Gestion de la crise du Coronavirus dans l'Education Nationale

C'est quoi cette histoire de pré-rentrée BIS ? Complétement idiot ça encore ! Donc on sort du confinement et hop, premier truc : réunion de 250 personnes ( nombre de profs chez nous !) .Bon, une semaine plus tard, on compte les rescapés?

extraits:

"Je souhaite surtout que les familles continuent à être appelées." "


""Il faut que le lien soit maintenu. On va prendre de leurs nouvelles, des nouvelles de leur santé une fois par semaine par mail, SMS ou par téléphone pour également qu'à l'issue de ces vacances, tout le monde soit prêt à reprendre la classe à la maison.""

Je comprends bien l'idée; mais comment dire... la piétaille que je suis sa-tu-re.

dernière phrase de la rectrice:
"Les mêmes centres seront ouverts mais parmi les volontaires qui viennent aider nous espérons, en plus du personnel de l'Education nationale, avoir aussi le soutien d'employés des collectivités et des associations selon des dispositifs qui sont départementaux.""

Comment ça, il y aura moins de PE disponibles pendant les congés? Nan?

(dans les conditions sanitaires actuelles de ces gardes , c'est déjà un miracle qu'il y en ait de l'inconscience)

Franchement, j'ai fait des trucs numériques que je n'aurais jamais pensé faire un jour, un "school drive", je vais envoyer les documents par Docaposte dès que ce sera possible,  mais appeler les familles chaque semaine, j'avoue, ça me gave.
Je ne le fais qu'avec les deux  personnes avec lesquelles je n'ai pas d'autre contact.

Je vais parler pour le lycée (et même uniquement pour les terminales) Il y a un truc un peu énervant avec tout ça, c'est tout l'argumentaire "nous avons perdu des élèves". C'est certain qu'il y a ceux qui n'ont pas accès à internet et ceux dont les conditions sont très difficiles, mais on oublie un peu vite que la très grosse majorité des "perdus", ce sont ceux qu'on avait déjà perdu depuis longtemps, qui ne venaient que parce qu'ils le devaient. Ne mettre aucune responsabilité aux élèves c'est un peu frustrant.

Claës a écrit:Je vais parler pour le lycée (et même uniquement pour les terminales) Il y a un truc un peu énervant avec tout ça, c'est tout l'argumentaire "nous avons perdu des élèves". C'est certain qu'il y a ceux qui n'ont pas accès à internet et ceux dont les conditions sont très difficiles, mais on oublie un peu vite que la très grosse majorité des "perdus", ce sont ceux qu'on avait déjà perdu depuis longtemps, qui ne venaient que parce qu'ils le devaient. Ne mettre aucune responsabilité aux élèves c'est un peu frustrant.

+ 1.

La même remarque s'applique pour le collège : la majorité de mes élèves "perdus" l'étaient déjà bien avant le confinement. Alors, certes, par rapport avant, ça n'ira pas mieux, mais pas moins bien non plus.

Je suis d’accord pour mon cas personnel.
Les élèves qu’on a perdu dans mon collège sont ceux qui décrochaient : absentéisme/ refus de travailler.

Je rappelle que mon cas est particulier : tous les 4/3 ont un portable prête par le conseil départemental et seules 4 familles sur tous les élèves n’ont pas internet.
Et pourtant ...

Claës a écrit:Je vais parler pour le lycée (et même uniquement pour les terminales) Il y a un truc un peu énervant avec tout ça, c'est tout l'argumentaire "nous avons perdu des élèves". C'est certain qu'il y a ceux qui n'ont pas accès à internet et ceux dont les conditions sont très difficiles, mais on oublie un peu vite que la très grosse majorité des "perdus", ce sont ceux qu'on avait déjà perdu depuis longtemps, qui ne venaient que parce qu'ils le devaient. Ne mettre aucune responsabilité aux élèves c'est un peu frustrant.

Je ne vois pas pourquoi tu attends une responsabilité alors qu'on les éduque à n'en avoir aucune et que limite cela devient un gros mot.

Austrucheerrante a écrit:

Claës a écrit:Je vais parler pour le lycée (et même uniquement pour les terminales) Il y a un truc un peu énervant avec tout ça, c'est tout l'argumentaire "nous avons perdu des élèves". C'est certain qu'il y a ceux qui n'ont pas accès à internet et ceux dont les conditions sont très difficiles, mais on oublie un peu vite que la très grosse majorité des "perdus", ce sont ceux qu'on avait déjà perdu depuis longtemps, qui ne venaient que parce qu'ils le devaient. Ne mettre aucune responsabilité aux élèves c'est un peu frustrant.

