Page 1 sur 3 • 1, 2, 3
- Pacifique ParsonsNiveau 2
Bonjour,
(Un sujet que je ne savais pas bien où mettre, veuillez me pardonner si je me suis trompé.)
J'ouvre ce sujet parce qu'en ce mois de juillet qui débute, je boucle ma troisième année d'enseignement. Présentation succincte : professeur de français avec une formation plutôt humanités classiques à l'origine, collège, région parisienne, au départ véritable envie naïve d'enseigner, transmettre, les illusions habituelles en somme. Pourtant, après ces 3 ans dans le monde magique de l'Education Nationale, l'impression de prendre part à un système complètement fou m'asphyxie de plus en plus. Je ne nie pas qu'il existe quelques moments de satisfaction, ne vous y méprenez pas, mais globalement ce métier supposément plein de sens en est pour moi vidé, d'où l'impression d'écoper la Méditerranée à la petite cuillère.
Si je devais remplir un cahier de doléances, je dirais que je suis ulcéré par l'irrespect de certains élèves, le manque d'intérêt généralisé, l'inaction et le désengagement de certains parents, l'hypocrisie de l'institution selon laquelle tout baigne, le laxisme ordinaire, la volonté de ne pas trop heurter les petits bouts de chou en les maternant de façon déraisonnable, les directives pédagogiques insensées et inefficaces, la fascination exaltée mais vaine pour le numérique, le procédés stakhanovistes pour dissimuler la médiocrité, le manque de moyens et l'argent dépensé inutilement... j'en passe et des meilleures. Je ne cherche pas ici à faire l'apologie d'une autre époque et d'autres méthodes, on est en 2019, mais force est de constater que la machine est tellement grippée qu'on se demande comment tout cela tient encore.
Bien souvent, donc, je tire des constats amers sur ce qu'est l'école de la République et ce qu'elle devrait être. Égalité des chances ? Émancipation par le savoir ? Si peu... alors quoi ? Résignation, les choses sont telles qu'elles sont, on ne peut rien changer... Ou bien...
Cela peut paraître ridicule mais je sens bouillir en moi un vrai désir d'agir. J'ai déjà essayé les grèves, c'est un moyen d'action qui ne me convainc pas. Que faire ? Existe-t-il des associations, des groupes de personnes (en dehors des syndicats), qui se réunissent pour débattre sur ces sujets et qui tentent de trouver des idées neuves afin de rendre à l'éducation la place qu'elle mérite ? Des gens qui cherchent à sensibiliser de façon innovante le grand public sur l'absurdité et la décrépitude du système ? Si vous en connaissez, n'hésitez pas à m'en dire davantage ! Je ressens un réel besoin d'échanger de vive voix avec d'autres professeurs indignés (en dehors de ceux de ma salle des profs, j'aime mes collègues mais ils ne sont pas très "bouillonnants" !). Même si la guerre est sans doute perdue d'avance car l'inertie du mammouth est colossale, la résignation totale est encore trop douloureuse. Il doit bien y avoir quelque chose à faire, et si ce quelque chose existe, j'aimerais y prendre part d'une façon ou d'une autre.
(Par précaution... je suis évidemment ouvert au dialogue, mais il serait stérile de m'assaillir de "tu n'as qu'à partir si tu n'es pas content", "toujours à noircir le tableau et à se plaindre" et autres "encore un révolté de pacotille". Ce n'est pas vraiment mon constat qui demande à être interrogé, il m'est propre et n'engage que moi. Je cherche surtout des moyens d'action.)
(Un sujet que je ne savais pas bien où mettre, veuillez me pardonner si je me suis trompé.)
J'ouvre ce sujet parce qu'en ce mois de juillet qui débute, je boucle ma troisième année d'enseignement. Présentation succincte : professeur de français avec une formation plutôt humanités classiques à l'origine, collège, région parisienne, au départ véritable envie naïve d'enseigner, transmettre, les illusions habituelles en somme. Pourtant, après ces 3 ans dans le monde magique de l'Education Nationale, l'impression de prendre part à un système complètement fou m'asphyxie de plus en plus. Je ne nie pas qu'il existe quelques moments de satisfaction, ne vous y méprenez pas, mais globalement ce métier supposément plein de sens en est pour moi vidé, d'où l'impression d'écoper la Méditerranée à la petite cuillère.
Si je devais remplir un cahier de doléances, je dirais que je suis ulcéré par l'irrespect de certains élèves, le manque d'intérêt généralisé, l'inaction et le désengagement de certains parents, l'hypocrisie de l'institution selon laquelle tout baigne, le laxisme ordinaire, la volonté de ne pas trop heurter les petits bouts de chou en les maternant de façon déraisonnable, les directives pédagogiques insensées et inefficaces, la fascination exaltée mais vaine pour le numérique, le procédés stakhanovistes pour dissimuler la médiocrité, le manque de moyens et l'argent dépensé inutilement... j'en passe et des meilleures. Je ne cherche pas ici à faire l'apologie d'une autre époque et d'autres méthodes, on est en 2019, mais force est de constater que la machine est tellement grippée qu'on se demande comment tout cela tient encore.
Bien souvent, donc, je tire des constats amers sur ce qu'est l'école de la République et ce qu'elle devrait être. Égalité des chances ? Émancipation par le savoir ? Si peu... alors quoi ? Résignation, les choses sont telles qu'elles sont, on ne peut rien changer... Ou bien...
