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- Blan6ineÉrudit
Témoignage dans l'édition internet du Monde de ce jour d'Abdelilah Laloui, étudiant à Sciences Po : complexé par son « manque de bagage culturel », il a créé une association pour donner des clés aux jeunes qui ressentent ce « malaise ».
Voici le lien pour lire l'article : cliquez ici
Un passage m'interpelle et me donne envie d'applaudir de jeune homme:
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Un passage m'interpelle et me donne envie d'applaudir de jeune homme:
Un jour, j’ai eu une dispute assez sévère avec des camarades : on me reprochait « d’imposer la culture légitime » aux jeunes des quartiers avec mon association. J’étais furieux. Eux sont dans leur bulle depuis toujours, ils peuvent se permettre de jongler d’une forme de culture à une autre avec détachement, s’en moquer, mélanger les références. Et ensuite, ils viennent dire à un mec de banlieue qui veut aider des gens comme lui d’imposer une culture. J’ai trouvé ce discours très dangereux. Ils n’ont pas conscience de l’autocensure sociale, de la honte que peuvent ressentir les gens. Me taxer de paternalisme, ça m’a blessé.
- DhaiphiGrand sage
Il est vrai que le terme "cultivé" sous-entend qu'il s'agit de la culture "classique" (littéraire, musicale...) et c'est en effet un vrai problème.
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De toutes les écoles que j’ai fréquentées, c’est l’école buissonnière qui m’a paru la meilleure.
[Anatole France]
J'aime les regretteurs d'hier qui voudraient changer le sens des rivières et retrouver dans la lumière la beauté d'Ava Gardner.
[Alain Souchon]
- RendashBon génie
Intéressant, comme article.
Et si on créait une structure chargée de faire découvrir aux gamins dans son genre des pans entiers de la culture classique, entre autres choses ? Leur faire lire, écouter, regarder des choses qu'ils ne choisiraient pas forcément d'eux-mêmes ? Soyons fous, on pourrait même faire ça pour tous les enfants du pays, sans distinction d'origine, de milieu social ou de religion. Peut-être pourrait-on baptiser ça "Culture nationale", ou "Education culturelle nationale", ou quelque chose comme ça ? J'aime bien le dernier, qui pourrait se raccourcir en "Education nationale"
... à condition que d'aucuns profs de rien sans élèves n'aillent pas imaginer de leur apprendre à lire dans des manuels d'électroménager ou sur des boîtes de pizza
Et si on créait une structure chargée de faire découvrir aux gamins dans son genre des pans entiers de la culture classique, entre autres choses ? Leur faire lire, écouter, regarder des choses qu'ils ne choisiraient pas forcément d'eux-mêmes ? Soyons fous, on pourrait même faire ça pour tous les enfants du pays, sans distinction d'origine, de milieu social ou de religion. Peut-être pourrait-on baptiser ça "Culture nationale", ou "Education culturelle nationale", ou quelque chose comme ça ? J'aime bien le dernier, qui pourrait se raccourcir en "Education nationale"
... à condition que d'aucuns profs de rien sans élèves n'aillent pas imaginer de leur apprendre à lire dans des manuels d'électroménager ou sur des boîtes de pizza
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"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
- sifiÉrudit
J'aime bien ton concept d' "Education Nationale", Rendash. Tu veux dire qu'on pourrait transmettre une culture commune à tous les jeunes, sans distinction de classe sociale ni d'origines? Que dans des groupes d'un nombre raisonnable, appelés par exemples "classes", nous pourrions transmettre, dans de bonnes conditions à des jeunes avides d'apprendre le goût pour la culture?
J'en suis.
J'en suis.
- tchanq'Neoprof expérimenté
Rendash, si un jour cela se fait, j'espère que l'on me comptera dans les rangs. J'en suis aussi.
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Failure is not an option
- CathEnchanteur
C'est une idée qui m'intéresse aussi !
- DhaiphiGrand sage
Rendash a écrit:...apprendre à lire dans des manuels d'électroménager ou sur des boîtes de pizza
Il ne faut peut-être pas non plus monter cet exemple en épingle. Au niveau du primaire, il s'agit de montrer aux élèves des supports de lecture différents. Il s'agit de technique de lecture pas de Kulture.