+ 1.

La même remarque s'applique pour le collège : la majorité de mes élèves "perdus" l'étaient déjà bien avant le confinement. Alors, certes, par rapport avant, ça n'ira pas mieux, mais pas moins bien non plus.

Je fais le même constat que vous. Néanmoins ce qui pour moi est "moins bien" qu'avant, c'est que je ne peux pas être sur leur dos pour les forcer à écrire, les encourager, leur dire "allez allez si je vous propose ce texte/cet exercice c'est que vous pouvez le faire". Cahin-caha j'arrive à en raccrocher certains en classe comme cela. Ce n'est pas la panacée, pour la plupart des élèves les cours de français sont un pensum (lourd passif avant d'arriver en lp), il faut en passer par la notion d'effort et c'est toujours difficile, mais on y arrive un tout petit peu. Là avec la distance le petit peu disparaît. La seule chose que je trouve un peu rassurante, c'est de me dire que ce constat justifie le maintien du coeur du métier: la présence, le contact humain en direct, et pas ces moyens techniques dont tout le monde ne dispose pas et qui perd peut-être les mêmes élèves qu'avant, mais encore plus vite et pour encore plus longtemps.

Claës a écrit:Je vais parler pour le lycée (et même uniquement pour les terminales) Il y a un truc un peu énervant avec tout ça, c'est tout l'argumentaire "nous avons perdu des élèves". C'est certain qu'il y a ceux qui n'ont pas accès à internet et ceux dont les conditions sont très difficiles, mais on oublie un peu vite que la très grosse majorité des "perdus", ce sont ceux qu'on avait déjà perdu depuis longtemps, qui ne venaient que parce qu'ils le devaient. Ne mettre aucune responsabilité aux élèves c'est un peu frustrant.

Clairement. Nous avons fait un sondage auprès des terminales. Aucune difficulté d'accès soulignée. En revanche dans les commentaires, ils sont francs, ce sont des sympas, ce que soulignent les élèves c'est la difficulté à se mettre au travail quand les tentations sont si proches, l'obligation si vague, et la nécessité si floue. Je reçois le (léger) travail demandé des 2/3 d'entre eux...

zigmag17 a écrit:
ce constat justifie le maintien du coeur du métier: la présence, le contact humain en direct, et pas ces moyens techniques dont tout le monde ne dispose pas et qui perd peut-être les mêmes élèves qu'avant, mais encore plus vite et pour encore plus longtemps.

Ah oui, on ne va plus figurer en haut de la liste des métiers qu'on pourrait avantageusement remplacer par quelques mooc bien pensés pour le coup !

Ma fille est en 4ème, c'est une très bonne élève, sérieuse.

Elle a la "chance" d'être suivie à la maison par moi, puisque je télé-travaille. Et c'est galère ... Je dois l'aider à récupérer son travail sur l'ENT (mis un peu partout, entre l'emploi du temps, les devoirs à faire, l'espace des classes, certains padlets) et même avec mon aide, nous n'avons pas toujours réussi à récupérer le travail pour le rendre dans les temps.
Parce qu'il y a des délais aussi ... Là, mardi, elle a reçu un mail d'un prof car elle aurait dû rendre un travail lundi mais l'a fait et rendu mardi ... (mail avec 3 points d'exclamation ... )

Et elle sature un peu, à la fois de la pression, du manque de consignes parfois claires (j'avoue rester parfois sèche devant les consignes de certains collègues que je ne comprends pas moi-même ... ).

Donc, prenez des élèves (sérieux, pas sérieux habituellement), souvent seuls chez eux (j'en ai beaucoup qui sont seuls à la maison), parfois pas d'ordi, certes des tablettes mais franchement travailler sur tablette, c'est galère (bon chez nous, le problème est résolu, pas de distribution de tablettes dans mon académie) ou uniquement des téléphones portables (et là, je ne ferai même aucun commentaire), et vous vous attendez à quoi ?
A ce que ces élèves, souvent déjà en difficulté avec l'encadrement professoral au collège, prennent des initiatives pour organiser leur temps de travail ? Ou réussissent à aller sur les différents supports pour trouver tous les documents ?

Je suis très en colère contre cette prétendue continuité pédagogique ...