Cela peut paraître ridicule mais je sens bouillir en moi un vrai désir d'agir. J'ai déjà essayé les grèves, c'est un moyen d'action qui ne me convainc pas. Que faire ? Existe-t-il des associations, des groupes de personnes (en dehors des syndicats), qui se réunissent pour débattre sur ces sujets et qui tentent de trouver des idées neuves afin de rendre à l'éducation la place qu'elle mérite ? Des gens qui cherchent à sensibiliser de façon innovante le grand public sur l'absurdité et la décrépitude du système ? Si vous en connaissez, n'hésitez pas à m'en dire davantage ! Je ressens un réel besoin d'échanger de vive voix avec d'autres professeurs indignés (en dehors de ceux de ma salle des profs, j'aime mes collègues mais ils ne sont pas très "bouillonnants" !). Même si la guerre est sans doute perdue d'avance car l'inertie du mammouth est colossale, la résignation totale est encore trop douloureuse. Il doit bien y avoir quelque chose à faire, et si ce quelque chose existe, j'aimerais y prendre part d'une façon ou d'une autre.
(Par précaution... je suis évidemment ouvert au dialogue, mais il serait stérile de m'assaillir de "tu n'as qu'à partir si tu n'es pas content", "toujours à noircir le tableau et à se plaindre" et autres "encore un révolté de pacotille". Ce n'est pas vraiment mon constat qui demande à être interrogé, il m'est propre et n'engage que moi. Je cherche surtout des moyens d'action.)
- BalthazaardVénérable
Je dirai en premier lieu ne pas utiliser la phraséologie de ceux qui sont responsables de ce que tu dénonces...en particulier le terme "mammouth"
- FenrirFidèle du forum
Je crains que nous ne soyons nombreux à faire ce constat, mais que tristement (c'est ce que tu pointes pour ton établissement) une bonne partie des collègues joue la politique de l'autruche. Et ça...
Je sais ça n'aide pas.
Je sais ça n'aide pas.
_________________
À quoi bon mettre son pédigrée, on est partis pour 40 ans*. ████ ████. * 42, il faut lire 42.
- Pacifique ParsonsNiveau 2
Balthazaard a écrit:Je dirai en premier lieu ne pas utiliser la phraséologie de ceux qui sont responsables de ce que tu dénonces...en particulier le terme "mammouth"
Le choix de ce terme a naturellement été fait à dessein, sorte d'hommage ironique à de grossiers personnages dont je suis loin de ne penser que du bien.
- urbancyclistNiveau 3
Sauver les lettres :Pacifique Parsons a écrit:Existe-t-il des associations ?
https://www.sauv.net/
- lemigouNiveau 6
l'impression de prendre part à un système complètement fou m'asphyxie de plus en plus.
Cette phrase décrit exactement mon impression... mais moi, je suis dans l'éducation nationale depuis le millénaire passé... effectivement, l'éducation nationale me fait de plus en plus penser à une maison de fou... tout le monde semble avoir perdu la tête ; il est de plus en plus difficile d'utiliser sa raison...
Je n'ai pas de solution... moi aussi je cherche...
Cette phrase décrit exactement mon impression... mais moi, je suis dans l'éducation nationale depuis le millénaire passé... effectivement, l'éducation nationale me fait de plus en plus penser à une maison de fou... tout le monde semble avoir perdu la tête ; il est de plus en plus difficile d'utiliser sa raison...
Je n'ai pas de solution... moi aussi je cherche...
- VicomteDeValmontGrand sage
Tu peux te tourner vers les associations professionnelles de ta discipline. Certains syndicats ont également des groupes d'échanges disciplinaires.
_________________
Cette insigne faveur que votre coeur réclame
Nuit à ma renommée et répugne à mon âme.
- musaNeoprof expérimenté
Je partage ton constat et ton désir d'agir (quoique je commence à fatiguer). Mais contrairement à toi, je pense que le premier lieu d'où il faut agir, ce sont les syndicats.
- DaphnéDemi-dieu
musa a écrit:Je partage ton constat et ton désir d'agir (quoique je commence à fatiguer). Mais contrairement à toi, je pense que le premier lieu d'où il faut agir, ce sont les syndicats.
A condition de bien le choisir, et pas de ceux qui nous ont mis dans la mouise !
- musaNeoprof expérimenté
Daphné a écrit:musa a écrit:Je partage ton constat et ton désir d'agir (quoique je commence à fatiguer). Mais contrairement à toi, je pense que le premier lieu d'où il faut agir, ce sont les syndicats.
A condition de bien le choisir, et pas de ceux qui nous ont mis dans la mouise !
Ca va mieux en le disant mais comme tu le sais, j'ai très bon goût!
- DaphnéDemi-dieu
musa a écrit:Daphné a écrit:musa a écrit:Je partage ton constat et ton désir d'agir (quoique je commence à fatiguer). Mais contrairement à toi, je pense que le premier lieu d'où il faut agir, ce sont les syndicats.
A condition de bien le choisir, et pas de ceux qui nous ont mis dans la mouise !
Ca va mieux en le disant mais comme tu le sais, j'ai très bon goût!
