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- SeiGrand Maître
Bonjour,
Une élève a enchaîné plusieurs gros contresens sur les textes, au point d'en modifier totalement la signification. Elle a par exemple lu dans l'Avis au lecteur de L'Amour médecin qu'il fallait nécessairement avoir d'abord lu la pièce pour pouvoir la comprendre au théâtre, ou cru que Thomas Diafoirus (du Malade imaginaire) allait devenir médecin à la cour. Elle a commis d'autres erreurs de sens de ce type, que je n'ai plus en tête, mais dont le caractère total (je veux dire par là qu'elle comprend exactement l'inverse de ce qui est écrit) et la récurrence m'interroge.
Comment prévenez-vous et accompagnez-vous les contresens au lycée ?
Une élève a enchaîné plusieurs gros contresens sur les textes, au point d'en modifier totalement la signification. Elle a par exemple lu dans l'Avis au lecteur de L'Amour médecin qu'il fallait nécessairement avoir d'abord lu la pièce pour pouvoir la comprendre au théâtre, ou cru que Thomas Diafoirus (du Malade imaginaire) allait devenir médecin à la cour. Elle a commis d'autres erreurs de sens de ce type, que je n'ai plus en tête, mais dont le caractère total (je veux dire par là qu'elle comprend exactement l'inverse de ce qui est écrit) et la récurrence m'interroge.
Comment prévenez-vous et accompagnez-vous les contresens au lycée ?
- PonocratesExpert spécialisé
En ce qui concerne l'élève, elle a lu ce qu'elle pensait que le texte devait dire. Cela peut arriver occasionnellement, si c'est systématique, c'est qu'elle n'est pas concentrée et/ou qu'elle manque cruellement de vocabulaire. Dans les deux cas, la pratique peut aider...
La seule chose, à mon sens, que nous pouvons faire pour les aider à éviter les contresens c'est les aider à enrichir leur vocabulaire et leur transmettre la culture générale suffisante pour comprendre le contexte de l'énonciation des textes. Faute de quoi il les liront avec leurs oeillères.
Il y a eu fil d'échanges autour d'une nouvelle de Maupassant, "Le Baptême". L'élève a fait un contresens sur la chute de la nouvelle probablement:
- parce qu'il n'a pas lu avec attention le texte et n'a pas su sélectionner les éléments qui annonçaient de façon logique le dénouement;
- parce qu'il n'avait pas la culture nécessaire - comprendre ce que signifie être curé, matériellement concrètement, connaître le mouvement de déchristianisation du 19e, connaître la philosophie de Maupassant et ses affinités avec Schopenhauer- qui, même à un niveau minimal lui aurait permis de suivre le fil de la nouvelle et d'assimiler les éléments mentionnés en 1 et aurait interdit toute autre interprétation (du rasoir d'Ockham);
-parce qu'il était habitué à des dénouements tragiques - mort violente par exemple- qui seuls peuvent expliquer selon lui le fait qu'un adulte se mette à pleurer. Et cela tient aux représentations auxquelles il est habitué, à l'horizon d'attente qu'il s'est construit et à sa capacité à admettre quelque chose de nouveau en la matière. Quand les contenus auxquels on est habitué sont stéréotypés, cela n'aide pas, parce que le texte littéraire entraîne une dissonance cognitive qui peut rendre aveugle sur la réalité matérielle de ce qui est écrit. Tout simplement parce que lorsque nous lisons nous faisons toujours, consciemment ou non, des hypothèses sur la suite, même matériellement et graphiquement - nous lisons en faisant des allers-retours inconscients, d'où la difficulté à lire quand le texte est truffé de faute d'orthographe et/ou quand on est soi-même très mauvais en orthographe.
Tout ceci n'est qu'une hypothèse de ma part, mais je pense que les contresens de plus en plus nombreux auxquels nous sommes confrontés sont multifactoriels. Mais le remède est simple. Lire, lire, lire encore....
