Suicide de la petite Evaëlle, harcelée à l'école : une professeure en garde à vue

sifi a écrit:Vous remarquerez qu'on est partis d'une réflexion sur "un enseignant harceleur, mais est-ce possible?" (je schématise), à "on a tous connu un enseignant harceleur et on en a souffert". Cela pousse tout de même à s'interroger, non?

Non, les personnes qui interviennent relatent leur rencontre avec un enseignant harceleur. On ne peut rien dire de celles qui n'interviennent pas. A titre personnel, je n'en ai pas rencontré.

Et ce sont des témoignages d'un autre temps, pour la plupart (sans vouloir vexer personne, mais seulement mettre l'accent sur l'évolution des moeurs).

Il faut dire que nous sommes nous-mêmes d'autres temps
Mais c'est effectivement moins courant et moins brutal.

Elyas a écrit:La situation dans la ville est très tendue sur ce sujet. L'ancien chef a été muté, le nouveau subit la situation et l'ensemble des établissements de la ville vit au rythme des réunions et des interventions sur le sujet du harcèlement.
Je ne comprends pas pourquoi la collègue n'a pas été mutée par mesure de protection fonctionnelle ou suspendue. Elle est dans le collège encore depuis septembre et la plainte est connue dans la ville depuis l'été, avec en plus la Marche blanche qui a eu lieu vers fin septembre- début octobre.

Après, sur le fond de l'affaire, je ne sais rien mais ce que je vois de loin m'effraie.

Hum, mon établissement ne vit pas tellement au rythme des interventions et réunions. J'ai participé à la fameuse journée, mais c'était volontairement. Avant et depuis, rien, alors que je suis partant pour être informé et formé.

Sur le fond de l'affaire, ce que j'entends dire me rappelle qu'il faut toujours être très, très prudent. Les articles sur ce sujet sont loin de tout dire et le travail des journalistes est d'une qualité difficile à évaluer.

J'espère en tout cas que la collègue concernée ne lira pas cette discussion.

pogonophile a écrit:

Matheod a écrit:Du coup quand je me réprimande avec moquerie (mais bienveillance) des élèves qui bavardent / rigolent / etc. c'est du harcèlement (parce que du coups ils bavardent / rigolent / etc. régulièrement) ? (c'est une vrai question)

Non, parce que tu es dans un geste professionnel. Un peu de moquerie ça peut l'être aussi, tant que ta moquerie porte sur l'acte même et pas sur la personne.
"Tu parles tellement que je me demande si tu t'arrêtes en dormant" c'est une chose, "au lieu de parler tu ferais mieux de courir pour perdre du poids" c'en est une autre.

Et que tu doses à bon escient, mais là c'est plus difficile à mesurer.

C'est la dose qui fait le poison.

Affaire à suivre tant le message de Sylvain de Saint Sylvain interroge sur l'implicite de la situation.

Celadon a écrit:Et ce sont des témoignages d'un autre temps, pour la plupart (sans vouloir vexer personne, mais seulement mettre l'accent sur l'évolution des moeurs).

Bien sur, c'est un forum de profs, pas un forum d'élèves.
Il est donc clair que les témoignages sur des profs harceleurs sont anciens.
Ceci étant, je crois que les temps ont changés.

Une enseignante a été mise en examen, le 4 septembre, pour harcèlement sur mineur, a appris franceinfo auprès de l'avocate de la famille confirmant une information du Parisien. Cela fait suite à l'enquête ouverte après le suicide, en juin 2019, d'Evaëlle, 11 ans, à Herblay dans le Val d'Oise. Ses parents avaient porté plainte, dénonçant les agissements de certains élèves, mais aussi de sa professeure de français. L'enseignante est poursuivie pour des faits ciblant la jeune fille, mais aussi trois autres élèves.