Je confirme
- *Ombre*Grand sage
Bonjour, Pacifique P.,
Ce que tu dis résonne en moi de façon aiguë, car je me reconnais dans ton propos. Je me reconnais dans ton constat, mais aussi dans ton refus d'abdiquer. Les questions que tu te poses, je me les suis posées il y a plus de quinze ans - c'est-à-dire, comme toi, après quelques années d'enseignement. Comme toi, j'ai ressenti le besoin d'échanger, de trouver le soutien de personnes partageant mes convictions, de m'appuyer sur elles, d'y nourrir ma réflexion pédagogique, d'y retrouver un sens qui se perd dans le fonctionnement de l'EN. Besoin aussi de ne pas céder à l'impuissance, de me donner le sentiment d'agir selon mes convictions à la mesure de mes moyens, à défaut de changer le monde de l'EN.
La première association que j'ai rencontrée, c'est Sauver Les Lettres (le lien que t'a transmis Urbancyclist). Elle a déjà vingt ans et on ne peut pas dire qu'elle ait réussi à faire barrage à quoi que ce soit, mais j'en fais toujours partie parce que cela reste un moyen pour moi de nourrir ma réflexion auprès de personnes intelligentes et que cela offre de temps en temps (d'abord en fonction du temps qu'on veut soi-même consacrer à ce travail) le moyen d'exprimer ses idées sur le blog de l'association ou dans la presse, grâce à ses nombreux contacts.
https://sauv.net/wordpress/
Le simple fait de ne plus me sentir seule dans mes choix pédagogiques souvent à contre-courant, de pouvoir les soumettre à la critique avisée de pairs que je respecte, c'est pour moi beaucoup. Car la solitude du professeur qui se sent dinosaure dans la salle des profs peut être très difficile à vivre.
Ensuite, avec une autre Néo, qui se reconnaîtra, nous avons créé un blog qui voulait ouvrir la réflexion non plus seulement aux Lettres, mais à l'ensemble des disciplines. Ce blog a été de courte durée, car nous nous sommes vite rendu compte que cet objectif que nous visions était précisément celui du GRIP, Groupe Interdisciplinaire de Réflexion sur les Programmes, qui, nous ayant repéré, nous a contactés. Ce blog éphémère aura au moins servi à cela. J'ai donc intégré le GRIP et y ai beaucoup appris. Là aussi, l'étayage pédagogique a été solide et a fait beaucoup de bien sur tous les plans. Je n'en fais plus partie officiellement mais garde des liens avec de nombreux membres et continue de recommander leur travail. L'association a le mérite de faire des propositions constructives et concrètes pour essayer de faire avancer ses idées : participation aux commissions d'élaboration des programmes (même si on ne nous écoute pas, on y est ! ), écriture de manuels pour être force de proposition sur le terrain...
https://www.instruire.fr/le-grip/qui-sommes-nous.html
Dans le prolongement de ce travail avec le GRIP, je me suis engagée dans l'écriture de manuels qui sont pour moi un travail militant : j'y mets en oeuvre la pédagogie en laquelle je crois afin de tenter de la diffuser. Le succès de la collection me redonne foi en le métier : même si les réformes vont dans le mauvais sens, bien des collègues semblent décidés à s'emparer d'outils leur permettant d'en neutraliser les effets les plus néfastes.
Mon conseil : si tu as des convictions, porte-les, développe-les, travaille, essaie de publier : tout ce qui permet la diffusion de ce en quoi l'on croit redonne du sens à notre métier.
Au moment de la réforme du collège, mon engagement contre ce désastre m'a fait découvrir le GRDS, Groupe de Réflexion pour la Démocratisation Scolaire.
http://www.democratisation-scolaire.fr/
J'y ai beaucoup lu, continué de développer ma réflexion, et JP Terrail m'a, là encore, offert différentes opportunités de faire entendre mes (nos) idées.
Ces associations, dont je remercie les nombreux bénévoles, me font tenir debout, au sens où ils me donnent de la force, l'énergie d'aller en cours chaque matin, et où ils me rendent un sentiment de dignité, de consistance dans mes convictions, tout en m'étayant.
Soyons clairs : cet engagement, et tout le travail qu'il suppose, ne changent rien en apparence. La réforme du collège n'est pas abrogée, celle du lycée et de la FP ne semblent en rien menacées ; les horaires de français continuent de diminuer... S'engager dans ces associations, ce n'est pas la promesse d'un Grand Soir ni de lendemains qui chantent. Mais c'est la fin de la solitude pédagogique, du doute perpétuel, c'est du soutien. Et surtout, cette activité me donne le sentiment de reprendre en main mon destin professionnel, de parvenir envers et contre tout à faire entendre mes idées, au moins sur le terrain, si ce n'est parmi nos décideurs (il faut dire que je n'ai aucun contact à Bercy...). Je me lève chaque matin en me disant que j'enseigne, malgré tout, en accord avec mes convictions et soutenue en ce sens par des pairs que je respecte. Et je continue, grâce à l'émulation de toutes ces intelligences, de progresser pédagogiquement année après année, ce qui me donne de la ressource pour faire face aux avanies toujours plus nombreuses. Il me semble que, sans cela, j'aurais démissionné depuis longtemps, tant a été aigu, à un moment donné, le sentiment de perte de sens.