En Belgique, une circulaire du ministre de l'Education Nationale interdit d'apprendre de nouvelles notions durant le temps de confinement. Il n'y a que des révisions qui doivent être faites.
Ok nous aurions perdu du temps sur nos sacro-saints programmes. Mais sommes-nous en train d'en gagner ?

Eliette a écrit:

Claës a écrit:Je vais parler pour le lycée (et même uniquement pour les terminales) Il y a un truc un peu énervant avec tout ça, c'est tout l'argumentaire "nous avons perdu des élèves". C'est certain qu'il y a ceux qui n'ont pas accès à internet et ceux dont les conditions sont très difficiles, mais on oublie un peu vite que la très grosse majorité des "perdus", ce sont ceux qu'on avait déjà perdu depuis longtemps, qui ne venaient que parce qu'ils le devaient. Ne mettre aucune responsabilité aux élèves c'est un peu frustrant.

Clairement. Nous avons fait un sondage auprès des terminales. Aucune difficulté d'accès soulignée. En revanche dans les commentaires, ils sont francs, ce sont des sympas,  ce que soulignent les élèves c'est la difficulté à se mettre au travail quand les tentations sont si proches, l'obligation si vague, et la nécessité si floue. Je reçois le (léger) travail demandé des 2/3 d'entre eux...

J'ai le même retour pour les miens (bons élèves). Pour un cours connecté ou un travail en ligne en temps limité type QCM, ils sont autant connectés que présents un jour de lycée en présentiel mais ils ont du mal à gérer les temps en autonomie (un peu comme au lycée en fait, c'est pour ça que je laisse très peu d'autonomie hors TP). Mais pour eux, je pense que les conséquences seront minimes, voire ils auront progressé sur l'autonomie et les très bons sont même contents de "moins perdre leur temps". Classique, quoi, les écarts se creusent en situation exceptionnelle.

zigmag17 a écrit:Je fais le même constat que vous. Néanmoins ce qui pour moi est "moins bien" qu'avant, c'est que je ne peux pas être sur leur dos pour les forcer à écrire, les encourager, leur dire "allez allez si je vous propose ce texte/cet exercice c'est que vous pouvez le faire". Cahin-caha j'arrive à en raccrocher certains en classe comme cela. Ce n'est pas la panacée, pour la plupart des élèves les cours de français sont un pensum (lourd passif avant d'arriver en lp), il faut en passer par la notion d'effort et c'est toujours difficile, mais on y arrive un tout petit peu. Là avec la distance le petit peu disparaît. La seule chose que je trouve un peu rassurante, c'est de me dire que ce constat justifie le maintien du coeur du métier: la présence, le contact humain en direct, et pas ces moyens techniques dont tout le monde ne dispose pas et qui perd peut-être les mêmes élèves qu'avant, mais encore plus vite et pour encore plus longtemps.

Je souscris totalement !

Un élève m'a expliqué que pour sécher un cours, dorénavant, il suffisait de fermer l'onglet.

J'ai renoncé à toute velléité de les mettre au travail, ne bossent que ceux qui le souhaitent.

Mon fils qui bosse en classe virtuelle : allongé sur le lit devant l'écran d'ordi et le portable à la main pour discuter avec les copains qui suivent le même cours...l'exercice demandé est copié/collé entre et rendu au collègue...le baccalauréat ? Quel baccalauréat ? Il fait office de s'y mettre histoire d'avoir de bonnes appréciations de suivi et d'assiduité dans les bulletins du 3ème trimestre. Le grand faux semblant....

amalricu a écrit:Mon fils qui bosse en classe virtuelle : allongé sur le lit devant l'écran d'ordi et le portable à la main pour discuter avec les copains qui suivent le même cours...l'exercice demandé est copié/collé entre et rendu au collègue...le baccalauréat ? Quel baccalauréat ? Il fait office de s'y mettre histoire d'avoir de bonnes appréciations de suivi et d'assiduité dans les bulletins du 3ème trimestre.  Le grand faux semblant....

Quelle mascarade ! Et le collègue naïf qui pense que ses élèves sont sages et travailleurs, même les décrocheurs parce que lui sait faire !

frimoussette77 a écrit:

amalricu a écrit:Mon fils qui bosse en classe virtuelle : allongé sur le lit devant l'écran d'ordi et le portable à la main pour discuter avec les copains qui suivent le même cours...l'exercice demandé est copié/collé entre et rendu au collègue...le baccalauréat ? Quel baccalauréat ? Il fait office de s'y mettre histoire d'avoir de bonnes appréciations de suivi et d'assiduité dans les bulletins du 3ème trimestre.  Le grand faux semblant....

