- Luigi_BGrand Maître
+1Zagara a écrit:Et sinon, on en parle de la disparition du corps des surveillants professionnels ?
Toujours dans la mouvance FCPE, Philippe Moignard, membre du "conseil scientifique" de la FCPE (avec Philippe Watrelot, François Dubet, Philippe Meirieu etc.), relativise le caractère exceptionnel de l'incident de Créteil : https://www.francetvinfo.fr/societe/education/un-incident-dramatique-mais-exceptionnel-pourquoi-l-agression-d-une-professeure-a-creteil-n-est-pas-representative-des-violences-scolaires_2998139.html
"C'est sur le climat de la classe, de l'établissement, de la solidarité autour de l'équipe qu'il faut travailler", insiste pour sa part Stéphane Crochet, secrétaire général du SE Unsa, sur franceinfo. "L'enjeu essentiel, aujourd'hui, c'est comment on renforce l'accompagnement des enseignants dans la réalisation de leurs missions, notamment dans certaines zones et territoires abandonnés, où l'école est le dernier service public", résume Benjamin Moignard.
Il est vrai que Philippe Moignard avait expliqué en 2017 que l’exclusion définitive constituait une "déscolarisation instituée" : https://www.fcpe.asso.fr/sites/default/files/ressources/NoteCS_no1_BAT.pdf
- ElyasEsprit sacré
Comme je l'écrivais, je n'ai pas connu les Sur-Gé, j'ai juste connu la fin des MI-SE.
- JPhMMDemi-dieu
Pour avoir été MI 2 ans et SE 2 ans, je peux t'affirmer que je n'ai reçu AUCUNE formation alors, que nous étions payés au lance-pierre, et que nous avons pris de plein fouet un déferlement de missions administratives, d'où une moindre présence pour les missions de surveillance.Elyas a écrit:Pour les surveillants, il y avait les MI-SE autrefois, supprimés au début des années 2000. Mais c'était des étudiants (mais on les formait un peu et ils gagnaient du galon pour les concours et la carrière, et ils avaient un statut très clair pour leurs conditions de travail). Depuis que cela a disparu, c'est la Bérézina par chez moi. Après, je n'ai pas souvenir d'un corps professionnel de surveillant hors ces MI-SE. Mais ma vision débute en 2001.
_________________
Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- neomathÉrudit
pogonophile a écrit:neomath a écrit:Inutile de monter sur vos grands chevaux. Nous savons tous qu'il n'y a pas de quotas. Nous savons aussi que lorsque vous imposez à un collègue fragile de subir tous les jours dans sa classe la présence de celui qui l'a frappé en toute impunité vous ne vous dites pas dans votre tête "je suis un salaud mais c'est bon pour ma carrière".
Les choses sont plus subtiles que cela. Il y a des injonctions répétées de la hiérarchie à la "bienveillance", un discours mielleux sur "l'inefficacité des sanctions", la promotion de ceux qui appliquent ces belles théories. Et à la fin, lorsque l'on est un simple être humain, on fini, comme tout le monde par adapter ses convictions à ses intérêts.
Comme disait je ne sais plus qui :
"Il est très difficile de ne pas croire à quelque chose lorsque votre gagne pain dépend du fait d'en être convaincu."
Et je comprends bien que tu arrives en décalé au rythme de ton petit poney, mais relire ce qui précède aiderait : le mot quota, ce n'est pas moi qui l'ai cité, ç'a été affirmé à plusieurs reprises au dessus.
Au delà de ce détail, à ton avis de grand clairvoyant qui a tout identifié au métier de personnel de direction, aux injonctions contradictoires, au mouvement plus opaque que celui de la curie romaine, pourquoi cette insistance sur la bienveillance, sur le constat démontré mille fois de l'inefficacité des sanctions si le répressif n'est pas associé à l'éducatif ? Comment se fait-il que l'observation des mutations des personnels de direction montre qu'elles ne promeuvent pas ceux qui laissent pourrir les situations ?
Je te dirais bien où te mettre ta pseudo condescendance sur le lien que tu supposes entre intérêts et convictions.
C'est curieux comme les chefs qui n'ont que la "bienveillance" à la bouche sont justement ceux qui ne supportent pas que l'on remette en cause leur auguste personne et deviennent immédiatement agressifs.
