Présentation de l'option "Humanité, Lettres, Philosophie" aux futurs élèves de première.

Bonjour,

En laissant de côté ce qu'on pense de la réforme et du programme....., comment allez-vous présenter cette option aux élèves de seconde puisqu'il va bien falloir leur présenter...

Et avez-vous des idées pour construire des cours par rapport à ce programme ?

Merci.

Prune

Je ne crois pas qu'on puisse laisser de côté le programme lorsqu'on est face à une nouvelle "matière". Quelles compétences ? Quels types d'évaluation ? Partage horaire entre 2 profs ?
Pour l'instant, en tant que pp de seconde, je ne me risque à rien car à de nombreuses questions, ma réponse sera " je ne sais pas".

On ne peut rien présenter tant qu'on ne sait rien de manière sûre.

Par rapport au programme, je voulais dire, en laissant de côté notre appréciation du programme... En laissant de côté, le fait qu'il ne me
plaît pas..., comment le présenter aux élèves, car sauf erreur de ma part, il y a un programme pour l'année prochaine, que ce soit un projet ou plus,...

Moi, je veux bien ne rien dire mais nos collègues vont présenter leurs options...

Le fait est que, pour des raisons d'organisation de la rentrée 2019, les chefs d'établissement ont besoin de pouvoir plus ou moins se projeter sur les choix des élèves de 2de. De ce fait, il faut bien leur présenter tant soit peu les possibilités. Chez nous, il y a eu un premier sondage réalisé à partir des informations (souvent très peu nombreuses) données par les CDE aux élèves; on nous a demandé de prévoir une tournée des classes courant janvier pour préparer les vœux des conseils de classe du 2ème trimestre car, oui, il faut dès ce 2e trimestre que tous les élèves de seconde se positionnent sur 4 souhaits de spécialités. La difficulté, c'est que, pour l'instant, les choix des élèves semblent être présidés par, d'une part, l'angoisse de la nouveauté qui les pousse à se diriger en priorité vers les spécialités dont les intitulés correspondent aux disciplines (SVT, SPC, maths...) au détriment des spécialités aux intitulés plus pompeux (suivre mon regard...) ; d'autre part, par les informations qu'on leur a données sur les attendus des universités, qui sont très imprécis. Côté profs, le problème est que, et je pense que ce n'est pas spécifique à mon bahut, chacun est en ce moment en campagne pour préserver ses heures, ses postes, ses HSA. De ce fait, certains collègues PP de seconde n'hésitent pas à véhiculer des informations fausses afin de remplir leur spécialité au détriment des autres. Ceci étant encore favorisé par le fait que les projets de programmes et les répartitions horaires sont floues. (c'est ainsi que, rien que pour la spécialité qui nous préoccupe, certains professeurs ont annoncé à leurs élèves que ce serait de l'histoire avant tout, tandis que d'autres annoncent principalement de la littérature. Certains des membres de mon équipe demandent déjà à ce que nous essayions de "récupérer" une heure, car nous en avons plus besoin que les profs de philo qui sont moins nombreux. la direction (et donc les PP qui suivent leurs documents de présentation) annonce quant à elle que cette spécialité ne peut déboucher que sur des études de lettres ou de philosophie...).
Bref, même si la situation nous dit qu'il est urgent d'attendre, la situation dans les établissements nous montre qu'il pourrait être intéressant d'agir... De l'intérêt de ces réformes précipitées et floues...

Prune a écrit:Moi, je veux bien ne rien dire mais nos collègues vont présenter leurs options...

Options ou spécialités ? Car c'est très différent !

Je trouve complètement aberrant cette tendance à présenter des spécialités qui ne sont même pas encore définies de manière officielle. On est dans l'urgence certes, mais présenter quelque chose, pour dire ensuite, "finalement, non c'est pas du tout cela" va rendre les choses encore plus compliquées. C'est de la désinformation pure et simple. Nous avons reçu plusieurs mises en garde sur le fait que les projets de programmes ne sont pas les programmes définitifs et qu'il ne faut surtout pas les prendre pour les textes publiés qui seront sans doute très différents.