Tout cela n'est pas exclusif de l'engagement syndical, mais il n'y a pas 150 syndicats à dénoncer les dérives que tu pointes toi-même.
Si tu veux discuter plus avant en privé, je serai heureuse de partager cette expérience associative qui est pour moi très riche, et de t'indiquer des chemins possibles sur lesquels j'ai trouvé beaucoup de plaisirs. N'hésite pas. Je suis ravie de te lire car je suis convaincue non seulement que ce cheminement associatif peut éclairer ton propre parcours, te nourrir comme il m'a nourrie, mais aussi que plus nous serons nombreux à nous engager, plus nous aurons de chance de nous faire entendre.
Ce que tu dis résonne en moi de façon aiguë, car je me reconnais dans ton propos. Je me reconnais dans ton constat, mais aussi dans ton refus d'abdiquer. Les questions que tu te poses, je me les suis posées il y a plus de quinze ans - c'est-à-dire, comme toi, après quelques années d'enseignement. Comme toi, j'ai ressenti le besoin d'échanger, de trouver le soutien de personnes partageant mes convictions, de m'appuyer sur elles, d'y nourrir ma réflexion pédagogique, d'y retrouver un sens qui se perd dans le fonctionnement de l'EN. Besoin aussi de ne pas céder à l'impuissance, de me donner le sentiment d'agir selon mes convictions à la mesure de mes moyens, à défaut de changer le monde de l'EN.
La première association que j'ai rencontrée, c'est Sauver Les Lettres (le lien que t'a transmis Urbancyclist). Elle a déjà vingt ans et on ne peut pas dire qu'elle ait réussi à faire barrage à quoi que ce soit, mais j'en fais toujours partie parce que cela reste un moyen pour moi de nourrir ma réflexion auprès de personnes intelligentes et que cela offre de temps en temps (d'abord en fonction du temps qu'on veut soi-même consacrer à ce travail) le moyen d'exprimer ses idées sur le blog de l'association ou dans la presse, grâce à ses nombreux contacts.
https://sauv.net/wordpress/
Le simple fait de ne plus me sentir seule dans mes choix pédagogiques souvent à contre-courant, de pouvoir les soumettre à la critique avisée de pairs que je respecte, c'est pour moi beaucoup. Car la solitude du professeur qui se sent dinosaure dans la salle des profs peut être très difficile à vivre.
Ensuite, avec une autre Néo, qui se reconnaîtra, nous avons créé un blog qui voulait ouvrir la réflexion non plus seulement aux Lettres, mais à l'ensemble des disciplines. Ce blog a été de courte durée, car nous nous sommes vite rendu compte que cet objectif que nous visions était précisément celui du GRIP, Groupe Interdisciplinaire de Réflexion sur les Programmes, qui, nous ayant repéré, nous a contactés. Ce blog éphémère aura au moins servi à cela. J'ai donc intégré le GRIP et y ai beaucoup appris. Là aussi, l'étayage pédagogique a été solide et a fait beaucoup de bien sur tous les plans. Je n'en fais plus partie officiellement mais garde des liens avec de nombreux membres et continue de recommander leur travail. L'association a le mérite de faire des propositions constructives et concrètes pour essayer de faire avancer ses idées : participation aux commissions d'élaboration des programmes (même si on ne nous écoute pas, on y est ! ), écriture de manuels pour être force de proposition sur le terrain...
https://www.instruire.fr/le-grip/qui-sommes-nous.html
Dans le prolongement de ce travail avec le GRIP, je me suis engagée dans l'écriture de manuels qui sont pour moi un travail militant : j'y mets en oeuvre la pédagogie en laquelle je crois afin de tenter de la diffuser. Le succès de la collection me redonne foi en le métier : même si les réformes vont dans le mauvais sens, bien des collègues semblent décidés à s'emparer d'outils leur permettant d'en neutraliser les effets les plus néfastes.
Mon conseil : si tu as des convictions, porte-les, développe-les, travaille, essaie de publier : tout ce qui permet la diffusion de ce en quoi l'on croit redonne du sens à notre métier.
Au moment de la réforme du collège, mon engagement contre ce désastre m'a fait découvrir le GRDS, Groupe de Réflexion pour la Démocratisation Scolaire.
http://www.democratisation-scolaire.fr/
J'y ai beaucoup lu, continué de développer ma réflexion, et JP Terrail m'a, là encore, offert différentes opportunités de faire entendre mes (nos) idées.
Ces associations, dont je remercie les nombreux bénévoles, me font tenir debout, au sens où ils me donnent de la force, l'énergie d'aller en cours chaque matin, et où ils me rendent un sentiment de dignité, de consistance dans mes convictions, tout en m'étayant.
Soyons clairs : cet engagement, et tout le travail qu'il suppose, ne changent rien en apparence. La réforme du collège n'est pas abrogée, celle du lycée et de la FP ne semblent en rien menacées ; les horaires de français continuent de diminuer... S'engager dans ces associations, ce n'est pas la promesse d'un Grand Soir ni de lendemains qui chantent. Mais c'est la fin de la solitude pédagogique, du doute perpétuel, c'est du soutien. Et surtout, cette activité me donne le sentiment de reprendre en main mon destin professionnel, de parvenir envers et contre tout à faire entendre mes idées, au moins sur le terrain, si ce n'est parmi nos décideurs (il faut dire que je n'ai aucun contact à Bercy...). Je me lève chaque matin en me disant que j'enseigne, malgré tout, en accord avec mes convictions et soutenue en ce sens par des pairs que je respecte. Et je continue, grâce à l'émulation de toutes ces intelligences, de progresser pédagogiquement année après année, ce qui me donne de la ressource pour faire face aux avanies toujours plus nombreuses. Il me semble que, sans cela, j'aurais démissionné depuis longtemps, tant a été aigu, à un moment donné, le sentiment de perte de sens.