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"If you think education is too expensive, try ignorance ! "
"As-tu donc oublié que ton libérateur,
C'est le livre ? "
- Écusette de NoireuilEsprit éclairé
À tout ceci, j'ajouterais la difficulté croissante des élèves à comprendre des phrases complexes...
Encore plus lorsqu'il y a des doubles négations d'ailleurs.
Encore plus lorsqu'il y a des doubles négations d'ailleurs.
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" Celui qui ne lit pas ne vit qu'une seule vie " (Umberto Eco )
- cléliaFidèle du forum
Comment comprendre un texte quand on n'a ni le vocabulaire, ni les structures grammaticales ? Et à cette mauvaise maîtrise de la langue s'ajoute en effet le manque de culture de sorte que les textes deviennent incompréhensibles pour les élèves. Je viens d'en faire l'expérience avec mes classes de 3e qui ne connaissent pas le sens de l'expression "être de bonne foi" (pour eux, elle signifie "être de bonne humeur" )
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Il voyagea.
Il connut la mélancolie des paquebots, les froids réveils sous la tente, l’étourdissement des paysages et des ruines, l’amertume des sympathies interrompues.
Il revint.
Il fréquenta le monde, et il eut d’autres amours, encore.
- ditaNeoprof expérimenté
J'ai bien une solution, non politiquement correcte, mais très juste et fondée, et elle tient en un mot : réorientation, pour les Secondes.
Pour les Troisièmes : déconseiller fortement l'entrée en lycée général et technologique.
Ah, zut, c'est vrai, c'est plus ou moins ce qu'un fait.
Pour les Troisièmes : déconseiller fortement l'entrée en lycée général et technologique.
Ah, zut, c'est vrai, c'est plus ou moins ce qu'un fait.
- ProvenceEnchanteur
Je sais très bien que nous laissons passer en seconde des élèves qui ne savent pas lire (j’en connais qui attrapent des mots au vol et qui reconstituent une histoire; j’en connais d’autres qui sont sourds en matière de lecture : ils voient les mots sans les entendre). A cela s’ajoute une connaissance médiocre du lexique et de la grammaire.
Une chose à faire, pour comprendre l’origine des contresens, peut être de faire lire à haute voix et reformuler, à condition d’en avoir le temps...
Une chose à faire, pour comprendre l’origine des contresens, peut être de faire lire à haute voix et reformuler, à condition d’en avoir le temps...
- céachequatreNiveau 1
clélia a écrit:Comment comprendre un texte quand on n'a ni le vocabulaire, ni les structures grammaticales ?
Sans vouloir faire dériver le sujet, ça me fait tout de suite penser au célèbre reportage où un journaliste essayait de devenir vacataire (et réussissait) question de grammaire
- PonocratesExpert spécialisé
Ce matin, un élève me demande :"mais il ressemble à quoi le monstre ?" Moi: "comment cela ?". "Ben, oui, le monstre qu'il veut tuer."
Bon, après, de loin la nuit dans le brouillard, il y a, en effet un souvenir des combats mythiques, mais bon. Ce n'est pas comme si l'explication n'était pas dans le dernier mot de la phrase qui précède.
- Baudelaire,bien connu, le mythologue a écrit :
- Comme la voiture traversait le bois, il la fit arrêter dans le voisinage d'un tir, disant qu'il lui serait agréable de tirer quelques balles pour tuer le Temps.
Tuer ce monstre-là, n'est-ce pas l'occupation la plus ordinaire et la plus légitime de chacun ?
Bon, après, de loin la nuit dans le brouillard, il y a, en effet un souvenir des combats mythiques, mais bon. Ce n'est pas comme si l'explication n'était pas dans le dernier mot de la phrase qui précède.
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- ditaNeoprof expérimenté
On ne manque pas de maçons et de bouchers ? (Entre autres). Ah, oui, on leur a fait croire qu'ils pouvaient tous devenir chirurgiens (et autres métiers prestigieux). Et voilà.
