- EriccollegeJe viens de m'inscrire !
Bonjour,
Je cherche une séquence ou des fiches sur "l'île au trésor" de Stevenson.
Si quelqu'un a cela... je suis preneur !
Eric
Je cherche une séquence ou des fiches sur "l'île au trésor" de Stevenson.
Si quelqu'un a cela... je suis preneur !
Eric
- frimoussette77Guide spirituel
Tu as regardé sur le site de Gallimard ?
- PointàlaligneExpert
J'en profite pour poser une question : qui connaît un bon film adaptant l'Île au trésor ?
- *Ombre*Grand sage
Ericcollege a écrit:Bonjour,
Je cherche une séquence ou des fiches sur "l'île au trésor" de Stevenson.
Si quelqu'un a cela... je suis preneur !
Eric
Tu en as une dans le manuel Terre des Lettres, avec parcours de lecture, analyse d'extraits et études transversales + travail d'écriture.
- SoiréeHabitué du forum
Suite à la lecture du chapitre 7 avec mes drôles, je ne peux que vous recommander de le relire.... La mise en abyme de la lecture à travers l'épisode de la double lecture de la lettre de Trelawney par Jim et ce pauvre vieux Redruth est savoureuse. Il y a le bon lecteur et le mauvais lecteur...
On se souviendra au passage que ce grigou de Stevenson expédie ad patres ce balourd de Redruth au cours de la 4e partie...Il n'avait qu'à mieux savoir lire !
PS : Trelawney qui s'extasie sur la maniabilité de l'Hispaniola, c'est excellent aussi... Je viens de regarder comment c'était écrit avant traduction, excellent vraiment ! Plein d'autres prolepses malicieuses dans cette lettre !
On se souviendra au passage que ce grigou de Stevenson expédie ad patres ce balourd de Redruth au cours de la 4e partie...Il n'avait qu'à mieux savoir lire !
PS : Trelawney qui s'extasie sur la maniabilité de l'Hispaniola, c'est excellent aussi... Je viens de regarder comment c'était écrit avant traduction, excellent vraiment ! Plein d'autres prolepses malicieuses dans cette lettre !
- *Ombre*Grand sage
Je ne vois pas en quoi Jim serait, dans ce passage, le "bon lecteur". Il est encore, à ce stade, l'enfant naïf qui s'en remet totalement aux adultes et ne voit pas plus le danger que Redruth. Il ne se rappelle guère ses cauchemars avec le pirate à la jambe du bois et se livre tout entier à la joie de l'aventure.
C'est là toute l'habileté de Stevenson : faire passer au lecteur des informations par le biais des personnages, mais qui échappent aux personnages eux-mêmes. Le lecteur, lui, comprend à la fois la situation réelle et l'aveuglement des personnages, donc le danger qui en résulte. Cette tension l'aiguillonne, il veut connaître l'issue de ce piège qu'il est le seul à voir. C'est un ressort classique du roman d'aventure et c'est en ce sens qu'il est intéressant d'étudier ce chapitre avec les élèves, ou du moins de leur montrer l'intérêt d'une lecture habile, qui dépasse celle faite par les personnages. De ce point de vue, Jim, à ce stade, n'est pas plus avancé que Redruth. Ce n'est sans doute pas pour ses lourdeurs d'interprétation que Redruth est expédié ad patres, sinon, Jim aurait pu le suivre bien, n'ayant guère fait mieux au même moment.
A d'autres moments, c'est au contraire en jouant sur les points de vue, en enfermant délibérément le lecteur dans le point de vue limité d'un personnage que Stevenson crée des effets de surprise, comme quand Jim, ignorant que ses amis ont quitté le fortin (mais le lecteur l'ignore aussi à ce stade), se jette dans la gueule du loup. Tout le monde tombe de haut quand le perroquet de Silver lance l'alerte.
C'est cette distribution habile de l'information, où tantôt le lecteur en sait plus que les personnages, tantôt non, qui assure la parfaite mécanique de l'aventure.
