Des propositions explosives pour l'évaluation des élèves et des établissements scolaires

Jacq a écrit:
Je me sauve avant l'arrivée de la modo (pardonnez-moi).

Schéhérazade a écrit:Je ne comprends pas comment on peut à ce point vouloir des réformes aussi absurdes.

Schéhérazade a écrit:Dialogue post-réforme. Le chef d'établissement convoque un professeur:
"-Monsieur X, à cause de vos mauvaises pratiques en français (trop de dictées, trop de rédactions, etc...), le collège perd des points à l'évaluation externe. Le rapport pointe vos insuffisances, et votre refus de participer au projet français/svt/ informatique sur les recettes de courge et leur mise en ligne sur le blog du collège, projet valorisé par le rapport. Qu'attendez-vous pour améliorer votre enseignement?
-Monsieur Y, je vous rappelle que je suis contractuel. Que le poste que j'occupe était vacant depuis 6 mois quand j'ai accepté de venir. Mon travail ne vous convient pas? Faites-moi renvoyer, ou demandez ma démission. Et puis, remplacez-moi. Je vous souhaite bon courage."

sifi a écrit:

Schéhérazade a écrit:Dialogue post-réforme. Le chef d'établissement convoque un professeur:
"-Monsieur X, à cause de vos mauvaises pratiques en français (trop de dictées, trop de rédactions, etc...), le collège perd des points à l'évaluation externe. Le rapport pointe vos insuffisances, et votre refus de participer au projet français/svt/ informatique sur les recettes de courge et leur mise en ligne sur le blog du collège, projet valorisé par le rapport. Qu'attendez-vous pour améliorer votre enseignement?
-Monsieur Y, je vous rappelle que je suis contractuel. Que le poste que j'occupe était vacant depuis 6 mois quand j'ai accepté de venir. Mon travail ne vous convient pas? Faites-moi renvoyer, ou demandez ma démission. Et puis, remplacez-moi. Je vous souhaite bon courage."

Je ne sais pas si ce dialogue est sensé être drôle, ou carrément effrayant.
Mais je me sens carrément effrayée.

Isis39 a écrit:

sifi a écrit:

Schéhérazade a écrit:Dialogue post-réforme. Le chef d'établissement convoque un professeur:
"-Monsieur X, à cause de vos mauvaises pratiques en français (trop de dictées, trop de rédactions, etc...), le collège perd des points à l'évaluation externe. Le rapport pointe vos insuffisances, et votre refus de participer au projet français/svt/ informatique sur les recettes de courge et leur mise en ligne sur le blog du collège, projet valorisé par le rapport. Qu'attendez-vous pour améliorer votre enseignement?
-Monsieur Y, je vous rappelle que je suis contractuel. Que le poste que j'occupe était vacant depuis 6 mois quand j'ai accepté de venir. Mon travail ne vous convient pas? Faites-moi renvoyer, ou demandez ma démission. Et puis, remplacez-moi. Je vous souhaite bon courage."

Je ne sais pas si ce dialogue est sensé être drôle, ou carrément effrayant.
Mais je me sens carrément effrayée.

C'est ce qui se passe aux Etats-Unis.

Isis39 a écrit:

sifi a écrit:

Schéhérazade a écrit:Dialogue post-réforme. Le chef d'établissement convoque un professeur:
"-Monsieur X, à cause de vos mauvaises pratiques en français (trop de dictées, trop de rédactions, etc...), le collège perd des points à l'évaluation externe. Le rapport pointe vos insuffisances, et votre refus de participer au projet français/svt/ informatique sur les recettes de courge et leur mise en ligne sur le blog du collège, projet valorisé par le rapport. Qu'attendez-vous pour améliorer votre enseignement?
-Monsieur Y, je vous rappelle que je suis contractuel. Que le poste que j'occupe était vacant depuis 6 mois quand j'ai accepté de venir. Mon travail ne vous convient pas? Faites-moi renvoyer, ou demandez ma démission. Et puis, remplacez-moi. Je vous souhaite bon courage."