Pour prévoir la rentrée, on peut dire que les spécialités existent, mais faire une vraie présentation maintenant, c'est contre-productif.

Merci Poupoutch, bonne synthèse.

Prune a écrit:Moi, je veux bien ne rien dire mais nos collègues vont présenter leurs options...

Right ! Et certains vont nécessairement tirer la couverture à eux. Dans mon établissement, les professeurs de maths, qui pourraient finalement perdre des heures avec la réforme, sont en train de monter au créneau pour expliquer que les maths sont absolument nécessaires pour un nombre incalculable d'études post-bac. Et, de façon tout à fait humaine et compréhensible, le directeur a choisi des "triplettes" incluant quasi systématiquement les maths (sur les 7 ou 8 proposées, seule une est sans maths), de manière à maintenir les postes de ses profs. Ce qui est assez normal, mais fausse l'idée de libre-choix, qui n'est de toute façon qu'un leurre comme toujours.

Chez nous, une réunion est calée dans deux semaines avec les parents d'élèves de Seconde, pour présenter les spécialités. Cela va être une grande improvisation générale, vu qu'on n'a pas vraiment les éléments suffisants pour bien orienter tout le monde. Mais les parents sont inquiets, et on va noyer le poisson, comme d'habitude.

Cette réunion a été faite fin novembre chez nous, parents de 2de, puis élèves (2 classes par réunion)... Avec un discours assez honnête, hein (on vous dit ce qu'on sait donc pas grand chose), on peut le reconnaître. Sur le fond, Kilmeny, je suis d'accord, il faudrait attendre de savoir précisément ce qui sera. Malheureusement, si dans un établissement, tout le monde se précipite pour présenter sa spé, j'ai tendance à penser qu'il faut vraiment que nous, en tant que profs de philo ou lettres, nous allions présenter la nôtre également. Je déteste faire ainsi la retape (comme d'ailleurs pour les options) mais il y va de la sauvegarde des postes (chez nous, lycée bien doté, il y en a pas mal à attendre, ce qui crée ce climat délétère)...
Ce qui est certain, c'est que le flou sur la réforme entretient et aggrave un climat de concurrence entre les disciplines qui commence à devenir pesant. Chaque année, la période de dgh est un mauvais moment à passer mais là, ça devient vraiment tendu. Je n'ai pas hâte d'assister à toutes ces réunions...

J'ai refusé de participer à cette mascarade, incompréhension d'un collègue de lettre et d'un collègue de philo. "Irresponsabilité" de ma part selon le collègue de philo ... je trouve plutôt que c'est un manque de stratégie mais pas de responsabilité, au contraire ! Je préfère rejoindre l'opposition contre la réforme qui, même si elle est minime dans les actes concrets, semble animer relativement passivement pas mal de collègues. Accepter de la sorte de s'écraser les uns les autres pour pouvoir espérer exister dans des conditions déplorables ?! ... j'ai choisi d'être professeur de philosophie précisément pour interroger ce rapport de prédation qui s'infiltre partout, pas pour le reproduire moi même !!! (ou le moins possible ...). Luxe de ma position ? Je ne crois pas, une sorte de conscience d'intérêt collectif pourrait (devrait!) se mettre en place. Si on arrive à exister encore dans ce cadre là il y a l'annualisation au bout, la destruction du service PUBLIC qu'est l'école au bout ... dans ces circonstances autant aller se vendre ailleurs et plus cher ! LOL Et si mon ORS saute ? Eh ben je sais pas. Et celui des collègues de la spécialité concernée alors, demandera-t-on ? Eh bien réfléchissons à ce qu'on doit faire collectivement et pas chacun dans notre pré carré. Idéaliste ? Je ne sais pas mais franchement je suis écoeurée des collègues. On est déçus de nos élèves, de la société dans laquelle on vit, de l'individualisme, de la valeur-argent de tout ? Initions une opposition ! On en est incapable, aussi nombreux que nous sommes !!! J'ai honte de nous.