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- OudemiaBon génie
Entendu sur France Info
https://www.francetvinfo.fr/culture/livres/le-philosophe-michel-serres-est-mort-a-l-age-de-88-ans_3470593.html
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- henrietteMédiateur
Je viens de l'apprendre. Il s'est éteint à 19h, paisiblement, entouré de ses proches.
J'ai du mal à réaliser, je l'ai encore suivi, plein de vie et d'espièglerie, le week-end dernier dans une émission télévisée d'une bonne heure.
J'ai du mal à réaliser, je l'ai encore suivi, plein de vie et d'espièglerie, le week-end dernier dans une émission télévisée d'une bonne heure.
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"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- trompettemarineMonarque
Toutes ses chroniques radiophoniques sont publiées aux éditions du Pommier : elles pourront être lues pour l'exercice du résumé de nos élèves.
Mais surtout, il a écrit une somme sur le savoir scientifique.
Sa philosophie m'échappait un peu (n'étant pas philosophe) car il n'utilisait pas les canaux de l'argumentation logique selon moi : j'ai eu du mal avec les "Hermès".
J'ai adoré lire Jouvences sur Jules Verne, auteur qu'il adorait. Je vous le conseille. C'est passionnant.
Mais surtout, il a écrit une somme sur le savoir scientifique.
Sa philosophie m'échappait un peu (n'étant pas philosophe) car il n'utilisait pas les canaux de l'argumentation logique selon moi : j'ai eu du mal avec les "Hermès".
J'ai adoré lire Jouvences sur Jules Verne, auteur qu'il adorait. Je vous le conseille. C'est passionnant.
- IlonaHabitué du forum
Le philosophe Michel Serres, décédé samedi à 88 ans, s'est intéressé à toutes les formes du savoir, "un pied dans les sciences, un pied dans les humanités", anticipant les bouleversements liés aux nouvelles technologies de la communication.
Mathématicien, sociologue, historien, académicien, analyste brillant, ce Gascon à l'accent rocailleux a repoussé les limites de la philosophie pour en explorer les contours, dans une langue compréhensible par le plus grand nombre.
Né le 1er septembre 1930 à Agen, fils d'un marinier de la Garonne, il entre à l'Ecole navale en 1949, puis à l'Ecole normale supérieure en 1952. Agrégé de philosophie trois ans plus tard, ce spécialiste de Leibniz, bouleversé par le bombardement d'Hiroshima en 1945, entreprend pourtant une carrière d'officier de marine, sillonne l'Atlantique et la Méditerranée, et participe comme enseigne de vaisseau à la réouverture du canal de Suez.
Il quitte la marine en 1958 et se tourne vers l'enseignement. A Clermont-Ferrand, où il côtoie Michel Foucault, puis à la Sorbonne, où lui, le philosophe, enseigne l'histoire des sciences.
Car Michel Serres a toujours opéré au-delà des frontières des disciplines universitaires. "Un philosophe ne peut se faire entendre sans les sciences et les lettres: à moins d'avoir acquis cette formation, il est désormais inaudible", expliquait-il.
Ses cours d'histoire débutent "avec zéro étudiant", mais peu à peu son auditoire s'étoffe. Et si ses premiers livres passent inaperçus, la notoriété vient dans les années 1980, avec la série intitulée "Hermès", "Les cinq sens", prix Médicis de l'essai en 1985, ou "Eléments d'histoire des sciences" (1989).
Dans "Les Cinq Sens", il écrit qu'"il n'y a rien dans l'intellect si le corps n'a roulé sa bosse, si le nez n'a jamais frémi sur la route des épices".
A partir de 1984, il enseigne la philosophie à l'université californienne de Stanford, où il passe une partie de l'année.
Michel Serres place l'environnement au centre de sa réflexion, s'interroge sur "le passage du local au global" et porte un jugement résolument optimiste sur le développement des nouvelles technologies.
- Ami d'Hergé -
En 1990, il est élu à l'Académie française, où il est reçu sans la traditionnelle épée, "en signe de paix". Il devient dès lors une figure intellectuelle familière et touche un plus large public.