- ElyasEsprit sacré
JPhMM a écrit:Pour avoir été MI 2 ans et SE 2 ans, je peux t'affirmer que je n'ai reçu AUCUNE formation alors, que nous étions payés au lance-pierre, et que nous avons pris de plein fouet un déferlement de missions administratives, d'où une moindre présence pour les missions de surveillance.Elyas a écrit:Pour les surveillants, il y avait les MI-SE autrefois, supprimés au début des années 2000. Mais c'était des étudiants (mais on les formait un peu et ils gagnaient du galon pour les concours et la carrière, et ils avaient un statut très clair pour leurs conditions de travail). Depuis que cela a disparu, c'est la Bérézina par chez moi. Après, je n'ai pas souvenir d'un corps professionnel de surveillant hors ces MI-SE. Mais ma vision débute en 2001.
La situation devait donc dépendre des lieux, chez moi, ils avaient une formation de 2 semaines mais ça faisait grincer des dents les chefs. Après, pour le lance-pierre, cela n'a pas changé.
- New ZealandNiveau 9
Elyas a écrit:JPhMM a écrit:Pour avoir été MI 2 ans et SE 2 ans, je peux t'affirmer que je n'ai reçu AUCUNE formation alors, que nous étions payés au lance-pierre, et que nous avons pris de plein fouet un déferlement de missions administratives, d'où une moindre présence pour les missions de surveillance.Elyas a écrit:Pour les surveillants, il y avait les MI-SE autrefois, supprimés au début des années 2000. Mais c'était des étudiants (mais on les formait un peu et ils gagnaient du galon pour les concours et la carrière, et ils avaient un statut très clair pour leurs conditions de travail). Depuis que cela a disparu, c'est la Bérézina par chez moi. Après, je n'ai pas souvenir d'un corps professionnel de surveillant hors ces MI-SE. Mais ma vision débute en 2001.
La situation devait donc dépendre des lieux, chez moi, ils avaient une formation de 2 semaines mais ça faisait grincer des dents les chefs. Après, pour le lance-pierre, cela n'a pas changé.
Pourquoi ? Je trouve cela curieux. Quand bien même la formation eût-elle eu lieu pendant l'année scolaire (?), un surveillant formé est (il me semble) plus efficace.
- JPhMMDemi-dieu
Probable, en effet, que cela dépendait des académies.Elyas a écrit:JPhMM a écrit:Pour avoir été MI 2 ans et SE 2 ans, je peux t'affirmer que je n'ai reçu AUCUNE formation alors, que nous étions payés au lance-pierre, et que nous avons pris de plein fouet un déferlement de missions administratives, d'où une moindre présence pour les missions de surveillance.Elyas a écrit:Pour les surveillants, il y avait les MI-SE autrefois, supprimés au début des années 2000. Mais c'était des étudiants (mais on les formait un peu et ils gagnaient du galon pour les concours et la carrière, et ils avaient un statut très clair pour leurs conditions de travail). Depuis que cela a disparu, c'est la Bérézina par chez moi. Après, je n'ai pas souvenir d'un corps professionnel de surveillant hors ces MI-SE. Mais ma vision débute en 2001.
La situation devait donc dépendre des lieux, chez moi, ils avaient une formation de 2 semaines mais ça faisait grincer des dents les chefs. Après, pour le lance-pierre, cela n'a pas changé.
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- PrezboGrand Maître
pogonophile a écrit:
Non mais tu peux parler ouvertement tu sais
Il n'y a pas de quotas sur les conseils de discipline ni sur les décisions qui y sont prises.
Un quota ça implique un seuil basé sur un chiffre.
Une incitation à en faire moins, ce n'est ni un seuil ni un chiffre.
Si tu veux tu peux l'imprimer et le répéter longuement pour que ça rentre, à force ça va faire son chemin.
Ycombes, sur un autre fil, avait déjà donné des exemples de "contrats d'objectif" pour certains établissements.
http://www.clg-eluard-bretigny.ac-versailles.fr/IMG/pdf/le_contrat_d_objectif.pdf
Je cite ce document :
Objectif Passer d'un paradigme d'exclusion à un paradigme d'inclusion
- Réduire quantitativement les indicateurs négatifs (conseils de discipline, commissions éducatives, mesures de responsabilisation, etc.), ce qui traduirait une amélioration du climat scolaire
- Diminuer de manière drastique les exclusions temporaires et les exclusions de cours
Le document précise également des "valeurs cibles" du nombre de CD, d'exclusions de cours et d'exclusion temporaires à atteindre dans l'année.