C'est là toute l'habileté de Stevenson : faire passer au lecteur des informations par le biais des personnages, mais qui échappent aux personnages eux-mêmes. Le lecteur, lui, comprend à la fois la situation réelle et l'aveuglement des personnages, donc le danger qui en résulte. Cette tension l'aiguillonne, il veut connaître l'issue de ce piège qu'il est le seul à voir. C'est un ressort classique du roman d'aventure et c'est en ce sens qu'il est intéressant d'étudier ce chapitre avec les élèves, ou du moins de leur montrer l'intérêt d'une lecture habile, qui dépasse celle faite par les personnages. De ce point de vue, Jim, à ce stade, n'est pas plus avancé que Redruth. Ce n'est sans doute pas pour ses lourdeurs d'interprétation que Redruth est expédié ad patres, sinon, Jim aurait pu le suivre bien, n'ayant guère fait mieux au même moment.
A d'autres moments, c'est au contraire en jouant sur les points de vue, en enfermant délibérément le lecteur dans le point de vue limité d'un personnage que Stevenson crée des effets de surprise, comme quand Jim, ignorant que ses amis ont quitté le fortin (mais le lecteur l'ignore aussi à ce stade), se jette dans la gueule du loup. Tout le monde tombe de haut quand le perroquet de Silver lance l'alerte.
C'est cette distribution habile de l'information, où tantôt le lecteur en sait plus que les personnages, tantôt non, qui assure la parfaite mécanique de l'aventure.
- SoiréeHabitué du forum
C'est vrai pour le pirate unijambiste mais Jim voit bien le danger causé par la révélation de l'existence du trésor contrairement à Redruth et il met en cause l'aveuglement de cet adulte incapable de mettre en question la bêtise évidente de son maître.
Stevenson ménage volontairement une interruption de la lecture à cet endroit et Jim concède être exaspéré par la bêtise servile du garde. C'est assez flagrant. D'accord bien sûr pour le reste.
Il y a aussi un début d'opposition entre le serviteur droit mais lourd et le maître coq gentilhomme de fortune bien plus intéressant malgré sa malhonnêteté. Et d'ailleurs le garde meurt tandis que l'immoral unijambiste s'en sort...
Stevenson ménage volontairement une interruption de la lecture à cet endroit et Jim concède être exaspéré par la bêtise servile du garde. C'est assez flagrant. D'accord bien sûr pour le reste.
Il y a aussi un début d'opposition entre le serviteur droit mais lourd et le maître coq gentilhomme de fortune bien plus intéressant malgré sa malhonnêteté. Et d'ailleurs le garde meurt tandis que l'immoral unijambiste s'en sort...
- *Ombre*Grand sage
Soirée a écrit:C'est vrai pour le pirate unijambiste mais Jim voit bien le danger causé par la révélation de l'existence du trésor contrairement à Redruth et il met en cause l'aveuglement de cet adulte incapable de mettre en question la bêtise évidente de son maître.
Stevenson ménage volontairement une interruption de la lecture à cet endroit et Jim concède être exaspéré par la bêtise servile du garde. C'est assez flagrant. D'accord bien sûr pour le reste.
Le seul commentaire de Jim, c'est que cela ne va pas plaire au docteur. Cela peut fonctionner comme un signe pour le lecteur qui, lui, comprend le danger, mais pas comme la manifestation d'un jugement éclairé de l'enfant sur la bêtise du serviteur. Je trouve dommage de vouloir à toute force voir dans ces deux lignes la preuve que Jim aurait vu quelque chose que les autres n'auraient pas vu. Rien, dans la suite du récit, ne corrobore cette lecture. Jim est tout à ses rêves d'aventure (voir les longs développements, dans ce même chapitre, sur ce qu'il en imagine), a abandonné toute méfiance, et trouvera le maître coq fort sympathique lors de la traversée - enfin, jusqu'à sa nuit dans le tonneau de pommes. C'est dommage de forcer ainsi la lecture, car cela va à l'encontre du parcours de Jim, qui s'en remet d'abord totalement aux autres (le docteur va pas être content) avant de prendre en main sa destinée et de changer le cours des choses.