Dans "Le contrat naturel" (1990), il propose de bâtir un nouveau droit pour réguler les rapports entre l'homme et la nature. Et "Le tiers-instruit" (1991), réflexion brillante sur l'éducation, l'impose comme un spécialiste de la question. Edith Cresson, Premier ministre, le charge de préparer "l'Université de France", qui doit délivrer un enseignement à distance des savoirs fondamentaux.
Mais son rapport jugé "utopique" est accueilli fraîchement. "On appelle utopique ce que l'on ne comprend pas", rétorque-t-il. "Nous sommes à l'an zéro d'une nouvelle manière de partager le savoir", analyse-t-il en 1996, en relevant que les moyens modernes de communication bouleversent la nature même de l'enseignement.
Son parcours le conduit à s'intéresser aussi bien aux "Origines de la géométrie" (1993) qu'à "La légende des anges" (1993) ou au créateur de Tintin, dont il fut l'ami pendant plus de vingt ans ("Hergé, mon ami", 2000).
Michel Serres, dont l'éditeur était, depuis longtemps, une petite maison, Le Pommier, a écrit au total quelque 80 ouvrages.
A un âge avancé, ce philosophe de la révolution douce continuait à publier un ou plusieurs livres par an - son dernier ouvrage, "Morales espiègles", est paru en février.
En 2012, "Petite Poucette" (clin d'oeil à la maestria avec laquelle certains utilisent leurs pouces pour taper sur leurs portables) se vendit à plus de 270.000 exemplaires. Partant du postulat qu'un nouvel humain est né, le philosophe y analyse les mutations politiques, sociales et cognitives qui accompagnent cette "nouvelle révolution".
"En regard de ce que j'ai vécu durant le premier tiers de ma vie, nous vivons des temps de paix. J'oserai même dire que l'Europe occidentale vit une époque paradisiaque", malgré le terrorisme, a-t-il assuré à l'occasion de la sortie de "Darwin, Bonaparte et le Samaritain, une philosophie de l'histoire" (2016), essai très libre entre réflexion et poésie, à rebours du catastrophisme ambiant. Du pur Michel Serres.
dch/ccd/vdr/abb/alu/cbn
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HERMES INTL
Mathématicien, sociologue, historien, académicien, analyste brillant, ce Gascon à l'accent rocailleux a repoussé les limites de la philosophie pour en explorer les contours, dans une langue compréhensible par le plus grand nombre.
Né le 1er septembre 1930 à Agen, fils d'un marinier de la Garonne, il entre à l'Ecole navale en 1949, puis à l'Ecole normale supérieure en 1952. Agrégé de philosophie trois ans plus tard, ce spécialiste de Leibniz, bouleversé par le bombardement d'Hiroshima en 1945, entreprend pourtant une carrière d'officier de marine, sillonne l'Atlantique et la Méditerranée, et participe comme enseigne de vaisseau à la réouverture du canal de Suez.
Il quitte la marine en 1958 et se tourne vers l'enseignement. A Clermont-Ferrand, où il côtoie Michel Foucault, puis à la Sorbonne, où lui, le philosophe, enseigne l'histoire des sciences.
Car Michel Serres a toujours opéré au-delà des frontières des disciplines universitaires. "Un philosophe ne peut se faire entendre sans les sciences et les lettres: à moins d'avoir acquis cette formation, il est désormais inaudible", expliquait-il.
Ses cours d'histoire débutent "avec zéro étudiant", mais peu à peu son auditoire s'étoffe. Et si ses premiers livres passent inaperçus, la notoriété vient dans les années 1980, avec la série intitulée "Hermès", "Les cinq sens", prix Médicis de l'essai en 1985, ou "Eléments d'histoire des sciences" (1989).
Dans "Les Cinq Sens", il écrit qu'"il n'y a rien dans l'intellect si le corps n'a roulé sa bosse, si le nez n'a jamais frémi sur la route des épices".
A partir de 1984, il enseigne la philosophie à l'université californienne de Stanford, où il passe une partie de l'année.
Michel Serres place l'environnement au centre de sa réflexion, s'interroge sur "le passage du local au global" et porte un jugement résolument optimiste sur le développement des nouvelles technologies.
