- SheldonNiveau 9
Bonjour.
Un article du site "Un bruit blanc".
https://www.unbruitblanc.com/societe/un-prof-ca-demissionne-ou-ca-ferme-sa-gueule/
" Je suis enseignant en lycée depuis bientôt 30 ans et je n’ai jamais rien écrit sur l’Education nationale. Il me semblait à la fois impudique et impudent de parler des « problèmes » de l’école en France à partir de ma situation personnelle. Mais à force d’entendre depuis des décennies les mêmes phrases creuses, les mêmes affirmations spectaculairement fausses, les mêmes envolées lyriques grotesques, j’ai fini par me convaincre qu’en fin de compte, chacun devrait exprimer son expérience avec la plus grande candeur possible.
Oui, avec candeur car je suis très frappé par le décalage énorme entre les propos que les enseignants tiennent entre eux et le discours formaté qu’ils diffusent à l’extérieur. La raison en est très simple : il est extraordinairement difficile de reconnaître qu’on est largué, découragé, impuissant. "
Un article du site "Un bruit blanc".
https://www.unbruitblanc.com/societe/un-prof-ca-demissionne-ou-ca-ferme-sa-gueule/
" Je suis enseignant en lycée depuis bientôt 30 ans et je n’ai jamais rien écrit sur l’Education nationale. Il me semblait à la fois impudique et impudent de parler des « problèmes » de l’école en France à partir de ma situation personnelle. Mais à force d’entendre depuis des décennies les mêmes phrases creuses, les mêmes affirmations spectaculairement fausses, les mêmes envolées lyriques grotesques, j’ai fini par me convaincre qu’en fin de compte, chacun devrait exprimer son expérience avec la plus grande candeur possible.
Oui, avec candeur car je suis très frappé par le décalage énorme entre les propos que les enseignants tiennent entre eux et le discours formaté qu’ils diffusent à l’extérieur. La raison en est très simple : il est extraordinairement difficile de reconnaître qu’on est largué, découragé, impuissant. "
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" En tant que Physicien, j'ai une connaissance étendue de l'Univers et de tout ce qu'il contient." - Moi
- ShajarVénérable
Très bel article, que devrait lire toute personne qui prétend travailler sur l'enseignement.
J'en retiens tout particulièrement ce passage, parfait résumé de la situation institutionnelle de l'EN :
Ainsi que celui-ci, sur les élèves que tout le monde oublie et qui sont pourtant ceux vers qui devrait avant tout tendre notre enseignement : les calmes et respectueux.
J'en retiens tout particulièrement ce passage, parfait résumé de la situation institutionnelle de l'EN :
Tous ceux qui connaissent l’Education nationale de l’intérieur le savent : un proviseur veut être bien vu par son recteur et le recteur veut être bien vu de son ministre. C’est la raison pour laquelle les débats sur l’autonomie des établissements sont une vaste blague. Quand on parle d’autonomie des établissements, on envisage en fait d’augmenter les pouvoirs des chefs d’établissements. Etant donné que ces derniers sont étroitement contrôlés par le pouvoir politique, ce qu’on appelle autonomie des établissements aboutirait en fait à un renforcement du pouvoir hiérarchique sur les enseignants. Quant à ces derniers, ils ne tiennent généralement aucun compte de ce que leur disent les chefs d’établissements puisqu’on les somme de faire une chose puis son contraire tout en faisant mine de n’y voir aucune contradiction.
Ainsi que celui-ci, sur les élèves que tout le monde oublie et qui sont pourtant ceux vers qui devrait avant tout tendre notre enseignement : les calmes et respectueux.
[/quote]
Au quotidien, faire cours c’est tenter de capter l’attention d’une trentaine d’élèves qui parlent, ricanent, manipulent leur téléphone portable, baillent, dessinent, se font des couettes, etc. La vérité est que les enseignants, sauf cas particulier, n’ont pas peur d’aller au travail. En revanche, ils savent qu’une très grande partie de leur temps de travail va être consacré à des « activités » qui n’ont rien à voir avec l’enseignement et pour lesquelles ils ne sont pas formés. Ils vont devoir expliquer pour la 44ème fois à tel élève de lycée qu’il n’a pas le droit de se servir de son portable en cours. Ils vont devoir interrompre leur cours toutes les dix minutes pour réclamer, non pas le silence, mais un bruit de fond un peu moins important.
