Faire cours carnet sur la table ?

LadyC a écrit:"polie" s'appliquait à l'élève ayant subi une horrible injustice (la prise de son carnet, infamie s'il en est) et donc prompt à s'emporter (malgré son profond respect de l'autorité professorale) en contestant expliquant pourquoi ce n'était pas lui qui parlait / il avait une excellente raison / il est victime d'une affreuse machination

 J'en ai eu un une année qui dissertait (oralement, en HVC ) sur l'injustice dont il était nécessairement victime, partout, tout le temps

Ma tutrice, ça remonte, véritable dragon, ne demandait jamais un carnet à un élève : après avoir fusillé du regard, ou après avoir distribué des heures de colles à un élève, se contentait d'asséner sèchement : "votre carnet devrait déja être sur mon bureau"....effet garanti

J'aime beaucoup ce "votre carnet devrait déjà être sur mon bureau !"

Sinon, comme les néos :
les élèves attendent debout que l'enseignant les autorisent à s’asseoir, dans le calme.

Carnet sur le bureau en début d'heure, pour ne pas perdre de temps si besoin (les élèves sont les rois du "je ne le retrouve pas..." quand ils savent qu'ils vont avoir un mot...De fait, s'ils ne l'ont pas en début d'heure, on peut prévenir la vie scolaire...

Dès ma première remarque orale, je prends le carnet, et je l'ouvre à la page des observations discipline, crayon prêt... cela suffit généralement...

Pour les classes pénibles, cours pénibles :

Prenez votre livre page XX, lisons le cours, recopiez le cours en silence.
Quand c'est fait, exercices 1 à 10, si ce n'est pas fini, vous les terminez pour demain... je vérifierai...
Si vous n'avez pas trouvé le temps de les faire, je vous trouverai un créneau dans votre EDT... je trouverai même quelqu'un pour rester avec vous et vérifier votre travail... voyons... samedi matin, cela vous va ? (pas de cours chez nous, mais ce sont les colles !)

Quelques heures de cours aussi agréables, et cela suffit pour les réfractaires...

Bon, je n'ai jamais eu à trouver d'autres mesures... ouf !

Bon courage !! j'espère que cela va aller !

Oh punaise, un collège de garçons?! C'est du catholique sous contrat?
Bon courage!

pour témoignage

Je demande le carnet sur la table à chaque cours en collège + debout en début d'heure. En partie pour les oublis de carnets, mais aussi pour les bavardages et éviter la perte de temps classique quand tu le demandes. (3h pour le trouver + discussions...)
En classe, j'avertis une fois à l'écrit au tableau (nom de l'élève + un bâton) au deuxième, je prends le carnet, discussion en fin d'heure et j''avise entre simple discussion, retenue, mot, appel aux parents...Les élèves le savent dès le départ et je m'y tiens toute l'année.

Je rejoins l'avis de plusieurs collègues. Mieux vaut perdre la semaine à établir et faire respecter tes règles, c'est du temps de gagné par la suite. Dire ce que l'on fait, faire ce que l'on dit, établir un cadre qui nous convient et s'y tenir. Il n'y a pas une seule bonne façon de faire, il n'y a d'ailleurs pas, à mon sens, de bonnes et de mauvaises façons. Il faut faire respecter ce en quoi l'on croit. Etre convaincu de ce qu'on annonce.

Je compare (intérieurement hein...) les collégiens à des plans de tomates. Il faut des tuteurs pour qu'elles poussent. Le tuteur n'est pas un carcant, il donne une direction, sans lui la tomate s'écroule. Le cadre est rassurant pour un collégien, il va s'appuyer contre, buter, pester, tester, renâcler, mais le cadre doit être solide sans être rigide non plus, il faut qu'il tienne le coup pour que le collégien grandisse. Bref ce n'est que mon point de vue, bien sûr. ça n'empêche pas d'avoir des activités variées, des approches différenciées, de tester des choses plus ludiques, d'amuser en faisant apprendre et comprendre.