Je ne sais pas si ce dialogue est sensé être drôle, ou carrément effrayant.
Mais je me sens carrément effrayée.

C'est ce qui se passe aux Etats-Unis.

Balthazaard a écrit:
Pas qu'aux States...je n'ai jamais assisté à ce genre de dialogue mais dans des matières spécialisées ou déficitaire, les contractuels posent leurs conditions en terme d'emploi du temps et de service, et cela marche. Les titulaires récupèrent les restes. Pire que cela, l’administration, sachant que certains font n'importe quoi, les reconduit quand même pour ne pas qu'un poste reste vacant et que les parents grondent...

amelien a écrit:L'évaluation des professeurs par leur hiérarchie, puis l'évaluation des professeurs par leurs propres élèves (*), sont les ultimes réformes du pédagogisme avant une faillite totale du système.

(*) A l'Essec, école de commerce dirigée par Blanquer, les élèves notent leurs professeurs.

cassiopella a écrit:

amelien a écrit:L'évaluation des professeurs par leur hiérarchie, puis l'évaluation des professeurs par leurs propres élèves (*), sont les ultimes réformes du pédagogisme avant une faillite totale du système.

(*) A l'Essec, école de commerce dirigée par Blanquer, les élèves notent leurs professeurs.

Chez nous les délégués des groupes se réunissent une fois par semestre pour donner leur avis sur les professeurs des CM/TD. Pas de notes, juste des avis et des conseils. J'ai bien aimé qu'ils me "notent". A part deux remarques farfelues, le reste était juste et j'ai apprécié qu'ils ont remarqué mes efforts.
Une jeune MCF, pour qui c'était la 2ieme année, a aussi aimé que la "notation" progresse.
Bon, en Licence les étudiants ont choisi ce qu'ils veulent faire et sont plutôt honnêtes. Je ne sais pas si cela peut marcher dans une école.
Et je ne suis pas sure que la notation avec les vrais notes est une bonne idée. On a eu cela en M2 (grande école). Certains intervenants étaient très mal notés, quelques uns injustement. Les profs n'ont jamais eu le retour de ce rapport. A quoi cela sert?

Jacqueline de ROMILLY a écrit:l'élève n'aura pas seulement rencontré des exemples de raisonnement. Il n'aura pas fait l'expérience seulement de verdicts, d'opinions, de propositions : il fera aussi, avec les auteurs ou personnages du passé, connaissance avec toutes les émotions possibles ; il aura rencontré tous les bonheurs et tous les malheurs, toutes les causes d'indignation et d'ingratitude, et toutes les aventures : cela aura élargi et enrichi son horizon intérieur. Laissons pour le moment de côté l'enrichissement moral qui, on le devine, compte beaucoup - on y reviendra. Mais d'ores et déjà il est clair que cet enrichissement intérieur joue aussi dans la formation de son esprit. Ce n'est plus le jugement proprement dit qui se forme ici : c'est la compréhension.

Compréhension des êtres et des sentiments, compréhension des situations et des passions. Or, le meilleur moyen de réagir sainement dans la vie, est de percevoir les idées et les problèmes avec une profondeur humaine qui seule leur donne leur vrai sens. La compréhension qui naît ainsi chez l'élève est la forme la plus haute de l'intelligence.

L'élève qui aura fait ses classes, même modestement, aura ajouté aux souvenirs des contes qui charmaient son enfance tout l'héritage de l'expérience humaine. Il aura conquis un empire avec Alexandre ou Napoléon, il aura perdu une fille avec Victor Hugo, il aura lutté seul sur les mers comme Ulysse ou bien comme Conrad, il aura vécu l'amour, la révolte, l'exil, la gloire. En fait d'expériences, ce n'est pas mal ! Et même s'il a oublié tous les détails, la possibilité de ces grandes aventures reste en lui comme une forme imprécise, mais capable d'éclairer sa très modeste expérience quotidienne et de faire de lui un esprit mieux informé, i.e., plus large et plus sûr.