- Ami d'Hergé -
En 1990, il est élu à l'Académie française, où il est reçu sans la traditionnelle épée, "en signe de paix". Il devient dès lors une figure intellectuelle familière et touche un plus large public.
Dans "Le contrat naturel" (1990), il propose de bâtir un nouveau droit pour réguler les rapports entre l'homme et la nature. Et "Le tiers-instruit" (1991), réflexion brillante sur l'éducation, l'impose comme un spécialiste de la question. Edith Cresson, Premier ministre, le charge de préparer "l'Université de France", qui doit délivrer un enseignement à distance des savoirs fondamentaux.
Mais son rapport jugé "utopique" est accueilli fraîchement. "On appelle utopique ce que l'on ne comprend pas", rétorque-t-il. "Nous sommes à l'an zéro d'une nouvelle manière de partager le savoir", analyse-t-il en 1996, en relevant que les moyens modernes de communication bouleversent la nature même de l'enseignement.
Son parcours le conduit à s'intéresser aussi bien aux "Origines de la géométrie" (1993) qu'à "La légende des anges" (1993) ou au créateur de Tintin, dont il fut l'ami pendant plus de vingt ans ("Hergé, mon ami", 2000).
Michel Serres, dont l'éditeur était, depuis longtemps, une petite maison, Le Pommier, a écrit au total quelque 80 ouvrages.
A un âge avancé, ce philosophe de la révolution douce continuait à publier un ou plusieurs livres par an - son dernier ouvrage, "Morales espiègles", est paru en février.
En 2012, "Petite Poucette" (clin d'oeil à la maestria avec laquelle certains utilisent leurs pouces pour taper sur leurs portables) se vendit à plus de 270.000 exemplaires. Partant du postulat qu'un nouvel humain est né, le philosophe y analyse les mutations politiques, sociales et cognitives qui accompagnent cette "nouvelle révolution".
"En regard de ce que j'ai vécu durant le premier tiers de ma vie, nous vivons des temps de paix. J'oserai même dire que l'Europe occidentale vit une époque paradisiaque", malgré le terrorisme, a-t-il assuré à l'occasion de la sortie de "Darwin, Bonaparte et le Samaritain, une philosophie de l'histoire" (2016), essai très libre entre réflexion et poésie, à rebours du catastrophisme ambiant. Du pur Michel Serres.
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- IlonaHabitué du forum
J'appréciais beaucoup ce vieux monsieur, tout comme j'appréciais Jean d'Ormesson, Jacqueline de Romilly etc
- ycombeMonarque
Les deux sujets ont été fusionnés.trompettemarine a écrit:Un autre topic vient d'être ouvert : https://www.neoprofs.org/t123954-michel-serres-est-decede-a-l-age-de-88-ans-paix-a-son-ame#4704001
(En fait, le premier était en accès restreint. D'où le second.)
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Assurbanipal: "Passant, mange, bois, divertis-toi ; tout le reste n’est rien".
Franck Ramus : "Les sciences de l'éducation à la française se font fort de produire un discours savant sur l'éducation, mais ce serait visiblement trop leur demander que de mettre leur discours à l'épreuve des faits".
- AphrodissiaMonarque
Il était toujours intéressant à écouter.
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Hominis mens discendo alitur et cogitando. (Cicéron)
Et puis les steaks ? Ça se rate toujours comme la tragédie. Mais à des degrés différents. (M. Duras)
- ylmExpert spécialisé
Michel Serres était certes sympathique (*) mais à l'écouter je le trouvais toujours naïf et superficiel et le seul livre que j'ai lu de lui, Petite Poucette, montre qu'il ne comprenait absolument pas le monde actuel (en plus de ne pas aimer l'école et les enseignants).
(*) Quoi que ses mensonges sur l'invention du mot "ordinateur" puissent faire douter de son honnêteté intellectuelle.
(*) Quoi que ses mensonges sur l'invention du mot "ordinateur" puissent faire douter de son honnêteté intellectuelle.
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The life of man, solitary, poor, nasty, brutish and short.