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- AnaxagoreGuide spirituel
Quels grands fous vous faites.
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"De même que notre esprit devient plus fort grâce à la communication avec les esprits vigoureux et raisonnables, de même on ne peut pas dire combien il s'abâtardit par le commerce continuel et la fréquentation que nous avons des esprits bas et maladifs." Montaigne
"Woland fit un signe de la main, et Jérusalem s'éteignit."
"On déclame contre les passions sans songer que c'est à leur flambeau que la philosophie allume le sien." Sade
- tchanq'Neoprof expérimenté
Dhaiphi a écrit:Rendash a écrit:...apprendre à lire dans des manuels d'électroménager ou sur des boîtes de pizza
Il ne faut peut-être pas non plus monter cet exemple en épingle. Au niveau du primaire, il s'agit de montrer aux élèves des supports de lecture différents. Il s'agit de technique de lecture pas de Kulture.
Le problème c'est que parfois cela persiste au lycée.
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Failure is not an option
- DhaiphiGrand sage
Quand je lis vos collègues de lettres, je n'ai pas le sentiment qu'ils préparent leurs élèves en utilisant de tels supports, mais bon si vous me le confirmez...tchanq' a écrit:Le problème c'est que parfois cela persiste au lycée.
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- tchanq'Neoprof expérimenté
Sans prendre forcément le support au pied de la lettre: quand en lettres (ou en LV parce que ça se fait aussi) des collègues ne veulent pas travailler certaines œuvres /thématiques considérées trop complexes et font de la littérature jeunesse à la place (ou ne font aucun élément culturel en LV), on va se retrouver avec le cas de figure de ce jeune homme qui n'a pas eu accès à la culture alors qu'il sort pourtant du système scolaire public.
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Failure is not an option
- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
La culture est aussi considérée dans cet article dans sa fonction sociale et discriminante, celle qui permet de reconnaître les siens et qui, parce qu'elle correspond à une couche sociale supérieure, se doit d'être inaccessible. Ce rôle du bagage culturel n'entretient qu'une relation faible au contenu de cette culture : je veux dire que si un beau jour la plupart des jeunes sortaient du lycée avec un pied dans la culture légitime, celle-ci changerait de contenu.
On s'aperçoit assez facilement du phénomène quand on entre dans un milieu spécialisé dans un certain pan de la culture légitime. Découvrez la musique classique, entrez sur un forum : vous découvrirez qu'il n'est quand même pas de très bon ton d'aimer Vivaldi, Glass ou peut-être même Verdi (je caricature), il faudra encore faire un effort pour être considéré comme un mélomane.
Bref, je suis de moins en moins convaincu par la solution qui consiste à briser ce plafond culturel qui empêche certains d'accéder aux étages élevés de la société en donnant à tout le monde la culture et plus généralement les codes qu'il faut connaître : ça ne marchera pas. Je préférerais qu'on invente un système qui permette de ne pas rendre ces codes si déterminants (par exemple, en politique, un système dans lequel se constituer un réseau de potes ne serait pas nécessaire) et qu'on ne transmette pas la culture pour son intérêt social mais avant tout pour le développement intellectuel qu'elle permet.
On s'aperçoit assez facilement du phénomène quand on entre dans un milieu spécialisé dans un certain pan de la culture légitime. Découvrez la musique classique, entrez sur un forum : vous découvrirez qu'il n'est quand même pas de très bon ton d'aimer Vivaldi, Glass ou peut-être même Verdi (je caricature), il faudra encore faire un effort pour être considéré comme un mélomane.
Bref, je suis de moins en moins convaincu par la solution qui consiste à briser ce plafond culturel qui empêche certains d'accéder aux étages élevés de la société en donnant à tout le monde la culture et plus généralement les codes qu'il faut connaître : ça ne marchera pas. Je préférerais qu'on invente un système qui permette de ne pas rendre ces codes si déterminants (par exemple, en politique, un système dans lequel se constituer un réseau de potes ne serait pas nécessaire) et qu'on ne transmette pas la culture pour son intérêt social mais avant tout pour le développement intellectuel qu'elle permet.