Selon l'avocate de la famille, Maître Delphine Maillet, la collégienne a vécu un véritable enfer pendant de longs mois, prise "comme tête de turc" par l'enseignante, ce qui a ouvert la porte à du harcèlement de la part de certains camarades.

https://www.francetvinfo.fr/societe/education/harcelement-a-l-ecole/une-enseignante-mise-en-examen-pour-harcelement-apres-le-suicide-d-une-enfant-de-11-ans_4117951.html

Il y a un article sur cette affaire dans le Figaro, un dans le Monde et un dans Libé — il semble qu'elle soit actuellement interdite d'enseignement, astreinte à une obligation de soins en plus du contrôle judiciaire.

Et les élèves qui ont harcelé cette enfant, ils vont passer à travers les mailles du filet de la justice, alors ?

Pénalement avant 13 ans ils risquent que dalle.

Dommage. Ce sont des adultes harceleurs en puissance.

Il me semble que ce qui est reproché à l' enseignante c'est , notamment, d' avoir organisé deux heures de "vie de classe," peut-être dans l' intention de régler le problème, ayant tourné au lynchage, avec la pauvre gamine seule devant la classe et les autres élèves invités à recenser tout ce qui n' allait pas chez elle... on peut comprendre que cela soit considéré a minima de nature à encourager le harcèlement en le cautionnant, non?

Mais elle est idiote ou quoi ? Organiser une HVC de cette façon ??? 🤮

Oui, elle a organisé son HVC comme ça... Pire, comme il n'y avait que la moitié de la classe, elle aurait refait une même séance avec la classe entière après.

Olympias a écrit:Mais elle est idiote ou quoi ? Organiser une HVC de cette façon ??? 🤮

Si c'est réellement ce qui s'est passé, alors oui, c'est d'une imbécilité dangereuse et intolérable.
Mais comment être sûr du vrai et du faux dans cette histoire ?

chmarmottine a écrit:

Olympias a écrit:Mais elle est idiote ou quoi ? Organiser une HVC de cette façon ??? 🤮

Si c'est réellement ce qui s'est passé, alors oui, c'est d'une imbécilité dangereuse et intolérable.
Mais comment être sûr du vrai et du faux dans cette histoire ?

En faisant confiance à la procédure de justice? Pour l'instant elle est sous le coup d'une mesure suspensive et mise en examen: il devrait y avoir une enquête qui permettra de savoir ce qu'il en est.

Bonjour à tous

Un sujet dramatique.

La réponse du droit pénal français :

Voir le site

https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F31985

Qui précise :

Les coupables de faits de harcèlement scolaire âgés de plus de 13 ans risquent des peines de prison et des amendes.

Les mesures et sanctions applicables aux mineurs de moins de 13 ans relèvent de dispositifs spécifiques. Ils ne peuvent en aucun cas aller en prison ou payer une amende.

Quant à l'adulte ....Je ne voudrais pas l'avoir en face de moi.

epekeina.tes.ousias a écrit:

chmarmottine a écrit:

Olympias a écrit:Mais elle est idiote ou quoi ? Organiser une HVC de cette façon ??? 🤮

Si c'est réellement ce qui s'est passé, alors oui, c'est d'une imbécilité dangereuse et intolérable.
Mais comment être sûr du vrai et du faux dans cette histoire ?

En faisant confiance à la procédure de justice? Pour l'instant elle est sous le coup d'une mesure suspensive et mise en examen: il devrait y avoir une enquête qui permettra de savoir ce qu'il en est.

Oui, bien sûr, mais ce doit être compliqué pour les enquêteurs qui finalement ne peuvent s'appuyer que sur des témoignages.

Je trouve cette histoire terriblement triste. Pauvre gamine et pauvre famille. 11 ans, c'est tellement jeune.

demain est un autre jour a écrit:Les coupables de faits de harcèlement scolaire âgés de plus de 13 ans risquent des peines de prison et des amendes.
Les mesures et sanctions applicables aux mineurs de moins de 13 ans relèvent de dispositifs spécifiques. Ils ne peuvent en aucun cas aller en prison ou payer une amende.

Merci pour ces précisions juridiques.

Mais les mineurs de moins de 13 ans ont des responsables légaux, non ?? Et c'est bien à eux d'éduquer leur progéniture ...