Je comprends que des "contrats d'objectif" et des "valeurs cibles" ne sont pas à proprement parler des "quotas", évidemment.
pogonophile a écrit:
Par ailleurs, l'incitation à moins exclure, ce n'est pas pour diminuer le nombre en lui-même, c'est parce que les exclusions sont inefficaces dans la majorité des cas, et que pendant longtemps, on y a eu recours avant de chercher des solutions plus pérennes et plus efficaces, pour l'auteur, pour le groupe, pour la société.
Les intérêts de l'auteur, du groupe et de la société coïncident-ils forcément ?
Pour la réinsertion scolaire et sociale, oui, une exclusion agrave probablement statistiquement le problème.
Pour le maintien d'un cadre scolaire favorable dans l'établissement...Et bien, on ne se pose pas la même question, et donc on n'a pas nécessairement la même réponse.
(Par ailleurs, comme d'autres, j'aimerais des exemples concrets et éprouvés de "solutions plus perennes et efficaces".)
- ZeSandmanFidèle du forum
JPhMM a écrit:Pour avoir été MI 2 ans et SE 2 ans, je peux t'affirmer que je n'ai reçu AUCUNE formation alors, que nous étions payés au lance-pierre, et que nous avons pris de plein fouet un déferlement de missions administratives, d'où une moindre présence pour les missions de surveillance.Elyas a écrit:Pour les surveillants, il y avait les MI-SE autrefois, supprimés au début des années 2000. Mais c'était des étudiants (mais on les formait un peu et ils gagnaient du galon pour les concours et la carrière, et ils avaient un statut très clair pour leurs conditions de travail). Depuis que cela a disparu, c'est la Bérézina par chez moi. Après, je n'ai pas souvenir d'un corps professionnel de surveillant hors ces MI-SE. Mais ma vision débute en 2001.
J'ai été MI et SE pendant 3 ans.
Honnêtement j'étais payé plus de 900 euros pour un service de 48h complètes ; j'avais donc un week-end de 5 jours. Je n'avais pas alors l'impression d'être payé au lance-pierre.
Je n'ai eu aucune formation en revanche, et j'ai été balancé dans un LP bien chaud avec des élèves qui avaient trois ans de moins que moi pour beaucoup.
Enfin pour Zagara, nous n'étions pas des professionnels, nous étions des étudiants qui devions justifier d'un certificat de scolarité. Il y avait une limite d'âge de 26 ans maxi, mais des dérogations étaient possibles.
Le statut a été abandonné ma dernière année, malgré deux journées de grève ; je me souviens que le salaire a alors baissé.
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Ce sont les rêves qui donnent au monde sa forme.
- angelxxxÉrudit
Tu en veux une simple ? (Je me lance en ayant pleinement conscience de ce qui va m'arriver... Je devance : je ne suis pas de l'extrême droit)
Premier incident : exclusion temporaire et commission éducative. Rappelle à la loi si besoin.
Second incident : exclusion définitive vers une structure spécialisé, prise en charge par l'état de l'enfant durant le temps nécessaire sous la forme adaptée. (Internat la semaine, autre solution..)
- suspension par la même occasion de toutes aides liées à l'enfant si elles existaient.
- et pour rire : les parents financent la structure spécialisée de leur poche et s'ils ne peuvent pas font des missions de biens publics pour rembourser cette dette. (L'état éduque l'enfant, en échange il rende un service à la communauté : aide aux sans abris, jardin municipal...il y a assez de possibilités). En plus ca crée du lien.
On laisse travailler les élèves qui sont éduqués correctement sereinement et les autres on les met au travail mais sans qu'ils puissent fatiguer les premiers. Le tout sans argent supplementaire.
Premier incident : exclusion temporaire et commission éducative. Rappelle à la loi si besoin.
Second incident : exclusion définitive vers une structure spécialisé, prise en charge par l'état de l'enfant durant le temps nécessaire sous la forme adaptée. (Internat la semaine, autre solution..)
- suspension par la même occasion de toutes aides liées à l'enfant si elles existaient.
- et pour rire : les parents financent la structure spécialisée de leur poche et s'ils ne peuvent pas font des missions de biens publics pour rembourser cette dette. (L'état éduque l'enfant, en échange il rende un service à la communauté : aide aux sans abris, jardin municipal...il y a assez de possibilités). En plus ca crée du lien.