Thomas Hobbes
- PaleoprofFidèle du forum
Oh non. Je ne l’ai jamais lu mais j’attendais avec avidité et écoutais religieusement ses chroniques sur France Info.
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Je construis ma suite......
- CarabasVénérable
Tout à fait! Son optimisme béat à l'égard des nouvelles technologies ne reposait pas sur grand-chose! Si un vent d'optimisme est tout à fait appréciable (voir son livre C'était mieux avant, tout aussi superficiel que Petite Poucette), je trouve qu'il tombait plutôt dans le jeunisme pour ne pas passer pour un vieux c.ylm a écrit:Michel Serres était certes sympathique (*) mais à l'écouter je le trouvais toujours naïf et superficiel et le seul livre que j'ai lu de lui, Petite Poucette, montre qu'il ne comprenait absolument pas le monde actuel (en plus de ne pas aimer l'école et les enseignants).
(*) Quoi que ses mensonges sur l'invention du mot "ordinateur" puissent faire douter de son honnêteté intellectuelle.
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Les chances uniques sur un million se réalisent neuf fois sur dix.
Terry Pratchett
- OudemiaBon génie
Peux-tu être plus précis ? J'ai trouvé ça :ylm a écrit:Michel Serres était certes sympathique (*) mais à l'écouter je le trouvais toujours naïf et superficiel et le seul livre que j'ai lu de lui, Petite Poucette, montre qu'il ne comprenait absolument pas le monde actuel (en plus de ne pas aimer l'école et les enseignants).
(*) Quoique ses mensonges sur l'invention du mot "ordinateur" puissent faire douter de son honnêteté intellectuelle.
academie française a écrit:M. Michel Serres rappelle dans quelles conditions le mot « ordinateur » a été proposé dans les années 1950 pour traduire l’anglais computer, par un latiniste spécialiste de théologie médiévale, au cours d’une discussion avec des élèves scientifiques au « pot » de l’École normale supérieure (ce terme est en effet tiré de l’expression du latin tardif Deus ordinator). La supériorité évidente du français par rapport à l’anglais (l’ordinateur n’est pas un « compteur ») explique le succès de ce terme, qui s’est rapidement implanté dans l’usage
Dans mon souvenir c'était Jacques Perret -le professeur, pas l'écrivain-, et en effet :
Wikipedia a écrit:Le latiniste Jacques Perret est connu en dehors du monde de la philologie classique pour l'invention du mot « ordinateur ». En 1955, à l'initiative de François Girard, un de ses anciens étudiants devenu responsable de la publicité chez IBM France et de Christian de Waldner, président d'IBM France, il propose le mot « ordinateur » comme équivalent de l'anglais computer. Le terme est retenu par IBM et rapidement adopté par le grand public.
Les deux versions sont-elles incompatibles ?
- DalvaVénérable
Pour moi, il restera à travers sa fameuse Poucette l'un des fondateurs du désolant "ils savent faire autre chose" (ce qui, au sujet du numérique, est complètement faux), ce pour quoi il n'y a aucune raison de le remercier et, pour ma part, de le regretter.
- ylmExpert spécialisé
Oudemia a écrit:Peux-tu être plus précis ? J'ai trouvé ça :ylm a écrit:Michel Serres était certes sympathique (*) mais à l'écouter je le trouvais toujours naïf et superficiel et le seul livre que j'ai lu de lui, Petite Poucette, montre qu'il ne comprenait absolument pas le monde actuel (en plus de ne pas aimer l'école et les enseignants).
(*) Quoique ses mensonges sur l'invention du mot "ordinateur" puissent faire douter de son honnêteté intellectuelle.academie française a écrit:M. Michel Serres rappelle dans quelles conditions le mot « ordinateur » a été proposé dans les années 1950 pour traduire l’anglais computer, par un latiniste spécialiste de théologie médiévale, au cours d’une discussion avec des élèves scientifiques au « pot » de l’École normale supérieure (ce terme est en effet tiré de l’expression du latin tardif Deus ordinator). La supériorité évidente du français par rapport à l’anglais (l’ordinateur n’est pas un « compteur ») explique le succès de ce terme, qui s’est rapidement implanté dans l’usage
Dans mon souvenir c'était Jacques Perret -le professeur, pas l'écrivain-, et en effet :Wikipedia a écrit:Le latiniste Jacques Perret est connu en dehors du monde de la philologie classique pour l'invention du mot « ordinateur ». En 1955, à l'initiative de François Girard, un de ses anciens étudiants devenu responsable de la publicité chez IBM France et de Christian de Waldner, président d'IBM France, il propose le mot « ordinateur » comme équivalent de l'anglais computer. Le terme est retenu par IBM et rapidement adopté par le grand public.
