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- ylmExpert spécialisé
Je ne comprends pas ce système de ceintures (je suis allé voir pour la géométrie au cycle 3) : l'enchaînement des ceintures (blanc, puis blanc/rose, puis rose, puis rose/jaune, puis jaune etc) semble marquer une progression, et si je comprends bien l'élève doit les valider les unes après les autres dans l'ordre, mais quand je vais voir les descriptions pour chaque ceinture il n'y a pas nécessairement de progression, un élève pourrait très bien réussir la ceinture noire sans réussir la ceinture marron par exemple.Elyas a écrit:Pour ceux qui voudraient trouver une solution pour sortir du naufrage, il y a un site présentant des ceintures toutes prêtes, les ceintures2compétences : https://nosceintures2competences.org/nos-referentiels-de-competences/
Du coup la pertinence du système m'échappe, il y a quelque chose dans son fonctionnement que je dois manquer.
(Et je trouve ce terme de ceintures complètement débile, mais ça ça peut se changer facilement)
- ElyasEsprit sacré
Isis39 a écrit:Elyas, je crois que de tels projets ne viennent pas des enseignants mais de l'institution, via (souvent) les chefs d'établissement.
Je sais. J'avais hésité à éditer mais je ne trouvais pas de formulation correcte pour que ça passe sens polémique sur le forum Il y a des cde qui lancent le projet sans réaliser tout le fond pédagogique à mettre en place et qui ne peut être mis en place que petit à petit et s'il y a des collègues aptes et désireux d'y passer.
Comme le paradigme de l'approche par compétences n'est pas réellement enseigné en formation initiale, c'est compliqué de le mettre en place après sans formation continue en amont.
Je l'ai constaté chez moi : réunion le 27 juin avec des collègues d'un autre bahut travaillant par compétences et à la fin de la réunion, hop on y va. Aucune discussion, aucune concertation. On devait se lancer comme ça. Enfin, si, on a eu une réunion pour faire notre grille commune (une partie est mise plus haut, celle qui concerne l'HG) mais c'est tout. Lors de la réunion, quand je posais des questions sur les tâches complexes et la façon de faire cours en amont des évaluations, on me disait pour me rassurer que rien d'autre ne changeait. Souci : la réponse m'a inquiété parce qu'illogique. Bref.
- VirvirvirNiveau 6
Une question à propos de l'évaluation des compétences : comment faire apparaître les travaux non rendus/copies blanches?
- AnaroreNiveau 9
*Ombre* a écrit:
Mais passé comment ? Par où ? Un principal n'est pas un autocrate. Il existe dans un EPLE des instances démocratiques. Mettez tout simplement l'évaluation à l'ordre du jour du prochain CA : ce qu'un CA a fait, un CA peut le défaire.
Je n'en sais pas plus, j'arrive dans ce collège et j'écope des 6eme ainsi... je demanderai en effet à la rentrée plus de détails.
Comme toujours je n'ai rien contre les réformes à la base, à condition qu'on me donne les moyens de les faire correctement. Or je n'ai ni formation, ni heures de concertation, ni exemples etc... comme toujours dans l'éducation nationale j'ai envie de dire. Je ferai donc avec les moyens du bord et continuerai à "nourrir" au mieux mes gamins. Le reste ne compte pas.
Elyas a écrit:
Ce n'est pas du sans notes mais de l'approche par compétence avec notation par degré de positionnement. Il y a confusion des termes. Ensuite, un élément important : les ceintures sont comme les notes en difficulté dans l'approche par compétence.
Dans l'évaluation par compétences, on est dans la même logique que l'évaluation avec notation chiffrée mais avec des positionnements "définitifs" par trimestre. Or, l'évaluation par ceinture/brevet, c'est le résultat à la fin de l'année qui compte parce qu'un objectif est fixé (s'il faut expliquer le problème, j'expliciterai mais là, ce ne me semble pas l'objet de la discussion). Après, l'outil étant souple, on peut sortir de la philosophie originelle des ceintures pour l'adapter au système de l'approche par compétence.
Pour ceux qui voudraient trouver une solution pour sortir du naufrage, il y a un site présentant des ceintures toutes prêtes, les ceintures2compétences : https://nosceintures2competences.org/nos-referentiels-de-competences/
Certes d'où mon utilisation des guillemets
Merci pour le lien, je vais y jeter un oeil ça sera toujours ça de pris !
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"En dépit de tout ce qu'on peut vous raconter, les mots et les idées peuvent changer le monde." - Le Cercle des Poètes Disparus
"Un baiser, mais à tout prendre, qu'est-ce? Un serment fait d'un peu plus près, une promesse plus précise, un aveu qui se veut confirmer, un point rose qu'on met sur l'i du verbe aimer;
C'est un secret qui prend la bouche pour oreille, un instant d'infini qui fait un bruit d'abeille, une communion ayant un goût de fleur, une façon d'un peu se respirer le coeur, et d'un peu se goûter, au bord des lèvres, l'âme!" - Cyrano de Bergerac
- *Ombre*Grand sage
Un embrigadement davantage qu'une véritable formation ?
- AnaroreNiveau 9
Après avoir lu tout ça, je reviens aux questions initiales qui m'intéressent aussi : comment met-on en place l'évaluation par compétence de façon crédible ?
Parce que faire un tableau avec 3 compétences à cocher je saurai le faire. Mais ça ne sera rien de plus qu'un déguisement de note, dans un flou artistique total. Pour ça pas besoin de formation.
