[reportage Infrarouge] Devenir instits

gauvain31 a écrit:

scot69 a écrit:Même impression que vous: où est le problème de faire du frontal? en quoi est-ce mal de transmettre un savoir? Et puis alors ce gloubi-boulga de langues étrangères, c'était un peu indigeste.

Il y a une part d'idéologie post-68 dans ces propos. Le profs doit "se mettre à égalité avec les élèves" ... c'est un "médiateur". Transmettre un savoir , c'est se mettre en position de supériorité vis à vis d'un élèves qui est ignorant. Pour certains ,  c'est de la "domination fasciste" , et c'est pô bien, c'est le Front National... . tu comprends?????  :|

Heureusement je pense pour en avoir discuter avec des stagiaires, que ce type d'idéologie est en train de disparaître. Les formateurs du moins en SVT à Toulouse ne sont que des gens de terrain agrégés pour qui le savoir veut dire encore quelque chose. Et les étudiants en sont très contents

Après il faut se dire que les modes, ça va , ça vient. On assiste probablement à un changement de mentalité dans certains IUFM/ ESPE. Le renouvellement des formateurs fera en sorte à ce que ce changement se fasse. Mais il restera encore ce type de mentalité (problème du frontal, etc.) qui pour moi est désormais hors du temps.

Je confirme que le renouvellement des formateurs va de pair avec ce renouvellement des idéologies, pour moi clairement on revient à du cadre et de la structure.

A 38mn le directeur de l'ESPE qui dit "quand vous êtes enseignant vous pensez tout le temps à vos classes, un enseignant quand il est en vacances il pense à ses élèves" mdr je dois être une bien mauvaise prof alors

Madame-de-Pierre a écrit:A 38mn le directeur de l'ESPE qui dit "quand vous êtes enseignant vous pensez tout le temps à vos classes, un enseignant quand il est en vacances il pense à ses élèves" mdr je dois être une bien mauvaise prof alors

Oui, comme dit plus haut , l'idéologie  sous-jacente du "métier pas comme les autres", sorte de sacerdoce, fonctionne à plein pot dans ce reportage. Les poncifs sont enfilés comme des perles, sur la vocation, l'enseignement frontal, les connaissances  disciplinaires. Il ne manque plus que les "étoiles dans les yeux des élèves" pour avoir la tarte à la crème complète. Ce qu'ils oublient de  dire, c'est que les concours font le plein dans les régions demandées  (Aquitaine, Bretagne...), qui sont en outre à fort chômage,  mais qu'il faut taper très loin dans la liste complémentaires des académies repoussoir, prendre des contractuels, et encore ne pas être trop regardant sur le niveau réel. Ca relativiserait le discours lénifiant des sachants qui s'expriment, et celui, très certainement très contrôlés, des sélectionnés qui s'expriment.

Lefteris a écrit:Il ne manque plus que les "étoiles dans les yeux des élèves" pour avoir la tarte à la crème complète.

On a "les étincelles", non ?

Rendash a écrit:

Lefteris a écrit:Il ne manque plus que les "étoiles dans les yeux des élèves" pour avoir la tarte à la crème complète.

On a "les étincelles", non ?

J'ai dû louper le passage, ayant  parfois mis en accéléré par sauts de 10 secondes. Donc, j'ai peut-être loupé quelques autres passages où ils ont sauté à pieds joints dans les clichés éculés.

Tout  fait par hasard, on a choisi l'académie de Créteil , 5000 postulants, regardez comme tout le monde se précipite,  et on écrème comme des bêtes ... ben voyons...

J'en suis à 10 min de visionnage et je me pose une question (enfin une parmi beaucoup d'autres mais bon)... Appel a donné de l'argent pour qu'on fasse de la pub dans le reportage ? Ou c'est juste histoire de dire regardez venez travailler comme prof et vous pourrez vous payer un MacBook ? On a le plan avec la formatrice est a côté pendant une longue séquence le Mac en plein dans le champs de vision. Ensuite le gros plan sur l'étudiante avec la petite sirène qui tient la pomme dans ses mains...
Je pense que ce reportage va m'apprendre plein de choses mais pas forcément sur le métier d'enseignant... "Manipulation des foules" ou comment monter une vidéo bidon dans un but de propagande.
Merci France Télévision pour ce reportage très instructif....

