Page 2 sur 2 • 1, 2
- CondorcetOracle
Un autre point mérite réflexion. Pourrait-on, lorsqu'il est question des précaires de l'université faire autant mention des personnels BIATSS [Bibliothèques, Ingénieurs, Administratifs, Techniques, Sociaux et Santé] que des précaires de l'enseignement ou chercheurs ? Parlons sinon des doctorants et jeunes docteurs précaires mais ne disons plus, je vous prie "les précaires" pour ne désigner que ceux parmi nous qui ont les moins mauvaises chances de voir leur condition évoluer.
L'université n'est pas moins appauvrie par le recours massif aux précaires dans les services administratifs, extrêmement mal payés en catégorie C, sans aucune heure supplémentaire rémunérée, employés à des tâches souvent répétitives, parfois vides de sens et soumis à une hiérarchie souvent titulaire et à une autre hiérarchie de fait qui place les personnels précaires au dernier rang de tous, en dépit des chaînes de responsabilités officielles.
Les précaires de l'ESR sont aussi secrétaires d'Ecole Doctorale, de département, gestionnaire financier, bibliothécaire, chargés de mission auprès des labos etc. leurs absences ne sont pas remplacées, les vacances signifient toujours un surcroît de travail au retour, les luttes sociales sont menées au risque du renouvellement du contrat (et que ce soit avéré ou non, on y pense toujours au moment de se mettre en grève), à travail égal on gagne moins qu'un titulaire, les contrats s'empilent sans qu'aucune perspective de titularisation ne se fasse jour mais on se sait perpétuellement remplaçable etc. La très grande majorité des précaires des services occupe des emplois pérennes.
Il me semble, dans une perspective unitaire, que nous aurions tort de les exclure tous et toutes du précariat que nous cherchons à combattre et de décrire la précarité uniquement à partir de la perspective des chercheurs et enseignants-chercheurs. C'est la précarité dans son ensemble qui ruine les services publics en fragilisant leur équilibre par l'instabilité des situations et en soumettant ses salariés à la menace permanente des contrats non renouvelés.
L'université n'est pas moins appauvrie par le recours massif aux précaires dans les services administratifs, extrêmement mal payés en catégorie C, sans aucune heure supplémentaire rémunérée, employés à des tâches souvent répétitives, parfois vides de sens et soumis à une hiérarchie souvent titulaire et à une autre hiérarchie de fait qui place les personnels précaires au dernier rang de tous, en dépit des chaînes de responsabilités officielles.
Les précaires de l'ESR sont aussi secrétaires d'Ecole Doctorale, de département, gestionnaire financier, bibliothécaire, chargés de mission auprès des labos etc. leurs absences ne sont pas remplacées, les vacances signifient toujours un surcroît de travail au retour, les luttes sociales sont menées au risque du renouvellement du contrat (et que ce soit avéré ou non, on y pense toujours au moment de se mettre en grève), à travail égal on gagne moins qu'un titulaire, les contrats s'empilent sans qu'aucune perspective de titularisation ne se fasse jour mais on se sait perpétuellement remplaçable etc. La très grande majorité des précaires des services occupe des emplois pérennes.
Il me semble, dans une perspective unitaire, que nous aurions tort de les exclure tous et toutes du précariat que nous cherchons à combattre et de décrire la précarité uniquement à partir de la perspective des chercheurs et enseignants-chercheurs. C'est la précarité dans son ensemble qui ruine les services publics en fragilisant leur équilibre par l'instabilité des situations et en soumettant ses salariés à la menace permanente des contrats non renouvelés.
- AscagneGrand sage
Merci pour les précisions, @Condorcet.
Un système quel qu'il soit ne peut pas bien fonctionner de la sorte, que ce soit dans l'administration ou dans l'enseignement et la recherche. Si dans les grosses structures, ce fonctionnement peut faire illusion, dans une petite fac, on voit très concrètement tout de suite ce que représentent les sujets que tu évoques, @Condorcet. Ce que tu dis des tâches répétitives dans l'administration est très vrai. Il y a certains postes qui sont indispensables, mais quand un administratif se retrouve à faire à 100% et sur tout son service de la gestion des réservations de salle et des EDT, par exemple, ça conduit au burn-out du responsable et ça ne profite à personne. Un exemple parmi d'autres.