Redruth est un personnage très secondaire. On en a besoin dans l'économie du récit, parce qu'il faut bien quelques hommes adultes pour tenir contre des pirates, mais le destin des personnages secondaires est de se faire tuer pour permettre aux héros de survivre sans manquements trop gros au réalisme. C'est vrai dans nombre de récits d'aventures, et déjà en oeuvre chez Stevenson.Il y a aussi un début d'opposition entre le serviteur droit mais lourd et le maître coq gentilhomme de fortune bien plus intéressant malgré sa malhonnêteté. Et d'ailleurs le garde meurt tandis que l'immoral unijambiste s'en sort...
Si Silver s'oppose à quelqu'un, dans ce récit, ce n'est pas à un personnage d'aussi peu d'envergure que Redruth, c'est au docteur. Ce sont deux pères de substitution possibles pour Jim, qui pourraient faire basculer sa vie dans deux directions radicalement opposées.
En tout cas, je suis d'accord avec toi sur le fait que cette lettre du châtelain est fort drôle pour qui sait la lire (nous, les lecteurs, pas Jim), et que c'est dans ce genre de dévoilement que l'étude de texte prend tout son sens, car à première lecture, les élèves n'y voient généralement que du feu - à part quelques petits futés. Mais je ne vois pas ce qu'apporte cette soi-disant "mise en abyme de la lecture" qui ne me convainc pas.
- SoiréeHabitué du forum
Je n'ai pas le texte sous les yeux mais la mise en abyme de la lecture y compris de ses lacunes est à mon sens assez manifeste et intéressante car elle agit comme un embrayeur signalant l'ironie narrative.
Trelawnay commente notamment la maniabilité de l'Hispaniola en ces termes (de mémoire,) : un enfant pourrait la manœuvrer.
Or Jim est amené à manœuvrer le vaisseau après avoir expédié Israël Hands...
Difficile de ne pas voir le jeu de Stevenson avec la diégèse pour célébrer son propre pouvoir de conteur.
Redruth a un statut particulier dans le récit y compris parmi les personnages secondaires, c'est le seul personnage secondaire lié à la terre qui part sur les mers. Il appartient au monde de la terre ferme et de l'honnête routine au même titre que le père de Jim que le jeune homme ne pleure guère. Il est à l'image de son balourd de maître, trelawnay, qui est de loin le personnage la plus ridicule du roman.
Au reste l'enterrement de Redruth est expédié sous les yeux indifférents de Jim un peu comme celui de son malheureux paternel est escamoté.
La lecture de Jim n'est pas celle d'un lecteur aguerri certes mais la question de l'interprétation des signes et surtout de leur non interprétation est au cœur de ce passage.
Trelawnay a d'ailleurs une formule annonciatrice de la mutinerie en parlant de l'équipage. Et cela évidemment Jim ne le perçoit pas encore. Par contre il a déjà une piètre image de Trelawnay comme nous mêmes. Ce qui introduit aussi la figure romanesque de Silver.
Trelawnay commente notamment la maniabilité de l'Hispaniola en ces termes (de mémoire,) : un enfant pourrait la manœuvrer.
Or Jim est amené à manœuvrer le vaisseau après avoir expédié Israël Hands...
Difficile de ne pas voir le jeu de Stevenson avec la diégèse pour célébrer son propre pouvoir de conteur.
Redruth a un statut particulier dans le récit y compris parmi les personnages secondaires, c'est le seul personnage secondaire lié à la terre qui part sur les mers. Il appartient au monde de la terre ferme et de l'honnête routine au même titre que le père de Jim que le jeune homme ne pleure guère. Il est à l'image de son balourd de maître, trelawnay, qui est de loin le personnage la plus ridicule du roman.
Au reste l'enterrement de Redruth est expédié sous les yeux indifférents de Jim un peu comme celui de son malheureux paternel est escamoté.
La lecture de Jim n'est pas celle d'un lecteur aguerri certes mais la question de l'interprétation des signes et surtout de leur non interprétation est au cœur de ce passage.
Trelawnay a d'ailleurs une formule annonciatrice de la mutinerie en parlant de l'équipage. Et cela évidemment Jim ne le perçoit pas encore. Par contre il a déjà une piètre image de Trelawnay comme nous mêmes. Ce qui introduit aussi la figure romanesque de Silver.
