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- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
J'ai été harcelé au collège. Pour résumer : j'étais très amoureux d'un ami, je suis devenu jaloux et me suis mis à dos tout mon petit groupe, je me suis retrouvé seul et harcelé par mes anciens amis, puis par à peu près tout le monde. J'avais ma technique pour traverser la cantine sans manger, parce que je n'avais personne avec qui m'asseoir et que toutes les tables m'étaient hostiles. Je passais mes récréations caché dans les couloirs de l'établissement, toujours à l'affût d'un bruit de pas, parce que naturellement si un professeur me trouvait c'était la punition. Les derniers mois, il a fallu y renoncer et je passais mon temps enfermé dans les toilettes. Mes parents, dépassés, ne faisaient pas grand chose, et les réactions des professeurs furent rares et maladroites. La situation était d'autant plus infernale que le CPE avait décidé que j'étais le problème et me convoquait régulièrement pour me sermonner.
Je ne suis pas revenu au collège sans une certaine appréhension, mais elle s'est rapidement dissipée. Malheureusement, je n'ai pas l'impression d'avoir un sixième sens pour repérer les situations de harcèlement, encore moins pour les démêler. Nous savons de mieux en mieux que le harcèlement peut tuer, mais lorsque l'occasion d'agir se présente, nous nous perdons entre les témoignages de X, Y, Z, nous convoquons, discutons, pesons les avantages et les inconvénients de chaque mesure, prenons mille précautions, et les semaines passent et des êtres sont blessés de façon peut-être irrémédiable. Cela me frustre énormément.
Je ne suis pas revenu au collège sans une certaine appréhension, mais elle s'est rapidement dissipée. Malheureusement, je n'ai pas l'impression d'avoir un sixième sens pour repérer les situations de harcèlement, encore moins pour les démêler. Nous savons de mieux en mieux que le harcèlement peut tuer, mais lorsque l'occasion d'agir se présente, nous nous perdons entre les témoignages de X, Y, Z, nous convoquons, discutons, pesons les avantages et les inconvénients de chaque mesure, prenons mille précautions, et les semaines passent et des êtres sont blessés de façon peut-être irrémédiable. Cela me frustre énormément.
- kortonnekoNiveau 2
@scot69 Merci beaucoup pour ton témoignage, je suis ravi d'apprendre que tu as pu t'en sortir et que tu vas mieux aujourd'hui ! Je ne connaissais pas la PNL avant ton post, c'est super si les méthodes de ta psy ont pu ainsi t'aider
Je visualise très bien les problèmes qui existent dans le métier, et je sais que je dois m'y préparer et que mon manque de passion sera un inconvénient qu'il me faudra combler par la rigueur dans mon travail. Mais ça me paraît au final relativement mineur et surmontable comparé à l'intérêt que je peux y trouver.
Merci beaucoup pour l'intérêt que tu portes à ma situation en tout cas
@Elaïna Quel que soit le métier que je ferai, ça ne me passionnera pas. J'ai toujours trouvé mon épanouissement hors de mes études, je serais surpris qu'il en soit autrement dans ma vie professionnelle… Ma famille ayant une situation financière précaire depuis toujours, je cherche surtout à avoir un travail qui soit non seulement intéressant et stimulant, afin que je ne me lève pas malheureux le matin, mais également qui puisse me permettre de me mettre, ainsi que mon entourage, dans une relative sécurité. Mes proches pensent que j'ai les qualités pour le faire, et je réussis dans ces études depuis deux ans, donc en y réfléchissant de façon un peu pragmatique, je me dis qu'au final, pourquoi pas ?Elaïna a écrit:Ce qui me chagrine un peu dans ce que tu dis c'est que tu ne sembles pas trop passionné par l'histoire-géo, je pense que c'est un peu dommage, car en ce qui me concerne, ce qui "sauve" les journées pourries et les relations compliquées avec certaines classes, c'est d'aimer profondément parler histoire et géographie. Mais c'est un métier, pas un sacerdoce, alors ce qui vaut dans mon cas ne vaut pas forcément pour toi.
Je visualise très bien les problèmes qui existent dans le métier, et je sais que je dois m'y préparer et que mon manque de passion sera un inconvénient qu'il me faudra combler par la rigueur dans mon travail. Mais ça me paraît au final relativement mineur et surmontable comparé à l'intérêt que je peux y trouver.