Les deux versions sont-elles incompatibles ?
Michel Serres a écrit:J’étais à l’Ecole normale supérieure et je garde de cette année-là un souvenir très concret. La scène se passe au réfectoire de l’école, où nous sommes regroupés par tables de huit ou dix, scientifiques et littéraires mélangés. Les scientifiques discutent avec beaucoup d’animation de la machine qu’ils viennent de recevoir des États-Unis et qui s’appelle un « computer ». Ils se demandent comment ils pourraient l’appeler en français. Ils se tournent alors vers moi :« Et toi, tu es spécialiste de quoi ? » Je réponds : « Je suis spécialiste du latin tardif de la théologie du Moyen Age. – Ce n’est pas toi qui vas nous aider à trouver un nom pour cette machine-là. – Et qu’est-ce qu’elle fait cette machine ?– C’est très simple, elle calcule. » Et on me décrit les capacités infinies de cette invention. J’ai simplement dit : « Je connais tout à fait ça, on le trouve dans la théologie du Moyen Age : deus ordinator, celui qui met de l’ordre. » Le mot était trouvé. C’était un ordinateur.
Interview dans l'express
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- OudemiaBon génie
Peut-on imaginer que François Girard fût à ce déjeuner, ait gardé le nom en mémoire, et, une fois chez IBM, en ait reparlé à Jacques Perret ?
Ou, tout simplement, puisque le terme semblait évident à Michel Serres, qu'il l'ait été tout autant pour Jacques Perret quand on lui a soumis le problème ?
Ou, tout simplement, puisque le terme semblait évident à Michel Serres, qu'il l'ait été tout autant pour Jacques Perret quand on lui a soumis le problème ?
- LaotziSage
A propos de la réécriture de l'invention du mot "ordinateur" par Michel Serres, Luigi en avait commis un article édifiant : https://www.laviemoderne.net/detox/39-deus-ordinator
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"Trouvez donc bon qu'au lieu de vous dire aussi, adieu comme autrefois, je vous dise, adieu comme à présent."
- OudemiaBon génie
Je ne me souvenais pas de cet article, édifiant en effet, merci !
Et félicitations à Luigi
Et félicitations à Luigi
- ylmExpert spécialisé
À la réflexion je me demande s'il n'y a pas un problème de retranscription de l'interview parce que Michel Serres se présentant comme spécialiste du latin tardif et de la théologie du Moyen-Âge en 1953, à 23 ans donc, c'est étonnant.
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- DesolationRowEmpereur
Oui, c'est très évidemment un journaliste qui n'a rien compris.
- AiônNiveau 8
On est donc d'accord pour dire que Petite poucette était un ouvrage complètement débile et complaisant, dangereux même (Blanquer affirme s'en inspirer et ça fait flipper). Et je dis ça alors que je suis un Petit-Poucet - rêveur, qui égrène dans sa course des rimes... - à qui on a appris à utiliser un ordinateur avant qu'il ne sache lire. Je préfère néanmoins les ravages de l'âge quand ils prennent la forme d'une tendresse débordante envers l'avenir que d'autres choses plus déplaisantes et plus fréquentes.
Il me paraissait animé des meilleures intentions, et capable de les transformer en actions utiles et efficaces. Et il semble avoir été particulièrement brillant dans sa jeunesse. Deuxième à l'agrégation de philo à 25 ans, moi ça m'impressionne.
Je n'ai pas lu ses ouvrages sérieux. Je me garderais donc bien de juger cet immortel sur des interventions à destination du grand public, faites à plus de 80 ans. Et en lisant sa biographie j'éprouve beaucoup d'humilité.
Que ce brave homme repose en paix !