- *Ombre*Grand sage
Soirée a écrit:
Trelawnay commente notamment la maniabilité de l'Hispaniola en ces termes (de mémoire,) : un enfant pourrait la manœuvrer.
Or Jim est amené à manœuvrer le vaisseau après avoir expédié Israël Hands...
Difficile de ne pas voir le jeu de Stevenson avec la diégèse pour célébrer son propre pouvoir de conteur.
Ou tout simplement, il travaille à la crédibilité de ce qui va suivre ? Je trouve plus intéressant de montrer à des élèves des ficelles narratives dont ils peuvent s'emparer que de les entraîner dans des réflexions méta-littéraires douteuses et sans doute infiniment moins parlantes pour eux.
La mutinerie et plein d'autres choses : qui a recruté l'équipage, dans quel but... Mais ces informations sont destinées au lecteur.Trelawnay a d'ailleurs une formule annonciatrice de la mutinerie en parlant de l'équipage.
Effectivement.Et cela évidemment Jim ne le perçoit pas encore.
Trelawney est un personnage ridicule, quasi comique, nécessaire à l'économie de l'intrigue, ne serait-ce que pour lancer les pirates aux trousses des héros. Je ne vois pas en quoi la réaction de Jim apporterait la preuve d'une quelconque lucidité du personnage.Par contre il a déjà une piètre image de Trelawnay comme nous mêmes.
Bref, toujours pas convaincue. Disons, bien sûr que ce chapitre relève de la double énonciation, avec distribution d'information au lecteur. Mais ce sont des ressorts classiques de l'aventure, et vouloir y voir une auto-célébration des pouvoirs de la fiction me semble bien extrapoler pour peu de profit pour les élèves.
En fait, ça me fait penser à ces profs d'université qui, quel que soit le texte étudié, voyaient de la méta-littérature partout, parce qu'il n'y avait sans doute rien de plus profond, apparemment, que de voir de la méta-littérature dans un texte. Je crois qu'ils s'échauffaient un peu...
- SoiréeHabitué du forum
Ca doit me ressembler. Mais en général les élèves trouvent cela très intéressant.
Je trouve que résumer la chose à "Stevenson travaille à la crédibilité de l'intrigue" est un peu désobligeant pour le maître. Stevenson se fiche pas mal de la crédibilité de l'intrigue, il l'a théorisé très largement dans ses Essais sur l'art de la fiction, et le simple jeu des narrations croisées dans L'Île au trésor ou le Maître de Ballantrae est assez révélateur de sa conception de la narration sans trop de souci des contingences matérialistes bonnes pour les vulgaires romanciers naturalistes...
S'agissant de Redruth, Jim insiste sur le fait qu'il ne sait qu'à peine déchiffrer, on a bien une insistance sur les deux niveaux de lecture, même si celle de Jim n'est pas non plus celle du lecteur aguerri que nous sommes (mais peut être assez proche de la lecture de beaucoup de jeunes gens dédaigneux du roman d'aventures...)
Pour finir je trouve vraiment dommage de laisser de côté les multiples clins d'oeil méta-littéraires dans ce roman. Qui commence par une dédicace à l'acheteur hésitant (de roman) avant d'introduire un trafiquant d'aventures tout aussi hésitant à franchir le seuil de l'auberge (pour n'y pas trouver la paix, et pour apporter l'aventure au jeune Jim, tandis que nous franchissons le seuil du roman après avoir nous-mêmes hésité...)
La mise en scène de Jim en spectateur de l'aventure est centrale dans le roman, et cela évoque la conception romanesque très théâtrale de Stevenson dont les romans sont surtout une succession de scènes...
Je trouve que résumer la chose à "Stevenson travaille à la crédibilité de l'intrigue" est un peu désobligeant pour le maître. Stevenson se fiche pas mal de la crédibilité de l'intrigue, il l'a théorisé très largement dans ses Essais sur l'art de la fiction, et le simple jeu des narrations croisées dans L'Île au trésor ou le Maître de Ballantrae est assez révélateur de sa conception de la narration sans trop de souci des contingences matérialistes bonnes pour les vulgaires romanciers naturalistes...