Ici aussi carnet sur la table en début de cours. S'il est ramassé, aucune discussion, l'heure de retenue est "gagnée" et ils ont le reste de l'heure pour la "perdre". Évidemment si le carnet est ramassé tard (moins d'un quart d'heure avant la fin du cours), perdre l'heure est impossible. Je rappelle cela à toute la classe quand je les sens agités sur une fin d'heure (attention, nous somes dans le quart d'heure dangereux pour vous...).Et dans tous les cas la retenue peut être doublée au lieu d'être perdue. Je n'ai jamais eu à doubler, et très rarement à effectivement coller, cela fonctionne bien.

Je confirme ce qu'on dit les collègues, cela n'a rien de drastique. Dans mon établissement c'est la première chose qu'ils doivent sortir du sac une fois à leur place, et ce à toutes les heures. S'ils n'ont pas de carnet, c'est qu'ils ont eu, ou vont avoir, un problème.

Je discutais avec des amis de ce sujet. Cette mode du carnet sur la table est massive et je n'ai pas vu à quel point parce que je ne le fais pas, pour des raisons à la fois personnelle (je considère cela un peu comme une épée de Damoclès permanente sur mes élèves et je n'aime pas que la menace soit permanente mais ça, c'est mon sentiment lié à ma personnalité et mon histoire personnelle, je reconnais que cela peut être efficace mais je n'aime pas ça du tout) et pratique (le carnet bouffe de la place sur la table et ça dérange les manipulations des cahiers/feuilles de brouillon/trousse/livre/dictionnaire lorsque les élèves travaillent).

Là où je suis étonné, c'est qu'il y a quinze ans, cette pratique était rare dans les lieux où je travaillais et le signe d'un professeur en perte d'autorité ou trop autoritariste dans l'opinion de la salle des professeurs. Depuis une dizaine d'années, c'est devenu quelque chose de normal et d'usuel. Je ne l'ai absolument pas vu venir. Dans mon collège, on demande à tout le monde de faire ainsi mais ça me dérange profondément dans la pratique de travail que j'instaure dans ma salle de classe.

En fait, je crois que cette pratique est surtout la pose d'un cadre. On peut poser un cadre aussi clair et net sans avoir besoin de demander le carnet en permanence sur la table.

Je suis peut-être à contre-courant, je ne sais pas. En plus de cela, dans mon collège, la mode est au fait d'imposer aux élèves de sortir leur carnet pour le montrer au professeur à la porte de la classe, en plus de l'avoir montré à l'entrée du collège et de devoir poser le carnet sur la table. On m'a fait croire que c'était obligatoire et ça me dérangeait extrêmement. Cette pratique est pour moi une odieuse tentative de contrôle social et je la refuse. J'ai découvert lors d'une réunion que non, ce n'était pas obligatoire. Une minorité de collègues voulait l'imposer parce qu'il fallait que les élèves comprennent que c'était le professeur le chef !

Je suis très mal à l'aise avec ces questions de carnet visible en permanence. Cependant, je reconnais qu'après 5 ans de REP et 18 ans d'expériences, je n'ai sans doute plus besoin de cela. Je prends très rarement le carnet. Si d'aventure un élève refuse de me donner son carnet (arrivé une fois ces cinq dernières années), c'est le rapport immédiat. Je ne me prends plus la tête. On a autre chose à faire en cours que jouer au douanier.

Fesseur Pro a écrit:Chez nous, tous les élèves doivent poser le carnet sur la table.

Pareil dans mes cours, je leur explique dès la première heure de cours.

Elyas, je comprends tes réserves et en même temps elles m'étonnent/me semblent excessives. Personnellement, j'ai pris cette habitude lorsque j'étais en train de construire mes méthodes de gestion de classe, dans un contexte parfois difficile de collège REP+, et ça a clairement aidé à poser le cadre. Ça a de nombreux avantages, par exemple d'éviter les interminables discussion lorsqu'on demande son carnet à un élève et qu'il tente d'esquiver pour ne pas le sortir de son sac.

