Faut-il peindre les ordinateurs en rose pour attirer les filles en NSI ?

Non, ce n'est pas le titre d'une comédie romantique …

L'inénarrable Pierre Mathiot, à qui l'on doit cette merveille de réforme du lycée, détient visiblement de hautes compétences en informatique puisqu'il parle du contenu de l'enseignement de NSI qu'il faudrait remanier pour « attirer des filles et rendre la discipline séduisante » (sic).

Le passage en question. pic.twitter.com/qE7wQCUYSh

— Marc de Falco (@MarcdeFalco) July 1, 2020

L'extrait est issu de la vidéo « Mercredis enseignement de la SIF - La genèse de NSI, 27 mai 2020 » visible ici
https://vimeo.com/427694852
(avec les joies de la visio par des pros de l'info )

Je crois qu'il faut aussi conseiller cette vidéo aux collègues d'allemand pour voir ce que Mathiot (ou l'IG?) pense d'eux.

Dire que Mathiot pense me semble bien optimiste ;
disons qu'il occupe l'espace sonore en proférant des sons.

Merci à ceux qui relaient ce message.
On comprends bien quelle est la vision de cette personne de la science : quelque chose qui ne peut pas attirer, alors que si on parle des côté sociétal là c'est sympa.
C'est dommage car ce n'est plus des sciences à ce moment-là, mais c'est pas grave, non ?

ben2510 a écrit:Dire que Mathiot pense me semble bien optimiste ;
disons qu'il occupe l'espace sonore en proférant des sons.

Je recommande chaudement l'écoute de cette émission :
https://media.acast.com/les-couilles-sur-la-table/desordis-dessourisetdeshommes/media.mp3

Pourquoi les personnes qui aujourd’hui inventent, codent, designent, programment les logiciels, les algorithmes, les applications, et les machines que nous utilisons tous les jours sont-elles en très grande majorité des hommes ? Qu’y a-t-il de si masculin en informatique ? Comment, alors que l’informatique était un secteur mixte jusque dans les années 80, est-elle devenu un truc de mecs ?

Discussion passionnante sur la construction des clichés sur l'informatique et des propositions pour en sortir .

On pourrait peut etre lui parler de Katie Bouman, informaticienne qui a crée l'algorythme de la 1ère photo d'un trou noir.
Ou encore Margareth Hamilton sans qui l'homme n'aurait pas été sur la Lune...

Bref toujours des clichés....

Arrêtez de faire du mauvais esprit, c'est très sérieux.

D'ailleurs la campagne de communication a déjà commencé :






(Oui, c'est une loupe binoculaire, je sais.)

choup78 a écrit:On pourrait peut etre lui parler de Katie Bouman, informaticienne qui a crée l'algorythme de la 1ère photo d'un trou noir.
Ou encore Margareth Hamilton sans qui l'homme n'aurait pas été sur la Lune...

Bref toujours des clichés....

tu as le rythme dans la peau :



Et puis regardez, c'est de la danse, ça intéresse les filles, non, la danse ? (Je ne sais pas, moi, je ne dois pas être une fille, j'aime les maths et l'info et pas les licornes et je ne fais pas caca des paillettes).

beaverforever a écrit:Arrêtez de faire du mauvais esprit, c'est très sérieux.

D'ailleurs la campagne de communication a déjà commencé :






(Oui, c'est une loupe binoculaire, je sais.)

elle a l'air de vachement abimer les yeux, quand même, ta loupe mimicuculaire (z'avez vu comme je replace judicieusement le "mimi" ?).

Edit : j'ai regardé la vidéo, j'aime beaucoup les boutons adaptés à la cognition féminine (en vrai, ça me ferait vraiment rire si il n'y avait pas tant de gens qui prennent ça au sérieux )

Rigolez pas : si ça se trouve, il va falloir peindre Matignon en rose aussi.

Remaniement: une femme va-t-elle remplacer Édouard Philippe ? pic.twitter.com/3qMdixWSxp

— BFMTV (@BFMTV) July 1, 2020

En tout cas, elle va pouvoir refaire la déco, ça va être tout choupi-mimi après

choup78 a écrit:On pourrait peut etre lui parler de Katie Bouman, informaticienne qui a crée l'algorythme de la 1ère photo d'un trou noir.
Ou encore Margareth Hamilton sans qui l'homme n'aurait pas été sur la Lune...