S'agissant de Redruth, Jim insiste sur le fait qu'il ne sait qu'à peine déchiffrer, on a bien une insistance sur les deux niveaux de lecture, même si celle de Jim n'est pas non plus celle du lecteur aguerri que nous sommes (mais peut être assez proche de la lecture de beaucoup de jeunes gens dédaigneux du roman d'aventures...)
Pour finir je trouve vraiment dommage de laisser de côté les multiples clins d'oeil méta-littéraires dans ce roman. Qui commence par une dédicace à l'acheteur hésitant (de roman) avant d'introduire un trafiquant d'aventures tout aussi hésitant à franchir le seuil de l'auberge (pour n'y pas trouver la paix, et pour apporter l'aventure au jeune Jim, tandis que nous franchissons le seuil du roman après avoir nous-mêmes hésité...)
La mise en scène de Jim en spectateur de l'aventure est centrale dans le roman, et cela évoque la conception romanesque très théâtrale de Stevenson dont les romans sont surtout une succession de scènes...
- *Ombre*Grand sage
Disons "cohérence narrative", si tu préfères.
Pour le reste, je trouve qu'il faut aller chercher bien loin la justification de l'interprétation de deux phrases.
Je ne suis surtout pas convaincue de la nécessité d'entrer dans des considérations aussi pointues avec des enfants de 11 à 12 ans, qui ne comprennent justement pas la double énonciation au coeur de ce chapitre, et qui ont pourtant tant à partager avec ce Jim de 12 ans qui rêve d'aventure et se voit déjà sur son île.
Sur ce bonne soirée.
Pour le reste, je trouve qu'il faut aller chercher bien loin la justification de l'interprétation de deux phrases.
Je ne suis surtout pas convaincue de la nécessité d'entrer dans des considérations aussi pointues avec des enfants de 11 à 12 ans, qui ne comprennent justement pas la double énonciation au coeur de ce chapitre, et qui ont pourtant tant à partager avec ce Jim de 12 ans qui rêve d'aventure et se voit déjà sur son île.
Sur ce bonne soirée.
- DesolationRowEmpereur
Soirée a écrit:Ca doit me ressembler. Mais en général les élèves trouvent cela très intéressant.
Je trouve que résumer la chose à "Stevenson travaille à la crédibilité de l'intrigue" est un peu désobligeant pour le maître. Stevenson se fiche pas mal de la crédibilité de l'intrigue, il l'a théorisé très largement dans ses Essais sur l'art de la fiction, et le simple jeu des narrations croisées dans L'Île au trésor ou le Maître de Ballantrae est assez révélateur de sa conception de la narration sans trop de souci des contingences matérialistes bonnes pour les vulgaires romanciers naturalistes...
S'agissant de Redruth, Jim insiste sur le fait qu'il ne sait qu'à peine déchiffrer, on a bien une insistance sur les deux niveaux de lecture, même si celle de Jim n'est pas non plus celle du lecteur aguerri que nous sommes (mais peut être assez proche de la lecture de beaucoup de jeunes gens dédaigneux du roman d'aventures...)
Pour finir je trouve vraiment dommage de laisser de côté les multiples clins d'oeil méta-littéraires dans ce roman. Qui commence par une dédicace à l'acheteur hésitant (de roman) avant d'introduire un trafiquant d'aventures tout aussi hésitant à franchir le seuil de l'auberge (pour n'y pas trouver la paix, et pour apporter l'aventure au jeune Jim, tandis que nous franchissons le seuil du roman après avoir nous-mêmes hésité...)
La mise en scène de Jim en spectateur de l'aventure est centrale dans le roman, et cela évoque la conception romanesque très théâtrale de Stevenson dont les romans sont surtout une succession de scènes...
Comme si c'était une honte d'essayer de raconter, simplement, une bonne histoire Je suis comme *Ombre*, je trouve que ces affaires de méta-littérature, c'est la plaie des études littéraires, ça traîne partout, il n'y a pas un roman, un poème, une pièce de théâtre qui ne soit justiciable d'une explication méta-littéraire - et évidemment, c'est commode parce que ça marche pour tout et ça donne l'air malin.