Je cherche du solide. Certes on m'impose de travailler ainsi avec les 6eme à la rentrée. Certes, ça ne m'enchante pas, mais j'ai bien compris à la réunion avant les vacances que le combat avait déjà eu lieu et était perdu. Donc... j'aimerais essayer cette méthode. Pour avoir ma propre idée, et mon propre raisonnement s'il faut remettre les gants de boxe à la fin de la prochaine année scolaire.
Y a-t-il un ouvrage de référence sur la formation par compétence ou sur les ceintures ?
Changer sa façon d'enseigner, en quoi ? Personnellement je note des évaluations finales type question de cours, travaux d'écriture, ou projet créatif. J'ai environ 8 notes par trimestre.
Parce que faire un tableau avec 3 compétences à cocher je saurai le faire. Mais ça ne sera rien de plus qu'un déguisement de note, dans un flou artistique total. Pour ça pas besoin de formation.
Je cherche du solide. Certes on m'impose de travailler ainsi avec les 6eme à la rentrée. Certes, ça ne m'enchante pas, mais j'ai bien compris à la réunion avant les vacances que le combat avait déjà eu lieu et était perdu. Donc... j'aimerais essayer cette méthode. Pour avoir ma propre idée, et mon propre raisonnement s'il faut remettre les gants de boxe à la fin de la prochaine année scolaire.
Y a-t-il un ouvrage de référence sur la formation par compétence ou sur les ceintures ?
Changer sa façon d'enseigner, en quoi ? Personnellement je note des évaluations finales type question de cours, travaux d'écriture, ou projet créatif. J'ai environ 8 notes par trimestre.
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"En dépit de tout ce qu'on peut vous raconter, les mots et les idées peuvent changer le monde." - Le Cercle des Poètes Disparus
"Un baiser, mais à tout prendre, qu'est-ce? Un serment fait d'un peu plus près, une promesse plus précise, un aveu qui se veut confirmer, un point rose qu'on met sur l'i du verbe aimer;
C'est un secret qui prend la bouche pour oreille, un instant d'infini qui fait un bruit d'abeille, une communion ayant un goût de fleur, une façon d'un peu se respirer le coeur, et d'un peu se goûter, au bord des lèvres, l'âme!" - Cyrano de Bergerac
- *Ombre*Grand sage
Anarore, la grille de ta collègue est, pour ce que j'en ai vu, et sauf modifications minimes, la grille plus ou moins officielle. Mais franchement, ces intitulés veulent dire quelque chose, pour toi ? Tu te sens capable d'évaluer un truc qui s'appelle "acquérir la structure, le sens et l'orthographe des mots" ? Personnellement, je ne comprends même pas de quoi on parle : de syntaxe ? de vocabulaire ? d'orthographe ? Et tout est à l'avenant.
On peut très bien évaluer en français avec seulement 4 ou 5 compétences : en gros, les grands domaines de ta collègue (ou de l'institution), ou ce qu'Elyas appelle "les pratiques langagières". Ces grands domaines, ou grandes pratiques langagières, ont en outre le mérite de constituer par nature des tâches complexes à partir desquelles tu vas pouvoir définir tes degrés de maîtrise, que tu en distingues seulement 4, comme V.Marchais, pour coller à la demande institutionnelle, ou une douzaine, comme Elyas, pour proposer aux élèves un système de ceintures.
La démarche est un peu différente :
- l'échelle de maîtrise repositionne l'élève à chaque devoir ; elle évalue un devoir (et pas un individu) après l'autre ; le positionnement de fin de trimestre est donc une forme de moyenne ; elle permet de signaler des progrès et d'indiquer un niveau moyen à chaque moment de l'année où ce sera nécessaire (édition des bulletins) ;
- le système de brevets (ou ceintures) évalue l'avancée d'un individu (ce qui constitue à mes yeux un glissement problématique) au sein d'un système de référence ; il peut offrir une motivation avec une explicitation claire des objectifs concrets à atteindre pour progresser ; il ne permet de donner un positionnement qu'en fin d'année.
Encore une fois, tu as pas mal d'explications ici :
https://www.neoprofs.org/t113682p50-francais-je-ne-sais-pas-evaluer-par-competences
On peut très bien évaluer en français avec seulement 4 ou 5 compétences : en gros, les grands domaines de ta collègue (ou de l'institution), ou ce qu'Elyas appelle "les pratiques langagières". Ces grands domaines, ou grandes pratiques langagières, ont en outre le mérite de constituer par nature des tâches complexes à partir desquelles tu vas pouvoir définir tes degrés de maîtrise, que tu en distingues seulement 4, comme V.Marchais, pour coller à la demande institutionnelle, ou une douzaine, comme Elyas, pour proposer aux élèves un système de ceintures.
La démarche est un peu différente :
- l'échelle de maîtrise repositionne l'élève à chaque devoir ; elle évalue un devoir (et pas un individu) après l'autre ; le positionnement de fin de trimestre est donc une forme de moyenne ; elle permet de signaler des progrès et d'indiquer un niveau moyen à chaque moment de l'année où ce sera nécessaire (édition des bulletins) ;
- le système de brevets (ou ceintures) évalue l'avancée d'un individu (ce qui constitue à mes yeux un glissement problématique) au sein d'un système de référence ; il peut offrir une motivation avec une explicitation claire des objectifs concrets à atteindre pour progresser ; il ne permet de donner un positionnement qu'en fin d'année.
Encore une fois, tu as pas mal d'explications ici :
https://www.neoprofs.org/t113682p50-francais-je-ne-sais-pas-evaluer-par-competences
- ElyasEsprit sacré
Anarore a écrit:Après avoir lu tout ça, je reviens aux questions initiales qui m'intéressent aussi : comment met-on en place l'évaluation par compétence de façon crédible ?