- SeiGrand Maître
J'ai récupéré un petit travail d'écriture de l'élève en question.
Plus d'une page pour me paraphraser une réplique d'une phrase, mais elle n'a pas fait de contresens, je préfère largement ça. Dans son cas, on ne peut incriminer le manque de concentration (ou alors, elle se concentre mal), c'est une élève laborieuse, qui veut bien faire (d'où la longue analyse de la réplique, je crois qu'elle était échaudée par ces précédentes erreurs). Je ne crois pas non plus que le manque de vocabulaire soit ce qui l'empêtre le plus (on est d'accord, ça joue, mais pas forcément pour elle). Je penche plutôt pour un rapport à la syntaxe inexistant, encore qu'elle se débrouille à l'écrit, une difficulté à déployer les liens des phrases complexes et une incapacité à comprendre l'implicite. Je me souviens d'un élève qui m'a indiqué dans son contrôle de lecture avoir compris l'ironie de Toinette seulement grâce à l'étude de la pièce en classe, et je crois bien qu'il s'agissait de sa copie.
Les faire lire à voix haute, oui, bonne idée. Mais oui, toujours le problème des classes à 35, et de l'échéance du Bac... : /
Plus d'une page pour me paraphraser une réplique d'une phrase, mais elle n'a pas fait de contresens, je préfère largement ça. Dans son cas, on ne peut incriminer le manque de concentration (ou alors, elle se concentre mal), c'est une élève laborieuse, qui veut bien faire (d'où la longue analyse de la réplique, je crois qu'elle était échaudée par ces précédentes erreurs). Je ne crois pas non plus que le manque de vocabulaire soit ce qui l'empêtre le plus (on est d'accord, ça joue, mais pas forcément pour elle). Je penche plutôt pour un rapport à la syntaxe inexistant, encore qu'elle se débrouille à l'écrit, une difficulté à déployer les liens des phrases complexes et une incapacité à comprendre l'implicite. Je me souviens d'un élève qui m'a indiqué dans son contrôle de lecture avoir compris l'ironie de Toinette seulement grâce à l'étude de la pièce en classe, et je crois bien qu'il s'agissait de sa copie.
Les faire lire à voix haute, oui, bonne idée. Mais oui, toujours le problème des classes à 35, et de l'échéance du Bac... : /
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"Humanité, humanité, engeance de crocodile."
- Guermantes729Neoprof expérimenté
Bonjour,
Je ne voudrais déprimer personne, mais mon fils (oui, toujours le même^^), a beaucoup de mal à ne pas faire de contresens dans ce qu'il lit :/
En 3ème, nous avions lu un passage du journal d'Anne Franck (dans le cadre de la révision pour le brevet)
1ère question: est-ce un livre tragique ou comique?
réponse du gamin: comique
Je lui demande pour quelle raison , pour lui, il s'agit d'une comédie
réponse du gamin: à la ligne 12, il est noté "elle rit" donc c'est drôle, c'est une comédie.
okkkkkkk
ben il a 20 ans, est en école d'ingé en informatique et ...n'a toujours pas progressé dans les contresens: il est assez bon en anglais par exemple, mais fait toujours moins bien systématiquement aux QCM car pour lui, si la question est: "Bidule s'est couchée tard, le lendemain, elle..."
et que les réponses proposées sont
- a mal à la tête
- fait du sport
- va voir des amis
il va dire "mais elle pourrait faire tout ça! le sport, ça élimine les toxines, voir des amis n'a rien de contradictoire avec s'être couchée tard, elle peut les voir à midi, et elle peut avoir mal à la tête à cause de la fatigue!!(mais pas forcément si elle s'est bien hydratée), alors je coche quoi??"
En école d'ingé, il refait des probas niveau terminale, ben il ne comprend jamais les énoncés :/ il sait faire des maths pures de prépa mais est nul en probas de terminale!
il est bien meilleur en dissertations (il a eu 20 au bac de français à l'écrit, alors qu'il n'avait eu "que" 17 au brevet!) où il est "libre" d'exposer ses propres idées (qui ne semblent pas totalement débiles, contrairement à ce qu'on pourrait croire quand on lit les réponses à ses qcm :/)
on a pourtant beaucoup travaillé ensemble, j'ai essayé l'image du goût: "quand tu manges quelque chose, tu repères d'abord si c'est sucré ou salé, puis si c'est salé, tu repères si c'est de la viande ou du poisson, etc,..." j'ai essayé de l'amener à passer du "large" au "détail" et non à faire l'inverse: s'attacher aux détails en ignorant le "bon sens"
mais y'a rien à faire :/ je vais suivre ce fil attentivement, voir si certains d'entre vous ont des solutions!
Je ne voudrais déprimer personne, mais mon fils (oui, toujours le même^^), a beaucoup de mal à ne pas faire de contresens dans ce qu'il lit :/
En 3ème, nous avions lu un passage du journal d'Anne Franck (dans le cadre de la révision pour le brevet)
1ère question: est-ce un livre tragique ou comique?
réponse du gamin: comique
Je lui demande pour quelle raison , pour lui, il s'agit d'une comédie
réponse du gamin: à la ligne 12, il est noté "elle rit" donc c'est drôle, c'est une comédie.
okkkkkkk
ben il a 20 ans, est en école d'ingé en informatique et ...n'a toujours pas progressé dans les contresens: il est assez bon en anglais par exemple, mais fait toujours moins bien systématiquement aux QCM car pour lui, si la question est: "Bidule s'est couchée tard, le lendemain, elle..."
et que les réponses proposées sont
- a mal à la tête
- fait du sport
- va voir des amis
il va dire "mais elle pourrait faire tout ça! le sport, ça élimine les toxines, voir des amis n'a rien de contradictoire avec s'être couchée tard, elle peut les voir à midi, et elle peut avoir mal à la tête à cause de la fatigue!!(mais pas forcément si elle s'est bien hydratée), alors je coche quoi??"
En école d'ingé, il refait des probas niveau terminale, ben il ne comprend jamais les énoncés :/ il sait faire des maths pures de prépa mais est nul en probas de terminale!
il est bien meilleur en dissertations (il a eu 20 au bac de français à l'écrit, alors qu'il n'avait eu "que" 17 au brevet!) où il est "libre" d'exposer ses propres idées (qui ne semblent pas totalement débiles, contrairement à ce qu'on pourrait croire quand on lit les réponses à ses qcm :/)
on a pourtant beaucoup travaillé ensemble, j'ai essayé l'image du goût: "quand tu manges quelque chose, tu repères d'abord si c'est sucré ou salé, puis si c'est salé, tu repères si c'est de la viande ou du poisson, etc,..." j'ai essayé de l'amener à passer du "large" au "détail" et non à faire l'inverse: s'attacher aux détails en ignorant le "bon sens"
mais y'a rien à faire :/ je vais suivre ce fil attentivement, voir si certains d'entre vous ont des solutions!
- IphigénieProphète
Je pense que tout cela vient très simplement du manque d’habitude de lire: je veux dire non pas lire par obligation en classe ( les yeux assis sur le livre comme dirait Montaigne) mais lire pour soi dès le plus jeune âge: lire des histoires qui ne sont pas forcément l’écho de leur vie réelle comme la littérature de jeunesse a tendance à le faire, ni avec le vocabulaire usuel comme tous ces livres réécrits sans passé simple et avec des phrases simplifiées.
C’est un immense problème que je ne sais comment résoudre autrement qu’au plan individuel, et qui a aussi à voir avec un déficit d’imaginaire:
Des secondes m’avaient parlé dans un devoir d’un carrosse qui se gare en marche arrière, c’est dire....
Je me demande aussi si ça n’a pas à voir avec l’obsession de « faire participer » les élèves : on apprend en écoutant, pas en parlant...du moins pas tout le temps.
Et pour les faire parler on a tendance à les laisser s’emparer de n’importe quel bout du texte au lieu de le suivre dans l’ordre....un jour que je m’étonnais que les élèves ne répondent jamais en regardant la première ligne mais en plein milieu du texte, un professeur me langue m’a dit: mais c’est ce qu’on leur dit, prenez n’importe quel bout pourvu que ça vous permette de parler.
Je donne ce témoignage tel que je ne sais pas s’il fait sens général .
C’est un immense problème que je ne sais comment résoudre autrement qu’au plan individuel, et qui a aussi à voir avec un déficit d’imaginaire:
Des secondes m’avaient parlé dans un devoir d’un carrosse qui se gare en marche arrière, c’est dire....
Je me demande aussi si ça n’a pas à voir avec l’obsession de « faire participer » les élèves : on apprend en écoutant, pas en parlant...du moins pas tout le temps.
Et pour les faire parler on a tendance à les laisser s’emparer de n’importe quel bout du texte au lieu de le suivre dans l’ordre....un jour que je m’étonnais que les élèves ne répondent jamais en regardant la première ligne mais en plein milieu du texte, un professeur me langue m’a dit: mais c’est ce qu’on leur dit, prenez n’importe quel bout pourvu que ça vous permette de parler.
Je donne ce témoignage tel que je ne sais pas s’il fait sens général .
- Guermantes729Neoprof expérimenté
Peut-être Iphigénie, mais mon fils a toujours été un lecteur...en revanche, très vite il s'est détourné des romans: il n'aime pas ça. Il préfère les articles de journaux, les essais philosophiques (qui personnellement me tombent des mains), etc,... mais peut-être que parce que dans le Roman, il ne comprenait en effet pas tout...il y a bien plus d'implicite dans le Roman que dans l'Essai je dirais, non?...
- PonocratesExpert spécialisé
Cela n'a sans doute rien à voir, mais j'avais lu qu'un aspect de l'autisme - et il y a une variété de degrés extrêmement importante - était la difficulté à se représenter ce que ressentent les autres personnes, leurs motivations, à comprendre l'implicite, et que cela pouvait avoir des répercussions sur la facilité à imaginer les scènes de roman à comprendre les interactions sociales des personnages.Guermantes729 a écrit:Peut-être Iphigénie, mais mon fils a toujours été un lecteur...en revanche, très vite il s'est détourné des romans: il n'aime pas ça. Il préfère les articles de journaux, les essais philosophiques (qui personnellement me tombent des mains), etc,... mais peut-être que parce que dans le Roman, il ne comprenait en effet pas tout...il y a bien plus d'implicite dans le Roman que dans l'Essai je dirais, non?...
Je ne dis pas que votre fils est autiste, entendons-nous bien- parce qu'à ce compte là, la plupart des mes élèves...-, mais c'est peut-être cette compétence qui lui manque un peu ?
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C'est le livre ? "
- IphigénieProphète
Oui il y a en effet plus d’implicite mais aussi de situations variées et le vocabulaire qui va avec: les journaux, les essais ce n’est qu’un type de vocabulaire. Le problème c’est que les séries remplacent les romans aujourd’hui et n’ont pas le même impact en terme de vocabulaire et d’imagination personnelle: c’est du standardisé , rien de commun avec là lecture des romans.
Mes premières par exemple ne réalisaient pas pourquoi au début de la pièce de Musset, maître Blazius «doucement bercé sur sa mule fringante » était assez moqueur et à la limite de l’oxymore: j’ai dû leur montrer ce qu’était une mule. Alors c’est vrai qu’on n’en voit pas en ville tous les jours mais bon....et il n’y en a pas dans les essais ni les journaux non plus....
Mes premières par exemple ne réalisaient pas pourquoi au début de la pièce de Musset, maître Blazius «doucement bercé sur sa mule fringante » était assez moqueur et à la limite de l’oxymore: j’ai dû leur montrer ce qu’était une mule. Alors c’est vrai qu’on n’en voit pas en ville tous les jours mais bon....et il n’y en a pas dans les essais ni les journaux non plus....
