- cannelle21Grand Maître
Bonjour,
J'aimerais faire une fiche récap pour mes secondes sur les registres. Je trouve cependant que c'est une notion relativement difficile à cerner. Quand je regarde les manuels, soit c'est une notion un peu fourre-tout, soit on s'en tient au comique, lyrique, épique, tragique.
Et vous, que proposez-vous ?
Je me souviens que ma leçon du CAPES portait sur le registre fantastique. J'avais construit mon exposé sur l'idée que le fantastique n'est pas un registre. J'avais eu 18. Mais qu'en est-il des attendus d'aujourd'hui ?
Je trouve par exemple dans un manuel
- Comique
- satirique
- tragique
- pathétique
- lyrique et élégiaque
- polémique
- réaliste
- fantastique
- épique
J'aimerais faire une fiche récap pour mes secondes sur les registres. Je trouve cependant que c'est une notion relativement difficile à cerner. Quand je regarde les manuels, soit c'est une notion un peu fourre-tout, soit on s'en tient au comique, lyrique, épique, tragique.
Et vous, que proposez-vous ?
Je me souviens que ma leçon du CAPES portait sur le registre fantastique. J'avais construit mon exposé sur l'idée que le fantastique n'est pas un registre. J'avais eu 18. Mais qu'en est-il des attendus d'aujourd'hui ?
Je trouve par exemple dans un manuel
- Comique
- satirique
- tragique
- pathétique
- lyrique et élégiaque
- polémique
- réaliste
- fantastique
- épique
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Il y a des gens si bêtes que si une idée apparaissait à la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiée de solitude.
- nitescenceÉrudit
Il y a 7 registres officiels (dans les IO) :
- comique
- tragique
- pathétique
- lyrique
- épique
- fantastique
- polémique
auxquels je rajoute :
- épidictique
- didactique
Le este ne relève pas du registre mais peut-être une tonalité ou un sous-registre (par exemple le satirique ou l'élégiaque qui appartient au lyrique).
Disons pour simplifier qu'un registre doit produire un effet sur le lecteur : c'est la raison pour laquelle le réalisme n'est pas un registre.
Mais au lycée ça n'a guère d'importance : l'essentiel est que les élèves identifient correctement la tonalité
- comique
- tragique
- pathétique
- lyrique
- épique
- fantastique
- polémique
auxquels je rajoute :
- épidictique
- didactique
Le este ne relève pas du registre mais peut-être une tonalité ou un sous-registre (par exemple le satirique ou l'élégiaque qui appartient au lyrique).
Disons pour simplifier qu'un registre doit produire un effet sur le lecteur : c'est la raison pour laquelle le réalisme n'est pas un registre.
Mais au lycée ça n'a guère d'importance : l'essentiel est que les élèves identifient correctement la tonalité
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Mordre. Mordre d'abord. Mordre ensuite. Mordre en souriant et sourire en mordant. (avec l'aimable autorisation de Cripure, notre dieu à tous)
- cannelle21Grand Maître
Merci. Je n'avais même pas pensé à aller fureter dans les IO.
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Il y a des gens si bêtes que si une idée apparaissait à la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiée de solitude.
- REMNiveau 2
Bonjour, je confirme ce qu'a écrit Nitescence. Voici deux analyses de Jean Jordy et d'Alain Viala qui clarifient la notion de registre.
