 2020. Courriel d’un inspecteur référent laïcité de l’Académie de Versailles

-

« Professeur de la République, il enseignait la liberté d’expression et de pensée en confrontant et respectant la pluralité des idées. »
14 octobre 2022. Courriel de la rectrice à l’ensemble du personnel de l’Académie de Versailles

Merci pour le montage, Czar, il est éloquent

Edit : et avec la lumière du discours ci-dessus

Merci @Maju et @Mélusine2

Isis39 a écrit:La soeur de Samuel Paty a pris la parole samedi.

«Enseigner, c’est expliquer et non se taire» : les mots résonnent dans l’amphithéâtre Richelieu de la Sorbonne rempli de collégiens, ce samedi. Sur l’estrade se tient Mickaëlle Paty, la sœur cadette du professeur d’histoire-géographie de 47 ans, décapité le 16 octobre 2020 par un terroriste d’origine tchétchène pour avoir montré des caricatures de Mahomet dans son cours d’éducation civique et morale à une classe de quatrièmes. Les mots sont choisis et l’allusion à l’autocensure qui gagne le corps enseignant depuis l’assassinat de leur collègue est limpide.(...)
Il y a de l’Antigone chez Mickaëlle Paty : elle veille farouchement sur la mémoire de son frère, et à ce que personne ne crache sur sa tombe. «Je dédie ce discours à toutes les personnes mortes, blessées, torturées et incarcérées dans le monde pour avoir osé s’exprimer, et je le fais pour faire comprendre qu’on ne met pas un “oui, mais” après le mot décapitation, on met un point», cingle la frangine. Allusion à ceux qui ont dit que Samuel Paty n’aurait pas dû montrer les caricatures car il avait offensé les élèves. (...)
Mais la sœur de la victime veut aussi parler du présent. Deux ans après l’assassinat de Samuel Paty, un enseignant a reçu des menaces en mort en Alsace après avoir évoqué les caricatures de Charlie Hebdo en classe. En Essonne, un autre professeur a été placé sous protection policière après un courrier lui promettant le même sort que Samuel Paty. Et puis il y a ce nouveau phénomène inquiétant, ces défis lancés sur TikTok par des «influenceuses» et autres agitateurs islamistes qui cumulent des dizaines de milliers de vues. «J’invite les adeptes du “oui mais” à lire la note du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation du 27 août sur l’offensive anti-laïcité sur les réseaux sociaux», lance Mickaëlle Paty. Qui ajoute : «Tant que rien ne change, c’est que rien n’est fait.» Cette fois, le message s’adresse clairement aux autorités, contre lesquelles la famille de Samuel Paty a porté plainte pour non-assistance à personne à danger, plainte qui a donné lieu à l’ouverture d’une enquête en avril.

https://www.liberation.fr/societe/education/par-chance-on-a-tous-eu-un-professeur-dhistoire-a-la-sorbonne-un-hommage-scolaire-et-politique-a-samuel-paty-20221015_JHT7UP4YHFDPFBF5KYMH4MXWQM/?utm_medium=Social&utm_source=Facebook&xtor=CS7-50-&fbclid=IwAR0Z9jImj9BxHj-LnW_x0vGmUoOU5fO1HtR5a-5uJWQAYSQjTb4L63FmS-Y#Echobox=1665907489

L'intégralité du discours

La chose la plus digne qui se dira aujourd'hui sur Samuel Paty est le discours qui a été prononcé hier par sa soeur Mickaelle Paty à la remise du prix en l'honneur de son frère. Le voici en intégralité pic.twitter.com/3R71vW7Do8

— Gaston Crémieux (@GastonCremieux) October 16, 2022

Merci.

Autres extraits sur le site de Radio France — https://www.radiofrance.fr/franceinter/enseigner-c-est-expliquer-et-non-se-taire-a-la-sorbonne-le-puissant-discours-de-la-soeur-de-samuel-paty-2374374

"La liberté de la presse et 'situation de dilemme : être ou ne pas être Charlie' sont les deux cours que mon frère a présenté à ses classes de 4e suite à l'attentat de Charlie Hebdo", poursuit Mickaëlle Paty. Dans le premier, le professeur d'histoire-géo évoque la liberté d'expression et les menaces qui pèsent sur elle. Lors du second cours, "trois caricatures représentant le prophète Mahomet sont montrées quelques secondes. Elles sont issues du réseau Canopée de l'éducation nationale. Dans ce cadre-là, il interroge sa classe : faut-il ne pas publier ces caricatures pour éviter la violence ? Ou faut-il publier ces caricatures pour faire vivre la liberté ?"
La sœur de Samuel Paty renvoie dans leurs cordes ceux qui ont estimé que son frère avait commis une maladresse. "Samuel n'a pas fait pas l'éloge de la caricature, mais a défendu la liberté d'en dessiner une. Les caricatures peuvent choquer, mais ne sont pas faites pour tuer (...). Samuel apprenait à ses élèves à se confronter à ce qui peut déplaire, tout en les laissant exprimer leur désaccord. Il a opposé le langage à la violence."

Pour ceux qui ont lu le rapport de l'inspection générale sur les événements qui ont conduit à l'assassinat de notre collègue (rapport que je n'ai toujours pas digéré!), c'est aussi une belle leçon — que le ministre de l'éducation nationale n'a certes pas relevée…

Et sur la TJ — https://www.tribunejuive.info/2022/10/16/discours-de-mickaelle-paty-a-la-sorbonne-non-samuel-nest-pas-responsable-de-sa-propre-mort/

Samuel a proposé – et non imposé – aux élèves qui auraient eu peur d’être choqués de ne pas regarder ou de sortir. C’est un acte de prévenance, envers un public encore jeune. Il leur a ainsi laissé le choix.

Alors non, Samuel Paty n’est pas responsable de sa propre mort.

Il n’a pas fait pas l’éloge de la caricature, mais a défendu la liberté d’en dessiner une. Les caricatures peuvent choquer, mais ne sont pas faites pour tuer. Samuel apprenait à ses élèves à se confronter à ce qui peut déplaire, tout en les laissant exprimer leur désaccord. Il a opposé le langage à la violence.

Est-ce que cela n’est pas problématique de dire qu’il a froissé les élèves ? 

Et comment accepter qu’on ait pu demander à son frère de s’excuser ?

Il y a eu une belle cérémonie à Conflans-sainte-Honorine devant le collège du Bois d'Aulne. Elle a duré 30 minutes avec un public d'environ un petit millier de personnes. Il y a eu une minute de silence, une peinture faite par un artiste-peintre ancien élève du collège au son de flûtes traversières élevant une musique des plus appropriées pour le recueillement, un discours du maire (que je n'ai pas apprécié mais d'autres l'ont apprécié, c'est sans doute lié à nos intimes), le dépôt d'une gerbe par le maire, la députée et la sénatrice de la circonscription de Conflans, le dépôt de bougies par les enfants élus du conseil municipal des jeunes.

Dans la foule, un élément m'a marqué : le nombre particulièrement élevé d'enseignants et d'enfants issus de familles d'enseignants, tant des fils, des filles que des neveux et des nièces. Une grande part de ces enfants sont des adultes ou des adolescents venus seuls, sans leurs parents. Au milieu de toute cette foule, cette présence marqué des familles d'enseignants m'a touché profondément. On sent que cet assassinat a heurté tout le milieu enseignant, et pas seulement les enseignants mais bien tous ceux qui sont liés familialement à un enseignant aussi. Ce traumatisme n'est pas perçu par nos institutions, il me
semble, et une colère sourde existe dans nos familles.

Deux photographies que j'ai prises :