On laisse travailler les élèves qui sont éduqués correctement sereinement et les autres on les met au travail mais sans qu'ils puissent fatiguer les premiers. Le tout sans argent supplementaire.
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"La lumière pense voyager plus vite que quoi que ce soit d'autre, mais c'est faux. Peu importe à quelle vitesse voyage la lumière, l'obscurité arrive toujours la première, et elle l'attend. Terry Pratchett."
- KalypsoExpert spécialisé
je crois que plus que d'un tel hashtag c'est d'une enquête sociologique approfondie dont nous avons besoin pour savoir quel est le quotidien des enseignants (en ayant une approche géographique fine).
J'enseigne dans un lycée du 93 depuis 7 ans, pas le meilleur, et honnêtement les insultes envers ma personne ne sont pas mon quotidien (je sais néanmoins que je suis très chanceuse par rapport à des collègues en collège ou dans d'autres lycées). Si je raconte à un non prof que j'ai vécu des jets de chaise depuis le couloir (cours porte ouverte) ou si je relate la fois où un élève,sortant d'un conseil de dis l'ayant exclu, m'a dit "toi t'es morte, sale p*", il aura une vision effarante de ce qui peut arriver, parfois, mais cela ne lui donnera pas une image fidèle de ce que je vis au jour le jour depuis 7 ans.
Le problème du hashtag c'est qu'il ne permet aucune mesure fine de ce que vivent vraiment les enseignants au jour le jour. Bien sûr qu'une fois, c'est toujours une fois de trop, qu'on soit bien d'accord. Mais quand je lis ce que je lis sur le hashtag, ça me donne l'impression que c'est la guerre civile dans tous les établissements, tout le temps. Je ne suis pas sûre que ça rende service à qui que ce soit (et pas sûre que la démarche soit si similaire à celle de metoo).
Bon, je sens que je vais me faire taper dessus, c'est pas grave.
J'enseigne dans un lycée du 93 depuis 7 ans, pas le meilleur, et honnêtement les insultes envers ma personne ne sont pas mon quotidien (je sais néanmoins que je suis très chanceuse par rapport à des collègues en collège ou dans d'autres lycées). Si je raconte à un non prof que j'ai vécu des jets de chaise depuis le couloir (cours porte ouverte) ou si je relate la fois où un élève,sortant d'un conseil de dis l'ayant exclu, m'a dit "toi t'es morte, sale p*", il aura une vision effarante de ce qui peut arriver, parfois, mais cela ne lui donnera pas une image fidèle de ce que je vis au jour le jour depuis 7 ans.
Le problème du hashtag c'est qu'il ne permet aucune mesure fine de ce que vivent vraiment les enseignants au jour le jour. Bien sûr qu'une fois, c'est toujours une fois de trop, qu'on soit bien d'accord. Mais quand je lis ce que je lis sur le hashtag, ça me donne l'impression que c'est la guerre civile dans tous les établissements, tout le temps. Je ne suis pas sûre que ça rende service à qui que ce soit (et pas sûre que la démarche soit si similaire à celle de metoo).
Bon, je sens que je vais me faire taper dessus, c'est pas grave.
- JPhMMDemi-dieu
Les hashtags, c'est comme certaines particules élémentaires.
Ça apparait spontanément et aléatoirement dans le net suite à la fluctuation quantique du vide, ça a un effet infinitésimal sur le réel, puis ça disparaît dans le néant en le laissant qu'un souvenir plus ou moins précis sur la plaque d'enregistrement.
Ça apparait spontanément et aléatoirement dans le net suite à la fluctuation quantique du vide, ça a un effet infinitésimal sur le réel, puis ça disparaît dans le néant en le laissant qu'un souvenir plus ou moins précis sur la plaque d'enregistrement.
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- PrezboGrand Maître
Luigi_B a écrit:e]"C'est sur le climat de la classe, de l'établissement, de la solidarité autour de l'équipe qu'il faut travailler", insiste pour sa part Stéphane Crochet, secrétaire général du SE Unsa, sur franceinfo. "L'enjeu essentiel, aujourd'hui, c'est comment on renforce l'accompagnement des enseignants dans la réalisation de leurs missions, notamment dans certaines zones et territoires abandonnés, où l'école est le dernier service public", résume Benjamin Moignard.