JEAN JORDY La mise en œuvre du programme de français en classe de seconde
Rapport à monsieur le ministre de l’éducation nationale Octobre 2003
ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/syst/igen/rapports/francais_seconde_03.pdf
JEAN JORDY La mise en œuvre du programme de français en classe de seconde
Rapport à monsieur le ministre de l’éducation nationale Octobre 2003
ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/syst/igen/rapports/francais_seconde_03.pdf
Les registres. Une lecture attentive du programme 2001 (2nde et 1ère) permettrait peut-être d’en recenser six : le comique, le tragique, le polémique, l’épique, le lyrique, l’élégiaque. La recension dans les manuels situerait le nombre du côté de la douzaine. Tout y devient registre, l’ironie et le réalisme, l’élégiaque - qui en est bien un - et l’épidictique, le polémique et l’oratoire. […] En l’absence de recherche universitaire qui fasse le point, il faut admettre que ce terme, fort commode, synonyme grosse modo de tonalités, n’est jamais défini selon des critères convaincants : est-il même défini, autrement que par cet énoncé emprunté aux documents d’accompagnement : les registres seraient ces « attitudes qui correspondent à des façons fondamentales de ressentir ». Les enseignants sont perplexes, désorientés et cherchent vainement une référence. […]
Tout registre – nous semble-t- il - est lié à l’effet à produire et se situe au croisement d’un genre premier privilégié, de thèmes qui lui sont propres, souvent même de topoi, de procédés singuliers récurrents. Quatre critères articulés donc : un effet visé, un genre « premier », des thèmes singuliers, des procédés spécifiques. Le registre est atemporel : il parcourt la littérature et l’art universels et ne saurait donc se confondre avec un mouvement. Le réalisme n’est pas un registre, comme on le voit trop souvent dans les cahiers de textes, pas davantage le symbolisme. Le comique en revanche constitue bel et bien un registre : l’effet à produire est explicite, les thèmes (situations / fonction du langage) apparaissent aisés à recenser, les procédés bien connus, le genre premier (la comédie) où il s’incarne s’avère facile à définir en seconde.
Le tragique, l’épique obéissent sans difficulté à ces critères de classification, ainsi que le fantastique, le pathétique, le lyrique et l’élégiaque. […] On pourrait y ajouter le burlesque (le contre épique). Cette liste sera, parions le, remise en cause ; du moins permet-elle de limiter la notion et les dégâts, en n’autorisant pas l’entrée de prétendus registres qui doivent tout à l’énonciation (l’ironie) ou à l’histoire d’un genre (l’éloge, le pamphlet,) ou à un mouvement (le réalisme). […] Et le programme ne clarifie pas les choses en évoquant à propos de l’argumentation le registre « polémique ». Il est indispensable que l’institution – les corps d’inspection, les responsables en Lettres de la formation initiale et continue, des serveurs académiques – unissent leurs efforts pour faire de cette « perspective littéraire » un objet aux contours et aux contenus mieux définis. L’apport des universitaires s’avérerait en ce domaine, comme dans bien d’autres, très précieux.
Les nouveaux programmes de lycée et leurs enjeux
ALAIN VIALA, président du groupe d’experts pour les programmes de lettres
Séminaire national sur l’enseignement du français, le14 novembre 2000
[…] la question des registres est une question importante en termes de sens : elle amène les élèves à voir, à sentir, à saisir que la littérature met en jeu des réalités essentielles. Les registres sont les manifestations textuelles des émotions fondamentales de l’être humain, de l’angoisse et du désespoir au rire libérateur, de la peur à la colère et l’indignation, de la plainte à l’admiration, soit en termes de registres : le tragique, le comique, le fantastique, le polémique, l’élégiaque, l’épidictique et l’épique. Ce sont des données essentielles des façons d’être au monde qui sont présentes dans les œuvres. Or la culture d’aujourd’hui donne à voir une foule de faits qui touchent à ces émotions mais elle les banalise : ainsi la mort hante chaque jour la Palestine et Israël, et ce tragique-là a droit à une minute au journal télévisé, à côté du doping des sportifs. La littérature, en revanche, offre un des domaines où l’être humain peut se détacher de ces irruptions superficielles et aller plus loin dans la perception de tels enjeux, donc des questions qu’ils impliquent en termes de valeurs. Étudier les registres, c’est assumer un humanisme que j’ose dire radical. http://eduscol.education.fr/D0011/viala-nov00.htm
Objectifs et définition
Un des rôles spécifiques de la littérature et des arts est d’exprimer des émotions et des mouvements de sensibilité qui ne s’expriment pas dans les langages scientifiques ou utilitaires et qui, par les langages artistiques et par l’art du langage, peuvent être échangés même à grande distance dans le temps et dans l’espace. L’un des objectifs de l’enseignement du français au lycée est de donner aux élèves un accès conscient à ces échanges constituant une ouverture sur un patrimoine humain.
Les registres sont la manifestation par le langage de ces grandes catégories d’émotions et de mouvements de sensibilité.
Au lycée, dans un travail réflexif, les élèves ont à acquérir des connaissances sur ces registres, à devenir capables de les reconnaître et de les analyser, mais aussi d’exprimer eux-mêmes ce qu’ils éprouvent.
L’étude de la littérature les amène à comprendre que ces registres peuvent faire l’objet d’un travail proprement esthétique, c’est-à-dire qui leur donne forme dans des objets, les œuvres.
Éléments de définition
Notion présentant qques difficultés parce qu’à la fois d’usage courant et immédiat et peu théorisée dans des travaux récents ;
mais « depuis Horace jusqu’à Boileau et Chénier, les arts poétiques leur font la part belle […] la poésie grecque distinguait par des choix proprement stylistiques les registres lyrique, dramatique et épique » (G. Genette, Fiction et diction, Seuil, 1991, p. 138).
Aristote : « les auteurs graves représentaient des actions de qualité accomplies par des hommes de qualité, les auteurs plus légers celles d’hommes bas, en composant d’abord des blâmes, comme les autres composaient des hymnes et des éloges » (Aristote, Poétique, IV, 48b). Ainsi, dès les origines, un lien s’est établi entre un type de sujet et de « manière » et une catégorie générique.
On est donc conduit à désigner comme « registres », ces « attitudes» qui correspondent à des façons fondamentales de ressentir. Historiquement, le principe de concordance entre sujet, manière et attitude a été dominant jusqu’au XVIIIe siècle. Le romantisme marque le moment où il est remis en cause.
On doit noter aussi (cf. citation de Genette) le lien d’origine, en Grèce, entre un cadre générique, un registre et un cadre linguistique (le dialecte dorien pour le lyrique, l’attique pour le dramatique, l’ionio-éolien pour l’épique). Aujourd’hui, il est usuel de parler de « registres» à propos de catégories linguistiques, les « registres de langue ». On pourrait craindre que ces deux emplois du terme ne suscitent quelques confusions. Mais, outre que la situation est la même pour nombre d’autres termes du vocabulaire littéraire (ainsi « style» ou «genre»), c’est au contraire le lien même qui facilite l’entrée dans la problématique. Le système classique distinguait ainsi des sujets graves, impliquant des personnages de rang élevé et employant un langage soutenu pour le tragique, et des personnages ordinaires confrontés à des situations ordinaires et employant un langage ordinaire pour le comique. La notion de registre permet ainsi, avec des lycéens, une transition du connu (les registres de langue) au moins connu (les genres)
Remarque corollaire : la tonalité indique une inflexion dans le langage et non le mouvement subjectif profond qui y est en jeu. Origine de cette dérive : en Grèce antique, poésie et musique avaient partie liée, et « registres », comme données fondamentales, et « ton », comme variable seconde, ont leur origine dans le langage musical.
Registres et genres littéraires
On peut retenir comme principaux registres manifestes dans le langage et ayant donné lieu à des productions littéraires majeures: le tragique, le comique, le polémique, l’épique, le lyrique, le didactique, l’épidictique, le satirique (dont l’ironique), le pathétique, le fantastique et le délibératif, lequel représente un cas particulier lié au doute.
Ils sont associés dans la tradition littéraire à des genres (la tragédie et le tragique, l’épique et l’épopée, etc.). Mais ils ne s’y enferment pas : le tragique se manifeste ailleurs que dans la tragédie. De plus, les genres ont une histoire et peuvent n’être plus productifs dans la création littéraire sans que, pour autant, les registres correspondants aient disparu (ainsi, l’épopée). Enfin, l’art littéraire, surtout moderne, consiste souvent à susciter chez le lecteur un sentiment, une émotion, qui ne correspond pas au genre apparent de l’oeuvre ou qui échappe aux définitions génériques.
- polie2046Niveau 6
Bonjour,
Le terme registre a remplacé ton puis tonalité dans les instructions officielles. La définition du ton est plus accessible. C'est l'intention et le sentiment que l'auteur met dans son texte pour les transmettre à son lecteur. Il est vrai qu'à force de s'emparer de toutes les notions pour les renommer , les instructions officielles deviennent complexes.
Le terme registre a remplacé ton puis tonalité dans les instructions officielles. La définition du ton est plus accessible. C'est l'intention et le sentiment que l'auteur met dans son texte pour les transmettre à son lecteur. Il est vrai qu'à force de s'emparer de toutes les notions pour les renommer , les instructions officielles deviennent complexes.
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POLIE
- VioletEmpereur
Les registres n'avaient pas été supprimés des programmes ?
- ysabelDevin
Les registres "n'existent" plus depuis les derniers programmes, et encore moins dans ceux qui viennent de paraître. Je parle uniquement de tonalité.
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« vous qui entrez, laissez toute espérance ». Dante
« Il vaut mieux n’avoir rien promis que promettre sans accomplir » (L’Ecclésiaste)
- polie2046Niveau 6
...D'où la "combinaison" des deux termes dans le glossaire d'un manuel de seconde très connu, par exemple, sans le nommer, en 2015 :
Registre : ensemble des procédés stylistiques destinés à donner une tonalité (indignation, joie, tristesse, colère, pitié...) particulière à un texte et à éveiller le même sentiment chez le lecteur. On distingue principalement les registres comique, dramatique, épidictique, épique, pathétique, polémique, satirique et tragique.
Pas de définition de tonalité, ni ton.
Registre : ensemble des procédés stylistiques destinés à donner une tonalité (indignation, joie, tristesse, colère, pitié...) particulière à un texte et à éveiller le même sentiment chez le lecteur. On distingue principalement les registres comique, dramatique, épidictique, épique, pathétique, polémique, satirique et tragique.
Pas de définition de tonalité, ni ton.
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POLIE
- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
Je n'ai jamais eu l'occasion d'hésiter entre registre ou tonalité : je dis qu'un texte est lyrique, épique ou comique sans passer par l'un de ces mots, que je trouve trop administratif pour le premier, trop musical pour l'autre. Si je dois faire comprendre ce que signifie épique, par exemple, je fais lire un extrait d'épopée.
- cannelle21Grand Maître
Merci pour vos pistes.
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Il y a des gens si bêtes que si une idée apparaissait à la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiée de solitude.
- NLM76Grand Maître
Je n'utilise pas la notion de "registre", pour différentes raisons. Si vous le faites, s'il vous plaît, veillez à montrer aux élèves autant que possible que l'objet d'une analyse littéraire n'est pas de trouver le ou les registres que le texte utilise !
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Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- nitescenceÉrudit
Certes, mais c'est une clef d'analyse extrêmement puissante pour les élèves.
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Mordre. Mordre d'abord. Mordre ensuite. Mordre en souriant et sourire en mordant. (avec l'aimable autorisation de Cripure, notre dieu à tous)
- NLM76Grand Maître
Pourrais-tu développer un peu ? Dans les copies que j'ai rencontrées, c'était plutôt un moyen de ne pas lire les textes.
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- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- nitescenceÉrudit
C'est ce qui permet d'objectiver leur intuition, leur ressenti et donc d'éviter la paraphrase : au lieu d'expliquer ce que le texte dit, on explique comment il le dit et ce faisant on en a théoriquement une lecture plus profonde. Je suis bien d'accord que ça n'est pas toujours le cas, mais c'est le but.
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Mordre. Mordre d'abord. Mordre ensuite. Mordre en souriant et sourire en mordant. (avec l'aimable autorisation de Cripure, notre dieu à tous)
- egometDoyen
NLM76 a écrit:Pourrais-tu développer un peu ? Dans les copies que j'ai rencontrées, c'était plutôt un moyen de ne pas lire les textes.
Comme tous les outils d'analyse quand on se contente de les plaquer sur les textes.
Je dirais que ça peut servir de point de repère ou de garde-fou. C'est une façon de définir les objectifs de l'auteur et les attentes du lecteur. Par exemple, ne pas repérer la dimension comique d'un texte est une faute majeure, et courante. Typiquement certains élèves sont tellement obnubilés par l'idée de découvrir un message caché dans les textes, si possible avec un grand engagement social ou politique, qu'ils n'arrivent pas à profiter d'une bonne grosse tranche de rigolade. Le stress de l'examen y est sans doute aussi pour quelque chose. Ca les conduit à des contresens facilement évitables, pour peu que l'on s'interroge sur la tonalité du texte. Est-il là pour nous faire rire ou pleurer, pour susciter le sarcasme ou l'admiration, pour nous émouvoir?
Maintenant, j'admets que faire la liste des registres n'est peut-être pas le meilleur moyen d'éviter ce travers de l'élève qui se prend la tête, surtout s'il galère à maîtriser le jargon.
Je pense que c'est pas mal d'introduire la notion de registre après avoir donné aux élèves l'occasion de bien se planter sur un texte. Comme ça, ils en voient l'intérêt.
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Primum non nocere.
Ubi bene, ibi patria.
Mes livres, mes poèmes, réflexions pédagogiques: http://egomet.sanqualis.com/
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