Enseigner le latin, c'est le pied !

Je lance ce sujet pour faire pièce à l'autre : il m'ennuie de voir trop souvent le latin associé à des maux variés.

Mon premier cours de latin, tout à l'heure a été un petit bonheur, même si c'est le bronx au plan pédagogique (débutants, continuants, candidats au bac, pas candidats, en spécialité ou pas).

La première heure avec chaque niveau s'est bien passée également.

Peux-tu rajouter "et le grec" ? Mes élèves sont sortis tout tristes en disant "mais c'est déjà fini ? " et dans le couloir, ils continuaient à parler : "C'est génial, on a appris plein de trucs. J'ai bien fait de prendre l'option".  :etoilecoeur:

Moi, je suis rentrée il y a deux semaines et ça se passe bien pour le moment. Les secondes sont de niveaux variés mais tous contents d'être là. J'ai même appris qu'un élève avait écrit dans son devoir d'écriture (le collègue leur a demandé de raconter leur premier jour au lycée, histoire de faire connaissance) qu'il était content de finir la journée avec sa matière préférée: le latin. (rhooooô mais non ce n'était pas ironique).
En plus cette année, les cours de langues anciennes ne sont pas en même temps que l'euro. Et j'ai obtenu une heure de plus, j'en suis à 7 au lieu de 6 les années précédentes. Ce ne sont que des choses censées a priori, et même pour l'horaire ce n'est pas encore suffisant, mais je le prends comme une victoire de mon entêtement depuis deux ans à les réclamer.
C'est agréable d'avoir des élèves qui commencent le grec ou le latin parce que ça les intéresse. Et souvent le cours se termine par un "Déjà ! exclamé.

Moi, j'ai vécu du rêve avec mes 3e latin.

C'est la 3e année que je les ai, donc je leur annonce sans ambages la couleur : nous réviserons vite fait les conjugaisons vues l'an dernier, et pour être sûr que ce sera bien révisé, je fais 4 interrogations (présent/imparfait/parfait/plus-que-parfait) d'emblée les 4 prochains cours : la 1e interro aura donc lieu vendredi prochain ! Qui aime bien, châtie bien !

Là, une mignonne très sérieuse me demande : "- il n'y aura pas d'interros sur les déclinaisons ?"

Je lui réponds, magnanime : "- je vous impose déjà 4 interros avant le 17 septembre, je ne vais pas abuser, quand même !"

Elle insiste : "- Oui, mais, ce serait bien au moins sur la 3e déclinaison, on s'en rappelle moins bien".

Conciliante, je demande à la classe de voter : "- Qui veut une interrogation en plus des 4 autres sur la 3e déclinaison ?"

Il y a eu 21 main levée sur 23.

Alors j'ai conclu : "- Je crois que vous êtes bien partis pour être ma classe chouchou, vous, cette année !"

Et je peux vous dire que cela dansait la samba dans ma petite tête euphorique, à ce moment-là !

C'est ainsi que j'ai terminé ma carrière : 15 heures, exclusivement du latin. Plus de dissertations, plus de commentaires, plus d'écrits d'invention, plus rien, des effectifs réduits d'élèves très motivés par le coefficient 3... et passionnés de scansion. Les meilleures années de ma carrière.

Et j'oubliais de dire que deux élèves apprennent le latin et le grec.

16h de latin cette année !!!!! Rien que ça, ça fait du bien !

Il y a encore cinq ans , j'avais 16h de latin, collège et lycée.
Les élèves étaient curieux de plein de choses, on scandait au lycée.
Et puis il y a eu des réformes, les fameuses heures de marge... Beaucoup d'élèves ne comprennent plus rien à la grammaire, râlent à l'annonce d'une déclinaison à apprendre...
Je n'ai plus que 9.30h de latin de la Cinquième à la Terminale, et je n'en aurai plus que 5 l'an prochain, on ferme au lycée et on réduit au collège.
Alors oui, ça a été génial d'enseigner le latin, mais franchement il n'y a plus qu'un seul de mes niveaux qui me fait encore ressentir cette passion qui m'animait au début, autrement dit 2h par semaine. Le reste est à la traîne et l'esprit de la hiérarchie et des collègues me donne envie de fuir le métier...