"Oh les beaux jours", Beckett - question sur le parcours

Bonjour à tous,

Je vais débuter l'année avec Beckett en première mais j'ai plusieurs questions au sujet du parcours intitulé : "Un théâtre de la condition humaine".
- Première question : le parcours doit-il être composé uniquement d'extraits du XXème siècle ? (comme le font certains nouveaux manuels reçus en juin qui proposent d'autres extraits de Beckett ou de Ionesco).

- Deuxième question : pour les collègues qui vont travailler sur cette pièce (qui semble assez délaissée...), quels extraits avez-vous choisis ? Pour l'instant, j'ai sélectionné la scène d'exposition, le début de l'acte II pour voir l'évolution de la situation. Il me manque encore un extrait.

Merci d'avance pour vos réponses.
Belle journée.    

Bonjour
Je suis désolée, je ne vais pas pouvoir t'aider. J'aime beaucoup Beckett mais j'ai été furieuse de voir cette pièce choisie au lieu de En attendant Godot, beaucoup plus accessible pour les élèves à mon sens.
Ô les beaux jours se regarde, mais ce n'est pas simple et les problématiques sont difficiles pour les adolescents, d'autre part la profusion de didascalies rend le texte quasiment illisible, même des adultes ont du mal...
Je trouve courageux de s'y lancer et je serai intéressée par ton retour d'expérience , ou d'autres qui seraient tentés par cette pièce également...

Je connais très bien cette pièce pour avoir planché dessus l'année de mon agrégation. C'est précisément pour cela que je la trouve HS pour des élèves de première. Elle déroutait déjà bien des agrégatifs. Je me souviens d'un candidat bien déconfit à la sortie d'Henri IV; il venait de tomber en leçon sur le deuxième acte, on lui avait reproché de ne pas avoir compris.
Bref, j'adore Beckett, mais cette pièce est inadaptée à des élèves de première. Pourquoi pas EAG en effet?  Pourquoi cette exception dans la liste très patrimoniale qui est par ailleurs proposée?
Cela écrit, j'en fais certaines années étudier un morceau, car par petites touches, elle passe fort bien. La didascalie liminaire est très intéressante.

Il me semble que pour compléter il faudrait étudier la fin de la pièce, avec ce Willie rampant...

Je suis rassurée de voir que je ne suis pas la seule à trouver la pièce trop complexe pour des premières. Un conseil si je peux me permettre : si vraiment tu tiens à cette pièce, il me semble préférable de ne pas commencer par là et d'attendre que les élèves soient un peu plus aguerris.

Bonjour,

Je ne vais pas épiloguer sur les œuvres intégrales qui nous sont imposées... de toute façon à quoi bon ?! J'aime le risque, l'originalité sans doute.

Ecusette de Noireuil, ayant une progression commune avec mes autres collègues de lettres, je dois commencer l'année soit par le roman (La PDC) soit par le théâtre. Donc pour laisser le temps aux élèves de lire correctement le roman, je suis forcément obligée de débuter par le théâtre.

Orlanda, si tu possèdes des documents pour éclairer le sens de la pièce Oh les beaux jours, je suis preneuse ! J'avais en effet pensé à la fin de la pièce.

Par contre, quelqu'un sait-il si les textes du parcours associé doivent être du même siècle que l’œuvre intégrale choisie ? Ce n'est pas très clair dans le programme...

Merci d'avance.
Bonne journée.

Les textes du parcours doivent éclairer la pièce, la compléter, etc. mais ils peuvent être pris dans l'espace chronologique fixé par l'objet d'étude, en l'occurrence du 17e au 21e siècle: je ne vois pas où on peut avoir un doute. Les manuels ont été faits à la va-vite: on ne peut pas vraiment s'appuyer dessus.
Je trouve les avis d'Ecusette et d'Orlanda particulièrement fondés et je trouve dommage que la prise en compte de difficultés éventuelles des élèves ne soit pas prioritaire face à un accord entre collègues: on peut se plaindre d'avoir des oeuvres imposées mais on s'impose des contraintes non obligatoires.