De plus — et cela compte ! — il aura été habitué à la diversité des jugements possibles et au contraste des divers sentiments ; il aura dû choisir, il aura dû prendre position. Ainsi se forme l'esprit critique. Par rapport à ces opinions de toutes sortes qu'il aura rencontrées, il aura été contraint de s'en former une à lui, qui ne soit pas due à une imitation hâtive des propos entendus autour de lui, mais qui soit éclairée, mûrie, personnelle.

JPhMM a écrit:Les rapports aboient, les conservateurs enseignent.
Mais que d'efforts, que d'efforts déployés pour nous empêcher d'enseigner, et de transmettre les différents pans de la culture humaine, d'assurer le relai aux générations suivantes, que d'efforts pour nous empêcher d'assurer notre rôle de conservateurs du patrimoine culturel de l'humanité, que d'efforts déployés pour nous empêcher de transmettre le seul Trésor de l'espèce humaine.

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Jacqueline de ROMILLY a écrit:l'élève n'aura pas seulement rencontré des exemples de raisonnement. Il n'aura pas fait l'expérience seulement de verdicts, d'opinions, de propositions : il fera aussi, avec les auteurs ou personnages du passé, connaissance avec toutes les émotions possibles ; il aura rencontré tous les bonheurs et tous les malheurs, toutes les causes d'indignation et d'ingratitude, et toutes les aventures : cela aura élargi et enrichi son horizon intérieur. Laissons pour le moment de côté l'enrichissement moral qui, on le devine, compte beaucoup - on y reviendra. Mais d'ores et déjà il est clair que cet enrichissement intérieur joue aussi dans la formation de son esprit. Ce n'est plus le jugement proprement dit qui se forme ici : c'est la compréhension.

Compréhension des êtres et des sentiments, compréhension des situations et des passions. Or, le meilleur moyen de réagir sainement dans la vie, est de percevoir les idées et les problèmes avec une profondeur humaine qui seule leur donne leur vrai sens. La compréhension qui naît ainsi chez l'élève est la forme la plus haute de l'intelligence.

L'élève qui aura fait ses classes, même modestement, aura ajouté aux souvenirs des contes qui charmaient son enfance tout l'héritage de l'expérience humaine. Il aura conquis un empire avec Alexandre ou Napoléon, il aura perdu une fille avec Victor Hugo, il aura lutté seul sur les mers comme Ulysse ou bien comme Conrad, il aura vécu l'amour, la révolte, l'exil, la gloire. En fait d'expériences, ce n'est pas mal ! Et même s'il a oublié tous les détails, la possibilité de ces grandes aventures reste en lui comme une forme imprécise, mais capable d'éclairer sa très modeste expérience quotidienne et de faire de lui un esprit mieux informé, i.e., plus large et plus sûr.

De plus — et cela compte ! — il aura été habitué à la diversité des jugements possibles et au contraste des divers sentiments ; il aura dû choisir, il aura dû prendre position. Ainsi se forme l'esprit critique. Par rapport à ces opinions de toutes sortes qu'il aura rencontrées, il aura été contraint de s'en former une à lui, qui ne soit pas due à une imitation hâtive des propos entendus autour de lui, mais qui soit éclairée, mûrie, personnelle.

Jacqueline de ROMILLY, Le trésor des savoirs oubliés

Pierre-Henri a écrit:A une époque où (cf. le reportage récent d'envoyé spécial) on recrute sans vérification des professeurs de mathématiques nantis de faux diplômes provenant d'écoles inexistantes, ignorant ce qu'ils sont supposés enseigner, évoquer une réforme de notre évaluation relève du plus haut comique parlementaire.