Bien sûr, cela ne se passe pas ainsi dans toutes les classes, à chaque séance, tous les jours. Mais c’est néanmoins la réalité la plus quotidienne du métier. Qui en souffre ? Comme toujours, les nombreux élèves qui n’utilisent pas leur portable en cours, qui ne discutent pas, ne ricanent pas. Mais si vous avez une classe de 35 élèves et que 12 d’entre eux se comportent mal, vous passerez votre temps à vous « occuper » de ces 12 perturbateurs, pas des 23 élèves consciencieux.
- BalthazaardVénérable
Tu n'as jamais entendu parler du concept ipro-formateuresque de "bruit pédagogique"? ( non ce n'est pes le bruit que fait le prof en parlant aux élèves...enfin pas encore..)
- Pat BÉrudit
Un bon article. Tout à fait conforme à ce qu'on vit tous... avec la nécessité de ne surtout pas dire que ça ne va pas.
Il oublie juste un argument, dans la logique de plus en plus concurrentielle de l'EN : si on commence à dire que ça ne va pas, on nuit à la réputation de l'établissement, et les élèves iront ailleurs... (pression qu'on ressent énormément dans le privé) - et le cde sera mal vu, aussi, certes.
Il oublie juste un argument, dans la logique de plus en plus concurrentielle de l'EN : si on commence à dire que ça ne va pas, on nuit à la réputation de l'établissement, et les élèves iront ailleurs... (pression qu'on ressent énormément dans le privé) - et le cde sera mal vu, aussi, certes.
- acsyleNiveau 10
J'aurais pu écrire cet article moi-même.
Une petite anecdote : jeudi dernier je suis allé dans un CIO, pour avoir des infos . Je voudrais en effet me reconvertir mais comme je suis dans le flou je vais à la pêche aux infos.
Je pensais une fois arrivé, que moi et la conseillère attaquerions directement dans le vif du sujet et chercherions quelles pistes de métier choisir.
Mais non.
Il m'aura fallu pendant presque 15-20 minutes expliquer pourquoi je veux changer de métier (j'avais un peu l'impression de devoir me justifier d'une faute, mais bon...) mais surtout, surtout, elle ne comprenait sincèrement pas ce que j'entendais par "épuisé". Pour elle la seule raison potentiellement valable à cette reconversion, c'est la gestion des élèves difficiles. Mais tout le reste, non, elle ne se le réalisait pas. Même en lui expliquant les conditions de travail, la charge, le rythme, etc. Non. J'ai eu beau lui dire que je n’étais pas une exception, non, elle ne comprenait pas. Même en me disant qu'elle et ses collègues passaient dans les classes et que les profs lui tenaient le même discours...non.
On en est là. Des professionnels de l'orientation qui ne voient pas le problème lorsque des profs leur expliquent vouloir partir. On dirait une sorte de déni, de voile sur les yeux, comme si les gens de l'extérieur se mentaient à eux-même, refusant d'admettre la réalité. Le pire c'est qu'elle ne semblait pas de mauvaise foi...de manière consciente.
Ca en dit long sur la vision qu'ont les gens de notre métier. Et autant cette vision biaisée du métier, ça ne me choque pas venant du quidam moyen qui reste plongé dans son bureau, la tête collée à son écran toute la journée. Autant là...venant de quelqu'un censé connaître les différents métiers ET qui passe en plus dans des écoles...
L'angoisse.
Une petite anecdote : jeudi dernier je suis allé dans un CIO, pour avoir des infos . Je voudrais en effet me reconvertir mais comme je suis dans le flou je vais à la pêche aux infos.
Je pensais une fois arrivé, que moi et la conseillère attaquerions directement dans le vif du sujet et chercherions quelles pistes de métier choisir.
Mais non.
Il m'aura fallu pendant presque 15-20 minutes expliquer pourquoi je veux changer de métier (j'avais un peu l'impression de devoir me justifier d'une faute, mais bon...) mais surtout, surtout, elle ne comprenait sincèrement pas ce que j'entendais par "épuisé". Pour elle la seule raison potentiellement valable à cette reconversion, c'est la gestion des élèves difficiles. Mais tout le reste, non, elle ne se le réalisait pas. Même en lui expliquant les conditions de travail, la charge, le rythme, etc. Non. J'ai eu beau lui dire que je n’étais pas une exception, non, elle ne comprenait pas. Même en me disant qu'elle et ses collègues passaient dans les classes et que les profs lui tenaient le même discours...non.