Bref toujours des clichés....

Ça ne change rien à la faible part des femmes en informatique

Oxford a écrit:

ben2510 a écrit:Dire que Mathiot pense me semble bien optimiste ;
disons qu'il occupe l'espace sonore en proférant des sons.

Excellent :serge: :serge:

Enaeco a écrit:

choup78 a écrit:On pourrait peut etre lui parler de Katie Bouman, informaticienne qui a crée l'algorythme de la 1ère photo d'un trou noir.
Ou encore Margareth Hamilton sans qui l'homme n'aurait pas été sur la Lune...

Bref toujours des clichés....

Ça ne change rien à la faible part des femmes en informatique

Justement si, avoir des exemples de réussites de femmes dans l'informatique aide à changer la situation.

Simeon a écrit:

Enaeco a écrit:

choup78 a écrit:On pourrait peut etre lui parler de Katie Bouman, informaticienne qui a crée l'algorythme de la 1ère photo d'un trou noir.
Ou encore Margareth Hamilton sans qui l'homme n'aurait pas été sur la Lune...

Bref toujours des clichés....

Ça ne change rien à la faible part des femmes en informatique

Justement si, avoir des exemples de réussites de femmes dans l'informatique aide à changer la situation.

Non.
Franchement, je m'en fous complètement de savoir s'il y a des femmes qui ont fait ceci ou cela, et c'était exactement pareil quand j'étais ado ou enfant (voire même plus). D'ailleurs à l'époque, il y avait beaucoup de femmes qui travaillaient dans l'informatique, c'était connu, mais ça ne m'a pas du tout donné envie d'y aller. Et ça ne me dérangeait pas de rêver d'être Newton ou Hubert Reeves, même si je n'étais pas du même sexe!
Dire que : oui, des femmes le font, c'est un peu comme dire : oui, même une femme peut le faire ! Ça peut être ressenti comme essentialisant, et même méprisant.

Pas tout à fait. Comme toi, à titre individuel, ça ne me fait ni chaud ni froid, mais probablement, dans mon cas, parce que j'ai été élevée par des parents qui m'ont démontré qu'on s'en fout. En revanche, montrer des modèles, c'est important pour casser les auto-censures.

Flo44 a écrit:

Simeon a écrit:

Enaeco a écrit:

choup78 a écrit:On pourrait peut etre lui parler de Katie Bouman, informaticienne qui a crée l'algorythme de la 1ère photo d'un trou noir.
Ou encore Margareth Hamilton sans qui l'homme n'aurait pas été sur la Lune...

Bref toujours des clichés....

Ça ne change rien à la faible part des femmes en informatique

Justement si, avoir des exemples de réussites de femmes dans l'informatique aide à changer la situation.

Non.
Franchement, je m'en fous complètement de savoir s'il y a des femmes qui ont fait ceci ou cela, et c'était exactement pareil quand j'étais ado ou enfant (voire même plus). D'ailleurs à l'époque, il y avait beaucoup de femmes qui travaillaient dans l'informatique, c'était connu, mais ça ne m'a pas du tout donné envie d'y aller. Et ça ne me dérangeait pas de rêver d'être Newton ou Hubert Reeves, même si je n'étais pas du même sexe!
Dire que : oui, des femmes le font, c'est un peu comme dire : oui, même une femme peut le faire ! Ça peut être ressenti comme essentialisant, et même méprisant.

C'est beaucoup plus compliqué que ça.

Prenons l'exemple inverse : tous les ans en cours, je fais exprès de parler de caissier, d'infirmier, d'assistant maternel quand je donne des exemples de professions. Et tous les ans, sans exception, j'ai des élèves qui m'interpellent pour me dire que je me suis trompée et qu'on dit une caissière, une infirmière, une assistante maternelle. Pourquoi ? Parce qu'ils ne savent pas ou n'imaginent pas une seconde qu'un homme peut exercer ces professions. Mais vraiment pas : ce n'est même pas que pour eux, ce sont des professions de filles ; certains sont sincèrement convaincus qu'un garçon qui postulerait dans ces professions ne serait pas accepté.


Donc si, avoir des modèles peut grandement contribuer à changer les représentations. Il ne s'agit pas de dire "regardez, même une femme y arrive !", mais plutôt "des femmes ont contribué à faire progresser cette science au même titre que les hommes, bien sûr que d'autres femmes peuvent en faire autant, ce n'est pas réservé aux hommes".

pour les anglophones...

