- snizNiveau 1
Bonjour à tous,
Je suis contractuel dans un collège en Guyane, à St Georges sur la frontière du Brésil. On bat des records dans la faiblesse des résultats. L'année dernière on était classés avant-derniers au niveau national. Les résultats aux tests d'entrée en 6è étaient entre 15 et 20% en Français et aussi en maths.
Je suis confronté à des difficultés de classes très hétérogènes dans lesquelles certains (rares!) élèves ont un niveau normal, alors qu'une majorité d'autres ont un niveau extrêmement faible. Je suis prof de maths et je constate qu'en troisième, une bonne partie de la classe doit réfléchir pour donner le résultat de 3x4 ou 7+8. Il est impensable d'espérer faire ingurgiter à de tels élèves un quelconque élément du programme.
Mon plan ce serait donc de leur faire faire des activités en autonomie, correspondant aux programmes de 6è-5è. Mais ça risque de compliquer pas mal ma gestion de la classe, notamment en ce qui concerne l'évaluation. Qu'est-ce que vous en pensez?
Je suis contractuel dans un collège en Guyane, à St Georges sur la frontière du Brésil. On bat des records dans la faiblesse des résultats. L'année dernière on était classés avant-derniers au niveau national. Les résultats aux tests d'entrée en 6è étaient entre 15 et 20% en Français et aussi en maths.
Je suis confronté à des difficultés de classes très hétérogènes dans lesquelles certains (rares!) élèves ont un niveau normal, alors qu'une majorité d'autres ont un niveau extrêmement faible. Je suis prof de maths et je constate qu'en troisième, une bonne partie de la classe doit réfléchir pour donner le résultat de 3x4 ou 7+8. Il est impensable d'espérer faire ingurgiter à de tels élèves un quelconque élément du programme.
Mon plan ce serait donc de leur faire faire des activités en autonomie, correspondant aux programmes de 6è-5è. Mais ça risque de compliquer pas mal ma gestion de la classe, notamment en ce qui concerne l'évaluation. Qu'est-ce que vous en pensez?
- NestyaEsprit sacré
J'ai le regret de dire que je les laisse sur le carreau. Autant, il est possible d'aider les élèves moyens et certains insuffisants, autant il est impossible, dans les circonstances actuelles, d'aider les très insuffisants. Ou alors je ne sais pas faire. Mais quand on a des gamins qui arrivent en 6e sans savoir former les lettres, sans même savoir tenir un stylo, qui ne savent pas écrire une phrase cohérente ou reconnaitre un nom commun, que faire? Ces élèves ont pourtant une heure de soutien + des PPRE mais force est de constater que ça ne marche pas. On ne peux pas refaire le cycle de l'école primaire en collège. Alors tant pis. Je me concentre sur ceux que je peux aider.
Qu'on m'explique déjà comment ces élèves ont pu arriver en 6e! Comment ont-ils pu passer???
Qu'on m'explique déjà comment ces élèves ont pu arriver en 6e! Comment ont-ils pu passer???
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"Attendre et espérer."
Alexandre Dumas
- DwarfVénérable
Cela dépend de leur dégré de motivation : s'ils en veulent vraiment, je les prends pendant mes trous pour les faire bosser et - normalement - progresser (oui, gratuitement, je suis un idéaliste). En revanche, s'ils ne sont de toute façon prêts à rien faire, je ne peux pas grand chose...
Juste une remarque cependant : on ne peut jamais aller contre la nature.
Juste une remarque cependant : on ne peut jamais aller contre la nature.
- snizNiveau 1
D'accord, mais on ne peut pas renier le problème s'il touche quelque chose comme un tiers ou la moitié de la classe... non?
J'ai eu des difficultés l'année dernière avec une classe de 3è qui ne comportait que 4 élèves très moyens comme "locomotives", 4 assez mauvais derrière, et tout le reste des 24 élèves dans les choux total. Et ceux-là m'ont bien cassé les pieds...
J'ai eu des difficultés l'année dernière avec une classe de 3è qui ne comportait que 4 élèves très moyens comme "locomotives", 4 assez mauvais derrière, et tout le reste des 24 élèves dans les choux total. Et ceux-là m'ont bien cassé les pieds...
- DaphnéDemi-dieu
Il y a un moment où ce n'est plus possible, dixit l'IPR elle même !!
- leyadeEsprit sacré
Si mes calculs sont bons, les 3/ quarts de tes élèves sont dans les choux total.