Merci beaucoup pour l'intérêt que tu portes à ma situation en tout cas
- kortonnekoNiveau 2
@Sphinx Merci de m'avoir parlé de ça, je ne connaissais pas du tout ! J'ai fait quelques recherches, j'ai cru comprendre que les postes à 100% en UPE2A sont de toute façon rares, et que les enseignants obtenant cette certification vont plutôt alterner entre leur discipline d'origine et le FLS. Donc ça ne change pas mes plans pour le moment, mais ça peut être une façon intéressante de diversifier mes possibilités et de retrouver le plaisir de faire un peu de fle une fois que je serai "installé" dans l'enseignement, donc encore merci de m'avoir indiqué cette certification A l'occasion, je lancerai sans doute un sujet pour avoir des témoignages de gens qui bossent là-dedans, savoir comment ça se passe, etc.Sphinx a écrit:
J'ai suivi cette année (enfin, que le début, parce que quand je me suis inscrite c'était une formation et quand je suis arrivée à la première demi-journée de présentation c'était devenu une certification, qui ne m'intéressait pas car à passer dans des conditions qui ne correspondaient pas à ma situation) une certification adressée à des enseignants souhaitant enseigner le FLS - on dit français langue seconde et non plus FLE maintenant Une fois que tu as cette certification (qui était adressée aux enseignants des trois académies d'Île-de-France, mais je suis sûre que ça se fait partout) tu peux postuler pour des postes d'enseignant en UPE2A (les structures pour élèves allophones nouveaux arrivants). Tu restes enseignant titulaire, ça n'a rien à voir avec enseigner dans une association (même si j'ai croisé une enseignante qui faisait ça en tant que contractuelle et je pense que c'est une expérience préalable qui est un plus pour la certification, comme ton expérience à toi d'ailleurs). Ces structures sont rattachées à des écoles ou des collèges, il y a un enseignant référent qui prend les élèves pour les cours de FLS et pour le reste de leur emploi du temps les élèves sont intégrés à des classes ordinaires. Je pense qu'il y a des collègues sur le forum qui font FLS et qui sauront te renseigner mieux que moi qui n'ai pas suivi la formation en entier, si tu trouves un fil de discussion qui en parle (ou sinon tu en ouvres un) Et tu trouveras aussi des infos sur le site du CASNAV de ton académie.
- kortonnekoNiveau 2
Merci pour ce témoignage, et honnêtement je pense pareil. D'autant qu'aujourd'hui, en me remémorant certaines choses, même en les ayant vécues moi-même j'aurais bien du mal à dire comment bien réagir en tant qu'adulte…Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:Je ne suis pas revenu au collège sans une certaine appréhension, mais elle s'est rapidement dissipée. Malheureusement, je n'ai pas l'impression d'avoir un sixième sens pour repérer les situations de harcèlement, encore moins pour les démêler. Nous savons de mieux en mieux que le harcèlement peut tuer, mais lorsque l'occasion d'agir se présente, nous nous perdons entre les témoignages de X, Y, Z, nous convoquons, discutons, pesons les avantages et les inconvénients de chaque mesure, prenons mille précautions, et les semaines passent et des êtres sont blessés de façon peut-être irrémédiable. Cela me frustre énormément.
J'appréciais quand les profs me soutenaient de façon discrète (en m'écoutant après les cours, en me changeant de place/groupe/classe quand je leur demandais, en balançant des punchlines bien senties contre mes harceleurs). Par contre, les interventions fermes devant l'élève/groupe qui me harcelait ne faisaient qu'aggraver les choses une fois que le personnel éducatif avait le dos tourné ; du coup je demandais toujours aux profs qui me soutenaient de rester discrets. J'estimais qu'il n'y avait pas d'autre solution que souffrir, esquiver les coups autant que possible et attendre la fin de l'année. Pourtant, avec le recul, ce n'était pas non plus une bonne solution, car j'ai passé mon adolescence dans la peur et dans l'esquive et je rejette tout ce qui me la rappelle à présent. Mais y avait-il une bonne solution ? Encore aujourd'hui, je ne sais pas.
J'imagine que cela dépend de chaque enfant harcelé et de la gravité de la situation. Quoi qu'il en soit, il faut l'écouter, lui montrer qu'on le prend au sérieux, qu'on prend en compte ses demandes et qu'on va tout faire pour le protéger. Je suis et serai toujours très reconnaissant envers les profs qui ont agi ainsi avec moi.
- kortonnekoNiveau 2
Pour compléter mon précédent message : la seule fois qu'un harcèlement s'est stoppé net pour moi, c'est quand j'ai changé de classe, un mois après la rentrée. C'est la seule fois que j'en suis arrivé à une telle extrémité. Après cette rentrée cauchemardesque donc, j'ai finalement passé la meilleure année de mon adolescence.
Mais c'était dans un lycée qui était relativement gros, donc avec moins de risques que les classes se connaissent entre elles et que les harceleurs aient des relais partout, comme c'était le cas dans mon minuscule collège. Et j'avais déjà quelques potes dans cette nouvelle classe ; sans ça, je n'aurais pas pu reprendre confiance en moi et me faire de nouveaux amis.
Et il faut aussi bien dire que cette nouvelle classe était exceptionnellement gentille, bienveillante et équilibrée pour une classe d'ados, je ne sais pas si tous les changements de classe se passeraient aussi bien. Au moins une fois dans ma scolarité, j'ai eu beaucoup de chance
Mais c'était dans un lycée qui était relativement gros, donc avec moins de risques que les classes se connaissent entre elles et que les harceleurs aient des relais partout, comme c'était le cas dans mon minuscule collège. Et j'avais déjà quelques potes dans cette nouvelle classe ; sans ça, je n'aurais pas pu reprendre confiance en moi et me faire de nouveaux amis.
Et il faut aussi bien dire que cette nouvelle classe était exceptionnellement gentille, bienveillante et équilibrée pour une classe d'ados, je ne sais pas si tous les changements de classe se passeraient aussi bien. Au moins une fois dans ma scolarité, j'ai eu beaucoup de chance
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