Tout cela n'est pas exclusif de l'engagement syndical, mais il n'y a pas 150 syndicats à dénoncer les dérives que tu pointes toi-même.
Si tu veux discuter plus avant en privé, je serai heureuse de partager cette expérience associative qui est pour moi très riche, et de t'indiquer des chemins possibles sur lesquels j'ai trouvé beaucoup de plaisirs. N'hésite pas. Je suis ravie de te lire car je suis convaincue non seulement que ce cheminement associatif peut éclairer ton propre parcours, te nourrir comme il m'a nourrie, mais aussi que plus nous serons nombreux à nous engager, plus nous aurons de chance de nous faire entendre.
- IhaveadreamNiveau 5
Bonjour,
Même constat pour moi. Je suis en train de démissionner car heureusement j'ai découvert un autre métier dans lequel je peux m'épanouir mais comme toi, parfois, je bous encore. Je suis étonnée que personne encore dans les réponses n'ait fait mention du mouvement des stylos rouges qui réunit quand même 70 000 enseignants indignés et multiplie en ce moment même des actions concrètes ( grève de surveillance du bac et du brevet, rétention des notes...). Tu peux les trouver sur leur page Facebook. Bon courage !
Même constat pour moi. Je suis en train de démissionner car heureusement j'ai découvert un autre métier dans lequel je peux m'épanouir mais comme toi, parfois, je bous encore. Je suis étonnée que personne encore dans les réponses n'ait fait mention du mouvement des stylos rouges qui réunit quand même 70 000 enseignants indignés et multiplie en ce moment même des actions concrètes ( grève de surveillance du bac et du brevet, rétention des notes...). Tu peux les trouver sur leur page Facebook. Bon courage !
- BalthazaardVénérable
Pacifique Parsons a écrit:Balthazaard a écrit:Je dirai en premier lieu ne pas utiliser la phraséologie de ceux qui sont responsables de ce que tu dénonces...en particulier le terme "mammouth"
Le choix de ce terme a naturellement été fait à dessein, sorte d'hommage ironique à de grossiers personnages dont je suis loin de ne penser que du bien.
Au temps (autant?) pour moi, je n'ai plus aucun humour sur le sujet c'est dire les ravages du système...
- GourgNiveau 4
Pacifique Parsons a écrit:Ce n'est pas vraiment mon constat qui demande à être interrogé, il m'est propre et n'engage que moi. Je cherche surtout des moyens d'action.)
(...) je dirais que je suis ulcéré par l'irrespect de certains élèves, le manque d'intérêt généralisé, l'inaction et le désengagement de certains parents, l'hypocrisie de l'institution selon laquelle tout baigne, le laxisme ordinaire, la volonté de ne pas trop heurter les petits bouts de chou en les maternant de façon déraisonnable, les directives pédagogiques insensées et inefficaces, la fascination exaltée mais vaine pour le numérique, le procédés stakhanovistes pour dissimuler la médiocrité, le manque de moyens et l'argent dépensé inutilement...
D'accord avec tout. Comment aller plus loin ?
Les français attendent beaucoup de leur Ecole Publique. Les candidats aux présidentielles estiment tous que s'occuper de l'Ecole est une des principales priorités. Les professeurs ont un syndicat historique nettement majoritaire, qu'ils sont très nombreux à soutenir aux élections professionnelles. Comment se fait-il que alors que l'Ecole et les professeurs soient soit si malmenés, et même de plus en plus ?
Pour aller plus loin je crois qu'il faudrait répondre à cette question.
- ElyasEsprit sacré
Gourg a écrit:Pacifique Parsons a écrit:Ce n'est pas vraiment mon constat qui demande à être interrogé, il m'est propre et n'engage que moi. Je cherche surtout des moyens d'action.)
(...) je dirais que je suis ulcéré par l'irrespect de certains élèves, le manque d'intérêt généralisé, l'inaction et le désengagement de certains parents, l'hypocrisie de l'institution selon laquelle tout baigne, le laxisme ordinaire, la volonté de ne pas trop heurter les petits bouts de chou en les maternant de façon déraisonnable, les directives pédagogiques insensées et inefficaces, la fascination exaltée mais vaine pour le numérique, le procédés stakhanovistes pour dissimuler la médiocrité, le manque de moyens et l'argent dépensé inutilement...
D'accord avec tout. Comment aller plus loin ?
Les français attendent beaucoup de leur Ecole Publique. Les candidats aux présidentielles estiment tous que s'occuper de l'Ecole est une des principales priorités. Les professeurs ont un syndicat historique nettement majoritaire, qu'ils sont très nombreux à soutenir aux élections professionnelles. Comment se fait-il que alors que l'Ecole et les professeurs soient soit si malmenés, et même de plus en plus ?