Maintenant, mes cours se passent de manière sereine et je n'ai pas le sentiment que le fait d'avoir le carnet sur la table soit perçu comme l'expression d'un bras de fer insoutenable.

Elyas, En REP+ c'est un peu nécessaire. C'est surtout le moyen d'éviter :

- des négociations à n'en plus finir quand on a réellement besoin de le prendre
- des filous qui le donnent à un camarade pour la journée et ouvrent leur sac joyeusement en disant "allez y mettez moi un mot, je l'ai pas mon carnet"

D'un point de vue pratique c'est aussi la caution que j'utilise quand je prête du matériel (et que je veux le récupérer à la fin de l'heure) c'est un gain de temps précieux.

J'ai clairement senti une différence entre l'avant et l'après de l'application de cette mesure.

Fenrir a écrit:- des négociations à n'en plus finir quand on a réellement besoin de le prendre
- des filous qui le donnent à un camarade pour la journée et ouvrent leur sac joyeusement en disant "allez y mettez moi un mot, je l'ai pas mon carnet"

D'un point de vue pratique c'est aussi la caution que j'utilise quand je prête du matériel (et que je veux le récupérer à la fin de l'heure)  c'est un gain de temps précieux.

Pareil.

Ici on ne fait pas mettre le carnet sur la table. Mais ils doivent le présenter le matin à la grille. Ils ont un passeport pour la journée s'ils ne l'ont pas.
On peut poser un cadre sans forcément avoir le carnet sur la table.
Il peut m'arriver de les faire sortir quand une classe est pénible. Mais c'est ponctuel, et du coup,ça calme la classe très vite !!

Personnellement, j'ai appris cela dans mon premier établissement PEP IV où j'ai passé 5 ans. C'est pratique aussi quand la vie scolaire passe faire noter une info, le carnet est déjà sur la table. Je l'ai toujours appliqué même si ce n'était pas les habitudes locales. Cela fait partie des choses de bases à sortir en arrivant en cours. Ce n'est pas une menace en soit, sauf si on sait qu'on va mal se comporter. Après, je me relâche en vieillissant : je ne vérifie pas systématiquement qu'ils les ont sortis...

@Fenrir et @Kero : Vos réponses me font réfléchir sur mon sentiment par rapport à cette pratique. Tout ce que vous exposez est la preuve de l'utilité et de l'usage pratique de cette pratique. Je pense que mon sentiment assez hostile sur ce point vient du fait que tout est venu d'un coup dans mon collège (mettre le carnet sur la table + le montrer en entrant dans la salle de cours + le montrer en entrant dans le collège) et que je n'avais pas vu à quel point un consensus professionnel s'était fait sur cette pratique. Comme tout le monde, je rencontre des élèves qui posent des problèmes de gestion mais je n'avais jamais ressenti le besoin de cette exposition du carnet, manœuvrant avec d'autres pratiques. Comme je l'ai dit, c'est vraiment lié à mon histoire et à mes habitudes. C'est apparu comme une vague chez moi et j'en suis resté assez surpris. Merci pour vos réponses, elles m'ont permis d'analyser les raisons de mon hostilité à l'encontre de cette pratique. Bonne journée !

Chez nous, en général, ils ont perdu leur carnet à partir du 15 septembre, donc difficile de leur demander...!

Je le fais depuis toujours, surtout avec les collégiens cette année mes classes de lycéens par le jeu des options sont extrêmement réduites.
Alors c'est vrai que cela permet de ne pas cristalliser parfois un conflit latent, mais je trouve cela plus pratique comme avoir déjà l'agenda sur la table, cela évite agitation, bavardages, perte de temps en cas de besoin.

