- ThalieGrand sage
Question idiote mais comment nommez-vous en stylistique l'utilisation (souvent dans l'épopée ou les romans médiévaux) de la double négation exprimant le caractère exceptionnel du héros ?
Quelques exemples dans les armes d'Achille :
"jamais aucun homme n'en a porté sur ses épaules"
"nul d'entre eux ne put en soutenir l'éclat"
Pourrait-on dire que cet usage est proche d'un superlatif ?
Quelques exemples dans les armes d'Achille :
"jamais aucun homme n'en a porté sur ses épaules"
"nul d'entre eux ne put en soutenir l'éclat"
Pourrait-on dire que cet usage est proche d'un superlatif ?
- KilmenyEmpereur
Je ne vois qu'une seule négation dans le deuxième exemple. (nul fonctionne en corrélation avec ne... comme "ne ... pas").
Sinon pour le premier les deux négations sont différentes : l'une est temporelle, l'autre est quantitative. C'est une accumulation de négations, non un superlatif.
Sinon pour le premier les deux négations sont différentes : l'une est temporelle, l'autre est quantitative. C'est une accumulation de négations, non un superlatif.
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- InvitéInvité
Idem, une seule négation, dite bitensive parce qu'elle s'ouvre sur un discordantiel (ne) et est parfaite par un forclusif (adverbe jamais, déterminant aucun et pronom nul) ; avec les deux forclusifs, la première phrase a la particularité de cumuler dans le même mouvement fréquence zéro et quantité zéro pour mettre en valeur, en négatif, la valeur inédite des armes d'Achille. C'est un effet d'insistance ou de mise en relief...
- ThalieGrand sage
Ok merci pour ces précisions.
Fréquence zéro, quantité zéro, je suis d'accord mais à l'exception d'Achille d'où mon idée maladroite de superlatif. Je me contenterai de mise en relief donc.
Quant à "nul...ne" ou "ne...pas", j'ai toujours appelé cela double négation, oups ! Faut que je me retourne dans mes grammaires.
Fréquence zéro, quantité zéro, je suis d'accord mais à l'exception d'Achille d'où mon idée maladroite de superlatif. Je me contenterai de mise en relief donc.
Quant à "nul...ne" ou "ne...pas", j'ai toujours appelé cela double négation, oups ! Faut que je me retourne dans mes grammaires.
- ValorNiveau 9
On pourrait, en effet, accorder à ces tournures une valeur ou un effet hyperbolique.
- Panta RheiExpert
Intéressant!
Pour un angliciste jamais = ever au sens de "au moins une fois"!
Nous devons nous battre pour faire comprendre aux élèves que "ever" n'a rien de négatif et que c'est le not ou ne Never qui l'est.
Pour un angliciste jamais = ever au sens de "au moins une fois"!
Nous devons nous battre pour faire comprendre aux élèves que "ever" n'a rien de négatif et que c'est le not ou ne Never qui l'est.
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- Signature:
- 'Don't you find yourself getting bored?' she asked of her sister. 'Don't you find, that things fail to materialise? NOTHING MATERIALISES! Everything withers in the bud.'
'What withers in the bud?' asked Ursula.
'Oh, everything—oneself—things in general.'First Page of Women in Love, D. H. Lawrence
- InvitéInvité
Jamais a d'abord un sens positif en français ("Vit-on jamais telle infamie ?" où jamais signifie "oncques", "une fois") mais la corrélation avec l'adverbe de négation ne s'est tellement imposée que l'adverbe a fini par se colorer d'un sens négatif (Si je lui pardonnerai ? Jamais !).Panta Rhei a écrit:Intéressant!
Pour un angliciste jamais = ever au sens de "au moins une fois"!
Nous devons nous battre pour faire comprendre aux élèves que "ever" n'a rien de négatif et que c'est le not ou ne Never qui l'est.
Rien a connu une évolution très proche.
- Panta RheiExpert
Nizab a écrit:Jamais a d'abord un sens positif en français ("Vit-on jamais telle infamie ?" où jamais signifie "oncques", "une fois") mais la corrélation avec l'adverbe de négation ne s'est tellement imposée que l'adverbe a fini par se colorer d'un sens négatif (Si je lui pardonnerai ? Jamais !).Panta Rhei a écrit:Intéressant!
Pour un angliciste jamais = ever au sens de "au moins une fois"!
Nous devons nous battre pour faire comprendre aux élèves que "ever" n'a rien de négatif et que c'est le not ou ne Never qui l'est.
Rien a connu une évolution très proche.
Bonjour Nizab,
Oui, c'est vrai! Mais comme le ne a quasiment disparu du français oral, les élèves pensent que rien/jamais/personne ont un sens négatif.
D'ailleurs "rien" vient bien de "res", non? Quid de "jamais"? (J'ai la flemme de googler)
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'What withers in the bud?' asked Ursula.
'Oh, everything—oneself—things in general.'First Page of Women in Love, D. H. Lawrence
- InvitéInvité
Panta Rhei a écrit:
Oui, c'est vrai! Mais comme le ne a quasiment disparu du français oral, les élèves pensent que rien/jamais/personne ont un sens négatif.
D'ailleurs "rien" vient bien de "res", non? Quid de "jamais"? (J'ai la flemme de googler)
Exactement : "rien" a un sens positif parce qu'il dérive de res (= quelque chose, 1) ; l'usage comme forclusif, c'est-à-dire en corrélation avec ne, fut tel que le pronom finit par prendre un sens négatif (= pas quelque chose, 0) dans des emplois non corrélés, d'autant plus avec la disparition de l'adverbe ne dans le langage oral, c'est vrai. Malgré tout, on trouve encore des emplois de "rien" comme équivalent de res, mais dans un langage plutôt littéraire.
"Jamais" se compose de jam et de magis : ja était renforcé par mais en ancien français.
- Panta RheiExpert
Merci beaucoup!
Pardon pour la digression, mais "iam" en latin n'était-ce pas "déjà"?
J'aime beaucoup les termes que tu emploies négation bitensive / discordantiel / forclusif ...
Je ne les avais jamais rencontrés en linguistique énonciative anglaise. Enfin, je ne crois pas.
Pardon pour la digression, mais "iam" en latin n'était-ce pas "déjà"?
J'aime beaucoup les termes que tu emploies négation bitensive / discordantiel / forclusif ...
Je ne les avais jamais rencontrés en linguistique énonciative anglaise. Enfin, je ne crois pas.
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- InvitéInvité
Le -jà de "déjà" vient bien de iam. Le sens temporel de cet adverbe latin s'applique aussi bien en contextes passé, présent et futur (dans ce moment = il y a un instant, à l'instant, dans un instant).Panta Rhei a écrit:Merci beaucoup!
Pardon pour la digression, mais "iam" en latin n'était-ce pas "déjà"?
Je ne les aime pas plus que ça : les termes sont un peu barbares et parfois impropres (il est assez cocasse d'appeler "forclusif" ce qui peut être le premier élément de la négation). Mais bon, la paresse aidant, ça permet d'aller plus vite parfois.J'aime beaucoup les termes que tu emploies négation bitensive / discordantiel / forclusif ...
- KilmenyEmpereur
Thalie a écrit:Ok merci pour ces précisions.
Fréquence zéro, quantité zéro, je suis d'accord mais à l'exception d'Achille d'où mon idée maladroite de superlatif. Je me contenterai de mise en relief donc.
Quant à "nul...ne" ou "ne...pas", j'ai toujours appelé cela double négation, oups ! Faut que je me retourne dans mes grammaires.
Dans ce cas, que serait la négation simple ? Le fautif "j'aime pas les épinards" ?
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- *Ombre*Grand sage
Nizab a écrit:Idem, une seule négation, dite bitensive parce qu'elle s'ouvre sur un discordantiel (ne) et est parfaite par un forclusif (adverbe jamais, déterminant aucun et pronom nul) ; avec les deux forclusifs, la première phrase a la particularité de cumuler dans le même mouvement fréquence zéro et quantité zéro pour mettre en valeur, en négatif, la valeur inédite des armes d'Achille. C'est un effet d'insistance ou de mise en relief...
Waouh ! Ça en jette.
Sinon, pour décrire ces tournures, je parle d'hyperbole, et j'en fais imiter la structure aux élèves.
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