Il est vrai que Philippe Moignard avait expliqué en 2017 que l’exclusion définitive constituait une "déscolarisation instituée" : https://www.fcpe.asso.fr/sites/default/files/ressources/NoteCS_no1_BAT.pdf
Benjamin (et non Philippe) Moignard, que je découvre à l'occasion de cette polémique, a par ailleurs accordé une longue interview au monde.
https://www.lemonde.fr/education/article/2018/10/23/violences-scolaires-les-enseignants-considerent-souvent-qu-ils-ne-sont-pas-soutenus-par-leur-hierarchie_5373329_1473685.html
Toute cette interview me semble être un long alignement de sophismes cauteleux qui m'ont donné de belles occasions de m'énerver. Le pire étant ici :
Qu’en est-il de ce sentiment d’abandon dont témoignent les enseignants sur les réseaux et la réalité des chiffres ?
Les enseignants considèrent très souvent qu’ils ne sont pas soutenus par leur hiérarchie, toutes les enquêtes le montrent. L’exemple de Créteil est frappant : si cette enseignante a porté plainte seulement après avoir vu la vidéo sur le Web, peut-être pouvons-nous considérer qu’elle se sent isolée, à tort ou à raison, comme beaucoup d’autres de ses collègues. Il y a souvent l’idée que les chefs d’établissement ne prennent pas les mesures adaptées pour soutenir les équipes enseignantes et punir les fauteurs de trouble. Il faut y prêter fortement attention, car la manière dont se vit la solidarité entre les profs se fait parfois au détriment des élèves. Le code de l’éducation est relativement clair sur ce point. Il insiste sur l’équilibre nécessaire entre les enjeux éducatifs que portent l’école et la nécessaire réponse à des actes qui n’ont aucune place en contexte scolaire. Que la question des sanctions soit le prisme principal à partir duquel les enseignants mesurent la solidarité de leur hiérarchie témoigne d’une difficulté forte.
Je note que ce monsieur, qui se présente comme sociologue, ne s'interroge à aucun moment sur les mécanismes qui ont amenés à ce sentiment d'absence de soutien de la hiérarchie chez les enseignants. Non, ce sentiment n'est évoqué que comme un problème qui puisse se traduire "au détriment des élèves", et que les enseignants mesurent dans ce genre de situation la solidarité de leur hiérarchie à sa capacité de sanctionner est vu comme une "difficulté forte".
Bon, par curiosité, je suis allé me renseigner sur le CV du monsieur. Il semble être présenté partout comme "sociologue", mais est en fait titulaire d'un doctorat en science de l'éducation, et membre CNU 70ème section. Il est semble-t-il rattaché à l'ESPE de Créteil.
Je ne résiste pas à l'envie de citer ici ces thèmes de recherche. Attention ça pique les yeux.
Thèmes de recherche
Les travaux de Benjamin Moignard portent sur les formes de productions, de désignation et d’encadrement des nouvelles problématiques éducatives et scolaires en France et à l’international. Il interroge la place et au rôle de l’école et des structures socio-éducatives dans la construction des inégalités sociales et scolaires en contexte, en considérant les modes et processus de scolarisation en lien avec les autres modes et processus de socialisation de la jeunesse, sur les territoires les plus sensibles. Ses travaux interrogent plus précisément les pratiques d’acteurs autour de la confrontation des systèmes normatifs et de la gestion des désordres dans les institutions éducatives, et les politiques publiques mises en place visant à les prévenir ou les gérer : tension entre le questionnement de la prise en charge spécialisée et de la désignation des enfants et des jeunes en difficulté, observation de la protection éducative routinière (en particulier scolaire, amicale, et communautaire…) et connaissance évaluative de la mise en place de politiques et de programmes de prévention sur des objets tels que la violence à l’école, le décrochage scolaire ou la délinquance juvénile.
C'est sûr qu'avec ce genre de conceptions présentes en ESPE, surtout à Créteil, les jeunes collègues sont pas sortis des ronces.
- Dadoo33Grand sage
Kalypso a écrit:je crois que plus que d'un tel hashtag c'est d'une enquête sociologique approfondie dont nous avons besoin pour savoir quel est le quotidien des enseignants (en ayant une approche géographique fine).