Pour aller plus loin je crois qu'il faudrait répondre à cette question.
Tout a été fait pour démolir le corps enseignant. Echec de la grève massive de 2003, gel du point indiciaire, réformes en rafale, politique autoritariste et exerçant une violence morale forte menée comme outil de gestion des ressources humaines, développement du pas de vague, arrivée de collègues qui n'ont aucune culture du service public mais apportent leur culture du privé etc.
- PofekkoNiveau 7
@Elyas: "arrivée de collègues qui n'ont aucune culture du service public mais apportent leur culture du privé etc."
Qu'est-ce que pour vous la culture du service publique que ces collègues venus du privé n'auraient pas?
Qu'est-ce que pour vous la culture du service publique que ces collègues venus du privé n'auraient pas?
- Ramanujan974Érudit
Ce qui me dérange le plus chez certains nouveaux collègues, ce sont les lacunes disciplinaires.
L'absence de culture mathématique me semble plus grave que l'absence de culture du service public.
L'absence de culture mathématique me semble plus grave que l'absence de culture du service public.
- ElyasEsprit sacré
Cela va souvent ensemble. On commence à entendre des collègues traiter d'intellos d'autres collègues.
La culture du service public était, selon un rapport de l'OCDE dans les années 90, l'idée que les gens venaient dans el service public pour l'idée de la reconnaissance honorifique d'apporter un plus à la société et qu'ils étaient fiers de servir leurs concitoyens à avoir une vie meilleure (truc insupportable pour l'OCDE). Cela tend à disparaître au profit d'une logique marchande que pas mal de collègues valident.
La culture du service public était, selon un rapport de l'OCDE dans les années 90, l'idée que les gens venaient dans el service public pour l'idée de la reconnaissance honorifique d'apporter un plus à la société et qu'ils étaient fiers de servir leurs concitoyens à avoir une vie meilleure (truc insupportable pour l'OCDE). Cela tend à disparaître au profit d'une logique marchande que pas mal de collègues valident.
- Ramanujan974Érudit
Elyas a écrit:Cela va souvent ensemble. On commence à entendre des collègues traiter d'intellos d'autres collègues.
La culture du service public était, selon un rapport de l'OCDE dans les années 90, l'idée que les gens venaient dans el service public pour l'idée de la reconnaissance honorifique d'apporter un plus à la société et qu'ils étaient fiers de servir leurs concitoyens à avoir une vie meilleure (truc insupportable pour l'OCDE). Cela tend à disparaître au profit d'une logique marchande que pas mal de collègues valident.
Avant, l'enseignant avait la reconnaissance morale en même temps qu'un salaire décent.
Maintenant, on compte sur le sens du devoir pour faire accepter la baisse de salaire.
- IphigénieProphète
Pour rappel d'un temps pas li lointain mais tellement différent, les anciens instituteurs étaient formés, jusqu'aux années 70 env. dans les écoles normales avec le fait qu'ils seraient impliqués dans la vie de leur commune d'affectation, et même qu'ils en seraient l'un des rouages importants. Dans cette tradition, nombreux sont (étaient) les instituteurs qui devenaient maire de leur village.
- Pacifique ParsonsNiveau 2
Merci à toutes et à tous pour vos réponses, elles m'encouragent à explorer certaines voies et à poursuivre ma réflexion. Malheureusement, plus j'y pense et plus le pessimisme me gagne.
En effet, j'ai bien peur que l'état de l'institution scolaire ne soit qu'une des facettes d'un monde qui marche sur la tête. Comment pourrait-on espérer que l'Etat mette des moyens dans l'enseignement de la littérature ou du latin alors que ce genre de culture "humaniste" que l'Education Nationale se targue de diffuser n'est absolument pas valorisée ? Le monde du travail, en particulier, n'a que faire de recruter des spécialistes en poésie élégiaque latine. L'EN, c'est un peu une boutique qui affiche en devanture qu'elle est là pour vendre du savoir et des compétences mais qui, dans les faits, sert surtout à trier les individus pour leur attribuer un rôle adapté à l'économie de marché. Vous pensez réellement que le gouvernement a à cœur de donner à chacun les outils pour construire une pensée autonome ? J'ai quelques doutes.
Sans vouloir entrer dans des théories complotistes, je ne peux pas m'empêcher de penser à Kant qui écrivait au sujet de la relation tuteurs/mineurs : "Après avoir abêti leur bétail et avoir soigneusement pris garde de ne pas permettre à ces tranquilles créatures d'oser faire le moindre pas hors du chariot où ils les ont enfermées, ils leur montrent le danger qui les menace si elles essaient de marcher seules." Cela me fait immanquablement penser à certains de mes élèves pour lesquels prendre un stylo et écrire est déjà trop fatigant. Le moindre effort intellectuel leur est insupportable, si bien que certains préfèrent ne pas essayer plutôt que de risquer d'avoir à réfléchir. Pourtant, lors du dernier conseil de classe, alors qu'un quart des élèves de la classe ne valide ABSOLUMENT PAS les compétences attendues (sans parler de comportements souvent très irritants), on s'est contenté de dire : "il faudra faire attention, l'année prochaine risquerait d'être difficile. Au suivant." Ces élèves arriveront donc en 3ème avec un niveau épouvantable et seront orientés vers des filières professionnelles qui continueront à souffrir d'une mauvaise image alors qu'elles devraient être valorisées. L'idée de base en faisant aller les élèves jusqu'en 3ème, n'est-ce pas justement de leur garantir la culture et l'esprit critique suffisants pour penser par eux-mêmes, peu importe la voie vers laquelle ils se dirigent ensuite ?
