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- IphigénieProphète
Joli commentaire, Wolmar!
J’en viens à me dire que l’ambiguite´ du génitif est volontaire et signifiante...
J’en viens à me dire que l’ambiguite´ du génitif est volontaire et signifiante...
- NicétasNiveau 9
Ah génial vos réactions à toutes et à tous !!! Merci c'est super
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« Quand un discours naturel peint une passion ou un effet, on trouve dans soi-même la vérité de ce qu'on entend, laquelle on ne savait pas qu'elle y fût, en sorte qu'on est porté à aimer celui qui nous le fait sentir ; car il ne nous a pas fait montre de son bien, mais du nôtre ; et ainsi ce bienfait nous le rend aimable, outre que cette communauté d'intelligence que nous avons avec lui incline nécessairement le cœur à l'aimer. »
Pascal, Pensées
- DalvaVénérable
Je suppose que la question a trouvé sa réponse, mais puisque je l'ai soumise hier à un ami qui s'est justement penché sur Pascal récemment, et qu'il m'a répondu, je transmets.
Nicétas a écrit:Bonsoir à tous,
pour combattre le blues du dimanche soir, je n'ai rien trouvé à mieux que relire Pascal. Or, j'avoue humblement qu'il y a une petite expression qui me pose problème. C'est sans doute évident mais je ne comprends pas... c'est dans le texte sur les deux infinis.
"Que l'homme, étant revenu à soi, considère ce qu'il est au prix de ce qui est; qu'il se regarde comme égaré dans ce canton détourné de la nature ; et que de ce petit cachot où il se trouve logé, j'entends l'univers, il apprenne à estimer la terre, les royaumes, les villes et soi-même son juste prix."
Je ne comprends pas bien l'expression graissée... ça me stresse ! Le canton = la terre ? mais pourquoi détourné de la nature ? Comment faut-il comprendre le terme "nature" ? Je me pose trop de questions ?
Si quelqu'un pouvait éclairer ma lanterne, merci, et bonne rentrée !
un ami a écrit:Canton détourné : coin reculé.
"De la nature" qualifie "canton (détourné)".
(Cf. http://www.cnrtl.fr/definition/d%C3%A9tourn%C3%A9//1 qui donne un exemple emprunté à Chateaubriand --- chez ce dernier c'est une réminiscence pascalienne mais il découpe bien.)
C'est à comprendre en référence à la disparition de la représentation géocentrique et anthropocentrique de la nature: l'espace infini de l'astronomie moderne ne peut plus avoir de centre. Il n'y a donc pas plus d'héliocentrisme que de géocentrisme qui tienne (même si, pour ce qui est du mouvement des planètes immédiatement voisines de notre petite province, chacun a compris que les calculs étaient plus simples à la façon de Copernic, à la rigueur à la façon de Tycho, qu'à la mode ptolémaïque).
- IphigénieProphète
Merci Dalva. C'etait un point du texte de Pascal que je n'avais pas encore réussi à élucider, merci aussi donc à la question de Nicetas qui m'y a replongée!....
Ce n'est pas tout à fait ce que je deduis de ce que dit le site de D.Descotes:
Il y a à l'epoque de Pascal trois visions, celle de Ptolemée, celle de Copernic, et celle de Tycho, qui maintient l'idee de la terre au centre, fait tourner le soleil autour, et les autres planètes autour du soleil. Et Pascal qui retient surtout l'idée de l'infini de l'univers ( soutenue ni par Ptolemée ni Copernic) qui rend effectivement caduc le problème de savoir qui est au centre.
Mais j' en deduis qu'ici dans le texte, Pascal se réfère à la vision encore commune, ou correspondant à un des systèmes débattus, de la terre au centre et le soleil décrivant son cercle autour( donc plutôt Tycho), tout en considérant que ce n'est que sans importance, dans la démonstration de la petitesse de l'homme dans l'univers infini puisque le centre est partout.