- sifiÉrudit
Je confirme qu'en Lettres, en 2019 après Jésus Christ, toute la matière est occupée par ceux qui prônent la littérature de jeunesse, le prédicat, le passé simple aux trois premières personnes et autres fadaises...
Toute? Non!! Un groupe, peuplé d'irréductibles forcenés résiste encore et toujours à l'envahisseur. La vie n'est pourtant pas facile pour eux, entourés comme ils le sont par les garnisons de "Bienveillance" "Soyons ludiques" et "Pas trop d'exigences"...
:jesors:
Toute? Non!! Un groupe, peuplé d'irréductibles forcenés résiste encore et toujours à l'envahisseur. La vie n'est pourtant pas facile pour eux, entourés comme ils le sont par les garnisons de "Bienveillance" "Soyons ludiques" et "Pas trop d'exigences"...
:jesors:
- DhaiphiGrand sage
Toutafé !Sylvain de Saint-Sylvain a écrit: qu'on ne transmette pas la culture pour son intérêt social mais avant tout pour le développement intellectuel qu'elle permet.
Ne sortez pas, bien au contraire ! A moins que vous refusiez que j'ajoute votre point de vue à ma réflexion.sifi a écrit:Toute? Non!! Un groupe, peuplé d'irréductibles forcenés résiste encore et toujours à l'envahisseur. :jesors:
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- egometDoyen
Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:La culture est aussi considérée dans cet article dans sa fonction sociale et discriminante, celle qui permet de reconnaître les siens et qui, parce qu'elle correspond à une couche sociale supérieure, se doit d'être inaccessible. Ce rôle du bagage culturel n'entretient qu'une relation faible au contenu de cette culture : je veux dire que si un beau jour la plupart des jeunes sortaient du lycée avec un pied dans la culture légitime, celle-ci changerait de contenu.
On s'aperçoit assez facilement du phénomène quand on entre dans un milieu spécialisé dans un certain pan de la culture légitime. Découvrez la musique classique, entrez sur un forum : vous découvrirez qu'il n'est quand même pas de très bon ton d'aimer Vivaldi, Glass ou peut-être même Verdi (je caricature), il faudra encore faire un effort pour être considéré comme un mélomane.
Bref, je suis de moins en moins convaincu par la solution qui consiste à briser ce plafond culturel qui empêche certains d'accéder aux étages élevés de la société en donnant à tout le monde la culture et plus généralement les codes qu'il faut connaître : ça ne marchera pas. Je préférerais qu'on invente un système qui permette de ne pas rendre ces codes si déterminants (par exemple, en politique, un système dans lequel se constituer un réseau de potes ne serait pas nécessaire) et qu'on ne transmette pas la culture pour son intérêt social mais avant tout pour le développement intellectuel qu'elle permet.
La culture légitime a effectivement une fonction de discrimination sociale, mais c'est également le cas des contre-cultures et de la critique de la "culture légitime", avec cette ironie bien curieuse sur l'adjectif légitime.
Les gens qui sont instruits dans les divers courants du Heavy Metal, les ministres qui s'entichent des tags comme moyen d'expression populaire, ou encore les artistes contemporains fustigeant l'art "pompier", tous sont tentés d'utiliser leur culture propre sur un mode identitaire. Avec en plus un esprit de chapelle encore plus malsain que le snobisme classique. Je m'explique, la culture classique n'est au fond consacrée que par l'histoire. Pas par l'appartenance à une communauté particulière ou à une cause. L'avantage de commencer par la culture classique, c'est au fond d'être confrontés à des oeuvres que l'on n'aime pas forcément, mais que la coutume a considérées comme importantes. Elle reflète le tumulte de l'histoire, avec ses débats, ses insultes, ses doutes et ses idées tellement vieilles qu'elles en deviennent exotiques. C'est une manière de sortir un peu de soi-même, là où on pourrait être tentés de se replier sur sa zone de confort en choisissant sa contre-culture.