Elyas a écrit:@Fenrir et @Kero : Vos réponses me font réfléchir sur mon sentiment par rapport à cette pratique. Tout ce que vous exposez est la preuve de l'utilité et de l'usage pratique de cette pratique. Je pense que mon sentiment assez hostile sur ce point vient du fait que tout est venu d'un coup dans mon collège (mettre le carnet sur la table + le montrer en entrant dans la salle de cours + le montrer en entrant dans le collège) et que je n'avais pas vu à quel point un consensus professionnel s'était fait sur cette pratique. Comme tout le monde, je rencontre des élèves qui posent des problèmes de gestion mais je n'avais jamais ressenti le besoin de cette exposition du carnet, manœuvrant avec d'autres pratiques. Comme je l'ai dit, c'est vraiment lié à mon histoire et à mes habitudes. C'est apparu comme une vague chez moi et j'en suis resté assez surpris. Merci pour vos réponses, elles m'ont permis d'analyser les raisons de mon hostilité à l'encontre de cette pratique. Bonne journée !

En même temps je comprends aussi ton point de vue. Dans l'idéal, nous devrions trouver des solutions pour mieux les responsabiliser, aller vers des rapports qui reposent moins explicitement sur une contrainte permanente. Moi je pense à d'autres problématiques, comme l'interdiction pour les élèves de circuler dans les couloirs ou zones intérieures hors période de cours. Cela me gène qu'ils doivent passer la pause du midi ou toute la récré à l'extérieur lorsqu'il fait 0 degrés. Dans ma jeunesse, en Suisse, ce n'était pas comme ça. C'est un autre sujet mais qui n'est pas si éloigné de celui qui est à l'origine de ce fil, et qui peut se résumer à une question: quel degré de liberté accorder ?

Maintenant, je crois qu'on part tous d'une situation donnée. Personnellement, il est vrai que j'ai trouvé mon équilibre dans une approche qui est, disciplinairement parlant, plutôt stricte (ainsi je suis connu pour punir vite et fort). Ça m'a permis de trouver un équilibre dans la mesure où au final le cadre que je mets en place permet d'avoir des cours réellement sereins et calmes, ce dont ils profitent et ce qui, je le crois, les satisfait aussi. C'est un cadre apaisé dans lequel on peut, ainsi, même plaisanter ou échanger calmement. En fin de compte, je pense que je sanctionne moins que d'autres, car je suis plus strict d'entrée de jeu et j'établis des limites de tolérance plus explicites (et surtout, assumées).

Le problème est que pour avoir moins besoin de faire la police de cette manière il faudrait que tous les autres acteurs de la communauté scolaire (parents, direction, collègues, vie scolaire...) sachent également imposer un cadre pertinent, alors qu'il suffit que l'un de ces maillons faillisse pour que rien ne fonctionne plus. Lorsque les élèves arrivent d'un cours où ils ont mis le boxon, il me semble impossible d'avoir de l'ordre sans que cet ordre soit imposé très explicitement via toute ma panoplie disciplinare. Mais je me trompe peut-être.

Dans mon collège (rep) c'est carnet sur la table. Sentiment que ça n'a plus aucun effet. Juste un rituel.

Honchamp a écrit:

Fesseur Pro a écrit:Chez nous, tous les élèves doivent poser le carnet sur la table.
Et ça se passe très bien.
C'est tout sauf "drastique".

Chez nous aussi. Sur la table en début d'heure.
S'ils ne l'ont pas, ils descendent à la vie scolaire et il s'en suit des pb pour eux si cela se reproduit.

Même chose ici.
S'ils ne l'ont pas, la vie sco est prévenue et garde l'élève une heure de plus que son EDT habituel.
Ca marche très bien, très peu de carnets oubliés désormais.
Les parents sont prévenus de cette règle au début d'année ; peut-être est-elle même inscrite dans le règlement ; il faudrait vérifier.

scot69 a écrit:Chez nous, en général, ils ont perdu leur carnet à partir du 15 septembre, donc difficile de leur demander...!

Je suis en cité scolaire (collège + lycée) et les élèves ont besoin de leur carnet pour sortir de l'établissement donc s'il ne l'ont pas ils restent jusqu'à 18h !
Ca leur arrive 1 fois mais pas 2 !!