On ne va pas se mentir, le gouvernement a davantage besoin de consommateurs que de citoyens éclairés. Quand, aux dernières européennes, LREM a osé appeler sa liste "Renaissance", j'ai eu des haut-le-cœur. Les classes dirigeantes ont finalement tout intérêt à ce que les choses restent ainsi : matraquage médiatique, épouvantail populiste que l'on agite ad nauseam, entretien des peurs... Tout cela est si bien ficelé qu'il ne manquerait plus que les gens s'aperçoivent qu'on les prend pour des jambons. Rien qu'au niveau des budgets, les grandes orientations économiques de l'UE auxquelles souscrit notre président (et ceux qui l'ont précédé) impliquent de toute façon des économies, notamment dans les services publics. N'avez-vous pas l'impression, vous aussi, de devoir faire toujours plus avec toujours moins de moyens ? De devoir différencier et individualiser alors qu'on a 30 gamins de niveau très hétérogène par classe, sans compter les ULIS, UPE2A et autres ? L'EN, c'est donc sauver les quelques uns que l'on peut sauver et laisser les autres faire naufrage (mais leur donner quand même un diplôme pour faire comme si l'EN tenait ses promesses). C'est affligeant.
Espérer une école égalitaire, centrée sur les savoirs et l'esprit critique dans un monde dominé par l'alliance capitalisme-néolibéralisme, dans une société volontiers qualifiée de post-culture, post-histoire, post-littérature, post-ci, post-ça, n'est-ce pas aussi illusoire que de croire au père noël ? Pardonnez mon blabla pour aboutir à une conclusion aussi navrante : l'école est finalement en adéquation avec la manière dont fonctionne le monde, alors à moins de vouloir changer le monde... C'est d'autant plus désespérant qu'avec le temps les choses ne font qu'empirer, pour les élèves comme pour les professeurs. Travailler à l'EN, finalement, c'est donc être au courant que le bateau coule mais réussir à s'aveugler suffisamment pour ne pas y laisser sa peau ?
En effet, j'ai bien peur que l'état de l'institution scolaire ne soit qu'une des facettes d'un monde qui marche sur la tête. Comment pourrait-on espérer que l'Etat mette des moyens dans l'enseignement de la littérature ou du latin alors que ce genre de culture "humaniste" que l'Education Nationale se targue de diffuser n'est absolument pas valorisée ? Le monde du travail, en particulier, n'a que faire de recruter des spécialistes en poésie élégiaque latine. L'EN, c'est un peu une boutique qui affiche en devanture qu'elle est là pour vendre du savoir et des compétences mais qui, dans les faits, sert surtout à trier les individus pour leur attribuer un rôle adapté à l'économie de marché. Vous pensez réellement que le gouvernement a à cœur de donner à chacun les outils pour construire une pensée autonome ? J'ai quelques doutes.
Sans vouloir entrer dans des théories complotistes, je ne peux pas m'empêcher de penser à Kant qui écrivait au sujet de la relation tuteurs/mineurs : "Après avoir abêti leur bétail et avoir soigneusement pris garde de ne pas permettre à ces tranquilles créatures d'oser faire le moindre pas hors du chariot où ils les ont enfermées, ils leur montrent le danger qui les menace si elles essaient de marcher seules." Cela me fait immanquablement penser à certains de mes élèves pour lesquels prendre un stylo et écrire est déjà trop fatigant. Le moindre effort intellectuel leur est insupportable, si bien que certains préfèrent ne pas essayer plutôt que de risquer d'avoir à réfléchir. Pourtant, lors du dernier conseil de classe, alors qu'un quart des élèves de la classe ne valide ABSOLUMENT PAS les compétences attendues (sans parler de comportements souvent très irritants), on s'est contenté de dire : "il faudra faire attention, l'année prochaine risquerait d'être difficile. Au suivant." Ces élèves arriveront donc en 3ème avec un niveau épouvantable et seront orientés vers des filières professionnelles qui continueront à souffrir d'une mauvaise image alors qu'elles devraient être valorisées. L'idée de base en faisant aller les élèves jusqu'en 3ème, n'est-ce pas justement de leur garantir la culture et l'esprit critique suffisants pour penser par eux-mêmes, peu importe la voie vers laquelle ils se dirigent ensuite ?
On ne va pas se mentir, le gouvernement a davantage besoin de consommateurs que de citoyens éclairés. Quand, aux dernières européennes, LREM a osé appeler sa liste "Renaissance", j'ai eu des haut-le-cœur. Les classes dirigeantes ont finalement tout intérêt à ce que les choses restent ainsi : matraquage médiatique, épouvantail populiste que l'on agite ad nauseam, entretien des peurs... Tout cela est si bien ficelé qu'il ne manquerait plus que les gens s'aperçoivent qu'on les prend pour des jambons. Rien qu'au niveau des budgets, les grandes orientations économiques de l'UE auxquelles souscrit notre président (et ceux qui l'ont précédé) impliquent de toute façon des économies, notamment dans les services publics. N'avez-vous pas l'impression, vous aussi, de devoir faire toujours plus avec toujours moins de moyens ? De devoir différencier et individualiser alors qu'on a 30 gamins de niveau très hétérogène par classe, sans compter les ULIS, UPE2A et autres ? L'EN, c'est donc sauver les quelques uns que l'on peut sauver et laisser les autres faire naufrage (mais leur donner quand même un diplôme pour faire comme si l'EN tenait ses promesses). C'est affligeant.