Je suis bien d'accord pour dire que ce reportage comporte des clichés mais honnêtement je le trouve assez proche de la réalité et de ce que j'ai vécu à l'ESPE. Le seul truc qui m'a vraiment choqué c'est la manière avec laquelle les formateurs s'adressent aux PE, j'avais déjà entendu dire qu'ils étaient infantilisés ba là je comprend pourquoi. En regardant ce reportage je n'ai pas l'impression de voir de la propagande pro Education Nationale mais peut-être est-ce parce que je suis moi-même prof et que je connais l'envers du décor qui n'est pas beaucoup montré.

Verdurette a écrit:Tout  fait par hasard, on a choisi l'académie de Créteil , 5000 postulants, regardez comme tout le monde se précipite,  et on écrème comme des bêtes ... ben voyons...

Certes mais c'est l'inspé du val de marne et non de seine Saint Denis. Par ailleurs, les classes filmées ne sont pas issues toutes de banlieues ultra défavorisées. Beaucoup de stagiaires peuvent se retrouver dans ce documentaire. Toutefois j'admets que tout n'est pas montré.

J'ai trouvé ce reportage pas trop mal (pour une fois).

Je viens de regarder ce documentaire. Effectivement, en tant que stagiaire je le trouve assez conforme à ma réalité. Je me retrouve pas mal dans ces collègues PE pour qui ça tourne plutôt bien dans en classe (quoique... quelques scènes de galère auraient rendu le truc plus réaliste) mais qui s'épuisent à la préparation de cours / correction / gestion de classe / mémoire / INSPE, lequel nous promet d'apporter une aide "au long terme" mais "pas vraiment pour cette année de stage" (c'est un peu dommage, pour une année de formation).

Pour les collègues qui s'interrogent sur le côté infantilisant, c'est malheureusement la constante dans mon INSPE en tout cas. Jusqu'à la formation d'avant les vacances de Noël où on leur apprend faire de la relaxation (nous, on nous a fait faire des jeux de types "pose un post it sur le front de ton camarade et pose des questions pour savoir quel est ton personnage"...) alors que ça nous détendrais bien plus de s'épargner les 2h de trajet pour venir. Et c'est sans même aborder la formation délirante où on m'a posé des gomettes sur le front, demandé de faire un monochrome (prof d'anglais ici) avant de me demander de m'assoir sur les genoux d'un inconnu (j'ai dit non).

Donc l'infantilisation, elle est bien là, et c'est pour ça que j'ai trouvé le conseil de titularisation glaçant : tous les jours à l'INSPE, on contient notre agacement parce que le chantage à la titularisation, il est bien là aussi, et le chantage émotionnel également : si t'as pas l'air suffisament emballé ou même amusé par une formation, on sent bien que tu sors du cadre.

Bref, un reportage très proche de la réalité, et je suis fatiguée.

Triste de savoir Roseate qu'en 20-30 ans rien n'a changé pour certains ESPE dans le primaire ; cette attitude infantilisante pose beaucoup questions pas qu'en en terme de positionnement d'un adulte vis à vis d'un autre adulte, mais aussi sur la façon dont une institution envisage une formation professionnalisante. Les ESPE et certains formateurs ont encore un énorme travail à faire sur eux-mêmes. Comme je l'ai dit, dans le secondaire en SVT, cela ne pose pas de problèmes, mais ça dépend des disciplines. En Mathématiques à Toulouse, les stagiaires sont unanimes... contre leur formateurs qui les infantilisent et leur mettent une pression pas possible.

alanne a écrit:

Verdurette a écrit:Tout  fait par hasard, on a choisi l'académie de Créteil , 5000 postulants, regardez comme tout le monde se précipite,  et on écrème comme des bêtes ... ben voyons...

Certes mais c'est l'inspé du val de marne et non  de seine Saint Denis. Par ailleurs, les classes filmées ne sont pas issues toutes de banlieues ultra défavorisées. Beaucoup de stagiaires peuvent se retrouver dans ce documentaire. Toutefois j'admets que tout n'est pas montré.

J'ai trouvé ce reportage pas trop mal (pour une fois).