J'enseigne dans un lycée du 93 depuis 7 ans, pas le meilleur, et honnêtement les insultes envers ma personne ne sont pas mon quotidien (je sais néanmoins que je suis très chanceuse par rapport à des collègues en collège ou dans d'autres lycées). Si je raconte à un non prof que j'ai vécu des jets de chaise depuis le couloir (cours porte ouverte) ou si je relate la fois où un élève,sortant d'un conseil de dis l'ayant exclu, m'a dit "toi t'es morte, sale p*", il aura une vision effarante de ce qui peut arriver, parfois, mais cela ne lui donnera pas une image fidèle de ce que je vis au jour le jour depuis 7 ans.
Le problème du hashtag c'est qu'il ne permet aucune mesure fine de ce que vivent vraiment les enseignants au jour le jour. Bien sûr qu'une fois, c'est toujours une fois de trop, qu'on soit bien d'accord. Mais quand je lis ce que je lis sur le hashtag, ça me donne l'impression que c'est la guerre civile dans tous les établissements, tout le temps. Je ne suis pas sûre que ça rende service à qui que ce soit (et pas sûre que la démarche soit si similaire à celle de metoo).
Bon, je sens que je vais me faire taper dessus, c'est pas grave.
Eh bien nous serons 2. Je suis d’accord avec toi.
- laMissSage
Verdurette a écrit:J'ai lu par ailleurs les propos de JMB affirmant que sa philosophie n'est pas le "pas de vague". Il veut faire des économies, qu'attend-il pour virer non pas des profs, dont on a besoin, mais certains éléments de cette veule hiérarchie qui nous pourrissent la vie ? Au moins ce seront des économies utiles, d'autant qu'ils sot mieux payés que nous pour nous mépriser et mal nous traiter.
SNES-FSU a écrit:Le #PasDeVague de @jmblanquer lorsqu'il était recteur de l'académie de Créteil. "On demandait de l'aide et mes collègues n'ont reçu aucun soutien" Témoignage de @JDestenave Professeur de SVT sur @Europe1
Court extrait :
https://twitter.com/SNESFSU/status/1054716268463435776
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Si rien n'est décidé, ce sera à chacun d'entre nous de décider en conscience.
- Marcelle DuchampExpert spécialisé
Je suis d’accord aussi mais il faut que ça claque un hashtag si on met #pasdevagueunefoisparmois ça perd en crédibilité non?
Des humiliations, j’en ai connu des dizaines alors que je n’enseigne que depuis 10 ans. Et j’y réfléchissais ce matin, avec le recul de certaines années, je m’etonne- negativement- des réactions que j’ai pu avoir sur le moment en laissant couler des trucs qui sont graves.
Des humiliations, j’en ai connu des dizaines alors que je n’enseigne que depuis 10 ans. Et j’y réfléchissais ce matin, avec le recul de certaines années, je m’etonne- negativement- des réactions que j’ai pu avoir sur le moment en laissant couler des trucs qui sont graves.
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Je m’excuse par avance des fautes d’accord, de grammaire, de syntaxe et de conjugaison que je peux laisser passer dans mes écrits. Je suis aphasique suite à un AVC et je réapprends à écrire depuis presque 5 ans. J'ai un grand problème avec le subjonctif et le genre des mots!
- ZeSandmanFidèle du forum
Prezbo a écrit:
Je ne résiste pas à l'envie de citer ici ces thèmes de recherche. Attention ça pique les yeux.
Thèmes de recherche
Les travaux de Benjamin Moignard portent sur les formes de productions, de désignation et d’encadrement des nouvelles problématiques éducatives et scolaires en France et à l’international. Il interroge la place et au rôle de l’école et des structures socio-éducatives dans la construction des inégalités sociales et scolaires en contexte, en considérant les modes et processus de scolarisation en lien avec les autres modes et processus de socialisation de la jeunesse, sur les territoires les plus sensibles. Ses travaux interrogent plus précisément les pratiques d’acteurs autour de la confrontation des systèmes normatifs et de la gestion des désordres dans les institutions éducatives, et les politiques publiques mises en place visant à les prévenir ou les gérer : tension entre le questionnement de la prise en charge spécialisée et de la désignation des enfants et des jeunes en difficulté, observation de la protection éducative routinière (en particulier scolaire, amicale, et communautaire…) et connaissance évaluative de la mise en place de politiques et de programmes de prévention sur des objets tels que la violence à l’école, le décrochage scolaire ou la délinquance juvénile.
C'est sûr qu'avec ce genre de conceptions présentes en ESPE, surtout à Créteil, les jeunes collègues sont pas sortis des ronces.
Je pense que ce Moignard s'est associé avec James Lindsay et Helen Pluckrose pour publier de fausses études absurdes en sociologie ; de tels intitulés ça ne saurait être sérieux.
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Ce sont les rêves qui donnent au monde sa forme.
- User20827Niveau 8
Le hashtag permet justement de gagner une visibilité, en regroupant les témoignages, qu'on serait tentés de relativiser s'ils étaient isolés.
Comme #metoo, oui, et encore heureux que les femmes ne se fassent pas harceler au quotidien, que les enseignants ne soient pas insultés au quotidien.
Ce sont des épiphénomènes (multiples, communs) d'un climat installé.
Et Pogonophile disait qu'il fallait réfléchir pour améliorer le climat général.
Là enfin je le rejoins (happy end), mais pour dire qu'il serait nécessaire que ce ne soient pas uniquement les acteurs de terrain qui s'en préoccupent, eux qui doivent faire avec ce qui a été décidé en haut lieu.
Je suis très surprise de voir ce que vous acceptez, enfin plutôt trouvez normal, dans ce métier en contact avec la jeunesse.
Je préfère ne pas vous dire comment on gère les énergumènes à l'hôpital quand le dialogue ne fonctionne pas
Comme #metoo, oui, et encore heureux que les femmes ne se fassent pas harceler au quotidien, que les enseignants ne soient pas insultés au quotidien.
Ce sont des épiphénomènes (multiples, communs) d'un climat installé.
Et Pogonophile disait qu'il fallait réfléchir pour améliorer le climat général.
Là enfin je le rejoins (happy end), mais pour dire qu'il serait nécessaire que ce ne soient pas uniquement les acteurs de terrain qui s'en préoccupent, eux qui doivent faire avec ce qui a été décidé en haut lieu.
Je suis d’accord aussi mais il faut que ça claque un hashtag si on met #pasdevagueunefoisparmois ça perd en crédibilité non?
Des humiliations, j’en ai connu des dizaines alors que je n’enseigne que depuis 10 ans. Et j’y réfléchissais ce matin, avec le recul de certaines années, je m’etonne- negativement- des réactions que j’ai pu avoir sur le moment en laissant couler des trucs qui sont graves.
Je suis très surprise de voir ce que vous acceptez, enfin plutôt trouvez normal, dans ce métier en contact avec la jeunesse.
Je préfère ne pas vous dire comment on gère les énergumènes à l'hôpital quand le dialogue ne fonctionne pas
- CeladonDemi-dieu
https://www.youtube.com/watch?v=H2cc8yFJMEY
Comment rétablir l'ordre en milieu scolaire ?
Comment rétablir l'ordre en milieu scolaire ?
- DesolationRowEmpereur
Kalypso a écrit:je crois que plus que d'un tel hashtag c'est d'une enquête sociologique approfondie dont nous avons besoin pour savoir quel est le quotidien des enseignants (en ayant une approche géographique fine).
J'enseigne dans un lycée du 93 depuis 7 ans, pas le meilleur, et honnêtement les insultes envers ma personne ne sont pas mon quotidien (je sais néanmoins que je suis très chanceuse par rapport à des collègues en collège ou dans d'autres lycées). Si je raconte à un non prof que j'ai vécu des jets de chaise depuis le couloir (cours porte ouverte) ou si je relate la fois où un élève,sortant d'un conseil de dis l'ayant exclu, m'a dit "toi t'es morte, sale p*", il aura une vision effarante de ce qui peut arriver, parfois, mais cela ne lui donnera pas une image fidèle de ce que je vis au jour le jour depuis 7 ans.
Le problème du hashtag c'est qu'il ne permet aucune mesure fine de ce que vivent vraiment les enseignants au jour le jour. Bien sûr qu'une fois, c'est toujours une fois de trop, qu'on soit bien d'accord. Mais quand je lis ce que je lis sur le hashtag, ça me donne l'impression que c'est la guerre civile dans tous les établissements, tout le temps. Je ne suis pas sûre que ça rende service à qui que ce soit (et pas sûre que la démarche soit si similaire à celle de metoo).
Bon, je sens que je vais me faire taper dessus, c'est pas grave.
pas de vague, quoi.
