- CaineNiveau 2
Bonjour à tous,
C'est l'âme meurtrie que je vous écris aujourd'hui.
Voilà, je viens de corriger un devoir type brevet que j'ai donné à ma classe de 3ème (version light, je l'ai considérablement réduit étant donné qu'on n'a pas encore tout revu). Même si je reste assez surpris des résultats en questions de langue (faute d'apprentissage, pour le coup), c'est surtout la partie compréhension de texte qui me donne envie d'aller élever des pingouins au Groenland. Les réponses aux questions sont souvent complètement à côté de la plaque (quand on me dit que l'auteur critique la ville de Paris alors qu'au contraire il en parle avec des termes affectueux, c'est à se demander si on a lu le même texte...), preuve en est que les élèves n'ont pas compris le texte qu'ils avaient sous les yeux.
Ça me désespère quelque peu. Depuis le début de l'année, je m'esquinte à les entraîner à ce type d'exercice et finalement, il n'en reste plus grand chose lorsqu'ils sont en autonomie. Aussi, je me tourne à nouveau vers vous : comment faites-vous pour entraîner au mieux vos élèves de 3ème à la compréhension de texte ? Je ne parle pas des questions de langue. Là pour le coup, s'ils ne s'en sortent pas, c'est qu'ils n'ont pas appris. Je ne parle pas non plus des figures de style : généralement, les élèves parviennent à les repérer et à plus ou moins les interpréter. Je parle surtout de la compréhension globale... Je continuerai à leur donner des entraînements à ce sujet mais j'avoue que j'aurais bien besoin de vos conseils.
Merci d'avance et bonnes vacances !
C'est l'âme meurtrie que je vous écris aujourd'hui.
Voilà, je viens de corriger un devoir type brevet que j'ai donné à ma classe de 3ème (version light, je l'ai considérablement réduit étant donné qu'on n'a pas encore tout revu). Même si je reste assez surpris des résultats en questions de langue (faute d'apprentissage, pour le coup), c'est surtout la partie compréhension de texte qui me donne envie d'aller élever des pingouins au Groenland. Les réponses aux questions sont souvent complètement à côté de la plaque (quand on me dit que l'auteur critique la ville de Paris alors qu'au contraire il en parle avec des termes affectueux, c'est à se demander si on a lu le même texte...), preuve en est que les élèves n'ont pas compris le texte qu'ils avaient sous les yeux.
Ça me désespère quelque peu. Depuis le début de l'année, je m'esquinte à les entraîner à ce type d'exercice et finalement, il n'en reste plus grand chose lorsqu'ils sont en autonomie. Aussi, je me tourne à nouveau vers vous : comment faites-vous pour entraîner au mieux vos élèves de 3ème à la compréhension de texte ? Je ne parle pas des questions de langue. Là pour le coup, s'ils ne s'en sortent pas, c'est qu'ils n'ont pas appris. Je ne parle pas non plus des figures de style : généralement, les élèves parviennent à les repérer et à plus ou moins les interpréter. Je parle surtout de la compréhension globale... Je continuerai à leur donner des entraînements à ce sujet mais j'avoue que j'aurais bien besoin de vos conseils.
Merci d'avance et bonnes vacances !
- dryadeNiveau 8
Bonsoir Caine,
L'absence de réponse à ton message, pour l'instant, me paraît assez éloquent. Il est bien difficile en effet de pallier l'absence de lecture et de culture qui a sévi pendant plusieurs années chez nos élèves.
J'ai été confrontée l'année dernière à une classe vraiment très faible, la plupart ne maîtrisaient pas la lecture et refusaient de s'exprimer à l'oral, par honte. Certains ne connaissaient pas l'alphabet. Les cinq bons élèves de la classe lisaient une partie des textes que je leur proposais, comprenaient, mais pas de façon fine. Il n'y avait aucune chance pour faire passer l'implicite et je suis restée souvent face au vide abyssal de la classe.
Dans la mesure où ces élèves ne fournissaient aucun effort, ni en classe, ni à la maison, j'ai cessé de me tourmenter (vers le mois de mars environ, quand même).
J'ai essayé de passer par l'analyse d'image, ce fut également un fiasco.
Sur 30 élèves, 8 sont allés au Lycée GT, mais ils étaient 22 à le demander à la fin du 2e trimestre.
Je n'ai donc quasiment rien à te proposer, sauf peut-être l'analyse d'image (fixe ou mobile), si tes élèves sont motivés pour progresser.
Dry
L'absence de réponse à ton message, pour l'instant, me paraît assez éloquent. Il est bien difficile en effet de pallier l'absence de lecture et de culture qui a sévi pendant plusieurs années chez nos élèves.
J'ai été confrontée l'année dernière à une classe vraiment très faible, la plupart ne maîtrisaient pas la lecture et refusaient de s'exprimer à l'oral, par honte. Certains ne connaissaient pas l'alphabet. Les cinq bons élèves de la classe lisaient une partie des textes que je leur proposais, comprenaient, mais pas de façon fine. Il n'y avait aucune chance pour faire passer l'implicite et je suis restée souvent face au vide abyssal de la classe.
Dans la mesure où ces élèves ne fournissaient aucun effort, ni en classe, ni à la maison, j'ai cessé de me tourmenter (vers le mois de mars environ, quand même).
J'ai essayé de passer par l'analyse d'image, ce fut également un fiasco.
Sur 30 élèves, 8 sont allés au Lycée GT, mais ils étaient 22 à le demander à la fin du 2e trimestre.
Je n'ai donc quasiment rien à te proposer, sauf peut-être l'analyse d'image (fixe ou mobile), si tes élèves sont motivés pour progresser.
Dry
- CaineNiveau 2
Bonsoir,
Effectivement, quel silence assourdissant ahah !
Passer par l'image pourra sans doute débloquer quelques élèves même si, honnêtement, je pense qu'ils ne vont pas non plus comprendre les implicites de celles-ci compte tenu des résultats que j'obtiens à l'écrit... Mais j'essaierai dès la rentrée. Au moins, même s'ils ne comprennent pas le texte le jour du brevet, ils pourront décrocher quelques points sur l'analyse de l'image !
Merci pour ta réponse
Effectivement, quel silence assourdissant ahah !
Passer par l'image pourra sans doute débloquer quelques élèves même si, honnêtement, je pense qu'ils ne vont pas non plus comprendre les implicites de celles-ci compte tenu des résultats que j'obtiens à l'écrit... Mais j'essaierai dès la rentrée. Au moins, même s'ils ne comprennent pas le texte le jour du brevet, ils pourront décrocher quelques points sur l'analyse de l'image !
Merci pour ta réponse
- dryadeNiveau 8
Hello again,
J'ai une autre solution, que j'applique cette année sans scrupule : supprimer des textes pour caser plus de grammaire, systématique et approfondie.
Les élèves aiment, sans doute parce qu'ils sentent que ça leur manque, mais ils râlent quand j'annonce des contrôles ! Mais bon, les sérieux ont au moins la possibilité de consolider des bases.
Ce qui est terrible, c'est d'être obligé de faire des choix, faute de temps, entre la grammaire (je refuse l'appellation "OL") et le programme. Leur donner du travail à la maison (s'il est fait...) nécessite de toute façon des temps de correction qui rognent sur autre chose, et tout est comme ça. J'opte donc pour les bases en grammaire, sans lesquelles de toute façon ils n'auront ni la compréhension ni l'expression.
Sinon, sur le forum, le sujet que tu soulèves est quand même très récurrent, sur les élèves de primaire, de sixième, et en ce moment, de seconde :
https://www.neoprofs.org/t126121-niveau-des-secondes-en-lp-et-les-autres#4795315
J'ai une autre solution, que j'applique cette année sans scrupule : supprimer des textes pour caser plus de grammaire, systématique et approfondie.
Les élèves aiment, sans doute parce qu'ils sentent que ça leur manque, mais ils râlent quand j'annonce des contrôles ! Mais bon, les sérieux ont au moins la possibilité de consolider des bases.
Ce qui est terrible, c'est d'être obligé de faire des choix, faute de temps, entre la grammaire (je refuse l'appellation "OL") et le programme. Leur donner du travail à la maison (s'il est fait...) nécessite de toute façon des temps de correction qui rognent sur autre chose, et tout est comme ça. J'opte donc pour les bases en grammaire, sans lesquelles de toute façon ils n'auront ni la compréhension ni l'expression.
Sinon, sur le forum, le sujet que tu soulèves est quand même très récurrent, sur les élèves de primaire, de sixième, et en ce moment, de seconde :
https://www.neoprofs.org/t126121-niveau-des-secondes-en-lp-et-les-autres#4795315
- ProvenceEnchanteur
C'est souvent un problème de démarche lié à un mauvais apprentissage de la lecture. Certains élèves attrapent des mots au vol et reconstituent une intrigue probable, d'autres font des "hypothèses de lecture", ce qui équivaut à deviner, inventer.Caine a écrit: Les réponses aux questions sont souvent complètement à côté de la plaque (quand on me dit que l'auteur critique la ville de Paris alors qu'au contraire il en parle avec des termes affectueux, c'est à se demander si on a lu le même texte...), preuve en est que les élèves n'ont pas compris le texte qu'ils avaient sous les yeux.
Fais-les lire à haute voix en les reprenant sur la précision de leur lecture (ponctuation, exactitude, ton) et suggère à leurs parents d'en faire autant. En classe, demande-leur de toujours justifier leurs affirmations. Mais, pour un élève qui ne sait pas réellement lire en 3e, pas d solution miracle.comment faites-vous pour entraîner au mieux vos élèves de 3ème à la compréhension de texte ?
Au contraire, cela risque de les maintenir dans leurs méthodes néfastes: déduire, deviner, sans lire.Caine a écrit:
Passer par l'image pourra sans doute débloquer quelques élèves
- ProvenceEnchanteur
+1dryade a écrit:supprimer des textes pour caser plus de grammaire, systématique et approfondie.
La grammaire est la base de la compréhension.
- Elle aimeExpert
Bonsoir,
Exactement les mêmes problèmes avec les 4e, et cela s'empire d'année en année.
Ils ne lisent pas de manière continue, s'arrêtent au bout de quelques secondes ou ne tentent même pas quelque soit le document proposé. Souvent en situation d'attente pour la lecture comme pour les exercices.
Ce que je fais
15 minutes : travail seul et sans aide
Prise de connaissance obligatoire et silencieuse de tout document distribué, avant tout travail. Durant deux à trois minutes, interdiction d'écrire, de poser une question.
Ensuite, mise au travail : pour un texte, lecture du texte encore une fois silencieuse et noter leurs impressions, leurs sentiments, ce à quoi le texte leur fait penser. Présentation du texte : ils doivent trouver un maximum d'informations (auteur, date, titre, personnages...)
Oral, tour de classe
Chaque élève doit donner une information différente sur le texte à partir du travail qui précède.
On enchaîne ensuite sur un travail plus classique (deux à trois questions rédigées).
Et progression grammaticale rigoureuse + exercices de vocabulaire (je passe 2/3 de temps en pure langue en début d'année pour ensuite passer à 1/2 temps en langue à partir de janvier).
Exactement les mêmes problèmes avec les 4e, et cela s'empire d'année en année.
Ils ne lisent pas de manière continue, s'arrêtent au bout de quelques secondes ou ne tentent même pas quelque soit le document proposé. Souvent en situation d'attente pour la lecture comme pour les exercices.
Ce que je fais
15 minutes : travail seul et sans aide
Prise de connaissance obligatoire et silencieuse de tout document distribué, avant tout travail. Durant deux à trois minutes, interdiction d'écrire, de poser une question.
Ensuite, mise au travail : pour un texte, lecture du texte encore une fois silencieuse et noter leurs impressions, leurs sentiments, ce à quoi le texte leur fait penser. Présentation du texte : ils doivent trouver un maximum d'informations (auteur, date, titre, personnages...)
Oral, tour de classe
Chaque élève doit donner une information différente sur le texte à partir du travail qui précède.
On enchaîne ensuite sur un travail plus classique (deux à trois questions rédigées).
Et progression grammaticale rigoureuse + exercices de vocabulaire (je passe 2/3 de temps en pure langue en début d'année pour ensuite passer à 1/2 temps en langue à partir de janvier).
_________________
"Moi, je crois que la grammaire, c’est une voie d’accès à la beauté. Quand on parle, quand on lit ou quand on écrit, on sent bien si on a fait une belle phrase ou si on est en train d’en lire une. On est capable de reconnaître une belle tournure ou un beau style. Mais quand on fait de la grammaire, on a accès à une autre dimension de la beauté de la langue. Faire de la grammaire, c’est la décortiquer, regarder comment elle est faite, la voir toute nue, en quelque sorte. Et c’est là que c’est merveilleux : parce qu’on se dit : « Comme c’est bien fait, qu’est-ce que c’est bien fichu ! », « Comme c’est solide, ingénieux, subtil ! ». Moi, rien que savoir qu’il y a plusieurs natures de mots et qu’on doit les connaître pour en conclure à leurs usages et à leurs compatibilités possibles, ça me transporte."
- *Ombre*Grand sage
Les conseils de Provence sont judicieux.
J'ajouterai ceci, qui a trait à la compréhension elle-même. Oui, elle se travaille. Le problème est que, pendant des années, on a préféré faire des lectures méthodiques, des choses savantes sur le texte, sans même assurer sa compréhension : la paraphrase, c'était aram. On paye deux déviance : le peu de travail au fil des années sur la compréhension elle-même et l'habitude donnée au contraire d'inventer n'importe quoi à partir "d'indices" sous couvert d'hypothèses.
Comment en sortir et recréer de bonnes habitudes ? En sortant les élèves du trop facile "J'comprends rien". Dans un texte, à moins qu'il ne soit écrit dans une autre langue, on comprend forcément quelque chose. Tu peux partir de là. Demander aux élèves ce qu'ils ont compris ou, précisément, ce qu'ils n'ont pas compris. Et quand un élève signale un mot, une phrase, un passage, une situation qui lui paraît obscur, inviter un autre élève à répondre. Quand on hésite, qu'on n'est pas d'accord, vérifier, chercher dans le texte non pas de vagues "indices", mais la preuve que c'est bien cela qu'il faut comprendre et pas autre chose.
Ainsi, peu à peu, en partant du connu, du compris, l'inconnu, l'incompris s'éclaire. Et la manière dont l'ensemble s'élabore se construit peu à peu, texte après texte.
Si tu fais cela régulièrement, tes élèves prendront de plus en plus facilement la parole pour reformuler, interroger, interpréter... sans plus s'arrêter à un "J'comprends rien" qui aura été déminé. Et si, au début, tu vas devoir susciter les réactions, tu verras que, plus le temps passera, plus les élèves se répondront eux-mêmes spontanément.
Et en faisant cela, non seulement la compréhension du texte sera assurée, la façon de procéder pour parvenir à cette compréhension illustrée, mais tu verras que les élèves vont déjà lancer plein de pistes d'analyse et d'interprétation intéressantes. Le travail sera déjà bien avancé.
J'ajouterai ceci, qui a trait à la compréhension elle-même. Oui, elle se travaille. Le problème est que, pendant des années, on a préféré faire des lectures méthodiques, des choses savantes sur le texte, sans même assurer sa compréhension : la paraphrase, c'était aram. On paye deux déviance : le peu de travail au fil des années sur la compréhension elle-même et l'habitude donnée au contraire d'inventer n'importe quoi à partir "d'indices" sous couvert d'hypothèses.
Comment en sortir et recréer de bonnes habitudes ? En sortant les élèves du trop facile "J'comprends rien". Dans un texte, à moins qu'il ne soit écrit dans une autre langue, on comprend forcément quelque chose. Tu peux partir de là. Demander aux élèves ce qu'ils ont compris ou, précisément, ce qu'ils n'ont pas compris. Et quand un élève signale un mot, une phrase, un passage, une situation qui lui paraît obscur, inviter un autre élève à répondre. Quand on hésite, qu'on n'est pas d'accord, vérifier, chercher dans le texte non pas de vagues "indices", mais la preuve que c'est bien cela qu'il faut comprendre et pas autre chose.
Ainsi, peu à peu, en partant du connu, du compris, l'inconnu, l'incompris s'éclaire. Et la manière dont l'ensemble s'élabore se construit peu à peu, texte après texte.
Si tu fais cela régulièrement, tes élèves prendront de plus en plus facilement la parole pour reformuler, interroger, interpréter... sans plus s'arrêter à un "J'comprends rien" qui aura été déminé. Et si, au début, tu vas devoir susciter les réactions, tu verras que, plus le temps passera, plus les élèves se répondront eux-mêmes spontanément.
Et en faisant cela, non seulement la compréhension du texte sera assurée, la façon de procéder pour parvenir à cette compréhension illustrée, mais tu verras que les élèves vont déjà lancer plein de pistes d'analyse et d'interprétation intéressantes. Le travail sera déjà bien avancé.
- CaineNiveau 2
Bonjour à tous,
Désolé pour le retard, je profitais un peu de mes vacances.
Merci pour vos différents retours ! Je vais essayer de mettre tout ça en place dès la semaine prochaine. Il y a des choses que je réalisais déjà mais sans doute ne poussais-je pas assez loin ces activités. Je tâcherai d'y remédier.
Désolé pour le retard, je profitais un peu de mes vacances.
Merci pour vos différents retours ! Je vais essayer de mettre tout ça en place dès la semaine prochaine. Il y a des choses que je réalisais déjà mais sans doute ne poussais-je pas assez loin ces activités. Je tâcherai d'y remédier.
- DeliaEsprit éclairé
@ombre : tu décris remarquablement... la lecture méthodique !
_________________
Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
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