Merci Aphrodissia et tant mieux si tout est si limpide pour toi !

Nous nous mettons d'accord sur l'ordre des objets d'étude à traiter pour faciliter l'élaboration des bacs blancs.

Eh bien à tout prendre je me demande si ce ne serait pas mieux de commencer par La Princesse et donner aux élèves le temps de le lire pendant le parcours associé . Car Oh Les Beaux jours il faudra bien le lire aussi, et c'est coton! Bon cela dit, quand on défend très fort une œuvre on arrive parfois à la faire passer: c'est ce que je te souhaite. Je sais juste que même avec des élèves dont le profil est plutôt bon comme ceux que j'ai eus cette année, je ne m'y serais pas risquée. Et tout le monde fait Beckett dans ton établissement?

Je vais y réfléchir Ecusette de Noireuil, tu me mets le doute. La pièce est certes difficile mais tout de même assez rapide à lire. La princesse de Clèves prend plus de temps, nos élèves ne sont pas de grands lecteurs et extrêmement rapides. Je pense commencer par le parcours associé sur la condition humaine en traitant des textes qui seront peut-être plus faciles pour eux.

Non les choix d’œuvres sont variés.

En tous cas l'appui sur un support vidéo me paraît indispensable. tu trouveras sans problème pour les mises en scènes anciennes, pour de plus récentes c'est plus difficile. Bon d'un autre côté, Beckett et ses ayant droits ont tellement verrouillé l’œuvre que c'est très difficile de trouver de l'espace de liberté et finalement les mises en scènes récentes ne sont sans doute pas très différentes, si ce n'est pour la diction, qui peut avoir un impact sur nos élèves aussi. Nauzyciel qui a fait une mise en scène de Oh les beaux jours disait que Beckett avait lui-même "stérilisé" sa pièce. La difficulté vient aussi de ce que ces questionnements sur la mort, sur la vieillesse et le rétrécissement de l'espace et des capacités, s'ils sont universels, ne sont pas faciles à aborder.

Je me lance aussi dans le choix de cette pièce.
Voilà où j'en suis dans mes réflexions si cela peut t'aider : je commence par le parcours pour leur donner des outils pour comprendre la pièce : un extrait de La Cantatrice chauve, un de La Parodie d'Adamov et un de Huis-clos pour différencier théâtre existentialiste et théâtre de l'absurde.
Selon nos inspecteurs ces textes doivent rester dans le siècle mais tout le monde n'a pas eu les mêmes informations.

Tu peux t'appuyer sur l'Atlande paru lorsque la pièce était à l'agrégation. Je viens de le finir. Il est riche mais le risque est d'être tenté de faire ensuite des choses trop compliquées pour des élèves de 1ère.

Pour les textes , je pense faire le début de l'acte II; l'extrait de l'acte I avec le revolver; l'extrait de l'acte I avec la réflexion sur le temps qui enchaîne avec la mention de la brosse à cheveux (si mes souvenirs sont bons, je n'ai pas l'œuvre sous la main).

Tocade3010 as-tu déjà des idées de lecture cursive ? Il serait bien que les élèves lisent d'autres pièces de Beckett ou de Ionesco mais il faut sans doute varier les siècles...
Je ne connais pas cette œuvre d'Adamov mais j'aimerais bien utiliser cet auteur qui est souvent associé au théâtre de l'absurde. Pourrais-tu me communiquer l'extrait stp ?
Merci d'avance.

Je réfléchis encore à ce que je vais faire (ben quoi, la rentrée c'est encore dans longtemps !) mais je suis assez tentée par Oh les beaux jours. Ceci étant, je crois que je vais attendre de voir le profil de ma classe, pour voir si c'est envisageable. C'est quand même plutôt complexe comme pièce.
Comme Ecusette, si on a le choix, je suggérerais de ne pas commencer l'année avec Beckett ; je pense que, malgré une langue plus éloignée de nous, la Princesse est bien moins compliquée à lire (une histoire linéaire, une intrigue bien ficelée...). La lecture de Beckett est sans cesse compliquée de didascalies et de points de suspensions qui la rend saccadée et abrupte. Ça en fait l'intérêt mais ça desarçonne les élèves.
S'il fallait commencer par là, afin de lancer la lecture, je ferais une activité en classe afin de donner envie aux élèves de continuer la lecture malgré les difficultés.