Un système quel qu'il soit ne peut pas bien fonctionner de la sorte, que ce soit dans l'administration ou dans l'enseignement et la recherche. Si dans les grosses structures, ce fonctionnement peut faire illusion, dans une petite fac, on voit très concrètement tout de suite ce que représentent les sujets que tu évoques, @Condorcet. Ce que tu dis des tâches répétitives dans l'administration est très vrai. Il y a certains postes qui sont indispensables, mais quand un administratif se retrouve à faire à 100% et sur tout son service de la gestion des réservations de salle et des EDT, par exemple, ça conduit au burn-out du responsable et ça ne profite à personne. Un exemple parmi d'autres.
- ErgoDevin
https://www.affordance.info/mon_weblog/2020/02/pourquoi-je-demissione-universite-nantes.html?fbclid=IwAR3Xt_ZZVo1vlhJcv-aATirtjqE9iRrQ41vcPeNfOIcsg2nWx4EKexPCLzAEt puis il y a eu, cette rentrée à l'université de Nantes, l'affaire du trop-perçu des vacataires. Une erreur initiale de la direction des finances publiques, et quelques strates logicielles et administratives plus tard, des vacataires sommés de rembourser des sommes allant de quelques dizaines et plus d'un millier d'euros. Des vacataires qui représentent, rappelons-le près de 30% des heures d'enseignement dans les universités françaises. A l'université de Nantes, comme en atteste l'extrait du bilan social ci-dessous, ces vacataires assurent 127 000 heures d'enseignement. Pour vous donner un point de comparaison relatif, une formation de licence professionnelle c'est 450 heures d'enseignement en moyenne. Je vous laisse faire le produit en croix.
https://universiteouverte.org/2020/02/12/petit-tour-dhorizon-de-la-journee-stopprecarite/?fbclid=IwAR02nMsanjorjFYOs83s6kPmh9ifw1gddc4NdpWWwo4jCoJhdXOQXhQSEYgLes précaires de l’enseignement et de la recherche se sont mobilisé·es partout hier, pour rendre visible l’exploitation dont elles et ils sont victimes.
Petit tour d’horizon des actions, vues des réseaux sociaux.
De mon côté, j'ai fait et envoyé le calcul sur ce que je connais de mieux: 56% de nos heures de L1 sont effectuées (hors heures de labo/lecteurs) par des non titulaires. On tombe à 28% sur l'ensemble de la licence.
Je connais mal le volet BIATSS et c'est peu relayé dans ce que j'ai vu sur les sites. Je sais que la question s'est posée pour le laboratoire mais je n'ai pas les détails.
_________________
"You went to a long-dead octopus for advice, and you're going to blame *me* for your problems?" -- Once Upon a Time
"The gull was your ordinary gull." -- Wittgenstein's Mistress
« Cède, cède, cède, je le veux ! » écrivait Ronin, le samouraï. (Si vous cherchez un stulo-plyme, de l'encre, récap de juillet 2024)
- User7917Niveau 9
Miracle ! J'ai reçu mon contrat d'embauche hier par mail après avoir terminé mes vacations depuis deux mois J'imagine que je vais être payée en fin d'année...
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Le dernier volume des RERS sorti par la DEPP en 2019 (donc portant sur 2018) donne un total: de 20037 PR + 35643 MCF pour 12867 PRAG & PRCE, 11553 doctorants contractuels et ATER, 2787 enseignants associés (plus 4403 chefs de clinique, AHU, PHU et 3459 autres non permanents).
_________________
Si tu vales valeo.
- bas-médiévisteNiveau 9
On a fait nos stats dans les équipes de L1/L2. La radiographie est édifiante : entre 2010-2011 et 2019-2020 la part des TD assurés par des précaires a augmenté partout. Cette année en médiévale, on atteint 75 % des TD en L1, et 68 % en L2. En moderne, 66 % en L1, 46 % en L2. En contemporaine, 56 % en L2.
Le taux de précaires en L1 est toujours plus élevé qu'en L2. Une partie des MCF, PU et PRAG évitent les L1 tant qu'ils peuvent... et ce sont les contractuels et les vacataires qui s'y collent.
Le taux de précaires en L1 est toujours plus élevé qu'en L2. Une partie des MCF, PU et PRAG évitent les L1 tant qu'ils peuvent... et ce sont les contractuels et les vacataires qui s'y collent.
_________________
"Les instructions émanant des socio-pédagogues infestant les cabinets ministériels depuis plusieurs années sont un charabia dont le pathos infernal mériterait d'être traduit en français afin d'en saisir tout le sel lorsque l'on sait qu'il vise un enseignement destiné, je vous le rappelle, à des enfants." (Goubert, 1984)
- User7917Niveau 9
bas-médiéviste a écrit:On a fait nos stats dans les équipes de L1/L2. La radiographie est édifiante : entre 2010-2011 et 2019-2020 la part des TD assurés par des précaires a augmenté partout. Cette année en médiévale, on atteint 75 % des TD en L1, et 68 % en L2. En moderne, 66 % en L1, 46 % en L2. En contemporaine, 56 % en L2.
Le taux de précaires en L1 est toujours plus élevé qu'en L2. Une partie des MCF, PU et PRAG évitent les L1 tant qu'ils peuvent... et ce sont les contractuels et les vacataires qui s'y collent.
ça ne m'étonne pas... ce qui conduit à de réelles difficultés pour accompagner au mieux les étudiants. Je décharge régulièrement des collègues de 4h en 1ère ou 2ème année en expression et communication mais pas forcément dans les mêmes départements, ce qui veut dire pas les mêmes programmes ni les mêmes épreuves, et même si, en général, elles me passent tous les cours, c'est parfois difficile de faire une bonne réappropriation des documents et des attentes en une dizaine de séances sur un semestre... sans compter qu'on ne peut pas toujours assister aux réunions... Plus on augmente les contrats précaires et plus on réduit aussi la possibilité d'un enseignement optimal et d'un bon suivi pour les étudiants malgré toute la bonne volonté des vacataires, il faut être réaliste...
- ErgoDevin
Pendant ce temps...
https://www.theguardian.com/us-news/2020/feb/28/university-of-california-student-strike-firedThe University of California, Santa Cruz, issued termination letters on Friday to 54 graduate students who have been waging a months-long strike for a cost-of-living-adjustment amid soaring rents.
The firings came as graduate students at the University of California, Davis, and University of California, Santa Barbara, began their own cost-of-living strikes in solidarity. One of their demands is that all UC Santa Cruz graduate workers who participated in strike activities be restored to full employment status.
The 54 UC Santa Cruz graduate students who received termination letters on Friday are just a fraction of the 233 graduate student instructors and teaching assistants who have refused to submit nearly 12,000 grades from the fall quarter since December. [...]
The graduate students are represented by United Auto Workers Local 2865, which negotiated a contract in 2018 that included a no-strike clause: meaning the current strike, known as a “wildcat strike”, has been taken without the union’s approval.
_________________
"You went to a long-dead octopus for advice, and you're going to blame *me* for your problems?" -- Once Upon a Time
"The gull was your ordinary gull." -- Wittgenstein's Mistress
« Cède, cède, cède, je le veux ! » écrivait Ronin, le samouraï. (Si vous cherchez un stulo-plyme, de l'encre, récap de juillet 2024)
Page 2 sur 2 • 1, 2
- [acad Poitiers] conseil de discipline suite aux mobilisations contre les E3C.
- Mobilisations dans l'Oise pour protester contre la nouvelle carte de l'Education Prioritaire
- Le chômage des jeunes baisse-t-il vraiment ? Pour André Zylberberg, les contrats d'avenir et contrats de génération sont de fausses bonnes idées.
- premières mobilisations de stagiaires
- Un syndicat pour les "précaires"??
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum