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- InvitéInvité
Je ferai grève ces jours où elle sera écoutée, en période de corrections d'examen, par exemple.Cleroli a écrit:Tous en grève demain ! Il n'y a pas de raison de se laisser maltraiter pour faire plaisir à certains.Nizab a écrit:C'était prévisible et attendu. Et ça passera dans l'indifférence générale et la réjouissance de certains.
En attendant, les rectorats semblent très esseulés par l'histoire des 20/20 qui bloquent Parcoursup.
- CleroliDoyen
La grève de demain devrait être suivie, il serait dommage que seul le corps enseignant la boude justement. A moins que tout aille bien du côté de l'EN ou qu'on préfère attendre un hypothétique mouvement massif (dont j'entends parler depuis longtemps sans le voir venir) ?
Quant au 20/20 pour Parcoursup, loin de moi l'idée de critiquer cette initiative mais ce n'est qu'un bulletin sur les 5 pris en compte, ça ne paralysera pas vraiment le système (c'est médiatique en revanche là où c'est appliqué).
Quant au 20/20 pour Parcoursup, loin de moi l'idée de critiquer cette initiative mais ce n'est qu'un bulletin sur les 5 pris en compte, ça ne paralysera pas vraiment le système (c'est médiatique en revanche là où c'est appliqué).
- InvitéInvité
Ici, ils montrent les dents.
- CleroliDoyen
Dans mon coin, je ne connais aucun lycée (le mien compris) ayant retenu cette forme de protestation.
- IlonaHabitué du forum
Nizab,
Je partage votre avis, ces grévounettes n'ont pas d'impact.
Je travaille en collège, si une grève est lancée pendant le DNB, je ne me rends ni aux surveillances, ni aux corrections.
Je partage votre avis, ces grévounettes n'ont pas d'impact.
Je travaille en collège, si une grève est lancée pendant le DNB, je ne me rends ni aux surveillances, ni aux corrections.
- CleroliDoyen
J'aimerais avoir votre foi dans un soudain mouvement dur mais les faits passés (grève au moment du DNB par exemple) ne m'encouragent pas à aller dans ce sens
J'en arrive à penser qu'on mérite ce qui nous arrive à force d'avoir systématiquement une bonne raison pour ne pas bouger en attendant le grand soir.
J'en arrive à penser qu'on mérite ce qui nous arrive à force d'avoir systématiquement une bonne raison pour ne pas bouger en attendant le grand soir.
- InvitéInvité
J'ai grévé plusieurs fois cette année, déjà. Pas besoin qu'on me fasse la morale.Cleroli a écrit:J'aimerais avoir votre foi dans un soudain mouvement dur mais les faits passés (grève au moment du DNB par exemple) ne m'encouragent pas à aller dans ce sens
J'en arrive à penser qu'on mérite ce qui nous arrive à force d'avoir systématiquement une bonne raison pour ne pas bouger en attendant le grand soir.
- CleroliDoyen
Je ne fais pas la morale, je suis simplement désabusée et je me demande si j'ai raison de continuer d'essayer de m'opposer aux réformes. A partir d'un certain moment, il faut accepter qu'on puisse se tromper face à la majorité. Ce sera peut-être ma dernière grève avant longtemps.
- LefterisEsprit sacré
Nous sommes plusieurs à nous être égosillés, ici et ailleurs. Demain , la grève sera sans doute une nouvelle fois boudée par les enseignants, encore une fois derniers de la classe. Certains peuvent encore partir, d'autres , au milieu du gué, vont verser des larmes amères. L'introduction du double statut va permettre de détériorer encore plus vite le leur, même s'ils restent fonctionnaire. France Télécom, le retour...
La première cible sera l'EN dans cette destruction : les plus nombreux et les plus mous. Economie importante et facile.
La première cible sera l'EN dans cette destruction : les plus nombreux et les plus mous. Economie importante et facile.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- IlonaHabitué du forum
Nizab,
Je crois que Cleroli s'adresse à moi.