Ce n'est pas tout à fait ce que je deduis de ce que dit le site de D.Descotes:
Il y a à l'epoque de Pascal trois visions, celle de Ptolemée, celle de Copernic, et celle de Tycho, qui maintient l'idee de la terre au centre, fait tourner le soleil autour, et les autres planètes autour du soleil. Et Pascal qui retient surtout l'idée de l'infini de l'univers ( soutenue ni par Ptolemée ni Copernic) qui rend effectivement caduc le problème de savoir qui est au centre.
Mais j' en deduis qu'ici dans le texte, Pascal se réfère à la vision encore commune, ou correspondant à un des systèmes débattus, de la terre au centre et le soleil décrivant son cercle autour( donc plutôt Tycho), tout en considérant que ce n'est que sans importance, dans la démonstration de la petitesse de l'homme dans l'univers infini puisque le centre est partout.
- EuthyphronNiveau 6
Il y a un facteur à prendre en considération, mais je m'avoue ignorant. Il faudrait savoir ce qu'il en est, à l'époque où Pascal écrit les Pensées, de la censure ecclésiastique relative au mouvement de la terre.
Si on fait le bilan épistémologique du procès de Galilée, je crois qu'il est le suivant :
- relativisme (l'héliocentrisme n'est jamais qu'une hypothèse et il est interdit de lui accorder un statut de vérité supérieur)
- fidéisme (l'Ecriture doit être tenue pour vraie dans son sens littéral sauf évidence contraire).
Il en résulterait que même en étant héliocentriste Pascal a pu adopter la formulation, voire le ton, d'un fils soumis de l'Eglise, sans porter préjudice à la vérité.
Mais il est parfaitement exact qu'en réalité le nouvel univers est dépourvu de centre physique. Le soleil n'est le centre que du système solaire.
Si on fait le bilan épistémologique du procès de Galilée, je crois qu'il est le suivant :
- relativisme (l'héliocentrisme n'est jamais qu'une hypothèse et il est interdit de lui accorder un statut de vérité supérieur)
- fidéisme (l'Ecriture doit être tenue pour vraie dans son sens littéral sauf évidence contraire).
Il en résulterait que même en étant héliocentriste Pascal a pu adopter la formulation, voire le ton, d'un fils soumis de l'Eglise, sans porter préjudice à la vérité.
Mais il est parfaitement exact qu'en réalité le nouvel univers est dépourvu de centre physique. Le soleil n'est le centre que du système solaire.
- IphigénieProphète
C’est un élément auquel j’ai pensé en effet. Cela dit, Descotes cite un extrait où Pascal critique ouvertement la position de l’église dans l’affaire Galilée .
Je pense qu’en fait il accepte l'idée nouvelle que l’univers n’est pas construit autour de la terre, ou que la terre est un trou perdu dans l’univers, mais sans s’y intéresser de plus près, puisque de toute façon cela valide le pessimisme janséniste sur la misérable petitesse de l’homme et l’infini de la toute puissance divine: en tout cas c’est la lecture du texte à laquelle je m’arrête, pour l’instant!...
Je pense qu’en fait il accepte l'idée nouvelle que l’univers n’est pas construit autour de la terre, ou que la terre est un trou perdu dans l’univers, mais sans s’y intéresser de plus près, puisque de toute façon cela valide le pessimisme janséniste sur la misérable petitesse de l’homme et l’infini de la toute puissance divine: en tout cas c’est la lecture du texte à laquelle je m’arrête, pour l’instant!...
- NicétasNiveau 9
Merci beaucoup Dalva !
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« Quand un discours naturel peint une passion ou un effet, on trouve dans soi-même la vérité de ce qu'on entend, laquelle on ne savait pas qu'elle y fût, en sorte qu'on est porté à aimer celui qui nous le fait sentir ; car il ne nous a pas fait montre de son bien, mais du nôtre ; et ainsi ce bienfait nous le rend aimable, outre que cette communauté d'intelligence que nous avons avec lui incline nécessairement le cœur à l'aimer. »
Pascal, Pensées
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