Danska a écrit:
C'est beaucoup plus compliqué que ça.

Prenons l'exemple inverse : tous les ans en cours, je fais exprès de parler de caissier, d'infirmier, d'assistant maternel quand je donne des exemples de professions. Et tous les ans, sans exception, j'ai des élèves qui m'interpellent pour me dire que je me suis trompée et qu'on dit une caissière, une infirmière, une assistante maternelle. Pourquoi ? Parce qu'ils ne savent pas ou n'imaginent pas une seconde qu'un homme peut exercer ces professions. Mais vraiment pas : ce n'est même pas que pour eux, ce sont des professions de filles ; certains sont sincèrement convaincus qu'un garçon qui postulerait dans ces professions ne serait pas accepté.


Donc si, avoir des modèles peut grandement contribuer à changer les représentations. Il ne s'agit pas de dire "regardez, même une femme y arrive !", mais plutôt "des femmes ont contribué à faire progresser cette science au même titre que les hommes, bien sûr que d'autres femmes peuvent en faire autant, ce n'est pas réservé aux hommes".

D'accord, j'ai un peu simplifié, mais c'est vraiment comme cela que je l'ai souvent ressenti. Ça dépend vraiment de la manière dont c'est présenté.
J'aurais vu des interview d'ingénieurs en informatique ou de chercheurs, hommes et femmes, montrant ce qui est passionnant dans le domaine (le fait qu'on apprend tout le temps, le challenge intellectuel, le fait qu'on puisse se plonger complètement dans un problème...), sûr que j'aurai accroché. D'ailleurs connaître une autre élève de mon école qui était en option informatique, mais un an avant, a sans doute un peu contribué à mon changement d'avis. Pas le fait qu'Ada Lovelace ait été la première programmeuse...

En tant qu'étudiante, l'autre déclic a été le cours obligatoire d'informatique de 1ère année (juste après la prépa donc). Contrairement à presque tous les garçons, je n'avais jamais eu d'ordinateur à moi, je n'avais pas trop accroché en prépa (vu que beaucoup de garçons programmaient déjà au moins en Basic et pas moi et que ça comptait très peu voire pas du tout aux concours), et je me sentais un peu en retard par rapport aux garçons. Mais il s'est avéré que finalement, j'ai commencé à trouver que c'était intéressant (on a programmé un parcours d'arbre), et aux évaluations de fin de module, j'étais de loin la meilleure de mon groupe (le groupe des moyens car on avait 3 groupes de niveau : les bons, les moyens, les mauvais), et mon professeur m'a franchement encouragée. L'année suivante, le cours était toujours obligatoire, je me suis retrouvée en binôme avec un garçon, et j'ai vu aussi que finalement, il n'était pas si fort qu'il pouvait le laisser penser. Pareil pour les camarades "grandes gueules", et j'ai perdu mes complexes totalement. Et j'ai osé demander l'option informatique en 3ème année, bien que 2 de mes camarades programmaient en C depuis l'âge de 9 ans (véridique!). Je savais que eux seraient bien meilleurs que moi, mais pas tous mes camarades, et que de toute manière en travaillant je serai capable de rattraper le niveau.
Pour moi c'est vraiment plus le fait d'être obligée d'en faire, même si je pensais que ce n'était pas pour moi, qui m'a ouvert les yeux. Car les garçons pour certains avaient l'air d'avoir un avantage, mais en fait non. Comme j'étais meilleure sur l'abstraction qu'eux, au final c'est moi qui avait un avantage sur eux. Alors que je pensais qu'eux étaient meilleurs,parce qu'ils avaient un PC depuis le collège.

J'ai écouté le podcast cité plus haut, il est vraiment très intéressant et très bien fait. Je suis d'accord avec tout ce qu'elle dit, sauf pour les quotas.