Maintenant, pour que cet élargissement fonctionne, il faut faire attention à la manière d'enseigner la culture classique. Il ne s'agit pas de la sacraliser. D'ailleurs, je pense que certains auteurs doivent se retourner dans leur tombe en voyant la révérence dont ils sont l'objet, ou en voyant qu'on les met dans le même sac que leurs ennemis, juste parce qu'ils appartiennent au même siècle, au même "mouvement littéraire" ou qu'ils ont utilisé les mêmes références mythologiques. Je crois qu'il est important de pouvoir exposer les mesquineries de Voltaire ou d'émettre des doutes sur le prologue des Confessions et la posture morale de Rousseau.
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Primum non nocere.
Ubi bene, ibi patria.
Mes livres, mes poèmes, réflexions pédagogiques: http://egomet.sanqualis.com/
- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
Qu'on s'entende bien : je ne réserve pas cette fonction à la seule culture dont on parle. J'ai d'ailleurs donné un exemple de la manière dont on en sortait jamais : même en interne, quand on entre parmi les connaisseurs de telle ou telle partie de ce que recouvre le mot culture au sens classique, on aperçoit cette fonction à l'oeuvre au sein même du groupe, pour distinguer en son sein une sorte d'élite qui se reconnaît par l'excellence de son goût et sa connaissance sa connaissances de certaines œuvres, souvent plus difficiles ou moins connues, parmi le patrimoine officiel. Initiés vs amateurs en quelque sorte. Mais tu le disais peut-être pour apporter des précisions. Toutefois je ne sais pas si c'est vrai au-delà du champ artistique.
Une réserve : la fonction discriminante des contre-cultures ou cultures jugées inférieures n'a sans doute pas les mêmes conséquences. Ce ne sont pas ces cultures qui protègent des places importantes dans la société. Ce ne sont pas elles qui font qu'un élève qui parvient à entrer dans une grande école grâce à son travail peinera à se constituer un réseau faute d'une maîtrise de l'usage social de la culture dominante (pas sûr qu'il s'agisse de la posséder vraiment, mais de savoir en jouer et d'en savoir assez pour ne pas être moqué : d'être un bon philistin et non un être cultivé). Je n'en déduis plus qu'il faut par conséquent donner cette culture à tout le monde pour rendre ces places accessibles, parce que je crois que tant qu'une place peut être protégée ainsi, on modifiera la protection de sorte qu'elle ne laisse entrer que peu de monde.
Bon, je ne suis pas d'accord sur l'histoire qui consacre la culture classique. Bien sûr elle joue un rôle important, mais devrait inviter à la modestie sans consacrer (c'est sans doute pas pour rien qu'on en parle depuis tant de temps), et précisément si on refuse de sacraliser une oeuvre ne tient sa place dans la culture classique que tant qu'on peut la défendre de manière convaincante. Ce qui permet aussi à des choses récemment appréciées de faire partie des choses qui permettent de se cultiver, ainsi que d'expliquer les postérités trouées de certaines œuvres (Scève). Sur la contre-culture zone de confort, je ne crois pas, mais alors pas du tout.
Tout à fait d'accord avec le dernier paragraphe.
Une réserve : la fonction discriminante des contre-cultures ou cultures jugées inférieures n'a sans doute pas les mêmes conséquences. Ce ne sont pas ces cultures qui protègent des places importantes dans la société. Ce ne sont pas elles qui font qu'un élève qui parvient à entrer dans une grande école grâce à son travail peinera à se constituer un réseau faute d'une maîtrise de l'usage social de la culture dominante (pas sûr qu'il s'agisse de la posséder vraiment, mais de savoir en jouer et d'en savoir assez pour ne pas être moqué : d'être un bon philistin et non un être cultivé). Je n'en déduis plus qu'il faut par conséquent donner cette culture à tout le monde pour rendre ces places accessibles, parce que je crois que tant qu'une place peut être protégée ainsi, on modifiera la protection de sorte qu'elle ne laisse entrer que peu de monde.
Bon, je ne suis pas d'accord sur l'histoire qui consacre la culture classique. Bien sûr elle joue un rôle important, mais devrait inviter à la modestie sans consacrer (c'est sans doute pas pour rien qu'on en parle depuis tant de temps), et précisément si on refuse de sacraliser une oeuvre ne tient sa place dans la culture classique que tant qu'on peut la défendre de manière convaincante. Ce qui permet aussi à des choses récemment appréciées de faire partie des choses qui permettent de se cultiver, ainsi que d'expliquer les postérités trouées de certaines œuvres (Scève). Sur la contre-culture zone de confort, je ne crois pas, mais alors pas du tout.