On en est là. Des professionnels de l'orientation qui ne voient pas le problème lorsque des profs leur expliquent vouloir partir. On dirait une sorte de déni, de voile sur les yeux, comme si les gens de l'extérieur se mentaient à eux-même, refusant d'admettre la réalité. Le pire c'est qu'elle ne semblait pas de mauvaise foi...de manière consciente.
Ca en dit long sur la vision qu'ont les gens de notre métier. Et autant cette vision biaisée du métier, ça ne me choque pas venant du quidam moyen qui reste plongé dans son bureau, la tête collée à son écran toute la journée. Autant là...venant de quelqu'un censé connaître les différents métiers ET qui passe en plus dans des écoles...
L'angoisse.
- LefterisEsprit sacré
Le fameux "bon sens" que Blanquer invoque tout le temps, il est là. La vraie vie décrite, hors du négationnisme officiel. Je ne connais pas l'auteur, et il fustige exactement selon les mêmes termes que moi le mythe du "métier pas comme les autres". Mythe dont découle tout le reste, qu'il faut subir dos courbé et avec le sourire.
@Pat B : de toute manière, malgré les tentatives de communication, l'achat de la paix sociale par les bonnes note et les projets, ça se sait, et comme une traînée de poudre. Le seul fait que les enseignants retirent massivement (et à regret) leurs enfants de certains établissements publics est en soi une publicité.
@Pat B : de toute manière, malgré les tentatives de communication, l'achat de la paix sociale par les bonnes note et les projets, ça se sait, et comme une traînée de poudre. Le seul fait que les enseignants retirent massivement (et à regret) leurs enfants de certains établissements publics est en soi une publicité.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- frimoussette77Guide spirituel
ça ne m'étonne pas, cette personne ne voit jamais les élèves seule et en classe entière. Il est plus facile de gérer un élève seul que d'avoir une classe.acsyle a écrit:J'aurais pu écrire cet article moi-même.
Une petite anecdote : jeudi dernier je suis allé dans un CIO, pour avoir des infos . Je voudrais en effet me reconvertir mais comme je suis dans le flou je vais à la pêche aux infos.
Je pensais une fois arrivé, que moi et la conseillère attaquerions directement dans le vif du sujet et chercherions quelles pistes de métier choisir.
Mais non.
Il m'aura fallu pendant presque 15-20 minutes expliquer pourquoi je veux changer de métier (j'avais un peu l'impression de devoir me justifier d'une faute, mais bon...) mais surtout, surtout, elle ne comprenait sincèrement pas ce que j'entendais par "épuisé". Pour elle la seule raison potentiellement valable à cette reconversion, c'est la gestion des élèves difficiles. Mais tout le reste, non, elle ne se le réalisait pas. Même en lui expliquant les conditions de travail, la charge, le rythme, etc. Non. J'ai eu beau lui dire que je n’étais pas une exception, non, elle ne comprenait pas. Même en me disant qu'elle et ses collègues passaient dans les classes et que les profs lui tenaient le même discours...non.
On en est là. Des professionnels de l'orientation qui ne voient pas le problème lorsque des profs leur expliquent vouloir partir. On dirait une sorte de déni, de voile sur les yeux, comme si les gens de l'extérieur se mentaient à eux-mêmes, refusant d'admettre la réalité. Le pire c'est qu'elle ne semblait pas de mauvaise foi...de manière consciente.
Ca en dit long sur la vision qu'ont les gens de notre métier. Et autant cette vision biaisée du métier, ça ne me choque pas venant du quidam moyen qui reste plongé dans son bureau, la tête collée à son écran toute la journée. Autant là...venant de quelqu'un censé connaître les différents métiers ET qui passe en plus dans des écoles...
L'angoisse.
Et que dire du Psy En qui a conseillé de faire une fiche pour chaque élève dyslexique ou confondant des sons afin de pouvoir comprendre plus facilement l'élève. Comment serait-il possible de faire une fiche "sons confondus" pour chaque élève à profil particulier ? Il faudrait faire une fiche pour une quarantaine d'élèves et déchiffrer comme Champollion.
Même les surveillants ne comprennent pas et viennent interrompre le cours jusqu'à trois ou quatre fois pour chercher tel élève, pour lui faire coller une retenue, pour annoncer l'absence d'un prof, pour décaler un cours, pour annoncer une réunion, une convocation …. Et personne ne se rend compte qu'avec certaines classes, il est difficile de canaliser l'attention et que toutes ces interruptions sont nuisibles et épuisantes. Si on râle, on est méchant. A part les autres collègues, personne ne se rend vraiment compte de la difficulté de gérer une classe et de la pression mise.