- DeliaEsprit éclairé
@guermantes :
J'ignore si cet exemple est authentique. S'il l'est, je partage la perplexité de ton fils, et salue son bon sens : il n'y a aucun lien de cause à effet entre se coucher tard, avoir mal à la tête, faire du sport et rencontrer des amis. Sauf si la cause du coucher tardif est une cuite monumentale... qui justifie le mal de tête.
ben il a 20 ans, est en école d'ingé en informatique et ...n'a toujours pas progressé dans les contresens: il est assez bon en anglais par exemple, mais fait toujours moins bien systématiquement aux QCM car pour lui, si la question est: "Bidule s'est couchée tard, le lendemain, elle..."
et que les réponses proposées sont
- a mal à la tête
- fait du sport
- va voir des amis
il va dire "mais elle pourrait faire tout ça! le sport, ça élimine les toxines, voir des amis n'a rien de contradictoire avec s'être couchée tard, elle peut les voir à midi, et elle peut avoir mal à la tête à cause de la fatigue!!(mais pas forcément si elle s'est bien hydratée), alors je coche quoi??"
J'ignore si cet exemple est authentique. S'il l'est, je partage la perplexité de ton fils, et salue son bon sens : il n'y a aucun lien de cause à effet entre se coucher tard, avoir mal à la tête, faire du sport et rencontrer des amis. Sauf si la cause du coucher tardif est une cuite monumentale... qui justifie le mal de tête.
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Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- CeladonDemi-dieu
Oui... on peut aussi aller voir des amis pour remettre ça...
Accessoirement, Guermantes, pourrais-tu stp demander à ton fils ce qu'il comprend de la question posée par la mgen dans son questionnaire ? J'y fais référence ici :
https://www.neoprofs.org/t78322p300-mgen-qu-en-pensez-vous#5066179
Merci !
Accessoirement, Guermantes, pourrais-tu stp demander à ton fils ce qu'il comprend de la question posée par la mgen dans son questionnaire ? J'y fais référence ici :
https://www.neoprofs.org/t78322p300-mgen-qu-en-pensez-vous#5066179
Merci !
- Guermantes729Neoprof expérimenté
J'avoue @Delia que je ne me rappelle plus les intitulés exacts, mais c'était de cet ordre-là, vraiment, et oui, en QCM d'anglais (il a eu 67/70 à cause de cette question^^) et je me rappelle qu'un intitulé était implicitement "juste" ( "le mal de tête") mais comme vous dîtes le reste était potentiellement possible^^ mais vous et moi, on "sait" différentier le possible de la réponse attendue, pas lui. Oh tu as raison, il est plein de "bon sens" et justement, le "bon sens" n'est pas nécessairement le sens juste, le sens attendu
Oui @ponocrates, tu as parfaitement raison, cela rentre dans les "troubles autistiques mineurs" dont il souffre très probablement (mais comme tu le dis aussi très bien, il n'est pas le seul^^)
et @iphigénie tu as aussi raison à mon avis: des causes multiples peuvent provoquer les mêmes conséquences...mais pour reprendre ton exemple, beaucoup d'enfants peuvent savoir ce que veut dire "mule" et "fringante" mais ne pas comprendre, saisir, l'ironie dans le contexte. Je suis bien sûre que certains auraient pu penser "ben il en avait de la chance, maître Blazius d'avoir une mule qui allait vite, c'est si rare!"
ce que je voulais dire en fait à travers mon petit témoignage, c'était que je n'avais pas trouvé de solutions :/ alors que j'ai un enfant dit "scolaire" et à priori, avec des aptitudes intellectuelles "normales". Je trouve qu'enseigner le "bon sens" est finalement très difficile...c'est plus facile pour moi d'expliquer la différence entre "et" et "est" que d'expliquer en quoi le "il rit" est ironique ou anecdotique voire désespéré...