- KirthNiveau 9
Dadoo33 a écrit:Kalypso a écrit:je crois que plus que d'un tel hashtag c'est d'une enquête sociologique approfondie dont nous avons besoin pour savoir quel est le quotidien des enseignants (en ayant une approche géographique fine).
J'enseigne dans un lycée du 93 depuis 7 ans, pas le meilleur, et honnêtement les insultes envers ma personne ne sont pas mon quotidien (je sais néanmoins que je suis très chanceuse par rapport à des collègues en collège ou dans d'autres lycées). Si je raconte à un non prof que j'ai vécu des jets de chaise depuis le couloir (cours porte ouverte) ou si je relate la fois où un élève,sortant d'un conseil de dis l'ayant exclu, m'a dit "toi t'es morte, sale p*", il aura une vision effarante de ce qui peut arriver, parfois, mais cela ne lui donnera pas une image fidèle de ce que je vis au jour le jour depuis 7 ans.
Le problème du hashtag c'est qu'il ne permet aucune mesure fine de ce que vivent vraiment les enseignants au jour le jour. Bien sûr qu'une fois, c'est toujours une fois de trop, qu'on soit bien d'accord. Mais quand je lis ce que je lis sur le hashtag, ça me donne l'impression que c'est la guerre civile dans tous les établissements, tout le temps. Je ne suis pas sûre que ça rende service à qui que ce soit (et pas sûre que la démarche soit si similaire à celle de metoo).
Bon, je sens que je vais me faire taper dessus, c'est pas grave.
Eh bien nous serons 2. Je suis d’accord avec toi.
Cela reste une bonne chose de relativiser, et il n'y a aucune raison de se faire taper ! Après tout, tu ne fais que retranscrire ta réalité dans ton établissement. Et si je devais faire pareil, je dirais que dans le mien, le pire qu'il puisse y avoir c'est un élève qui sèche un cours ou qui sort alors que le portail est fermé. Mais je pense que l'important, comme tu l'as dit, c'est que "une fois, c'est une fois de trop" et c'est un peu ce que souhaite mettre en avant ce hashtag. Il ne faut pas non plus fermer les yeux.
- ZagaraGuide spirituel
Dans quel autre métier peut-on dire "oui oui on m'a balancé une chaise dans la tête et menacé de mort, mais ça va ce n'est pas mon quotidien" ?
Flic et surveillant pénitentiaire, c'est à peu près tout. Peut-être militaires, et encore.
Décentrez le propos, imaginez un informaticien qui vous dirait : "oui mon collègue/chef/RH m'a balancé une chaise dans la tête et menacé de mort, mais le projet tourne plutôt bien et j’aime bien ma boîte ; je vais quand même pas porter plainte pour si peu". Voilà-voilà. J'ai envie de dire : culture de victimes.
Flic et surveillant pénitentiaire, c'est à peu près tout. Peut-être militaires, et encore.
Décentrez le propos, imaginez un informaticien qui vous dirait : "oui mon collègue/chef/RH m'a balancé une chaise dans la tête et menacé de mort, mais le projet tourne plutôt bien et j’aime bien ma boîte ; je vais quand même pas porter plainte pour si peu". Voilà-voilà. J'ai envie de dire : culture de victimes.
- JPhMMDemi-dieu
On dirait un hashtag de surfeur désœuvré.
Si seulement...
Si seulement...
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- KirthNiveau 9
D'ailleurs, j'ai une question annexe, mais à quel moment on (indéterminé) s'est dit que la "gestion de classe" était une chose ? Pourquoi devrions-nous avoir ne serait-ce qu'à gérer une classe ? (Pas d'un point de vue pédagogique entendons-nous bien).
- DesolationRowEmpereur
C'est pareil pour MeToo. Je viens de demander à ma femme, et elle me dit que ces dernières années, franchement, elle n'a été physiquement menacée que deux fois. Du coup, je pense qu'on peut un peu se détendre, tous, sur les violences faites aux femmes. Je ne suis pas sûr que MeToo rende service à qui que ce soit.
- User20827Niveau 8
:lol:DesolationRow a écrit:C'est pareil pour MeToo. Je viens de demander à ma femme, et elle me dit que ces dernières années, franchement, elle n'a été physiquement menacée que deux fois. Du coup, je pense qu'on peut un peu se détendre, tous, sur les violences faites aux femmes. Je ne suis pas sûr que MeToo rende service à qui que ce soit.
.... Heu, c'est bien une blague n'est-ce pas ?
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