- IphigénieProphète
Un article très juste!
Que Daumier a déjà illustré, dans mon avatar.....
Que Daumier a déjà illustré, dans mon avatar.....
- SheldonNiveau 9
@Iphigénie
Je n'arrive pas à afficher ton avatar en grand afin de pouvoir lire :-(
Je n'arrive pas à afficher ton avatar en grand afin de pouvoir lire :-(
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" En tant que Physicien, j'ai une connaissance étendue de l'Univers et de tout ce qu'il contient." - Moi
- User12958Niveau 5
Un tel article est salutaire.
Mes entretiens pendant mes recherches d'emploi commencent toujours par expliquer pendant plusieurs longues minutes pourquoi je quitte un boulot garanti à vie, avec des vacances, et bien payé... on sent dans le regard et les questions de plusieurs recruteurs une ignorance totale de ce que l'on vit et de ce qu'est réellement la réforme que nous subissons. Non, les non-enseignants ne savent pas.
acsyle a écrit:
Une petite anecdote : jeudi dernier je suis allé dans un CIO, pour avoir des infos . Je voudrais en effet me reconvertir mais comme je suis dans le flou je vais à la pêche aux infos.(...)
Il m'aura fallu pendant presque 15-20 minutes expliquer pourquoi je veux changer de métier (j'avais un peu l'impression de devoir me justifier d'une faute, mais bon...) mais surtout, surtout, elle ne comprenait sincèrement pas ce que j'entendais par "épuisé". Pour elle la seule raison potentiellement valable à cette reconversion, c'est la gestion des élèves difficiles. Mais tout le reste, non, elle ne se le réalisait pas. Même en lui expliquant les conditions de travail, la charge, le rythme, etc. Non. J'ai eu beau lui dire que je n’étais pas une exception, non, elle ne comprenait pas.
Mes entretiens pendant mes recherches d'emploi commencent toujours par expliquer pendant plusieurs longues minutes pourquoi je quitte un boulot garanti à vie, avec des vacances, et bien payé... on sent dans le regard et les questions de plusieurs recruteurs une ignorance totale de ce que l'on vit et de ce qu'est réellement la réforme que nous subissons. Non, les non-enseignants ne savent pas.
- NitaEmpereur
@ Sheldon
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A clean house is a sign of a broken computer.
- OlympiasProphète
Réalité brute.
- CléopâtreNiveau 4
Merci pour ce partage.
@acsyle: C'est très difficile d'expliquer. Et je vois bien le lien entre l'article et le problème auquel tu as été confronté face à la conseillère. Parce qu'on parvient à gérer des élèves difficiles (à quel prix?), on est "compétent" (parce que c'est ça enseigner...) et donc "ça va bien". Encore une fois, l'article est pertinent sur ce sujet.
@Hugues666: Pour les entretiens d'embauche, être professeur dans l'EN est un gros handicap. J'ai une amie recruteuse et elle m'a avoué qu'elle se méfiait au plus haut point des fonctionnaires (qui ne connaissent pas le privé). Elle pense: "Ils ne tiendront jamais" (ils ont l'habitude de ne pas faire grand chose)...
Autrement dit: un type qui quitte un boulot tranquille, "garanti à vie, avec des vacances, et bien payé" (comme tu dis), c'est vraiment qu'il ne veut rien foutre.
- HORAHabitué du forum
Que de justesse ! C'est ce texte-ci que chaque aspirant prof devrait lire. Il suggère très bien l'incroyable force de déni déployée par l'EN. Bravo à son auteur.
La machine Education nationale continue de fonctionner. Pourquoi ? Parce que les enseignants baissent la tête et continuent sagement de faire leur travail. Parce que les élèves consciencieux qui n’arrivent pas à travailler correctement baissent la tête et essaient de s’en sortir quand même. Parce que les chefs d’établissement continuent à faire des rapports à leur hiérarchie où ils jurent, main sur le cœur, que leur établissement fonctionne à merveille et que les choses iront d’ailleurs de mieux en mieux grâce à une série de projets pédagogiques élaborés par la communauté éducative dans la joie et l’exaltation. Mais tout ne va pas bien et les choses ne s’amélioreront jamais si nous persistons à arrondir les angles.
- RendashBon génie
Balthazaard a écrit:Tu n'as jamais entendu parler du concept ipro-formateuresque de "bruit pédagogique"? ( non ce n'est pes le bruit que fait le prof en parlant aux élèves...enfin pas encore..)