Tu peux donc faire ton cours ajusté à leur niveau, et les 8 autres, qui ont un niveau acceptable, tu les mets ensemble sur deux tables à 4, ils travailleront des exercices écrits en autonomie pendant que tu parleras au reste de la classe, puis tu viendras leur parler quand les autres seront en train de travailler.
En fait, c'est ce que fait une amie à moi qui est en primaire, avec trois quart de CP qui ne savent pas lire et un quart de CE1 autonomes.
Tu peux donc faire ton cours ajusté à leur niveau, et les 8 autres, qui ont un niveau acceptable, tu les mets ensemble sur deux tables à 4, ils travailleront des exercices écrits en autonomie pendant que tu parleras au reste de la classe, puis tu viendras leur parler quand les autres seront en train de travailler.
En fait, c'est ce que fait une amie à moi qui est en primaire, avec trois quart de CP qui ne savent pas lire et un quart de CE1 autonomes.
- DwarfVénérable
Oui, tout est fonction du niveau de la majorité. Ma première année d'enseignement, j'ai eu des classes de niveau : et tout le monde a progressé de manière significative, chaque classe partant cependant d'un niveau différent.
- ThalieGrand sage
Très intéressant Dwarf car cette idée que tu énonces est contestée depuis des années, elle est même indicible dans l'E.N.Dwarf a écrit:Oui, tout est fonction du niveau de la majorité. Ma première année d'enseignement, j'ai eu des classes de niveau : et tout le monde a progressé de manière significative, chaque classe partant cependant d'un niveau différent.
Pour ma part, je n'ai jamais eu des classes de niveau donc je ne peux pas argumenter par la preuve, peux-tu nous en dire plus ?
Cette année, mes collègues nous ont soupçonnés d'avoir fait une classe d'élite (la fameuse 3e nulle en orthographe dont je parle dans un post ce matin, c'est affolant mais une rumeur court vite parce qu'il y a dans cette classe la fille de la prof de maths, ce sont donc tous des génies pour mes collègues, or....ma foi, je n'ai pas cette impression )
Bref, mes collègues étaient scandalisés que l'on puisse envisager de faire des classes de niveau alors même qu'ils se plaignent toute la journée d'avoir trois, quatre perturbateurs qui n'ont pas le niveau requis et qui empêchent le reste de la classe de progresser car ils perturbent. J'ai l'impression qu'ils ne sont pas en accord avec le fond de leur pensée...
Quand j'étais collégienne nous étions dans un collège expérimental (en 86) trois classes étaient alignées pour les cours de maths et d'anglais, au bout d'un mois on passait tous la même évaluation et les profs créaient trois groupes de niveau et nous changions de profs. A la fin du trimestre, nouveau test et nous pouvions changer de niveau à nouveau. J'ai toujours trouvé ce système intéressant quoiqu'il avait des failles.
- AuroreEsprit éclairé
Je trouve dangereux de s'occuper de ceux qui n'ont pas le niveau sous prétexte qu'ils forment la majorité car c'est justifier leur passage en 3ème. Ils sont passés, ils n'ont pas le niveau, ils ne peuvent pas comprendre le cours ! C'est logique ! Pourquoi pénaliser ceux qui ont justement le niveau et peuvent obtenir leur brevet à la fin de l'année ?
Je suis quand même consciente que ce n'est pas une solution pour les plus faibles car si on suit cette logique, ils ne vont rien faire de l'année. Pourquoi ne pas faire des classes de niveau en prétextant la situation exceptionnelle de l'établissement ?
Je suis quand même consciente que ce n'est pas une solution pour les plus faibles car si on suit cette logique, ils ne vont rien faire de l'année. Pourquoi ne pas faire des classes de niveau en prétextant la situation exceptionnelle de l'établissement ?
- snizNiveau 1
Il ne faut pas faire de classes de niveaux, mais il faut quand-même faire de la pédagogie différenciée...
Donc si on veut faire son travail au maximum, on se retrouve à faire des groupes de niveaux à l'intérieur des classes...
Et on se prend en pleine tronche les contradictions entre d'un part la médiocrité et l'immobilisme du système éducatif français qui ne l'empêchent absolument pas d'avoir la prétention d'appliquer des grands principes politiques de soi-disant équité, lesquels en définitive retombent complètement sur les profs, et d'autre part la dure réalité du terrain. Je pense pas non plus que faire des classes de niveau soit la solution, ça crée aussi des problèmes, mais il faudrait réformer le système et s'inspirer un peu des innovations faites par les pays voisins...
Bref, pour résumer, si la situation se reproduit, il faudra que je fasse le choix de m'aligner sur le niveau d'un des groupes d'élèves, mais cela dépendra de la constitution de la classe.
Donc si on veut faire son travail au maximum, on se retrouve à faire des groupes de niveaux à l'intérieur des classes...
Et on se prend en pleine tronche les contradictions entre d'un part la médiocrité et l'immobilisme du système éducatif français qui ne l'empêchent absolument pas d'avoir la prétention d'appliquer des grands principes politiques de soi-disant équité, lesquels en définitive retombent complètement sur les profs, et d'autre part la dure réalité du terrain. Je pense pas non plus que faire des classes de niveau soit la solution, ça crée aussi des problèmes, mais il faudrait réformer le système et s'inspirer un peu des innovations faites par les pays voisins...
Bref, pour résumer, si la situation se reproduit, il faudra que je fasse le choix de m'aligner sur le niveau d'un des groupes d'élèves, mais cela dépendra de la constitution de la classe.
- DwarfVénérable
Les deux dernières années, j'ai créé dans mes sixièmes des groupes de niveaux (globalement deux, et un troisième pour les dyslexiques qui travaillaient différemment). Les exigences étaient fonction du niveau et des capacités des élèves. Globalement, ils lisaient et travaillaient sur les mêmes livres mais les uns avaient tout, les autres la moitié/deux-tiers. Mais cela s'y prêtait car c'était des recueils. En tout cas, au bout d'un trimestre et demi (vacances de février), ils étaient tous capables de lire les mêmes bouquins (cette fois des oeuvres d'un seul tenant).
Pour mon expérience en classes de niveau, j'avais une cinquième de bonne tenue sans trop d'hétérogénéité, un bon ensemble d'élèves moyens + de niveau correct et une quatrième d'élèves TOUS (à une exception près) en grosse difficulté. J'ai travaillé normalement avec les cinquièmes en variant les domaines de manière classique et ils ont tous suivi pour arriver à passer à la tranche supérieure (bons élèves). Quant aux quatrièmes, j'ai dû d'abord faire un GROS travail ininterrompu de deux mois sur la maîtrise orthographique à base de fiches sur les règles et de dictées très régulières : les progrès ont été foudroyants mais j'avais commencé par les gagner à leur propre cause en leur présentant sans mentir les enjeux qui les concernaient. Ensuite, travail de grammaire plus poussé et littérature. Mais j'ai dû faire dans le progressif, forcément! Quoi qu'il en soit beaucoup étaient devenus moyens et non plus franchement mauvais, ce qui était déjà un exploit.
Je suis partisan des classes de niveau à condition qu'on y mette des professeurs volontaires qui travaillent en équipe et qui puissent suivre les élèves sur deux ans et non pas seulement un an. Et bien évidemment, ces classes ne devraient être ni pensées ni perçues comme des poubelles pour cas désespérés mais comme une chance de sauver des élèves que le système hétérogène condamne à être largués.
Pour mon expérience en classes de niveau, j'avais une cinquième de bonne tenue sans trop d'hétérogénéité, un bon ensemble d'élèves moyens + de niveau correct et une quatrième d'élèves TOUS (à une exception près) en grosse difficulté. J'ai travaillé normalement avec les cinquièmes en variant les domaines de manière classique et ils ont tous suivi pour arriver à passer à la tranche supérieure (bons élèves). Quant aux quatrièmes, j'ai dû d'abord faire un GROS travail ininterrompu de deux mois sur la maîtrise orthographique à base de fiches sur les règles et de dictées très régulières : les progrès ont été foudroyants mais j'avais commencé par les gagner à leur propre cause en leur présentant sans mentir les enjeux qui les concernaient. Ensuite, travail de grammaire plus poussé et littérature. Mais j'ai dû faire dans le progressif, forcément! Quoi qu'il en soit beaucoup étaient devenus moyens et non plus franchement mauvais, ce qui était déjà un exploit.
Je suis partisan des classes de niveau à condition qu'on y mette des professeurs volontaires qui travaillent en équipe et qui puissent suivre les élèves sur deux ans et non pas seulement un an. Et bien évidemment, ces classes ne devraient être ni pensées ni perçues comme des poubelles pour cas désespérés mais comme une chance de sauver des élèves que le système hétérogène condamne à être largués.
- MaissaHabitué du forum
J'ai connu les deux. Première année : classes de niveau. Les collègues qui avaient les classes d'élèves en difficulté n'en pouvaient plus. Malheureusement, dans ces classes se retrouvent aussi les perturbateurs et les élèves vivent très mal de telles constitutions de classes. Le collège était en ébullition et les élèves passaient leur temps à se venger de mille façons.
Deuxième année : classes hétérogènes. Nous avons pu souffler un peu. Les collègues qui avaient autrefois les "bonnes" classes ont, bien entendu, râlé (les parents également). Mais le collège s'est apaisé. J'ai également vu, dans certaines classes, de très bons élèves aider, stimuler des élèves qui, au début de l'année, ne voulaient pas travailler.
Deuxième année : classes hétérogènes. Nous avons pu souffler un peu. Les collègues qui avaient autrefois les "bonnes" classes ont, bien entendu, râlé (les parents également). Mais le collège s'est apaisé. J'ai également vu, dans certaines classes, de très bons élèves aider, stimuler des élèves qui, au début de l'année, ne voulaient pas travailler.
- CarabasVénérable
En effet, ça m'a l'air intéressant. Ca laisse une chance aux faibles de raccrocher les wagons et permet d'aller plus loin pour les autres. Je n'ai jamais compris pourquoi c'était tabou.Thalie a écrit:Quand j'étais collégienne nous étions dans un collège expérimental (en 86) trois classes étaient alignées pour les cours de maths et d'anglais, au bout d'un mois on passait tous la même évaluation et les profs créaient trois groupes de niveau et nous changions de profs. A la fin du trimestre, nouveau test et nous pouvions changer de niveau à nouveau. J'ai toujours trouvé ce système intéressant quoiqu'il avait des failles.
Quelles sont les failles que tu vois, Thalie?
- snizNiveau 1
Dwarf a écrit:Les exigences étaient fonction du niveau et des capacités des élèves. Globalement, ils lisaient et travaillaient sur les mêmes livres mais les uns avaient tout, les autres la moitié/deux-tiers.
Et comment tu t'y prenais pour l'évaluation? La même pour tout le monde ?
- DwarfVénérable
sniz a écrit:Dwarf a écrit:Les exigences étaient fonction du niveau et des capacités des élèves. Globalement, ils lisaient et travaillaient sur les mêmes livres mais les uns avaient tout, les autres la moitié/deux-tiers.
Et comment tu t'y prenais pour l'évaluation? La même pour tout le monde ?
Non, ils avaient des questions et des barêmes différenciés, bien sûr! Idem pour les exercices d'écriture.
- snizNiveau 1
tu n'avais pas de protestations de la part des élèves??
et comment réglais-tu le problème qu'un élève d'un groupe moins avancé puisse avoir une meilleure note qu'un élève d'un groupe plus avancé qui serait un peu plus en difficulté dans son propre groupe mais qui serait très à l'aise dans un groupe moins avancé (j'espère que t'as compris...) ?
et comment réglais-tu le problème qu'un élève d'un groupe moins avancé puisse avoir une meilleure note qu'un élève d'un groupe plus avancé qui serait un peu plus en difficulté dans son propre groupe mais qui serait très à l'aise dans un groupe moins avancé (j'espère que t'as compris...) ?
- DwarfVénérable
Je ne l'avais pas imposé mais expliqué en début d'année : les autres élèves ont été très compréhensifs et cela a justement créé chez eux un esprit d'émulation. Tout est dans la manière d'amener la chose et de l'expliquer (y compris aux parents).
Et puis, cela ne durait pas toute l'année, loi de là!
Et puis, cela ne durait pas toute l'année, loi de là!
- BériluneNiveau 5
J'essaie de les aider en passant dans les rangs, en les faisant réfléchir à leur erreur.
Je les interroge lorsque je sais qu'ils ont la bonne réponse et je les complimente (sans exagération): ils se sentent mis en valeur.
Je demande aux plus rapides d'aider les plus lents quand un exercice est terminé par les 1ers.
Je place des élèves faibles à côté de bons élèves.
Évidemment, cela ne suffit pas...
Je les interroge lorsque je sais qu'ils ont la bonne réponse et je les complimente (sans exagération): ils se sentent mis en valeur.
Je demande aux plus rapides d'aider les plus lents quand un exercice est terminé par les 1ers.
Je place des élèves faibles à côté de bons élèves.
Évidemment, cela ne suffit pas...
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