Du Val-de-Marne ? Torcy est en Seine-et-Marne…

roseate a écrit:Donc l'infantilisation, elle est bien là, et c'est pour ça que j'ai trouveé le conseil de titularisation glaçant : tous les jours à l'INSPE, on contient notre agacement parce que le chantage à la titularisation, il est bien là aussi, et le chantage émotionnel également : si t'as pas l'air suffisament emballé ou même amusé par une formation, on sent bien que tu sors du cadre.

Étant donné les intervenants, je suppose qu'il doit s'agir d'une commission interne qui détermine l'avis du directeur de l'ESPE, pas du vrai jury de titularisation (présidé au nom du recteur). Ce dernier dispose de plusieurs avis (inspecteur, supérieur hiérarchique directe, ESPE) et peut donc s'asseoir sur l'avis de l'ESPE si le service en école ou en EPLE est satisfaisant. J'ai eu écho d'un inspecteur disant (presque) ouvertement qu'il n'avait rien à cirer de l'avis de l'ESPE.

gauvain31 a écrit:Triste de savoir Roseate qu'en 20-30 ans rien n'a changé pour certains ESPE dans le primaire ; cette attitude infantilisante pose beaucoup questions pas qu'en en terme de positionnement d'un adulte vis à vis d'un autre adulte, mais aussi sur la façon dont une institution envisage une formation professionnalisante. Les ESPE et certains formateurs ont encore un énorme travail à faire sur eux-mêmes. Comme je l'ai dit, dans le secondaire en SVT, cela ne pose pas de problèmes, mais ça dépend des disciplines. En Mathématiques à Toulouse, les stagiaires sont unanimes... contre leur formateurs qui les infantilisent et leur mettent une pression pas possible.

Un collègue ex PE devenu prof dans le secondaire a dû repasser par l'ESPE mais cette fois dans le secondaire il m'a dit qu'il avait apprécié qu'on l'infantilisait bien moins et que les collègues étaient moins "idéalisant" à propos de l'inspecteur qui semblait ne jamais être remis en question au primaire (selon ses dires). Pour ma part je sais qu'à l'ESPE dans le secondaire on était plutôt disons acerbe vis-à-vis de beaucoup d'intervenants certains se sentaient même parfois obligés de "défendre" leur point de vue (le terme est un peu exagéré mais voilà l'idée).

gauvain31 a écrit:Triste de savoir Roseate qu'en 20-30 ans rien n'a changé pour certains ESPE dans le primaire ; cette attitude infantilisante pose beaucoup questions pas qu'en en terme de positionnement d'un adulte vis à vis d'un autre adulte, mais aussi sur la façon dont une institution envisage une formation professionnalisante. Les ESPE et certains formateurs ont encore un énorme travail à faire sur eux-mêmes. Comme je l'ai dit, dans le secondaire en SVT, cela ne pose pas de problèmes, mais ça dépend des disciplines. En Mathématiques à Toulouse, les stagiaires sont unanimes... contre leur formateurs qui les infantilisent et leur mettent une pression pas possible.

Bonjour la notion de « formation professionnelle » quand certains considèrent les stagiaires comme on ne sait pas trop quoi (parce que bon, de certains récits que j'ai eus encore la semaine écoulée, si les formateurs en question traitent leurs élèves comme ça, il faudrait d'urgence leur retirer leurs élèves) et ne fonctionnent que par la pression et le harcèlement. Et je pèse mes mots.

Je viens de regarder le reportage et je l'ai trouvé très intéressant. On voit bien le décalage entre les besoins des enseignants stagiaires et ce que leur apportent les formateurs. On voit effectivement peu d'élèves difficiles mais peut-être est-il compliqué de se laisser filmer, en tant que prof, dans une classe où l'on ne parvient pas à gérer les élèves difficiles.
Je n'ai pas trouvé que tous les formateurs étaient décalés mais j'ai tout de même halluciné devant deux scènes :
- la formatrice qui vient observer la collègue qui fait de l'anglais avec ses élèves et qui lui reproche un enseignement frontal (alors même qu'on parle de jeunes enfants n'ayant que très peu de connaissances en anglais et qui ont donc besoin qu'on leur transmette du savoir) ;
- le directeur de la formation qui explique que les connaissances sont partout (internet, les parents) et que le rôle de l'enseignant est d'apprendre la curiosité, le respect des autres, la tolérance, l'écoute. Je suis en total désaccord avec cela, en tant que prof et en tant que parent : en caricaturant, le rôle de la maîtresse de mon fils est de lui apprendre les multiplications, moi, je dois lui apprendre à écouter en classe, à être poli, respectueux...

