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Balthazaard
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L'église et Aristote Empty L'église et Aristote

par Balthazaard Mer 28 Aoû 2019 - 11:07
Bonjour
J'avoue un peu mon ignorance sur une question que je ne sais pas aborder pour me documenter.
D'où vient le statut accordé à Aristote par l'église? Il semblerait que le contredire Aristote jusqu'à une époque relativement récente (Galilée par ex) soit un crime passible du Bucher. Pourtant Aristote était un païen, donc il devait apparaitre comme suspect...
Je me souviens dans "la controverse de Valladolid de la réplique de Las Casas "Aristote est un païen qui brule au milieu de l'enfer"...pourquoi cet argument de bon sens était-il réfuté quant il était question de l'infaillibilité d'Aristote?
Beaucoup d'ignorance et sans doute de contresens de ma part mais j'aimerais quelques pistes.
Zagara
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L'église et Aristote Empty Re: L'église et Aristote

par Zagara Mer 28 Aoû 2019 - 11:20
La pensée d'Aristote, si elle n'a pas été "perdue" en Occident, a intéressé tardivement les lettrés occidentaux. Au XIIe siècle, une grande partie de ses écrits est traduite de l'arabe vers le latin, vraisemblablement dans les ateliers de la péninsule ibérique, en conservant les commentaires ajoutés par des penseurs musulmans, notamment Averroès. Dans le même temps, il y a aussi un mouvement de traductions des œuvres d'Aristote propre à l'Occident chrétien. Tout ne vient pas des transferts culturels ibériques. En tout cas, le XIIe siècle est certainement le moment où les lettrés chrétiens ont commencé à s'intéresser activement à cet auteur antique, qui n'était auparavant qu'une autorité parmi d'autres (subalterne ?).

Les écolâtres et professeurs médiévaux ont repris la pensée d'Aristote, parfois métissée de celle des penseurs musulmans, en tentant de la rendre compatible avec le christianisme, au prix parfois d'errements : l'averroïsme, premier aristotélisme marqué par la pensée d'Averroès, a rapidement été considéré comme dangereuse, parce que ses promoteurs se sont mis à critiquer des points fondamentaux du dogme.

Donc à la fin du XIIe siècle, la pensée d'Aristote a été (en partie) "nettoyée" d'Averroès (même si en fait ce débat continue pendant tout le XIIIe s.). Mais restaient tout un tas de positions d'Aristote lui-même incompatibles avec la foi chrétienne. Les universités qui se forment au XIIIe siècle tentent de rigoureusement séparer les œuvres d'Aristote interdites d'être enseignées (celles discutant de l'organisation du cosmos sont par exemple trop incompatible avec l'organisation chrétienne de l'univers) et celles sur lesquelles on pouvait s'appuyer.

De fait, l'Aristote christianisé, remanié, sélectionné, est devenu une des autorités centrales du savoir universitaire occidental. Il est utilisé dans les cours de médecine, de rhétorique, de grammaire... entre autres. Tous les grands penseurs de la fin du Moyen Âge le connaissent par coeur, le commentent, etc (Thomas d'Aquin par exemple a produit des commentaires sur Aristote). Son influence est telle qu'on parle d'aristotélisme, terme qui permet de démarquer cet usage chrétien et médiéval d'Aristote de ses autres usages (antiques ou modernes).

Bref, pour les lettrés chrétiens depuis la fin du XIIe siècle, Aristote c'est le daron, tu peux pas le test.
pseudo-intello
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L'église et Aristote Empty Re: L'église et Aristote

par pseudo-intello Mer 28 Aoû 2019 - 11:32
Merci pour l'explication !

J'avoue que je n'avais jamais pensé à poser la question, mais en lisant le post de Balthazaaard, je me suis demandé comment j'avais pu ne jamais me poser la question... merci pour la réponse, en tout cas !

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