Espérer une école égalitaire, centrée sur les savoirs et l'esprit critique dans un monde dominé par l'alliance capitalisme-néolibéralisme, dans une société volontiers qualifiée de post-culture, post-histoire, post-littérature, post-ci, post-ça, n'est-ce pas aussi illusoire que de croire au père noël ? Pardonnez mon blabla pour aboutir à une conclusion aussi navrante : l'école est finalement en adéquation avec la manière dont fonctionne le monde, alors à moins de vouloir changer le monde... C'est d'autant plus désespérant qu'avec le temps les choses ne font qu'empirer, pour les élèves comme pour les professeurs. Travailler à l'EN, finalement, c'est donc être au courant que le bateau coule mais réussir à s'aveugler suffisamment pour ne pas y laisser sa peau ?
- ElyasEsprit sacré
Ramanujan974 a écrit:Elyas a écrit:Cela va souvent ensemble. On commence à entendre des collègues traiter d'intellos d'autres collègues.
La culture du service public était, selon un rapport de l'OCDE dans les années 90, l'idée que les gens venaient dans el service public pour l'idée de la reconnaissance honorifique d'apporter un plus à la société et qu'ils étaient fiers de servir leurs concitoyens à avoir une vie meilleure (truc insupportable pour l'OCDE). Cela tend à disparaître au profit d'une logique marchande que pas mal de collègues valident.
Avant, l'enseignant avait la reconnaissance morale en même temps qu'un salaire décent.
Maintenant, on compte sur le sens du devoir pour faire accepter la baisse de salaire.
Je sais que ce n'est pas très populaire mais la vocation se perd voire est moquée. C'es sans doute la plus grande preuve du passage d'une culture du service public à une culture du service privé. Avant, les professeurs étaient fiers de leur fonction et s'en vantaient. Maintenant, c'est juste devenu un gagne-pain pour beaucoup.
- User22526Niveau 3
@ Pacifique Parsons
C'est vertigineux, presque douloureux, de lire un message qui résonne de manière aussi aiguë, précise, chirurgicale avec ce que l'on ressent...
Douloureux parce que cela révèle en creux notre impuissance collective : nous sommes si nombreux à penser comme toi !
Pour ce qui me concerne, j'enseigne depuis quatorze ans, toujours en éducation dite "prioritaire" (cette manie orwellienne de systématiquement désigner une réalité par son contraire...), et je n'ai pas le moindre commencement de réponse aux questions que tu (te) poses. Ou plutôt si, je l'ai comme toi, mais elle est tragique car elle nous met radicalement face à notre responsabilité : "l'école est en adéquation avec la manière dont fonctionne le monde".
C'est vertigineux, presque douloureux, de lire un message qui résonne de manière aussi aiguë, précise, chirurgicale avec ce que l'on ressent...
Douloureux parce que cela révèle en creux notre impuissance collective : nous sommes si nombreux à penser comme toi !
Pour ce qui me concerne, j'enseigne depuis quatorze ans, toujours en éducation dite "prioritaire" (cette manie orwellienne de systématiquement désigner une réalité par son contraire...), et je n'ai pas le moindre commencement de réponse aux questions que tu (te) poses. Ou plutôt si, je l'ai comme toi, mais elle est tragique car elle nous met radicalement face à notre responsabilité : "l'école est en adéquation avec la manière dont fonctionne le monde".
- LokomazoutNiveau 9
Ma prochaine rentrée sera la 24ème ; bien des satisfactions sur le plan humain, mais alors sur le plan social...
C'est clair qu'à la toute fin du millénaire précédent, on n'en était pas là ! Que s'est-il passé ? De plus en plus d'individualisme probablement.
Quant aux salaires, l'article paru dans Marianne dernièrement ne donne pas beaucoup de raisons d'être optimiste...
https://www.marianne.net/societe/guerre-des-pauvres-73-des-francais-les-moins-riches-jugent-les-profs-suffisamment-payes
C'est clair qu'à la toute fin du millénaire précédent, on n'en était pas là ! Que s'est-il passé ? De plus en plus d'individualisme probablement.
Quant aux salaires, l'article paru dans Marianne dernièrement ne donne pas beaucoup de raisons d'être optimiste...
https://www.marianne.net/societe/guerre-des-pauvres-73-des-francais-les-moins-riches-jugent-les-profs-suffisamment-payes
Page 1 sur 3 • 1, 2, 3
- avoir intérêt à ou de faire quelque chose?
- Fliqué par mon CDE, qu'en pensez-vous ? Y a-t-il quelque chose à faire ?
- Faire quelque chose pour protester contre le gel de l'avancement ?
- Emploi du temps lamentable sur 3 établissements. Peut-on faire quelque chose ?
- "Médecin du travail" ou quelque chose qui s'en rapprocherait
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum