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- Lord StevenExpert
Votre témoignage me rappelle ma propre première inspection il y a des années. Croyez moi vous vous en remettre, et quelque part cela vous blindera. Je garde encore en mémoire son regard ahuri quand au bout d'un moment j'ai planté cette soi disant IPR en me levant et lui souhaitant bon appétit car il était midi et j'avais faim. Évidemment j'ai fait toute ma carrière à l'ancienneté mais j'ai eu au moins la satisfaction de l'avoir envoyée bouler. Vous savez maintenant qu'il y a des mal xxx dans l'EN. Ces gens là sont plus à plaindre qu'autre chose.
- gauvain31Empereur
Lord Steven a écrit:Votre témoignage me rappelle ma propre première inspection il y a des années. Croyez moi vous vous en remettre, et quelque part cela vous blindera. Je garde encore en mémoire son regard ahuri quand au bout d'un moment j'ai planté cette soi disant IPR en me levant et lui souhaitant bon appétit car il était midi et j'avais faim. Évidemment j'ai fait toute ma carrière à l'ancienneté mais j'ai eu au moins la satisfaction de l'avoir envoyée bouler. Vous savez maintenant qu'il y a des mal xxx dans l'EN. Ces gens là sont plus à plaindre qu'autre chose.
Lord, vous êtes incroyable ! :lol:
- Agrippina furiosaFidèle du forum
Lentille, des gens comme ça, il y en a pas mal, malheureusement ... mon collègue a lui aussi été arrêté plus de 6 mois suite à une exécution en règle comme la tienne.
Un seul conseil : n'attends rien, mais alors vraiment rien, de l'institution. C'est le seul moyen de survivre dans ce boulot. Et pense d'abord à toi, à ta vie en-dehors du boulot. Tu est quelqu'un qui fait bien son taf, alors tu continues comme ça en classe si ça te convient et que ça semble convenir aux élèves, et pour tout le bénévolat qui ne te rapportera jamais rien (sinon des ennuis quand un truc ne se passe pas comme prévu !), tu laisses tomber et basta. N'oublie pas que, comme dirait l'autre, la vraie vie est ailleurs !
Plein de bonnes ondes pour t'aider à rebondir et à laisser derrière toi cette sale histoire
Un seul conseil : n'attends rien, mais alors vraiment rien, de l'institution. C'est le seul moyen de survivre dans ce boulot. Et pense d'abord à toi, à ta vie en-dehors du boulot. Tu est quelqu'un qui fait bien son taf, alors tu continues comme ça en classe si ça te convient et que ça semble convenir aux élèves, et pour tout le bénévolat qui ne te rapportera jamais rien (sinon des ennuis quand un truc ne se passe pas comme prévu !), tu laisses tomber et basta. N'oublie pas que, comme dirait l'autre, la vraie vie est ailleurs !
Plein de bonnes ondes pour t'aider à rebondir et à laisser derrière toi cette sale histoire
- Agrippina furiosaFidèle du forum
gauvain31 a écrit:Lord Steven a écrit:Votre témoignage me rappelle ma propre première inspection il y a des années. Croyez moi vous vous en remettre, et quelque part cela vous blindera. Je garde encore en mémoire son regard ahuri quand au bout d'un moment j'ai planté cette soi disant IPR en me levant et lui souhaitant bon appétit car il était midi et j'avais faim. Évidemment j'ai fait toute ma carrière à l'ancienneté mais j'ai eu au moins la satisfaction de l'avoir envoyée bouler. Vous savez maintenant qu'il y a des mal xxx dans l'EN. Ces gens là sont plus à plaindre qu'autre chose.
Lord, vous êtes incroyable ! :lol:
C'est vrai qu'à choisir entre une micro-symbolico promo et ça, tu as fait le bon choix !!! Et puis quand c'est l'heure de manger ...
- MarxouHabitué du forum
@Lefteris: ça "frémit" sérieusement au lycée pour l'E3C: face au surcroît de boulot dingue qui découle des délires de Blanquer, beaucoup, de plus en plus de pétitions et menaces de boycott de l'EC3 (absolument pas géré ni organisé par l'EN: du grand n'importe quoi)
Donc, demande de journées banalisées, de paiement des corrections, etc: le mouvement prend de l'ampleur et il y a un risque réel de grève tant la situation est bordélique. De toute façon, que ça soit bien clair: au regard du mépris de ce gvt (et des autres) vis-à-vis des enseignants, y a intérêt que tous les délires des ministres successifs que subissent les profs, soient dûment rémunérés!!Merde! On n'est pas Mère Thérésa! Fini ce côté sacrificiel! Qu'on demande enfin notre dû!
Donc, demande de journées banalisées, de paiement des corrections, etc: le mouvement prend de l'ampleur et il y a un risque réel de grève tant la situation est bordélique. De toute façon, que ça soit bien clair: au regard du mépris de ce gvt (et des autres) vis-à-vis des enseignants, y a intérêt que tous les délires des ministres successifs que subissent les profs, soient dûment rémunérés!!Merde! On n'est pas Mère Thérésa! Fini ce côté sacrificiel! Qu'on demande enfin notre dû!
- pseudo-intelloSage
Le besoin d'estime est dans la pyramide de Marslow (qui n'est pas forcément l'alpha et l'oméga de la compréhension de la vie, d'ailleurs), mais le besoin d'estime en tant que personne et en tant que professeur, c'est différent.
Tu as dans ton entourage des gens que tu aimes et estimes, et leur estime en retour t'est précieuse, c'est normal. En revanche, on sait que dans l'EN prospèrent un paqyet de boussoles qui indiquent le Sud, et on sait qu'il faut s'en détacher.
Ce n'est pas facile pour tout le monde, car nous exerçons pour l'instant encore une profession d'anciens bons élèves qui attendent qu'on leur décerne les félicitations du conseil de classe ou que la maîtresse dise bravo. C'est vrai que c'est agréable, d'avoir les félicitations, mais il faut passer outre. De même, il faut en finir avec le réflexe d'acien bon élève qui pousse à faire implicitement le concours de celui qui bosse le plus. Dans notre métier, la hiérarchie et ses directives amène parfois à confondre quantité et qualité. Alors que concrètement, la prof "qui s 'en fout mais qui bosse sérieusement" ne sera pas forcément moins bonne, ni moins efficace, que celle quis 'investit dans les projets inter-disciplinaires.
D'ailleurs, même si "passion" il y a, la "passion" n'a jamais nourri personne, et c'est au contraire un motif bien pratique pour essorer les travailleurs (dans une logique très start-up, je trouve). Je sais que c'est un concept difficile à appréhender pour certaines personnes, mais ton boulot, c'est ton boulot. Un moyen de subvenir à tes besoins, que tu as certes eu la chance de pouvoir choisir selon tes goûts et tes priorités, mais ça reste un boulot. Tu n'es pas bonne sœur. Tu as plus important dans ta vie, à commencer par ta famille.
Profite bien de ton tout petit pour les fêtes de Noël !
Tu as dans ton entourage des gens que tu aimes et estimes, et leur estime en retour t'est précieuse, c'est normal. En revanche, on sait que dans l'EN prospèrent un paqyet de boussoles qui indiquent le Sud, et on sait qu'il faut s'en détacher.
Ce n'est pas facile pour tout le monde, car nous exerçons pour l'instant encore une profession d'anciens bons élèves qui attendent qu'on leur décerne les félicitations du conseil de classe ou que la maîtresse dise bravo. C'est vrai que c'est agréable, d'avoir les félicitations, mais il faut passer outre. De même, il faut en finir avec le réflexe d'acien bon élève qui pousse à faire implicitement le concours de celui qui bosse le plus. Dans notre métier, la hiérarchie et ses directives amène parfois à confondre quantité et qualité. Alors que concrètement, la prof "qui s 'en fout mais qui bosse sérieusement" ne sera pas forcément moins bonne, ni moins efficace, que celle quis 'investit dans les projets inter-disciplinaires.
D'ailleurs, même si "passion" il y a, la "passion" n'a jamais nourri personne, et c'est au contraire un motif bien pratique pour essorer les travailleurs (dans une logique très start-up, je trouve). Je sais que c'est un concept difficile à appréhender pour certaines personnes, mais ton boulot, c'est ton boulot. Un moyen de subvenir à tes besoins, que tu as certes eu la chance de pouvoir choisir selon tes goûts et tes priorités, mais ça reste un boulot. Tu n'es pas bonne sœur. Tu as plus important dans ta vie, à commencer par ta famille.
Profite bien de ton tout petit pour les fêtes de Noël !
- User12958Niveau 5
Une de mes collègues, investie, pédagogue, qui ne compte pas son temps, monte des projets, participe aux sorties, se charge de plusieurs niveaux... n'a eu que des "Trés satisfaisants" à son PPCR il y a quelques mois, au lieu des "Excellents" qu'elle mérite amplement. C'est odieux. Le rapport est très bon, les commentaires lors de l'entretien ont été élogieux, tout va bien, mais l'inspectrice l'a rabaissée littéralement dans les appréciations finales.
Lentille : ce que te reproche l'inspecteur est tellement hors-sol qu'un autre inspecteur "normal" celui-là va forcément détricoter tout ça au prochain PPCR, courage !
Lentille : ce que te reproche l'inspecteur est tellement hors-sol qu'un autre inspecteur "normal" celui-là va forcément détricoter tout ça au prochain PPCR, courage !
- ZazkFidèle du forum
Je me permets de dire une évidence : un inspecteur n'a pas le temps de juger ce que tu es. Les compliments réels sont ceux que te font -ou te feront- tes élèves quand tu les retrouves quelques années plus tard et qu'il n'est plus question de hiérarchie ou de flagornerie. Ne te laisse pas dégoûter du métier par de tels personnages ; ce sont tes élèves qui sont ta meilleure récompense.
(Bon, ça ne console pas "financièrement" mais ça fait du bien au moral !)
(Bon, ça ne console pas "financièrement" mais ça fait du bien au moral !)
- LentilleNiveau 1
Merci encore pour vos réponses qui sont très justes. Vous savez tous trouver les bons mots, vraiment. (devrais-je dire, encore mieux que la psy à 60 boules la séance...)
Il est vrai que tout ça m'a aidée à comprendre beaucoup de choses sur notre métier (on nous prend pour des idiots), sur le regard que la société peut avoir de notre métier (un prof ne vit que pour ses élèves, il a le sens du sacrifice), sur les nouveaux rapports de ma génération face au travail (c'est-à-dire l'absence de frontière entre vie pro et perso) et sur moi-même (j'ai le syndrome de la bonne élève et je me suis placée dans le rôle de la petite fille qui cherche à se justifier face à son papa).
Mais j'ai quand même envie de revenir sur cette notion de reconnaissance dans le travail. Comment passer outre comme le dit @pseudo-intello, sans se contenter de dire qu'on va trouver la reconnaissance dans une autre activité ? De mon côté, j'ai une certaine reconnaissance des élèves, mais quand celle-ci n'est pas présente, que reste-t-il ? Qu'on soit prof ou non, j'ai l'impression que chaque salarié a besoin d'un regard positif sur son travail, de se sentir valorisé, de sentir qu'on peut évoluer dans son métier. Je ne vois que du mépris pour notre milieu, je me sens constamment nulle, et bloquée pour les 40 prochaines années. Est-on réduit à ne pouvoir compter que sur soi-même pour se sentir valorisé dans notre métier ? L'absence de reconnaissance est-elle une spécificité de notre métier ou bien est-ce que le cas partout et je ne m'en rends pas compte ?
Il est vrai que tout ça m'a aidée à comprendre beaucoup de choses sur notre métier (on nous prend pour des idiots), sur le regard que la société peut avoir de notre métier (un prof ne vit que pour ses élèves, il a le sens du sacrifice), sur les nouveaux rapports de ma génération face au travail (c'est-à-dire l'absence de frontière entre vie pro et perso) et sur moi-même (j'ai le syndrome de la bonne élève et je me suis placée dans le rôle de la petite fille qui cherche à se justifier face à son papa).
Mais j'ai quand même envie de revenir sur cette notion de reconnaissance dans le travail. Comment passer outre comme le dit @pseudo-intello, sans se contenter de dire qu'on va trouver la reconnaissance dans une autre activité ? De mon côté, j'ai une certaine reconnaissance des élèves, mais quand celle-ci n'est pas présente, que reste-t-il ? Qu'on soit prof ou non, j'ai l'impression que chaque salarié a besoin d'un regard positif sur son travail, de se sentir valorisé, de sentir qu'on peut évoluer dans son métier. Je ne vois que du mépris pour notre milieu, je me sens constamment nulle, et bloquée pour les 40 prochaines années. Est-on réduit à ne pouvoir compter que sur soi-même pour se sentir valorisé dans notre métier ? L'absence de reconnaissance est-elle une spécificité de notre métier ou bien est-ce que le cas partout et je ne m'en rends pas compte ?
- JaneBNeoprof expérimenté
Tu pointes une aberration du système qui casse son personnel au lieu de le valoriser. C'est sadique et contre-productif.
Imaginons un prof se montrant cassant et critique envers un élève travailleur et de bonne volonté : est-ce que cet élève aurait envie de poursuivre ses efforts qui ne seraient jamais reconnus? Ou sentirait-il la révolte monter?
Finalement, une saine révolte vaut mieux qu'une dépression dûe à une confiance en soi laminée ...
Imaginons un prof se montrant cassant et critique envers un élève travailleur et de bonne volonté : est-ce que cet élève aurait envie de poursuivre ses efforts qui ne seraient jamais reconnus? Ou sentirait-il la révolte monter?
Finalement, une saine révolte vaut mieux qu'une dépression dûe à une confiance en soi laminée ...
- Petit poisNiveau 9
Je lis ton post et ai décidé de l'imprimer et de le relire si jamais je devais y retourner !
Je suis une vielle dans mon établissement mais ton message me touche (Je te tutois comme je l'ai toujours fait avec les Collègues !). Je retrouve l'expression de ressentis qui me rendent tellement triste ! Je reste persuadée que "Prof", c'est un Beau métier.
J'ai retenu un extrait : tes élèves t’apprécient car "tu es gentille mais exigeante". Accroche toi à cela : tu es dans le vrai !!!! J'ai croisé ce soir un ancien élève (Très ancien car père de famille et ses années de lycée passées se comptent en dizaines !). Et ben : "Mme V. : dure mais juste ". Ces paroles ont pour moi valeur d'une Légion d'Honneur ! Et oui !
Tu as un Métier, au sens noble du terme, hérité de mon mentor, Compagnon du devoir en ébénisterie. Et il faut du temps pour l'apprendre. Et remettre ta pièce sur l'établi; mais estimer aussi quand qu'elle ne sera jamais plus aboutie. Tes premiers juges sont les élèves dont tu as la charge, pas un OVNI qui débarque un jour de sa planète pour te juger ! Et ils ont de plus en plus originaires d'une galaxie proche : elle existe depuis toujours, et se nomme "Bêtise" ...". Un IPR, aussi important soit-il, ne peut pas changer ta vie. Ou alors, c'est Dieu. Crois tu en Dieu ?? Et si tu n'y crois pas, qui est-il pour juger de ta bonne volonté et ton application à vouloir bien faire ?
Défends tes valeurs ! Et si elles doivent s'exprimer ailleurs que dans l'EN, n'hésite pas !
Il est normal de se poser des questions sur ce métier qui évolue si vite, et pas dans le bon sens ... Il faut juste trouver les bonnes questions ... Je ne regrette pas mes choix de vie, ni de postures. J'en paie aujourd'hui la note mais ne le regrette pas.
Bon courage à toi !
Je suis une vielle dans mon établissement mais ton message me touche (Je te tutois comme je l'ai toujours fait avec les Collègues !). Je retrouve l'expression de ressentis qui me rendent tellement triste ! Je reste persuadée que "Prof", c'est un Beau métier.
J'ai retenu un extrait : tes élèves t’apprécient car "tu es gentille mais exigeante". Accroche toi à cela : tu es dans le vrai !!!! J'ai croisé ce soir un ancien élève (Très ancien car père de famille et ses années de lycée passées se comptent en dizaines !). Et ben : "Mme V. : dure mais juste ". Ces paroles ont pour moi valeur d'une Légion d'Honneur ! Et oui !
Tu as un Métier, au sens noble du terme, hérité de mon mentor, Compagnon du devoir en ébénisterie. Et il faut du temps pour l'apprendre. Et remettre ta pièce sur l'établi; mais estimer aussi quand qu'elle ne sera jamais plus aboutie. Tes premiers juges sont les élèves dont tu as la charge, pas un OVNI qui débarque un jour de sa planète pour te juger ! Et ils ont de plus en plus originaires d'une galaxie proche : elle existe depuis toujours, et se nomme "Bêtise" ...". Un IPR, aussi important soit-il, ne peut pas changer ta vie. Ou alors, c'est Dieu. Crois tu en Dieu ?? Et si tu n'y crois pas, qui est-il pour juger de ta bonne volonté et ton application à vouloir bien faire ?
Défends tes valeurs ! Et si elles doivent s'exprimer ailleurs que dans l'EN, n'hésite pas !
Il est normal de se poser des questions sur ce métier qui évolue si vite, et pas dans le bon sens ... Il faut juste trouver les bonnes questions ... Je ne regrette pas mes choix de vie, ni de postures. J'en paie aujourd'hui la note mais ne le regrette pas.
Bon courage à toi !
- Clecle78Bon génie
Lentille, courage. Je comprends ton écoeurement devant tant de méchanceté et d'injustice.
A certains moments dans ce métier la souffrance est telle qu'on voudrait tout balancer. Je l'ai vécu plusieurs fois en 35 ans d'expérience et j'ai vu des collègues excellents démolis par une inspection et parfois encensés à la suivante selon les lubies du moment. J'ai vu aussi de parfaits je m'enfoutistes s'envoler jusqu'aux sphères de la hors classe. Il te faudra du temps pour guérir cette blessure et je pense que tu fais le bon choix en prenant du recul et en partageant ton expérience. J'ai été très seule à certains moments de ma carrière face à des évènements difficiles dans mon etablissement,neoprofs n'existait pas alors et je trouve super de pouvoir en parler ailleurs qu'avec des collègues pas toujours bienveillants ou concernés ou un conjoint qui ne connait pas notre milieu. Bon courage et donne nous de tes nouvelles!
A certains moments dans ce métier la souffrance est telle qu'on voudrait tout balancer. Je l'ai vécu plusieurs fois en 35 ans d'expérience et j'ai vu des collègues excellents démolis par une inspection et parfois encensés à la suivante selon les lubies du moment. J'ai vu aussi de parfaits je m'enfoutistes s'envoler jusqu'aux sphères de la hors classe. Il te faudra du temps pour guérir cette blessure et je pense que tu fais le bon choix en prenant du recul et en partageant ton expérience. J'ai été très seule à certains moments de ma carrière face à des évènements difficiles dans mon etablissement,neoprofs n'existait pas alors et je trouve super de pouvoir en parler ailleurs qu'avec des collègues pas toujours bienveillants ou concernés ou un conjoint qui ne connait pas notre milieu. Bon courage et donne nous de tes nouvelles!
- Ramanujan974Érudit
Il m'arrive de rêver devenir inspecteur des finances publiques et d'aller sonner à 6h00 chez tous les gens qui m'ont emmerdé un jour ou l'autre, et passer des jours à éplucher toute leur vie des 5 dernières années.
- MathadorEmpereur
Ramanujan974 a écrit:Il m'arrive de rêver devenir inspecteur des finances publiques et d'aller sonner à 6h00 chez tous les gens qui m'ont emmerdé un jour ou l'autre, et passer des jours à éplucher toute leur vie des 5 dernières années.
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"There are three kinds of lies: lies, damned lies, and statistics." (cité par Mark Twain)
« Vulnerasti cor meum, soror mea, sponsa; vulnerasti cor meum in uno oculorum tuorum, et in uno crine colli tui.
Quam pulchrae sunt mammae tuae, soror mea sponsa! pulchriora sunt ubera tua vino, et odor unguentorum tuorum super omnia aromata. » (Canticum Canticorum 4:9-10)
- VerduretteModérateur
Ou bien tout simplement : première inspection = sortons tout le catalogue de démolition des débutants, (encore qu'après huit ans de bahut, on n'est plus débutant) elle aura forcément quelque chose à se reprocher dans tout ça ... ça peut être aussi bête que ça.
Dans le premier degré, les IEN sont essentiellement des femmes, et beaucoup ont des comptes à régler avec le pouvoir. Pour les IPR mâles, je ne sais pas ...
Mais dans le domaine "IEN méchantes, méprisantes et adorant vous démolir" j'en connais un rayon.
"Elle va trop loin dans ce qu'on attend et ce n'est pas ce qu'on attend" c'est du grand n'importe quoi. Encore un qui fume la moquette.
J'en avais eu une aussi, une fois, qui m'avait reproché d'être trop perfectionniste et donc pas à la portée des élèves...et pas assez bienveillante, trop exigeante ...
J'ai mis des années à me remettre d'une inspection particulièrement sanglante , ne fais pas la même erreur que moi, je me suis gâché la vie, et franchement, avec le recul, cette femme n'en valait pas la peine. J'ai ma conscience pour moi, tu as manifestement la tienne pour toi, des retours positifs de tes élèves, de tes collègues et des éloges de ton CDE, qui sont ceux et celles qui te côtoient et connaissent VRAIMENT, donc ...
Haut les coeurs !!!!!
Dans le premier degré, les IEN sont essentiellement des femmes, et beaucoup ont des comptes à régler avec le pouvoir. Pour les IPR mâles, je ne sais pas ...
Mais dans le domaine "IEN méchantes, méprisantes et adorant vous démolir" j'en connais un rayon.
"Elle va trop loin dans ce qu'on attend et ce n'est pas ce qu'on attend" c'est du grand n'importe quoi. Encore un qui fume la moquette.
J'en avais eu une aussi, une fois, qui m'avait reproché d'être trop perfectionniste et donc pas à la portée des élèves...et pas assez bienveillante, trop exigeante ...
J'ai mis des années à me remettre d'une inspection particulièrement sanglante , ne fais pas la même erreur que moi, je me suis gâché la vie, et franchement, avec le recul, cette femme n'en valait pas la peine. J'ai ma conscience pour moi, tu as manifestement la tienne pour toi, des retours positifs de tes élèves, de tes collègues et des éloges de ton CDE, qui sont ceux et celles qui te côtoient et connaissent VRAIMENT, donc ...
Haut les coeurs !!!!!
- Lord StevenExpert
Agrippina furiosa a écrit:gauvain31 a écrit:Lord Steven a écrit:Votre témoignage me rappelle ma propre première inspection il y a des années. Croyez moi vous vous en remettre, et quelque part cela vous blindera. Je garde encore en mémoire son regard ahuri quand au bout d'un moment j'ai planté cette soi disant IPR en me levant et lui souhaitant bon appétit car il était midi et j'avais faim. Évidemment j'ai fait toute ma carrière à l'ancienneté mais j'ai eu au moins la satisfaction de l'avoir envoyée bouler. Vous savez maintenant qu'il y a des mal xxx dans l'EN. Ces gens là sont plus à plaindre qu'autre chose.
Lord, vous êtes incroyable ! :lol:
C'est vrai qu'à choisir entre une micro-symbolico promo et ça, tu as fait le bon choix !!! Et puis quand c'est l'heure de manger ...
Mais je vous assure!!! Quand j'ai compris que de toute façon c'était le même genre de complexé que pour Lentille, je me suis dit que je garderai au moins m'a dignité. Elle m a même baissé ma note pédagogique... j'ai demandé une contre inspection par l'IG, qui me l'a rétablie, bref un vrai vaudeville.
Tout ça pour vous dire, Lentille, ne vous mettez las la rate au court bouillon, prenez6du recul, les IPR n'ont aucune utilité ni légitimité.
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If you play with a cat, you should mind his scratch
- SimeonNiveau 10
Lentille a écrit:Simeon a écrit:Tu as quelles relations avec ton/ta principal ?
C'est à lui/elle de te protéger de ce genre de conneries si tu te fais des choses bien pour ton collège.
J'ai de bons rapports. Elle m'a défendue auprès de l'inspecteur, qui a répondu "en fait Madame Lentille veut trop bien faire, elle va trop loin dans ce qui est attendu, et donc ce n'est pas ce qu'on attend".
Moi pas comprendre...
C'est n'importe quoi comme réponse. J'espère que ta principale a fait remonter d'une façon ou d'une autre au rectorat.
- pseudo-intelloSage
Lentille a écrit:Merci encore pour vos réponses qui sont très justes. Vous savez tous trouver les bons mots, vraiment. (devrais-je dire, encore mieux que la psy à 60 boules la séance...)
Il est vrai que tout ça m'a aidée à comprendre beaucoup de choses sur notre métier (on nous prend pour des idiots), sur le regard que la société peut avoir de notre métier (un prof ne vit que pour ses élèves, il a le sens du sacrifice), sur les nouveaux rapports de ma génération face au travail (c'est-à-dire l'absence de frontière entre vie pro et perso) et sur moi-même (j'ai le syndrome de la bonne élève et je me suis placée dans le rôle de la petite fille qui cherche à se justifier face à son papa).
Mais j'ai quand même envie de revenir sur cette notion de reconnaissance dans le travail. Comment passer outre comme le dit @pseudo-intello, sans se contenter de dire qu'on va trouver la reconnaissance dans une autre activité ? De mon côté, j'ai une certaine reconnaissance des élèves, mais quand celle-ci n'est pas présente, que reste-t-il ? Qu'on soit prof ou non, j'ai l'impression que chaque salarié a besoin d'un regard positif sur son travail, de se sentir valorisé, de sentir qu'on peut évoluer dans son métier. Je ne vois que du mépris pour notre milieu, je me sens constamment nulle, et bloquée pour les 40 prochaines années. Est-on réduit à ne pouvoir compter que sur soi-même pour se sentir valorisé dans notre métier ? L'absence de reconnaissance est-elle une spécificité de notre métier ou bien est-ce que le cas partout et je ne m'en rends pas compte ?
En se souvenant qu'enseignante, ce n'est pas ton être profond. C'est ton métier. Certes, c'est un métier qui t'amène à solliciter tes qualités humaines, mais ces qualités pré-existaient à ton entrée dans l'EN et survivront à ta sortie si jamais tu en sors. Dans les autres métiers, tant que la hiérarchie (celle qu'on voit tous les jrous, je veux dire)n'est pas spécialement dénigrante, ça suffit. Dans l'EN, je veux bien croire qu'un CDE comme ton IPR, c'est compliqué, parce qu'on travaille dans sno établissement, mais l'IPR, tu ne le reverras peut-être plus jamais.
Quand tu récupères ta voiture chez ton garagiste, tu t'intéresses à la qualité de la réparation, point. Tu es prof, c'est la qualité des cours qui compte. Tu ne demandes pas à ton garagiste un investissement psychologique et affectif, et il n'a pas besoin de plus que la politesse et la courtoisie élémentaire de ses clients. Quand la voiture est réparée, il sait qu'il a travaillé décemment, il n'attend pas que quelqu'un se répande en compliments. D'ailleurs, il va peut-être se faire un peu plaisir sur la note, parce qu'au lieu d'être étouffé par les scrupules envers le pouvoir d'achat de ses clients, il va penser à sa pomme. Les enseignants devraient apprendre à penser à leur pomme.
"Je fais pas grève, parce que sinon mes élèves sont dehors" en REP+, "je vais faire ces visites de stages non obligatoires qu'on veut m'imposer mais je le fais pour les élèves, pas pour l'administration" (dans tous types de collèges), "je peux pas venir à l'HIS, je suis en retard avec cette classe", etc, ça va bien. Plus on joue le jeu du petit soldat bien arrangeant, plus on se fait essorer.
Quelque part, je pense que certains d'entre nous ont besoin d'une expérience comme celle-ci pour sortir un peu de l'illusion, du rôle de bon élève, celui qui dénigre les collègues qui "font leurs heures et puis c'est tout", les sans-cœur qui veulent être payés pour chaque tâches, qui refusent tels projets alors que "ça plaît aux élèves" (et ça fait mousser le CDE), qui considèrent qu'un métier, ça sert à se nourrir. Eh, t'es payée 18 heures de cours et les copies / prep afférentes, il n'y a aucun problème éthique à t'en contenter. Tu as passé l'âge d'attendre le bon point de la maîtresse, et surtout, surtout, surtout, tu es une personne avant d'être une prof.
- slylanNiveau 10
Lentille a écrit:Simeon a écrit:Tu as quelles relations avec ton/ta principal ?
C'est à lui/elle de te protéger de ce genre de conneries si tu te fais des choses bien pour ton collège.
J'ai de bons rapports. Elle m'a défendue auprès de l'inspecteur, qui a répondu "en fait Madame Lentille veut trop bien faire, elle va trop loin dans ce qui est attendu, et donc ce n'est pas ce qu'on attend".
Moi pas comprendre...
Je suis certain que si tu enseignais dans un établissement huppé, il ne t'aurais jamais dit ça. Bien faire son travail et être exigeant en REP ne plaît pas à tout le monde.
- CasparProphète
Je suis désolé pour toi Lentille. Heureusement tous les inspecteurs ne sont pas comme ça.
Cela a peut-être déjà été évoqué dans le fil mais tu dois aussi avoir un entretien avec ton chef d'établissement. Peut-être l'occasion de lui faire part de ton mécontentement et de ta déception ?
Cela a peut-être déjà été évoqué dans le fil mais tu dois aussi avoir un entretien avec ton chef d'établissement. Peut-être l'occasion de lui faire part de ton mécontentement et de ta déception ?
- ar_angarNiveau 9
J'ai eu une expérience cette année, où mon disait très doctement qu'il ne fallait pas faire de cours magistral, mais laisser les élèves se débrouiller. Dans la semaine qui a suivi, j'ai appris que les élèves avait demandé en préparation de CC à en avoir plus... Visiblement des gens qui connaissent mieux que nous les élèves !
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C'est en forgeant qu'on devient forgeron.. Vous allez rire, j'ai un marteau !
- LentilleNiveau 1
@Caspar @Simeon
Oui j’ai eu un entretien avec ma chef qui me soutient et qui m’a avoué ne pas porter dans son cœur cet inspecteur qui a par ailleurs fait des dégâts chez d’autres collègues. MAIS elle ne va pas aller plus loin pour défendre ma cause, car elle ajoute que je dois aussi savoir entendre les conseils, que s’il me fait ces remarques c’est que j’ai quelque chose à me reprocher quelque part... Elle ne peut pas comprendre, elle n’a pas été prof.
@pseudo-intello les mots sont tout à fait justes, et je suis assez avancée dans mon cheminement personnel pour pouvoir les entendre, ce que je ne pouvais pas faire avant je pense.
Ces propos m’aident, car je sais bien que je ne sépare pas mon identité privée de celle professionnelle : nous sommes tellement impliqués physiquement et émotionnellement quand on fait cours que j’admire beaucoup ceux qui arrivent à s'imposer des limites. Mais je ne sais pas si on peut comparer notre métier au boulanger ou au garagiste : on s’occupe d’êtres humains et c’est bien là toute la différence. Le garagiste n’aura jamais un pneu qui va lui dire combien il le manipule bien, ni qui va le traiter de gros bâtard de garagiste. La question de la reconnaissance ne se pose même pas. Nous, nous devons aussi apprendre à faire avec les émotions des autres en plus des notres.
Pour ce que tu dis du fait de sortir de l’illusion du bon élève qui dénigre celui qui compte ses heures, c’est clair que je fais (j’ai fait) partie de cette catégorie. J’étais persuadée que ces profs je m'en foutiste n’étaient pas les « vrais » les « purs », qu’ils n’étaient pas dans les « vraies valeurs », mais parce qu’en fait j’ai une lecture complètement judéo-chrétienne de notre métier, je suis totalement rentrée dans le moule que m’a donné l’imaginaire collectif. Et briser ce moule sans avoir l’impression de trahir des valeurs est vraiment difficile je trouve. Mais je commence à comprendre que ces valeurs ne sont pas gravées dans le marbre et qu’elles sont à redéfinir de manière à ce qu'elles correspondent plus à la réalité. Je commence à comprendre, oui...!
Oui j’ai eu un entretien avec ma chef qui me soutient et qui m’a avoué ne pas porter dans son cœur cet inspecteur qui a par ailleurs fait des dégâts chez d’autres collègues. MAIS elle ne va pas aller plus loin pour défendre ma cause, car elle ajoute que je dois aussi savoir entendre les conseils, que s’il me fait ces remarques c’est que j’ai quelque chose à me reprocher quelque part... Elle ne peut pas comprendre, elle n’a pas été prof.
@pseudo-intello les mots sont tout à fait justes, et je suis assez avancée dans mon cheminement personnel pour pouvoir les entendre, ce que je ne pouvais pas faire avant je pense.
Ces propos m’aident, car je sais bien que je ne sépare pas mon identité privée de celle professionnelle : nous sommes tellement impliqués physiquement et émotionnellement quand on fait cours que j’admire beaucoup ceux qui arrivent à s'imposer des limites. Mais je ne sais pas si on peut comparer notre métier au boulanger ou au garagiste : on s’occupe d’êtres humains et c’est bien là toute la différence. Le garagiste n’aura jamais un pneu qui va lui dire combien il le manipule bien, ni qui va le traiter de gros bâtard de garagiste. La question de la reconnaissance ne se pose même pas. Nous, nous devons aussi apprendre à faire avec les émotions des autres en plus des notres.
Pour ce que tu dis du fait de sortir de l’illusion du bon élève qui dénigre celui qui compte ses heures, c’est clair que je fais (j’ai fait) partie de cette catégorie. J’étais persuadée que ces profs je m'en foutiste n’étaient pas les « vrais » les « purs », qu’ils n’étaient pas dans les « vraies valeurs », mais parce qu’en fait j’ai une lecture complètement judéo-chrétienne de notre métier, je suis totalement rentrée dans le moule que m’a donné l’imaginaire collectif. Et briser ce moule sans avoir l’impression de trahir des valeurs est vraiment difficile je trouve. Mais je commence à comprendre que ces valeurs ne sont pas gravées dans le marbre et qu’elles sont à redéfinir de manière à ce qu'elles correspondent plus à la réalité. Je commence à comprendre, oui...!
- MarcassinHabitué du forum
Très touché par ton message, Lentille.
Je viens d'être inspecté pour validation d'agrégation (en lettres modernes) et ma séance s'est très bien passée malgré son caractère un peu périlleux : la méthodologie de la réflexion pour mener une dissertation sur une œuvre (difficile) et son parcours associé. Les élèves ont bien participé et montré tout le travail accompli depuis le début de l'année.
Mon inspection elle-même s'est beaucoup mieux passée que la tienne, les critiques ont été finalement peu nombreuses mais sévères sous leur aspect modéré. Elles m'ont blessé et, après avoir créé tous mes cours pour la réforme à l'issue d'une année de concours elle-même éprouvante, j'ai conçu de l'amertume à voir mon travail aussi peu reconnu.
Je viens d'être inspecté pour validation d'agrégation (en lettres modernes) et ma séance s'est très bien passée malgré son caractère un peu périlleux : la méthodologie de la réflexion pour mener une dissertation sur une œuvre (difficile) et son parcours associé. Les élèves ont bien participé et montré tout le travail accompli depuis le début de l'année.
Mon inspection elle-même s'est beaucoup mieux passée que la tienne, les critiques ont été finalement peu nombreuses mais sévères sous leur aspect modéré. Elles m'ont blessé et, après avoir créé tous mes cours pour la réforme à l'issue d'une année de concours elle-même éprouvante, j'ai conçu de l'amertume à voir mon travail aussi peu reconnu.
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"Je regarde la grammaire comme la première partie de l'art de penser." (Condillac)
- Monsieur_TeslaNiveau 10
Lentille a écrit:Bonjour à tous,
Voilà des années que je suis inscrite sur ce forum mais je n’ai jamais posté. J’écris aujourd’hui pour apporter mon témoignage au sujet de mon entretien PPCR et pour me joindre à tous ceux qui sont démotivés par notre métier.
Je voudrais d’abord remettre les choses dans leur contexte : je suis enseignante en lettres modernes depuis 8 ans. En 8 ans, j’ai l’impression que je n’ai fait que des sacrifices pour mon travail. J’ai fait partie de la deuxième promotion de masterisation du capes, celle des stagiaires à 15h en plus de la formation en iufm. J’ai donc beaucoup trimé à cette époque. Je suis toujours loin de ma famille après avoir séjourné dans 3 académies différentes, dont 4 ans à Créteil avec tout ce que cela implique. En 8 ans, je n’ai jamais été inspectée, malgré mes demandes multiples. Ma carrière en a pâti car je suis toujours passée à l’ancienneté, malgré des notes administratives à +1,3 point par an.
J’ai toujours été une enseignante ultra investie : toujours volontaire pour les projets (bien sûr, bénévoles), très travailleuse, j’ai suivi moult formations, je lis beaucoup l’actualité pédagogique, bref, je pense bien connaître mon métier que je remets constamment en question. Dans mon établissement, je suis reconnue pour être « une bonne prof », professionnelle, assidue, impliquée, et les élèves disent de moi que je suis « sévère mais gentille ». J’ai fait mes armes en région parisienne et les pires collégiens de ma REP actuelle se font tout petits dans mon cours.
Après ce parcours, j’attendais donc beaucoup de ma première inspection. Enfin, je n’attendais pas une reconnaissance financière, évidemment : je sais très bien qu’il y avait peu de chances d’être promue, mais j’espérais vraiment un regard positif sur mon travail après toutes ces années où j’ai fait beaucoup de sacrifices personnels.
De mon point de vue, ma séance s’est très bien passée. Mon entretien avec l’inspecteur a en revanche été une catastrophe.
J’ai eu affaire à ce genre de personne qui va vous dire d’une manière très posée que vous êtes une sombre merde, ce genre de personne dont la voix ne laisse rien paraître mais dont le regard vous fusille.
Pendant une heure, l’inspecteur n’a évoqué que ma séance et seulement ce que j’avais fait depuis le début de l’année. Nous n’avons pas du tout parlé de ma carrière, contrairement à ce que j’attendais.
Pendant une heure, il n’a absolument RIEN dit de positif. Rien de rien. Il a commencé par le négatif pour finir sur des critiques.
Voici un petit florilège des remarques auxquelles j’ai eu droit :
- il a estimé que je ne faisais pas les programmes quand j’ai réalisé une séquence fondée sur une compétence (des programmes donc). Il prétend que les compétences ce ne sont pas les programmes : le programme, c’est la littérature.
- il a trouvé que ma classe n’était pas vivante (moi j’ai trouvé les élèves parfaits, ils étaient respectueux de la parole, ont tous travaillé à l’écrit et bien participé à l’oral). Pour lui, la classe n’était pas vivante car il voulait voir « une classe où les élèves se parlent entre eux », une classe qui bavarde, avec du « bruit pédagogique ».
- il a critiqué le fait que je fasse écrire dans les cahiers « écrit de travail » lorsque les élèves rédigent leurs propres phrases. Quand je lui fais remarquer qu’il s’agit d’une expression qui vient des programmes, il me répond quand même que c’est imprécis.