Parce que faire un tableau avec 3 compétences à cocher je saurai le faire. Mais ça ne sera rien de plus qu'un déguisement de note, dans un flou artistique total. Pour ça pas besoin de formation.
Je cherche du solide. Certes on m'impose de travailler ainsi avec les 6eme à la rentrée. Certes, ça ne m'enchante pas, mais j'ai bien compris à la réunion avant les vacances que le combat avait déjà eu lieu et était perdu. Donc... j'aimerais essayer cette méthode. Pour avoir ma propre idée, et mon propre raisonnement s'il faut remettre les gants de boxe à la fin de la prochaine année scolaire.
Y a-t-il un ouvrage de référence sur la formation par compétence ou sur les ceintures ?
Changer sa façon d'enseigner, en quoi ? Personnellement je note des évaluations finales type question de cours, travaux d'écriture, ou projet créatif. J'ai environ 8 notes par trimestre.
Je te donne plusieurs éléments de réponse :
Sur l'aspect bibliographique de l'approche par compétences :
Annie Di Martino et Anne-Marie Sanchez, Socle commun et compétences : pratiques pour le collège, 2011, ESF éditeurs.
Numéros 510 et 546 des Cahiers pédagogiques.
Sur la mise en pratique :
Je me recite :
Elyas a écrit:- Dès que la grille commune est créée, tu peux évaluer comme tu veux dans ta classe tant qu'à la fin la façon dont tu évalues permet de renseigner les compétences où ta discipline intervient. Tu peux noter (et faire une conversion de valeur note --> positionnement sur la compétence mais là, il faut que tu veilles dans tes évaluations à savoir laquelle renseigne quelle compétence, tu n'as qu'à mettre dans ton sujet la compétence correspondante comme beaucoup de gens font) ; tu peux directement faire des évaluations par compétence ou à la place de la note, tu indiques le positionnement atteint lors de l'évaluation ; tu peux évaluer par ceintures/brevet mais là aussi, comme pour la notation, il te faudra faire une conversion ceintures/brevets --> positionnement avec un souci : quand on évalue par ceintures/brevet, tu ne pourras renseigner les positionnements qu'à la fin de l'année.
Si tu veux vraiment suivre la logique de l'approche par compétences, c'est la notation par positionnement qui a été pensé pour ça (donc souvent transcrit sous forme de couleur). L'institution ayant opté pour 4 positionnements (insuffisant, fragile, satisfaisant, très satisfaisant), l'idée est de rester sur cette échelle.
Après, il faut établir les compétences que tu vas évaluer tout en évitant le piège de la micro-itémisation. Tes programmes te donnent déjà tes compétences. Il faut ne pas trop en avoir tout en ayant ce qu'il faut pour évaluer ce que tu veux.
Par exemple, si j'étais dans une approche par compétences, j'en aurai 6-7 : écrire, rédiger / raisonner / maîtriser des connaissances / produire (cartographier) / lire, comprendre / s'informer / coopérer et mutualiser (à titre personnel, je suis contre l'évaluation de cette dernière compétence mais je ne suis pas seul dans mon équipe et je suis minoritaire sur ce point).
L'idée est de faire ses évaluations sous la forme de tâches complexes qui évaluent une ou plusieurs compétences. Par exemple, je pourrais donner à mes élèves une tâche complexe dont la consigne serait : "Réaliser à main nue une carte racontant le voyage de Magellan et Del Cano à partir des documents X et X" Dans cette tâche complexe, je pourrais évaluer la maîtrise de "raisonner", 'produire "cartographie" et "écrire, rédiger". Je pourrais aussi demander : "Rédiger moi un récit conceptualisant l'Empire romain à partir de vos connaissances apprises dans les leçons". Là, j'évalue "écrire, rédiger" et "raisonner".
Pour éviter les méfaits de ce que Bernstein nomme "curriculum invisible" (c'est à dire tous les implicites scolaires), l'approche par compétence a développé l'outil des échelles descriptives. Leur but est d'explicitement montrer aux élèves ce qui est attendu pour atteindre chaque positionnement. On peut les construire soi-même soit avec les élèves après plusieurs tâches complexes sur la compétence.
Contrairement à ce que je lis souvent, l'approche par compétence n'interdit pas le cours magistral. Loin de là ! La logique de l'approche par compétence est de faire une tâche complexe diagnostic/exploratoire, un cours solide suite à cette tâche complexe (avec un temps de réflexion sur ce qu'il faut pour réussir et ce qu'il ne faut pas faire aussi) et des tâches complexes d'entraînement puis une de validation (l'évaluation).
Ce modèle a d'abord été pensé par les sciences, la tâche complexe exploratoire est souvent liée à la matière scientifique à explorer lors de la première tâche complexe. Dans les disciplines littéraires, les tâches complexes reposeront plutôt sur les pratiques disciplinaires (genre la rédaction en français ou le récit/la carto en HG) qui manipuleront du savoir disciplinaire. Cependant, ce paragraphe est maladroitement rédigé. J'ai du mal à expliquer à cette heure comment ça fonctionne sans tomber dans un message de 500 lignes (et je n'ai pas le temps là).
Ensuite, l'approche par compétence fonctionne aussi avec la différenciation (les coups de pouce des tâches complexes).
Maintenant, on peut faire son référentiel personnel, un référentiel d'équipe disciplinaire ou un référentiel d'établissement. L'important est que les gens se mettent d'accord et ne créent pas de micro-items mais aillent sur des compétences globales (comme raisonner, écrire/rédiger ou maîtriser des connaissances) qui permettent à toutes les disciplines de piocher dedans.