Neronismater a écrit:Il me semble que ce qui est reproché à l' enseignante c'est , notamment, d' avoir organisé deux heures de "vie de classe," peut-être dans l' intention de régler le problème, ayant tourné au lynchage, avec la pauvre gamine seule devant la classe et les autres élèves invités à recenser tout ce qui n' allait pas chez elle... on peut comprendre que cela soit considéré a minima de nature à encourager le harcèlement en le cautionnant, non?

Quelle horreur!

N.B. Au risque de choquer: heureusement que des mineurs de moins de 13 ans ne peuvent aller en prison (en fait, ça n'est pas totalement impossible, mais il y faudrait des circonstances exceptionnelles et des décisions de justice complexes à mettre en place, et c'est négligeable). Même des mineurs de 13, 14 ou 15 ans…… Quand on connaît, même un peu, la situation carcérale des mineurs, on hésite (en tout cas, pour ma part, je fais plus qu'hésiter).
Les parents ou tuteurs, c'est une autre affaire, et au civil et, éventuellement, au pénal.

JaneB a écrit:

Neronismater a écrit:Il me semble que ce qui est reproché à l' enseignante c'est , notamment, d' avoir organisé deux heures de "vie de classe," peut-être dans l' intention de régler le problème, ayant tourné au lynchage, avec la pauvre gamine seule devant la classe et les autres élèves invités à recenser tout ce qui n' allait pas chez elle... on peut comprendre que cela soit considéré a minima de nature à encourager le harcèlement en le cautionnant, non?

Quelle horreur!  

Comment un adulte, enseignant de surcroît, peut-il se prêter à ce jeu d'accusations mortifères ?
Elle ne s'est pas vue déraper ?
C'est terrible. Pauvre enfant.

Le harcèlement c'est très souvent un phénomène de groupe. Donc pour lutter c'est bien aussi de se regrouper pour établir un plan d'attaque. Je demande toujours le soutien du CDE et de la famille pour régler les cas de harcèlement. Je rencontre aussi les parents des coupables, elles sont souvent de notre côté et sinon il est toujours utile de rappeler les risques d'amendes pour insultes ou diffammations sur les réseaux sociaux, cela ne concerne pas l'établissement scolaire mais cela calme très vite certaines familles. Et dans la plupart des cas, nous sommes informés indirectement grâce aux réseaux sociaux et on nous communique justement des copies d'écran...

Un adulte, a fortiori un enseignant, sait que le suicide et la dépression sont un risque. Un enseignant sait aussi que les élèves peuvent se montrer violents. Les enfants n’ont pas le même niveau de responsabilité. Aux Etats-Unis, un juge peut décider de juger un jeune comme un adulte, ce qui me choque beaucoup. On sait que les adolescents ont un fonctionnement cérébral particulier. Les adultes de l’histoire (enseignants, parents, institution, réseaux sociaux), s’ils savaient, n’ont pas l’excuse d’être jeunes et immatures (surtout que là, ce sont de très jeunes enfants, même pas des adolescents).
Pour les jeunes concernés, soit ils sont dépourvus d’empathie, soit ils devront vivre avec la culpabilité de ce qu’ils ont fait. Il y a tout de même beaucoup de gens qui, devenus adultes, sont hantés par le souvenir de ce qu’ils ont fait subir à d’autres enfants (j’étais dans le camp des harcelés et, le fait est, les harceleurs étaient souvent des enseignants). Une astreinte à un suivi psy serait indiquée.
Les réseaux sociaux peuvent rendre le harcèlement invisible dans le cadre scolaire, par contre, dès que l’on sait, informer les parents de leur responsabilité pénale fonctionne très bien en effet. La responsabilité des réseaux sociaux devrait également être recherchée je pense.

Re bonsoir

Une étude sur le sujet suivant :

"Le statut, les responsabilités et la justice des mineurs, comprenant le sommaire suivant :

I/ La responsabilité des mineurs
II/ La justice des mineurs"

Lire : http://www.jurisanimation.fr/?p=984