comme le disent vos interventions, il faut à la fois avoir de solides références de vocabulaire, de situations (mes parents quand ils s'en*ueulaient se donnaient toujours du "Mais Minou" j'ai vite appris l'implicite: un mot doux pouvait en fait être une annonce de guerre^^) et aussi peut-être des aptitudes personnelles, potentiellement handicapantes...
en tous les cas, je n'ai pas trouvé de solutions: ni avec mon fils, ni avec mes élèves dans leur contresens en probabilité justement : expliquer la différence entre "probabilité d'être un sportif parmi les habitants de paris" et "probabilité d'être un sportif et un habitant de paris" par exemple...là où on voit, une fois encore, la rencontre entre les matières dites littéraires et celles dites scientifiques...
Oui @ponocrates, tu as parfaitement raison, cela rentre dans les "troubles autistiques mineurs" dont il souffre très probablement (mais comme tu le dis aussi très bien, il n'est pas le seul^^)
et @iphigénie tu as aussi raison à mon avis: des causes multiples peuvent provoquer les mêmes conséquences...mais pour reprendre ton exemple, beaucoup d'enfants peuvent savoir ce que veut dire "mule" et "fringante" mais ne pas comprendre, saisir, l'ironie dans le contexte. Je suis bien sûre que certains auraient pu penser "ben il en avait de la chance, maître Blazius d'avoir une mule qui allait vite, c'est si rare!"
ce que je voulais dire en fait à travers mon petit témoignage, c'était que je n'avais pas trouvé de solutions :/ alors que j'ai un enfant dit "scolaire" et à priori, avec des aptitudes intellectuelles "normales". Je trouve qu'enseigner le "bon sens" est finalement très difficile...c'est plus facile pour moi d'expliquer la différence entre "et" et "est" que d'expliquer en quoi le "il rit" est ironique ou anecdotique voire désespéré...
comme le disent vos interventions, il faut à la fois avoir de solides références de vocabulaire, de situations (mes parents quand ils s'en*ueulaient se donnaient toujours du "Mais Minou" j'ai vite appris l'implicite: un mot doux pouvait en fait être une annonce de guerre^^) et aussi peut-être des aptitudes personnelles, potentiellement handicapantes...
en tous les cas, je n'ai pas trouvé de solutions: ni avec mon fils, ni avec mes élèves dans leur contresens en probabilité justement : expliquer la différence entre "probabilité d'être un sportif parmi les habitants de paris" et "probabilité d'être un sportif et un habitant de paris" par exemple...là où on voit, une fois encore, la rencontre entre les matières dites littéraires et celles dites scientifiques...
- lilith888Grand sage
Ponocrates a écrit:Cela n'a sans doute rien à voir, mais j'avais lu qu'un aspect de l'autisme - et il y a une variété de degrés extrêmement importante - était la difficulté à se représenter ce que ressentent les autres personnes, leurs motivations, à comprendre l'implicite, et que cela pouvait avoir des répercussions sur la facilité à imaginer les scènes de roman à comprendre les interactions sociales des personnages.
Je ne dis pas que votre fils est autiste, entendons-nous bien- parce qu'à ce compte là, la plupart des mes élèves...-, mais c'est peut-être cette compétence qui lui manque un peu ?
Je confirme... Mon fils est autiste asperger et il est en 1ère. Il multiplie les contre-sens et je ne sais pas trop comment l'aider à préparer les épreuves de français, je sens bien que ça va être trèèèèèèèès galère !
- céachequatreNiveau 1
Guermantes729 a écrit:
en tous les cas, je n'ai pas trouvé de solutions: ni avec mon fils, ni avec mes élèves dans leur contresens en probabilité justement : expliquer la différence entre "probabilité d'être un sportif parmi les habitants de paris" et "probabilité d'être un sportif et un habitant de paris" par exemple...là où on voit, une fois encore, la rencontre entre les matières dites littéraires et celles dites scientifiques...