Le plus gros du travail se fait probablement dans les familles. Les petites filles couvées, chouchoutées et habillées comme des poupées, intègrent malgré elles un rôle où fragilité et apparence sont premières. Si on laisse ses filles, comme ses garçons, se balader librement, mettre n'importe quel vêtement (confortable pour l'activité prévue), jouer avec tout ce qui leur tombe sous la main (une de mes filles a eu une période Tortues ninja, très intense et mes filles encore en âge de prendre un menu enfant au macdo choisissent toujours le jouet garçon, bien plus cool selon elles), qu'on exige la même aide à la maison, et qu'ils voient un certain partage des tâches entre les parents/modèles familiaux, ce sera plus simple par la suite de s'autoriser à se diriger vers une carrière "traditionnellement" réservée à l'autre sexe. Les modèles extérieurs peuvent compter mais pas non plus forcément en raison de leur sexe. Si on adore son prof de chimie, son oncle mécano, sa cousine artisan, son coach de gym ou de piano, je pense que c'est la discipline qui l'emporte, pas le fait que c'est un homme ou une femme...

La meilleure amie de ma fille part en formation mécanique, elle a des frères plus jeunes et une maman solo qui bricole, bidouille sa voiture, etc. Et elle est féminine! Son LP d'accueil est ravi, ça "adoucit les classes" d'avoir une ou deux filles, ça calme tout le monde. Je l'ai constaté dans un LP où j'ai exercé, les années où il y avait des filles en section carrosserie, sécurité ou mécanique, c'était vraiment plus sympa. Idem pour les formation santé-social, il y a un CAP petite enfance dans le lycée où je siège en CA, et l'an dernier, il y avait un garçon, qui a bien amélioré l'ambiance habituellement un peu "pestouille" aux dires des collègues.

J'aime le rose mais pas le bleu, suis je une femme? Question très sérieuse sur mon identité sexuelle!!!!

Personne ne doute que quelques filles sont dans ce domaine et ont fait de grandes choses.
Ces deux exemples font plutôt figure d'exception. Ca renforce l'idée première : le domaine de l'informatique est majoritairement masculin.

En revanche, j'aime bien la démarche de Danska mais ça ne marche que dans un sens car on a plutôt tendance à prendre le genre masculin pour le cas général.

EdithW a écrit:La meilleure amie de ma fille part en formation mécanique, elle a des frères plus jeunes et une maman solo qui bricole, bidouille sa voiture, etc.  Et elle est féminine! Son LP d'accueil est ravi, ça "adoucit les classes" d'avoir une ou deux filles, ça calme tout le monde. Je l'ai constaté dans un LP où j'ai exercé, les années où il y avait des filles en section carrosserie, sécurité ou mécanique, c'était vraiment plus sympa. Idem pour les formation santé-social, il y a un CAP petite enfance dans le lycée où je siège en CA, et l'an dernier, il y avait un garçon, qui a bien amélioré l'ambiance habituellement un peu "pestouille" aux dires des collègues.

Et voilà, le retour des clichés. Une fille peut faire du bricolage tout en restant "féminine" (c'est-à-dire ? Maquillage, cheveux bien coiffé, silhouette menue, etc. ?), une fille adoucit l'ambiance quand il n'y a que des mecs sinon, en revanche une classe de filles est de base "un peu pestouille".

Le jour où les clichés n'auront plus court, on ne pensera tout simplement plus à mentionner le sexe des personnes concernées - ou on pourra inverser filles et garçons dans les messages qui précèdent sans que personne ne trouve ça étrange, et ce sera un grand pas en avant.

Enaeco a écrit:Personne ne doute que quelques filles sont dans ce domaine et ont fait de grandes choses.
Ces deux exemples font plutôt figure d'exception. Ca renforce l'idée première : le domaine de l'informatique est majoritairement masculin.

En revanche, j'aime bien la démarche de Danska mais ça ne marche que dans un sens car on a plutôt tendance à prendre le genre masculin pour le cas général.

Ah non, ça marche dans les deux cas : je parle aussi volontairement d'ouvrière plutôt que d'ouvrier quand j'évoque un cas particulier... (si je parle de la PCS en général, évidemment, c'est plus compliqué, mais ça ne m'empêche pas de rappeler autant que possible qu'on trouve des femmes y compris dans les professions les plus masculinisées et de prendre le temps d'expliquer le pourquoi du comment).

Oui dans le cadre d'un exemple, on peut prendre Mme X, mécanicienne.
ça, ça marche.


Par contre, construit par la société ou pas, il y a quand même une réelle différence de profil entre une classe de filles et une classe de garçons, non ?
C'est peut-être un cliché mais il me semble assez proche de la réalité.