- il m’a littéralement infantilisée quand il a exigé que je retire les points d’exclamation quand je corrige les copies (du type : « ponctuation ! » ou « phrase ?! » pour l’absence de phrase réponse) : « vous rendez-vous compte de la violence que vous faites subir aux élèves quand vous utilisez le point d’exclamation ? Aimeriez-vous que je mette des points d’exclamation sur votre travail ? ». Je lui réponds ok, que je corrigerai cet élément, il ajoute « non je ne crois pas, car vous n’entendez pas tant que ça les choses ». Les « c’est très bien ! -point d’exclamation- » sur les copies sont aussi à bannir.
Il a donc dit que je n’étais pas une enseignante bienveillante envers les élèves. Il en veut pour preuve qu’à un moment j’ai coupé la parole à un élève qui voulait raconter ce qu’il avait mangé la veille, ce qui n’avait rien à voir avec le cours.
- il a affirmé qu’il fallait s’inquiéter que la classe ait 10 de moyenne, classe qui est très en difficulté « Ce ne sont pas forcément les élèves qui ne vont pas » précise-t-il à ce sujet.
- il a dit que les élèves n’avaient rien appris dans mon cours (« vos élèves n’ont rien appris »), il en veut pour preuve qu’une élève n’a pas écrit le bilan. Je précise qu’à la fin du cours, nous avons fait passer la parole pour que chacun puisse réexpliquer ce que nous avions appris, afin d’exercer la mémoire immédiate, puis les élèves ont mis par écrit ce qu’ils avaient retenu, bref, il y avait un vrai cours avec des notions à apprendre par cœur (ce besoin de me justifier pour ça prouve à quel point ce con a eu de l’impact sur moi…)
- il considère que mes élèves lisent très peu (ils lisent 6 livres de cursive + 3 GT + 5 OI, ce qui fait une dizaine de livres par an, en REP).
Je passe sur les nombreuses remarques où j’avais l’impression qu’il me prenait pour une demeurée (« vous connaissez les épreuves du brevet ? » « Vous savez que nous avons un site académique ? » « j’espère que vous prenez des notes des remarques faites » « comprenez-vous ce que je vous dis ? » et j’en passe)
Il n’a jamais été irrespectueux, mais le ton et les propos étaient toujours condescendants, durs, et méprisants (avec toujours cette douceur dans la voix bien sûr).
Tout le travail que je peux réaliser par ailleurs n’a aucunement été mis en valeur (projets interdisciplinaires, projets avec les partenaires extérieurs, investissement dans les instances du collège, investissement dans les commissions, pratique de l’évaluation, pratique de la différenciation pédagogique, évaluation « par ceintures », co intervention, etc, etc, etc), ou alors, quand certains de ces éléments ont été mentionnés, cela n’a été que pour les critiquer à chaque fois. Je n’exagère pas quand je dis qu’il n’y a eu aucune remarque positive. Ah si, il a dit « que je travaillais beaucoup », phrase que j’ai du mal à prendre comme positive.
Après 30 minutes de fusillade, j’ai élevé la voix et exprimé ce que je ressentais, le ton est monté entre nous et ça m’a desservi encore plus. Il voulait juste que je l’écoute démonter mon travail en silence.
Ce dialogue n’a donc pas du tout été un moment constructif, où je pouvais expliquer mes pratiques qui correspondent à une classe particulière à un moment donné. Au contraire, on voulait m’imposer un modèle socio-constructiviste de vérité absolue. Je ne dis pas qu’on n’a aucune remarque à me faire, tout le monde apprend toujours, mais je pensais qu’une inspection était aussi un espace de discussion.
Cet entretien m’a fait un tel choc que je suis allée voir mon médecin pour prendre quelques jours de repos, qui ont en fait été 6 semaines d’arrêt de travail.
J’ai vécu un sentiment d’absurdité, une perte totale de sens. Les injonctions contradictoires de l’institution, les tâches impossibles à tenir, les sacrifices personnels, l’investissement bénévole, me renvoient un profond sentiment de gâchis. Cette personne a estimé que je ne méritais même pas la moindre remarque positive, comme si j’étais une prof qui ne gérait pas ses classes, ne s’investissait dans rien et était absente au travail. Tout le monde me dit qu’il ne faut rien attendre des inspecteurs et que la reconnaissance vient des élèves. Certes, mais ce n’est pas pareil, on a aussi besoin de la reconnaissance de nos supérieurs et des spécialistes de notre matière. Avec tout le mépris qui entoure notre profession, si on n’a même pas de reconnaissance (ne serait-ce qu’orale) de l’institution, que reste-t-il alors ?
J’ai l’impression d’avoir gâché ma vie dans ce travail. J’ai bac +5, je suis sous-payée, je suis destinée à avoir une retraite de merde, et je suis considérée comme une merde, de la part de l’institution, de l’état, des français, même de mon entourage parfois qui ne connaît pas mon métier, et parfois aussi des élèves quand ils me font ch***. Ça fait beaucoup à supporter.
Je suis dans l’incompréhension la plus totale, c’est comme si on voulait me pousser à démissionner. Même quand on a réussi à ce que tout fonctionne, non, ce n’est pas ça, on ne fait pas correctement. Mon entourage me dit que l’inspecteur n’a pas su me dire du positif car le ton est monté entre nous, il n’a donc pas voulu m’accorder cela. Mais alors quoi, il faut accepter de se faire démonter en silence et en plus dire merci ?
Ce qui me fait du mal aussi, c’est que très peu de gens peuvent comprendre ce que je vis, parce qu’en me lisant ou en m’écoutant, on pourra se dire que si mon entretien s’est passé ainsi, c’est que j’ai forcément quelque chose à me reprocher, que c’est moi qui dois changer quelque chose. C’est toujours un peu ce qu’on se dit quand un collège va casser du sucre sur le dos de son inspecteur.
Mais je n’ai pas écrit pour qu’on me plaigne. Il s’agit en réalité du témoignage d’une prof investie qui s’est désinvestie, jusqu’à en devenir blasée. J’ai eu mille fois envie de changer de boulot, de me lancer dans autre chose, mais dans quoi ? J’ai dépensé tellement d’énergie pour en arriver là. Tout ça pour repartir à zéro ? Je n’en ai pas la force. Alors j’ai décidé de devenir la prof que j’ai toujours détesté : la prof qui s’en fout. Ce que ce PPCR a produit chez moi, ça a été un renoncement total. Les projets, les sorties, les spectacles, les réunions, l’interdisciplinaire, c’est terminé, sauf si c’est payé (et encore, il faut que ce soit à la hauteur du travail, ce qui n’arrive en fait jamais). Je vais réduire drastiquement le nombre de mes évaluations (de 10 notes par trimestre, je vais passer à 5 ou 6). On veut me faire faire des concessions, faire passer un truc qui « arrange » les chefs mais pas moi ? Ce sera non. Bref, ce boulot va devenir alimentaire. Je n’ai pas dit que j’allais bâcler mon travail : non, les élèves auront toujours des cours (que je pense) intéressants et utiles, mais je vais réduire considérablement mon temps de travail en en faisant le minimum.
Je n’ai pas encore eu mon rapport, mais même s’il est différent de mes attentes qui sont négatives, le mal est déjà fait : je suis profondément écœurée.
Voilà ce que l’Education Nationale a réussi à faire de ses profs qui avaient envie.
Merci d’avoir prêté un peu d’attention à mon témoignage.
Lentille.
Un excellent témoignage, je me suis fait démolir par un inspecteur, alors que j'utilisais un document académique, validé par d'autres inspecteurs ... selon lui : document n'ayant aucun sens ! !
Alors ...
_________________
Ce que j'entends je l'oublie.
Ce que le lis je le retiens.
Ce que je fais, je le comprends !
Tchuang Tseu
- pg73Niveau 8
Lentille, très touché de ta désillusion.
N'attends jamais rien , absolument rien de qui que ce soit dans notre institution impersonnelle et lointaine ! Comme ça, si un jour tu peux compter sur quelqu'un dans cette véritable pétaudière ben dis toi que ça sera que du bonus. Plus tu montes dans la hierarchie, dans les étages du rectorat ou du ministère, moins il y a à en attendre quoique ce soit puisque la déconnexion avec le terrain est totale !
Les seules personnes dont tu peut espérer attendre quelque chose sont (à la rigueur)tes élèves... Et encore ça marche pas toujours quand tu tombes sur une classe de merde !
Si ça se passe bien dans 99% des cas avec eux et que tes IPR trouvent que tu n'es pas assez dans la novlangue ou la ligne du parti, ben tu t'en contrefous, car ça n'a au final strictement aucune importance...
Tu vas passer 43 ans (ou plus si affinités ! ) en compagnie de tes élèves, beaucoup moins de temps en compagnie de tes IPR que tu vas croiser 5 fois dans ta carrière... Personnellement, je prend la liberté depuis 5 ans de faire sauter toutes les formations et JDI nullissimes dispensées par cet aréopage de didactitiens de salons qui n'en connaissent au final pas plus que toi ou moi en pédagogie de terrain, j'ai toujours une angine et une gastro ce jour là, c'est d'ailleurs les seuls jours dans l'année où je me fais porter pale.
Curieusement sans bénéficier de ces formations de qualité sur les compétences, les problèmes ouverts ou les nouveaux programmes que je sais très bien lire tout seul, ben mes cours ne sont même pas plus nuls qu'avant !
Si jamais tu attends de la reconnaissance pour ton investissement remarquable, ben je te conseille plutôt de te lancer dans l'élevage de chiens ou de cochons, ça marche beaucoup mieux, ils sont beaucoup plus affectueux et reconnaissants que les IPR...
De toute façon que tu sois bien jugée ou mal jugée ça ne changera pas grand chose pour ta carrière à 2 à 4 ans près.
Il est bien plus important d'avoir les élèves dans ta poche !
Vaut d'ailleurs mieux pas être trop bon, sinon on se retrouve à passer l'été à concevoir des sujets d'E3C ou de bac ou appelé à des missions chronophages peu ou pas rémunérées.
Bonne chance pour la suite, tu m'as l'air d'avoir bien la pêche donc ne change rien dans ta façon de faire...
N'attends jamais rien , absolument rien de qui que ce soit dans notre institution impersonnelle et lointaine ! Comme ça, si un jour tu peux compter sur quelqu'un dans cette véritable pétaudière ben dis toi que ça sera que du bonus. Plus tu montes dans la hierarchie, dans les étages du rectorat ou du ministère, moins il y a à en attendre quoique ce soit puisque la déconnexion avec le terrain est totale !
Les seules personnes dont tu peut espérer attendre quelque chose sont (à la rigueur)tes élèves... Et encore ça marche pas toujours quand tu tombes sur une classe de merde !
Si ça se passe bien dans 99% des cas avec eux et que tes IPR trouvent que tu n'es pas assez dans la novlangue ou la ligne du parti, ben tu t'en contrefous, car ça n'a au final strictement aucune importance...
Tu vas passer 43 ans (ou plus si affinités ! ) en compagnie de tes élèves, beaucoup moins de temps en compagnie de tes IPR que tu vas croiser 5 fois dans ta carrière... Personnellement, je prend la liberté depuis 5 ans de faire sauter toutes les formations et JDI nullissimes dispensées par cet aréopage de didactitiens de salons qui n'en connaissent au final pas plus que toi ou moi en pédagogie de terrain, j'ai toujours une angine et une gastro ce jour là, c'est d'ailleurs les seuls jours dans l'année où je me fais porter pale.
Curieusement sans bénéficier de ces formations de qualité sur les compétences, les problèmes ouverts ou les nouveaux programmes que je sais très bien lire tout seul, ben mes cours ne sont même pas plus nuls qu'avant !
Si jamais tu attends de la reconnaissance pour ton investissement remarquable, ben je te conseille plutôt de te lancer dans l'élevage de chiens ou de cochons, ça marche beaucoup mieux, ils sont beaucoup plus affectueux et reconnaissants que les IPR...
De toute façon que tu sois bien jugée ou mal jugée ça ne changera pas grand chose pour ta carrière à 2 à 4 ans près.
Il est bien plus important d'avoir les élèves dans ta poche !
Vaut d'ailleurs mieux pas être trop bon, sinon on se retrouve à passer l'été à concevoir des sujets d'E3C ou de bac ou appelé à des missions chronophages peu ou pas rémunérées.
Bonne chance pour la suite, tu m'as l'air d'avoir bien la pêche donc ne change rien dans ta façon de faire...
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In tartiflette i trust...
- Fesseur ProGuide spirituel
Mais pas le grand choix...Agrippina furiosa a écrit:gauvain31 a écrit:Lord Steven a écrit:Votre témoignage me rappelle ma propre première inspection il y a des années. Croyez moi vous vous en remettre, et quelque part cela vous blindera. Je garde encore en mémoire son regard ahuri quand au bout d'un moment j'ai planté cette soi disant IPR en me levant et lui souhaitant bon appétit car il était midi et j'avais faim. Évidemment j'ai fait toute ma carrière à l'ancienneté mais j'ai eu au moins la satisfaction de l'avoir envoyée bouler. Vous savez maintenant qu'il y a des mal xxx dans l'EN. Ces gens là sont plus à plaindre qu'autre chose.
Lord, vous êtes incroyable ! :lol:
C'est vrai qu'à choisir entre une micro-symbolico promo et ça, tu as fait le bon choix !!!
_________________
Pourvu que ça dure...
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