Ce que j'ai écrit est la théorie idéale de l'approche par compétences et ce ne sont que quelques éléments. Après, les gens font comme ils veulent.
- Isis39Enchanteur
Anarore a écrit:Après avoir lu tout ça, je reviens aux questions initiales qui m'intéressent aussi : comment met-on en place l'évaluation par compétence de façon crédible ?
Parce que faire un tableau avec 3 compétences à cocher je saurai le faire. Mais ça ne sera rien de plus qu'un déguisement de note, dans un flou artistique total. Pour ça pas besoin de formation.
Je cherche du solide. Certes on m'impose de travailler ainsi avec les 6eme à la rentrée. Certes, ça ne m'enchante pas, mais j'ai bien compris à la réunion avant les vacances que le combat avait déjà eu lieu et était perdu. Donc... j'aimerais essayer cette méthode. Pour avoir ma propre idée, et mon propre raisonnement s'il faut remettre les gants de boxe à la fin de la prochaine année scolaire.
Y a-t-il un ouvrage de référence sur la formation par compétence ou sur les ceintures ?
Changer sa façon d'enseigner, en quoi ? Personnellement je note des évaluations finales type question de cours, travaux d'écriture, ou projet créatif. J'ai environ 8 notes par trimestre.
Je connais un livre pour les ceintures. http://www.cahiers-pedagogiques.com/Des-ceintures-pour-evaluer-les-competences-des-eleves
Edit : Elys est allé plus vite.
- ycombeMonarque
intéressant, oui. Mais si tu es francophone, tu préfèreras sûrement la traduction en français:Virvirvir a écrit:+ 1 Ombre
HS : J'hésite à acheter Make it stick qui me fait de l'oeil depuis quelques temps, c'est intéressant?
https://www.neoprofs.org/t106405-mets-toi-ca-dans-la-tete-ou-make-it-stick-traduit-en-francais
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Assurbanipal: "Passant, mange, bois, divertis-toi ; tout le reste n’est rien".
Franck Ramus : "Les sciences de l'éducation à la française se font fort de produire un discours savant sur l'éducation, mais ce serait visiblement trop leur demander que de mettre leur discours à l'épreuve des faits".
- AnaroreNiveau 9
Oui oui, j'ai lu beaucoup de choses dessus, mais quand on n'est pas formé... on nage quand même un peu*Ombre* a écrit:Anarore, la grille de ta collègue est, pour ce que j'en ai vu, et sauf modifications minimes, la grille plus ou moins officielle. Mais franchement, ces intitulés veulent dire quelque chose, pour toi ? Tu te sens capable d'évaluer un truc qui s'appelle "acquérir la structure, le sens et l'orthographe des mots" ? Personnellement, je ne comprends même pas de quoi on parle : de syntaxe ? de vocabulaire ? d'orthographe ? Et tout est à l'avenant. Non pas du tout, pour moi c'est du charabia...
On peut très bien évaluer en français avec seulement 4 ou 5 compétences : en gros, les grands domaines de ta collègue (ou de l'institution), ou ce qu'Elyas appelle "les pratiques langagières". Ces grands domaines, ou grandes pratiques langagières, ont en outre le mérite de constituer par nature des tâches complexes à partir desquelles tu vas pouvoir définir tes degrés de maîtrise, que tu en distingues seulement 4, comme V.Marchais, pour coller à la demande institutionnelle, ou une douzaine, comme Elyas, pour proposer aux élèves un système de ceintures.
La démarche est un peu différente :
- l'échelle de maîtrise repositionne l'élève à chaque devoir ; elle évalue un devoir (et pas un individu) après l'autre ; le positionnement de fin de trimestre est donc une forme de moyenne ; elle permet de signaler des progrès et d'indiquer un niveau moyen à chaque moment de l'année où ce sera nécessaire (édition des bulletins) ;
- le système de brevets (ou ceintures) évalue l'avancée d'un individu (ce qui constitue à mes yeux un glissement problématique) au sein d'un système de référence ; il peut offrir une motivation avec une explicitation claire des objectifs concrets à atteindre pour progresser ; il ne permet de donner un positionnement qu'en fin d'année. Je vais rester sur les compétences alors, je ne me sens pas d'attaquer comme ça les ceintures !
Encore une fois, tu as pas mal d'explications ici :
https://www.neoprofs.org/t113682p50-francais-je-ne-sais-pas-evaluer-par-competences
Elyas a écrit:
Je te donne plusieurs éléments de réponse :
Sur l'aspect bibliographique de l'approche par compétences :
Annie Di Martino et Anne-Marie Sanchez, Socle commun et compétences : pratiques pour le collège, 2011, ESF éditeurs.
Numéros 510 et 546 des Cahiers pédagogiques. Merci, je fonce chercher ça !
Sur la mise en pratique :
Je me recite :Elyas a écrit:- Dès que la grille commune est créée, tu peux évaluer comme tu veux dans ta classe tant qu'à la fin la façon dont tu évalues permet de renseigner les compétences où ta discipline intervient. Tu peux noter (et faire une conversion de valeur note --> positionnement sur la compétence mais là, il faut que tu veilles dans tes évaluations à savoir laquelle renseigne quelle compétence, tu n'as qu'à mettre dans ton sujet la compétence correspondante comme beaucoup de gens font) ; tu peux directement faire des évaluations par compétence ou à la place de la note, tu indiques le positionnement atteint lors de l'évaluation ; tu peux évaluer par ceintures/brevet mais là aussi, comme pour la notation, il te faudra faire une conversion ceintures/brevets --> positionnement avec un souci : quand on évalue par ceintures/brevet, tu ne pourras renseigner les positionnements qu'à la fin de l'année.
Si tu veux vraiment suivre la logique de l'approche par compétences, c'est la notation par positionnement qui a été pensé pour ça (donc souvent transcrit sous forme de couleur). L'institution ayant opté pour 4 positionnements (insuffisant, fragile, satisfaisant, très satisfaisant), l'idée est de rester sur cette échelle. Ok, ça je visualise vu que j'ai rempli le livret des 3eme cette année.
Après, il faut établir les compétences que tu vas évaluer tout en évitant le piège de la micro-itémisation. Tes programmes te donnent déjà tes compétences. Il faut ne pas trop en avoir tout en ayant ce qu'il faut pour évaluer ce que tu veux.
Par exemple, si j'étais dans une approche par compétences, j'en aurai 6-7 : écrire, rédiger / raisonner / maîtriser des connaissances / produire (cartographier) / lire, comprendre / s'informer / coopérer et mutualiser (à titre personnel, je suis contre l'évaluation de cette dernière compétence mais je ne suis pas seul dans mon équipe et je suis minoritaire sur ce point). Je vais reprendre mes programmes de Français pour voir ça !
L'idée est de faire ses évaluations sous la forme de tâches complexes qui évaluent une ou plusieurs compétences. Par exemple, je pourrais donner à mes élèves une tâche complexe dont la consigne serait : "Réaliser à main nue une carte racontant le voyage de Magellan et Del Cano à partir des documents X et X" Dans cette tâche complexe, je pourrais évaluer la maîtrise de "raisonner", 'produire "cartographie" et "écrire, rédiger". Je pourrais aussi demander : "Rédiger moi un récit conceptualisant l'Empire romain à partir de vos connaissances apprises dans les leçons". Là, j'évalue "écrire, rédiger" et "raisonner". Je vois le genre, ce sont les devoirs que je donne le plus. Par contre, plus possible de faire des questions de cours, autrement que sous le seul intitulé "maîtrise des connaissances" par exemple si je comprends bien ?
Pour éviter les méfaits de ce que Bernstein nomme "curriculum invisible" (c'est à dire tous les implicites scolaires), l'approche par compétence a développé l'outil des échelles descriptives. Leur but est d'explicitement montrer aux élèves ce qui est attendu pour atteindre chaque positionnement. On peut les construire soi-même soit avec les élèves après plusieurs tâches complexes sur la compétence. J'ai eu un cours sur ça à l'ESPE, j'en ai fait quelque fois, par contre j'ai souvent un décalage de 2/3 points (en plus !) par rapport à quand je fais juste un barème. Peut-être faut-il que je sois plus précise dans mon échelle du coup...
Contrairement à ce que je lis souvent, l'approche par compétence n'interdit pas le cours magistral. Loin de là ! La logique de l'approche par compétence est de faire une tâche complexe diagnostic/exploratoire, un cours solide suite à cette tâche complexe (avec un temps de réflexion sur ce qu'il faut pour réussir et ce qu'il ne faut pas faire aussi) et des tâches complexes d'entraînement puis une de validation (l'évaluation).
Ce modèle a d'abord été pensé par les sciences, la tâche complexe exploratoire est souvent liée à la matière scientifique à explorer lors de la première tâche complexe. Dans les disciplines littéraires, les tâches complexes reposeront plutôt sur les pratiques disciplinaires (genre la rédaction en français ou le récit/la carto en HG) qui manipuleront du savoir disciplinaire. Cependant, ce paragraphe est maladroitement rédigé. J'ai du mal à expliquer à cette heure comment ça fonctionne sans tomber dans un message de 500 lignes (et je n'ai pas le temps là). Je fais souvent les diagnostiques à l'oral. Je considère les études de textes comme des entraînement successifs, et en langue après la leçon on fait des exercices d'entraînement, je devrais pouvoir m'inspirer de ça pour m'y retrouver ne t'en fait pas.
Ensuite, l'approche par compétence fonctionne aussi avec la différenciation (les coups de pouce des tâches complexes). ça, à 30 élèves, j'ai du mal. J'adapte pour les -dys, PPRE, PAP etc... mais pour le reste heu... j'aurais besoin d'un second prof dans la salle lol.
Maintenant, on peut faire son référentiel personnel, un référentiel d'équipe disciplinaire ou un référentiel d'établissement. L'important est que les gens se mettent d'accord et ne créent pas de micro-items mais aillent sur des compétences globales (comme raisonner, écrire/rédiger ou maîtriser des connaissances) qui permettent à toutes les disciplines de piocher dedans. Clairement dans le mien c'est un joyeux bordel. Je pense que c'est du personnel, il n'y a pas eu d'entente d'équipe c'est certain.
Ce que j'ai écrit est la théorie idéale de l'approche par compétences et ce ne sont que quelques éléments. Après, les gens font comme ils veulent.
Grand merci, ça me donne du grain à moudre !
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"En dépit de tout ce qu'on peut vous raconter, les mots et les idées peuvent changer le monde." - Le Cercle des Poètes Disparus
"Un baiser, mais à tout prendre, qu'est-ce? Un serment fait d'un peu plus près, une promesse plus précise, un aveu qui se veut confirmer, un point rose qu'on met sur l'i du verbe aimer;
C'est un secret qui prend la bouche pour oreille, un instant d'infini qui fait un bruit d'abeille, une communion ayant un goût de fleur, une façon d'un peu se respirer le coeur, et d'un peu se goûter, au bord des lèvres, l'âme!" - Cyrano de Bergerac
- Isis39Enchanteur
Anarore, la différenciation doit être simple. Juste un coup de pouce pour ceux qui ont du mal.
Exemple : quand on demande un récit en histoire, donner le plan, plus ou moins détaillé.
Exemple : quand on demande un récit en histoire, donner le plan, plus ou moins détaillé.
- ElyasEsprit sacré
@Anarore : même si c'est très HG, ça peut peut-être t'aider : https://www.neoprofs.org/t99537-quelques-pistes-pour-differencier-personnaliser-en-hg?highlight=diff%E9rencier
- AnaroreNiveau 9
Isis39 Elyas merci !
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"En dépit de tout ce qu'on peut vous raconter, les mots et les idées peuvent changer le monde." - Le Cercle des Poètes Disparus
"Un baiser, mais à tout prendre, qu'est-ce? Un serment fait d'un peu plus près, une promesse plus précise, un aveu qui se veut confirmer, un point rose qu'on met sur l'i du verbe aimer;
C'est un secret qui prend la bouche pour oreille, un instant d'infini qui fait un bruit d'abeille, une communion ayant un goût de fleur, une façon d'un peu se respirer le coeur, et d'un peu se goûter, au bord des lèvres, l'âme!" - Cyrano de Bergerac
- OlympiasProphète
Elyas a écrit:@Anarore : même si c'est très HG, ça peut peut-être t'aider : https://www.neoprofs.org/t99537-quelques-pistes-pour-differencier-personnaliser-en-hg?highlight=diff%E9rencier
Il y a certainement des éléments utiles pour des élèves de seconde. J’en ai dont le niveau est vraiment faible. Je fais en sorte que la transition 3ème - 2nde soit progressive, je leur explique tout ce que nous allons faire et comment nous allons travailler, je refuse de les mettre dans des cases, et d’avoir trop en tête les réputations réelles, supposées ou usurpées des collèges, parce que je souhaite que les élèves se concentrent surtout sur ce qu’ils vont faire, apprendre, apprendre à faire et réussir. Les évaluations ne sont jamais des pièges.
Mais, connaissant mes méthodes de travail, il est normalement impossible qu’un élève ait 8/20 chez moi en début d’année quand il me dit qu’il avait 14. Il y a un souci quelque part...
- ben2510Expert spécialisé
En vérifiant les dossiers scolaires, on constate que bien souvent un élèves qui "avait 14", dans son ressenti, avait 12,7 au deuxième trimestre de quatrième, et plutôt entre 8 et 10 pour le reste de sa scolarité au collège (par exemple).
C'est un peu comme la température ressentie quand il y a du vent fort en Antarctique : température réelle -35°C, température ressentie -52°C,
mais à l'envers : moyenne réelle 9,5, moyenne ressentie 14 ("oué une fois j'ai eu 7/10 en DM").
C'est un peu comme la température ressentie quand il y a du vent fort en Antarctique : température réelle -35°C, température ressentie -52°C,
mais à l'envers : moyenne réelle 9,5, moyenne ressentie 14 ("oué une fois j'ai eu 7/10 en DM").
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On fait la science avec des faits, comme on fait une maison avec des pierres : mais une accumulation de faits n'est pas plus une science qu'un tas de pierres n'est une maison. Henri Poincaré La notion d'équation différentielle est le pivot de la conception scientifique du monde. Vladimir Arnold
- MalagaModérateur
Les deux fils ont été nettoyés et séparés pour que tout le monde puisse exprimer ses opinions et en débattre, mais aussi pour que ceux qui cherchent des conseils puissent en trouver. Dorénavant nous vous demandons de bien compartimenter vos interventions pour ne pas faire dévier les nouveaux fils. Les messages susceptibles de faire dévier les fils du sujet initial seront systématiquement corbeillés.
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J'utilise des satellites coûtant plusieurs millions de dollars pour chercher des boîtes Tupperware dans la forêt ; et toi, c'est quoi ton hobby ?
- MatheodHabitué du forum
- beaverforeverNeoprof expérimenté
L'une des difficultés pour l’évaluation par compétence, c'est faire la différence entre des compétences contextualisées et de transfert.
Une compétence contextualisée est un algorithme facile à apprendre lié à un contexte spécifique : savoir faire une multiplication avec des entiers naturels.
Une compétence de transfert est une procédure que l'on peut appliquer dans des circonstances différentes de celles de son apprentissage : analyser un texte inconnu.
(Il existe bien sûr un continuum entre les deux types : si je donne une multiplication de nombres à 5 chiffres à des élèves qui n'ont connu que celles de nombres à deux chiffres, il y a du nouveau, si je donne deux textes très similaires à analyser, le nouveau est moins présent.)
J'ai l'impression que l'un des buts de l'enseignement est de maximiser le second type de compétences pour instruire des élèves à la pensée autonome, critique et savante. Dans les formulations du socle commun de connaissances, de compétences et de culture, les compétences sont formulées comme de transfert : "L'élève s'exprime à l'écrit pour raconter, décrire, expliquer ou argumenter de façon claire et organisée. Lorsque c'est nécessaire, il reprend ses écrits pour rechercher la formulation qui convient le mieux et préciser ses intentions et sa pensée."
Il me semble clair qu'une autonomie est attendue.
Or, j'ai l'impression qu'on demande aux collègues de collège et de primaire d'évaluer une version contextualisée de ces compétences : si, dans un exercice donné, tu as écrit une phrase claire, alors tu as un bon niveau de maîtrise dans le domaine "écrire", alors qu'il faudrait plutôt évaluer si l'élève, de lui même, est capable d'évaluer la transparence de sa phrase et de la reformuler.
Du coup, je pense que pour faire de l'évaluation par compétence il faut séparer les deux types de compétences : écrire clairement quand l'enseignant a pointé du doigt les incohérences de syntaxe, c'est très bien pour un novice, mais ce qui doit être évalué en fin de cycle, c'est la capacité de l'élève à écrire clairement sans relecture de l'enseignant, et c'est cette évaluation qui décrit vraiment ce qui est attendue de l'élève.
Pour chaque domaine, il me semble logique de construire des niveaux de maîtrise qui vont du plus contextualisé au plus autonome, d'utiliser les premiers pour former les élèves novices et d'utiliser les derniers comme référence pour l'évaluation sommative de fin de cycle.
Une compétence contextualisée est un algorithme facile à apprendre lié à un contexte spécifique : savoir faire une multiplication avec des entiers naturels.
Une compétence de transfert est une procédure que l'on peut appliquer dans des circonstances différentes de celles de son apprentissage : analyser un texte inconnu.
(Il existe bien sûr un continuum entre les deux types : si je donne une multiplication de nombres à 5 chiffres à des élèves qui n'ont connu que celles de nombres à deux chiffres, il y a du nouveau, si je donne deux textes très similaires à analyser, le nouveau est moins présent.)
J'ai l'impression que l'un des buts de l'enseignement est de maximiser le second type de compétences pour instruire des élèves à la pensée autonome, critique et savante. Dans les formulations du socle commun de connaissances, de compétences et de culture, les compétences sont formulées comme de transfert : "L'élève s'exprime à l'écrit pour raconter, décrire, expliquer ou argumenter de façon claire et organisée. Lorsque c'est nécessaire, il reprend ses écrits pour rechercher la formulation qui convient le mieux et préciser ses intentions et sa pensée."
Il me semble clair qu'une autonomie est attendue.
Or, j'ai l'impression qu'on demande aux collègues de collège et de primaire d'évaluer une version contextualisée de ces compétences : si, dans un exercice donné, tu as écrit une phrase claire, alors tu as un bon niveau de maîtrise dans le domaine "écrire", alors qu'il faudrait plutôt évaluer si l'élève, de lui même, est capable d'évaluer la transparence de sa phrase et de la reformuler.
Du coup, je pense que pour faire de l'évaluation par compétence il faut séparer les deux types de compétences : écrire clairement quand l'enseignant a pointé du doigt les incohérences de syntaxe, c'est très bien pour un novice, mais ce qui doit être évalué en fin de cycle, c'est la capacité de l'élève à écrire clairement sans relecture de l'enseignant, et c'est cette évaluation qui décrit vraiment ce qui est attendue de l'élève.
Pour chaque domaine, il me semble logique de construire des niveaux de maîtrise qui vont du plus contextualisé au plus autonome, d'utiliser les premiers pour former les élèves novices et d'utiliser les derniers comme référence pour l'évaluation sommative de fin de cycle.
- beaverforeverNeoprof expérimenté
Une réflexion intéressante sur l'introduction des compétences dans le système éducatif belge par Vincent Carette, en 2008.
https://journals.openedition.org/rfp/851
Vincent Carette a écrit:Des réformes engagées en Communauté française représentaient une opportunité de tester notre hypothèse. En effet, depuis 1997, la Communauté française de Belgique s’est engagée dans une réforme de ses curriculums qui a conduit à la rédaction de référentiels de compétences. La compétence est définie comme l’aptitude qu’a un élève à utiliser ce qu’il a appris dans de nouvelles circonstances. L’idée essentielle qui est au cœur de la notion de compétence, est qu’un individu compétent est celui qui, non seulement sait accomplir des opérations auxquelles on l’a entraîné, mais est capable de les mobiliser à bon escient dans des situations relativement nouvelles. De fait, la Communauté française de Belgique en modifiant ces anciens référentiels rédigés en termes objectifs et en les remplaçant par des référentiels énoncés en termes de compétences, a défini ce que l’on pourrait appeler un nouvel attendu.
Dans ce contexte spécifique, nous avons été amenés lors de recherches antérieures (Rey, Carette, Defrance & Kahn, 2003) à construire des épreuves d’évaluation destinées aux élèves de l’école primaire et conformes aux exigences de ce nouvel attendu. La plupart des auteurs (Roegiers, 2001 ; Beckers, 2002 ; Scallon, 2004) qui s’intéressent à l’évaluation des compétences s’accordent, avec des nuances, sur les conditions nécessaires d’une telle forme d’évaluation.
La première condition est de proposer aux élèves des tâches complexes. Par tâche, on entend une activité contextualisée qui présente une finalité et qui a du sens pour les élèves. Toutefois, il est important de ne pas enfermer la notion de tâche dans un aspect uniquement pragmatique ou utilitariste. Une tâche peut présenter une finalité et un sens à l’intérieur même d’une discipline sans pour autant s’inscrire comme le préconisent certains auteurs (Scallon, 2004) dans la vie courante. Que le contexte soit disciplinaire ou inscrit dans la vie de tous les jours, que les tâches soient authentiques, artificielles ou scolaires, l’important est de présenter une activité inscrite dans un contexte qui ne soit pas un prétexte à la vérification de procédures, mais fasse partie intégrante de la résolution. En d’autres termes, une tâche inédite portera réellement ce nom si elle demande à l’élève le « cadrage » de la situation. Par cadrage, Rey (1996) entend la capacité d’un individu à déterminer au sein d’une situation les traits pertinents qui le conduiront aux choix et à la combinaison des procédures nécessaires à la résolution de la tâche.
La seconde condition est que ces situations complexes doivent être inédites. Sans ce caractère inédit, ce que l’on demanderait aux élèves serait de l’ordre de l’application.
La troisième condition est que les situations complexes qui doivent être résolues par les élèves nécessitent la mobilisation de procédures qu’ils sont censés avoir préalablement acquises.
À ces trois conditions, nous en ajoutons une quatrième : toute évaluation de compétence doit avoir un caractère diagnostique, pour permettre de gérer les paradoxes engendrés par l’introduction de cette notion.
En effet, la notion de compétence en insistant sur la mobilisation des acquis modifie ce que l’on attend des élèves et augmente le niveau d’exigence. Sachant qu’un des buts initiaux de la réforme des curriculums est, dans des systèmes scolaires comme le Québec ou la Communauté française de Belgique, de lutter contre le retard et le décrochage scolaires (Carette, 2005), il apparaît que l’introduction de la notion de compétence au travers de la diffusion de nouveaux référentiels rédigés en termes de compétences présente bien un premier paradoxe.
Un second paradoxe est que l’approche par compétence demande aux enseignants d’amener les élèves à pouvoir mobiliser leurs acquis alors que cette activité cognitive de mobilisation reste bien « mystérieuse ». Ainsi, un élève sera compétent s’il est capable de pouvoir montrer la maîtrise de certains savoirs et savoir-faire, mais surtout sa capacité à pouvoir les mobiliser face à de nouvelles situations. Apprendre à mobiliser devient l’objectif central dans une approche par compétences et soulève une question majeure : comment amener les élèves à pouvoir utiliser dans de nouvelles circonstances ce qu’ils ont effectivement appris ? Sans cet apprentissage, la notion de compétence deviendrait réellement dangereuse et risquerait d’amener à discriminer encore plus les élèves entre eux.
Si la question de la mobilisation est pertinente dans la problématique de la définition de l’apprentissage, il apparaît que les réponses susceptibles d’amener les élèves à devenir compétents restent fort hypothétiques. Actuellement, même si certains principes méthodologiques issus, entre autres, des courants constructivistes en éducation semblent être susceptibles de favoriser la mobilisation des acquis, notre connaissance sur cette capacité reste dans l’ensemble très incertaine. Les études réalisées sur le transfert des apprentissages aussi bien dans les paradigmes cognitivites que constructivites ou contextualistes (Presseau, 2000 ; Frenay, 2004 ; Basque, 2004 ; Bracke, 1998 ; Greeno, Collins & Resnick, 1996) soulignent notre méconnaissance sur l’activité cognitive qui consiste à utiliser un ensemble d’acquis dans de nouvelles circonstances.
https://journals.openedition.org/rfp/851
- HélipsProphète
Fil nettoyé.
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Un jour, je serai prof, comme ça je serai toujours en vacances.
- lou gaiaNiveau 5
un témoignage
je mute dans un collège sans note depuis l'année dernière, tout est évalué par compétence. Pronote est utilisé mais impossible de mettre des notes. Deux enseignants seulement continuent les notes, ils les mettent sur sacoche.
J'évaluais par note dans mon ancien collège. Je n'ai pas le choix puisque les bulletins (4 pages quand même, en couleurs...) ne comportent que des pastilles de couleurs. Je peux toujours arguer de ma liberté pédagogique mais le rendu final semestriel (et oui on passe en semestre cette année) sera en compétences.
Je pensais pour cette année au moins, garder mon système d'évaluation et évaluer en couleurs pour le bulletin, en reportant à chaque éval sur pronote. Un élève qui obtient 8/2O régulièrement et qui à chaque fois se plante sur la partie connaissances des devoirs aura une compétence au minimum fragile dans "apprendre le cours" (il y a quand même un onglet pour cela, j'espère...)
je mute dans un collège sans note depuis l'année dernière, tout est évalué par compétence. Pronote est utilisé mais impossible de mettre des notes. Deux enseignants seulement continuent les notes, ils les mettent sur sacoche.
J'évaluais par note dans mon ancien collège. Je n'ai pas le choix puisque les bulletins (4 pages quand même, en couleurs...) ne comportent que des pastilles de couleurs. Je peux toujours arguer de ma liberté pédagogique mais le rendu final semestriel (et oui on passe en semestre cette année) sera en compétences.
Je pensais pour cette année au moins, garder mon système d'évaluation et évaluer en couleurs pour le bulletin, en reportant à chaque éval sur pronote. Un élève qui obtient 8/2O régulièrement et qui à chaque fois se plante sur la partie connaissances des devoirs aura une compétence au minimum fragile dans "apprendre le cours" (il y a quand même un onglet pour cela, j'espère...)
- henrietteMédiateur
Une question de néophyte qui s'adresse à ceux qui travaillent par compétences et en sont satisfaits : votre travail pourrait-il être compatible avec une évaluation classique par note de 0 à 20 ?
Ou bien faut-il ontologiquement que ce type de travail soit évalué par des positionnements/couleurs/gommettes à 4 paliers ?
Ou bien faut-il ontologiquement que ce type de travail soit évalué par des positionnements/couleurs/gommettes à 4 paliers ?
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"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- PeteropNiveau 5
henriette a écrit:Une question de néophyte qui s'adresse à ceux qui travaillent par compétences et en sont satisfaits : votre travail pourrait-il être compatible avec une évaluation classique par note de 0 à 20 ?
Ou bien faut-il ontologiquement que ce type de travail soit évalué par des positionnements/couleurs/gommettes à 4 paliers ?
Une compétence est évaluée sur 4 paliers mais un travail peut contenir plusieurs compétences et par jeu de coefficient tu peux avoir des notes de 0 à 20.
- henrietteMédiateur
Mais pourquoi la compétence doit-elle nécessairement être évaluée sur 4 paliers, c'est cela que je ne comprends pas.
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"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
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