On peut commencer par s'accorder sur :
(1) probabilité d'être un sportif et un habitant de paris == probabilité un habitant de paris et d'être un sportif
(2) probabilité d'être un sportif parmi les habitants de paris != probabilité d'être un habitant de paris parmi les un sportifs
Si on n'est pas convaincu par (2), on peut réécrire avec :
probabilité d'être une femme parmi les personnes qui ont une grossesse != probabilité d'être une personne qui a une grossesse parmi les femmes
ou
probabilité d'être une personne qui a le paludisme parmi les personnes de ma ville != probabilité d'être une personne de ma ville parmi les personnes qui ont le paludisme
Ça ne résout pas tout le problème mais c'est un début ;-)
- Guermantes729Neoprof expérimenté
oui merci des conseils je me suis mal exprimée car ma question n'était pas "comment leur expliquer?" (ça je crois qu'en 25 ans de terminale, j'ai bien abordé la question^^) mais "comment leur faire comprendre?" la nuance est grande comment leur expliquer: on sait tous faire (c'est notre travail en fait^^), j'ai plus de mal à leur faire comprendre. Dans le 1er cas, je suis l'actrice, dans le 2ème cas, c'est à eux de faire le travail ("comprendre")
Si tu as 100% de réussite avec tes élèves grâce à ces explications, un grand bravo à tes élèves, pas moi . Ils croient comprendre, car ils entendent très bien mes explications, et en sont convaincus puis au prochain exercice, à la prochaine formulation, ils retombent dans l'erreur, car ils sont incapables de refaire, seuls, les traductions que tu proposes, ce qui prouve que non, ils n'ont pas réellement compris.
Et il me semble que c'est là, le sujet du fil, faire comprendre nos explications: que nos explications fassent "sens", prennent racine dans les acquis (maigres) des élèves. Mais je me trompe peut-être
Si tu as 100% de réussite avec tes élèves grâce à ces explications, un grand bravo à tes élèves, pas moi . Ils croient comprendre, car ils entendent très bien mes explications, et en sont convaincus puis au prochain exercice, à la prochaine formulation, ils retombent dans l'erreur, car ils sont incapables de refaire, seuls, les traductions que tu proposes, ce qui prouve que non, ils n'ont pas réellement compris.
Et il me semble que c'est là, le sujet du fil, faire comprendre nos explications: que nos explications fassent "sens", prennent racine dans les acquis (maigres) des élèves. Mais je me trompe peut-être
- céachequatreNiveau 1
@Guermantes729: oui je me suis rendu compte que mon message n'était pas adapté après l'avoir envoyé, j'avais fait un contresens pour le coup Et non je n'y arrive pas non plus. Ceci dit, sur le cas évoqué, ce serait intéressant de faire le test sur une population adulte (y compris instruite), on pourrait avoir des surprises ;-)
- trompettemarineMonarque
Pour tous les textes du XVIIe, je suis obligée de traduire. La comédie est encore plus difficile à cause de la contextualisation et des realia.
J'ai abandonné Molière au lycée.
J'ai abandonné Molière au lycée.
- NLM76Grand Maître
En même temps @Ponocrates, pour moi ton élève a une immense qualité : il repère tout de suite ce qui fait l'intérêt littéraire du texte: le fait que Baudelaire fasse revivre la métaphore morte dans la catachrèse (c'est bien comme ça qu'on dit ?).
_________________
Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- Guermantes729Neoprof expérimenté
céachequatre a écrit:@Guermantes729: oui je me suis rendu compte que mon message n'était pas adapté après l'avoir envoyé, j'avais fait un contresens pour le coup Et non je n'y arrive pas non plus. Ceci dit, sur le cas évoqué, ce serait intéressant de faire le test sur une population adulte (y compris instruite), on pourrait avoir des surprises ;-)
Ouh la la , je suis bien d'accord!
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