Il me paraissait animé des meilleures intentions, et capable de les transformer en actions utiles et efficaces. Et il semble avoir été particulièrement brillant dans sa jeunesse. Deuxième à l'agrégation de philo à 25 ans, moi ça m'impressionne.
Je n'ai pas lu ses ouvrages sérieux. Je me garderais donc bien de juger cet immortel sur des interventions à destination du grand public, faites à plus de 80 ans. Et en lisant sa biographie j'éprouve beaucoup d'humilité.
Que ce brave homme repose en paix !
- BRNiveau 9
Michel Serres est, à mon avis, un philosophe à la Française : il se gargarisait de bon mots et d'anecdotes plaisantes, il était charmant à rencontrer et savait capter un auditoire. Par contre, j'avais lu son livre sur les Origines de la géométrie et j'en ai retenu une conclusion : la pensée de Michel Serres est purement clinquante et sans profondeur. Il aimait à utiliser des métaphores compliquées pour embrouiller ses lecteurs, qui pouvaient croire qu'il était profond, puisqu'ils avaient du mal à le comprendre. Une fois dissipé le brouillard du verbe de Michel Serres, à mon humble avis, le fond de sa pensée était tragiquement vide. On pourra lire le compte rendu du livre sur la revue des deux mondes. Le critique apprécie le livre puisqu'il conclut :
De même, cette citation relevée sur wikipedia :
Bref, un homme charmant, qui savait jouer des mots pour ensorceler son auditoire, mais qui, à mon avis, n'a absolument rien apporté dans le domaine philosophique ou scientifique.
Mais, à relire la critique, on peine à relever une idée directrice dans le livre recensé. Des pages lyriques ? Certes. C'est très bien, mais c'est tout. Relisons le début de la critique :La revue des deux Mondes a écrit:Gôutons un peu, en profanes, la jubilation lyrique (et le lyrisme ici n'est pas que conceptuel) de pages qui sont un hommage à la splendeur de la dernière des grandes inventions humaines - après l'agriculture, l'élevage, le langage, l'écriture -, la dernière des « conditions de l'histoire humaine »
Eblouissant. Mais vide.La revue des deux Mondes a écrit:Il est difficile de ne pas être étourdi par le début éblouissant des Origines de la géométrie. Michel Serres nous interpelle de partout. Y a-t-il un commencement, une histoire de la géométrie? y a-t-il une histoire tout court? Qu'est-ce que le temps? Le temps dont on imagine faussement qu'il « coule» comme un fleuve. Mais l'eau d'un fleuve ne « coule » pas, courants et contre-courants mêlés. De même la source ne devient origine que si, accumulée en un bassin, l'eau atteint un certain seuil, à partir duquel elle « percole » (c'est-à-dire: filtre, sens du mot latin colare). Toute origine est donc résultat.
De même, cette citation relevée sur wikipedia :
Voilà une phrase qui fait appel à de très puissantes analogies, grâce à un vocabulaire riche qui emprunte à la fois aux domaines de la philosophie et de la science contemporaine... En dehors de l'effet d'épatement produit par les images, quel est le sens de cette phrase ? On entend Michel Serres qui s'écoute parler, mais qu'a-t-il dit ?Michel Serres a écrit:De même qu'en la luminescence ou l'incandescence, croît ou décroît, par éclats et occultations, une lumière dont l'intensité se cache et se montre en frémissant de commencer (...) ; de même que l'adolescence ou la sénescence s'avancent vers l'âge mûr ou la vieillesse franche en régressant toutes deux vers les involutions d'une enfance ou d'une vie qu'elles regrettent mais quitteront vite ; (...) de même un processus d'hominescence vient d'avoir lieu de notre propre fait, mais ne sait pas encore quel homme il va produire, magnifier ou assassiner. Mais l'avons-nous jamais su ?
Michel Serres L'Hominescence.
Bref, un homme charmant, qui savait jouer des mots pour ensorceler son auditoire, mais qui, à mon avis, n'a absolument rien apporté dans le domaine philosophique ou scientifique.
- AnaxagoreGuide spirituel
S'il était le seul...
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"De même que notre esprit devient plus fort grâce à la communication avec les esprits vigoureux et raisonnables, de même on ne peut pas dire combien il s'abâtardit par le commerce continuel et la fréquentation que nous avons des esprits bas et maladifs." Montaigne
"Woland fit un signe de la main, et Jérusalem s'éteignit."
"On déclame contre les passions sans songer que c'est à leur flambeau que la philosophie allume le sien." Sade
- AiônNiveau 8
BR a écrit:Eblouissant. Mais vide.
Je ne trouve pas le style éblouissant, et ne suis pas certain d'être d'accord avec lui, mais la question est sérieuse. Toute origine est-elle un résultat ? Si l'on ne joue pas sur le sens des mots, et qu'on entend "origine" au sens de cause physique (principe de causalité) sans entrer dans ses définitions métaphysiques (qui existent aussi et méritent d'être pensées), alors le fond du problème est le débat sur la réversibilité des lois de la nature. Il ne semble pas qu'elles soient entièrement réversibles, mais c'est peut-être nos lois qui sont fausses. C'est un problème compliqué qui dépasse évidemment mon niveau en physique, et je ne peux que me fonder sur des on-dit. Il semble de plus que ce problème se modifie selon l'échelle à laquelle on se place. Il ne me semble pas qu'il parle de rien. Mais ce n'est pas très clair, il pointe un problème réel et le vulgarise par des métaphores.
Ta citation de L'Hominescence relève nettement de la poésie philosophique, et pas de la science. Je n'y vois pas de manipulation. Il dit en somme que l'humanité est en devenir. Rien d'époustouflant. Je ne vois pas ce qui te choque.
Je trouve l'ouvrage de Sokal et Bricmont Impostures intellectuelles très mauvais dans l'ensemble. Généralement pire que celui des auteurs qu'ils critiquent sans toujours les comprendre. Ils me font penser à certains de mes élèves de S à qui je mets de mauvaise notes.
- AscagneGrand sage
N'ayant pas lu les ouvrages critiqués plus haut, je ne me sens pas apte à juger, mais il m'est arrivé de penser ces dernières années qu'il était trop optimiste envers les évolutions de la technologie numérique, et qu'il pouvait donner, malgré lui, des arguments à des personnes ne partageant pas pas sa vision humaniste. J'approuve la fin du message d'@Aiôn.
- AnaxagoreGuide spirituel
On peut être bien gentil et vouloir sauver ce qu'il y aurait à sauver mais il n'est plus temps d'être bien gentil. Lorsqu'on vient m'expliquer que les théorèmes sont sur internet sans penser que pour échafauder un raisonnement on a besoin d'avoir une connaissance préalable des théorèmes (pour avoir une chance de penser à les utiliser), sans parler de la capacité à concevoir et manipuler les objets mis en jeu, je dis qu'on se fout de moi purement et simplement. Et lorsqu'on a en plus une audience et une influence, je dis que l'on est nuisible.
Les violons sur l'humanité en devenir n'y changent rien.
Les violons sur l'humanité en devenir n'y changent rien.
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"De même que notre esprit devient plus fort grâce à la communication avec les esprits vigoureux et raisonnables, de même on ne peut pas dire combien il s'abâtardit par le commerce continuel et la fréquentation que nous avons des esprits bas et maladifs." Montaigne
"Woland fit un signe de la main, et Jérusalem s'éteignit."
"On déclame contre les passions sans songer que c'est à leur flambeau que la philosophie allume le sien." Sade
- BRNiveau 9
Il n'y a rien qui me choque dans la poésie philosophique de Michel Serres. Ce qui me dérange, c'est qu'il passe pour un philosophe alors qu'il est un simple poète : une fois dépouillés de ses images poétiques, la pensée de Michel Serres n'a, à mon avis, aucune profondeur. Comme tu le dis :Aiôn a écrit:Ta citation de L'Hominescence relève nettement de la poésie philosophique, et pas de la science. Je n'y vois pas de manipulation. Il dit en somme que l'humanité est en devenir. Rien d'époustouflant. Je ne vois pas ce qui te choque.
L'humanité est en devenir. Rien d'époustouflant.
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