Pour ce qui est du parcours, il peut être intéressant de ne pas se limiter au XXe siecle, puisqu'une partie de l'enjeu, sur Beckett, c'est de comprendre comment le cadre narratif explose. (comparer des expositions, par exemple). De même, pour la cursive, je choisirais une pièce bien plus classique de structure afin d'avoir un point de comparaison.

De plus, je me méfierais du terme "théâtre de l'absurde" : Beckett lui-même refusait totalement cette appellation pour son théâtre, et je ne la trouve pas vraiment opérante, ou plutôt, je trouve qu'elle ferme la lecture de l'œuvre. Il s'agit d'une invention d'un théoricien, Martin Esslin, en 1962.

Pour faire réfléchir les élèves, il existe un documentaire intitulé "prisonniers de Beckett" qui raconte l'histoire de cinq détenus qui ont monté Godot et sont partis en tournée. Ça permet à la fois de faire connaître Godot aux élèves et de leur faire entrevoir la notion d'enfermement qui est au cœur de toutes les pièces de Beckett (voir, en particulier, Comédie où les corps empêchés font écho au corps de Winnie).

En termes de ressources :
Un livre CNED/PUF (Ici)
Le site "en scènes" de l'INA : un parcours pédagogique sur le théâtre de l'absurde Ici que je fais souvent lire aux élèves avant de commencer Beckett (je faisais Fin de Partie). Il y a des vidéos associées qui peuvent être sympa à regarder (toujours moins de 3 minutes et extraites des archives INA).

Et, juste parce que c'est rigolo (encore qu'on pourrait imaginer de faire réfléchir les élèves sur ça) : Eugène qui bitche à voir Ici !

MelleSarah, je n'ai pas mon ordinateur avec moi mais je pourrai t'envoyer le texte quand je rentrerai de vacances.

Pour la cursive, je leur donnerai à étudier Cendrillon de Pommerat qui soulève aussi des questions sur la condition humaine.

Je pense les faire entrer dans l'œuvre de Beckett comme beaucoup l'ont suggéré par la vidéo. Je leur mettrai la mise en scène de Blin disponible sur le site de l'INA puis on lira l 'exposition ensemble.

Comme la didascalies initiale verrouille déjà beaucoup la mise en scène, j'aurais tendance à entrer plutôt dans l'œuvre par le côté pratique. Je n'ai pas le texte sous le yeux alors je parle de mémoire, mais pour commencer, je pense qu'une activité de lecture et mise en scène peut être intéressante. Soit en proposant aux élèves d'imaginer une scénographie (donc en restant à la table, avec croquis, dessins ou descriptions), soit, si les moyens le permettent (je bosse dans des lycées qui disposent de salles théâtre) au plateau.

Poupoutch, c'est ce que je comptais faire sur d'autres extraits (le denouement? Je voulais le faire en texte complémentaire) car je crains de manquer de temps pour tout faire mais c'est une idée très intéressante.

C'est une idée jetée comme cela, je n'ai plus lu le texte depuis 4 ans et je n'ai pas encore étudié le programme en détail. Mais j'aime faire une séance sur la scénographie quand j'étudie le théâtre. Et sur Beckett, c'est intéressant de trouver comment apporter de la variation dans des dispositifs très verrouillés.

Edit : Je commence à travailler et, comme l'objet d'étude s'intitule "le théâtre du XVIIè au XXIè siècle", je crois important pour la dissertation que les élèves se frottent à une pièce de structure plus classique. Pour la cursive, je mettrais une tragédie, ce qui permet également de réfléchir à la question du malheur et de ses causes (ce qui répond à la thématique de la condition humaine. Et pourrait appeler en GT à l'utilisation de Sartre (même si je n'aime pas trop Huis Clos)...).

Voici donc, comme promis, l'extrait de La Parodie d'Adamov.