Ce bruit-là, c'est caca. Un prof qui parle en cours, méouvaton, méouvaton
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"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
- RendashBon génie
acsyle a écrit:J'aurais pu écrire cet article moi-même.
Une petite anecdote : jeudi dernier je suis allé dans un CIO, pour avoir des infos . Je voudrais en effet me reconvertir mais comme je suis dans le flou je vais à la pêche aux infos.
Je pensais une fois arrivé, que moi et la conseillère attaquerions directement dans le vif du sujet et chercherions quelles pistes de métier choisir.
Mais non.
Il m'aura fallu pendant presque 15-20 minutes expliquer pourquoi je veux changer de métier (j'avais un peu l'impression de devoir me justifier d'une faute, mais bon...) mais surtout, surtout, elle ne comprenait sincèrement pas ce que j'entendais par "épuisé". Pour elle la seule raison potentiellement valable à cette reconversion, c'est la gestion des élèves difficiles. Mais tout le reste, non, elle ne se le réalisait pas. Même en lui expliquant les conditions de travail, la charge, le rythme, etc. Non. J'ai eu beau lui dire que je n’étais pas une exception, non, elle ne comprenait pas. Même en me disant qu'elle et ses collègues passaient dans les classes et que les profs lui tenaient le même discours...non.
On en est là. Des professionnels de l'orientation qui ne voient pas le problème lorsque des profs leur expliquent vouloir partir. On dirait une sorte de déni, de voile sur les yeux, comme si les gens de l'extérieur se mentaient à eux-même, refusant d'admettre la réalité. Le pire c'est qu'elle ne semblait pas de mauvaise foi...de manière consciente.
Ca en dit long sur la vision qu'ont les gens de notre métier. Et autant cette vision biaisée du métier, ça ne me choque pas venant du quidam moyen qui reste plongé dans son bureau, la tête collée à son écran toute la journée. Autant là...venant de quelqu'un censé connaître les différents métiers ET qui passe en plus dans des écoles...
L'angoisse.
A sa décharge, c'est peut-être aussi parce qu'à chaque fois qu'elle passe dans une classe, des cons comme toi ou moi ont passé une heure à briefer les élèves sur le comportement impeccable qu'ils ont intérêt à avoir et se sont démenés pour qu'elle puisse cracher sa pastille dans un calme relatif.
(Souvenir d'une intervenante "Energie Jeunes" qui s'extasiait de voir le calme total qui régnait dans ma classe de 4e : "ils sont gentiiiiils ! c'est un plaisir de bosser avec eux, non ? c'est plus facile avec des gamins comme ça ! " Wé wé wé. Ou alors t'as un corniaud de PP qui a mis les choses au clair avant )
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"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
- frimoussette77Guide spirituel
C'est exactement ça !Rendash a écrit:acsyle a écrit:J'aurais pu écrire cet article moi-même.
Une petite anecdote : jeudi dernier je suis allé dans un CIO, pour avoir des infos . Je voudrais en effet me reconvertir mais comme je suis dans le flou je vais à la pêche aux infos.
Je pensais une fois arrivé, que moi et la conseillère attaquerions directement dans le vif du sujet et chercherions quelles pistes de métier choisir.
Mais non.
Il m'aura fallu pendant presque 15-20 minutes expliquer pourquoi je veux changer de métier (j'avais un peu l'impression de devoir me justifier d'une faute, mais bon...) mais surtout, surtout, elle ne comprenait sincèrement pas ce que j'entendais par "épuisé". Pour elle la seule raison potentiellement valable à cette reconversion, c'est la gestion des élèves difficiles. Mais tout le reste, non, elle ne se le réalisait pas. Même en lui expliquant les conditions de travail, la charge, le rythme, etc. Non. J'ai eu beau lui dire que je n’étais pas une exception, non, elle ne comprenait pas. Même en me disant qu'elle et ses collègues passaient dans les classes et que les profs lui tenaient le même discours...non.
On en est là. Des professionnels de l'orientation qui ne voient pas le problème lorsque des profs leur expliquent vouloir partir. On dirait une sorte de déni, de voile sur les yeux, comme si les gens de l'extérieur se mentaient à eux-même, refusant d'admettre la réalité. Le pire c'est qu'elle ne semblait pas de mauvaise foi...de manière consciente.