Sinon, à titre personnel, revoir le bâtiment de l'ESPE m'a rappelé des souvenirs (de bons souvenirs car j'y ai rencontré des amis quand j'étais stagiaire).

"Exprimez vos émotions en classe..."

La prochaine fois, je demanderai à mon garagiste comment il se sent quand il effectue mon contrôle technique.

Voyons, tu ne vas tout de même pas comparer le plus beau métier du monde à un vulgaire métier technique que l'on fait pour avoir de quoi manger pendant tout le mois…

pseudo-intello a écrit:"Exprimez vos émotions en classe..."

La prochaine fois, je demanderai à mon garagiste comment il se sent quand il effectue mon contrôle technique.

Une fois en fin de formation, on m'a donné une feuille avec des émoticones sous forme de chats, et on m'a demandé comme "Chat allait". (mais sinon on nous répète à tous les cours qu'on est des "collègues", "sur un plan d'égalité", donc tout va bien).

D’où ton avatar...

:sourit: mon avatar = ma tête, 2 jours par semaine face à mes animateurs formateurs.

Entre tout ce temps consacré aux élections des délégués (avec vraies enveloppes siouplaît), la nana qui se débrouille super bien mais qui et "trop frontale" (et c'est mal !). Quand elle répète les propos de l'élève hispanophone, elle "lui enlève son identité".

D’ailleurs, c'est intéressant de voir qu'une nana particulièrement à l'aise pour une stagiaire, niveau tenue de classe, charisme... est chanteuse dans un groupe de musique. Donc elle ne part pas de zéro. Ce n’est pas une critique, ça montre juste que tout s'apprend. D'ailleurs, son accent anglais qui me paraît très satisfaisant, a sans doute été travaillé et et entretenu davantage grâce à ça que grâce aux cours de l'ESPE).

Que la "prof d’émotions" descende en flèche une jeune stagiaire parce qu'elle la trouve désinvolte et a "eu de mots" avec elle, c'est lolesque. La paille et la poutre. Après, on balance aux stagiaires qu'il n'y a pas de mystère, pour être respecté, il faut faire des cours intéressants...

Ah ben, cette jeune femme, vu son physique, ses capacités, ce charisme immédiat, si elle est là, c'est qu'elle a la vocation. On devrait lui dérouler le tapis rouge plutôt que lui chercher des poux dans la tête.

Je ne critique pas du tout cette jeune femme, je critique le fait qu'on passe davantage de temps à casser les pieds des autres avec des trucs inutiles plutôt que de leur faire travailler ces qualités concrètes et vitales.

Ceux qui savent déjà, sauront (et tant mieux pour eux, pour leurs écoles et leurs élèves). Ceux qui piétinent de frustration et aimeraient des vrais cours au lieu de  l'auto-questionnement à deux balles, ils ne seront pas validés parce que les formateurs sous herbe les trouveront vilains.

pseudo-intello a écrit:Après, on balance aux stagiaires qu'il n'y a pas de mystère, pour être respecté, il faut faire des cours intéressants...

Le respect s’acquiert (ou pas) il est vrai mais la politesse doit être de mise pour le moins.

pseudo-intello a écrit:Je ne critique pas du tout cette jeune femme, je critique le fait qu'on passe davantage de temps à casser les pieds des autres avec des trucs inutiles plutôt que de leur faire travailler ces qualités concrètes et vitales.

Ceux qui savent déjà, sauront (et tant mieux pour eux, pour leurs écoles et leurs élèves). Ceux qui piétinent de frustration et aimeraient des vrais cours au lieu de  l'auto-questionnement à deux balles, ils ne seront pas validés parce que les formateurs sous herbe les trouveront vilains.

Mon message allait dans ce sens-là, je parlais de la formatrice.

Nous sommes donc d'accord.