Tout à fait d'accord avec le dernier paragraphe.
- cassiopellaNiveau 9
Merci pour cet article. Et merci à ce jeune homme de partager et diffuser la culture. C'est sûr que l'école française, qui considère que seuls les parents éduquent, ne permet pas d’acquérir cette culture. Le cours de français et de la littérature aurait pu un peu améliorer les choses, mais la liste des œuvres à étudier est trèèèès courte, quand elle existe... J'ai vu aussi des cas où on demandait aux élèves d'acheter des livres "adapté" aux collégiens/lycéens, ou allégés, ou on demandait d'étudier une petite partie du livre.
En 2006 je passais le test MESSAGE (pour faire la L3 gestion), qui contient un test de culture général. Nous, les étrangers, on se moquait des français qui devaient apprendre des choses et passer pas mal de temps pour bien préparer ce test. On l'appelait "le baromètre d'inculture".
En 2006 je passais le test MESSAGE (pour faire la L3 gestion), qui contient un test de culture général. Nous, les étrangers, on se moquait des français qui devaient apprendre des choses et passer pas mal de temps pour bien préparer ce test. On l'appelait "le baromètre d'inculture".
Oui on peut et cela se fait avec un très grand succès dans certains pays. Si cela vous intéresse, je peux donner des exemples.sifi a écrit:J'aime bien ton concept d' "Education Nationale", Rendash. Tu veux dire qu'on pourrait transmettre une culture commune à tous les jeunes, sans distinction de classe sociale ni d'origines? Que dans des groupes d'un nombre raisonnable, appelés par exemples "classes", nous pourrions transmettre, dans de bonnes conditions à des jeunes avides d'apprendre le goût pour la culture?
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Moi et l'orthographe, nous ne sommes pas amis. Je corrige les erreurs dès que je les vois. Je m'excuse pour celles que je ne vois pas...
- AnaxagoreGuide spirituel
Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:Qu'on s'entende bien : je ne réserve pas cette fonction à la seule culture dont on parle. J'ai d'ailleurs donné un exemple de la manière dont on en sortait jamais : même en interne, quand on entre parmi les connaisseurs de telle ou telle partie de ce que recouvre le mot culture au sens classique, on aperçoit cette fonction à l'oeuvre au sein même du groupe, pour distinguer en son sein une sorte d'élite qui se reconnaît par l'excellence de son goût et sa connaissance sa connaissances de certaines œuvres, souvent plus difficiles ou moins connues, parmi le patrimoine officiel. Initiés vs amateurs en quelque sorte. Mais tu le disais peut-être pour apporter des précisions. Toutefois je ne sais pas si c'est vrai au-delà du champ artistique.
Une réserve : la fonction discriminante des contre-cultures ou cultures jugées inférieures n'a sans doute pas les mêmes conséquences. Ce ne sont pas ces cultures qui protègent des places importantes dans la société. Ce ne sont pas elles qui font qu'un élève qui parvient à entrer dans une grande école grâce à son travail peinera à se constituer un réseau faute d'une maîtrise de l'usage social de la culture dominante (pas sûr qu'il s'agisse de la posséder vraiment, mais de savoir en jouer et d'en savoir assez pour ne pas être moqué : d'être un bon philistin et non un être cultivé). Je n'en déduis plus qu'il faut par conséquent donner cette culture à tout le monde pour rendre ces places accessibles, parce que je crois que tant qu'une place peut être protégée ainsi, on modifiera la protection de sorte qu'elle ne laisse entrer que peu de monde.
Bon, je ne suis pas d'accord sur l'histoire qui consacre la culture classique. Bien sûr elle joue un rôle important, mais devrait inviter à la modestie sans consacrer (c'est sans doute pas pour rien qu'on en parle depuis tant de temps), et précisément si on refuse de sacraliser une oeuvre ne tient sa place dans la culture classique que tant qu'on peut la défendre de manière convaincante. Ce qui permet aussi à des choses récemment appréciées de faire partie des choses qui permettent de se cultiver, ainsi que d'expliquer les postérités trouées de certaines œuvres (Scève). Sur la contre-culture zone de confort, je ne crois pas, mais alors pas du tout.
Tout à fait d'accord avec le dernier paragraphe.
Je suis toujours très méfiant avec les discours sociologisants. Nous avons souvent droit à propos de l'école à des discours qui finissent par oublier les contenus enseignés et par oublier aussi que les personnes à qui on enseigne on acquis un niveau ou ne l'ont pas acquis. De la même façon, en ce qui concerne la culture, il y a ce qui est subtil, fin, profond, en un mot remarquable et ce qui ne l'est pas. Il n'est pas tant question d'avoir des idoles ou des "codes" que de savoir rendre justice aux oeuvres et à leurs auteurs, et de partager cette richesse. Le fait que des discussions, parfois âpres aient lieu à propos d'oeuvres récentes n'est pas surprenant, c'est même inévitable. Le fait que des gens "se la pètent" et s'inventent des clubs fermés est inévitable aussi.
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"De même que notre esprit devient plus fort grâce à la communication avec les esprits vigoureux et raisonnables, de même on ne peut pas dire combien il s'abâtardit par le commerce continuel et la fréquentation que nous avons des esprits bas et maladifs." Montaigne
"Woland fit un signe de la main, et Jérusalem s'éteignit."
"On déclame contre les passions sans songer que c'est à leur flambeau que la philosophie allume le sien." Sade
- DalvaVénérable
Voir la culture ainsi réduite à de l'utilitarisme primaire est navrant. On se fout que la culture permette ou pas d'accéder à une place ou à une autre dans la société. Elle est surtout ce qui permet de mettre son propre nombril en perspective.
Maîtriser à fond toutes les subtilités du Death Metal ou de Vivaldi, ce n'est pas être cultivé, c'est avoir des connaissances dans un domaine de prédilection. Être cultivé, c'est bien autre chose, et il me semble qu'il serait fort judicieux de chercher à définir le terme avant de se lancer dans un débat à son propos.
Maîtriser à fond toutes les subtilités du Death Metal ou de Vivaldi, ce n'est pas être cultivé, c'est avoir des connaissances dans un domaine de prédilection. Être cultivé, c'est bien autre chose, et il me semble qu'il serait fort judicieux de chercher à définir le terme avant de se lancer dans un débat à son propos.
- DalvaVénérable
Et donc je suis mille fois d'accord avec ce jeune étudiant : les nombrils des quartiers de banlieue ont autant droit à une prise de hauteur et à un goût d'universel que les nombrils des beaux quartiers parisiens de Sciences Po (qui, s'ils voulaient prétendre être tout à fait cultivés, devraient quant à eux se pencher au-delà des oeuvres classiques).
- ZagaraGuide spirituel
Dalva a écrit:Voir la culture ainsi réduite à de l'utilitarisme primaire est navrant. On se fout que la culture permette ou pas d'accéder à une place ou à une autre dans la société. Elle est surtout ce qui permet de mettre son propre nombril en perspective.
Maîtriser à fond toutes les subtilités du Death Metal ou de Vivaldi, ce n'est pas être cultivé, c'est avoir des connaissances dans un domaine de prédilection. Être cultivé, c'est bien autre chose, et il me semble qu'il serait fort judicieux de chercher à définir le terme avant de se lancer dans un débat à son propos.
Toute la difficulté est que, selon le point de vue, ou plutôt l'heuristique, que l'on adopte, il y a des définitions contradictoires de cette expression. Du coup la discussion est immédiatement compliquée.
- DalvaVénérable
Je suis à peu près sûre que si l'on cherche à définir le fait d'être cultivé non par un contenu mais par des conséquences (ce que le fait d'être cultivé modifie en celui qui est cultivé, et ce qu'il lui permet intellectuellement), chacun pourra approcher d'une définition commune sans trop de difficulté.
- ZagaraGuide spirituel
N'est-ce pas la définition même de toute éducation ?Dalva a écrit:Je suis à peu près sûre que si l'on cherche à définir le fait d'être cultivé non par un contenu mais par des conséquences (ce que le fait d'être cultivé modifie en celui qui est cultivé, et ce qu'il lui permet intellectuellement), chacun pourra approcher d'une définition commune sans trop de difficulté.
Or, si être cultivé est synonyme d'être éduqué, alors ce n'est pas une définition efficace.
- DalvaVénérable
Non. (Je réponds juste à la question, il faut absolument que j'aille pendre le linge avant qu'il n'y ait plus de soleil.) (Ce qui est tout de même bien plus important qu'une hypothétique définition, non ?)
- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
Anaxagore a écrit:Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:Qu'on s'entende bien : je ne réserve pas cette fonction à la seule culture dont on parle. J'ai d'ailleurs donné un exemple de la manière dont on en sortait jamais : même en interne, quand on entre parmi les connaisseurs de telle ou telle partie de ce que recouvre le mot culture au sens classique, on aperçoit cette fonction à l'oeuvre au sein même du groupe, pour distinguer en son sein une sorte d'élite qui se reconnaît par l'excellence de son goût et sa connaissance sa connaissances de certaines œuvres, souvent plus difficiles ou moins connues, parmi le patrimoine officiel. Initiés vs amateurs en quelque sorte. Mais tu le disais peut-être pour apporter des précisions. Toutefois je ne sais pas si c'est vrai au-delà du champ artistique.
Une réserve : la fonction discriminante des contre-cultures ou cultures jugées inférieures n'a sans doute pas les mêmes conséquences. Ce ne sont pas ces cultures qui protègent des places importantes dans la société. Ce ne sont pas elles qui font qu'un élève qui parvient à entrer dans une grande école grâce à son travail peinera à se constituer un réseau faute d'une maîtrise de l'usage social de la culture dominante (pas sûr qu'il s'agisse de la posséder vraiment, mais de savoir en jouer et d'en savoir assez pour ne pas être moqué : d'être un bon philistin et non un être cultivé). Je n'en déduis plus qu'il faut par conséquent donner cette culture à tout le monde pour rendre ces places accessibles, parce que je crois que tant qu'une place peut être protégée ainsi, on modifiera la protection de sorte qu'elle ne laisse entrer que peu de monde.
Bon, je ne suis pas d'accord sur l'histoire qui consacre la culture classique. Bien sûr elle joue un rôle important, mais devrait inviter à la modestie sans consacrer (c'est sans doute pas pour rien qu'on en parle depuis tant de temps), et précisément si on refuse de sacraliser une oeuvre ne tient sa place dans la culture classique que tant qu'on peut la défendre de manière convaincante. Ce qui permet aussi à des choses récemment appréciées de faire partie des choses qui permettent de se cultiver, ainsi que d'expliquer les postérités trouées de certaines œuvres (Scève). Sur la contre-culture zone de confort, je ne crois pas, mais alors pas du tout.
Tout à fait d'accord avec le dernier paragraphe.
Je suis toujours très méfiant avec les discours sociologisants. Nous avons souvent droit à propos de l'école à des discours qui finissent par oublier les contenus enseignés et par oublier aussi que les personnes à qui on enseigne on acquis un niveau ou ne l'ont pas acquis. De la même façon, en ce qui concerne la culture, il y a ce qui est subtil, fin, profond, en un mot remarquable et ce qui ne l'est pas. Il n'est pas tant question d'avoir des idoles ou des "codes" que de savoir rendre justice aux oeuvres et à leurs auteurs, et de partager cette richesse. Le fait que des discussions, parfois âpres aient lieu à propos d'oeuvres récentes n'est pas surprenant, c'est même inévitable. Le fait que des gens "se la pètent" et s'inventent des clubs fermés est inévitable aussi.
Que répondre... Je sais bien qu'il y a un discours sociologique ambiant lourd et pas toujours fondé. Mais je ne le reprends pas tel quel et en deux messages j'ai suffisamment montré que je ne confondais pas la culture tout court avec l'usage social que je mentionne. Et pour exprimer à l'origine un doute sur l'idée que si l'on parvient à enseigner cette culture on vaincra la discrimation.
Je n'ai pas davantage défendu une transmission de la culture dans une perspective utilitariste o_o Discuter du mot me plairait bien, mais lisons de manière sereine.
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