Ca en dit long sur la vision qu'ont les gens de notre métier. Et autant cette vision biaisée du métier, ça ne me choque pas venant du quidam moyen qui reste plongé dans son bureau, la tête collée à son écran toute la journée. Autant là...venant de quelqu'un censé connaître les différents métiers ET qui passe en plus dans des écoles...
L'angoisse.
A sa décharge, c'est peut-être aussi parce qu'à chaque fois qu'elle passe dans une classe, des cons comme toi ou moi ont passé une heure à briefer les élèves sur le comportement impeccable qu'ils ont intérêt à avoir et se sont démenés pour qu'elle puisse cracher sa pastille dans un calme relatif.
(Souvenir d'une intervenante "Energie Jeunes" qui s'extasiait de voir le calme total qui régnait dans ma classe de 4e : "ils sont gentiiiiils ! c'est un plaisir de bosser avec eux, non ? c'est plus facile avec des gamins comme ça ! " Wé wé wé. Ou alors t'as un corniaud de PP qui a mis les choses au clair avant )
- egometDoyen
Ecoles Potemkine. C'est exactement ça. Vu les efforts qu'on fait pour être présentables lors des inspections et des visites officielles, la situation n'est pas près de s'arranger.
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Primum non nocere.
Ubi bene, ibi patria.
Mes livres, mes poèmes, réflexions pédagogiques: http://egomet.sanqualis.com/
- Fesseur ProGuide spirituel
C'est aussi que passer une heure ou une demi heure dans une classe ne permet pas de voir la classe telle qu'on la voit quand on l'a 4h/semaine et toute l'année.Rendash a écrit:acsyle a écrit:J'aurais pu écrire cet article moi-même.
Une petite anecdote : jeudi dernier je suis allé dans un CIO, pour avoir des infos . Je voudrais en effet me reconvertir mais comme je suis dans le flou je vais à la pêche aux infos.
Je pensais une fois arrivé, que moi et la conseillère attaquerions directement dans le vif du sujet et chercherions quelles pistes de métier choisir.
Mais non.
Il m'aura fallu pendant presque 15-20 minutes expliquer pourquoi je veux changer de métier (j'avais un peu l'impression de devoir me justifier d'une faute, mais bon...) mais surtout, surtout, elle ne comprenait sincèrement pas ce que j'entendais par "épuisé". Pour elle la seule raison potentiellement valable à cette reconversion, c'est la gestion des élèves difficiles. Mais tout le reste, non, elle ne se le réalisait pas. Même en lui expliquant les conditions de travail, la charge, le rythme, etc. Non. J'ai eu beau lui dire que je n’étais pas une exception, non, elle ne comprenait pas. Même en me disant qu'elle et ses collègues passaient dans les classes et que les profs lui tenaient le même discours...non.
On en est là. Des professionnels de l'orientation qui ne voient pas le problème lorsque des profs leur expliquent vouloir partir. On dirait une sorte de déni, de voile sur les yeux, comme si les gens de l'extérieur se mentaient à eux-même, refusant d'admettre la réalité. Le pire c'est qu'elle ne semblait pas de mauvaise foi...de manière consciente.
Ca en dit long sur la vision qu'ont les gens de notre métier. Et autant cette vision biaisée du métier, ça ne me choque pas venant du quidam moyen qui reste plongé dans son bureau, la tête collée à son écran toute la journée. Autant là...venant de quelqu'un censé connaître les différents métiers ET qui passe en plus dans des écoles...
L'angoisse.
A sa décharge, c'est peut-être aussi parce qu'à chaque fois qu'elle passe dans une classe, des cons comme toi ou moi ont passé une heure à briefer les élèves sur le comportement impeccable qu'ils ont intérêt à avoir et se sont démenés pour qu'elle puisse cracher sa pastille dans un calme relatif.
(Souvenir d'une intervenante "Energie Jeunes" qui s'extasiait de voir le calme total qui régnait dans ma classe de 4e : "ils sont gentiiiiils ! c'est un plaisir de bosser avec eux, non ? c'est plus facile avec des gamins comme ça ! " Wé wé wé. Ou alors t'as un corniaud de PP qui a mis les choses au clair avant )
C'est facile "d'intéresser" les élèves ponctuellement sur un petit temps avec l'attrait de la nouveauté.
Rien à voir avec le quotidien des enseignants.
Et je plains les collègues PE qui ont la même classe sans "respiration" comme on en a quand ça se passe mieux ou moins pire avec une autre classe.
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Pourvu que ça dure...
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