Cleroni,
Vous avez raison, mais je crois surtout que faible nombre de grévistes lors des examens était dû au fait que les syndicat majoritaires ne s'y sont pas joints.
Maintenant que l'exécutif veut les mettre sur la touche, peut-être qu'ils arrêteront de faire les mous (là, ça commence à être une question de survie pour eux aussi)
Je crois que Cleroli s'adresse à moi.
Cleroni,
Vous avez raison, mais je crois surtout que faible nombre de grévistes lors des examens était dû au fait que les syndicat majoritaires ne s'y sont pas joints.
Maintenant que l'exécutif veut les mettre sur la touche, peut-être qu'ils arrêteront de faire les mous (là, ça commence à être une question de survie pour eux aussi)
- InvitéInvité
La fin de la fonction publique à la française tout simplement. Le rêve de la droite depuis toujours. Que cela fonctionne ou pas c'est maintenant qu'il faut agir, et ça commence par demain. Sinon il n'y aura que des regrets et peut-être des remords.
- DaphnéDemi-dieu
gauvain31 a écrit:Daphné a écrit:Beaucoup seront contents de voir qu'on tape sur les fonctionnaires et qu'on supprime leurs acquis.
Ces "beaucoup" seront moins contents quand ce sera leur tour
Ces "beaucoup" ne sont bien entendu pas des fonctionnaires.
Mais c'est vrai qu'ils passeront à la casserole aussi, retraites etc...
- CeladonDemi-dieu
- ErgoDevin
- Dans le même ordre:
Langue de bois ou de vipère
A causer mal on y perd.
Pour un monde meilleur
Dites-le avec des fleurs
Se faire virer c'est pas joli, joli,
Alors qu'un "plan social" ça fait envie.
Un quartier pauvre c'est pas terrible, terrible,
On vit mieux dans un "quartier sensible".
"Discrimination positive", "répression préventive",
Le pompon des pompons pour la "croissance négative"
Langue de bois ou de vipère
A causer mal on y perd.
Pour un monde meilleur
Dites-le avec des fleurs
Une "guerre propre", ça fait du bien,
Comme le "capitalisme à visage humain".
La douceur d'une "frappe chirurgicale",
Garanti "développement durable".
Allons-y décomplexé pour les "expulsions amicales",
Pas de quoi s'exciter, c'est du racisme jovial.
Langue de bois ou de vipère
A causer mal on y perd.
Pas toujours en baratin
Pour diviser soyons malins.
L'assistance, c'est de l'assistanat,
Une grève c'est une "prise d'otages".
Pas de cotisation, rien que des charges,
Un fonctionnaire ignore le surmenage.
Insidieusement avec des mots, les puissants nous trimballent,
Pour que ceux qui n'ont pas grand-chose, s'en prennent à ceux qui ont que dalle.
Langue de bois ou de vipère
A les écouter on s'y perd.
Pour un monde meilleur
Allez-vous faire entendre ailleurs.
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"You went to a long-dead octopus for advice, and you're going to blame *me* for your problems?" -- Once Upon a Time
"The gull was your ordinary gull." -- Wittgenstein's Mistress
« Cède, cède, cède, je le veux ! » écrivait Ronin, le samouraï. (Si vous cherchez un stulo-plyme, de l'encre, récap de juillet 2024)
- JacqGuide spirituel
"La nécessaire transformation de l’action publique ne peut être menée à bien sans redonner sens et confiance aux 5,5 millions d’agents qui font tous les jours vivre le service public"
Foutage de gueule.
Foutage de gueule.
- ErgoDevin
Voilà. Une réforme indispensable de plus.
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"The gull was your ordinary gull." -- Wittgenstein's Mistress
« Cède, cède, cède, je le veux ! » écrivait Ronin, le samouraï. (Si vous cherchez un stulo-plyme, de l'encre, récap de juillet 2024)
- LeclochardEmpereur
J'imprime l'article pour l'afficher dans la salle des profs. Je ne comprends pas ce qu'il y a à gagner à dégrader ainsi les conditions d'enseignement. Même pas sûr que Fillon aurait été aussi loin.
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Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
- LefterisEsprit sacré
Ben oui. Confiance est devenue la soeur de Bienveillance, dans le langage managérial et orwellien.Jacq a écrit:"La nécessaire transformation de l’action publique ne peut être menée à bien sans redonner sens et confiance aux 5,5 millions d’agents qui font tous les jours vivre le service public"
Foutage de gueule.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- EsméraldaGrand sage
Bienveillance mon luc...
- PaleoprofFidèle du forum
J'imprime l'article et l'afficherai mercredi en salle des professeurs, au retour de la grève de demain.
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Je construis ma suite......
- *Ombre*Grand sage
Oui, depuis le temps que certains annoncent la destruction volontaire des services publics et que d'autres nous traitent de complotistes...
Je remets ici ce que je postai ailleurs il y a plusieurs années, histoire de remettre un peu les choses en perspective.
J'ai eu mon concours en 1996.
La même année, Le Monde diplo, en septembre (ma première rentrée !) faisait état de cette publication de l'OCDE, qui préconisait la réduction des coûts de l'EN et l'ouverture à la concurrence du marché de l'éducation, pour rendre rentable ce qui est actuellement un investissement sans bénéfices immédiats.
Il ne s'agit pas de délires de complotistes, mais de discours parfaitement officiels. L'OCDE en a si peu à foutre de vos émois de petits fonctionnaires, que tout cela est publié sur leur site et vérifiable : même pas honte.
http://www.oecd.org/fr/dev/1919068.pdf
À l'époque, pourtant, j'ai trouvé ça trop énorme pour être crédible. Je ne m'en suis pas inquiétée outre mesure. C'est sans doute trop déprimant de commencer sa carrière sous pareilles auspices. Mieux vaut penser que c'est un truc de complotistes.
Deux ans plus tard, toujours dans Le Monde diplo, j'ai lu ceci. Je ne mets que quelques passages, la reproduction de l'article entier étant interdite - mais Google vous aidera vite à le trouver intégralement si vous le souhaitez.
Quelle idée, aussi, de lire Le Monde diplo ! C'est absolument déprimant. Je suis d'ailleurs tellement déprimée que je résilie mon abonnement.
Mais tout ça est resté dans un coin de ma tête.
Et il y a eu la suite, le réel éprouvé.
C'est quoi, le réel éprouvé ?
La réduction des heures, régulièrement. À chaque fois qu'on pense avoir touché le fond, on se prend de nouvelles coupes dans la tronche. Je n'ai pas connu l'époque dont parlent parfois mes collègues les plus anciens, qui apparaît à mes yeux comme un âge d'or à jamais perdu, où les Sixième avaient 9 heures de français par semaine. Je ne les ai connus qu'à 7 heures (6 heures dont une dédoublée). Et 20 ans après, nous voilà à 4h30. Pas de commentaire : des faits.
Le réel, ce sont les réformes qui se succèdent à un rythme de plus en plus effréné, et qui vont vers toujours plus de démagogie.
Le réel, c'est aussi l'accord de l'AGCS signé en 2003, qui prévoit la commercialisation des services par la France, y compris l'éducation.
http://attaceducidf.gardiendutemps.org/agcs/docs/urfig-agcsmenacesprecises.htm
Le réel, c'est aussi le forcing fait depuis 10 ans pour développer les TICE, pour le plus grand profit des grands groupes informatiques.
Le réel, c'est aussi l'accord commercial signé entre l'EN et Micorsoft, qui a fait réagir bien peu de monde.
https://blogs.mediapart.fr/ilian-amar/blog/180316/pourquoi-les-profs-vont-boycotter-laccord-microsoft-education-nationale
Le réel, c'est le développement des compétences, qui permet opportunément aux officines privées de contourner le problème de la délivrance de diplômes, pour l'instant encore sous contrôle de l'État. Ils le souhaitaient ardemment : ça tombe bien, depuis 20 ans, toutes les réformes sont allées dans leur sens, et le bourrage de crâne idéologique aussi, au point qu'on a maintenant des tas de collègues intimement convaincus que ce développement du travail par compétences se ferait au profit de l'élève et non pas au profit des grands groupes financiers qui ont de la "compétence" à vendre.
Le réel, c'est la reprise des négociations internationales sur la commercialisation des services à travers le TTIP, que je n'invente pas non plus.
Maintenant, on peut penser que tout cela n'est qu'une suite de coïncidences, qu'il n'y a là derrière aucune arrière-pensée, que si toutes les réformes vont dans le même sens depuis 20 ans (au moins), c'est le fruit du hasard.
Personnellement, j'ai longtemps rejeté des théories que je qualifiais de complotistes, car je trouvais que c'était prêter beaucoup d'intelligence à des réformes qui semblaient surtout procéder de la bêtise.
Mais au bout d'un moment, quand tout converge à ce point, sur une telle durée, avec autant d’opiniâtreté, je cesse de croire au hasard.
Cette fois, on atteint le bout du truc. Une école à deux vitesses, avec une apparence de service public pour la population non rentable, et du privé hors de prix pour ceux qui peuvent.
Il n'y a plus rien à ronger sur le cadavre du mammouth.
Je remets ici ce que je postai ailleurs il y a plusieurs années, histoire de remettre un peu les choses en perspective.
J'ai eu mon concours en 1996.
La même année, Le Monde diplo, en septembre (ma première rentrée !) faisait état de cette publication de l'OCDE, qui préconisait la réduction des coûts de l'EN et l'ouverture à la concurrence du marché de l'éducation, pour rendre rentable ce qui est actuellement un investissement sans bénéfices immédiats.
"On peut recommander de nombreuses mesures qui ne créent aucune difficulté politique. Pour réduire le déficit budgétaire, une réduction très importante des investissements publics ou une diminution de fonctionnement ne comportent pas de risque politique. Si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement et l’école peut progressivement et ponctuellement obtenir une contribution des familles ou supprimer telle activité. Cela se fait au coup par coup, dans une école mais non dans l’établissement voisin, de telle sorte que l’on évite un mécontentement général de la population". Page 30.
On peut supprimer des primes dans certaines administrations en suivant une politique discriminatoire pour éviter un front commun de tous les fonctionnaires. Évidemment, il est déconseillé de supprimer les primes versées aux forces de l’ordre dans une conjoncture difficile où l’on peut en avoir besoin. Page 30.
Rien n’est plus dangereux politiquement que de prendre des mesures globales pour résoudre un problème macro-économique. Par exemple, si l’on réduit les salaires des fonctionnaires, il faut les baisser dans tel secteur, les bloquer en valeur nominale dans un autre et même les augmenter dans un secteur clé politiquement". Page 31
Il ne s'agit pas de délires de complotistes, mais de discours parfaitement officiels. L'OCDE en a si peu à foutre de vos émois de petits fonctionnaires, que tout cela est publié sur leur site et vérifiable : même pas honte.
http://www.oecd.org/fr/dev/1919068.pdf
À l'époque, pourtant, j'ai trouvé ça trop énorme pour être crédible. Je ne m'en suis pas inquiétée outre mesure. C'est sans doute trop déprimant de commencer sa carrière sous pareilles auspices. Mieux vaut penser que c'est un truc de complotistes.
Deux ans plus tard, toujours dans Le Monde diplo, j'ai lu ceci. Je ne mets que quelques passages, la reproduction de l'article entier étant interdite - mais Google vous aidera vite à le trouver intégralement si vous le souhaitez.
L'école, grand marché du XXIe siècle
Le Monde Diplomatique, juin 1998
UN RÊVE FOU DES TECHNOCRATES ET DES INDUSTRIELS
L'école, grand marché du XXIe siècle
MILLE milliards de dollars, tel est, selon l'OCDE, le montant des dépenses annuelles de ses Etats membres en faveur de l'enseignement. Un tel « marché » est activement convoité Quatre millions d'enseignants, 80 millions d'élèves et étudiants, 320 000 établissements scolaires (dont 5 000 universités et écoles supérieures de l'Union européenne) sont à présent dans la ligne de mire des marchands. Mais il faudra beaucoup d'efforts pour faire appliquer ces textes et rapports, qui demanderaient un démantèlement de l'essentiel du service public de l'enseignement.
En janvier 1989, la Table ronde européenne des industriels - ERT (1) -, le puissant groupe de pression patronal auprès de la Commission européenne, publie un rapport intitulé Education et compétence en Europe. Elle y affirme d'emblée que « l'éducation et la formation [...] sont considérées comme des investissements stratégiques vitaux pour la réussite future de l'entreprise ». Puis elle déplore que « l'enseignement et la formation [soient] toujours considérés par les gouvernements et les décideurs comme une affaire intérieure. [...] L'industrie n'a qu'une très faible influence sur les programmes enseignés ».
D'autant plus faible, en vérité, que les enseignants auraient « une compréhension insuffisante de l'environnement économique, des affaires et de la notion de profit ». La conclusion s'impose : industrie et établissements d'enseignement devraient travailler « ensemble au développement de programmes d'enseignement », notamment grâce à « l'apprentissage à distance », « l'enseignement à distance » et la mise au point de « didacticiels » (logiciels d'apprentissage sur ordinateur).
Regroupant notamment les grands patrons des principaux constructeurs informatiques européens (2), l'ERT cherche alors des marchés. La perspective de la libéralisation du secteur des télécommunications promet de fabuleux profits au secteur privé, non seulement par la vente de matériels et de logiciels, mais aussi par l'exploitation des entreprises de téléphone privatisées en tout ou en partie. Promouvoir ou imposer l'enseignement à distance permet d'espérer bénéficier à la fois de la croissance du volume des communications téléphoniques, de celle de la vente de matériels et de celle, non moins importante, des droits d'auteur et droits voisins sur la commercialisation et l'exploitation de didacticiels. L'ensemble de cette stratégie doit déboucher sur une meilleure adéquation de l'enseignement aux exigences de l'industrie, une préparation au télétravail, une réduction des coûts de formation en entreprise et une atomisation des étudiants et des enseignants, dont les éventuelles turbulences sont toujours redoutées.
[...]
L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), intervient à son tour en publiant le compte-rendu d'une table ronde qui s'est tenue à Philadelphie (Etats-Unis) en février 1996 (12). « L'apprentissage à vie, y lit-on, ne saurait se fonder sur la présence permanente d'enseignants », mais il doit être assuré par des « prestataires de services éducatifs. [...] La technologie crée un marché mondial dans le secteur de la formation. [...] La possibilité nouvelle de proposer des programmes d'enseignement dans d'autres pays, sans que les étudiants ou les enseignants partent de chez eux, pourrait fort bien avoir d'importantes répercussions sur la structure du système d'enseignement et de formation à l'échelle mondiale ». Si le rôle des pouvoirs publics n'est pas méconnu, il se limite à « assurer l'accès à l'apprentissage de ceux qui ne constitueront jamais un marché rentable et dont l'exclusion de la société en général s'accentuera à mesure que d'autres vont continuer de progresser ». Ici, l'OCDE exprime crûment ce que l'ERT et la Commission n'avaient pas osé dire : les enseignants qui subsisteront s'occuperont de la population « non rentable ».
[...]
On distingue clairement les fins des industriels : créer, en marge de réseaux d'enseignement publics réduits à dispenser une éducation de base, un vaste système, privé et commercial, de télé-enseignement. Reste un problème de taille : dans de nombreux pays, l'enseignement à distance, qui dépend du système éducatif, est réglementé. En outre, les législations nationales contrôlent le champ de l'enseignement par correspondance commercial. Certains Etats pourraient donc compliquer le développement d'entreprises privées d'enseignement.
La Commission européenne met ses juristes au travail. Et cela donne : « Le traité CEE prévoit [...] une action de la Communauté dans le domaine de l'éducation et de la culture. Cette disposition limite donc les compétences nationales. Le développement de l'éducation à distance est explicitement cité comme l'un des objectifs de l'action de la Communauté. [...] L'enseignement privé à distance est un service. » Or « la libre prestation de services est garantie à l'article 59 et suivants du traité [...]. Il est donc possible de la faire valoir directement contre les restrictions imposées par les Etats membres (14) ». Le syllogisme est imparable : l'enseignement à distance est un service ; les services peuvent être fournis par tout prestataire, public ou privé, dans l'ensemble du marché intérieur ; la souveraineté nationale en la matière est donc limitée.
MAIS l'attribution et la reconnaissance des diplômes relèvent du domaine national ou public, et restent strictement réglementées. Or, modifier ou abolir autant de législations qu'il y a d'Etats prendrait des années. Pour aller plus vite, la Commission fait à nouveau assaut d'imagination : c'est la mise au point d'une « carte d'accréditation des compétences ».
L'idée est simple. Imaginons qu'un jeune accède à plusieurs fournisseurs commerciaux d'enseignement par Internet et obtienne ainsi, en les payant, des « compétences » en technique, en gestion et en langues . Au gré de son autoapprentissage, les fournisseurs d'enseignement vont le « créditer » des connaissances qu'il acquiert. Cette « accréditation » sera comptabilisée sur une disquette (la « carte ») qu'il aura glissée dans son ordinateur, lequel est relié à ses fournisseurs. Lorsqu'il cherchera un emploi, il introduira sa disquette dans sa machine et se connectera à un site « offres d'emploi » géré par une association patronale. Son « profil » sera alors dépouillé par un logiciel et, si ses « compétences » correspondent à celles que recherche un employeur, il sera engagé. Plus besoin de diplômes : le patronat gérera son propre système sans plus se soucier du contrôle des Etats et du monde universitaire.
[...]
L'ERT précise en même temps ses positions dans un rapport de 1997 : « Il n'y a pas de temps à perdre. La population européenne doit s'engager dans un processus d'apprentissage tout au long de la vie [...]. L'usage approprié des TIC (technologies de l'information et de la communication) dans le processus éducatif va imposer d'importants investissements en termes financiers et humains. Ils généreront des bénéfices à la mesure des enjeux [...]. II faudra que tous les individus qui apprennent s'équipent d'outils pédagogiques de base, tout comme ils ont acquis une télévision (18). »
Reste à préciser la dimension de ce marché potentiel et ce que parents et Etats sont prêts à payer.
En France, Educinvest (Vivendi, ex-Générale des eaux), qui gère 250 écoles privées, réalise un chiffre d'affaires annuel de 850 millions de francs (19). On a une idée de ce que certains parents sont disposés à payer pour donner une assurance (aléatoire) contre le chômage à leurs enfants.
Quelle idée, aussi, de lire Le Monde diplo ! C'est absolument déprimant. Je suis d'ailleurs tellement déprimée que je résilie mon abonnement.
Mais tout ça est resté dans un coin de ma tête.
Et il y a eu la suite, le réel éprouvé.
C'est quoi, le réel éprouvé ?
La réduction des heures, régulièrement. À chaque fois qu'on pense avoir touché le fond, on se prend de nouvelles coupes dans la tronche. Je n'ai pas connu l'époque dont parlent parfois mes collègues les plus anciens, qui apparaît à mes yeux comme un âge d'or à jamais perdu, où les Sixième avaient 9 heures de français par semaine. Je ne les ai connus qu'à 7 heures (6 heures dont une dédoublée). Et 20 ans après, nous voilà à 4h30. Pas de commentaire : des faits.
Le réel, ce sont les réformes qui se succèdent à un rythme de plus en plus effréné, et qui vont vers toujours plus de démagogie.
Le réel, c'est aussi l'accord de l'AGCS signé en 2003, qui prévoit la commercialisation des services par la France, y compris l'éducation.
http://attaceducidf.gardiendutemps.org/agcs/docs/urfig-agcsmenacesprecises.htm
Le réel, c'est aussi le forcing fait depuis 10 ans pour développer les TICE, pour le plus grand profit des grands groupes informatiques.
Le réel, c'est aussi l'accord commercial signé entre l'EN et Micorsoft, qui a fait réagir bien peu de monde.
https://blogs.mediapart.fr/ilian-amar/blog/180316/pourquoi-les-profs-vont-boycotter-laccord-microsoft-education-nationale
Le réel, c'est le développement des compétences, qui permet opportunément aux officines privées de contourner le problème de la délivrance de diplômes, pour l'instant encore sous contrôle de l'État. Ils le souhaitaient ardemment : ça tombe bien, depuis 20 ans, toutes les réformes sont allées dans leur sens, et le bourrage de crâne idéologique aussi, au point qu'on a maintenant des tas de collègues intimement convaincus que ce développement du travail par compétences se ferait au profit de l'élève et non pas au profit des grands groupes financiers qui ont de la "compétence" à vendre.
Le réel, c'est la reprise des négociations internationales sur la commercialisation des services à travers le TTIP, que je n'invente pas non plus.
Maintenant, on peut penser que tout cela n'est qu'une suite de coïncidences, qu'il n'y a là derrière aucune arrière-pensée, que si toutes les réformes vont dans le même sens depuis 20 ans (au moins), c'est le fruit du hasard.
Personnellement, j'ai longtemps rejeté des théories que je qualifiais de complotistes, car je trouvais que c'était prêter beaucoup d'intelligence à des réformes qui semblaient surtout procéder de la bêtise.
Mais au bout d'un moment, quand tout converge à ce point, sur une telle durée, avec autant d’opiniâtreté, je cesse de croire au hasard.
Cette fois, on atteint le bout du truc. Une école à deux vitesses, avec une apparence de service public pour la population non rentable, et du privé hors de prix pour ceux qui peuvent.
Il n'y a plus rien à ronger sur le cadavre du mammouth.
- CeladonDemi-dieu
Eblouissante réussite, au-delà de toutes les espérances de ces rapaces.
Et pourtant, on savait. Tout était là, noir sur blanc, ce document a circulé sur les réseaux. Alors ????
Et pourtant, on savait. Tout était là, noir sur blanc, ce document a circulé sur les réseaux. Alors ????
- henrietteMédiateur
Alors chaque fois que j'ai parlé du fameux rapport de l'OCDE, et j'en ai parlé au plus grand nombre possible, je me suis fait traitée au mieux de pessimiste alarmiste, ou d'illuminée de service, au pire de cinglée complotiste, en mode : " Mais enfin, henriette, ça se saurait s'ils nous voulaient du mal."
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"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- acsyleNiveau 10
henriette a écrit:" Mais enfin, henriette, ça se saurait s'ils nous voulaient du mal."
C'est pas pour atteindre le point Godwin, mais cette phrase me fait douloureusement penser aux heures les plus sombres de notre Histoire. Surtout pour la partie "on se laisse mener à l'abattoir sans révolte parce qu'on refuse d'y croire".
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