Quelle mascarade ! Et le collègue naïf qui pense que ses élèves sont sages et travailleurs, même les décrocheurs parce que lui sait faire !

Certains collègues se targuent d'avoir beaucoup de retours, que les élèves rendent des travaux ou sont présents en masse pour les classes virtuelles. J'hésite entre agacement et admiration...

amalricu a écrit:Mon fils qui bosse en classe virtuelle : allongé sur le lit devant l'écran d'ordi et le portable à la main pour discuter avec les copains qui suivent le même cours...l'exercice demandé est copié/collé entre et rendu au collègue...le baccalauréat ? Quel baccalauréat ? Il fait office de s'y mettre histoire d'avoir de bonnes appréciations de suivi et d'assiduité dans les bulletins du 3ème trimestre.  Le grand faux semblant....

Bien résumé.

Vous allez croire que ça n'a rien à voir mais là, je suis très en colère intérieurement contre mon propre conjoint :

Spoiler:

Bref, j'ai honte. Les collègues sont bien naïfs ...
Les cours en visio conférence sont aussi à mourir de rire ... suivis à 8h du matin en pyjama dans le lit avec a parte au téléphone avec les copains pendant que le prof parle tout seul ...

Ce qui est chouette, c'est que les mêmes collègues qui ont honte de la profession ici ont également honte des collègues qui déclarent que dorénavant, ils allégeront leurs cours pour éviter justement ce genre de situation. Du coup je suis perdue, il faut qu'on m'explique : on doit faire de grands efforts et se donner à fond pour travailler ou bien tout arrêter parce qu'on se ridiculise ?

Mon message prête à confusion : j'ai honte ... de mon conjoint !!!

Ah, ok. Cela dit, tu dis toi-même (ainsi que d'autres Néos avant toi, et je suis d'accord) que certains collègues sont bien naïfs, donc ma question demeure : on doit continuer à travailler comme si de rien n'était, quitte à être les dindons de la farce et à se ridiculiser, ou bien lever le pied, quitte à passer pour des fainéants ?

anthinéa a écrit:Je suis d’accord pour mon cas personnel.
Les élèves qu’on a perdu dans mon collège sont ceux qui décrochaient : absentéisme/ refus de travailler.

Je rappelle que mon cas est particulier : tous les 4/3 ont un portable prête par le conseil départemental et seules 4 familles sur tous les élèves n’ont pas internet.
Et pourtant ...

Même constat ici. Nous avons environ 2 élèves "perdus" par classe après le recensement fait la semaine dernière. Les deux pour la classe dont je suis prof principale étaient déjà perdus et en décrochage avant le confinement.
En ce qui concerne les bons et les très bons, ils seront toujours bons et très bons après. Le problème en fait, concerne les élèves dits "moyens". C'est pour eux que la "casse" sera la plus importante.

amalricu a écrit:Mon fils qui bosse en classe virtuelle : allongé sur le lit devant l'écran d'ordi et le portable à la main pour discuter avec les copains qui suivent le même cours...l'exercice demandé est copié/collé entre et rendu au collègue...le baccalauréat ? Quel baccalauréat ? Il fait office de s'y mettre histoire d'avoir de bonnes appréciations de suivi et d'assiduité dans les bulletins du 3ème trimestre.  Le grand faux semblant....

Idem à peu de choses près pour un de mes neveux, déjà bien content d'être du dernier millésime pré-réforme qu'on allait donc "ménager"...
L'annonce de la fin de la semaine dernière (prise en compte du seul contrôle continu en terminale), ça été "la cerise sur le gâteau" !!!

Danska a écrit:Ah, ok. Cela dit, tu dis toi-même (ainsi que d'autres Néos avant toi, et je suis d'accord) que certains collègues sont bien naïfs, donc ma question demeure : on doit continuer à travailler comme si de rien n'était, quitte à être les dindons de la farce et à se ridiculiser, ou bien lever le pied, quitte à passer pour des fainéants ?

Les élèves n'ont pas besoin du confinement pour prendre leurs profs pour des dindons.
Je suis payé pour faire de la continuité pédagogique, je le fais. Ceux qui ne rendent pas les travaux sont autant qui ne pourront dire que j'ai glandé (et me donnent moins de travail de correction).