- BaldredSage
DesolationRow a écrit:Soirée a écrit:Ca doit me ressembler. Mais en général les élèves trouvent cela très intéressant.
Je trouve que résumer la chose à "Stevenson travaille à la crédibilité de l'intrigue" est un peu désobligeant pour le maître. Stevenson se fiche pas mal de la crédibilité de l'intrigue, il l'a théorisé très largement dans ses Essais sur l'art de la fiction, et le simple jeu des narrations croisées dans L'Île au trésor ou le Maître de Ballantrae est assez révélateur de sa conception de la narration sans trop de souci des contingences matérialistes bonnes pour les vulgaires romanciers naturalistes...
S'agissant de Redruth, Jim insiste sur le fait qu'il ne sait qu'à peine déchiffrer, on a bien une insistance sur les deux niveaux de lecture, même si celle de Jim n'est pas non plus celle du lecteur aguerri que nous sommes (mais peut être assez proche de la lecture de beaucoup de jeunes gens dédaigneux du roman d'aventures...)
Pour finir je trouve vraiment dommage de laisser de côté les multiples clins d'oeil méta-littéraires dans ce roman. Qui commence par une dédicace à l'acheteur hésitant (de roman) avant d'introduire un trafiquant d'aventures tout aussi hésitant à franchir le seuil de l'auberge (pour n'y pas trouver la paix, et pour apporter l'aventure au jeune Jim, tandis que nous franchissons le seuil du roman après avoir nous-mêmes hésité...)
La mise en scène de Jim en spectateur de l'aventure est centrale dans le roman, et cela évoque la conception romanesque très théâtrale de Stevenson dont les romans sont surtout une succession de scènes...
Comme si c'était une honte d'essayer de raconter, simplement, une bonne histoire Je suis comme *Ombre*, je trouve que ces affaires de méta-littérature, c'est la plaie des études littéraires, ça traîne partout, il n'y a pas un roman, un poème, une pièce de théâtre qui ne soit justiciable d'une explication méta-littéraire - et évidemment, c'est commode parce que ça marche pour tout et ça donne l'air malin.
Mmmh, un peu de condescendance DR pour Stevenson et ses " romans d'aventures ?
- SoiréeHabitué du forum
@DesolationRow : tu as lu et étudié récemment cette oeuvre ?
- DesolationRowEmpereur
Étudié non, je dois l'avouer ; lu (à voix haute, à un enfant), il y a assez peu de temps (enfin ça se compte en mois, j'en conviens).
- SoiréeHabitué du forum
Le passage où Jim rêve d'aventures devant la carte est à mettre en parallèle avec le témoignage que fait Stevenson de la genèse de son "premier livre". Je ne pense pas que ces considérations retirent à la "fable" somme toute très convenue de l'île au trésor.*Ombre* a écrit:Disons "cohérence narrative", si tu préfères.
Pour le reste, je trouve qu'il faut aller chercher bien loin la justification de l'interprétation de deux phrases.
Je ne suis surtout pas convaincue de la nécessité d'entrer dans des considérations aussi pointues avec des enfants de 11 à 12 ans, qui ne comprennent justement pas la double énonciation au coeur de ce chapitre, et qui ont pourtant tant à partager avec ce Jim de 12 ans qui rêve d'aventure et se voit déjà sur son île.
Sur ce bonne soirée.
Mais je peux comprendre qu'on puisse juger cela complexe à aborder même si ce n'est pas mon expérience personnelle.
J'ai tendance à penser que réduire le roman d'aventures stevensonien à un roman d'apprentissage romanesque est un peu réducteur, mais c'est plutôt heureux que ce roman d'aventures à l'intrigue usée jusqu'à la corde (ou réduite à sa plus parfaite épure) suscite autant de controverses interprétatives entre collègues.
Bonne soirée également.
@DesolationRow : je pense que c'est un roman à relire pour soi. Tu as de plus probablement le niveau d'anglais pour le lire dans le texte contrairement à mezigue.
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum